Demain Nous Appartient, festival Nikon, long-métrage : Juliette Tresanini évoque sa belle et riche actualité artistique !
Bonjour Juliette,
Quelle joie d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Le Festival Nikon 2021 est actuellement en cours, sur le thème du jeu, les vidéos sont visibles depuis quelques jours maintenant. Vous avez participé au court-métrage « Le but du jeu » (https://www.festivalnikon.fr/video/2020/291). Sans tout en dévoiler, comment le présenteriez-vous ?
Comme il dure 2 minutes 20, je peux surtout vous dire que, à mon avis, vous allez verser votre petite larme. C’est un court-métrage que j’aime beaucoup parce que ça m’a demandé une interprétation un peu sensible. J’ai été très agréablement touchée que l’on me propose ce rôle, je n’ai pas l’habitude de faire des choses comme cela, autant dans l’émotion, de manière douce, subtile, dans la nostalgie. En fait, pour moi, c’était un vrai challenge de comédienne, j’ai trouvé cela extrêmement agréable à jouer. C’est le réalisateur, Laurent Firode, qui me l’a proposé. Je crois qu’il avait envie de me voir dans un autre registre que la comédie, là c’est un peu plus poussé et c’était très agréable à faire.
Du coup, comment avez-vous abordé cet exercice ? Comment vous y êtes-vous préparée ?
Ce qui est compliqué dans ce genre d’exercice, c’est de trouver l’émotion sur 8 à 9 prises, en retrouvant la même sincérité. En fait, quand on pleure 10 fois de suite, c’est épuisant d’arriver à ce que ce soit toujours vrai, toujours juste, toujours touchant pour celui qui va regarder. Du coup, à la fin, j’étais crevée. Ça nécessite de l’implication. Je n’arrive pas à faire mon métier en étant complètement déconnectée, je dois écouter du Brel ou d’autres musiques tristes, je dois me mettre dans une disposition de tristesse, il y a tout mon corps qui se concentre pour ne pas tricher et être au plus juste. Du coup, je ressens une certaine tristesse et, au bout de 10 fois, je suis épuisée. L’état du personnage déteint un peu sur moi, forcément.
Pour autant, le résultat étant très chouette, cela a dû vous faire chaud au cœur de voir que le travail a porté ses fruits ?
Disons que ce sont effectivement les retours que j’ai. J’ai toujours du mal à me juger mais j’ai eu de très jolis retours de gens du métier qui sont parfois un peu plus difficiles à convaincre. En tout cas, ce que j’aime, ce n’est pas forcément le résultat, c’est d’être sincère dans ma démarche de travail. Le reste appartient aux autres, d’aimer ou pas. Je sais que j’ai tout donné et, si ça paie, tant mieux.
En parallèle, on peut également vous retrouver dans « Prémonitions » (https://www.festivalnikon.fr/video/2020/476). Que dire sur cette autre aventure artistique en lien avec ce même Festival Nikon ?
J’avais parlé à Laurent du fait que je fais souvent des rêves prémonitoires et que cela me perturbait vraiment énormément. On est partis là-dessus en fait, d’une fille qui fait des rêves qui se réalisent. Je ne peux pas en dire plus mais il y a du suspense et de la comédie …
Ce court était moins difficile à tourner, émotionnellement moins “engageant”. Autant, le premier est très intéressant dans le jeu, dans l’interprétation, autant celui-là est intéressant dans la réalisation et dans l’histoire, qui est un peu … surprenante on va dire.
Comme chaque année, le Festival est riche en candidatures. Selon vous, qu’est-ce qui plaira particulièrement au public dans votre proposition ?
