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Anne Rodier nous présente sa nouvelle pièce de théâtre !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Anne,

 

Quelle joie de vous retrouver pour ce nouvel entretien.

 

Vous serez sur la scène du théâtre La Jonquière du 28 novembre au 1er décembre avec la création « A deux heures du matin ». Comment décrire cette pièce ? Quels thèmes y sont abordés ?

 

C'est une pièce de Falk Richter, un auteur allemand contemporain qui écrit sur la société actuelle, notamment le rapport aux réseaux sociaux, à l'ultra-compétitivité dans laquelle on évolue, à ce libéralisme effréné.

 

On y suit cinq personnages qui vont se livrer…. à deux heures du matin. C'est généralement un moment où l'on est seul, la nuit, dans le silence, ce qui laisse le temps à la réflexion.

 

On y voit la solitude de tous ces personnages mais le but est quand même qu'ils se retrouvent. Nous alternons donc entre solitude et collectif, au fil de la pièce.

 

 

Quelles sont les principales caractéristiques de votre personnage ?

 

La pièce se passe dans une entreprise, une start-up, c'est très contemporain. J'en suis la directrice et le spectacle commence sur la disparition de mon collaborateur direct, mon associé avec lequel j'ai monté la boite. De là, les personnages vont se confier, vont faire part de leur stress, de leurs inquiétudes, de leur solitude, de leurs réflexions sur les relations amoureuses, sur la famille, sur leur rapport au travail.

 

Dans cette pièce, le personnel et le professionnel se mêlent sans cesse. Il n'y a pas de limite entre les deux. Justement, cette absence crée la déshérence des personnages. 

 

Comment classeriez-vous cette pièce ? Dans quel registre la placeriez-vous ?

 

C'est une pièce contemporaine qui dénonce la société dans laquelle on vit. Elle n'est peut-être pas politique mais, en tout cas, elle est engagée. C'est un spectacle coup de poing, comme le décrit la metteuse en scène Marie-Christine Bras dans le pitch.

 

On s'adresse au public, nous sommes là pour être des conteurs de ce qui se passe dans notre société, on est en interaction avec les spectateurs, on les fait réfléchir. La pièce est dirigée vers le public pour le faire réagir, pour qu'il se pose des questions et qu'il puisse faire le lien avec le quotidien.

 

Selon vous, qu'est-ce qui va plaire aux spectateurs qui, nous l'espérons, viendront nombreux vous voir sur scène ?

 

C'est une pièce qui parle à tout le monde, qui traite de sujets universels. Vous allez tous vous y retrouver. Nous sommes tous de plus en plus dans des relations virtuelles, on discute par SMS, par WhatsApp, par Messenger. On se confie plus dans ce cadre-là qu'en direct. C'est une réalité, on est happé par cette nouvelle forme de communication, même si on ne veut pas forcément le reconnaître. La pièce traite beaucoup de cet aspect-là, dans le monde de l'entreprise certes mais comme ce dernier n'a pas de frontière avec le personnel, tout se mélange et les gens perdent du coup  de leur identité, ne sachant plus qui ils sont.

 

Ce n'est pas dramatique, ça fait simplement réfléchir.

 

A quelques jours de la première, comment vous sentez-vous ? Prêts et impatients ? Ou angoissés ?

 

Je pense que l'on est un peu stressé. Nous avons eu une résidence il y a un an, suite à laquelle nous avons pu prendre du recul pour réadapter la pièce. Nous sommes les portes paroles de ce que l'on veut dénoncer, le fait d'avoir pris notre temps nous a permis, je crois, d'avoir du recul sur les textes. Ce qui est plaisant. Ce travail en amont de jouer est une démarche un peu différente et c’est agréable d’expérimenter de nouvelles manières de créer. Je parle pour les autres comédiens bien sûr que j’aimerais nommer car c’est vraiment un spectacle collectif. Il s’agit de PH Dutrieux, Thomas Lempire, Aude Renée, Hélène Rosselet-Ruiz.

 

 

La metteuse en scène est accompagnée d'une scénographe, elles sont très créatives et c'est vraiment très agréable pour nous. On est accompagné par un bruiteur qui a composé la bande son pour le spectacle et une créatrice lumière aussi. Cela fait partie intégrante de ce que l’on veut faire passer. Les bruits dans lesquels on vit sans cesse et la nuit propice à la réflexion et la confidence.

 

Ce texte a parlé à tous les comédiens. Il parlera à toute une génération au moins de 30 à 40 ans mais au-delà et en deçà. Ce texte est le reflet de notre société et Falk Richter a une écriture tellement ciselée, tellement obsessionnelle qu’on ne peut pas en ressortir sans réfléchir.

 

En conclusion, nous le disions, quatre dates sont prévues pour le moment. On peut imaginer que vous espériez tous que cela ne soit que le début d'une belle et longue aventure ?

 

Oui, bien sûr. Ces quatre dates sont pour nous comme un show-case, on espère que des programmateurs, des producteurs vont aimer, on souhaite qu'ils puissent s'emparer du projet. Pour nous accompagner afin que l'on puisse faire vivre la pièce et la jouer partout. Nous aimerions être programmés dans un théâtre suite à ces quatre premières.

 

Merci Anne pour ce nouvel échange !

Publié dans Théâtre

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Frank Leboeuf évoque sa nouvelle pièce de théâtre, Boeing Boeing !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Frank,

 

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à quelques questions.

 

 

Vous êtes, depuis quelques jours, à l'affiche, au théâtre Daunou, de la pièce  « Boeing Boeing ». Tout d'abord, vous qui vivez cette aventure de l'intérieur, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

 

En parlant du pitch, je dirais que c'est l'histoire d'un architecte qui a trois fiancées. Il est polygame et il gère cela avec dilettantisme et, en même temps, avec beaucoup de stratégie. Ses trois fiancées sont toutes hôtesses de l'air et il a aussi une bonne qui l'aide dans toute cette programmation.

 

Un jour, il reçoit un ami, ce n'est pas lui qui va tout dérégler mais des tempêtes de neige vont tout perturber. Tout ce qu'il avait mis en place va tomber, avec le témoignage du pote et la pauvre aide de la bonne. Il va alors devoir gérer une situation où les trois femmes sont, en même temps, dans la maison.

 

Vous avez commencé un peu à en parler, quelles sont les principales caractéristiques de votre personnage ?

 

C'est quelqu'un qui, au départ, est très très sûr de lui. Il mord la vie à pleines dents, il est architecte, il a une belle maison, il a de superbes fiancées, il a une bonne qui est là depuis très longtemps et qu'il accepte. Il est bien dans sa vie, tous les rouages sont présents, tout est bien, jusqu'à ce que plusieurs événements viennent faire exploser la situation dans tous les sens.

 

C'est une pièce historique, elle a été jouée 32 000 fois dans le monde, dont près de 12 000 en France. Justement, au moment d'aborder cette nouvelle version raccourcie, vous êtes-vous inspiré de ce qui a déjà été fait ? Avez-vous fait des recherches de ce qui a plu ?

 

J'avais déjà lu la pièce et j'ai regardé deux versions sur Youtube. C'était long, très long même, près de deux heures quinze, avec l'humour de l'époque. J'aimais l'histoire car elle peut être encore actuelle. Le fait qu'elle ait été raccourcie et réadaptée en une heure trente fait que ça marche. Nous avons l'impression de jouer une demi heure, tellement c'est rapide.

 

C'est, pour moi, un honneur de faire cette pièce, de grands noms du théâtre et du cinéma ont joué le rôle de Bernard, c'est donc absolument génial pour moi.

 

Le succès rencontré à travers le monde par cette pièce génère-t-il chez vous avant tout du stress, de l'appréhension ou, à l'inverse, une certaine fierté ?

 

Je suis très honoré. J'ai 50 ans, j'ai l'âge pour accepter le stress du public et des comédiens passés avant moi. J'ai l'âge pour ne pas me sentir en danger. Le seul que je me crée est celui que je me donne, à savoir l'envie d'être performant et de me donner au maximum à chaque fois pour le public. C'est tout. Je n'ai plus le trac, j'ai une anxiété ou un stress de bien faire.

