Katia Miran évoque la pièce qu'elle joue actuellement au théâtre Montparnasse, Le bar de l'oriental !
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Bonjour Katia,
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !
Vous êtes actuellement sur scène, au théâtre Montparnasse, dans la pièce « Le bar de l’oriental ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oh oui ! Pour un comédien, pouvoir jouer est presque un soulagement donc oui, c’est très heureux ! C’est exigeant aussi mais je pense que c’est le cas quel que soit le projet. Nous sommes une belle équipe, tout se passe bien entre nous. Comme la pièce est exigeante, il y a une dynamique qui fait que, tous les soirs, tout le monde est très concentré. « Le Bar de l'Oriental » n’est pas une pièce où au bout de 15 représentations, on peut se dire que l’on est rodé. Il faut se montrer attentif chaque soir.
Avec vos mots mais sans tout en dévoiler, comment présenter cette pièce ? De quoi parle-t-elle ?
L'histoire se passe dans une colonie française en Indochine dans les années 50, au moment où le Viet Minh va passer à l’offensive. Tout le monde s'attend à une invasion et les français ont peur pour leur vie. Les personnages ont conscience que c'est le dernier moment de calme avant la tempête. Tout est électrique et les passions se déchaînent.
Quel personnage y interprétez-vous ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Je suis Marianne, la jeune sœur de Dorothée, le personnage central de l'histoire. Je pense que, quand l’auteur a écrit sa pièce, il a entre autres cherché à parler des différentes personnalités, des différentes problématiques que l'on pouvait rencontrer chez les français d'Indochine. Avec le personnage de Marianne, il aborde la question de l'ennui colonial. C'est un personnage presque tchékhovien. Contrairement à sa sœur, Dorothée, qui aime profondément le Vietnam, Marianne ne rêve que d'une chose : partir ! Mais elle ne sait pas trop comment faire… La pièce se déroule dans les années 50 donc il faudrait qu'elle se trouve un mari mais on comprend vite que ce n'est pas chose facile. On la sent perdue et c'est, pour moi, ce qui la rend touchante.
Marianne vous permet ainsi une palette de jeu plutôt large et variée, ce qui doit être très plaisant…
J’avoue que je suis parfois un peu stressée ; j’essaie de faire au mieux, de répondre aux exigences de la pièce et de son metteur en scène... Donc, parfois, comme je me mets trop de pression, la dimension 'agréable' est un peu annihilée. Mais on a suffisamment joué notre 'Bar de l'Oriental' pour qu'elle revienne. Comme on joue depuis le mois de février, j'arrive maintenant à profiter des sinuosités du personnage. D’une scène à l’autre, j’ai des choses assez différentes à jouer , il faut passer rapidement d'un état à l'autre et c'est ce changement qui est particulièrement jouissif pour un acteur.
Quels principaux retours pouvez-vous avoir du public, à l’issue des représentations ?
On a de superbes lumières, une scénographie et des ambiances sonores très réussies. Les spectateurs se retrouvent plongés dans l’Indochine de l’époque et dans ce climat moite de pré-mousson. Ce dépaysement plait beaucoup : les gens embarquent pour un voyage !
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Au moment de vous glisser dans la peau du personnage, vous étiez-vous (re)plongée dans certains documents explicatifs du contexte de l’époque ? Ou, à l’inverse, avez-vous préféré garder une certaine distance, pour encore plus de fraicheur artistique ?
On avait un metteur en scène très renseigné sur le contexte historique donc on a eu la chance d’avoir des informations claires et précises sur ce qui se passe avant et pendant la pièce, notamment sur les offensives militaires, sur ce qu’elles induisaient et pouvaient représenter pour les gens que l'on allait interpréter. Le gros du travail de contextualisation a donc été fait pendant les répétitions. J’ai aussi relu « Un barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras: c'était important pour toucher au fameux ennui colonial ...
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure théâtrale ?
Que le public continue de venir nombreux ! Et d’arriver à garder la bonne énergie sur le plateau. Avec une pièce où il y a la mort au bout du chemin, on ne peut pas se permettre de relâcher la tension. Chaque comédien se retrouve dans des états qui n'ont rien d'anodins ni de quotidiens pour des gens qui ne vivent pas dans un pays en guerre. Notre défi est de 'nourrir' ces états soir après soir avec le plus de sincérité possible.
En complément, vous serez à nouveau sur scène, à partir de septembre prochain, juste à côté, au Petit Montparnasse…
J’aime beaucoup ce théâtre ! J’y ai joué il y a plusieurs années. Sa directrice Myriam Feune de Colombi, qui est maintenant décédée, a fait confiance à la toute jeune comédienne que j'étais. Que ce soient les équipes techniques ou celles de l’administration, ce sont des gens que j’aime vraiment beaucoup, c’est une joie de les retrouver dès juin pour les premières répétitions ! La pièce est complètement différente de celle du 'Bar de l'Oriental », ce sera un vrai changement d’ambiance, ce qui est toujours intéressant à faire, avec de nouveaux partenaires et une nouvelle metteur en scène... C'est une grande chance d’avoir des choses diverses à défendre et d’être aussi bien entourée !
Merci, Katia, pour toutes vos réponses !