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theatre

Festival d'Avignon 2024 : Charlotte Adrien nous parle de ses différentes actualités sur place !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Charlotte,

Quel plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle interview !

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 20h, au théâtre du balcon, dans « Le Fossé ». On imagine sans doute la joie que ce doit être d’être ici ?

Le mot joie est plutôt bien choisi ! Quand on travaille au théâtre du balcon, c’est déjà un tapis de joie annoncée. C’est super d’être dans une maison si confortable et joyeuse ! C’est une chance que je mesure. Je suis très heureuse.

Comment présenteriez-vous cette pièce, ainsi que votre personnage ?

C’est une farce burlesque. C’est l’histoire de gens qui creusent mais qui ne savent pas pourquoi ils creusent. C’est absurde et complètement délirant… Et mon personnage est quelque part entre le clown et la militante !

On est une joyeuse équipe, on est 5 au plateau et c’est drôle ! On a tous des personnages qui sont un peu des archétypes sociétaux, on se moque de nous-mêmes et c’est assez jouissif.

 

 

Dans la foulée, dans le même lieu, à 21h 45, vous accompagnez la mise en scène du spectacle « Tu connais la chanson ? »

Oui, c’est un projet musical, Louis Caratini est auteur compositeur interprète, musicien et comédien. Et le spectacle s’est construit avec toutes ses compétences entremêlées, et sa capacité incroyable d’improvisation avec le public. L’année dernière, on était dans une petite salle, on faisait tout à deux, et la magie d’Avignon a opéré… Les pros qui sont venus ont tous acheté le spectacle, ce qui est improbable ! Erwan Rodary, le producteur de Guillaume Meurice, est venu nous voir sans qu’on ne le sache avec Marjory Ménager, et aujourd’hui on travaille avec eux, et on fait le Festival d’Avignon au Théâtre du Balcon sur un piano à queue !! On est hyper heureux.

C’est un projet atypique assez malin. Un solo qui commence par un concert où il faut retrouver les auteurs et les autrices des chansons. Comme une épopée francophone, pour faire entendre la langue autrement. Et tout le long du concert, Louis renverse des concepts mine de rien, ou détourne des aprioris qu’on pourrait avoir… C’est drôle, et disons… malicieux ! On réunit les gens, et on fait des grand-écarts entre les cultures, pour créer du collectif.

Quels principaux retours du public avez-vous ?

Les gens sortent avec beaucoup d’énergie. Je crois que le projet les rend actifs, le fait de devoir trouver les réponses, ça réactive chez eux des zones de mémoire parfois lointaines… La plupart sont touchés, beaucoup sont très admiratifs de la performance de Louis.

 

 

Le 20 juillet prochain, à la veille de la fin du festival, vous proposerez un autre spectacle, pleinement musical …

Oui, je propose mon projet de musiques actuelles, « Cardinale », c’est de la Chanson-poésie-électro-pop-chamanique. Un concert qui entremêle de la poésie avec des textures sonores, ça laisse une grande place à l’imaginaire. Une langue se déploie, et parle des profondeurs, des voix intérieures, de l’invisible, de la connexion avec ce qui nous dépasse, de tout ce qui nous empêche, de comment on reprend le pouvoir. On a la chance d’être accueillis au Délirium, monument du festival d’Avignon ! C’est un endroit de nuit, où les gens viennent faire la fête. Un lieu parfois transgressif, qui accueille des propositions artistiques assez radicales. Je suis hyper heureuse d’avoir été invitée là-bas !

Pour terminer, vous préparez également un nouveau projet…

J’ai écrit et mis en scène une pièce qui s’appelle « Turbulences ». C’est une fiction qui se passe dans une radio, le journaliste qui doit interviewer le premier ministre est en retard…Le réalisateur, complètement dépassé par les évènements, demande à l’artiste musicale de commencer à présenter le début de l’émission pour faire patienter. L’artiste musicale se prend au jeu mais elle est maladroite, et du coup tout se met à déraper. A travers cette fiction, je m’amuse avec notre rapport au temps, notre rapport à l’efficacité, à la pression du résultat. On pousse certaines situations jusqu’à l’absurde, c’est très ludique.  