 

Je suis très fier de jouer cette pièce là, c'est une référence. C'est extraordinaire pour moi, je remercie l'équipe d'avoir pensé à moi. C'est vraiment symbolique pour moi, après les dernières créations que j'ai pu faire.


 

 

Au-delà du rythme intense que vous avez évoqué, quels sont les premiers retours des spectateurs ? Qu'est-ce qu'ils ont aimé ?

 

La nouvelle version leur plaît car elle est très actuelle, dans le sens où il fallait absolument du rythme. Les gens sont devenus très impatients donc il est nécessaire que ça vive énormément, que ça fasse rire énormément. Ce ne sont pas forcément des rires de paroles, ce sont parfois des rires de situation. Beaucoup de spectateurs disent que c'est la meilleure version. Les gens sont très contents, le fait que ce soit un classique ne change rien à ce que Philippe Hersen a fait en mise en scène. Le décor en noir et blanc est magnifique. De mon côté, en tant que rôle principal, j'ai voulu amener beaucoup d'énergie pour que la plénitude de vie de Thierry Samitier fasse un extrême avec moi.

 

Je suis très heureux aussi d'être entouré de quatre comédiennes qui sont toutes parfaites et qui jouent leur rôle magnifiquement bien. Cela génère une osmose dans le groupe, c'est important. J'ai toujours travaillé en collectif, j'aime que l'on vive en groupe, j'aime que l'on aille boire un verre ensemble après le spectacle, j'aime que l'on devienne potes. Nous ne sommes pas seulement des gens qui travaillons ensemble, on vit ensemble et on est content de se retrouver. C'est une clé de réussite.

 

Après quelques représentations, êtes-vous encore très proche de la version répétée? Ou, déjà, vous permettez-vous quelques libertés pour aussi surprendre vos partenaires sur scène ?

 

Personnellement, pour l'instant, non. Parce que je n'ai pas envie de déranger ni de mettre en difficulté mes partenaires. Thierry a rajouté des choses, je suis assez à l'aise, cela me va. Véronique également modifie un peu son texte, elle m'en parle systématiquement pour savoir ce que j'en pense.

 

Je le dis souvent à la troupe, pour l'instant, essayons de rester au maximum sur le texte, il est suffisamment costaud pour faire rire les gens. Peut-être que, plus tard, on pourra se lâcher et tenter des choses. Mais je n'aime pas la tentative personnelle, j'apprécie que l'on m'en parle avant. Car on n'est pas encore au moment de se mettre en difficulté, ça viendra. J'ai moi même préparé déjà plein de choses pour plus tard. Je pense notamment à une petite surprise que je réserve à Marinelly, elle sera très étonnée sur scène. Mais c'est pour rigoler.

 

Pour le moment, il faut que ça rentre, il faut être costaud et carré. Après, quand on sera à l'aise, on pourra tenter des choses mais on s'en parlera avant. Ce n'est pas le rôle de Bernard d'être surpris, il est sûr de lui.

 

 

Nous évoquions le succès que connaît ce spectacle depuis de nombreuses années. Du coup, seriez-vous tenté par une aventure théâtrale supérieure à deux ou trois mois ?

 

Je l'ai déjà fait, j'ai joué plus de 650 fois « Ma belle mère, mon ex et moi » . Mais j'ai déjà prévu quelque chose après, je serai comédien, producteur et metteur en scène d'une autre pièce. C'était programmé déjà avant « Boeing Boeing ». Si l'on continue au delà du 31 décembre, la date contractuelle, l'aventure s'arrêtera pour moi en avril prochain. Je pourrai donc la jouer 200 fois environ, ce qui est très bien. Pourquoi pas revenir plus tard d'ailleurs...

 

Mais je considère que, après un certain temps, cela devient redondant. Quand on est trop facile, c'est, pour moi, ennuyant. Ce n'est pas un exploit, pour un comédien, de jouer mille fois une pièce car, dès la soixantième, c'est routinier. Les surprises et le plaisir sont moindres. C'est plutôt l’œuvre qui doit être glorifiée, plus que l'artiste.

 

Pour finir, comment définitivement inciter les lecteurs à venir voir la pièce ?

 

On entre dans l'historique du théâtre, aucune autre pièce n'a fait venir autant de monde en France et sans doute sur terre. Ça se joue encore à New-York par exemple. La dramaturgie de cette pièce, la façon dont elle a été montée par Marc Camoletti sont un gage de sécurité pour les gens. C'est une pièce dans laquelle ils vont rigoler, il y a énormément de rythme, c'est une version revisitée, mise au goût du jour, sans changer l'histoire ni les textes. Les décors sont extraordinaires, les costumes le sont tout autant, les cinq comédiens qui m'accompagnent sont géniaux. Franchement, nous n'avons pas eu pour l'instant un seul écho négatif et on espère que cela n'existera jamais. On se sent fort car on a une pièce forte dans les mains.

 

 

 

Ce fut un plaisir, Frank, d'échanger avec vous !

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Acting International : Interview croisée de trois anciens élèves de l'école, qui se remémorent leurs expériences !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Daria Konstantionva, Charly Gautier et Zachariah Kennedy,

 

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à quelques questions.

 

 

Vous avez tous les trois étudié à l'école « Acting International », soit sur un cursus complet sinon sur une année bien précise. Que retenez-vous de cette expérience ? Que vous a-t-elle apprise ?

 

Daria : C'est compliqué de répondre en un mot bien sûr, surtout que j'ai fait trois ans dans l'école. Cela permet avant tout de rencontrer d'autres personnes qui ont la même passion, ce qui est très inspirant. On comprend dès le début que l'on n'est pas le seul fou de ce monde. J'ai beaucoup aimé aussi le fait que chaque professeur ait un univers différent.

 

L'année la plus inspirante a été la deuxième, en théâtre et cinéma car nous avons fait deux pièces que j'apprécie, de Tchekhov et de Shakespeare. L'année est construite de façon à ce que chacun puisse encore choisir son rôle, chacun peut donc tester ce qui lui va vraiment. Je suis souvent dans l'emploi d'une petite fille, là j'ai pu faire d'autres choses que l'on ne m'aurait sans doute pas données spontanément.

 

La troisième année est déjà celle de la vérité, on comprend alors comment les autres nous voient. J'ai découvert le stand-up, une très belle discipline.

 

Charly : J'ai fait la première année, je ne suis pas qualifié pour avoir une vision globale. Pour reprendre ce que disait Daria, j'ai trouvé intéressant que l'on ait des professeurs très différents. C'était même difficile de penser qu'ils puissent être regroupés en un même endroit, dans une même école. On avait vraiment des enseignements et des méthodes complément différents, cela permettait de comprendre comment fonctionnent le corps et la voix. Une fois chez moi, je me posais et j'essayais d'utiliser tous ces outils en un seul. Cela m'a permis de retrouver une base, de re-comprendre mon corps et ma voix, c'était très enrichissant.

 

On reçoit les clés, c'est à nous ensuite d'ouvrir la porte, de se lancer, de créer quelque chose.

 

Zachariah : Avant l'école, je n'avais jamais pris de cours, j'avais simplement fait trois à quatre ans de théâtre lorsque j'étais à la Fac. On mettait nous-mêmes en scène et on développait nous-mêmes nos personnages. J'étais du coup très curieux d'avoir une vraie formation. Mon stage dans l'école m'a plu et j'ai postulé alors pour la deuxième année.

 

Elle m'a beaucoup plu et j'ai été très surpris de découvrir que ma vision du jeu était un peu biaisée. J'imaginais en fait les situations plus que l’histoire d'un personnage. A l'école, l'aspect psychologique du développement du rôle m'a beaucoup intéressé.

 

J'avais joué Caligula, un psychopathe. Au début, je pensais que je devrai être dans l'excès mais, quand j’ai compris pourquoi il est comme cela, cela a nuancé complètement le jeu et ça m’a donné un naturel et une façon de jouer que je n'aurais pas eus si je n'avais pas compris son histoire. Cela m'a vraiment aidé pour la suite, je me demande à présent systématiquement qui est la personne que je joue, ce qu'elle veut dans la vie, ce qu'elle cherche à faire. Je mélange mon imaginaire avec ce que le rôle nécessite.

