Nataly Conde évoque avec passion son parcours artistique et ses projets à venir !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Nataly,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes une jeune artiste, aux expériences déjà riches et variées. Si l’on s’intéresse à l’origine de votre parcours, d’où vous vient cette passion pour l’artistique ?

Dès l’âge de 5 ans, en classe, il y avait l’option théâtre, j’ai toujours été dans des écoles où on pouvait choisir quelque chose d’artistique ou de sportif. Autant, pour le sport, j’ai hésité et j’ai essayé beaucoup de choses, autant, pour l’artistique, ça a toujours été le théâtre, le théâtre, le théâtre ! J’ai toujours fait partie, du coup, de la troupe. Et comme, au lycée, mon professeur de théâtre était aussi celui de la troupe de mon village, il m’a incité à la rejoindre.

Faire du théâtre était, pour moi, une évidence, je n’ai jamais eu besoin de réfléchir ! Je m’amusais à chaque fois, beaucoup de gens avaient peur de se présenter devant le public de l’école et de se mettre en danger mais, pour moi, c’était un plaisir d’être devant, d’être sur scène, d’être vue par les gens. Cette sensation a toujours été un régal !

A 16 ans, j’ai eu le Bac et j’ai dû choisir ma profession, dans une famille très conservatrice, avec beaucoup de médecins et d’avocats. J’avais pensé faire de l’ingénierie mais je savais que le théâtre était la seule chose qui m’amusait dans la vie. J’ai donc suggéré cela à ma mère mais elle m’a demandé de réfléchir plutôt à quelque chose de plus sérieux. Je me souviens très bien avoir pensé que c’était ma vie et que, donc, c’était à moi de choisir ce que je voulais faire. J’ai décidé, finalement, d’aller à Bogota, dans une école de théâtre ! Ma famille avait alors pensé que c’était un coup de tête et que je reviendrai à la normalité d’ici deux ans. Mais, même des années plus tard, je n’ai jamais changé d’avis, tellement c’est une évidence.

Ensuite, vous avez sans doute enchainé vos premières expériences…

Très vite, à Bogota, une deuxième école a attiré mon attention, dirigée par un argentin très connu en Colombie. C’est lui qui avait formé la seule actrice colombienne nommée aux Oscars. Je l’ai rencontré et, de suite, j’ai aimé sa façon de voir le théâtre. Même si son école était très chère, on a trouvé un arrangement et j’ai donc fait deux écoles pendant un semestre, avant de laisser de côté la première et de me concentrer sur la deuxième. Je suis restée 4 ans, j’ai eu des cours de voix, de chant, de danse, de théâtre. J’ai vraiment découvert les bases de cet art, il m’a appris à faire attention à tous les détails, à respecter la scène, à respecter le travail de préparation, à respecter le public et à comprendre son importance. Par exemple, dans les spectacles de fin d’année, on proposait du thé et des gâteaux au public, afin qu’il soit à l’aise. On avait des bougies partout, pour que les spectateurs entrent dans une sorte de rituel.

 

 

Après, j’ai travaillé avec un autre directeur, qui m’a inculqué une méthode différente, autour du travail physique intense de l’acteur. Il pensait qu’avec la fatigue physique arrive alors l’état créatif. Enfin, j’ai fini dans une école d’une chaine de télévision, où j’étais payée, tout en étant formée par une célèbre actrice colombienne.

Pendant ces années de formation, j’ai pu passer une audition pour une pièce de théâtre, « Cent ans de solitude », avec un metteur en scène géorgien. J’ai eu la chance d’être choisie et, chose marrante, ma professeure faisait aussi partie de la distribution. J’ai joué le personnage de Rebecca, qui mangeait de la terre quand elle était petite. Avec cette pièce, on a beaucoup joué à Bogota et on est même allés au Mexique.

Quelques années plus tard, vous rejoignez la France. Pourquoi cette destination ?

En faisant un monologue, une agent venue voir le spectacle m’a proposé d’être sa représentante. Elle m’a ensuite fait participer à une audition pour un long-métrage cette fois-ci, où j’ai finalement été sélectionnée. J’ai ensuite fait beaucoup de courts-métrages aussi. Je jouais donc au théâtre et au cinéma. Mais, à ce moment-là, en Colombie, le vrai succès pour un acteur était de faire le feuilleton de 20 heures. C’était aussi une garantie financière. Cela ne me plaisait pas trop, j’avais peur de devenir une machine dans une usine qui ne cherche pas la qualité. Je n’en voulais pas et j’ai cherché d’autres possibilités. Un proche m’a suggéré de venir en France, où il avait pas mal d’amis. Moi qui ne parlais pas la langue, je suis venue comme fille au pair, ce qui m’a permis d’avoir les études de français payées et un travail. Mon premier contrat, d’un an, m’a permis de découvrir le bassin d’Arcachon, où j’habitais. Au bout de cette année, mon apprentissage était encore incomplet et la famille m’a proposé de renouveler mon contrat pour une deuxième année. C’est à la fin de celle-ci que j’ai vu une audition pour les cours Florent à Paris, avec une option cinéma. Je trouvais cela marrant car, pour moi, un acteur n’est pas spécialiste d’un art, il doit tout savoir faire, que le soit le cinéma mais aussi le théâtre notamment.

