Virginie Caren évoque ses expériences récentes, son actualité et ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Virginie,

Quelle joie de vous retrouver pour cette nouvelle interview !

Votre parcours artistique est riche, varié et diversifié, devant et derrière la caméra notamment. Récemment, nous avions pu vous retrouver dans la série quotidienne « Influences » sur NRJ, diffusée en fin d’année dernière. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

Que de beaux souvenirs, avec de belles rencontres mais aussi de belles retrouvailles. Je pense notamment à Stéphane Joffre et Jean-Luc Azoulay. Ce sont eux qui m’ont proposé de jouer le rôle de la maman de l’héroïne et j’ai accepté avec plaisir de retrouver ma famille de cœur et d’origine. Clairement, Jean-Luc est mon papa télévisuel… Je trouvais le challenge du projet en soi intéressant, assez nouveau et innovant, avec toute une équipe de jeunes, sur le thème des influenceurs, un thème très tendance. On avait beaucoup d’auteurs avec nous, on a travaillé assez vite et c’était aussi agréable d’avoir le privilège de formater mon personnage. J’ai eu la liberté de le faire évoluer, notamment par rapport au texte, moi qui suis aussi scénariste. Ayant fait du coaching de jeunes acteurs, c’était plaisant également d’aguiller cette nouvelle génération en même temps que l’on faisait ce tournage. Les 3 jeunes demoiselles qui jouaient mes filles sont 3 personnes magnifiques, vraiment ce fut de belles rencontres humaines, artistiques, on s’est beaucoup amusées sur le tournage et nous sommes restées en contact depuis. On était tous très tristes que ça s’arrête de façon prématurée mais c’est comme ça, ça arrive, c’est la vie.

La richesse et la diversité de votre parcours vous permet sans doute, sur un plateau, d’avoir un regard différent à présent sur votre travail ?

Complètement ! Pour tout vous dire, de manière très personnelle, j’ai accepté ce rôle parce que ça fait 3 à 4 ans que je coachais des acteurs et des réalisateurs, que je les accompagne et je voulais savoir où j’en étais moi-même, après plusieurs mois sans tourner. Cela m’a d’autant plus intéressée que j’avais de belles choses à défendre dans ce personnage, avec des subtilités que je trouvais très agréables. J’étais, quelque part, dans l’obligation aussi pour l’intégrité de mon travail de coach afin d’évaluer où j’en suis. Cela peut être, en effet, parfois prétentieux et arrogant de faire du coaching si on ne sait pas de quoi on parle. Du coup, j’ai pu tester des choses que je faisais faire à des acteurs. En même temps, ce qui était super intéressant avec tous les jeunes autour de moi, notamment Edouard qui jouait mon beau-fils, c’est que je vivais en direct avec lui les choses que j’essayais sur moi-même. Ce fut un travail d’échange où je me suis servie de moi-même comme outil. J’ai adoré faire cela.

 

 

Au travers du nombre de minutes utiles attendues chaque jour, tout va très vite sur le plateau et sans doute que vos expériences vous ont aidée ?

Oui, ça a été un peu à double tranchant. Les bons côtés, c’est que, effectivement, je viens de cette école-là, où on travaille vite, où on fait beaucoup dans une seule journée. La charge de préparation et de travail est assez énorme. J’ai retrouvé tous mes réflexes de tournage, avec la rapidité dans laquelle ça se fait. Je suis formatée comme cela, c’est quasi naturel, je n’ai pas de réflexion sur cette manière de travailler, ça vient de façon assez machinale. En même temps, je jouais un personnage de maman dont la fille est dans le coma, je suis moi-même maman dans la vie et j’ai été obligée de me projeter, il y avait quand même pas mal de scènes assez difficiles à jouer émotionnellement parlant, il y avait beaucoup de scènes où je craquais, où je pleurais. Là, je cherchais dans tous mes outils et toutes mes expériences mais comme on tourne vite, à un moment, je ne pouvais pas faire 15 scènes par jour avec cette émotion-là. Je ne suis pas un robot non plus, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton. J’avais besoin soit de réduire le nombre de scènes, soit d’aguiller différemment le personnage.

Ce rythme était un challenge extraordinaire, nous faisant sortir de notre zone de confort mais cela a aussi créé des frustrations, nous obligeant à aller à l’essentiel. La série a globalement manqué de temps et c’est sans doute une des raisons expliquant qu’elle n’a pas eu le succès qu’elle méritait.

Nous l’avons dit, vos cordes et casquettes artistique sont nombreuses. Les considérez-vous comme autant de métiers différents ou comme un seul et même ensemble ?

