Pass Ligue 1 sur Prime Video, US Open de tennis sur Eurosport : Frédéric Verdier évoque sa belle actualité sportive !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Frédéric,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Il y a quelques jours a débuté l’aventure Prime Video avec sa chaine Pass Ligue 1. On imagine le plaisir et la joie que ce doit être, pour vous, d’y participer dès son lancement ?

Oui, oui, un immense plaisir, bien sûr ! C’est toujours très très excitant d’être au départ d’une aventure, en plus celle-ci a des côtés quand même très nouveau, avec un côté 2.0 voire 3.0. On ne travaille pas pour une chaine de télévision classique, on travaille pour un service de vidéo à la demande, surtout notre bureau, c’est le stade. On est vraiment dans les stades, il n’y a pas tellement de studios, il n’y a pas de cabine, tout se fait sur place, au plus près des acteurs ! Donc, là, c’est quand même un grand plaisir. J’ai toujours été fasciné par les ambiances de stade…là, pouvoir arriver trois heures avant et bien préparer tout le dispositif est agréable.

Ce qu’il y a de très bien, c’est que la volonté de Prime Video est de traiter tous les matchs de la même manière. Rien n’est fait à la va-vite, tous les matchs sont traités à l’identique, avec le même respect et la même envie. Celui qui se connecte ou celui qui veut regarder tel match reçoit la même qualité que pour un sommet du championnat qu’il y a eu ou qu’il va y avoir. C’est quand même ambitieux je trouve.

Lors de la J1, vous aviez eu la chance d’aller à Geoffroy-Guichard, un stade mythique avec une ambiance retrouvée, au travers du retour du public…

C’était une ambiance énorme. Combien de stades avez-vous où le public est là une heure avant ? Il y avait quand même plus de 20 000 personnes, ce n’était pas forcément attendu. Les Magic Fans ont mis une ambiance absolument incroyable, il y avait énormément de tifos et de chants. Je n’ai pas hésité à me taire à certains moments pour laisser apprécier cette ambiance. On a attendu 18 mois des ambiances comme cela. Là, il ne fallait surtout pas bouder son plaisir, il ne fallait pas avoir peur du silence, il ne fallait pas hésiter à écouter, à être en communion nous aussi. Peu nous importait, évidemment, que Saint-Etienne ou Lorient gagne, en revanche, nous importaient l’ambiance et cette flamme que l’on a pu retrouver. On a vraiment été servis.

Ce week-end, vous étiez cette fois-ci avec Benjamin Nivet aux commentaires, après Jérôme Alonzo la première fois. Les duos à l’antenne varient donc selon les journées ?

Ca dépend ! Il y a quand même une équipe de consultants, ils sont une dizaine. Il est très possible que ça varie, que ça tourne beaucoup. En tout cas, ça a été un grand plaisir de collaborer avec Jérôme Alonzo sur la J1, que je ne connaissais pas, ça a été un très très bon moment à l’antenne et hors antenne, vraiment. Idem pour Benjamin pour la J2.

En termes de méthodologie de préparation d’avant rencontre, comment fonctionnez-vous ?

Je commence par me pencher sur les effectifs, surtout en début de saison. Je m’intéresse aux nouveaux joueurs comme aux anciens, je regarde les forums, je regarde les sites de supporters de chacun des deux clubs. Je regarde aussi, même si je le connais, le bilan de chaque club sur la saison écoulée et les jugements faits. Après, je me projette plus sur la préparation. Surtout, j’appelle les deux entraineurs, c’est très important pour moi. J’aime bien avoir une espèce de prise de température, qu’ils me disent comment ils sentent les choses, qu’ils me parlent un peu de leurs joueurs. Si c’est off, ça reste pour moi, ça n’a pas vocation à sortir mais j’ai eu l’info et j’en tiens compte. Ça me nourrit, c’est bien, ça va m’aider à orienter mes commentaires. Je leur demande aussi des choses sur la qualité uniquement terrain de certains joueurs, sur les forces en présences, les meilleurs techniciens,…Toutes les infos que j’ai pu noter sur par exemple six feuilles doivent, ensuite, tenir sur une seule, avec vraiment les éléments nécessaires de chaque club. Sans oublier la grande feuille en carton avec la position des joueurs sur le terrain, pleine de post-its.

Bien sûr, il y a eu aussi discussion avec le consultant et également par whatsapp avec tous ceux qui participent au match. Discussion également avec le présentateur avant, ainsi qu’avec le journaliste terrain. De toute façon, on se voit, avec le chef d’édition et les trois précités, le matin du match pour regarder le conducteur de l’émission.

 

 

Au stade, la reconnaissance terrain est-elle l’occasion de saluer des joueurs notamment et d’échanger avec eux ?