Merci, Charlotte, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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Festival d'Avignon 2024 : Interview avec Mathilde, Marie et Marie pour parler de la pièce "Sortez-moi de là !"

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Marie B, bonjour Mathilde et bonjour Marie R,

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à quelques questions !

Vous jouez actuellement, au festival d’Avignon, la pièce « Sortez-moi de là ! », à 17h, au théâtre Notre-Dame. Comment se sont passées les premières journées ? Quel accueil vous a réservé le public ?

Mathilde : Cela s’est très bien passé ! J’avoue que l’on avait un peu peur parce que c’est notre premier festival donc on ne sait jamais à quoi s’attendre. On vient de créer la troupe, la pièce vient d’être écrite, personne ne nous connaissait vraiment donc c’était un coup de poker. On est habillées avec des couleurs pétantes, on est énergiques donc on espérait attirer les foules et, mine de rien, ça marche, les retours sont bons, la salle est remplie donc on est un petit peu sur un nuage. On espère que ça va durer jusqu’à la fin du festival et au-delà évidemment.

Marie B : Ce qu’il faut savoir, c’est que l’on a fait quelques dates parisiennes avant de venir à Avignon, pour se roder un peu et avoir des premiers retours du public. On a toutes pu jouer deux fois, on a eu de très bons retours, on a modifié des choses en prévision d’Avignon mais on avait cette chance d’avoir nos proches et un public déjà acquis quand même donc c’est vrai qu’on avait un peu plus peur en arrivant à Avignon. J’avais fait plusieurs fois le festival mais c’est mon premier en tant que comédienne, j’avais rencontré beaucoup de compagnies et on sait à quel point ce festival peut être compliqué…On peut jouer devant des salles quasiment vides : psychologiquement, on y croyait mais il fallait quand même se préparer à cela. C’est vrai que, pour l’instant, l’accueil est même au-delà de nos espérances, personne ne nous connait, on arrive avec un spectacle créé il y a moins d’un an mais on voit que le fait d’y croire et de s’investir autant motive les gens. Cela plait, les premiers retours sont positifs, cela promet pour la suite du festival et, effectivement, au-delà on l’espère.

Marie R : Je vais rajouter que l’on est très très copines dans la vie et je pense que les gens le ressentent. On nous dit souvent que, au-delà de la pièce, du jeu, de l’écriture et de la mise scène, c’est le côté humain qui ressort de ce spectacle. Cela se passe très bien entre nous, je pense qu’il y a un vrai truc de sororité. Je crois que ça plait parce qu’on est très copines et qu’on s’aime très fort, les gens captent notre énergie. On est toutes ultra motivées, pour beaucoup d’entre nous faire le festival d’Avignon était un peu un rêve donc on essaie de communiquer notre joie aux gens, ça a l’air de plutôt bien marcher pour l’instant donc c’est chouette !

 

 

La distribution est alternante, ce qui nécessite de nombreux échanges et une belle interaction entre vous…

Marie B : En fait, on a toujours travaillé ensemble, c’est quelque chose qui nous tenait à cœur parce qu’on est deux par rôles mais que l’on n’est pas deux casts définis. On peut jouer avec les unes et les autres tout le temps donc il fallait quand même que l’on ait une base, même si, évidemment, on n’a pas les mêmes énergies et que nos personnages sont un peu différents. Au niveau de la mise en scène, surtout en comédie, il faut que ce soit très carré, que l’on ait les mêmes tops pour, si on switche, garder le même spectacle. Pendant toutes les répétitions, on travaillait ensemble, on observait l’autre et je pense que l’on a essayé de s’appuyer les unes sur les autres. J’observe beaucoup Clara pour m’enrichir de ce qu’elle apporte au personnage et pour construire aussi avec ce qu’elle propose. C’est super enrichissant pour notre jeu à toutes ! L’alternance permet de se surprendre, de s’écouter et je pense que c’est un plus !

