Sugar baby : Ioanna André évoque cette pièce de théâtre, prochainement à l'affiche !

Publié le par Julian STOCKY

@ Vincent Milleville

 

Bonjour Ioanna,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous serez de retour sur scène, dans la grande salle de A la folie théâtre, avec la pièce « Sugar baby », à partir de fin juin. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui, une joie de retrouver les partenaires aussi parce que ça fait un moment, maintenant, que l’on joue ensemble. Une vraie cohésion de groupe s’est créée et j’aime beaucoup cela. C’est une des raisons d’ailleurs pour lesquelles je me suis orientée vers ce domaine artistique : c’est un travail d’équipe. Il y a, du coup, toujours le plaisir de retrouver des camarades, qui deviennent des amis. Et le plaisir de remonter sur scène, de retrouver cette adrénaline qui est vraiment unique, et qu’on ne retrouve pas de la même manière sur un tournage.

Avec vos mots, sans tout en dévoiler, comment pitcher ce spectacle ?

C’est une comédie alambiquée, remplie de comiques de situation. Je joue Marie, qui est en couple depuis quelques mois avec François. Marie a 22 ans et François 35, ils ont donc 13 ans d’écart. François, avant de rencontrer Marie, était célibataire depuis très longtemps et il décide de la présenter à son couple de meilleurs amis, Marc et Capucine. Lors du diner, Marc est subjugué par la jeunesse et la beauté de Marie, il fait un comparatif à François et le vanne, lui disant qu’elle est vachement plus jeune que lui, qu’elle est jolie, et il va jusqu’à lui demander s’il la paie. Cela part d’une blague mais François se prend au jeu et finit par céder, avouant à Marc la payer : il présente Marie comme sa sugar baby, qu’il a trouvée sur un site spécialisé.

Mais il s’avère qu’un cinquième invité débarque et qu’il a un lien avec le passif de Marie…on découvrira qu’elle avait effectivement été une sugar baby…Le diner part alors en embrouilles et disputes, entre ces cinq protagonistes !

Au-delà de la comédie, la pièce met donc en avant des sujets de plus en plus actuels…

Oui, totalement ! C’est vraiment une comédie, Jérémie écrit tellement bien qu’il y a quasiment une blague par phrase et, en même temps, ça interroge vraiment sur la question de la prostitution, de la femme dans la société et de la précarité de certaines étudiantes. C’est vrai que le sugar dating est quelque chose de très présent, notamment en médecine parce que les filles n’arrivent pas à payer leurs études, par manque de temps. Que faire alors à ce moment-là ? C’est une vraie question…Du coup, je trouve que c’est une comédie qui ne juge pas du tout la prostitution, au contraire, elle interroge.

On l’a dit, vous y interprétez le personnage de Marie. Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Marie est jeune mais elle a quand même une forme de maturité je pense, au travers de ce qu’elle a vécu. C’est un personnage très affirmé, qui ne se laisse pas faire. Elle sait ce qu’elle veut, elle est très affirmée et a beaucoup de caractère, elle n’est pas décidée à se laisser marcher sur les pieds. Elle est aussi drôle, elle a de la dérision, elle est gentille et polie, jusqu’au moment où ça va trop loin.

 

@ Vincent Milleville

 

Au moment d’interpréter ce personnage et de rentrer, pour la première fois, dans sa peau, vous étiez-vous renseignée sur ce phénomène des « sugar babies », afin de mieux encore l’appréhender ?

J’en avais déjà entendu parler. Via mon autre profession du mannequinat, les marques peuvent me contacter sur mon compte Insta professionnel. Cette page avait pris de l’ampleur, et j’ai eu des sollicitations et des propositions comme cela. J’avais même, une fois, rencontré quelqu’un qui, au départ, me proposait du travail et, petit à petit, m’avait proposé de  ma payer des robes, et ma présence pour que je l’accompagne en soirée. On m’a donc ouvertement fait la proposition. C’est quelque chose que je n’ai jamais accepté. Pour autant, on se pose forcément la question, on se demande si, à juste l’accompagner en soirée, on peut réellement parler de prostitution ? Quand je suis arrivée à Paris, je manquais d’argent, mes premiers mois de mannequinat étaient très insécurisés donc, forcément, j’avais déjà eu un dilemme dans ma tête. Mais je n’ai jamais été dans une misère trop extrême pour y céder. Personnellement, je pense que c’est quand même, moralement, particulier et difficile à vivre. Il faut arriver vraiment à faire une dissociation qui n’est pas évidente.

