Un Si Grand Soleil : Franck Adrien évoque son personnage, le procureur Bernier !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Franck,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Nous pouvons vous retrouver régulièrement dans la série quotidienne à succès de France 2 « Un Si Grand Soleil », sous les traits du personnage du procureur Bernier. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Je ne joue pas un grand rôle dans cette quotidienne mais, malgré tout, j’ai le plaisir de faire partie de l’équipe. Cela fait trois ans que je sers ce procureur Bernier et que je me délecte parce que j’ai toujours de supers camarades, dans des ambiances de tournage avec des gens qui aiment leur métier. Donc je ne me suis encore jamais confronté, sur une seule journée, à des gens qui se plaignent. Cela est déjà un grand plaisir ! J’y vais deux à trois jours par mois et je retrouve toujours des gens qui ont envie, que ce soient les équipes, en son, en technique, en lumière, en mise en scène, …et mes camarades de jeu. C’est génial !

Je pense, en tout cas ce sont les retours que j’ai eus, avoir fait beaucoup évoluer mon personnage. Au début, quand vous commencez un personnage, c’est comme au théâtre, si vous ne devez jouer que 5 représentations, vous allez être bien mais « ce sera juste ça » et, si vous en jouez 500, vous allez avoir le temps de peaufiner votre personnage, de le travailler, de travailler davantage avec vos camarades et de dire à la scripte, par exemple « là, tu vois, les auteurs m’ont écrit cette phrase mais je ne pense pas que ce soit le procureur, ce n’est pas tellement lui qui parle comme cela, on pourrait peut-être plus essayer de lui faire dire cela ou cela ». C’est très plaisant et j’ai fait évoluer ce personnage jusqu’à un point d’orgue que je suis en train de tourner en ce moment…Le procureur Bernier sera très présent dans une arche, pour les diffusions de fin février – début mars, en étant à l’écran tous les soirs, voire même deux fois dans le même épisode. Ceci pendant 15 jours à 3 semaines. Il va arriver une grande mésaventure à ce procureur…Il va devenir un peu mafieux… Je suis joyeux de ces 54 scènes à tourner, cela donne beaucoup d’enrichissement au personnage. Je vis cela à fond !

Ce rôle vous permet en tout cas une palette de jeu particulièrement large et variée, ce qui doit certainement être plaisant, artistiquement parlant…

Oui, c’est un personnage qui était assez secret, on ne savait pas trop de choses de lui, on ne savait pas trop de choses de sa vie personnelle. C’est quelqu’un d’assez nerveux, assez souvent de mauvaise humeur, quelqu’un d’assez solitaire, quelqu’un d’intelligent, de malin, quelqu’un de pertinent, qui travaille ses dossiers et qui sait gérer aussi bien les politiques que les équipes de police, quelqu’un qui est toujours du côté de la loi…Et, là, ils m’ont écrit quelque chose où ça évolue complètement ! Il est pris dans un tourbillon d’affaires et ça va loin…Donc c’est génial de pouvoir donner une autre facette à ce personnage. Je pense que le public sera très surpris, j’espère qu’il sera ravi des scènes et des situations que le personnage va donner.

Sur certains traits de sa personnalité et de son caractère, vous retrouvez-vous en lui ? Peut-être mettez-vous parfois de vous en lui ?

Totalement ! Soit vous interprétez un personnage et ce n’est que de l’interprétation parce qu’il joue des choses qui sont complètement éloignées de vous. Soit, à l’inverse, le personnage vous envahit petit à petit, se colle à vous et une partie de ce que vous jouez, c’est alors vous, ce n’est plus du jeu, c’est votre fonctionnement à vous. Là, je dois dire que, sur la prochaine intrigue, beaucoup de choses me sont proches. La seule chose qui m’ennuie, c’est que l’on touche à son éthique juridique, alors que, pendant trois ans, il a toujours été irréprochable là-dessus. C’est là que je vois que je fais partie du personnage et que le personnage fait partie de moi, c’est que je le prends presque à titre personnel.

Ce que je tourne actuellement est donc très important, en même temps c’est très intense parce que je tourne 6 séquences par jour, qui sont importantes, avec beaucoup de textes et des implications de jeu conséquentes.

Le rythme de tournage, vous venez de l’expliquer, est soutenu, avec 20 minutes utiles par jour mises en boite…

Tourner un épisode par jour est une gageure extraordinaire que réussit à merveille la production de Thomas De Matteis. Ils arrivent à gérer 250 à 300 personnes par jour, en 4 équipes de tournage... On tourne un épisode chaque jour, sans, me semble-t-il, renier sur la qualité. L’exigence demeure, dans la mesure du possible. Tout le monde est toujours sur le pont et fait le maximum, ce qui est très agréable ! Certains pourraient penser que, parce qu’il s’agit d’une quotidienne, l’énergie est plus faible mais l’implication, l’exigence, l’engagement et l’investissement restent les mêmes que pour un autre programme. Sinon, ce n’est pas intéressant…

Vous avez, en plus, la chance d’avoir un cadre de tournage particulièrement agréable, tant les studios d’intérieur à Vendargues que les décors magnifiques à l’extérieur…

Bien sûr ! On possède, dans les studios, une maitrise et une capacité technique, qui valorisent le travail, le jeu d’acteur et la rapidité d’exécution. Si on n’avait pas cet outil-là, on ne pourrait pas aller si vite. Si on est bien éclairés, c’est parce que l’on est en studio, bien équipés, avec de super professionnels qui savent gérer cela. Vous savez, quand vous tournez dans un téléfilm, il y a régulièrement un petit problème de son et vous êtes ensuite obligés d’aller faire une retouche en studio mais, là, malgré le nombre de scènes que l’on tourne, on n’est jamais sollicités en ce sens. C’est hallucinant ! C’est parce que l’on a de super pros et que, techniquement, on est à la pointe de ce qui peut se faire dans une série et à la télévision française. La capacité technique est impressionnante.

