Pascal Légitimus évoque sa belle et riche actualité artistique !

Publié le par Julian STOCKY

Crédit photo Pascal Ito

 

Bonjour Pascal,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Votre livre "L'Alphabêtisier" cartonne, c’est une idée de cadeau de Noël idéale pour passer les fêtes avec humour. Vous avez d’ailleurs reçu de la part du Lion’s Club le Grand prix de l'humour pour ce premier volume. Très simplement, comment présenteriez-vous cet ouvrage ?

Tout simplement, comme un livre philosophiquement drôle. Parce que ce n’est pas que drôle, il y a aussi des points de vue, il y a de la réflexion et il y a beaucoup de sens. C’est-à-dire que, à travers l’humour que nous avons édité, Gilbert Jouin et moi, nous avons essayé de mettre un point de vue personnel sur la société, sur les évènements. Du coup, il y a plusieurs niveaux de lecture : il y a un premier niveau, un deuxième niveau et même un troisième degré, pour ceux qui ont les éléments nécessaires pour décrypter tout ce que l’on a pu écrire.

En tout cas, quand je fais des salons (j’en ai fait beaucoup entre les deux confinements et même avant), les gens me demandaient si j’avais écrit ma biographie et je leur répondais que non, pas du tout, que je suis encore trop jeune pour écrire mes mémoires. A la question « mais ça parle de quoi ? », comme je n’avais pas envie de leur raconter car ce n’est pas un livre qui se raconte, je leur conseillais de le lire. Donc les gens faisaient la queue, lisaient des extraits devant moi et riaient, souriaient ou réfléchissaient. Le livre se vendait comme des petits pains, une centaine en deux à trois heures. C’était très agréable de voir que le but était atteint. C’est-à-dire que les gens puissent jouir et jouer en même temps parce que, dans ce livre, on peut jouer aussi. On peut, avec des enfants et des adultes, se réunir le soir et faire deviner des expressions, entre autres.

Si l’on revient à la genèse de ce projet, comment vous en est venue l’envie ?

L’envie et l’idée ne sont pas de moi au départ, pour être honnête. Elles sont de Gilbert Jouin, journaliste assez connu dans le milieu artistique, qui est habitué des mots, qui a écrit beaucoup de livres sur des scénaristes. Il avait écrit sur Johnny et, là, il vient de terminer l’histoire de TPMP. C’est quelqu’un que je connais depuis quelques années maintenant et, comme il me connait bien, il m’a dit qu’il avait une belle idée, toute simple : on prend un mot et on se rend rendu compte que, quand on rajoute ou qu’on enlève une lettre, ça donne un nouveau mot, un néologisme. Il m’a donné l’exemple du mot dépôt-vente, on ajoute une lettre et ça donne dépôt-ventre, avec la nouvelle définition de femme porteuse. Du coup, je lui en ai proposé une : banqueroute, on rajoute un « p » et ça fait banqueproute : une banque qui sent le gaz. Du coup, cela avait du sens…

Au final, on a refait tout l’alphabet, ça nous a pris un an. On a pris les mots les plus intéressants évidemment puis on s’est dit que Baffie et de Groot avaient déjà changé des définitions dans l’alphabet, du coup, pour que ce soit un peu plus original pour le lecteur, on a rajouté des rubriques supplémentaires. On est allés très très loin, on a détourné, on a créé et ça donne de nouvelles épitaphes. Ça donne aussi des chansons, des points de vue, des sketchs, il y a une lettre à Monsieur Edmond Santo contre les pesticides, il y a des mots d’enfants…Du coup, ça fait un bouquin de 288 pages. On s’était rendu compte que, si on coupait en deux, on aurait pu faire deux tomes mais on s’est dit que, par les temps des courent, il fallait être généreux, que ce serait utile et nécessaire. Ça donne un livre assez complet. Le but n’est pas forcément d’aller aux toilettes, on peut le lire n’importe où, on l’ouvre à n’importe quelle page, il n’y pas d’histoire, c’est à l’improvisation.

J’ai mon livre sous les yeux, je tombe sur « maux croisés : déclenchement simultané de différentes maladies qui oblige le patient à adopter une position horizontale ». « Une mayoniaise : sauce à l’aspect si pitoyable que l’on hésite à la consommer ». Après, il y a des maximes : « dire du mal, ça fait du bien ». « L’horreur est humaine… ». « Qui va à la DDASS perd sa race ». « Toute pine mérite sa paire ». « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle me les brise ». Oui, oui, c’est costaud… « Un glandestin : migrant assez porté sur la flemmardise ». Voilà… en fait, c’est logique. Pour conclure, si vous avez une situation où vous ne trouvez pas le mot, il est dans le bouquin.