Marie R : Ce qui est chouette, c’est que, sur les 6, il y en a 2 qui ont écrit et fait la mise en scène mais qu’elles nous ont laissé de la place. On vient toutes aux représentations, on prend des notes, on se fait des retours, ce n’est pas uniquement la charge des autrices et metteuses en scène. Tout le monde donne son avis et, effectivement, le fait d’être en double distribution m’a fait comprendre que des choses marchent chez Eléa mais pas chez moi, et inversement, du coup on essaie de ne pas se copier mais de juste prendre ce qui fonctionne. En tout cas, tout le monde a sa place, c’est chouette !

Mathilde : Et puis il y a le côté pratique qu’elles soient deux à avoir écrit et à mettre en scène : dans un premier temps, sur toutes les répétitions parisiennes, il y avait toujours une qui s’entrainait au plateau et l’autre qui pouvait apporter un regard extérieur. Même si elles ont lancé toutes les idées, tout le monde a ensuite pu apporter sa pierre à l’édifice. Les répétitions à 6 sont cools, elles se sont très bien passées, c’est effectivement enrichissant de voir d’un point de vue extérieur la pièce que l’on est en train de monter. Cela permet de suivre les avancées, c’est une superbe méthodologie de travail !

Marie R : Sans nous jeter des fleurs, on est des bosseuses toutes les 6, on est très perfectionnistes, on pinaille sur des détails mais qui font la différence. La comédie est quelque chose d’ultra millimétré, on essaie du coup d’être toutes très pointilleuses. Donc être à 6 cerveaux est pas mal pour tous les petits détails !

 

 

Sans doute aussi que, au fur et à mesure des représentations, vous continuez à affiner et à peaufiner votre jeu et le spectacle ?

Marie B : Bien sûr ! Il y a, dès fois, des propositions faites sur scène et des petits détails où on se dit que c’est génial et que l’on garde pour les prochaines représentations. Et vice et versa…

Mathilde : On s’adapte aussi aux rires : en s’entrainant, on n’avait pas les personnes en face dans le public donc on prend l’habitude de ne pas enchainer trop vite les phrases à ce moment-là. Il faut simplement faire attention au timing imposé entre deux interventions de la voix-off : il y a quelques jours, on s’est faites surprendre par la longueur des rires et on a été coupées dans nos paroles. En tout cas, ces rires sont des bons signes et il faut s’y fier pour continuer à améliorer la pièce.

Marie B : En parlant du double cast, il y a, c’est vrai, des combinaisons que l’on n’a encore jamais testées donc, là, Avignon est l’occasion d’expérimenter de nouveaux trios. Forcément, ça change des choses dans l’énergie des personnages. Je pense que ce festival va être très formateur et qu’il va nous aider à avoir la meilleure version possible du spectacle à la fin.

Avez-vous eu des sources plus personnelles d’inspiration au moment de vous glisser pour la première fois dans la peau de votre personnage ?

Mathilde : J’avoue que je suis très proche de mon rôle, je me suis donc inspirée de moments personnels. J’avais aussi en tête tous les personnages cassants que l’on peut connaitre. Pour ce genre de rôle, il y a beaucoup d’inspirations possibles mais, parfois, j’y pensais tellement que j’en devenais trop froide et j’en perdais un peu le côté moqueur du chat qui joue avec la souris. Donc je suis revenue un peu plus à un amusement…

Marie B : Je suis aussi assez proche de mon personnage, c’est moi qui ai co-écrit la pièce avec Eléa, cela a été assez évident, même dès la première version, que j’allais me retrouver sur le rôle d’Emilie. C’est le personnage le plus normal des trois, le moins caricatural on va dire, avec ce côté qui veut faire plaisir à tout le monde, qui a peur du conflit, qui veut bien faire mais elle a quand même son caractère, elle est surprenante sur plein de choses, ce n’est pas juste une victime. Donc cela n’a pas été très compliqué de me glisser dans le rôle. Surtout que, en ayant écrit le texte, on crée un lien avec chaque personnage, on a une vraie d’image de chacun d’entre eux, on imagine leur passé et leurs caractéristiques, on avait une vision très précise de qui était chacun donc on avait un petit avantage pour l’interprétation.