Je pense qu’il ne faut pas réfléchir en termes de stratégie. En tout cas, ce n’est pas comme cela que je fonctionne. Il faut plutôt se demander ce que l’on veut raconter, quelle histoire nous plaît et qu’est-ce qui, sincèrement, nous fait plaisir, puis laisser faire… Un film ne nous appartient plus à partir du moment où il est visible. Tant qu’il est en montage, c’est notre bébé et, après, il faut le laisser, il faut lâcher prise et être surpris par les retours. Par exemple, « La cicatrice», le dernier que j’ai fait sur ma chaine, avec Julie Debazac (Aurore dans DNA) a fait un très bon démarrage. Dans les festivals, il est pris partout, mais je ne m’étais pas aperçu en le faisant qu’il aurait plus d’impact que les autres. On est toujours un peu surpris par nos succès et par nos échecs aussi d’ailleurs, ça va dans les deux sens... Si on a des prix, c’est super, si on ne les a pas, ce n’est pas grave, ça veut dire qu’il y aura eu mieux ailleurs, forcément.
D’ailleurs, pour chacun de ces deux courts-métrages, quelles principales différences avez-vous ressenti, dans l’approche, l’appropriation et l’interprétation par rapport à des formats plus longs ou plus réguliers ?
Quel que soit le format, quelle que soit la diffusion, cinéma, Youtube ou télé, j’essaie juste de faire de mon mieux, d’être la plus sincère possible dans tout ce que je fais et d’être la plus efficace. Parce que c’est faux de dire maintenant que, au cinéma, on a plus de temps. La réalité est que tout va très vite, qu’il y a de moins en moins d’argent et souvent, on n’a que deux/trois prises maximum. C’est très rare d’avoir le luxe absolu de se tromper. Je fais tout avec la même implication, la même préparation et le même sérieux pour me dire que, le jour J, le réalisateur n’ait plus qu’à enclencher l’action pour que ce soit déjà top. Donc j’aborde tout de la même façon et je mets la même énergie dans tout.
Enfin, votre personnage de Sandrine, dans la série à succès de TF1 « Demain Nous Appartient » vit une période peu évidente en ce moment, suite à l’incarcération de Morgane, sa compagne. L’arche vécue précédemment au travers de l’arrivée puis du décès de Franck, son frère, a beaucoup plu aux téléspectateurs. On imagine votre joie de lire tous ces retours positifs et surtout votre plaisir d’avoir pu la tourner ?
Vraiment, cette arche était incroyable, j’étais tellement flattée d’être au cœur de cette intrigue qui était merveilleusement bien écrite. J’avais des partenaires de jeux incroyables, bien sûr Marie Catrix qui joue ma femme mais aussi Véronique Jannot et Franck Semonin. Je ne le connaissais pas du tout et il est devenu un vrai allié sur le plateau parce qu’on a énormément répété, notamment les scènes d’action. Pour moi, ce qui était inédit, c’était d’être crédible dans les accidents de voiture, les tremblements, les scènes de peur…Sandrine a été mise à rude épreuve et je n’avais pas l’habitude d’avoir autant d'émotions à jouer dans la même journée. Lui qui était très à l’aise avec cela m’a beaucoup aidée à être crédible, à mieux tomber, à mieux me réceptionner, à faire en sorte que l’on y croit. Notamment pour la scène de l’étranglement, qui n’était quand même pas facile à jouer. En plus, j’étais un peu mal à l’aise par rapport à l’image, je sais qu’il y a de très jeunes téléspectateurs qui nous regardent et je ne voulais pas que cette scène-là soit choquante pour eux. Je voulais que ce soit crédible sans être trop glauque. Donc on a beaucoup discuté de cela car on avait vraiment envie de faire le meilleur travail possible sur cette arche et je crois que les retours étaient à la hauteur du travail. J’ai l’impression que cette arche a beaucoup plu, ça a payé. Après, est ce que les scénaristes vont nous en réécrire une autre … à eux de voir.
Pour le moment, Sandrine se retrouve donc seule à la maison, à gérer trois adolescents. Selon vous, comment ressent-elle cette période ?