 

Crédit photo Pascal Ito

 

On imagine que, au travers des sources d’inspiration que vous avez pu avoir, les heures d’écriture ont été très intenses, très animées et très joyeuses, pour aboutir à ce résultat aussi drôle ?

C’est le but ! Aussi bien avec « Les inconnus » qu’avec les autres personnes avec lesquelles j’ai travaillé, notamment Mathilda May, Anthony Kavanagh, Stéphane Rousseau, Pierre Palmade ou Laurent Ruquier, le but est le partage et l’amusement. Evidemment, le fait de s’amuser crée une émulation. Ce qui est paradoxal, c’est que l’on ne fait pas rire avec du bonheur mais, en faisant cette adéquation, on arrive à en rire. Par les temps qui courent, on a besoin de joie, d’ondes positives et de bonnes énergies. Parce que l’on s’est rendu compte que le rire crée des synapses, ça enlève certaines maladies, à l’inverse du stress et de la peur qui en créent. Donc, en faisant ce métier, je me sens utile.

Un volume 2 est-il déjà en cours d’écriture ou en projet ?

J’ai une autre idée, dans un autre genre, qui n’a rien à voir avec celui-ci mais qui serait plutôt dans la transmission. Je ne peux pas trop en parler parce que c’est une très bonne idéeJ. Ce serait dans la transmission, avec humour, de choses que j’ai apprises tout au long de ma vie.

Dans le livre actuel, on a balayé tout l’alphabet, j’y ai mis aussi des points de vue, des choses que je pense, c’est un peu comme un testa-« ment » de vérité. Comme à chaque fois que j’écris, je donne un avis pour éclairer un peu, en toute modestie, et surtout divertir. Tout en traversant ce livre, j’ai fouillé un petit peu et je suis tombé sur la langue des oiseaux, que je ne connaissais que de nom. J’ai rencontré une personne férue de cela et spécialiste, j’ai fouillé un peu plus le monde des oiseaux et c’était très approchant du travail que nous avons fait avec Gilbert. Aucun mot n’est anodin : sur une porte, vous avez un verrou, « vers où » et, à l’envers, ça fait « ouvert ». Le mot précieux veut dire « près des cieux ». Pour terminer, la lettre M a été écrite parce que c’est une femme qui accouche : il y a la jambe, la cuisse, la cuisse, la jambe. D’où maternel, maman, mother et ainsi de suite. Il y a une logique, la langue et les mots sont des codes, des symboles, comme dans beaucoup de choses. Savoir décrypter les choses est intéressant.

 

Crédit photo Pascal Ito

 

En parallèle, on peut continuer à vous retrouver dans « Vestiaires », le programme à succès de France 2. On imagine que c’est à chaque fois une joie de retrouver l’équipe ?

Ca fait neuf ans que je travaille avec toute l’équipe de cette série, qui existe depuis dix ans. C’est un programme qui a du sens, c’est un programme qui fait avancer la problématique du handicap. En France, on est très en retard sur l’accompagnement du handicap parce que l’on a peur de la différence, on a peur de l’autre. Mais comment peut-on reprocher à quelqu’un ce qu’il n’a pas choisi d’être ? Ces gens-là n’ont pas choisi d’être handicapés, aveugles, sourds, muets, blancs, noirs, arabes, juifs, portoricains, espagnols…En fait, cette série n’aurait pas dû exister si tout se passait bien. Si cette série existe, c’est qu’il y a un manque et qu’elle est utile. Il faut continuer à faire bouger les lignes, aussi bien sur le racisme que la différence car, en France, il y a encore des personnes qui sont susceptibles et qui ont peur de l’autre.

C’est sans doute également une fierté d’évoquer le sujet du handicap, sur une chaine du service public, à une heure de grande écoute, avec le succès d’audiences que l’on connait ?

Oui, et c’est surtout grâce à Perinne Fontaine qui était directrice de la fiction à l’époque, qui a eu les « cojones », disons-le, d’initier cette série. Je lui tire mon chapeau. Sachant aussi que Mme Macron est venue faire un sketch car, pour elle, le handicap est quelque chose d’important. Donc ça avait d’autant plus d’importance et de sens. Il y a une espèce de fierté, encore aujourd’hui, à participer à cette série. Avec, en plus, des gens qui sont adorables, gentils, créatifs. De plus en plus d’acteurs commencent à venir s’inscrire dans cette série. Il y a eu Thierry Lhermitte, Patrick Braoudé. Patrice Leconte a réalisé quelques épisodes. Cette série commence à aimanter un peu l’extérieur.

Merci, Pascal, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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