Pass Ligue 1 : Alban Lepoivre évoque ses débuts avec Prime Vidéo, le nouveau diffuseur principal du football français !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Alban,

Quelle joie d’effectuer cet entretien avec vous !

On peut vous retrouver, depuis le début de saison, sur Prime Vidéo via Pass Ligue 1. On imagine sans doute beaucoup de plaisir et de joie pour vous de participer à la naissance et au développement de ce beau projet ?

Oui, clairement ! Assez naturellement, vu que je commente du foot depuis 10 à 12 ans et que j’avais des prémices de rapports avec eux pour le tennis, on s’est rapprochés très naturellement pendant l’été et, effectivement, Amazon m’a proposé de faire partie de cette belle aventure. J’ai dû mettre certaines choses de côté, professionnellement parlant, que je faisais jusqu’à présent. J’ai 34 ans aujourd’hui, je fais ce métier depuis 14 ans et, pour moi, c’était l’opportunité de ma carrière professionnelle.

J’ai eu la chance de faire plein de supers choses, en radio et en télé mais travailler sur place, être au cœur du projet du diffuseur de la Ligue 1 en France, en être une voix sur qui ils comptent, est touchant. Ca donnait envie, c’est un train que je n’avais pas envie de rater.

On peut vous retrouver principalement sur une des quatre affiches du dimanche 15h, au stade généralement ou ponctuellement dans le multiplex.

Oui, c’est ça. Le dispatch est très simple avec Amazon, il y a deux commentateurs premium que sont Smail et Julien, qui commentent chacun deux matchs. On est une équipe d’une dizaine de commentateurs pour assurer les rencontres du dimanche après-midi, sur place ou sur le multi. Je suis donc amené à intervenir sur ces affiches-là.

Après plusieurs semaines d’antenne, quels premiers retours avez-vous pu avoir sur cette offre Pass Ligue 1, très diversifiée et surtout très différente de ce que l’on a pu connaitre jusqu’à présent ?

Il y a un très bon retour, j’ai l’impression. J’ai la sensation que les téléspectateurs s’y retrouvent, notamment les supporters des dits « petits » clubs. Les gros clubs gobent à eux seuls 80 à 90% du paysage médiatique et c’est vrai qu’avoir éditorialisé des Troyes – Montpellier, des Bordeaux-Angers, qu’en avoir fait une affiche, un produit isolé, traité avec le même sérieux, est un véritable plus. On a 20 minutes d’avant match, une mi-temps pleine avec des invités et 20 minutes d’après match, avec les entraineurs qui viennent et les principaux joueurs. Ce sont plus de 2 heures pleines de contenu, avec une qualité éditoriale que l’on n’avait pas jusqu’à présent. Il y a un excellent retour de la part des abonnés, qui s’y retrouvent et on a des retours, en tout cas moi personnellement, ultra positifs de ces clubs-là, qui ont justement cette possibilité d’être mis en avant beaucoup plus régulièrement et beaucoup plus souvent qu’avant. De 3 à 4 fois avant, maintenant ils sont mis en avant à coup sûr pendant les 38 journées, chez nous ou sur Canal. Les 20 clubs de Ligue 1, quels qu’ils soient, ont, cette année, éditorialement parlant, de la part du diffuseur, une mise en avant beaucoup plus intéressante, en termes de qualité et de quantité, que les années précédentes.

Le retour du public dans les stades doit être, lui aussi, sans doute très plaisant pour vous ?