Marie R : A la base, Clémentine n’était pas forcément le personnage que je devais faire et, au final, je ne pensais pas trop être capable de jouer un tel personnage, très sensible. Je crois que c’est ça qui revient un peu avec Clémentine, la mienne est vraiment sous Xanax, elle va mal, un rien peut la faire vaciller. Je la vois comme une intello un peu au bord de la crise de nerfs et je me suis pas mal retrouvée en elle, finalement. Elle est très up and down dans ses émotions, ce qui est aussi un peu mon cas…

 

 

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival et au-delà ?

Marie R : Déjà, on peut nous souhaiter de continuer à bien remplir la salle, on a bien commencé, on a de nombreux complets et on espère que ça va continuer !

Marie B : Pour l’après, on peut nous souhaiter que l’aventure continue, qu’on tape dans l’œil de professionnels qui auront envie de nous programmer. C’est notre bébé, on s’investit à fond depuis bientôt un an, on y croit très fort et on se donne les moyens pour que ça fonctionne. On espère que l’on va amener cette pièce très loin, on espère la jouer encore longtemps, c’est l’objectif !

Mathilde : En étant deux castings, on peut partir en tournée à deux endroits différents en même temps J donc il y a de quoi souhaiter un bel avenir à cette pièce !

Ce fut un plaisir d’échanger avec vous trois !

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Festival d'Avignon 2024 : Interview croisée avec Clara, Eléa et Blandine pour leur pièce, "Sortez-moi de là !"

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Clara, bonjour Eléa et bonjour Blandine,

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 17h, au théâtre Notre-Dame dans la pièce « Sortez-moi de là ! ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous trois d’être présentes ici ?

Clara : Carrément, oui ! Je pense que je parle au nom de tout le monde en disant cela. Ca fait des mois et des mois qu’on parle de cet évènement, on était venues l’année dernière mais en tant que festivalières, sans s’imaginer que l’on reviendrait cette année avec une pièce, en plus une création. C’est le bonheur ! C’est génial, on est au milieu d’artistes, au milieu de gens bienveillants, ouverts d’esprit, l’ambiance est un peu euphorique, c’est un petit cocon pendant trois semaines !

Blandine : Il y a un côté travail mais un côté fête aussi. Tu as l’impression que c’est les vacances, alors que tu passes ton temps à bosser…

Plus concrètement, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

Eléa : C’est un enterrement de vie de jeune fille qui part en vrille, la future mariée s’est faite kidnapper par ses meilleures copines mais elle n’avait pas du tout prévu cela pour sa journée. Le programme est rocambolesque, on passe de l’accrobranche au cours de pâte à pizza puis à celui de yoga, c’est complètement loufoque, c’est très drôle, ça plait beaucoup, c’est léger, c’est fun ! C’est neuf, ce n’est pas du déjà vu !

Blandine : Surtout, il y a peu de spectacles qui traitent du sujet des EVJF, je pense qu’il y a 2 pièces sur 1 600 ici, à Avignon. Donc, en soi, c’est quand même assez neuf comme idée !

Eléa : Ce qui est rare aussi, c’est d’avoir trois femmes sur scène. Souvent, on voit beaucoup d’hommes  et cela nous tenait à cœur de le faire entre femmes.

Clara : C’est rare d’avoir trois femmes sur scène mais qui ne parlent pas particulièrement d’être des femmes…Ce n’est pas une pièce sur les femmes, on est des femmes mais c’est un non sujet, on joue une comédie. C’est un heureux hasard…

Blandine : Des femmes qui ont des points communs et qui ne sont pas non plus des clichés. C’est important que ce soient des femmes de tous les jours, qui ont des points forts mais aussi des failles et des faiblesses. Même si elles ont des combinaisons de Totally Spies, ce sont des êtres humains normaux…

 

 

Justement, un mot peut-être chacune sur votre personnage ?

