Entretien croisé avec Vanessa Fery et Marie-Cécile Sautreau, à l'affiche de leur nouvelle pièce, Et elles vécurent heureuses

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Vanessa, bonjour Marie-Cécile,

 

Quel plaisir de vous retrouver pour ce nouvel entretien.

 

Vous êtes à l'affiche, au théâtre de Dix Heures, de la pièce à succès «  Et elles vécurent heureuses  ». Très simplement, comment présenteriez-vous ce spectacle dont Vanessa, vous êtes aussi la co-auteure  ?

 

Vanessa  : Le pitch est très simple, je vais même vous le résumer en trois phrases. Angélique va dire oui ou non. Jeanne est enceinte ou pas. Delphine divorce mais garde le chien.

 

C'est l'histoire de trois femmes qui vont se rencontrer à un moment important de leur vie, dans la salle d'attente d'un cabinet médical. Angélique doit se marier dans heure et quart mais elle a des doutes sur la fidélité de son mari. Elle lui a du coup piqué son téléphone mais n'a pas le code PIN, elle ne dispose que de trois essais donc n'a que trois chances.

 

Jeanne pense qu'elle est enceinte, elle est très pragmatique tout en étant aussi un peu dans le dénie. Elle a acheté 101 tests de grossesse et des packs de bière, pour être sûre avant d'aller voir le médecin. Quant à Delphine, elle revient de 15 jours à Bali où elle est partie se ressourcer mais pas comme on peut le faire traditionnellement là-bas... elle n'est pas vraiment aller faire une retraite bouddhiste. Elle a, au moment de la pièce, rendez vous chez son psy.

 

Marie-Cécile  : Une autre chose importante, Jeanne est une femme moderne, très libérée. Elle est enceinte ou pas, mais elle ne sait pas qui est l'heureux papa.

 

Vanessa  : Il y a donc de grosses problématiques. C'est un gros bric à brac. Elles vont se lier d'amitié et, pendant une heure et quart, vont essayer de chercher des solutions. D'autant plus que les médecins sont partis en pause déjeuner. Ils en sont même, à un moment donné, au café gourmand.

 

Marie-Cécile  : On espère que le patron ne va pas leur payer un digestif :)

 

Vanessa  : C'est une pièce avec beaucoup de rebondissements. On ne peut pas tout vous raconter pour ne pas vous dévoiler la fin.

 

Marie-Cécile  : Il y a de vrais enjeux avec un beau bouquet final.

 

Vanessa  : Le troisième acte part bien en «  live  » et, quand les révélations se font, le public est souvent stupéfait. C'est assez jouissif pour nous.

 

Marie-Cécile  : C'est génial d'entendre les gens crier «  Waouh  », on se dit alors qu'on les a surpris, ce qui est très cool.

 

Vanessa  : A travers ces trois personnages, toute femme peut se reconnaître en l'une au moins d'entre elles. Le plus beau compliment que l'on nous ait fait est «  on a envie que vous soyez nos copines  ». Il y a vraiment une identification pour les femmes. Les hommes ne sont pas du tout exclus, mon personnage a un humour très masculin. C'est moi qui envoie des punch lines. Je suis la fille en colère qui divorce, j'en veux à mon compagnon mais je ne généralise pas à tous les hommes.

 

Marie-Cécile  : Ce n'est pas une pièce justement qui tape sur les hommes, à aucun moment. On rigole autant des femmes que des hommes.

 

Vanessa  : Il y a, de toute façon, trop de choses à dire sur les femmes...

 

Marie-Cécile  : Vues nos situations, il y a de quoi rire je pense.

 

Vanessa  : C'est de l'humour gentil, on n'incrimine personne, c'est vraiment du comique de situation. J'aime les grandes pièces de boulevard, c'est très fort en termes d'humour. Ce sont des situations de vies. Bref, c'est un huit clos avec trois personnages complètement différents, pris dans une urgence avec des problématiques à régler. Qui vont faire que ça va partir dans tous les sens.

 

Le choix du titre aussi a été important. On a une écriture un peu rock’n’roll, on n'est pas du tout bisounours, prendre la fin d'un conte de fée, le mettre au féminin permet de se dire qu'il y a encore un peu d'espoir dans la vie.

 

Pour l'interprétation de votre personnage, quelles ont été vos sources d'inspiration par rapport à toutes ces situations de vie  ?

 

Vanessa  : Pour la petite histoire, j'avais l'idée de la pièce en tête depuis un an environ. Quand je jouais «  Toc Toc  », je me suis dit qu'il fallait que je l'écrive. J'ai alors appelé Anne de Kinkelin, qui est journaliste et romancière, que nous avions rencontrée toutes les deux il y a sept ans lors d'un casting. Nous n'avions pas été retenues mais, le lendemain, Anne nous avait rappelées pour nous demander d'écrire des choses ensemble.

 

Marie-Cécile  : Le jour du casting, ça a matché de suite entre Vanessa et moi et, ce jour-là, elle m'a dit dans la salle d'attente  : «  Tu verras, un jour, je nous écrierai une pièce  ».