Par exemple, normalement, vous tournez avec un fond vert et les images sont seulement rajoutées en post-production. Grâce à la technicité des studios de la série, on tourne cela en même temps, c’est un gain énorme : pendant qu’un acteur joue devant un fond vert, les techniciens sont là sur le plateau et arrivent à insérer déjà ce que l’on verra à l’écran. Je peux vous dire que ce n’est pas partout pareil…Les équipes sont vraiment super !

 

 

Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public ?

J’ai beaucoup de chance, je n’ai pas un rôle sympathique mais, et je le dis avec beaucoup de modestie, le public de la série aime mon personnage, malgré tout. Je trouve cela très valorisant pour moi, à titre personnel, et pour le personnage. Ce dernier existe pour le public, alors qu’il a peu de scènes, c’est très touchant pour moi. J’ai des retours formidables de qualité de jeu, ce qui est très encourageant pour moi et je vois que, lorsque je suis dans des intrigues, les gens suivent le personnage et le commentent. Notamment l’année dernière, lorsque le procureur avait eu une éventuelle histoire d’amour avec Maitre Becker, j’ai reçu des dizaines et des dizaines de commentaire de vigilance, me disant que « le procureur Bernier allait se faire berner, qu’elle n’était pas pour lui, qu’il valait mieux que ça, qu’il allait se faire avoir, qu’il était un homme droit ». Avec Eliott Faure, les gens m’avaient même engueulé, m’expliquant que « je n’y avais pas été de main morte ». Mais le public m’aime bien quand même, je trouve cela bouleversant, ça me touche beaucoup, sincèrement.

Combien de fois les gens me reconnaissent dans la rue ou quand je donne des cours. L’autre fois, dans le tgv, en prenant un café au lait, le barman me regarde, me fait un petit clin d’œil et me répond que le prix est de « 3,90 euros, s’il vous plait monsieur le procureur ». Je trouve cela génial ! Et le monsieur m’a même demandé, en douce : « alors, vous ne l’avez toujours pas chopé, le fleuriste ? ». C’est extraordinaire et bouleversant ! C’est grâce à tout le monde, à la chaine, aux auteurs, aux réalisateurs, au fonctionnement du programme…Je suis donc très touché, je remercie le public, pour qui j’ai un immense respect. C’est un cadeau que nous donnent les gens, qui me va droit au cœur !

D’ailleurs, même si ce n’est jamais évident pour un comédien, regardez-vous le rendu final, notamment pour capitaliser sur votre jeu ?

Bien sûr que oui, je regarde toujours le rendu final ! Il y a des gens qui ne se regardent jamais parce qu’ils ne se supportent pas, il y a des gens qui se regardent toujours parce qu’ils se trouvent formidables, j’ai composé une troisième catégorie : de vous à moi, je ne me supporte pas à l’écran mais le personnage que je joue m’intéresse. Donc je me force à regarder pour voir ce que je peux améliorer. Je me fais ma propre autocritique, sur le regard, la nervosité, les gestes, l’interprétation,… c’est important pour un acteur. En plus, je regarde les camarades et l’histoire, c’est juste normal.

En complément, quels sont vos autres projets et actualités artistiques ?

A l’image, je viens de tourner dans un épisode pour TF1, avec Jean-Luc Reichmann, de « Léo Mattei ». Je l’ai rencontré pour la première fois, il a été absolument adorable, très professionnel, gentil, généreux. Je me suis très bien entendu avec lui et j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai ensuite tourné avec Odile Vuillemin, à Aix-en-Provence, dans « Isabelle, la veuve noir », où j’interprète un avocat général. Aussi, seront diffusés sans doute en mars et avril les deux derniers épisodes d’une série qui s’est malheureusement arrêtée, malgré la fidélité du public, qui s’appelle « La doc et le veto », avec Michel Cymes et Dounia Coesens. J’y fais un paysan mal rasé, râleur, qui est un peu la bête noire du village, je me suis régalé à l’interpréter. En janvier, à Lyon, je tournerai dans le téléfilm « Le sanctuaire », où je jouerai complètement autre chose, un chef d’entreprise d’un abattoir d’animaux.

A Lyon, au musée de la résistance et de la déportation, nous avons lancé l’inauguration de l’exposition nationale Jean Moulin, « Jean Moulin, les voies de la liberté ». Nous organisons des lectures avec des textes d’archives et, surtout, à partir du 3 février, je serai sur scène, pour la création d’un spectacle sur la vie et l’œuvre de ce grand homme. C’est mon grand projet au théâtre, sur lequel je travaille énormément et qui me tient à cœur parce que c’était un homme absolument extraordinaire !

Merci, Franck, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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