Télévision, théâtre, one-man show : Pierre Diot évoque ses différentes casquettes artistiques !
Bonjour Pierre,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pouvions vous retrouver régulièrement dans la quotidienne de France 2 « Un Si Grand Soleil », où votre personnage était rédacteur en chef du Midi Libre. Vous la quittez aujourd’hui… pour quelle raison ?
La production m’a fait part du souhait des scénaristes qui veulent développer l’histoire du personnage de Marc au sein de la rédaction. Cette histoire n’est pas compatible avec ma présence comme rédac’chef. Mais ce départ à la retraite s’est fait dans une parfaite entente avec la production et même si j’ai eu un pincement au cœur au moment de mon départ, je n’en tire aucune amertume. Oui !
Que retenez vous de ces trois années dans la série ?
Beaucoup de joie et de fierté. C’est une série où il y a d’excellents réalisateurs et réalisatrices. A chaque fois, ça se passe très très bien parce que la grande qualité de cette série est qu’ils misent beaucoup sur le jeu. Ils sont très attentifs aux actrices et aux acteurs, à la manière dont ils vont jouer et dont ils vont être filmés. Du coup, tous les réalisateurs et toutes les réalisatrices sont au top. En plus, il y a une très bonne ambiance, ils se connaissent vraiment entre eux, ils me mettent à l’aise. César Méric, mon partenaire de jeu, est devenu un ami. J’ai presque eu envie qu’on ait des enfants ensemble, qu’on parte en vacances ensemble, qu’on ait une vraie vie de couple,… J. Bon, pour l’instant, je n’ai pas encore passé le pas mais c’est pour vous dire à quel point César est devenu un vrai copain. J’ai beaucoup aimé travailler dans la vraie salle de rédaction avec les vrais journalistes. Comme les figurants… ce sont de vrais partenaires. Sur cette série, comme je suis toujours au même endroit, ils sont toujours les mêmes, du coup on est devenus potes. Tout cela fait que « Un Si Grand Soleil » a été une super expérience pour moi, c’est un moment de plaisir.
A noter également un cadre de tournage particulièrement favorable, qui aide aussi sans doute beaucoup à la qualité du rendu final…
C’est tout à fait ça ! Un tournage dépend beaucoup de la production. Si elle est bonne, ça met une super ambiance. Le deuxième élément qui aide à cette dernière est la réalisatrice ou le réalisateur. Une équipe marche quand quelqu’un dirige mais pas seulement au niveau artistique, aussi quand cette personne dirige une équipe, met à l’aise et est professionnelle. Ce qui est très agréable également, c’est que l’on a le temps de refaire des prises, ce que, normalement, on n’a pas à la télé. Là, on va faire la scène jusqu’à ce qu’elle soit réussie. Le réalisateur ne va pas lâcher l’affaire tant qu’il n’a pas ce qu’il veut. On est en fait dans des conditions de cinéma. C’est aussi l’une des grandes qualités de la série.
On a le sentiment que votre personnage aimait profondément les gens…
Oui ! Je suis un peu le père de mes journalistes. J’ai été le père de Naima Rodric, de César Méric… Quand ils ont un problème, je les comprends, je peux faire une petite réflexion mais j’excuse leur absence et leur conseille de régler leur souci.
Vous l’avez dit, le rythme de tournage est intense sur une quotidienne. Sans doute que votre parcours artistique vous aide à appréhender ces conditions ?
Oui, bien sûr. Ce qui était particulier, c’est que j’avais au moins deux semaines sur cette série pour préparer ma journée de tournage. Quand je faisais « Commissaire Maigret » il y a très longtemps, je tournais non-stop pendant trois semaines donc il fallait que j’apprenne mes scènes d’un jour sur l’autre. Idem pour la série « Marseille », où je faisais un politicien d’extrême-droite. Je suis un acteur qui a besoin de beaucoup travailler ses textes donc, sur USGS, c’était finalement assez confortable pour moi.
En complément, vous êtes monté sur scène début octobre avec deux amis comédiens pour la première de « Puisqu’il le faut ». Quels souvenirs gardez-vous de cette soirée ?
