Hélène Degy évoque sa belle actualité artistique !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Hélène !

Je suis enchanté de pouvoir partager ces quelques instants avec vous et vous remercie du temps que vous avez accepté de me consacrer.

 

Nous pouvons vous retrouver actuellement sur scène, au théâtre Michel, jusqu’à fin avril en alternance dans « La peur ». Comment présenteriez-vous cette pièce ?

C’est une adaptation d’une nouvelle de Stefan Zweig, un thriller amoureux.

Une femme au foyer des années 50, dépendante financièrement, amoureuse certes mais délaissée par son mari qui fait carrière en tant qu’avocat. Elle prend un amant et se fait surprendre très rapidement par la compagne de celui-ci, qui lui fera du chantage. L’héroïne, victime de harcèlement, va s’enfoncer dans le mensonge pour sauver son couple. L’engrenage va prendre des dimensions incroyables.

 

Quelles sont les principales caractéristiques de votre personnage ?

C’est une mère bourgeoise, sensible à l’art, à la musique, artiste à ses heures perdues, amoureuse de son mari.

 

Qu’est-ce que le public apprécie dans ce spectacle, d’après les retours que vous avez pu avoir ?

Chacun apprécie des choses différentes. Ça ouvre de nombreux débats : faut-il tout se dire dans un couple ? Comment peut-on défendre un coupable ?…on peut y trouver les problématiques d’un couple universel.

J’imagine que beaucoup se reconnaissent dans cette pièce.

 

Est-ce que le fait d’être en alternance vous apporte quelque chose ? Ou travaillez-vous de façon totalement indépendante l’une de l’autre ?

C’est ma « metteuse » en scène, Elodie Menant, qui joue à présent avec moi en alternance, donc c’est elle évidemment qui m’a essentiellement apporté des choses en tant que directrice d’actrice…

Concernant l’alternance en tant que telle, la trame de l’histoire ne change pas mais, par contre, selon la personne qui interprète le rôle, nous formons des trios et des couples très différents. D’autant plus que ce sont aussi deux comédiens, en alternance, qui jouent le mari (Aliocha Itovich et Arnaud Denisel). Et deux autres comédiennes pour Elsa : la maitre chanteuse (Ophelie Marsaud et Muriel Gaudin). C’est fou comme, un soir sur l’autre, l’univers de chacun peut faire ressortir des problématiques différentes.

 

En fonction des personnes qui vous donnent la réplique, avez-vous donc des adaptations de jeu à opérer ?

Je reste évidemment moi-même mais je m’adapte aussi à l’autre. La création d’un couple repose sur les deux corps, les deux énergies, ce qui va impliquer nécessairement des changements.

 

Le spectacle s’est joué plus de 400 fois, avez-vous encore le trac ? Ou est-ce l’excitation de retrouver le public qui l’emporte ?

C’est le bon trac. Mais ça se déplace : il s’agit de reproduire quelque chose que nous avons fait beaucoup de fois, de retrouver des enjeux forts, d’arriver à la fin à cet état émotionnel assez puissant. Cela demande de la préparation sans anticipation, d’être en pleine conscience, de trouver l’intimité avec le partenaire et le public… chez moi, ça provoque effectivement un petit trac.

 

 

En parallèle de cette belle et riche aventure théâtrale, nous avons pu vous retrouver sur France 2, à 20h45 dans la nouvelle quotidienne «  Un si grand soleil  ». Quelques semaines après les tournages, quel souvenir gardez-vous de cette expérience à Montpellier ?

Ce sont des souvenirs très forts et très intenses. Humainement pour commencer, parce que j’ai rencontré de très belles personnes, de très bons comédiens, avec qui j’ai partagé des contraintes liées à un rythme de tournage très particulier. Ça nous a demandé beaucoup d’efforts à tous. J’y ai rejoint une équipe unie dans cet exercice.

J’en garde le souvenir d’une expérience très riche.

 

Face à ce rythme soutenu, quelle était votre méthodologie pour être efficace et disponible ?

Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’adapter et affiner ma méthode au fur à mesure. J’y suis restée seulement deux mois et demi.

Mais j’ai tout de même changé ma façon de travailler, c’était ma première fois dans un quotidien. J’ai donc bien entendu évoluée entre le début et la fin du tournage, le travail s’accumulant : j’avais eu quelques jours pour me préparer lorsque j’ai commencé, mais plus ça allait et moins j’avais le temps de préparer quoique ce soit. J’ai eu des moments de panique intérieure ! (rires)

Je suis arrivée avec ce que je savais faire, avec mes précédentes expériences de tournage, ce n’était donc pas quelque chose d’inconnu pour moi. Mais c’était, en revanche, une première de devoir être aussi efficace, aussi rapide. A la fin des trois mois, malgré le fait d’avoir appris le texte presque la veille, cela m’a permis d’être encore plus dans l’instant présent, en réaction avec mon partenaire de jeu…, une vraie gymnastique.