 

L'autre point positif a été le fait de rencontrer des gens pour faire des projets. Maintenant, on a créé une troupe et une pièce avec des personnes de ma classe. J'ai aussi rencontré des gens de troisième année qui m'ont proposé de faire des choses avec eux.

 

C'est donc vraiment une excellente école pour se faire un réseau et en apprendre sur soi-même et sur le métier d'acteur. Ce côté psychologique permet de se poser des questions sur soi pour chercher des choses qui vont nous permettre ensuite de jouer des rôles plus compliqués.

 

Daria : Dans la même idée, dans cette école, les cours m'ont appris techniquement comment pleurer et comment rire. Je ne pouvais pas le faire avant, maintenant je sais où chercher la larme. J'ai réalisé que l'on ne la cherche pas dans la situation de l'histoire écrite mais que l'on peut la trouver dans sa propre histoire. Cela a été pour moi la découverte la plus importante.

 

Charly : Le cours d’Élena a changé un peu ma vision des choses. Je jouais déjà avant de mon côté mais j'étais toujours trop ancré. La tête jouait mais pas le corps et elle m'a appris à le faire. J'ai commencé le Yoga grâce à elle ainsi que tout un travail corporel que j'entretiens depuis deux ans. J'ai vraiment appris à reprendre contact avec mon corps, à jouer avec ce dernier, à comprendre comment cela fonctionne dans le jeu, à quel point il est utile et important.

 

Daria: En fait, l'école de théâtre est aussi une école de Yoga :)

 

Charly : Oui, exactement. Une autre chose géniale a été le fait de côtoyer des jeunes avec lesquels on peut parler de notre passion et partager des choses. Comme Daria l'a dit, on se rend compte que l'on n'est pas seul, qu'il y a d'autres fous sur terre.

 

Nous venons d'évoquer votre parcours dans cette école. Si l'on revient en arrière, comment avez-vous entendu parler de l'école et pourquoi avez-vous choisi cette formation-là plutôt qu'une autre ?

 

Zachariah : Comme je l'ai dit, je jouais à la Fac. Avec mes études et mon métier, j'ai quitté la France pendant deux à trois ans. Le théâtre m'a alors beaucoup manqué. Quand je suis revenu, je voulais vraiment m'inscrire dans une école. J'ai découvert « Acting International » sur Internet, j'ai comparé, j'ai regardé le contenu, j'ai lu les avis. Mon travail me prenant pas mal de temps aussi, les horaires m'allaient bien également.

 

J'ai testé l'école grâce à un stage proposé. Je n'aurais pas pensé pouvoir apprendre autant de choses en une semaine. Les profs étaient sympas, c'était une bonne ambiance. Pour ce dont j'avais besoin, cela me suffisait et je me suis inscrit.

 

Daria : Si on veut y apprendre beaucoup, on va y apprendre beaucoup.

 

Charly : Oui, c'est cela. L'élève a l'opportunité de prendre et d'utiliser à son choix la base qui lui est donnée. Il peut aussi la prendre, la développer et la multiplier par cent.

 

Zachariah : C'est bien aussi qu'il n'y ait pas de limite dans les cours. Quand on nous propose des textes, si on veut en faire dix, on en fait dix. On nous laisse aussi l'opportunité de présenter des travaux personnels.

 

Pour notre troupe, c'est hyper important d'avoir l'avis de professionnels, sachant que l'on démarre, que l'on ne connaît personne et que ce que l'on pense être bon ne l'est pas forcément, professionnellement parlant. Les journées créatives servent à cela, c'est bien, il faut les garder.

 

Daria : Je faisais du théâtre, il y a longtemps, en Russie. Je viens du milieu artistique, mon père était musicien mais, à l'âge de 17 ans, il m'a demandé d'apprendre le français plutôt que de faire des études artistiques. J'ai donc arrêté le théâtre pendant 10 ans mais, en France, j'ai pu faire des études de cinéma. J'ai dû trouver un stage dans une boite de production et je suis tombée sur celle qui s'occupe des projets de Gérard Depardieu en Russie. J'ai passé six mois sans le voir mais je m'occupais du côté administratif. Puis j'ai eu la chance de partir un mois en tant que son assistante et sa traductrice au Kazakhstan.

 

En regardant comment il joue, c'était suffisant pour être passionnée par ce métier et se dire que je ne voulais plus être derrière la caméra mais devant. Il fallait aussi une sorte d'audace après dix ans sans pratique.

 

J'ai alors trouvé une radio russe sur Paris, où je faisais les interviews d'expatriés russes qui me racontaient les raisons de leur choix. J'ai ainsi rencontré une comédienne qui a fait ses études dans cette école et qui m'a incité à m'y inscrire. C'est donc tout un enchaînement d’événements qui m'a amenée ici.

 

Charly : Depuis très jeune, j'étais seul chez moi et, le weekend end, en regardant la télé, je faisais tout comme les personnages. Au fur et à mesure, j'ai pris une caméra, j'ai commencé à me filmer, à écrire des condensés de films et de séries, à réinterpréter, à jouer plusieurs personnages.

 

Après le lycée, rêvant d'être acteur, j'ai fait des recherches pour une école de cinéma. Je suis tombé sur l'école, qui proposait une formation dans ce sens. J'ai fait un stage que j'ai trouvé vraiment génial et je me suis inscrit.

 

A présent, quels sont vos projets artistiques ?

 

Zachariah : En deuxième année, deux camarades, Hugo et Lorenzo, m'ont proposé de faire partie de leur troupe, « Culottés ». Ils m'ont expliqué qu’ils avaient une opportunité pour jouer dans un théâtre parisien mais il fallait que l'on écrive la pièce, qu'on la mette en scène, que l'on fasse tout en à peu près deux mois.

 

Je suis quelqu'un qui ne ferme jamais les portes, j'ai écouté ce qu'ils avaient à me dire, ils m'ont convaincu et je les ai suivis. Nous avons fait un brainstorming d'idées et de tons, j'ai mis en texte, nous avons écrit les vannes ensemble, on a répété le spectacle et on l'a joué au Mélo d'Amélie deux mois plus tard. Cela a plu et, après avoir réduit un peu la pièce et modifié certains points, nous l'avons re-testée récemment.

 

Daria : Si je peux me permettre une question, quel est le secret pour écrire ensemble ?

 

Zachariah : Il n'y en a pas. Chacun avait des compétences différentes que nous avons mises en commun. Chacun écrivait de son côté et on confrontait ce qui marchait, ce qui ne marchait pas. Sur le style, j'ai préféré prendre la main pour que l'ensemble soit homogène, tout en gardant les idées de chacun. On lisait ensemble et on corrigeait ce qui était nécessaire, semaine après semaine.

 

Daria : Sans conflit ni rien ?

 

Zachariah : En deux mois, quand il n'y a pas de temps, vous n'avez justement pas le temps de vous bagarrer. On se dit qu'il faut prendre des décisions, être efficace, savoir s'arrêter pour passer à la suite. Sinon, on n'avance pas. Avoir une deadline aussi courte était très stimulant.

 

Pour la suite, nous aimerions bien faire le Festival d'Avignon et ensuite postuler dans d'autres théâtres pour jouer régulièrement.

 

Daria : Je me rends compte que, en plus de passer des castings, il faut commencer à créer des projets pour ne pas être en attente d'un rôle.

 

Zachariah : Je suis très lucide sur ce métier, je sais que l'on ne viendra pas me chercher, il faut être proactif pour avoir ce que l'on veut. Ce projet a été l'opportunité d'écrire un rôle sur mesure, sur ce que j'ai envie de jouer, sur ce que j'ai envie de dire. J'ai pu créer quelque chose qui m'est personnel. J'ai pu faire ce que je voulais.

 

Je suis lucide, j'essaie de faire les choses petit à petit, sans pression.

 

Charly : J'avais quitté l'école car je commençais à écrire un film basé sur la série « Twin peaks ». En fait, j'ai toujours voulu jouer, dans le cinéma, des hommes et des femmes. Dans ce film, j'interprète quatorze personnages, les principaux de la série. Le projet est en ligne sur Youtube depuis le 26 octobre dernier. J'ai voulu faire un projet qui me ressemble, qui me permette d'aborder différents horizons et d'explorer un spectre large d'êtres humains.

