Alexiane Torres évoque son spectacle, actuellement à l'affiche !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Alexiane,

Quelle joie d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène, chaque vendredi soir, au théâtre La Flèche, pour « Pièce à conviction ». Avant de s’intéresser au spectacle en lui-même, on imagine, à titre personnel, sans doute le plaisir et la joie que cela doit être pour vous ?

Tout à fait ! Oui, oui, il y a eu cette période Covid qui a fait que, forcément, on est très heureux de retrouver le public. Surtout, le seule en scène amène cette proximité que je recherchais lors de la création de ce spectacle, c’est-à-dire vraiment un lien direct avec le public. Puisqu’il y a un petit côté one woman-show dans le spectacle, qui fait que je suis en interaction directe et c’est un plaisir qui, oui, est plus nuancé dans un spectacle où il y a un quatrième mur. Cette proximité, dans mon seule en scène, est précieuse, c’est sûr.

Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

« Pièce à conviction » est une enquête humoristique de police. Ce sont les pièces à conviction elles-mêmes qui viennent apporter les éléments de l’enquête. Donc il y a un couteau qui parle canadien, un pistolet qui parle allemand. Ils viennent en fait apporter des éléments à cette enquête, suite à l’assassinat de Joy, une chanteuse. Tous les personnages gravitent forcément autour de cette résolution d’enquête, j’aimais bien l’idée d’un polar, je trouve qu’au niveau de la tension, un polar reste une source sûre, pour un public, lui permettant d’être accroché à une histoire, à une dramaturgie. C’était un prétexte pour jouer plein de personnages mais avec ce film conducteur, aussi pour inclure de façon ludique les spectateurs dans la résolution de cette enquête, pour qu’ils se fassent leur chemin mental pendant le spectacle. Je trouvais cela très actif pour le public.

 

@ Marie Charbonnier

 

Cela doit sans doute être un vrai challenge artistique de switcher aussi souvent de personnages ?

Oui mais c’est vraiment un bonheur. Lors de la création, j’avais pensé mettre un paravent pour y faire mes changements derrière. Mon metteur en scène m’avait finalement suggéré de les faire à vue. C’est vrai que c’est mieux ainsi, c’est formidable au niveau du jeu, cela donne une liberté géniale. Il faut être un peu précis mais c’est vraiment très chouette. En tant que comédienne, se dire que, pendant une heure, on va passer d’un personnage à un autre, ça reste très jouissif.

Sans doute aussi que ces changements vous aident à vous projeter dans la peau du personnage suivant ?

C’est, en fait, un jeu très corporel que je fais puisque mon costume est un très simple, avec un jean et un haut. J’avais demandé une costumière et, finalement, les costumes étaient un peu parasites. Comme le dit Al Pacino, « l’humour, c’est le corps ». Je suis assez d’accord avec lui, je fais beaucoup passer les choses dans le corps. Donc Gabrielle, la petite stagiaire, a les épaules très recroquevillées, c’est quelqu’un qui est peu sûre d’elle donc elle a les mains un peu nerveuses. Ensuite, on a le médecin légiste, c’est un vieux monsieur donc il se tient très courbé. L’enquêtrice a la main sur la hanche, elle est très ouverte. En fait, les changements passent beaucoup par ce jeu corporel-là, je transforme ma voix et ma veste devient en fait un accessoire. J’ajoute parfois autre chose, par exemple le rappeur a une casquette, la chanteuse porte des lunettes. Les accents sont aussi des prétextes pour des personnages un peu affirmés mais rigolos. C’est une manière de cantonner des rôles différents et pour que chaque personnage ait une personnalité bien propre. Il n’y a pas mieux qu’un accent pour donner le ton d’un personnage.

Si on revient à l’origine de ce projet, qu’est-ce qui vous avait donné l’envie de développer ce seule-en-scène ?

J’avais envie de défendre un spectacle humoristique. J’ai fait pas mal de classiques en sortant du conservatoire, j’adore, c’est formidable mais j’avais aussi envie de revenir à l’humour pur et dur. Parce que le jeu que cela apporte est très libre, sans oublier la joie des spectateurs et la promiscuité avec eux, forcément. Un seule-en-scène est le meilleur moyen d’avoir un vrai lien avec le public, directement. Et puis j’aime beaucoup raconter une histoire. Surtout, de pouvoir jouer des rôles que l’on ne m’aurait pas donnés, que je me suis donnés à moi-même, en me demandant ce que je rêverais de jouer et qui me ferait rire. De là est née la chanteuse de pop par exemple. J’ai réalisé des petits rêves de comédienne via certains personnages, je me les suis octroyés et les ai partagés avec le public.

 

@ Marie Charbonnier

 

Plus globalement, quels sont les principaux retours que vous pouvez avoir du public ?

A l’issue de la première, un journaliste avait écrit un article en disant quelque chose de très juste, à savoir que c’est un univers un peu à la « Tex Avery » ou à la « Agatha Christie ». Ce n’est pas faux, comme il y a beaucoup de bruitage et, en même temps, une enquête de police, il y a un mélange de plein de personnages très caractérisés. Souvent, les gens aiment beaucoup la galerie de personnages, la pluralité que l’on a créée, ils passent un bon moment, rigolent bien. Ils me disent être impressionnés aussi mais bon, c’est du travail avant tout. Il y a également un sketch où des organes parlent entre eux, ça marche bien. Je demande au médecin légiste s’il peut me parler de l’autopsie du corps et il me dit « oui, j’ai reconstitué la valse des organes entre 21h 15 et 21h 35, le cerveau nous parlait ainsi »…Tout d’un coup, je fais le cerveau qui parle au poumon, le couteau qui se plante dans celui-ci, …En fait, cet échange entre les organes, souvent, ressort et fait beaucoup rire les gens.

Même si, sans doute, vous les appréciez tous, aimez-vous peut-être certains personnages encore plus que les autres ?

Finalement, le personnage de Gabrielle, la stagiaire. C’est une stagiaire très timide, je voulais en faire une espèce d’anti-héroïne. Parfois, les enquêtes sont résolues par ceux que l’on n’imagine pas, j’aime bien cette anti-héroïne, c’est celle que l’on considère moins et, finalement, c’est celle qui a l’intelligence la plus accrue mais que l’on ne soupçonne pas. J’aime bien ce genre de personnages où les autres ne voient pas le potentiel qu’ils peuvent avoir parce que ce ne sont pas des gens très sociables au début et qui, tout d’un coup, se révèlent. Comme je joue des personnages très exubérants, tout d’un coup il y a cette fille qui arrive. Dans les prochaines versions, je pense que je vais vraiment retravailler pour que ce soit elle le fil rouge. J’aime ce personnage un peu timide, moins sûr de lui, qui a cette intelligence un peu cachée. Je l’aime bien, je l’aime de plus en plus parce qu’il met tous les autres en relief. Lui, par sa timidité, par le fait qu’il soit un peu plus réservé, met les autres en exergue.

 

@ Marie Charbonnier

 

En parallèle, quels sont vos autres projets du moment ?

J’ai des dates de tournée avec « Andromaque » et pour « Phèdre ». Ainsi qu’un projet avec la compagnie Arts et Cendre, ce seront trois spectacles qui formeront un ensemble de sept heures de représentation, une comédie qui se situe dans Paris à l’orée des grandes guerres du XXème siècle. Et plein d’autres petites choses à côté, notamment un monologue d’une tenniswoman que l’on va jouer à Metz, dans un lycée, mi-novembre.

Merci, Alexiane, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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