Cybèle Villemagne évoque sa belle actualité, devant et derrière la caméra !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Cybèle,

Quelle joie de vous retrouver pour cette nouvelle interview !

Dans le cadre du Nikon Film Festival 2023, votre court-métrage « PMA » est en ligne depuis quelques jours. Vous l’avez écrit et réalisé, tout en y jouant. On imagine sans doute le plaisir que cela doit être pour vous ?

J’adore écrire et réaliser ! En général, je joue dans mes films parce que je sais exactement ce que la "réalisatrice" attend du personnage ;-).

C’est un sujet qui s’est imposé à moi, j’ai remarqué que c’est un thème assez tabou, que très peu de femmes parlent du fait qu’elles soient passées par la PMA ou qu’elles aient eu des difficultés à tomber enceintes. Je découvre que, autour de moi, il y a énormément de femmes qui ont fait des fausses couches et qui n’en parlent pas. Parfois, certaines en font à répétition, j’ai une amie qui en a fait 13 avant d’avoir son bébé, c’est une warrior J.

Je me dis que c’est fou, en plus du chagrin, c’est comme si c’était honteux de vivre quelque chose de dur, alors on n’en parle pas et comme personne n’ose en parler, chacun s'isole encore un peu plus. C’est important, pour moi en tant que jeune réalisatrice, de pouvoir aborder de ces sujets-là.

Voici le lien de visionnage du film PMA: https://www.festivalnikon.fr/video/2022/2194

Ce sujet est un thème fort de société mais dans lequel vous essayez, à l’image, d’y apporter un peu de légèreté…

Oui, ça c’est tout moiJ. L’humour c'est ma pudeur, je serais incapable de parler de quelque chose de grave sans y mettre de l’humour, je serais trop gênée. Je ne sais pas faire autrement. Après, c’est peut-être aussi pour embarquer les gens avec moi, comme pour leur dire « ne vous inquiétez pas, ça ne va pas être trop triste », tout en les cueillant quand même, enfin j'espère ;-) !

On retrouve cela dans tous mes films, j’ai besoin d’y apporter un petit décalage. Je suis pareille dans la vraie vie : dans les moments les plus durs, je vais trouver un moyen d'en rire.

J’en profite pour remercier les fabuleux comédiens qui m’ont entourée. Notamment Daniel Lobé, que vous avez pu retrouver dans la série « Le code » sur France 2, qui a compris exactement ce que je voulais montrer, à savoir un couple uni dans l’adversité. Malgré les difficultés, ils ne se désolidarisent pas l'un de l'autre. Daniel incarne un personnage qui a les pieds sur terre contrairement à Louise, mon personnage qui a des pensées magiques... Le côté rationnel du personnage de Daniel permet à Louise de s’ancrer dans la vie et dans la réalité, il est protecteur et rassurant. C’est grâce à lui qu’elle tient le coup. On a le sentiment qu’il restera, que ça marche ou pas. La survie de leur couple n’est pas soumise au fait de réussir on non à avoir un enfant, ils sont ensemble pour le meilleur et le pire, ils resteront ensemble, avec ou sans enfants.

J’ai aussi eu la chance d’avoir Charlotte Boimare, qui est ma meilleure amie et ma comédienne fétiche (Il faut savoir qu'en plus de son immense talent, elle porte bonheur;-)). Il était donc important qu’elle apparaisse dans le film et elle y joue plusieurs personnages très drôles, notamment une femme enceinte bourrée d’hormones et très colérique, ainsi qu’une gynéco dotée d'une absence totale d’empathie. 

 

 

Après quelques jours de diffusion, quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir ?

C’est assez incroyable, ça me bouleverse complètement, j’ai des témoignages dingues, beaucoup de femmes et d'hommes m’ont envoyé des messages pour me remercier, pour me dire que le film les avait chamboulés. J’ai eu un vocal d’une femme au bord des larmes. En fait, je ne m’attendais pas du tout à un tel retour, surtout que l’exercice d’un si court-métrage est complexe et ces retours m’ont surprise et touchée.