 

En tant qu'acteur, on peut ne pas se limiter et j'ai écrit ce que j'avais envie de jouer. J'ai appris, j'ai fait le maquillage, j'ai choisi les costumes, j'ai appris le montage, le mixage, la prise de son. J'ai fabriqué les décors, cela a été une expérience assez intense mais dont je suis fier. J'étais accompagné d'un ami et ce fut un enrichissement énorme.

 

C'est quelque chose que j'aimerais promouvoir, j'adorerais que ce soit une base pour me faire connaître, pour montrer ce que je sais faire et ce qui me motive. Pour continuer à créer avec d'autres personnes. Nous étions deux jeunes sur le projet, personne ne voulait travailler avec nous, ce que je peux comprendre mais, avec cette base, j'espère que la roue va tourner.

 

Daria : Nous avons créé une troupe avec des amis du théâtre, « Les Ravagés », nous avons présenté il y a peu une pièce de Bruckner, « Maladie de la jeunesse ». Qui parle de médecins et de dépression. Chaque personnage nous correspond beaucoup, comme si la pièce avait été écrite pour nous.

 

Je participe à des soirées de Stand-up, où j'écris des textes qui évoquent mes cinq ans à Paris en tant que russe. Je participe aussi au concours « Kandidator » en ce moment.

 

Je ne sais pas si je ferai cela toute ma vie car l'écriture et les blagues ne sont pas faciles. Je me rends compte de la difficulté et j'ai à présent beaucoup plus de respect pour les séries télé et les sitcoms. Tuer quelqu'un et faire pleurer les téléspectateurs sont des choses bien plus faciles que de les faire rigoler.

 

Charly : On n'en parle pas souvent mais faire rire est un art vraiment particulier et très compliqué. On veut divertir les gens mais on en souffre parfois car on n'y parvient pas systématiquement.

 

Daria : Je me suis rendu compte qu'il faut rentrer dans une sorte de flou dans lequel on se fait rire soi-même et, là peut être, ça va marcher. La seule manière de savoir si ça marche est de présenter. On ne peut pas le savoir avant.

 

Zachariah : Pour rebondir sur ce que tu dis par rapport aux vannes, tout ne vient pas d'un coup, il faut laisser reposer. Parfois, dans le train, une idée surgit.

 

Daria : C'est ça, on ne peut pas écrire un stand up en un jour. Il faut d'abord créer une histoire, puis après attendre un peu que ça vienne.

 

Zachariah : Dans la troupe, lorsque l'on écrivait, on se faisait rire nous-mêmes et on se disait alors qu'il y avait moyen que ça marche avec le public.

 

Charly : C'est exactement cela. J'écris un nouveau projet que j'aimerais faire produire et l'idée vient par hasard. Il faut toujours avoir, si on le peut, un temps de repos car parfois l'idée vient en se laissant porter. Il faut regarder le monde qui nous entoure, ça peut inspirer. Cela permet aussi d'être en rapport et en lien avec le monde dans lequel on vit, pour que les gens qui vont voir le projet soient impactés et y croient. C'est important de présenter un miroir du monde dans lequel les gens puissent se voir, pour que ça leur parle d'une manière ou d'une autre.

 

 

Ce fut un plaisir d'échanger avec vous trois !

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Irina Vysotskaia nous présente l'école Acting International !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Irina,

 

Merci d'avoir accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

 

Vous êtes directrice de « Acting International ». Pour commencer, comment présenteriez-vous cette école ? Comment la décririez-vous ?

 

Je dirais déjà que c'est une école, ce qui n'est pas commun dans notre secteur en France. Cela veut dire que nous avons un projet pédagogique. J'aimerais voir davantage de confrères se pencher sur le sérieux de ce métier. Le milieu artistique doit être structuré pour avoir la volonté de porter certaines choses à la connaissance des élèves. Ce que nous faisons.

 

Je consacre mon énergie depuis quinze ans à cela, c'est une vocation, c'est une vraie volonté non seulement de donner les bases aux élèves (le corps, la voix, l'imaginaire, la mécanique de l'action) via certains auteurs incontournables mais aussi d'apporter des modules en plus. Cela leur permet de développer les aptitudes qui sont aujourd'hui demandées.

 

Il faut savoir s'adapter à ce qui se passe, à l'émergence du one-man show, des mini-séries, des séries web, des podcasts notamment. On introduit en deuxième et troisième années ces disciplines, parmi les cinq voir six que les élèves suivent. Les intervenants sont différents, chacun étant spécialisé dans son domaine. Je pense aussi aux matchs d'improvisation, qui font appel à des aptitudes différentes d'une pièce de Molière. L'humour est un exercice difficile, il faut être face à un public pour savoir si ça plaît ou pas.

 

Nous avons aussi la volonté de chercher des niveaux de sens, dans ce que nous essayons de porter au public. Si ce dernier a aimé une pièce mais qu'elle ne raconte rien et que, dès le lendemain, les spectateurs ont oublié ce qu'ils ont vu, je trouverai cela dommage. C'est alors du temps qu'ils auront perdu, qui ne les aura pas fait grandir.

 

On essaie également de sensibiliser nos élèves à se poser la question de pourquoi ils font cela en tant qu'acteurs. Transmettre quelque chose au public n'a pas vocation à être une thérapie pour eux, c'est avant tout une responsabilité. Ils doivent donc s'interroger sur ce qu'ils racontent sur scène et ce qu'ils veulent faire traverser au public. A eux de trouver la réponse, nous n'imposons rien à nos élèves.

 

Vous évoquiez le contenu de la formation. Justement, comment le programme est il défini ?

 

Il y a deux parties. D'abord celle que j'appelle « on ne va pas réinventer la roue », où on doit transmettre des évidences qui existent depuis que ce métier-là est enseigné. Des choses présentes dans n'importe quelle structure digne de ce nom. Heureusement, de grandes écoles aux Etats-Unis, à Londres ou en Russie sont pour nous de vraies références spécialisées dans ce domaine. On transmet aux élèves les différentes méthodes et approches qui existent et charge à eux ensuite de composer leur cocktail. On essaie de récréer la vie, de faire vrai en circonstances imaginaires. Mais, quelque part, c'est faire vrai tout court car toutes les circonstances dans la vie sont imaginaires, il n'y en a pas d'objectives, il n'y a que des réalités subjectives.

 

Dans ce que l'on fait, c'est parfois difficile de se dire que, là, vraiment, c'est pour de faux et qu'il faut quand même y aller, comme si c'était vrai. C'est alors vrai, cela le devient. Il faut, quelque part, réapprendre les mécanismes de la vie, en les décortiquant. Des disciplines sont ainsi proposées pour cela. La première année est donc « la voie vers soi-même », on est soi en circonstances imaginaires. C'est l'éveil à sa propre physicalité et sensibilité émotionnelle.

 

Dès la deuxième année, on aborde le personnage. Les élèves ne sont alors plus vraiment eux-mêmes. On les fait travailler sur des univers très différents, notamment Shakespeare, Tchekhov, Ibsen, Gogol, Hemingway, la théâtre contemporain ou encore le clown. Cela fait appel à une aptitude de connexion, tout simplement car les personnages n'ont jamais vécu, ils ne sont que des indications sur une feuille de papier. A chaque fois qu'ils jouent, on veut que les élèves redécouvrent leur personnage car, dans une création, il n'y a pas deux moments pareils. Les cases n'existent pas. Le personnage fait appel à la capacité de l'élève à se connecter à une énergie qu'il peut identifier dans une autre dimension. Il ne peut y arriver que par amour. Le plus le comédien défend son personnage, le plus cela porte l’œuvre et l'histoire. Même les sujets les plus délicats peuvent être abordés plus sereinement alors. Ce qu'on voit chez l'autre n'est que le reflet de soi. Sinon on ne serait même pas capable de le voir. D'une certaine manière, le personnage c'est toujours nous, mais d'un autre point de vue. Je le dis souvent, l'acteur est l'avocat de l'espèce humaine.

