Laurence Roustandjee évoque son actualité artistique et ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Laurence,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

En début d’année, vous avez participé au festival Nikon 2024, où vous avez proposé « Enfumée », court-métrage que vous avez écrit, réalisé et interprété, ce qui était une première pour vous. Quels souvenirs gardez-vous de cette belle expérience artistique ?

Ce qui me vient spontanément, c’est l’enthousiasme des personnes, quand je leur ai proposé de m’accompagner sur ce projet et qui m’ont dit oui sans hésiter. Je m’en étonne encore aujourd’hui mais je trouve que c’est un vrai cadeau. C’était autoproduit, sans réel budget, les personnes savaient qu’elles n’allaient pas être payées mais m’ont suivie, m’ont accordé du temps et leur talent sur mon premier projet de scénariste et de réalisatrice. Oui, c’est beaucoup de joie, j’étais un peu sous le choc, dans le sens positif du terme ! Grâce à ces personnes, l’aventure a pu exister et cela m’a permis de me sentir forte.

Si je remonte un peu avant, c’est la décision, c’est de prendre le risque, d’oser, c’est se dire que c’est l’occasion pour le faire. Moi qui étais encore dans le doute, j’avais des envies d’écrire, j’avais des idées, je savais ce que je voulais dire mais je ne suis pas scénariste, je n’ai pas fait de formation : je me demandais, du coup, comment aborder le sujet du feu. Au fil des échanges, une histoire arrivée à une amie a pris toute la place et est devenue comme une évidence : c’est mon mari qui m’a fait prendre conscience que j’avais mon scénario et que je n’avais plus qu’à le poser. J’ai donc ce souvenir d’avoir été tellement dedans que je ne me suis pas rendue compte que j’avais tous les éléments pour le faire : il a fallu un avis extérieur pour me pousser et me donner la petite tape dans le dos nécessaire !

J’ai couché une première version du scénario et, au final, on a tourné la quatrième version, il n’y en a donc pas eues tant que cela. J’étais attentive aussi à bien respecter le temps, je me demandais régulièrement si on allait comprendre mon histoire dans une durée limitée. Il a fallu que je trouve comment dire autrement et plus rapidement tout ce que j’avais envie de dire : cela a été un vrai exercice que de porter un message en peu de temps !

Pendant le tournage, ça va trop vite ! Le plaisir a été de courte durée, j’ai trop envie de recommencerJ. La famille que l’on crée sur un plateau est similaire à celle d’une troupe au théâtre et on a envie qu’elle dure ! Là, c’était beaucoup trop court…

Aussi l’étape de finalisation avec le monteur, où je me suis rendue compte que je connaissais le film et mes plans par cœur. A la seconde près, je savais où gagner du temps…Voir le résultat final était un grand moment aussi. Pour un premier, il a, oui, ses défauts mais il a aussi ses qualités ! Il y a plein de choses perfectibles mais je suis très fière de ce court-métrage !

 

 

Le fait d’avoir eu plusieurs casquettes sur ce projet a-t-il, pour autant, été facile à gérer ?

J’ai de la chance, aussi parce que j’ai limité pas mal de contraintes, de ne pas avoir eu d’aléas ou d’imprévus qu’il aurait fallu gérer. Mais, oui, ça se relie dans le sens où, en tant que comédienne, ce serait une erreur de penser que l’on est là juste pour la réponse à un réalisateur et à son histoire. Cela fait partir du jeu mais savoir lire un scénario entre les lignes donne plein d’indications sur comment la scène va être filmée et sur son enjeu. Je pense que cette petite expérience en tant que scénariste et réalisatrice m’a ouvert plus de compréhension pour la comédienne que je suis. C’est hyper important, ça a nourri la comédienne. Même si je dis que je suis frustrée en tant que comédienne parce que j’ai principalement eu à m’occuper de la real, du cadre, des plans, de la lumière, du découpage,…, au final ce travail a payé parce que toute cette préparation m’a permis de comprendre beaucoup de choses ! Souvent, le comédien est concentré avant tout sur sa partie mais un film, c’est tout plein d’étapes, c’est tout un processus avant que ça n’existe : quand on en fait partie dès le début, on mesure l’ampleur, on comprend que le comédien est tout petit dans le projet et que tout est important…En ayant travaillé à la télé, je me doutais déjà de l’importance des techniciens, sans qui la mise en image et en lumière n’est pas possible. Sur un tournage de fiction, c’est tout autant vrai.

En résumé, je trouve que cela a permis de recadrer la comédienne dans un ensemble et, en m’essayant à tout cela, de prendre aussi confiance. Maintenant, quand j’ai la chance de lire un scénario ou une scène, je vois les enjeux plus facilement. J’ai ainsi pris conscience qu’il faut aussi savoir faire confiance au comédien qui est là et qui sait, dès fois plus que le réalisateur, où le personnage doit aller.

Quels principaux retours avez-vous pu avoir sur votre court-métrage ?

En majorité, il y a beaucoup de positif…Pour un premier film, on m’a dit que c’est fort. Beaucoup ont aimé l’histoire et comment je l’ai traitée, avec ce photomaton un peu sorti de nulle part. Deux à trois références de cinéma ont même été évoquées, qui m’ont fait plaisir.