Si c’était à refaire, je le referais… en connaissance de cause (rire).

 

 

Avez-vous eu des sources d’inspiration pour l’interprétation de votre personnage ? Avez-vous étudié votre personnage avant, ou votre ressenti était-il votre principal moteur ?

C’est un rôle de lieutenant de police. J’avais déjà expérimenté un rôle de femme de la BRI, au cours duquel j’avais manipulé des armes.

J’ai aussi pu poser quelques questions à des gendarmes qui faisaient de la figuration sur le tournage.

Je suis arrivée sur ce dernier en sachant uniquement que mon personnage était une super flic et qu’il allait vivre une histoire d’amour avec l’autre lieutenant : j’y ai donc apporté toute l’humanité que je pouvais. Un personnage sain, lumineux…

Benjamin Bourgois, qui interprète le rôle du lieutenant Levi, est un partenaire formidable, un excellent comédien. Les auteurs de la série, nous ont écrit de belles scènes de comédie. Et nous nous sommes vraiment bien amusés…

C’est au fur et à mesure que j’ai découvert toute la noirceur de mon personnage, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Les auteurs aiment garder des surprises pour les comédiens et cela m’a au départ un peu désorientée. J’avais construite « Gaëlle » selon des fondamentaux qui devenaient obsolètes. Les raisons pour lesquelles Gaëlle Lestrac était venue à Montpellier n’étaient plus du tout celles qu’on m’avait annoncées.  Et c’est là où le comédien doit être capable de revoir l’ancrage de son personnage.

J’ai voulu la défendre jusqu’au bout en tous cas !

 

Avez pu regarder des épisodes pour corriger votre jeu ?

J’avais arrêté de tourner quand mes épisodes ont été diffusé… par contre oui, j’ai voulu « capitaliser » cette expérience, j’ai tout regardé.

J’ai pu me rendre compte des techniques utilisées aussi dans la réalisation pour valoriser les relations entre les personnages : comme le fait de mettre en valeur des plans « d’écoute » et ne pas rester focalisé sur celui qui parle, ou « cliper » des scènes pour apporter de la respiration dans l’épisode. La musique aussi y est pour beaucoup !

 

 

Toujours dans l’univers audio-visuel, vous avez tourné dans un unitaire avec Samuel Le Bihan. Vous avez certainement abordé votre rôle différemment ?

Je l’ai tourné en hiver 2017, ça a été diffusé quasiment en même temps que la série. C’est un téléfilm réalisé par Denis Maleval. C’était la deuxième fois que nous travaillions ensemble.

La préparation fut un peu rapide aussi, mais ce n’est pas comparable car le rôle et le texte étaient si différents. J’ai adoré tourner avec Samuel Le Bihan, Frédéric Diefenthal et Alika Del Sol, mes  talentueux partenaires de Jeu.

C’était passionnant : de nouvelles exigences, au sein d’une ambiance de thriller, ce que je travaillais un peu au théâtre.

 

Considérez-vous que le travail devant la caméra et sur scène se complètent ?

C’est différent. Dans «  La peur  », je ne quitte quasiment pas la scène. J’éprouve du plaisir d’être là du début à la fin et de jouer dans la continuité.

Le tournage suppose aussi d’être très à l’écoute. La sincérité doit être la même. Mais, en termes de préparation, nous ne sommes pas du tout sur les mêmes choses : en théâtre, on a le temps de s’habituer à l’autre, d’apprendre à se connaître, à s’apprivoiser. Nous pouvons créer un esprit de troupe. En revanche, au cinéma ou à la télévision, nous n’avons pas ces étapes. Nous devons nous imprégner mais de façon plus solitaire.

Une autre différence est due à la proximité de la caméra dans un cas et à la présence du public dans l’autre. La projection n’est pas du tout la même.

 

Quels sont vos projets et vos envies pour la suite ?

Je prépare, avec un ami comédien et metteur en scène, Pierre Hélie, un seul en scène. Nous sommes à l’étape de la constitution de l’équipe. Ça parle d’éducation sexuelle, en suivant le parcours d’une femme réalisatrice. Elle va résoudre ses problèmes au travers de son film et s’émanciper.

Je serais en tournage ces cinq prochaines semaines à Marseille, pour un téléfilm France 3, « L’archer noir » réalisé par Christian Guérinel.

 

Je vous remercie pour cet échange et ne manquerai pas de suivre votre parcours. A très bientôt.

Publié dans Théâtre, Télévision

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