 

Les élèves doivent trouver les parallèles qui vont leur permettre d'incarner et de faire vivre des choses qu'ils n'ont pas vécues. En allant dans des univers, des auteurs et des époques différentes, les  deuxième et troisième années permettent d’aborder différentes profondeurs de personnages. C'est joyeux en tout cas pour nous de les faire travailler dans ce sens. Ce travail intérieur qu'on leur demande est assez énorme et on espère que cela les portera au delà des murs de l'école. C'est un peu l'objectif car l'école ne peut que les lancer. C'est un tremplin avant tout. S'il n'y a pas d'inertie, pas de volonté, pas d'inspiration derrière, on ne peut rien faire, comme dans toute école. On ne peut rien faire à la place des élèves, on ne peut que montrer une porte, à eux ensuite de l'ouvrir. On a pour ambition de les activer, ils doivent comprendre qu'ils sont les directeurs généraux de leur propre vie, qu'ils ne sont victimes de personne.

 

Parmi vos nombreuses années d'expérience avec cette école, avez-vous des souvenirs particulièrement marquants ?

 

J'en ai plein, évidemment. C'est difficile de choisir. La plus grande joie est, justement, quand nous réussissons à porter les élèves, quand ils sont, eux, passionnés. J'aime aussi quand, en sortant, ils disent que l'école n'y est pour rien et qu'ils ont réussi par eux-mêmes. Cela veut alors dire que nous avons réussi. La reconnaissance fait toujours plaisir mais la vraie joie est quand l'élève dit « c'est moi » car il a alors compris. Comme je le disais, on veut que chacun puisse construire sa propre méthode. Il n'y en a pas une qui vaut plus que les autres, il faut simplement créer la sienne.

 

En conclusion, comment définitivement inciter les jeunes artistes à tenter l'aventure « Acting International » ?

 

C'est surtout une découverte de soi. Si ce que je viens de dire fait écho dans l'ambition d'explorer quelque chose, ça va se faire. On est dans un business d'âme, on fait grandir cette dernière en traversant les expériences. Même quand on vit en circonstances imaginaires, on retient avant tout l'expérience que cela engendre. L'idée derrière est de traverser ces expériences là pour en ressortir changé, pour éveiller la capacité de structurer l'énergie et les réalités. Les élèves ne sont littéralement plus les mêmes à la fin. Mais il faut avant tout avoir envie de cette aventure-là. Ce n'est pas fini au bout de trois ans, ce n'est que le début....

 

Ce fut un plaisir, Irina, d'échanger avec vous !

Publié dans Théâtre

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François-David Cardonnel revient sur son parcours et évoque son actualité !

Publié le par Julian STOCKY

Crédit photo : Julien Carbuccia

 

Bonjour François David,

Quel plaisir d'effectuer cet entretien avec vous !

 

Vous êtes un artiste aux multiples casquettes et aux riches expériences, sur différents supports. Si l'on prend un peu de recul sur tout cela, qu'est-ce qui vous plaît dans votre quotidien artistique actuel ?

Quand j'étais petit, j'étais tête en l'air, je passais mon temps à rêvasser et à dessiner. A l'école, j'étais au fond de la classe, à côté du radiateur, à regarder ce qui se passait dehors, dans la cour. Mon métier me permet de continuer de rêver. Sur la création des personnages, sur la création de mondes différents. Il m'autorise plein de choses que je ne m'autorise pas forcément dans ma vie. Aussi d'exprimer des choses que je n'exprimerais pas dans mon quotidien personnel. Ce métier-là et les métiers artistiques me donnent cette satisfaction.

Le métier d'acteur est incroyable, il permet de découvrir plein d'univers différents, cela permet de s'enrichir, d'apprendre sur des métiers ou des parcours. A chaque fois que l'on endosse un personnage, on endosse tout ce qui va avec, sa vie, ses problèmes, son métier. Il faut donc se renseigner sur toutes ces choses-là, on apprend ainsi tout le temps, ce qui est génial.

 

Vous évoquiez ces renseignements que vous prenez. De façon plus large, quelle est votre méthodologie de préparation en amont du tournage ?

Je dirais que si cette préparation est recommandée, elle n'est pas essentielle. Je la fais car, comme je le disais, elle m'apprend plein de choses. Quand je travaille un rôle, je pars toujours de moi, je me mets à la place du personnage, je me demande comment j'aurais réagi si j'avais vécu ce qu'il vit. C'est, selon moi, la manière la plus sincère d'interpréter. Ensuite, quand je joue, j'essaie au mieux d'être moi-même mais avec tous ces éléments supplémentaires qui sont les attributs du personnage.

 

Concernant les textes, aimez-vous les apprendre peu de temps avant de tourner ? Ou, à l'inverse, avez-vous besoin de les digérer ?

En fait, j'ai toujours eu peur des textes. Quand j'étais à l'école et que je devais réciter les poésies au tableau, j'étais incapable de les apprendre. Je pense que c'est cette peur du texte qui me fait le travailler beaucoup.

En même temps, j'ai également remarqué que, parfois, il ne faut pas non plus trop travailler un texte. Sinon, on oublie l'instant présent. Mettre des intentions à chacune des répliques lorsqu'on les apprend ne tient pas compte de ce que le partenaire va faire. Trop travailler ses répliques peut nous cloisonner, nous créer des barrières qui vont nous empêcher d'être plus libres quand on va avoir un comédien en face de soi qui va nous donner quelque chose d’inattendu. Donc je travaille mes textes mais j'aime bien voir aussi ce qui se passe avec le partenaire.

 

Au-delà des échanges avec votre partenaire de jeu, concernant cette fois-ci les liens avec le réalisateur, êtes-vous plutôt dans l'attente de ses directions ? Ou aimez-vous aussi être force de proposition ?

J'adore être dirigé. C'est pour cela que j'aime quand, au casting, le réalisateur est présent. Car son but est d'essayer de voir si on va tenir le coup et si on est malléable. J'adore l'être et j'adore aussi me remettre en question.

Mais cela n’est pas incompatible avec l’envie et le plaisir de faire des propositions. J'ai ma vision du personnage que j'ai travaillé, mais j’aime également être surpris par une direction du réalisateur que je n’avais pas perçue et qui me fait sortir de mes zones de confort. C'est dommage quand un acteur joue tout seul, avec son idée toute faite du personnage ou de la situation, idem quand un metteur en scène ne pense qu'à sa vision à lui sans faire confiance aux acteurs. Je pense qu'il faut un mix de l'ensemble.

 

Nous évoquions au début de cet entretien vos diverses expériences. Spontanément, l'une d'entre elles vous aurait-elle encore plus marqué que toutes les autres ?

En fait, chaque tournage, quel qu'il soit, est une aventure. C'est ce que j'aime dans ce métier. Cela nous pousse un peu en marge de la vie de tous les jours, avec des gens avec lesquels on va être proches pendant une durée définie et ce de manière quotidienne.

Mais l’expérience qui a été la plus marquante est la série western que j'ai créée avec mes frères Pierre et Jonathan, « Templeton ». Nous étions créateurs, co auteurs avec Dave Cohen et, en même temps, j'étais avec mon frère Jonathan l'un des acteurs principaux. Je faisais aussi les costumes et j'étais directeur artistique… beaucoup de casquettes ! J'ai perdu, je crois, quatre kilos, tellement c'était difficile. Il fallait continuer à avancer dans une direction, tout en prenant en compte le fait que je ne travaillais pas tout seul. Le producteur et le réalisateur avaient aussi des envies à exprimer et c'était difficile pour moi de lâcher du lest. De toutes mes expériences, elle a été, du coup, la plus enrichissante et en même temps, la plus difficile.

 

Crédit photo : Julien Carbuccia

 

La plupart de vos expériences ont eu lieu devant la caméra mais vous avez aussi, notamment, écrit, on vient d'en parler. Quels liens faites-vous entre ces différents métiers ? Vos expériences de comédiens vous aident-elles à l'écriture, et inversement ?

C'est vrai que le fait d'être acteur m'a aidé lors de l'écriture de « Templeton ». Je me rappelle très bien que, avec mes frères, on jouait les scènes que l'on écrivait. On voyait donc ce qui allait en bouche et ce qui était crédible comme réactions. Du coup, forcément, lorsque l'on a casté les comédiens, je les ai incités à se les approprier pour que le naturel soit plus présent.  Je pense que cette recherche du naturel est importante.