Franchement, ça change tout. J’ai eu la « chance » de pouvoir faire la comparaison puisque, l’an dernier, je commentais la Ligue 2 sur place pour Téléfoot. Effectivement, les matchs se jouaient à huis-clos. Aujourd’hui, en étant sur place, on goute au retour du public et, effectivement, le ressenti n’a absolument rien à voir, on change complètement de dimension. Je crois, sincèrement, pour en avoir discuté avec quelques joueurs et des entraineurs que, à un moment donné, ces acteurs du foot avaient perdu le lien avec le public. Pour eux, c’était devenu habituel, c’était devenu le quotidien d’avoir du public au centre d’entrainement et les jours de match. Quand on enlève cette habitude, il y a une expression qui dit que l’on ne sait jamais ce qui nous manque tant que l’on ne l’a pas perdu. Le football a perdu ce fil-là, a perdu ses supporters pendant un an et demi, je pense que ça a permis à beaucoup d’acteurs du monde du football de se rendre compte que le supporter ou le spectateur n’est pas qu’une ligne économique dans un bilan comptable, que c’est aussi ce qui fait l’âme d’un stade et d’un club. Je pense que, aussi bien entraineurs, présidents que joueurs se sont rendus compte à quel point le public leur a manqué et à quel point c’était important aujourd’hui de l’avoir.

 

 

A titre plus personnel, quelle est votre méthodologie de travail en amont d’une rencontre ?

Chaque commentateur a sa manière de faire, a sa manière de préparer et même de présenter pendant le match. Je vais aller un peu à côté de votre question, je n’aime pas avoir 10 000 feuilles devant moi. Quand j’ai commencé il y a 15 ans et même 7 à 8 ans en arrière, j’avais besoin d’avoir toutes mes feuilles, toutes mes fiches, toutes les stats à portée de mains. Je me suis rendu compte que ça dénaturait parfois un peu mon commentaire. Je pouvais manquer de spontanéité et de naturel, voulant absolument placer une stat, en forçant un peu le trait, quitte à sortir du match. Aujourd’hui, j’arrive à trier ce dont j’ai besoin. J’ai une mémoire photographique plutôt développée, j’arrive à me souvenir de ce que j’écris. Je n’ai plus forcément besoin des stats puisque, vu que je les ai préparées et écrites dans la semaine, j’arrive à peu près à m’en souvenir.

La routine et la méthodologie sont propres à chaque commentateur. Je sais que j’aime bien me prendre, à un moment donné de la semaine, deux grosses heures continues de préparation intense pour dégrossir les effectifs et les statistiques. Ensuite, je prends chaque jour 10 à 15 minutes pour regarder la presse locale et venir ajouter des détails dans ma préparation. On a un service qui nous permet d’avoir pas mal d’articles sur les clubs que l’on commente et un autre qui nous envoie des statistiques autour du match. Ce que l’on vient ajouter le jour-même.

Le fait d’être présent au stade permet sans doute aussi des échanges de proximité….

Ça peut mais beaucoup moins qu’avant. Même si le public est revenu, les protocoles Covid restent très stricts. Même pendant le match où le journaliste bord de terrain n’a pas accès à ce que l’on appelle la zone « T », qui va de la sortie du couloir jusqu’aux deux bancs. Les interviews se font avec le masque, avec deux micros indépendants, il y a mine de rien une mise à l’écart sanitaire qui fait que l’accès aux informations que l’on pouvait avoir avant est devenu plus difficile. Maintenant, en tant que diffuseur du match, on a des interviews d’avant match, on peut discuter quelques instants avec les joueurs et les entraineurs. Souvent, ils connaissent le consultant et viennent discuter deux minutes avec lui, pendant lesquelles on se joint à eux, ce qui nous permet d’avoir quelques informations. On en a moins qu’avant, on arrive à en avoir mais cela nous permet seulement quelques compléments à ce que l’on a préparé. Ce n’est pas énorme, ce sont des détails mais ça permet d’avoir des informations supplémentaires par rapport à d’autres médias qui n’y ont pas accès.

Après quelques journées de championnat, quel regard portez-vous sur le début de saison ? On peut notamment noter un nombre très faible de 0 à 0.