C’est vrai que Sandrine n’a pas été épargnée, la pauvre. C’est quand même sa deuxième femme qui part en prison, ça fait beaucoup. Je pense que c’est un personnage qui est très altruiste, très tourné vers les autres donc elle va s’en sortir grâce aux autres. Là, on voit qu’elle aide son amie Chloé dans sa nouvelle histoire d’amour avec Xavier et qu’elle retrouve justement son ami d’enfance Xavier. Je pense que, pour sauver Sandrine, il faudrait qu’elle ait des gens à sauver elle-même. Je ne sais pas ce que les auteurs ont prévu mais je pense que c’est la seule issue possible pour ce personnage, sinon il se jette dans le canal, tellement sa vie est compliquée. Pourquoi pas des élèves à sauver de grandes difficultés, comme le harcèlement scolaire ou l’anorexie. Ou encore aider ses amis Chloé et Xavier dans leur problématique, comme on l’avait vu aider Justine à sa sortie de prison pour retrouver sa fille. Je pense que ce personnage est tant aimé car il est tourné vers les autres. Pour s’oublier elle-même, il va falloir que Sandrine s’occupe des autres, encore plus qu’avant je dirais. Ou que les autres s’occupent d’elle. Elle en a bien besoin.
Pour finir, quels sont vos autres projets artistiques du moment ?
Je suis très excitée parce que je vais faire un long-métrage, que je co-écris, que je co-réalise et dans lequel j’ai le rôle principal. C’est parti d’une vidéo un peu fun qui s’appelle « De l’autre côté de l’armoire », que l’on a présentée sur ma chaîne comme un teaser avec Audrey Pirault il y a à peu près 3 mois et qui a eu un énorme succès. En tout cas, on a eu des retombées de la part de gens du métier, notamment un agent qui veut vraiment nous soutenir. Il est prêt à nous accompagner pour développer ce long-métrage qui est en cours d’écriture. Le but, après, étant de signer sur des plateformes type Netflix, Amazone Prime ou, pourquoi pas, au cinéma, à voir. C’est donc le gros projet de 2021.
C’est l’histoire de Laure, comédienne depuis 10 ans, qui est un peu en galère, à Paris. Elle tombe un jour sur une armoire dans un dépôt-vente qui lui permet de voir sa vie alternative si elle avait décidé d’épouser l’homme qui l’avait demandée en mariage à 22 ans. Ces deux vies sont donc présentées en parallèle. Si elle avait fait un autre choix de vie, qu’en serait-il à l’heure actuelle ? Évidemment, l'autre Laure, qui a épousé cet homme et qui est partie en province, à Limoges, reprendre l’entreprise familiale de porcelaine, voit elle aussi qu'elle aurait été sa vie si elle avait suivi son rêve d’être comédienne.
En fait, c’est autobiographique, pour vous dire la vérité. A 24 ans, j’étais en couple à Londres, j’avais un boulot bien rangé et très bien payé, tout était tracé et le jour où on m’a proposé un CDI, j’ai décidé, un peu sur un coup de tête, de tout plaquer pour m’inscrire aux cours Florent ! Le déclic : je ne voulais rien regretter à 40 ans ! Et ben Bim, je ne regrette pas une seconde mon choix mais je me demande souvent : si je ne l’avais pas fait, où en serais-je aujourd’hui ? Ce questionnement est, je pense, très universel.
Ce long va être un vrai challenge pour moi car je vais jouer deux rôles, je vais jouer la Laure dans le premier univers, qui est un peu artiste, délurée et un peu alcoolos sur les bords mais aussi désabusée par ce métier, mais aussi la Laure de l’autre monde qui est maman, beaucoup plus rangée, plus bourgeoise mais qui retrouve sa passion quand elle change d’univers. Pour un rôle d’actrice, jouer deux personnages est une aubaine ! (et bim, j’ai gagné mon pari, je devais placer le mot “aubaine” dans une interview!)
Merci, Juliette, pour toutes vos réponses !
Merci Julian, quelle aubaine cette interview ! Ok, bon j’arrête