 

Cette expérience d'écriture vous a-t-elle donné l'envie de retenter l'aventure ?

Cette expérience m'a énormément appris sur le métier d'acteur, notamment que nous sommes quand même largement privilégiés dans la chaîne de l'industrie de la création d'une fiction. Parce que, finalement, les comédiens sont ceux qui arrivent en bout de chaîne et qui sont mis en avant. Ils sont essentiels dans cette partition. Mais voir tout le travail qu'il y a derrière m'a permis d'être beaucoup plus proche de l'équipe technique. J'ai compris que tous sont là à fond, peut-être depuis plus longtemps que les comédiens.

Je crois que, pour l'instant, je vais me concentrer plus sur mes prétentions d'acteur car c'est ce qui me fait vibrer en premier lieu. J'ai beaucoup de choses à accomplir avant de me remettre à l'écriture. Cette dernière nécessite aussi énormément de temps, pendant lequel on est moins disponible pour d'autres projets. Même si j'ai déjà des idées de scenarii de courts-métrages.

 

Début 2019, vous allez démarrer le tournage en région parisienne de la série « Le bazar de charité », un huit fois cinquante-deux minutes pour TF1. Comment présenteriez-vous à la fois ce projet et votre rôle ?

C'est une série historique, qui se passe à la fin du XIXè siècle, qui met en lumière un événement, un drame qui s'est produit en 1897. Lors d'un bazar de charité, une sorte de brocante géante dans un grand hall pour des œuvres caritatives où toute l'aristocratie parisienne se rendait, le lieu a pris feu. Parmi les 120 victimes, il y a eu une majorité de femmes.

La série va se baser sur cet événement historique avant de suivre la vie de trois femmes qui seront liées à ce drame. Je serai un journaliste qui enquête sur l'incendie. Il ira sur le terrain pour essayer de comprendre l'origine de celui-ci. Je suis très content car j'ai un beau rôle, avec de belles choses à défendre, entouré notamment d'Audrey Fleurot et Gilbert Melki.

 

Pour faire le lien avec une question précédente, on peut déjà constater, à deux mois de votre tournage, votre belle connaissance de ce fait historique. Cela veut-il dire que vous vous êtes déjà plongé dans les archives de l'époque ?

Déjà, je suis passionné par l'histoire en règle générale. Plus jeune, j'ai fait pendant quinze ans du théâtre de rue dans lequel je proposais des reconstitutions historiques du Moyen-âge. J'ai toujours été fasciné par l'histoire, je trouve que c'est hyper intéressant. Pour vous dire, c'était la seule matière dans laquelle j'étais bon à l'école.

Forcément, j'ai acheté plein de livres pour mieux connaître l'époque. Je regarde aussi plein de photos du Paris d'alors, j'essaie de voir quels étaient aussi les parcours journalistiques. J'ai appris que, au début du XIXè, c'étaient plutôt des hommes à prétentions politiques qui l'étaient avant que cela ne se démocratise à partir des années 80. Je me suis même acheté le journal de l'époque. Cette recherche est passionnante.

 

Au-delà de ce beau projet, quelles sont vos envies artistiques pour la suite de votre parcours ?

Chaque aventure serait très enrichissante. Mes prétentions seraient de faire plus de cinéma. D'autant que, aujourd'hui, le pont entre le septième art et la télé est moins long, on peut le franchir plus facilement. Les projets actuels en télé sont aussi plus qualitatifs, on peut donc aussi y exprimer plein de choses. Les chaînes se bougent pour proposer des choses très intéressantes. Cela me tente beaucoup également.

 

Merci François David pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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Tanya Mattouk nous parle de sa nouvelle actualité, La Visite imaginaire !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Tanya,

 

C’est toujours une réelle joie de vous retrouver pour un nouvel entretien.

 

Vous êtes tous les dimanches matins, sauf le premier du mois, au Musée Picasso pour « La Visite imaginaire », jusqu’au 16 décembre. Comment présenteriez-vous ce projet original et hybride ?

 

C’est un projet effectivement hybride dans lequel mon partenaire de scène, Richard Pinto, et moi-même sommes des narrateurs itinérants de l’exposition « Picasso. Chefs d’œuvre ! ». On déambule au fil des salles avec un groupe, on introduit les œuvres, on donne un éclairage informatif sur le contexte de l’époque, sur la réception de l’œuvre, etc. Et des saynètes, des poèmes et des parties en mouvement viennent entrecouper le tout.

 

Ce projet est atypique, ludique, instructif, il est ouvert à tous les âges et il bouscule les codes du musée. Les acteurs sont au service des œuvres de Picasso pour leur apporter une nouvelle dimension.

 

Le musée est ouvert et l’accès des salles n’est pas réservé qu’aux personnes qui vous suivent. Qu’est-ce que cela change pour vous dans l’interprétation, comparativement à un public plus traditionnel lorsque vous êtes sur scène ?

 

On est complètement aux antipodes de cela : on est tous debout, on marche de salle en salle, on est sur un  pied d’égalité car on est sur le même plan que le public. Il n’y a pas de scène donc on est vraiment tous sur un même niveau.

 

 

Une sorte de complicité se crée, on traverse ce voyage ensemble. Il n’y a plus le côté scène vs public, qui délimite et qui crée un rapport plus traditionnel. Là, on embarque ensemble dans un voyage, où nous sommes comme des « capitaines » qui prenons la parole.

 

N’étant pas en musée fermé, nous sommes dans les salles avec d'autres visiteurs du musée et nous devons jongler avec ce qui se passe autour de nous. Il y a parfois des interactions, même s’il n’est pas prévu qu’il y en ait. Mais nous ne sommes pas dans du stand-up où l’on fait participer le groupe, il est là pour embarquer et traverser cette visite à nos côtés.

 

En termes de préparation, avez-vous de votre côté approfondi un peu la démarche en faisant des recherches sur l’artiste, sur l’exposition, sur le musée ?

 

Bien sûr ! De façon générale, j’ai toujours été attirée par l’art, le dessin a été mon premier amour. Avant même de penser à être actrice, je voulais être dans le dessin et l'art. C’est donc un retour aux sources en quelque sorte.

 

Je suis absolument conquise, je combine deux de mes amours, le jeu d’acteur et le dessin, la peinture, je suis comme un poisson dans l’eau, totalement dans mon élément.

 

Pour être absolument honnête, Picasso n’est pas, à la base, mon artiste préféré. Il y a une sorte d’injonction qui fait que l’on doit aimer Picasso mais il est parfois assez opaque comme artiste. On voit les œuvres et, sans avoir les clés de compréhension, je trouve que l’on peut passer un peu à côté.

 

Il existe, dans notre narration, un fil conducteur qui est « Le Chef d’œuvre inconnu » d’Honoré de Balzac. J’ai fait des recherches, je l’ai lu bien sûr, j’ai approfondi les œuvres de Picasso aussi. Mais il y a énormément d’éléments-clés qui sont apportés par la visite elle-même. Cela m’a ouvert les yeux sur l’artiste. Maintenant, j’ai une sorte d’intimité avec le travail de Picasso qui fait que j’aime à présent ces œuvres-là.

 

Les correspondances à la façon baudelairienne apportent une vraie résonance entre l’œuvre de Picasso, ce que l’on raconte, les saynètes et les poèmes. Cela donne un nouvel éclairage et j’ai un vrai intérêt, une vraie affection maintenant pour ces œuvres.

 

J’ai de meilleures clés de compréhension à présent, je pense notamment à certains Arlequins inachevés. On explique pourquoi l’artiste a choisi de laisser l’œuvre ainsi, on le dit de façon assez ludique et, du coup, cela devient « fun ».

 

 

Vous êtes presque complets à chaque fois. Quels retours avez-vous reçus du public ? Qu’est-ce qui a plu aux gens dans cette forme originale ?

 

Il y a eu des réactions très variées mais toujours positives. Très honnêtement, nous sommes avec Richard, mon partenaire, très fiers de ce projet. Pauline Caupenne, la créatrice du projet et metteuse en scène, nous a fait un beau cadeau parce que c’est un beau projet utile, ludique, éducatif, court (une heure). Vraiment, c’est chouette. Les réactions ont été très bonnes, de façon générale les gens sont venus nous dire que, un peu comme moi, ils ont ouvert les yeux sur l’œuvre de Picasso.