 

Vanessa  : Sept ans après, on y est  ! Quand j'ai rappelé Anne, je lui ai expliqué le pitch et lui ai demandé de m'accompagner. Je trouvais intéressant d'écrire avec une romancière parce que j'ai plus une écriture de punch line, alors qu'elle a un côté plus scénaristique. Nous avons vraiment travaillé sur toute la structure.

 

Deux mois plus tard, un de mes meilleurs amis, un auteur de génie, Emmanuel de Arriba, s'est joint à notre duo. Avoir un homme a apporté un nouvel œil et un regard extérieur. Nous avons écrit à six mains et c'était top. Au départ, je n'ai pas voulu pensé du tout à des comédiennes pour les personnages, pour ne pas m'enfermer. Mais, pour le personnage d'Angélique, au bout de trois semaines d'écriture, c'était une évidence que ce serait Marie-Cécile.

 

Marie-Cécile  : C'est beau d'être une évidence:) Mon personnage est dans son monde, je suis la candide. Souvent, dans la pièce, Vanessa me compare à un extra terrestre qui vient de Pluton. Je réponds toujours à côté.

 

Vanessa  : On est d'autant plus contents que c'est une super aventure de potes, nous sommes tous amis dans la vie et tous voisins. C'est presque la fête des voisins tous les jours.

 

Marie-Cécile  : Dans la vie, je suis déjà un peu lunaire, je pense et je crois que les gens le perçoivent aussi comme cela. J'espère simplement ne pas être, tous les jours, le personnage que je joue sur scène. Je m'éclate à jouer, c'est un pur bonheur d'interpréter ce genre de rôle, un peu de Phoebe dans «  Friends  ». Je suis presque à m'extasier d'un passage d'un papillon.

 

Vanessa  : Arnaud Maillard, le metteur en scène, nous a aussi demandé, ce qui est très intéressant, de montrer les failles des personnages par rapport aux situations.

 

Pour Angélique, jouée par Marie-Cécile, c'est cette urgence de savoir parce qu'elle a un engagement à aller dire oui ou pas dans une heure et quart. Elle veut avoir des réponses et c'est cette peur, cette angoisse de l'engagement qui ressortent. De mon côté, ce sont toutes les désillusions d'une femme qui a été mariée pendant dix ans, dont, comme elle le dit, « 7 ans en intermittence de cul  ». Ce sont les grandes étapes de la vie d'une femme en fait, dans le bonheur, dans la désillusion, dans plein de choses. Comme Jeanne, avec le fait qu'elle tombe enceinte, ce qui n'est pas du tout prévu, alors que c'est une femme qui cale sa vie au millimètre et à la seconde près.

 

Il y a de jolis moments de vérité, pleins de sincérité. Ce n'est pas parce que nous sommes une comédie que tout doit être drôle en permanence. On montre dans la pièce que la vie n'est pas rose tout le temps.

 

Marie-Cécile  : La première fois que Vanessa m'a parlé de mon personnage, elle m'a expliqué que c'est quelqu'un qui a toujours dit oui à tout. Depuis toute petite, elle a suivi le modèle d'éducation de ses parents, sa vie est fixée, elle va se marier et avoir des enfants. Dans la pièce, on montre ce moment où elle peut dire non parce qu'elle a des doutes. En fait, c'est tout cet enjeu qui est génial, de ce personnage qui a toujours suivi les codes. Elle se dit que, à présent, elle pourrait faire en fonction d'elle. C'est génialissime.

 

Vanessa  : Le fait de savoir dire non, ce n'est pas être méchant. Dès fois, on dit oui pour ne pas blesser l'autre mais cela nous met nous en difficulté.

 

Marie-Cécile  : C'est vraiment mon personnage et c'est vraiment moi dans la vie de tous les jours. C'est bien de jouer cela car ça m'apprend à m'affirmer davantage. C'est une thérapie :)

 

Vanessa  : Pour mon personnage de Delphine, oui, j'ai mis beaucoup de moi. Elle distribue un peu les cartes, c'est elle qui divorce, c'est elle qui a le moins gros enjeu car la séparation est déjà en cours. Elle a donc beaucoup plus de recul sur la situation que les autres.

 

Oui, je me suis fait plaisir, dans un rôle un peu à la Jacqueline Maillan, que j'aime beaucoup. Mon personnage est très cool. Elle boit du rosé et fume dans une salle d'attente d'un cabinet médical quand même... Elle rentre au téléphone en insultant tout le monde, cela fait un bien fou.

 

Marie-Cécile  : Cela donne un super contraste dans la pièce, elle est fixée sur son destin et va avoir justement ce côté beaucoup plus «  rentre dedans  », d'une femme qui sait où elle en est dans sa vie. Elle est moins bien perdue que nous à ce moment-là.

 

Vanessa  : Elle est très pragmatique et fataliste dans le bon sens, elle accepte l'idée du divorce et va essayer de trouver un nouveau bonheur. Elle a le champ des possibles ouvert devant elle. Du coup, quand elle regarde ses camarades, elle s'amuse de leurs situations.