Je rejoins Michel Hazanavicius, que j’avais vu en master class il y a 3 ou 4 ans, à qui on demandait quelle place il laissait à ses équipes techniques. Il nous a répondu qu’il avait sa bulle de travail et qu’il ne voulait pas que les choses en sortent. En revanche, dans cette bulle, il laisse des bulles pour chaque corps de métier et chaque poste pour qu’ils y mettent leur propre création. J’ai un peu ce constat aujourd’hui sur mon métier et sur mon parcours artistique, tout va ensemble en fait. Sur le papier, je ne sais pas comment me définir aujourd’hui, j’ai été danseuse, actrice, photographe, directrice artistique, directrice littéraire, directrice de développement, scénariste, assistante réalisatrice, styliste, …j’ai fait tous ces corps de métier avec une profonde joie et beaucoup de passion. Si j’avais le temps, peut-être que je ferais encore d’autres corps de métier pour peaufiner certains aspects. C’est ma bulle artistique dans cette bulle-là. Selon les périodes, selon ce qui se profile, je vais prendre dans ma bulle pour inventer encore autre chose. Tout cela est très complémentaire. Il y a 6 mois à peine, j’ai recontacté ma chorégraphe avec qui j’avais commencé ma première activité artistique à l’âge de 4 ans, afin de la remercier profondément de l’aspect musical et de l’oreille que l’on doit avoir pour être danseuse. Je lui ai dit me rendre compte aujourd’hui à quel point cela m’a aidé à avoir le sens du rythme sur scène ou dans mes dialogues. Je n’avais, en fait, jamais fait le lien, je l’ai fait il y a 6 mois donc tout va ensemble. C’est comme un immense puzzle, avec plein de pièces que l’on construit au fur et à mesure. Je suis pleinement faite de tout ça, c’est un ensemble !

 

 

En plus de la passion que vous évoquiez, l’un des autres dénominateurs communs à votre parcours est aussi l’humain. C’est sans doute aussi dans cette lignée que vous développez aujourd’hui d’autres accompagnements, individuels ou collectifs, dans l’artistique mais pas uniquement…

Oui, oui, c’est vrai ! L’humain me passionne, clairement. J’ai fait des années de psychanalyse, ce n’est pas uniquement un travail égocentrique, c’est surtout parce que j’ai trouvé cela très passionnant pour bien sûr se comprendre soi mais aussi pour comprendre les autres. Je pense que ça donne une dimension humaine très intéressante, du moment où on commence à accepter que son mécontentement ou sa frustration peuvent être compris. Cela adoucit ses propres problèmes mais ça permet aussi d’être plus tolérant avec les autres. J’aime beaucoup cette approche en fait, ça évite d’être dans le jugement des autres, ça permet d’être plus attentionné aux autres.

Je viens de passer 3 ans à être directrice littéraire en maison de production audiovisuelle, où mon travail principal était l’accompagnement des auteurs. Ce fut humainement extrêmement passionnant, j’ai adoré faire cela. De là est née l’envie d’encore plus transmettre. C’est tellement agréable et tellement gratifiant de voir qu’être dans la compréhension et le partage d’expérience avec quelqu’un en difficulté au travail, que ce soit un assistant réalisateur, un acteur, un auteur, l’aide à passer les étapes de manière plus fluide. J’adore cela, j’ai une passion pour le fait d’adoucir les choses et de retrouver le vrai plaisir. Pour un acteur, c’est celui du jeu et ce doit être normalement un amusement et non pas une souffrance.

Je développe encore plus actuellement ce besoin et cette envie de transmission. Surtout, je viens d’avoir un demi-siècle, c’est un peu l’heure des bilans et je me suis demandée concrètement ce que je pouvais faire de tout cela. Je viens de créer des méthodes de travail et je suis en train d’ouvrir différents ateliers dans lesquels je peux transmettre et faire un melting-pot. Je vais ouvrir des ateliers d’audiovisuel, je vais complètement mélanger tout ce que j’ai pu apprendre. Notamment 3 méthodes complètement différentes, celle des cours Florent, celle de JLA Production et celle de l’Actors Studio. Je prends ce qui me parait être, pour l’avoir testé, le plus efficace et j’en fais un petit mélange, où j’y mets ma sauce. J’essaie de donner un maximum de toutes les expériences que j’ai pu avoir.

Tout en gardant en tête des projets de séries que j’ai écrites, des projets de films que j’ai co-écrits, des projets de séries sur lesquelles je fais uniquement de l’accompagnement et du développement. Je n’ai jamais fermé la porte au métier de comédienne, je fais mes choix selon les périodes, selon l’envie, selon le temps. Tout cela est très complémentaire en fait et je suis revenue aussi à mon premier amour, la danse.

Merci, Virginie, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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