Emmanuelle Boidron présente la pièce "Bonjour ivresse !"
Bonjour Emmanuelle,
Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre blog.
1/ Vous êtes actuellement à l’affiche, au théâtre Daunou, de la pièce « Bonjour ivresse ! ». Quelle histoire y est racontée ?
Certaines thématiques font référence aux années 80 et 90. C’est une pièce qui raconte l’histoire de Benoit, un garçon qui fête ses 30 ans et je suis sa sœur Marie, un peu coincée, un peu nunuche qui lui apporte une boite de souvenirs qu’il avait faite quand il était enfant.
Il découvre une liste qu’il avait mise dans cette boite et il se rend compte qu’il n’a rien fait de qu’il avait noté quand il était plus jeune. Il décide alors de tout faire dans la soirée. L’ivresse et la folie aidant, cela conduit à des situations assez cocasses et drôles.
2/ Comment présenteriez-vous votre personnage ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?
J’aime beaucoup ce personnage de Marie parce qu’il est vraiment à double facette. Elle arrive, elle est tout de suite très coincée, nunuche, presque une petite fille. Puis, l’alcool aidant, elle devient un peu folle.
C’est ce revirement qui m’a intéressé quand j’ai vu la pièce, d’avoir ces deux facettes complètement opposées dans ce personnage.
3/ La pièce cartonne depuis de nombreuses années. Quelles sont, selon vous, les raisons de ce succès ?
Les références aux années 80, les Titi, les Bisounours, la bande originale des chansons qui passent et que j’adore. Elles me manquent quand je ne joue pas, j’aime ces musiques, cela me rappelle plein de belles choses.
A un moment donné, il y a aussi un flashback dans les années 80, je pense que cela parle à beaucoup de gens. Ce sont des thèmes assez universels, l’amitié, la famille aussi, la folie, les soirées, le tout avec beaucoup d’humour.
Cette pièce est vraiment très drôle, c’est sa force. Certaines répliques font mouche à chaque fois, ce qui est un réel plaisir pour nous.
4/ La pièce est à l’affiche depuis 7 saisons maintenant. Vous avez pris la succession de comédiennes qui ont interprété le rôle avant vous. Est-ce simple de prendre la suite de quelqu’un ?
J’avais vu la pièce avec Léa François qui jouait ce rôle de Marie, j’avais trouvé cela super. Elle était très drôle et très bien dans son rôle. Quand Franck Le Hen m’a proposé de les rejoindre, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion, parce que le personnage m’intéressait.
On peut se servir de ce qui fonctionne et de ce que les précédentes comédiennes ont apporté, il ne faut pas rejeter forcément tout ce qui a été fait. Tout en apportant sa personnalité, avec son physique, son passé, son expérience, son envie. J’ai donc essayé d’apporter aussi ma touche personnelle.
A l’inverse, l’arrivée de nouveaux camarades de jeu implique-t-elle, pour vous, une adaptation sur scène ?
Bien sûr ! Cela m’était arrivé dans « Les monologues du vagin » où, même s’il s’agissait de parties assez individuelles, nous étions tout de même trois sur scène et nous changions beaucoup de partenaires.
On s’adapte, cela change forcément un peu le jeu parce que les Wanda, l’autre personnage féminin, auxquelles j’ai affaire dans cette pièce ont été interprétées par plein de comédiennes différentes, notamment Princess Erika en ce moment. Ou bien encore, précédemment, Karine Duberney qui a complètement une autre morphologie et qui est blanche de peau. Forcément, cela apporte des changements dans notre façon à nous de jouer, ce qui est intéressant. C’est aussi pour cela que l’on ne se lasse pas non plus, il y a un renouveau à chaque fois.
Franck, l’auteur de la pièce qui joue aussi le rôle de Benoit, est très fort pour cela. Il est sans arrêt dans la recherche, même après 6 à 7 ans de jeu, il est toujours en train d’écouter les réactions. On s’adapte, il improvise beaucoup aussi, cela change les représentations d’un soir sur l’autre. Tout cela apporte une certaine mouvance agréable.
5/ Des évolutions sont-elles proposée, dans le contenu, au fur et à mesure des représentations ?
Je suis assez carrée, mais Franck aime beaucoup l’improvisation. Nous sommes complètement libres de faire ce que l’on veut. Tout en restant drôle pour que le public participe à cet humour. Nous aimons aussi nous imposer certains mots obligatoires de temps en temps.
Franck improvisant beaucoup, je lui laisse cette partie-là car il adore ça et qu’il le fait très bien. Je reste souvent dans mes marques car sinon, à trop improviser, il y a un risque de perdre le fil conducteur.
6/ Vous évoquiez précédemment le flashback dans les années 80. A titre artistique, cette partie vous impose-t-elle certaines particularités, comparativement au début de la pièce qui est beaucoup plus contemporain ?
Nous essayons de prendre une voix un peu plus adolescente. Typiquement, Fifou, le deuxième personnage masculin, prend une voix d’un garçon qui mut. C’est très léger, nous avons des costumes qui rappellent bien les années 80 et des perruques qui nous aident.
C’est une partie où l’on peut davantage se lâcher, on fait un peu ce que l’on veut, c’est la récréation, c’est chouette.
7/ Plus généralement quels sont vos autres actualités, projets et envies artistiques actuels?
La pièce m’occupe quand même du mardi au samedi, tous les soirs. Nous sommes aussi de temps en temps en tournée, de nombreuses dates sont prévues également pour l’année prochaine. D’ici là, nous jouerons à Nantes au mois d’avril.
J’ai un film qui sort en mai, qui va s’appeler « Vive la crise ». Avec Jean-Marie Bigard, Dominique Pinon, Rufus,… une belle pléiade d’acteurs. Sans oublier mon ouvrage « Un père pas comme les autres », que j’ai toujours en salon du livre les dimanches où je ne joue pas. Il marche bien, j’en suis très contente, cela a été une première expérience très intéressante.
En parallèle, je suis marraine de la Fondation Claude Pompidou, je suis ambassadrice pour Ela, je suis maman aussi, j’aime lire, voyager, cuisiner, etc… Donc les semaines sont bien remplies.
8/ Pour conclure, que dire pour inciter nos lecteurs à venir vous voir sur scène ?
Je répéterais simplement ce que les gens nous disent en sortant, que la pièce leur a fait du bien, qu’ils ont rigolé comme des baleines.
Vous passerez un bon moment, détendu, plein de légèreté, de folie et d’ivresse, cela fait du bien !
Ce fut un plaisir, Emmanuelle, de nous entretenir avec vous !