 

Jeanne, pour le coup, a la remise en question la plus intérieure. Avoir un enfant est l'engagement ultime. Quand elle se rend compte qu'elle est enceinte, elle a de vrais questionnements, se demandant notamment si elle va le garder ou pas. Il y a même des questions dérangeantes sur scène mais on les tourne bien.

 

Vous avez démarré il y a deux mois environ. Êtes-vous encore très proches de la version originale ou avez-vous déjà apporté quelques modifications  ? Au delà, dans les derniers instants avant de monter sur scène, est ce à présent uniquement l'impatience de retrouver le public qui prime  ?

 

Vanessa  : Il y a toujours du stress. Même après 15 représentations. Pour répondre au début de la question, oui, nous avons déjà réécrit des bouts. En fonction de ce qui marche et qui ne marche pas. On joue, Arnaud est là pour nous faire des retours de mises en scène, Emmanuel et Anne viennent aussi et, ensuite, on se revoit pour adapter et faire évoluer le texte et le jeu. Il y a même des choses que nous avons carrément enlevées car on se disait que ce n'était pas assez fort dans l'urgence et la situation.

 

Marie-Cécile  : Quant au stress, oui, il est toujours présent avant chaque représentation. Mais c'est le bon stress, c'est l'adrénaline. Je stresserai encore plus le jour où je ne stresserai plus. Ne pas stresser serait bizarre, c'est vraiment la sensation de sauter en parachute.

 

Vanessa  : On aime jouer ensemble, je dis souvent que l'on a rendez vous au bac à sable. On joue, il y a donc ce côté enfant. On s'adore, on a envie, on a vécu déjà pas mal de fous rires. On aime jouer ensemble, on est une équipe hyper soudée, c'est une vraie famille. Cela se ressent même sur scène. On vit une aventure de potes qui marche, on y va, tout le monde y met du sien.

 

Parmi les retours des spectateurs à l'issue du spectacle, qu'est ce qui en ressort principalement  ?

 

Vanessa  : Que Marie-Cécile fait très bien la tortue  : )

 

Marie-Cécile  : C'est vrai mais, pourtant, ce n'était vraiment pas gagné. Quand nous avons commencé les répétitions il y a trois ou quatre mois, Arnaud, le metteur en scène, m'avait alors demandé de faire la tortue au moment où je prononce ce mot. Sur le coup, j'en ai rigolé, jusqu'à ce que je comprenne que je devais vraiment le faire.

 

C'était tellement laborieux au début que l'on ne pensait pas la garder mais, au final, les gens adorent cela.

 

Vanessa  : Il y a des choses assez jouissives. Arnaud est un très bon directeur d'acteurs, il a de très bonnes idées de mise en scène. Quand on a créé, on a aussi réadapté l'écriture en fonction de ses trouvailles.

 

Il m'a fait travailler quelque chose de très difficile à réaliser, à savoir avoir une crise de fou rire sur scène pendant trois minutes. Je dois même baisser et remonter l'intensité en fonction du dialogue de mes camarades. Techniquement, c'est très dur, j'ai mal aux abdos quand je finis. Mais j’adore le faire, quand le public part avec, c'est génial. J'en suis fière.

 

Marie-Cécile et moi avons aussi quelques rendez vous dans le spectacle pendant lesquels il est difficile de ne pas rire. J'en joue avec elle et je m'en amuse beaucoup.

 

Vous êtes à l'affiche, pour le moment, chaque mardi soir sur Paris, ainsi que ponctuellement en tournée.  Fortes de ce succès naissant, quelles sont les envies et ambitions pour la suite de la programmation  ?

 

Vanessa  : Un grand merci déjà à Mathilde Moreau de nous avoir fait confiance pour le démarrage à Nantes. Au Dix Heures, nous sommes programmés jusque fin juin. On discute actuellement à une prolongation pour l'été. A la rentrée, on a des pistes aussi. Quant à la tournée, des dates sont vendues jusque 2020 déjà. C'est cool. Toutes les informations sont disponibles sur nos pages.

 

J'en profite pour saluer Leslie Bevillard, qui a rejoint l'équipe depuis le 23 avril.

 

En conclusion, si ce n'est pas déjà fait, comment définitivement inciter les lecteurs à venir voir le spectacle  ?

 

Vanessa  : Si vous voulez voir une tortue de Madagascar jouée par Marie-Cécile, venez. Plus sérieusement, venez, c'est une jolie pièce.

 

Marie-Cécile  : Si je peux me permettre, on ne l'a pas assez dit, ça fait vraiment partie de ces pièces où l'écriture est juste parfaite. Les auteurs ont fait un travail de dingue, c'est un vrai bonheur à jouer. Le texte est extrêmement drôle, fort, émouvant, cette pièce réunit tout. C'est une macédoine de légumes mais meilleure qu'à la cantine.

 

Vanessa  : Venez vous marrer avec nous  ! On passe une heure et quart à rire, c'est de l'humour gentil, on ne fait de mal à personne, c'est de la situation. Venez rigoler avec nous et avec nos personnages qui sont dans des situations rocambolesques.

 

Merci à toutes les deux pour ce bel échange  !

Publié dans Théâtre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article