 

C’est très agréable d’avoir ces retours-là de gens qui ont été émus par la forme narrative, théâtralisée. Parce que l’on raconte une histoire finalement, l’histoire de l’œuvre de l’artiste, de son évolution. On explique pourquoi il a traversé ces mouvements, ces courants, pourquoi et comment il est arrivé à exposer au Palais des Papes à Avignon par exemple.

 

Des gens ont été très émus par cela, par l’œuvre elle-même, par l’éclairage, par la forme apportée, on a même eu des spectateurs en larmes, des personnes amusées, des enfants ébahis... On a eu tous types de réactions et les gens en ressortent légers. Il y a quelque chose de solennel de façon générale, parfois élitiste même, lorsque l’on va au musée mais, ici, c’est un peu l’inverse. C’est en cela aussi que ce n’est pas du tout une visite guidée traditionnelle. Le côté ludique et, j’insiste, léger, en ressort.

 

A titre plus personnel, au-delà de cette aventure qui s’achèvera le 16 décembre, aimeriez-vous retenter l’expérience, avec cet artiste ci ou un autre ?

 

Carrément ! Quand on est acteur, c’est rare d’être aussi proche du public pendant le jeu. Là, il y a une vraie proximité avec les gens, on les regarde dans le blanc des yeux, on joue avec les formes, elles sont variées et nous sommes entourés de magnifiques œuvres dans un cadre idyllique. On est très bien accueillis aussi, au Musée Picasso. On dit des poèmes, en vers ou en prose, on passe par la danse, on traverse des formes artistiques ultra différentes, c’est donc un régal pour un acteur de vivre cela. C’est assez unique.

 

 

Cela a presque parfois une forme de happening et de performance. J’espère que l’on aura l’occasion de le refaire, dans ce musée et d'autres. La forme créée par Pauline peut correspondre, je pense, à plein de cadres différents.

 

En conclusion, sur quels points aimeriez-vous insister pour définitivement inciter les lecteurs à venir le dimanche matin ?

 

Ce n’est pas si tôt que cela, c’est à 11h 30, cela dure une heure et, après, dans le Marais, vous pouvez aller bruncher et vous détendre dans un super quartier !

 

On a déjà joué cinq fois, on est au milieu de l’aventure et je ne saurais dire à quel point le temps passe vite. C’est une expérience unique, pour les spectateurs et pour les acteurs. J’ai donc envie de partager ce moment unique avec un maximum de monde bien sûr. C’est beau de rassembler les arts comme cela, je trouve que c’est beau de bousculer les codes, d’offrir une forme culturelle innovante. C’est, indiscutablement quelque chose à vivre. J’aimerais donc y voir autant de monde que possible, pour le partager ensemble. 

 

Merci Tanya pour toutes vos réponses !

 

 

 

La Visite imaginaire "Chefs-d'oeuvre Picasso" 

Mise en scène: Pauline Caupenne

Interprétation: Tanya Mattouk et Richard Pinto

À 11h30 les dimanches 11, 18 et 25 novembre, et les 9 et 16 décembre 

Au Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, 75003 Paris.

Réservations obligatoires sur le site du Musée Picasso: 

http://www.museepicassoparis.fr/evenements_a_venir/ 

Plus d'infos sur la Visite Imaginaire sur: www.visiteimaginaire.com

Publié dans Théâtre

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Ziad Jallad évoque son parcours et ses envies artistiques !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Ziad,

 

Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre site.

 

Vous êtes un jeune artiste, vous avez démarré votre parcours il y a un an environ. Si l'on s'intéresse à sa genèse, d'où vous vient cette passion ?

 

Cette envie vient de mon enfance. Quand j'avais 6 ou 7 ans, j'aimais beaucoup le foot, je voulais même en faire mon métier. Un jour, alors que j'étais en train de regarder un match dans la chambre de mes parents et que l'équipe avait gagné, je me rappelle de l'interview du capitaine. Je me suis dit que j'avais envie d'être à sa place, sinon d'être acteur. Je me rappelle très bien de ce jour-là.

 

J'aimais aussi regarder les films et les séries avec ma mère, j'aimais chanter, danser, imiter, notamment des membres de ma famille. Je prenais beaucoup de plaisir à faire cela, c'était naturel. J'ai aussi fait pas mal de publicités, en Égypte, de mes 8 ans jusqu'à mes 17 printemps.

 

Les années ont passé, je suis venu à Paris pour mon travail, je faisais du marketing et du développement pour des distributeurs de produits chimiques. Je ne m'y sentais pas à l'aise, je n'étais pas moi-même. Je pense que, dans la vie, il faut rester fidèle à qui l'on est. Pour pouvoir s'exprimer. Pendant une année, j'ai alors pris des cours d'acting, j'ai beaucoup aimé et j'avais de bons retours. Je voyais bien que ce que je faisais avait du sens. Un lundi, j'ai pris la décision de ne pas aller au travail et de démissionner.

 

Depuis, j'ai commencé une formation, j'ai enchaîné les courts métrages, les publicités et me voilà cette année dans « Les Mystères de l'Amour », ce qui est déjà, pour moi, un pas en avant. J'espère à présent travailler sur d'autres projets pour continuer à évoluer dans ce milieu. Être acteur est une découverte pour moi, être acteur c'est aussi se rapprocher de soi-même, se connaître soi-même davantage. Surtout dans un âge bâti sur la superficialité et une “connexion” corrompue entre les hommes. On croit être connecté et proche de soi même tout en s’inventant une vie imaginaire qui, au final, nous éloigne l’un de l’autre plus qu’elle nous rapproche. Un acteur a besoin de rester vrai et authentique, l'acting me permet de porter de l’attention sur moi-même, de faire de l’introspection et de comprendre la psychologie de mes personnages, leurs objectifs et leurs motivations.

 

Justement, dans cette année écoulée, la perception que vous aviez de ce métier correspond-elle à ce que vous vivez au quotidien ?

 

Avant de le faire, je n'avais pas une image claire car j'étais en dehors de ce milieu. Ce que l'on voit en télé ou dans les magazines n'est pas la réalité des choses. Aujourd'hui, j'ai bossé plus avec des étudiants, ce n'est pas vraiment le milieu.

 

Maintenant que je commence à travailler sur TMC, que je rencontre des gens, que j'ai des contacts, je découvre. Je ne m'attendais pas à quelque chose de précis, je découvre, modestement.

 

Vous évoquiez votre expérience actuelle sur TMC, série sur laquelle le rythme de tournage est plutôt soutenu. A ce titre, avez-vous une méthodologie particulière de préparation ?

 

Pour moi, c'est ma première vraie expérience professionnelle sérieuse. Je dois être toujours au top. J'ai généralement une méthode que j'essaie d'appliquer dans tous mes projets. Je décortique la scène, la situation, je me demande quels sont les objectifs, les motivations, les obstacles de mon personnage. Je m'interroge aussi sur ce qu'il veut réellement et sur la façon dont il va atteindre sa cible. Généralement, le texte est la dernière chose que je travaille. Car, au final, le texte et les paroles ne sont pas ce qui compte le plus, c'est surtout la page blanche qui importe, comment on colorie et on dessine le rôle. Ce n'est qu'à la fin que le texte devient utile.

 

Dans le cas des « Mystères de l'Amour », je répète tout seul, ce qui n'est pas toujours évident. Parfois, faute de temps, je suis obligé d'apprendre directement mon texte. Au bout de deux ou trois épisodes, c'est devenu plus facile car je vis mieux le personnage à présent. Je n'applique pas complètement du coup ma méthode, je m'adapte.

 

A chaque fois que je suis en plateau, je stresse, c'est important car, en fait, il faut stresser. Sinon changeons de métier. Tout l'enjeu est de le contrôler, de ne pas le laisser prendre le dessus. Chaque jour est ainsi une expérience et j'essaie à chaque fois d'en apprendre quelque chose. J'avance toujours un peu plus.

 

Pour la suite, avez-vous des envies artistiques particulières ?