En tout cas, on arrive au stade deux à trois heures avant, on est là pour la réunion à H-2 avec le délégué de la ligue et le but est vraiment de ne plus avoir rien à faire qu’autre que de parler avec les gens. C’est en tout cas mon but. Si j’ai encore des choses à faire, ce n’est pas bon, il ne faut pas que ça arrive, je dois être les mains dans les poches pendant une heure et demie pour parler avec les gens des clubs, présidents, intendants, que sais-je…C’est passionnant, c’est pour cela que l’on vient sur place, c’est toujours beaucoup mieux en termes d’informations et d’ambiance, on fait corps avec le match. Si vous êtes devant votre écran, vous êtes pratiquement à égalité avec certains téléspectateurs…Si vous voulez leur apporter quelque chose, en plus de l’émotion et de l’éloquence, il faut, je trouve, avoir cette capacité d’aller chercher l’information à la source. Etre sur place est irremplaçable.

Quels premiers retours avez-vous pu avoir des débuts de la chaine Pass Ligue 1 sur Prime Vidéo ?

Globalement, les retours nous semblent positifs et encourageants. On est déjà très contents d’avoir pu mettre à l’antenne d’aussi nombreux matchs en aussi peu de temps, c’était un énorme défi. On a fait une belle émission autour de Marina Lorenzo, « Dimanche Soir Football ». On sait très bien aussi que l’on va continuer à travailler et à s’améliorer. On est très contents d’avoir la Ligue 1, de travailler autour mais on sait que l’on a une responsabilité, on a envie de la valoriser, on a envie de montrer à quel point c’est un beau championnat… et ce n’est pas l’annonce récente de l’arrivée de Messi qui va nous faire penser le contraire.

Justement, au-delà d’un PSG favori, à quoi peut-on s’attendre, selon vous, pour cette nouvelle saison, sans doute différente de la précédente, notamment via le retour du public dans les stades ?

Saint-Etienne avait de grandes difficultés à domicile la saison dernière, l’équipe avait perdu huit fois, ce qui ne lui était jamais arrivé, c’était sans doute lié à l’absence de public. On ne me fera pas croire que, avec un chaudron à 20 000 ou 30 000 de moyenne, ils auraient perdu huit fois. Je pense qu’il y aura moins de matchs inexplicables, de grosses surprises. Ce n’est pas pour ça qu’il n’y aura pas une grosse surprise au final, avec un club que l’on n’attendait pas aussi haut et qui finira troisième ou quatrième. Ça arrive chaque année et ça peut encore arriver, bien sûr, cette saison. Je trouve ça, pratiquement comme à chaque fois, très ouvert, exceptée la première place. Pour celle-ci, je pense que l’on sera au spectacle, ce n’est pas plus mal. Paris n’avait pas gagné l’année dernière et, en général, ils corrigent le tir. Avec le recrutement stratosphérique qui a été fait, je ne vois pas comment ça pourrait leur échapper. Au-delà, c’est, je trouve, une chance phénoménale d’avoir pareille constellation dans notre championnat. Je ne vois rien de négatif que le suspense soit un peu érodé. Ils ont déjà gagné avec des équipes moins costauds et, là, on a une dimension de rêve, qui est fantastique.

En parallèle, on pourra vous retrouver prochainement aux commentaires, sur Eurosport, de l’US Open de Tennis, un autre sport qui est une vraie passion pour vous…

Oh oui ! J’adore les deux, vraiment, foot et tennis. Ils ont leurs spécifiés l’un l’autre, c’est un grand privilège de pouvoir faire les deux et de pouvoir jongler. On s’aperçoit que ce sont deux matières de commenter qui sont très différentes. Dans le tennis, il y a beaucoup de temps faibles, beaucoup de silences, il ne faut pas avoir peur du silence et, en même temps, il faut essayer de comprendre ce qui se passe, il faut savoir quand parler et quand vous le faites, il faut être capable de dire des choses pertinentes, sinon drôles ou intéressantes. Il faut apporter quelque chose. Dans des matchs fantastiques, je trouve que les gens n’ont pas forcément besoin de l’accompagnement du journaliste. On accompagne comme on peut, vous êtes comme au spectacle et le but n’est pas de piquer la vedette aux joueurs. A l’inverse, dans des rencontres plus longues ou d’un intérêt douteux, il faut surtout ne pas être ennuyeux. Si vous êtes un peu soporifique, le téléspectateur le sera aussi et zappera.

La durée n’est jamais connue, contrairement au football. Sur cette heure et demie, il faut tout donner, c’est une espèce de sprint, le silence est rare. C’est un flux tendu, continu avec une voix un peu plus pêchue, avec un peu plus de fermeté et d’enthousiasme.

En termes d’approche pour préparer la rencontre, on imagine qu’il y a quand même pas mal de différences, en lien notamment avec la fréquence des matchs ?