Clara : Je joue Emilie, elle est un peu la voix de la raison parmi les trois. C’est celle à qui le public s’identifie le plus. C’est la femme carrée, organisée, terre à terre, droite dans ses bottes. Elle va se marier dans quelques temps et se fait embarquer dans cet enterrement de vie de jeune fille qu’elle n’avait pas du tout prévu. Elle est prisonnière mais n’a pas non plus envie de blesser sa sœur ni son amie, elle veut que ça se passe bien, elle arrondie les angles mais, toutefois, elle a quand même un objectif à la fin de la journée qu’elle cherche à atteindre.

Eléa : Je joue le personnage de Clémentine, c’est l’amie d’enfance d’Emilie et d’Alex, elle est professeure de SVT, très bavarde, très envahissante, très expressive. Elle pense beaucoup à elle, malheureusement mais elle est très gentille, elle a un très très bon fond, elle essaie de tout faire bien mais elle ne fait rien comme il faut. Elle a une grande paire de lunettes, elle est maladroite, elle est très fun, elle est très excentrique, le jaune lui va très bien. C’est elle qui s’est cassé la tête pour l’organisation de l’EVJF. Ce qu’elle aime par-dessus tout après Emilie, c’est sa chatte, Maryline, qui lui est très précieuse.

Blandine : Je joue le personnage d’Alex, qui est la grande sœur d’Emilie, aussi amie d’enfance de Clémentine mais qui a pris un peu de distance. Je travaille dans le milieu de la mode, je suis assez snobe. Au moment où la pièce se passe, je considère que ma sœur et Clémentine sont des personnes avec qui je n’ai pas trop de raisons de trainer. La seule raison pour laquelle j’accepte de venir à cet EVJF, c’est que j’ai envie d’embêter ma sœur parce que je pense qu’elle me cache quelque chose et qu’elle est un petit peu hypocrite sur les bords, voire carrément au milieu. J’ai une grande façade qui camoufle bien l’intériorité du personnage, très froide et cassante mais, au fond, peut-être qu’il y a une petite crème glacée…Encore faut-il bien gratter !

 

 

Vous retrouvez-vous parfois sur certains traits de la personnalité de vos personnages ?

Eléa : Je me retrouve beaucoup sur le côté envahissante de Clem, j’envahie beaucoup mes amies, je n’ai aucune limite physique, je peux les coller beaucoup, faire beaucoup de câlins, être très affective. Avec Clem, ce sont les montagnes russes des émotions : soit tout va très très bien, soit tout va très très mal et je vis la vie comme cela également. Je me reconnais beaucoup !

Blandine : Dans mon cas, c’est marrant parce que c’est un personnage que j’ai eu énormément de mal à attraper, tout simplement parce qu’il fallait qu’elle soit classe, qu’elle ait un côté un peu milieu de la mode, un côté un petit peu qui fait très attention à son image…Ce qui est quelque chose qui me ressemble peu. Quand on commençait à chercher les costumes, les metteuses en scène m’incitaient à trouver quelque chose en lien avec le milieu de la mode et, vraiment, c’était une incompréhension totale pour moi, je ne voyais pas comment répondre à cette demande donc je les ai finalement laissées travailler sur ce sujet. J’ai eu du mal à trouver le personnage et, en fait, j’ai d’abord réussi à lui trouver un côté très méchant et très agressif avant, ensuite, de commencer à y mettre de moi. J’ai l’impression que cette partie-là a été ce qui m’a permis de trouver un personnage complet. En synthèse, d’abord de l’agressivité puis, ensuite, on y met du Blandine !