Du coup, quand j’ai auditionné, ça m’a parlé…

La pièce avait déjà été jouée 16 fois à Paris, au TMG puis 4 fois en Avignon. Quels principaux retours aviez-vous alors pu avoir du public ?

Globalement, les gens disent que c’est une pièce très drôle et rythmée. A chaque fois, on nous dit aussi que ça fait réfléchir et que ça amène à des discussions. Les 5 personnages sont tous très différents et on se rend compte que, selon les sensibilités de chacun, tous portent à réflexion : les spectateurs n’ont pas tous les mêmes avis tranchés. Donc, au final, beaucoup de rire et de réflexion !

Au fur et à mesure de ces 20 représentations, selon vos ressentis sur scène et selon les retours du public, sans doute avez-vous fait, à la marge, quelques modifications ?

Oui, ça évolue tout le temps, c’est sûr, on s’adapte ! C’est aussi la magie du théâtre, chaque soir est différent, on n’arrive pas avec la même énergie ni les mêmes bagages. On a tous aussi, dans nos vies, des choses qui nous traversent. Donc, selon notre état, le comédien en face avec qui l’on joue, on réagit différemment. Il y a également des soirs où le public est plus ou moins réactif, on est parfois obligés de déployer encore plus d’énergie. Donc, oui, il y a des réajustements !

Quand j’avais repris le rôle, j’avais pu proposer des modifications pour la mise en scène. Là, nous allons bientôt reprendre les répétitions, on va sans doute penser à de nouvelles idées. La pièce s’enrichit donc tout le temps !

Plus personnellement, en termes de jeu, la phase de pause entre le TMG et Avignon avait laissé une liberté de casser la musique qu’on avait construite, pour tester de nouvelles choses. J’ai vraiment senti, à Avignon, à des moments, que je ne jouais pas de la même manière que les premières fois. Ce vent de fraicheur est intéressant et je pense qu’on l’aura aussi dans notre nouvelle salle.

 

 

Au TMG, vous jouiez une fois par semaine, contre 4 soirs prochainement. C’est un nouveau rythme auquel il faudra vous habituer et qui permettra une certaine continuité de jeu…

On joue à 21h donc on ne finira pas tôt mais c’est intéressant. On avait tous ressenti, en ne jouant qu’une fois par semaine, qu’en revenant c’est à nouveau abrupt et qu’il faut se remettre dedans. Là, ça fera partie de notre quotidien. Je pense que nos personnages seront un peu encore présents, en nous, au quotidien, ce qui est intéressant !

A quelques semaines de votre retour sur scène, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Quelles sensations prédominent actuellement ?

Avant, j’avais tendance à être quelqu’un de stressée, de très angoissée en amont. Maintenant, ce n’est plus le cas. Donc je ne suis pas angoissée pour l’instant. Le stresse sera présent, bien sûr, mais plutôt les jours qui précèdent la première et surtout avant de monter sur scène. Par contre, c’est clair que je suis excitée de jouer. Les répétitions vont reprendre, ce sera le moment, je le disais, de tester de nouvelles choses donc c’est chouette.

 

 

Du coup, que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle salve de dates ?

D’avoir du monde pour nous supporter ! De la fraicheur, de la joie, du rire et de la prise de risque ! Aussi que cette pièce fasse parler d’elle. Ce serait chouette d’aller encore plus loin, peut-être de partir en tournée.

En complément, plus personnellement, quels sont vos projets et envies artistiques ?

Déjà, je tiens à dire que cette pièce a été ma première expérience vraiment professionnelle, rémunérée d’un cachet chaque date. La compagnie fait cela très bien et je la remercie car c’est rarement le cas. Des projets comme celui-ci sont un peu idéaux, pour avoir mon statut.

Je tiens à continuer à développer des projets en théâtre, j’aimerais bien avoir un rôle en cinéma, pour découvrir sur une plus longue période l’expérience du tournage. Décrocher un rôle dans un téléfilm ou une série serait super aussi, évidemment !

J’ai aussi quelques pistes d’écriture que j’aimerais développer. Une idée de pièce, mais aussi quelques idées de scénario. Mais cela est un tout autre métier, que je dois apprendre… !

Merci, Ioanna, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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