Pendant cette semaine d’audition, j’ai été fascinée de pouvoir replonger dans ma passion. J’ai été choisie mais directement pour la dernière année, du fait de mon expérience précédente. Je suis donc montée à Paris à plein temps. Le but de l’année aux cours Florent était de faire un long métrage. Etant la seule étrangère de la promo, j’ai eu un des rôles principauxJ. J’ai ensuite pu prendre des premiers contacts professionnels, tout en m’inscrivant à la Sorbonne, pour continuer à apprendre le français.

Je fais alors pas mal de courts-métrages, souvent avec le rôle principal. J’ai développé aussi, au même moment, une série documentaire racontant le processus de création d’une pièce de théâtre. On a suivi trois projets en même temps et on en a retenu surtout un, où on a suivi les artistes de Paris à Nantes, en passant par Brest. Le pilote fait donc 53 minutes mais j’avoue que c’est une courte durée pour retranscrire tout ce qui a été vu et vécu. Avec ce format, on assiste à la naissance de personnages, on se rend compte aussi des difficultés et des frustrations rencontrées dans la phase de projet. On comprend que les répétitions sont parfois encore plus intéressantes que le spectacle en lui-même, par la magie qui s’y produit. Un producteur a contacté Arte, qui a répondu que le format leur semblait, à l’inverse, un peu long…En tout cas, l’originalité du projet plait et on poursuit des discussions pour le vendre.

En parallèle, j’ai créé ma compagnie de théâtre, pour être plus libre de mes choix, en pensant à la pièce « Peppéroni ».

 

 

Forte de votre expérience, avez-vous perçu des différences dans la façon d’aborder le jeu théâtral, entre la Colombie et la France ?

Je croyais qu’il y en avait, j’avais l’idée que le théâtre en France était autre chose. Mais, finalement, je pense que le théâtre est universel et que l’on peut avoir tout, partout. J’ai rencontré, en France, des gens qui font des choses passionnantes, sincères, avec l’envie d’aller loin et de proposer de l’inédit, avec des thèmes qui changent et qui choquent. J’ai vu aussi des choses simples, qui sont là pour faire rire et amuser. Le théâtre, en France, est large, il y a tellement de diversité qu’il y a la place pour tout. En Colombie, le théâtre l’est aussi, simplement l’approche est parfois un peu différente. Les jeunes générations ont beaucoup voyagé, ils ont donc des idées et des influences nouvelles, notamment européennes. Je pense que la nouvelle génération est très belle !

Par contre, en Colombie, on ne retrouve pas l’identique de la Comédie Française, qui est une réelle institution de talents et économique.

Vous l’avez rapidement abordé précédemment, considérez-vous les planches et les plateaux comme un seul et même art ? Ou les dissociez-vous davantage ?

Je pense que, à la fin, jouer revient à la même chose. Je trouve un peu étrange l’idée de former un acteur pour un domaine ou pour un autre. Certes, au cinéma, on travaille plus devant la caméra et l’expérience aide mais un acteur reste un acteur et il a la possibilité de s’adapter à chaque situation. Personnellement, j’avais de suite compris sur un plateau qu’il fallait moins projeter la voix. Cette adaptation et l’intelligence naturelle à avoir sont, pour moi, évidentes pour un acteur…Même si je connais des gens qui ont eu du mal. Un acteur doit être malléable, dans le corps, dans les émotions et dans son jeu. Aucun art n’est plus sincère qu’un autre. Au théâtre, c’est nous qui donnons au public et, au cinéma, c’est la caméra qui prend tout ce que l’on fait. Quand on a également un bon directeur, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. D’autant plus que, aujourd’hui, le théâtre est plus naturel et réaliste qu’avant, ce qui facilite davantage encore l’adaptation quand on vient du cinéma.

Pour la suite de votre parcours, quelles seraient vos envies artistiques ?

J’ai créé la compagnie pour faire des projets avec l’intention de mettre ensemble mes origines sud-américaine et mon expérience culturelle de la France. Le but est de les fusionner et de les mixer, pourquoi pas en faisant venir des colombiens à Paris. Je voudrais continuer en amenant ici ce qu’il y a là-bas, pour enrichir encore un peu plus ce qui se passe en France. Je suis colombienne, on ne pourra jamais m’enlever cela, je veux donc utiliser ce que j’ai et ce que je suis.

J’aimerais bien aussi faire des films au cinéma, c’est dur en France, c’est moins ouvert que les Etats-Unis par exemple pour les accents. Les français ne sont pas encore trop habitués à entendre des accents donc mon envie serait d’avoir d’autres projets à l’image. La porte va s’ouvrir à un moment, c’est sûr !

Je prépare aussi un projet audiovisuel, avec deux amis, un qui habite en Colombie et l’autre en Espagne.

Merci, Nataly, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Télévision

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