 

J'aime beaucoup la comédie et j'ai découvert en faisant de l'acting que j'avais peut-être un talent de comique. Dans la vie, j'aime rigoler, j'aime voir les gens sourire. Du coup, pour moi, arriver à faire rire et à procurer du plaisir chez le spectateur est un but ultime. Que ce soient une seule personne, des amis ou mille spectateurs.

 

J'aimerais faire de la comédie, à l'image ou en théâtre. Je n'en ai pas encore fait mais je pense que je pourrais l'explorer.

 

Pleins de sujets et de rôles m'intéresseraient. Un médecin, un psychologue, un sans abris, un joker, un James Bond... je suis partant tant que je prends du plaisir dans ce que je fais. Après tout, on essaye de comprendre l’humain, sans le juger bien évidemment pour pouvoir être le plus honnête dans ce qu’on fait, pour croire au mensonge qu’on dit.. c’est cela qui éventuellement rend le personnage et le jeu crédibles... Facile à dire bien évidemment mais un peu moins à réaliser. Haha 

 

En conclusion, très simplement, que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre parcours artistique ?

 

D'être heureux, de poursuivre mon ambition et mon chemin, malgré les moments durs et douteux. De continuer à apprendre, de rester fort, déterminé et surtout de ne jamais avoir la grosse tête, pour rester humble, modeste et ne pas perdre mon authenticité. De rester moi-même.

 

Ce fut un plaisir, Ziad, d'échanger avec vous !

Publié dans Télévision

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Leah Marciano nous présente sa dernière pièce, En apesanteur !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Leah,

 

Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre site.

 

La pièce « En apesanteur » se joue actuellement tous les dimanches, à 17h 45, au théâtre du Marais. Vous l'avez co-écrite, vous en faites la mise en scène, vous la co-produisez. Pour commencer, comment présenter cette pièce, comment la décrire ?

 

C'est un huit-clos un peu déjanté. Ça commence bêtement par des gens coincés dans un ascenseur, une situation très classique. Petit à petit, au fur et à mesure que la pièce avance, cela prend une ampleur déjantée parce qu'ils vont commencer à manquer d'oxygène, entre ces quatre murs en fer. Cela part en vrille et les spectateurs sont entraînés dans un voyage fantastique avec ces personnages.

 

Sans tout en dévoiler, quels thèmes sont abordés dans ce spectacle ?

 

Le couple, l'amour. Ce sont un homme et une femme qui sont coincés, ils sont tous les deux plutôt séduisants. Dès le début, on sent que quelque chose se passe entre eux, poliment et gentiment. Ils sont forcément opposés, sinon ce n'est pas drôle. Elle est une sorte de Bridget Jones, elle est hyper pétillante, il ne lui arrive que des galères mais elle garde le sourire, elle est très chaleureuse. Tandis que lui est très froid, macho, célibataire.

 

 

Cela va faire des étincelles entre eux, ce qui nous permet d'aborder le couple de A à Z. Il faut venir voir la pièce pour comprendre mais toutes les facettes sont évoquées.

 

Selon vous et selon les retours des spectateurs, qu'est-ce qui leur a plu ?

 

La pièce est une comédie mais il y a une double lecture. En fait, au fur et à mesure, on se rend compte que l'on n'est pas que enfermé dans un ascenseur mais que l'on est peut être enfermé dans la vie de ces gens là tout au long justement de leur existence. D'où le titre qui fait évidemment référence à la chanson de Calogero, « les secondes durent des heures ».

 

Je sais que les gens sont très sensibles à cela, ils ne sont pas habitués à voir ça en comédie. Car c'est quand même léger, on se marre, on vient pour se détendre avant tout mais il y a des petites pensées sur la vie, sur le couple, sur le travail, sur l'amitié.

 

L'investissement des comédiens, l'énergie qu'ils donnent plaisent. Dans un huit clos, tout est décuplé, les gens sortent vraiment ravis de cette performance d'acteur. Les artistes donnent tout, la pièce explose même à la fin.

 

 

Nous le disions, vous avez co-écrit cette pièce. Quelles étaient alors vos sources d'inspiration ? Pourquoi avoir voulu aborder ces thèmes-là précisément ?

 

En fait, nous sommes partis d'une situation, plus qu'autre chose, on est partis justement de cette double lecture. On avait envie de parler d'un couple sur toute la durée de la relation.  Nous n'avions alors ni le contexte ni même le troisième personnage qui intervient un peu plus tard.

 

Je travaille toujours avec Thibaut Marchand qui est le co-auteur. Un jour, nous étions coincés dans un ascenseur et nous avons eu le déclic. Cela a débloqué le contexte de la pièce. Bloqué dans ce lieu, on parle de la vie du couple sur une nuit mais, avec tous ces double-sens, on arrive à parler de la vie en générale.

 

Au-delà de l'écriture, vous vous occupez aussi de la mise en scène. Dans un ascenseur, on pourrait imaginer qu'elle est un peu réduite. Justement, comment avez-vous abordé cela ?

 

Je fais la mise en scène au sens large, je m'occupe aussi de la scénographie, des accessoires et de la création lumières. Grâce à tout cela, j'arrive quand même à créer quelque chose, même quand les personnages sont enfermés dans cette boite en fer. C'est très intéressant comme exercice de devoir tout faire passer dans un espace réduit.

 

 

Le décor bouge, cela me permet de faire des choses. Les comédiens sont très importants, nous avons beaucoup travaillé en amont, la direction est très précise. Mais je crois que nous y sommes pas mal arrivés.

 

Bien évidemment, on voyage. L'ascenseur va petit à petit s'ouvrir vers un univers fantastique et incroyable, complètement déjanté. On rentre alors dans une deuxième partie de la pièce. On s'est complètement éclatés à la mise en scène. On sort carrément du lieu.

 

La distribution est alternante. Voyez-vous du coup de vraies différences selon les comédiens présents sur scène ?

 

Il y a une différence quand deux comédiens alternent sur le même rôle mais, en plus, il y a aussi une différence lorsque les couples s'échangent. Floriane Chappe et Arnaud Laurent sont le premier duo à avoir jouer la pièce, Aurélie Camus et Hadrian Levêque nous ont rejoints par la suite. Chacun a sa particularité, chaque couple a sa singularité, surtout au niveau des garçons. Ils respectent bien sûr les caractéristiques des personnages mais ils apportent une énergie tellement différente que l'on travaille autrement. Les filles sont un peu plus proches.

 

Il arrive que les couples soient modifiés, ce qui amène une pièce encore différente. Donc c'est toujours dans l'esprit de l'écriture et dans ce que je veux mais nous sommes obligés d'adapter certaines détails.

 

 

La pièce est actuellement à l'affiche chaque dimanche. Aimeriez-vous augmenter la fréquence de jeu ?

 

Nous adorerions tous jouer plusieurs fois par semaine mais l'économie du théâtre à Paris fait que, pour le moment, c'est malheureusement impossible.

 

En conclusion, sur quels points aimeriez-vous insister pour définitivement inciter les lecteurs à venir voir le spectacle ?

 

Je pense que la pièce est originale et que tout le monde a envie de se marrer. Beaucoup de gens se dirigent vers les comédies au théâtre mais elles commencent toutes à beaucoup se ressembler. Là, je crois que l'on a un sujet original, un lieu très intriguant, on emmène le public quelque part. En plus de faire rire, on touche les spectateurs. Il se passe beaucoup de choses, les gens sortent toujours avec le sourire.

 

En plus, ce n'est pas le cas partout, j'ai vraiment des comédiens incroyables, qui donnent de leur temps. Ça se ressent sur scène qu'ils aiment la pièce.

 

 

On a aussi la chance d'avoir, disons, un quatrième personnage, qui n'est que vocal, le réparateur de l'ascenseur. Joué par Patrick Poivey, la voix française de Bruce Willis. C'est une voix très reconnaissable, très sympathique et très chaleureuse que les Français adorent en général. Je sais que ça fait son petit effet dans la salle quand elle retentit pour la première fois. On est très fiers de pouvoir travailler avec lui sur cette pièce. C'est hyper chouette et c'est le petit plus, je pense, du spectacle.

 

Ce fut un plaisir, Leah, d'échanger avec vous !

Publié dans Théâtre

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