Je trouve que le championnat est vraiment passionnant. Paris a envie de laver l’affront de la perte du titre, avec toute la dimension qu’il y a autour avec Messi, Neymar et M’Bappé. Paris est dans un monde à part. J’ai commenté déjà deux fois le SCO Angers qui n’a pas pu recruter, qui n’a pas pu vendre suffisamment, c’est une équipe qui, financièrement, n’est pas dans une situation excellente. Mais ils sont en train, sur ce début de saison, de montrer, comme le dit l’expression, que « lorsque l’on n’a pas de pétrole, on a des idées ». Angers est allé chercher un adjoint de Lyon qui a des idées, Gérald Baticle. Ils ont une organisation tactique particulière. Ils ont un joueur, Mohamed-Ali Cho, que je trouve incroyable, du haut de ses 17 ans.

Je n’ai pas vu une équipe inintéressante. Troyes a très bien joué l’année dernière en Ligue 2, Laurent Battles veut continuer sur cette dynamique et cette logique-là de jeu. Je n’ai pas encore vu d’équipe aujourd’hui qui se mette à 10 derrière et qui ne fasse que défendre. Je trouve que le début de championnat est super intéressant.

En complément, vous être présent aussi sur d’autres médias, La Chaine l’Equipe, Eurosport, Canal + Afrique, pour du foot, du vélo ou du tennis notamment. Vous commentez la plupart de ces évènements en cabine, à Paris. Quelles différences cela implique-t-il dans votre commentaire ?

Aujourd’hui, je trouve qu’il y en a moins. Déjà, parce que l’on s’est habitué, beaucoup de commentateurs le font en cabine. Aujourd’hui, le commentaire sur site est devenu minoritaire donc on en profite d’autant plus. Le commentaire cabine est devenu quasiment le quotidien, en tout cas une habitude. Il faut tordre le coup à certaines idées reçues, quand on commente en cabine, on a exactement la même image que le téléspectateur, on n’a pas 14 écrans avec tous les angles de caméra. On s’y est habitué. Parfois, quand on est au stade, on va s’égarer sur un fait de tribune, sur quelque chose qui se passe en dehors du jeu et on peut, l’espace d’un instant, sortir un peu du match. La cabine a cet « avantage » que l’on reste focus sur le match. Après, on peut beaucoup moins facilement décrire l’ambiance, avoir les fameuses infos que l’on peut avoir parce que l’on a vu certaines personnes. On perd du descriptif que l’on peut avoir de ce qui se passe autour de nous, de l’atmosphère que l’on a pu voir, humer, sentir en avant-match. On est « prisonnier » de ce que nous renvoie l’image. Encore une fois, aujourd’hui, chaque commentateur s’est habitué à la cabine, ça fait partie du métier. Il y a une légère différence, oui, pas énorme, surtout dans le ressenti, le feeling.

Ces différents médias vous ont permis un début de saison très intense. Cela doit être un vrai bonheur de pouvoir diversifier autant vos commentaires et votre approche du sport ?

J’adore faire cela. Il y a quelque chose dont j’arrive toujours à être conscient après quasiment 15 ans de carrière, c’est que, quand je me lève tôt le matin ou que je me couche tard le soir, j’arrive à avoir ce recul de me dire que je fais un métier génial. Qu’y a-t-il de plus kiffant dans la vie, pour moi qui suis un dingue de sport et de médias, que de faire ça ? Donc j’ai encore, non pas ce regard de gamin, mais cette joie de le faire après quasiment 15 ans de commentaires. Et le sentiment d’être un privilégié, avec beaucoup d’appelés pour peu d’élus. J’essaie vraiment de garder ce côté kiff, j’adore mon métier, j’adore ce que je fais et c’est ce qui me permet de tenir.

Pour terminer, quels sont les prochains évènements à venir que vous attendez avec particulièrement d’impatience ?

Le sport nous réserve tellement de surprises, la grande incertitude du sport peut rendre folles certaines rencontres. Je suis là pour accompagner mais, finalement, je ne suis qu’un intermédiaire, ce sont les sportifs qui font vibrer et qui font le spectacle….Début 2022, il y aura un chouette enchainement sur Eurosport avec l’Australian Open de tennis et les JO d’hiver.

Merci, Alban, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article