Mélissa Silveira Sanchez évoque ses actualités et projets artistiques !
Bonjour Mélissa,
Quel plaisir d’effectuer cette interview en votre compagnie !
1/ Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, comme en témoignent vos expériences notamment sur scène mais aussi en télévision. Qu’est-ce qui vous plait tant dans l’exercice artistique ? D’où vous vient cette passion ?
Je crois que je ne pourrai pas faire autre chose. Je ne sais faire que cela. A la base, j’ai commencé le théâtre car, à la maternelle, je ne parlais pas. A l’école, ils pensaient que j’étais muette. Du coup, ma maman m’a inscrite à des cours de théâtre, j’ai eu peur, je me suis enfuie. J’avais trop peur de parler. Même à la boulangerie, c’est dire à quel point j’étais une timide maladive.
En fin de primaire, une professeur a monté une pièce de théâtre, un Molière, « Le bourgeois gentilhomme ». Ce fut une révélation, je me suis dit que je voulais en faire toute ma vie. Je ne me suis pas arrêtée et je ne peux pas m’arrêter.
2/ Retrouvez-vous des complémentarités ou des singularités entre les différents domaines évoqués ?
Une chose est sûre, jouer au théâtre ou jouer face à une caméra n’est pas le même exercice. Sur les planches, il y a, pour moi, beaucoup plus d’investissement en amont. Dans le sens où l’on ne compte pas les heures de répétition, pendant plusieurs mois. En étant devant un public, le quatrième mur n’existe pas.
Au cinéma, la caméra voit tout, même le moindre mouvement de sourcil. C’est peut-être un travail plus psychologique. Plusieurs méthodes existent d’ailleurs pour le jeu. Mais il faut tout additionner pour, à la fin, prendre ce dont nous avons besoin pour jouer.
Récemment, j’ai joué un homme, sur scène, dans une pièce de Victor Hugo. Ce fut un exercice bien différent d’un texte plus contemporain. J’ajouterais que le cinéma permet d’être plus proche de soi-même.
3/ Face au rythme soutenu d’un plateau de tournage, quelle est votre méthodologie de travail en amont ?
Il faut avoir travaillé son texte et son personnage, c’est très important. Il en va de même lors d’un casting, je travaille le rôle comme si je l’avais. Il y a quelques fois des répétitions, comme au cinéma, qui permettent de se préparer et de mieux se concentrer. Le plaisir est aussi un facteur important. Faisons les cons sérieusement !
Le scénario inspire quelque chose qui est propre au comédien, chacun a sa propre interprétation. L’artiste apporte donc une partie de son intimité. C’est très plaisant.
J’aime aussi me faire guider pour être sur la bonne route. L’acteur n’est qu’un élément, une petite partie du puzzle, d’un film mené de bout en bout par un réalisateur qui, lui, projette l’ensemble.
4/ Juste avant de rentrer sur scène, quelles sensations prédominent en vous ?
Mais qu’est-ce que je fais là ? Cependant, une fois que je suis montée sur scène, je vis le moment présent et, même si le public ne parle pas, je l’entends, je le vois, je le sens, c’est un réel plaisir !
Le trac est toujours là, même au bout de nombreuses représentations car chaque soir est différent.
5/ Plus généralement, quels sont vos projets et envies artistiques actuels ?
J’aimerais de plus en plus me tourner vers le cinéma, vers les courts et les longs métrages. Je viens d’ailleurs de co-écrire avec la talentueuse comédienne et metteur en scène, Eliza Calmat, un court-métrage, « Diego ».
C’est l’histoire d’un jeune mec handicapé qui vit avec sa soeur ultra protectrice. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts. Une jeune femme borderline fait irruption dans leur vie, Ella. Diego tombe sous le charme de cette inconnue et avec l’accord de sa soeur décide de l’héberger. Une histoire d’amour naît entre Diego et Ella. Cette rencontre va pousser Diego à se dépasser. A eux trois, ils vont oser vivre et peut être, retrouver une forme d’espoir.
En fait, mon frère et ma sœur sont atteints d’une maladie génétique rare, le CDG syndrome, c’est une atrophie du cervelet. Ma soeur c’est la romantique. A 36 ans, elle rêve d’avoir un amoureux et collectionne les poupées. Diego, lui c’est le jeune philosophe, il a conscience de son handicap, et ça le révolte. Il nous demande d’ailleurs souvent, quand il va guérir. Cela est impossible, c’est injuste mais il faut vivre avec. Le handicap est un sujet dont j’ai envie de parler car, en France, si on n’y est pas confronté, on en est assez détaché. On a soit peur d’approcher, soit pitié. On ne voit que le handicap et pas la personne. Etre handicapé c’est pas une identité.
Merci Mélissa de nous avoir accordé un peu de votre temps !