Clara : Emilie est aux antipodes de ma personnalité, c’est le contraire de moi. C’est une femme organisée et je suis un bordel ambulant, c’est une femme terre à terre et j’ai la tête dans les nuages en permanence – j’ai d’ailleurs cette réputation dans la troupe d’être celle à la ramasse, celle à qui l’on doit répéter 20 fois les choses -, c’est une femme qui s’excuse beaucoup, qui est tout le temps désolée, qui veut faire bien, qui est un petit peu victime, qui se fait marcher dessus, qui veut faire plaisir à tout le monde, alors que je suis très expansive, que je n’ai jamais le sentiment de déranger, que je suis assez cash et extravertie. Donc ça a été très très dur de me fondre dans le personnage d’Emilie, je suis tout le temps en lutte, en train de chercher des trucs. Mais je l’ai trouvée depuis quelques jours : c’est simple, il faut que je fasse tout le contraire de moi, il faut que j’oublie complètement ma personne. C’est assez rare que je joue un tel personnage, je joue d’habitude des Clem ou des femmes timbrées donc, là, de jouer une femme normale est très déstabilisant pour moi. On touche au but, j’y suis, j’ai eu le déclic, je joue quelqu’un d’autre !

Pour terminer, en bouclant la boucle, si l’on revient à la genèse de cette aventure, comment sont nées l’idée et l’envie ?

Eléa : On vient toutes de la même école, l’EPCM, on est de deux promos différentes et on a fait ensemble le spectacle « Sister act », une comédie musicale. Mes 5 camarades s’étaient même organisées pour le rejouer à la rentrée qui suivait…

Blandine :…et on s’est dit que ce serait cool de travailler ensemble. On a cherché des pièces avec 5 comédiennes ou plus mais il n’y en avait pas tant que cela qui avaient de la profondeur. On a fini par écrire une comédie pour 3 en fonctionnant à 6…

Eléa : On est parties sur une comédie parce que c’est vendeur, que ça fait du bien et qu’on aime toutes ce genre. Après plein de recherches, on a eu l’idée de l’EVJF puis celle des Totally Spies : c’est un trio, c’est coloré, c’est de notre génération, c’était notre délire, on y a toutes joué en cours de récréation quand on était gamines…

Merci à toutes les trois pour vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Maëlle Mietton nous en dit plus sur le spectacle jeune public qu'elle joue à 10h chaque matin !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Maëlle,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 10h, au théâtre de l’Adresse, dans le spectacle jeune public « Méchant ! ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présente ici ?

Oui ! Vous avez dit exactement le bon mot, c’est une grande joie ! C’est comme une fête, c’est comme se préparer pour aller à une rencontre, on se fait joli, on est un petit peu excité, on ne sait pas comment ça va se passer mais l’inconnu nous stimule. Ce n’est, pour moi, pas du tout source d’angoisse, au contraire ! Cette année, je ressens une boucle, je fête mes 40 ans de festival…Ma tante habitait Avignon, je suis venue pour la première fois alors que je n’avais que 4 ans : j’ai beaucoup de souvenirs, mes tous premiers sont les odeurs des petits théâtres, aussi la proximité des lieux, …. Quand je tracte, je repasse par toutes ces rues que je connais très bien, c’est bourré de souvenirs partout…La joie de l’enfance me revient aussi quand je me balade…

Je connais très bien le lieu aussi, j’y ai joué il y a 15 ans, je faisais même plusieurs métiers tout au long de la journée, de la billetterie à la buvette. On ressent ici un réel amour du théâtre et l’ambiance est restée conviviale, chaleureuse et bienveillante. C’est un bel endroit, avec une belle cour, on s’y sent bien ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait Avignon avec un spectacle et cela me fait très plaisir de revenir ici. Je connais le gérant des lieux depuis très longtemps, c’est une chouette personne.

Sans tout en dévoiler, comment présenteriez-vous cette pièce ?

C’est un texte d’Anne Sylvestre, c’est l’unique pièce qu’elle a écrite. Elle était une belle personne et j’ai toujours été touchée, dans ses chansons, par la simplicité de ses mots. Il n’y a pas d’habillage, c’est droit, c’est simple, c’est dit, cela me ressemble ! Cette pièce est comme cela aussi, elle est écrite avec les mots de l’enfance, elle dit des choses très importantes, simplement, avec jeu.