Oui, tout à fait. J’ai de toute façon un petit cahier avec une cinquantaine de joueurs et joueuses que je sais être amené à commenter plus que d’autres. Quand je fais un joueur pour la cinquième fois de l’année, j’ai mon cahier avec moi, je le regarde, je regarde les derniers résultats, les contextes. Surtout, je m’intéresse au tournoi, au tour, aux conditions météo, je regarde s’il a joué avant ou pas, je m’intéresse à ses adversaires… Si c’est fait efficacement, cette préparation-là ne prend que vingt minutes. Après, on peut aussi varier en préparant son introduction. On peut noter certaines phrases que l’on estime importantes à ne pas oublier. C’est surtout une concentration à avoir sur le moment, pendant le match, il faut être concentré sur la rencontre, sur ses petits détails et sur votre binôme. C’est très souvent commenté à deux et, évidemment, si vous vous contentez de jacasser en solitaire, c’est épouvantable. Il faut écouter l’autre.

Au foot, la frontière est plus facile, d’une certaine matière. Les rôles sont tellement bien définis de façon historique qu’il est très très rare que je me fasse couper la parole par un consultant ou que j’estime que ce dernier est tellement absent que je doive aller le chercher. Au tennis, l’intensité n’est pas la même et il y a un facteur temps qui fait que l’on ne sait pas précisément quand la rencontre se terminera à coup sûr. On ne maitrise pas le timing. Il faut aimer ce métier, c’est important pour jongler personnellement avec les rebondissements possibles. Il est important de penser au match, il faut être dedans et ne pas penser à des choses parasites.

 

 

Concernant l’US Open, on imagine le dispositif assez classique sur les antennes d’Eurosport et sur l’appli ?

Oui, toujours un maximum de courts, on aura accès à la plupart des terrains de Flushing Meadows, deux chaines dédiées bien évidemment. Ce à quoi on a eu la chance de pouvoir s’habituer sur Eurosport. Sans oublier l’ensemble des matchs à suivre sur l’appli Eurosport.

On peut penser que, à titre plus personnel, vous devrez adapter votre rythme de vie aux horaires de ces matchs aux Etats-Unis ?

Oui, oui, oui mais on s’y fait très bien. D’habitude, on s’y fait sur place. Cette année, comme l’an dernier, nous commenterons depuis Paris pour des raisons sanitaires. C’est, à la fois, plus difficile et plus facile parce que l’on est dans sa ville, à quelques minutes de chez soi. Mais, bien sûr, on n’est pas à l’intérieur du tournoi, on aura moins d’informations, on n’aura pas la tessiture du tournoi, on ne ressentira pas les choses. Quand on est à New-York, on s’aperçoit de phénomènes que l’on ne peut pas du tout voir à l’image, notamment l’humidité écrasante et la chaleur. Il y a alors une espèce de moiteur, avec un effet incroyable. Jouer ainsi au tennis pendant plusieurs heures n’est pas humain. Pour cela, c’est fabuleux d’être sur place, on peut comme cela avoir cette information. Ce qui nous permet d’être magnanimes, on a les clés pour comprendre des défaillances. Bien sûr, à Paris, via l’appli, on a l’info mais le ressenti n’est pas là. On part sur autre chose dans les commentaires, on est plus dans l’émotion, dans la complicité avec le consultant, dans le ping-pong sur les courts, il y a toujours de quoi s’amuser évidemment.

Pour terminer, quels sont vos favoris pour cette édition 2021 ?

On guette tous Djokovic, il a été forfait à Cincinnati et à Toronto, il n’a finalement pas été très bon à Tokyo, où on l’a senti un peu sur la jante. C’est le grand chelem qui se joue, quelque chose que ni Federer ni Nadal n’ont fait. On sait bien que ce qui les fait bouger et courir, c’est cette lutte à trois pour être le meilleur de tous les temps. Bien évidemment que tout le monde va regarder ça et va y penser. Je n’ai pas d’avis, je ne pronostique quasiment jamais. Qui est-on pour savoir à l’avance comment vont se comporter les joueurs, quand bien même on serait à l’entrainement tous les jours ? Chaque joueur peut tomber sur plus fort, sur quelqu’un qui gagne moins de points mais qui remporte le match. Djokovic n’est pas à l’abri de cela non plus. Il a une marge sur 80% des joueurs du circuit, on peut penser qu’il est à l’abri d’une grosse sortie de route, encore faudra-t-il quand même regarder le tableau. Mais c’est bien lui que l’on va suivre en premier. En espérant que Nadal soit à 100%. N’oublions pas que la nouvelle génération pourrait largement mettre son grain de sable. Tout cela nous donne assez envie.

Chez les filles, voyons si l’espèce de bonneteau va continuer, où on se passe le spectre de main en main. Qui va profiter de l’occasion cette fois-ci ? Y aura-t-il enfin une confirmation ? Osaka, la reine du dur, va-t-elle être capable de poursuivre après son énorme burn out ? C’est elle la favorite, si elle est d’attaque. Pour les autres, c’est très ouvert et ça fait très envie.

Merci, Frédéric, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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