Un souvenir excellent ! Avec Patrick Paroux et Eddie Chignara, on est un peu des enfants du théâtre qui avons grandi ensemble. On se connait tellement, on est des amis. Le 6 octobre, on a pu jouer cette première, après un mois de répétitions en vase clos : la représentation s’est très bien passée. C’est la première pièce d’un jeune auteur, César Duminil, c’est quand même particulier de découvrir les réactions des gens sur une pièce que personne n’a jamais vue nulle part. C’est la magie du spectacle vivant.
En quelques mots, comment présenter cette pièce ? De quoi parle-t-elle ?
César a voulu faire une pièce sur les névroses. C’est quelqu’un de très drôle, de très fin, il aime les vannes mais il aime aussi les situations. Ce sont trois copains qui ont la soixantaine, qui vivent ensemble, qui s’engueulent en permanence et qui ont leurs névroses. Au lieu d’en faire quelque chose de sombre, César a pris le parti de, tout d’un coup, faire sortir les personnages de cette situation. Ils décident alors de faire quelque chose de complètement dingue, que l’on ne peut pas imaginer….
Vous évoquiez précédemment les réactions du public : que vous ont dit les gens à la sortie du théâtre ?
Ce qui est ressorti, c’est que c’est très bien écrit ! Ils nous ont parlé d’une pièce qui n’est pas banale, à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ils ont remarqué sa finesse. Ils nous ont aussi parlé du fait que ça joue bien entre nous. Les gens qui nous connaissaient dans la vie et qui sont venus nous voir ont remarqué la correspondance entre le rôle et la personne que l’on est. Notre amitié dans la vie a ainsi aidé à comprendre l’amitié entre les trois personnages. Enfin, les gens ont, semble-t-il, apprécié aussi notre jeu d’acteurs. On a apporté des nuances et une forme de profondeur que le public a aimées. En cela, nos parcours artistiques respectifs nous ont aidés, nous qui venons de l’école des grands auteurs.
Quelle suite aimeriez-vous donner à ce spectacle ?
Le but est évidemment de le montrer le plus possible et qu’il puisse débarquer un peu partout, pas seulement à Paris d’ailleurs. Mon envie serait même que l’on commence par jouer dans d’autres villes.
Toujours sur scène, vous avez développé un nouveau one-man show, qu’il vous tarde certainement de pouvoir reproposer au public…
Ma première au théâtre Lepic a eu lieu en mars 2020 et depuis trois ans, je ne pense qu’à ça ! Cela me rend dingue…Le confinement m’avait empêché de faire une tournée dans des théâtres amis, il y a tout un réseau de gens que j’aimerais, du coup, revoir. Maintenant, mon objectif est de m’y consacrer davantage. L’impatience est grande ! Je suis hyper fier du contenu, j’ai beaucoup bossé, le spectacle est prêt, j’ai l’impression d’avoir un petit bijoux mais qui est toujours dans sa boite, alors que son vrai écrin est un théâtre avec des spectateurs…Donc, évidemment, je vais tout faire pour le jouer en 2024 ! La visibilité aujourd’hui n’est plus celle que j’ai connue précédemment, Internet a pris le dessus en termes de moyen de communication et de publicité donc il va falloir que j’utilise prioritairement cet outil pour faire le buzz. Une équipe m’accompagne en ce sens actuellement et je vais tourner des petits sketchs pour Youtube. Espérons qu’ils plaisent…Cela m’excite beaucoup. Ce sera un bon mix entre mon travail à l’écran, lorsque des metteurs en scène me disent ce que je dois faire, et ce que j’ai toujours écrit sur scène. Tout d’un coup, je vais être face caméra à balancer un humour qui a marché sur scène…Cela va donner une nouvelle approche à mon humour, il va se développer autrement, ce dont j’ai très envie. Du coup, je me réjouis !
Pour en revenir au spectacle en lui-même, quelles situations y abordez-vous ?
Des situations qui font rire de mecs dans la difficulté. Le sujet premier du spectacle tourne autour d’un type qui se retrouve au pôle emploi en 2064 et qui passe un entretien d’embauche mais avec un ordi : un robot va l’analyser, le scanner et lui dira qu’il a perdu des points parce qu’il a bu, l’autre jour, une bière dans un bar, chose totalement interdite…. Cette histoire est un prétexte à d’autres sketchs très différents mais où, à chaque fois, des personnages se retrouvent coincés, pour une raison ou une autre. Mes personnages sont dans la loose, c’est ce qui me plait…et plait aux gens !
Merci, Pierre, pour toutes vos réponses !