Il faut savoir que l’image était recomposée : j’ai pris un photomaton en photo, que l’on a découpée et qu’on a posée en filmant des dunes. Je voulais que ce lieu n’existe que dans le court-métrage ! Je voulais aussi quelque chose de très vrai donc, quand on me remonte que ce court-métrage touche, je me dis que j’ai su retranscrire l’histoire de mon amie au plus près possible. Quand, en plus, on me dit que je joue bien, je me dis « mission accomplie » : ça fait plaisir, c’est rassurant et ça donne l’envie de continuer !

Justement, cette première expérience vous donne-t-elle l’envie de la renouveler ?

Oui, oui, définitivement oui ! Après, c’est compliqué, il faut entrainer toute une équipe, j’estime que c’est quand même un travail donc j’aimerais beaucoup qu’une production suive le projet. On va ainsi tout faire pour réunir les ingrédients qui permettront à un projet d’exister et d’être produit, pour que je puisse ramener tout le monde avec moi. J’aimerais notamment développer une série à partir de ce court-métrage, cela me plairait énormément !

Un autre format court me tiendrait à cœur, à la Réunion, j’y suis récemment retournée pour voir avec la région quelles seraient les subventions et aides locales possibles. Des histoires de mon ile me touchent et j’adorerais les rendre générales, pour toucher un maximum de monde.

En tout cas, cela m’a donné envie ! C’est une passion pour le moment, j’espère que ça sera mon métier un jour…

 

 

En complément, quels sont vos autres projets et actualités artistiques à venir prochainement ?

Je serai au casting du film promotion de la fête du cinéma : je pense qu’à partir de mi ou de fin mai, sur les écrans d’environ 6000 à 7000 salles en France, sera diffusée cette bande annonce. J’ai eu la chance de tourner avec Audrey Lamy et Damien Bonnard, qui sont, tout le monde le sait, d’excellents comédiens et des personnes très généreuses. Eux ont fait des journées de tournage dingues et, jusqu’au soir, ils vous donnent la réplique quand c’est à vous d’entrer en scène. C’est très très important d’avoir cet échange et d’avoir quelqu’un sur qui s’appuyer pour jouer : on ne peut être que meilleur. Ils donnent beaucoup, c’est chouette !

C’est un beau projet, je suis contente. Les gens vont bientôt pouvoir le découvrir et je pense qu’ils vont aimer son côté surprenant. Ce ne sera pas une bande annonce comme les autres…

Plus personnellement, j’ai l’envie de faire un seule-en-scène. Je me suis déjà testée sur les planches grâce à une troupe de théâtre amateur, j’ai adoré cela et ça me manque. Je trouve que le spectacle vivant est tellement immédiat et différent chaque jour : il nourrit beaucoup ! Il connecte au présent et à l’instant que l’on vit donc j’aimerais énormément revenir sur les planches. J’ai trouvé un sujet qui m’intéresse beaucoup, il est mystérieux et je vais voir comment le développer…S’il pouvait être présenté d’ici deux ans, ce serait génial ! Entre temps, j’adorerais faire notamment d’autres courts-métrages, dont celui à La Réunion que j’évoquais et, pourquoi pas, des petits frères et petites sœurs à « Enfumée ».

On le sait, votre parcours artistique est riche et varié, vous avez fait beaucoup de télévision et de radio. Même si, de l’extérieur, ces métiers peuvent paraitre différents, y trouvez-vous des liens et des complémentarités à vos nouvelles activités que l’on vient d’évoquer ?

Oui, bien sûr ! Ce que j’ai fait avant m’a permis d’apprendre un métier, celui de présentatrice / journaliste télé / animatrice radio. Au-delà de ces métiers propres, il y a des ponts qui se construisent…En radio, j’ai posé ma voix et cela permet aussi de se faire entendre, de faire passer des messages. Donc la comédienne a été très contente de cela ! L’animatrice télé a apprivoisé la caméra : dans animatrice, il y a « animer » et animer, c’est rendre vivant. Cette notion est hyper importante, pour capter l’attention, pour faire plaisir aux gens afin qu’ils passent un bon moment : le but est de divertir, en étant agréable. Donc l’animatrice m’a permis de comprendre qui j’étais, de savoir quels étaient mes points forts et mes faiblesses, afin de les travailler et d’être la plus disponible possible ensuite pour des réalisateurs.

Ces casquettes vous permettent une palette technique et artistique large ainsi que diversifiée, ce qui doit être, personnellement, plaisant et enrichissant…

Merci, d’ailleurs, de préciser toutes « ces casquettes »…Je pense que ça vient aussi de la personnalité : je suis très curieuse, j’ai tendance à me lasser, j’ai besoin d’aller gratter ailleurs quand j’ai atteint un palier, j’ai besoin d’apprendre et de me tester. Cela va avec l’exigence que je me demande, cela va avec un rapport au travail : on n’a rien sans rien ! Le boulot est le plus gros des ingrédients pour réussir, il est essentiel ! En plus, le travail est tellement enrichissant…je compare cela avec un sportif de haut-niveau : on peut avoir des rêves mais il y a un entrainement, une discipline, des sacrifices, un mental d’acier à travailler pour atteindre le moindre objectif que l’on s’est fixé. Etre comédien, c’est se préparer tout le temps, c’est se former, c’est se tester, c’est muscler son jeu,…Il faut bosser sans arrêt, pour ne pas louper sa chance le jour où elle peut se présenter.

Merci, Laurence, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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