Un Si Grand Soleil : Laurent Frattale nous parle de Serge Levars, son personnage dans la série quotidienne de France 2 !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Laurent,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Nous pouvons vous retrouver régulièrement dans la série quotidienne à succès de France 2 « Un Si Grand Soleil », sous les traits du personnage de Serge Levars. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Tout à fait ! D’autant que ce n’était pas du tout, au départ, mon rayon d’action artistique. Je suis du théâtre, je fais du théâtre, du coup l’audiovisuel était une expérience que je n’avais pas vraiment faite dans ma vie. Quand j’ai été casté pour participer à la série, j’ai découvert tout un univers et, effectivement, c’est très intéressant pour moi. C’est un moment de plaisir, d’expérience profonde, ça fait maintenant 4 ans que j’y suis !

Vous avez, en plus, la chance d’avoir un cadre de tournage particulièrement agréable, tant les studios d’intérieur à Vendargues que les décors magnifiques à l’extérieur…

Oui, oui, tout à fait ! La quotidienne est un format dans lequel on n’attend pas beaucoup : on joue beaucoup, on est très pris pendant les journées de tournage, ce qui est un vrai plaisir ! Effectivement, l’encadrement technique, d’accueil, de réalisation est plutôt très agréable à vivre, c’est comme une maison, on se sent un peu chez soi au bout d’un moment.

Votre personnage a, depuis son arrivée, vécu beaucoup de choses, tant personnellement que professionnellement. Quel regard portez-vous à présent sur lui ?

C’est un personnage qui s’est créé au fur et à mesure. Au départ, il n’existait pas, c’est le fait que je sois là, que je rencontre l’équipe artistique et technique qui a fait qu’ils ont eu envie de développer un personnage autour de ma présence d’acteur. D’abord comme avocat commis d’office – je n’avais pas de nom, et, au fur et à mesure, ils ont taillé un peu sur mesure, par rapport à ce que je proposais, un caractère qu’il n’avait pas dans l’ensemble du spectre des avocats de la série : un caractère un peu trempé, un personnage un peu ambivalent et c’est intéressant à jouer, effectivement. D’un point de vue professionnel, je suis souvent amené à défendre des gens qui sont difficilement défendables, moralement et dans l’opinion publique. Du coup, cela me donne un enjeu supplémentaire, en tant qu’acteur, pour rendre crédible une fonction d’avocat qui, à priori, est là pour défendre tout le monde. Chacun a le droit à une défense, à une justice donc le personnage de Serge Levars essaie de mettre cela en avant, avant la question morale. C’est intéressant ! Un téléspectateur, un jour, m’a dit « aimer beaucoup mon personnage parce que, quand il arrive à l’écran, on ne sait pas du tout ce qui va se passer ». Je trouve que c’est un beau retour, c’est chouette : s’il y a une tension un peu particulière à l’arrivée de ce personnage, cela me conforte dans l’idée que l’on travaille assez justement, artistiquement, autour de lui.

Après, sur l’aspect plus personnel et privé du personnage, oui, au moment où ils l’ont créé, ils ont décidé de lui donner aussi une vie. J’ai rencontré une partenaire, Shirley Bousquet, qui est devenue la petite amie de Serge Levars, ils se sont mis en couple. Cela a été une très très belle rencontre humaine et professionnelle avec Shirley. On a essayé de jouer au mieux cette idylle et de donner cette couleur que le personnage n’avait pas dans sa fonction d’avocat, finalement quelqu’un d’amoureux, à l’écoute, assez impliqué humainement dans sa relation. C’était très intéressant à jouer, d’autant plus avec une figure professionnelle dure, un peu froide, un peu incisive.

Sur certains traits de sa personnalité et de son caractère, vous retrouvez-vous en lui ? Peut-être mettez-vous parfois de vous en lui ?

J’aime bien parler de figure plutôt que de personnage, on a peu de temps pour développer l’intériorité des choses, je trouve que l’on est un peu comme en commedia dell’arte au théâtre, on endosse un costume, on met un masque que l’on fait jouer. Du coup, Serge est très éloigné de moi, déjà parce que je suis pas du tout, dans ma vie quotidienne, confronté à ce genre d’enjeux professionnels. Je ne suis pas du tout du même monde, je suis un comédien, je fais du théâtre, j’habite un petit village, je suis très social, je ne suis pas quelqu’un de froid et fermé derrière un bureau. Donc il est éloigné mais c’est justement ce qui est intéressant pour un acteur. Cette distance à parcourir entre ce que je suis moi et ce que je porte à l’écran est assez chouette, c’est comme un cheminement et une balade à travers différentes émotions et choses que je n’ai pas vraiment l’habitude de vivre au quotidien.