On me dit que c’est courageux de parler de ça, mais que c’est nécessaire. Ça fait du bien de se dire que l’on n’est pas seul, quand on traverse les épreuves de la vie. Un réalisateur qui me connait depuis très longtemps m’a dit également que, dans ce film, j’avais osé, montrer plus de vulnérabilité et moins me cacher derrière l’humour. Apparemment il voudrait produire mon prochain court-métrage. D'ailleurs, si des producteurs me lisent présentez-vous ! Il n'y en aura pas pour tout le monde ;-) !

Artistiquement et personnellement parlant, ce côté multi casquettes doit être très plaisant et très complémentaire ?

Oui, tout se nourrit. J’aime raconter des histoires, ça commence donc par le scénario. Quand je l’écris, j’ai tout dans la tête, je visualise les comédiens, les décors, la lumière, le cadre… J’aurais donc du mal à confier la réalisation à quelqu’un d’autre. Ensuite, je joue tous les personnages dans ma tête au moment où j’écris les dialogues, du coup je sais déjà comment je veux que s’exprime à l’écran celui que je vais interpréter. Cela me permet de raconter mon histoire jusqu’au bout par tous les moyens qui sont les miens. J’ai trois stylos dans ma main et j’ai envie de tous les utiliserJ.

Toujours dans le cadre du festival Nikon 2023, vous avez également participé à deux autres projets, en tant que comédienne cette fois-ci…

« Le Pigeon » est une comédie réalisée par Gilles Sanner, il est un ami et complice de toujours. Je pense qu’il a écrit ce film en sachant qu’on le ferait ensemble, avec aussi une bande de comédiens que l’on retrouve régulièrement pour tourner des trucs drôles. L’autre film est « La Cène.e », de Laura Ghazal, qui a eu l’idée très originale de montrer le dernier repas du Christ mais entouré de femmes et tout en légèreté.

En parallèle, la web-série « Mes dernières volontés » vient de sortir sur Youtube. C’est, là aussi, un projet qui vous tenait particulièrement à cœur…

J’ai eu l’aimable soutien du CNC, pour tourner quatre épisodes d’environ cinq minutes chacun. C’est une série où je parle d’une jeune femme instable, inspirée de « Alice au pays des merveilles », qui a des hauts et des bas extrêmement marqués. Au point que, quand elle va mal, elle a envie de mourir et au moment de mettre en scène sa mort, d'une façon involontairement drôle, ça lui donne systématiquement l’idée d’un rêve, qu’elle n’a pas encore accompli dans sa vie. Et elle est prête à tenter le tout pour le tout pour le réaliser avant de mourir. Face à l’urgence de la situation, elle s'y prend d’une façon complètement inadaptée et si maladroite que ça nous la rend à nouveau drôle malgré elle. Ayant échoué à la réalisation de son rêve, elle va alors vouloir retourner à son suicide mais les catastrophes qu’elle a déclenchées pendant la réalisation de son rêve, l’empêchent également de réussir son suicide.

Donc on est vraiment dans l’humour noir, l'univers est burlesque, avec des personnages que j’ai envie de développer davantage dans d'autres projets plus longs. Notamment dans un court-métrage de 15 minutes que j'ai écrit, intitulé "Eternels Regrets". Et dans un long métrage en cours d'écriture…

 

 

Ce programme est l’occasion, pour vous, de développer des registres de jeu divers et variés…

Oui, surtout qu’elle est tellement extrême dans ses émotions qu’elle passe du désespoir à la colère ou de la rage au bonheur. Rien n’est tiède, tout est intense, un peu comme une adolescente pour qui tout est une question de vie ou de mort. Et malgré ses fragilités, elle a tellement d’énergie qu’elle peut déplacer des montagnes. Donc, oui ça déménage ;-)!

Merci, Cybèle, pour toutes vos réponses !

Avec plaisir Julian, merci pour votre intérêt et votre curiosité !

Publié dans Télévision

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article