Laura Charpentier nous parle de son nouveau spectacle, avec lequel elle sera sur scène au festival d'Avignon !
Bonjour Laura,
Quelle joie d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Vous serez sur scène, en juillet prochain, au festival d’Avignon avec le spectacle « Jean Harlow, confessions d’un ange blond ». A titre personnel, on imagine sans doute le plaisir que cela doit être pour vous de renouveler, cette année encore, l’expérience de ce festival ?
Oui ! Votre question est intéressante parce qu’Avignon est une vraie dualité. Il y a le bonheur d’aller jouer un spectacle, de le présenter, d’être au milieu de tous les autres et d’en découvrir d’autres et il y a aussi le côté fatiguant, à flyer toute la journée et à essayer de séduire le public pour le faire venir.
Mais le festival Off d’Avignon c’est avant tout une fête ! Celle du théâtre ! On le fête pendant trois semaines avec les spectateurs mais aussi avec les copains du métier ! Car c’est ça aussi Avignon : retrouver beaucoup de monde. La ville est petite et il y a autant de comédiens que de spectateurs dans les rues !
Avec vos mots, comment présenteriez-vous votre spectacle ?
A travers une interview, dans laquelle je lui prête mes traits, nous racontons la vie de Jean Harlow. Elle s’appelait, en réalité, Harlean Carpenter, elle a pris le nom de sa mère pour commencer sa carrière au cinéma, ne pensant y faire, qu’un passage éclair.
Dans une première partie, on parle de son enfance puis de sa carrière dans une deuxième. Elle est morte à 26 ans, sa carrière fut rapide mais intense, elle a tourné, je crois, une quarantaine de films. On balaie donc sa vie…Tout est intéressant, dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle et on a dû faire des choix, encore plus pour Avignon où la durée du spectacle est particulièrement challengée.
Je dirais que c’est une tragicomédie docu-fiction, on y apprend beaucoup de choses sur sa vie, on raconte sa vie, à travers ses mots à elle. On passe par des moments de comédie mais aussi par des moments de drame. Elle qui a vécu des moments compliqués voir très durs dans sa vie. Par exemple, son beau-père était très malsain avec elle, sa mère était invasive et certains des hommes qu’elle a fréquentés n’ont pas toujours été très tendres.
Au moment de vous approprier, quelques mois en arrière, ce personnage, avez-vous eu une méthodologie particulière de préparation et de curiosité pour savoir plus précisément qui elle était ? Avez-vous regardé certains de ses films ?
Il existe très peu de choses sur Jean Harlow, en vérité. Il n’y a que peu de reportages ou de bibliographies. Plein d’éléments de sa vie sont racontés de manière différente à chaque fois. Terry, l’auteur et metteur en scène a dû faire un choix parmi tout ce que l’on raconte sur elle. Un film avait été fait avec Carroll Baker sur sa vie, chose dont nous avons parlé en participant au podcast « Les bobines » consacré à Jean Harlow. J’ai aussi pu voir 3 films de Jean, « Les invités de 8 heures », « Les anges de l’enfer » et « Red dust ». Pour les autres, je n’ai trouvé que des extraits.
Concernant mon inspiration, je suis aussi partie de moi, tout en essayant de trouver le naturel possible avec moi, mon corps et le sien. J’ai beaucoup cherché dans sa gestuelle. C’est une comédienne qui parlait extrêmement vite et c’est quelque chose dans lequel je me sens à l’aise ayant moi-même un débit rapide. Aussi, dans sa corporalité, elle avait quelque chose d’intéressant, très différent de Marylin Monroe, qu’elle a beaucoup inspirée d’ailleurs : contrairement à elle, elle n’était pas langoureuse ni dans la séduction corporelle. Autant sur les photos, elle était très sexy en blonde platine, autant quand on la voyait jouer, elle marchait un peu comme un petit cocker. C’est drôle et je m’en suis beaucoup inspiré pour le personnage. Quand on voit son jeu, beaucoup décrié par les critiques à l’époque, je le trouve pour ma part très moderne, très contemporain. C’était une femme pleine de liberté et de légèreté.
Donc, dans le travail, je dirais que j’ai regardé des films, que j’ai lu ce que j’ai pu trouver et qui n’était pas énorme, que, surtout, je me suis inspirée de sa corporalité dans ses films. C’est cela que j’ai beaucoup travaillé !
Artistiquement parlant, ce personnage doit sans doute être plaisant pour vous à interpréter ?
Personnellement, en tant qu’actrice, c’est un bonheur et un sacré défi d’avoir à jouer une personnalité comme Jean Harlow ! Et il y a ce défi avec ce texte de devoir de passer d’un état à un autre. C’est hyper intéressant, c’est une partition dans laquelle je m’amuse énormément. Même ces moments de drame me donnent énormément de jeu, au sens de jouer et de s’amuser.
Bizarrement, moi qui adore travailler en troupe, je m’éclate seule sur scène. Mais, en fait, comme c’est une interview, le 4è mur n’existe pas, je suis en permanence en lien avec le public, je parle vraiment aux gens, je suis en dialogue en permanence. C’est agréable parce que je ne me sens pas isolée.
Quels principaux retours aviez-vous pu avoir lors des premières représentations d’avant festival ?
Les gens, honnêtement, souvent, ne connaissent pas Jean Harlow et sont ravis de la découvrir. Régulièrement, les gens me disent avoir ensuite l’envie de découvrir ses films. C’est top, je me dis que c’est « mission accomplie ». La deuxième chose qui revient est l’émotion naissante à la fin, avec pas mal de frissons. Je n’en dis pas plus mais c’est un chouette moment, où je parle même un peu de moi directement…
A quelques jours du début du festival, que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle édition ?
Je vais être très originale : beaucoup de succès, que le public soit au rendez-vous, que ce spectacle soit vu par un maximum de gens, qu’il soit partagé, que beaucoup de dates se vendent. C’est un spectacle que j’adore jouer. Il y en a qui se veulent essentiels, ce n’est très clairement pas le cas de celui-ci mais, en revanche, c’est un spectacle qui apprend des choses sur une femme encore inconnue. Je trouve que c’est intéressant de la faire connaitre aux gens, pour les férus de cinéma mais pas que. Je pense que c’est un moment intime de partage avec le public que j’ai envie de prolonger dans le temps.
Je vous invite également à découvrir, au festival, le spectacle "Air", de Guillaume Loublier, dont j'assure la mise en scène :).
Merci, Laura, pour toutes vos réponses !
Retrouvez le podcast "Les bobines" sur le lien ci-dessous :
Et l'interview Ciné+ :
https://vimeo.com/805940551