Ce rôle vous permet en tout cas une palette de jeu particulièrement large et variée, ce qui doit certainement être plaisant, artistiquement parlant…

Oui, tout à fait ! Une quotidienne est une usine, c’est une fabrique dans laquelle il faut aller très très vite, il y a peu de temps pour creuser vraiment les choses, il y a des objectifs, un rendement, il faut créer l’objet des 22 minutes donc on va très vite. Il y a ainsi cet enjeu en termes de métier d’acteur de devoir aller vite, c’est déjà une certaine palette de jeu et, d’autre part, étant éloigné du caractère de ce personnage, cela me permet aussi d’avoir tout un contre-champ à l’intérieur de moi quand je joue, où je sais que je peux aller enrichir ce que les scénaristes ont écrit. Donc, effectivement, cela me permet la sensation d’un arc d’expression assez large.

Vous l’avez dit, le rythme de tournage est soutenu. Sans doute que tous ces mois sur le plateau sont l’occasion de vous y sentir de plus en plus à l’aise ?

Oui, oui. Au fur et à mesure, on acquiert l’expérience de cela, on sait ce que l’on attend de nous. L’équipe technique est prête quand on dit qu’on tourne et il faut être efficace, aller à l’essentiel de ce que cherche à transmettre le réalisateur. Il y a beaucoup d’échanges, on est très actifs. J’ai fait d’autres tournages où on attend pendant des heures, sans parler avec personne. Ici, pour le coup, il y a vraiment un échange dense entre les différents acteurs du tournage.

Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public ?

Il y a beaucoup d’échanges sur les réseaux, je fais partie de plusieurs groupes de fans donc j’ai l’occasion de voir un peu les retours des uns et des autres. Dans l’ensemble, le personnage est un peu clivant, ce n’est pas un héros gentil qui va défendre la veuve et l’orphelin. Les gens, dans un premier temps, m’ont donc trouvé dur et, d’une certaine manière, ils n’aiment pas le personnage dans ce qu’il représente. Mais, par contre, ils aiment le personnage dans ce qu’il a comme fonction à l’intérieur de cette série. Effectivement, il y a eu pas mal de débats là-dessus. Les retours sont souvent que je défends des gens pas très chouettes ni très agréables donc, du coup, les gens se disent « ah, le revoilà encore, celui-là ! ». Il fait partie des méchants, du moins des figures un peu dures. Mais, à partir du moment où ils m’ont vu justement exprimer des sentiments plus doux, d’amour, d’écoute, d’attention, ils étaient un peu plus en empathie avec ce qu’ils ressentaient de ce personnage. Après, je ne suis pas tous les jours à l’écran, j’ai une fonction dynamique, où il va se passer quelque chose, quand je suis là, qui alimente les péripéties de la série.

 

 

D’ailleurs, même si ce n’est jamais évident pour un comédien, regardez-vous le rendu final, notamment pour capitaliser sur votre jeu ?

Oui, je regarde régulièrement, je me tiens informé de ce qui se passe dans les intrigues, même quand je ne suis pas là. Ensuite, quand je passe à l’écran, je regarde en famille, avec des amis, on en rit et cela me permet de faire la jonction entre ce que j’ai ressenti en tournant la scène et ce que ça dégage au moment où on la voit. Effectivement, cela me permet d’ajuster certaines choses, en termes d’élocution ou encore de positionnement. J’aime beaucoup, quand je joue, construire une sorte de ligne physique : un positionnement situe une émotion ou un objectif d’expression. Si on est affalé dans une chaise, ce n’est pas la même chose que si on est droit dessus. J’aime bien le mouvement : même si je ne suis pas énormément amené à bouger dans la série, j’essaie, même quand je suis assis en rendez-vous en face à face, de créer des petits éléments de jeu, en bougeant les mains, en allant chercher un stylo. Tout cela est pensé, ce n’est pas fait comme ça, sans en être conscient.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?

Je suis un peu éloigné, je n’habite pas Montpellier, je suis reculé à la campagne, je croise rarement la direction artistique du projet. Je me sens un petit peu comme un sociétaire, comme si j’étais à la Comédie Française, que j’avais ma loge et que, de temps en temps, j’y allais. Je me sens un peu chez moi et, en même temps, je n’ai pas du tout de vision sur ce qu’ils pensent ni sur comment l’artistique pense développer les choses. Je me sens bien dans cette série, pour plein de raisons, artistiques et humaines. J’aimerais bien pouvoir redévelopper des choses plus intimes, plus de l’ordre de la vie privée. On peut me souhaiter que ça continue, je suis là pour eux, s’ils ont besoin de moi.

En complément, quels sont vos autres projets et actualités artistiques ?

Il y en a beaucoup, mais peu dans l’audiovisuel. J’ai quand même tourné dans la série « Killer Coaster », sur Prime Video, avec Alexandra Lamy, sa sœur et sa fille, c’était sympathique à faire. Après, je suis un homme de théâtre, j’ai fait une création à Caen, où j’ai porté les carnets de notes d’un photographe important décédé l’an dernier. Là, je travaille surtout dans mon village, où j’ai ouvert un petit théâtre-école, qui me demande beaucoup de travail et de temps. D’ailleurs, sur scène, de plus en plus de gens qui regardent la série me reconnaissent.

Merci, Laurent, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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J
J'adore ce comédien et son personnage ambivalent certes mais, c'est un avocat donc , c'est une évidence de l'être un peu et il l'incarne bien à l'écran.
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