C’est l’histoire de Croch’patte, un petit garçon turbulent et de Biquette, une petite fille. Croch’patte a toujours faim et se rattrape sur les gouters de tout le monde, sans demander. Un jour, il s’en prend à Biquette…Elle est sa copine mais elle ne va pas se laisser faire, elle va se défendre.

Avec Sylvia, qui m’accompagne sur scène, on s’était rencontrées dans ce théâtre, il y a quelques années maintenant. Ce qui résonne encore plus cette année ! On est très différentes mais on se complète très bien car on a les mêmes velléités. On a toutes les deux ce goût du lien avec le théâtre amateur et cette envie de développer du réseau local notamment. Cette pièce est née il y a quelques années, on a déjà fait des lectures dans des écoles et des représentations dans plusieurs théâtres proches de chez nous. Le parcours de cette pièce est donc une belle histoire, que j’aime à raconter. J’ai des souvenirs devant des jauges de 300 enfants, c’était magnifique !

 

 

Quel regard portez-vous, plus personnellement, sur ce spectacle ?

Je ne pense pas que ce soit un spectacle dont on ressort chamboulé, ce n’est pas une mauvaise publicité que de le dire mais c’est vraiment un spectacle qui ouvre au dialogue, qui questionne la violence, qui est dans la nuance de l’attaque et de la défense. Il y a tout un rapport aux émotions, c’est un spectacle qui permet aussi de faire résilience : le chemin de Croch’patte, à l’intérieur du spectacle, est fort…grâce à Biquette, il ressort transformé ! Il y a aussi tout un questionnement autour des garçons et autour des filles, sur le fait de pleurer ou non par exemple…Ça crée le débat ! Il y a également beaucoup de vidéos et de sons, ainsi que de la marionnette, c’est très onirique donc il y a un univers.

C’est aussi basé sur la légèreté et sur le principe du « on aurait dit que », on déplace les objets et les cubes, on a fait des structures métalliques pour créer différents espaces, on met des tissus dessus puis on les enlève…

Souvent même, ce sont les adultes qui ressortent les plus touchés du spectacle : « c’est génial, on retrouve notre enfance ». Je trouve aussi, effectivement, qu’on est pleinement dans l’univers de l’enfance : déjà, c’est ce qu’Anne Sylvestre a mis et on a tenté de poursuivre encore plus dans cette direction. Avec Sylvia, on a également eu cette volonté d’un spectacle écolo, on réutilise tout ce que l’on peut réutiliser : en 6 ans, on a acheté un seul tissus, tout le reste est de la récupération et ça tient !

Artistiquement parlant, ce spectacle vous permet sans doute une palette de jeu large et variée, qui doit être plaisante…

Oui ! D’autant plus que j’adore jouer, que j’adore tout visiter et tout explorer. J’ai toujours eu un lien très fort à l’enfance et, du coup, aux enfants. Depuis toute petite, j’ai toujours raconté des histoires aux plus petits, ma mère m’appelait même « l’arbre à enfants », c’est dire ! A la sortie du spectacle, je reçois régulièrement de mégas câlins, c’est trop beau. C’est sans doute lié au fait qu’avec Sylvia, on soit dans cet endroit d’honnêteté et de pureté, on ne ment pas. Je trouve cette attitude tellement précieuse.

Cette passion-là du jeu m’est venue très jeune, je faisais des minis spectacles à l’âge de 8 ans et tous mes étés en Avignon y ont certainement contribué aussi. J’ai toujours été active, je n’ai jamais arrêté…Et, ensuite, professionnellement, j’ai eu la chance de participer à de nombreux projets pour le jeune public…

 

 

Pour terminer, quels sont vos autres projets à venir ?

Je prépare « La grenouille à grande bouche », un conte musical qui se jouera à Paris en décembre, juste avant Noel. On va rigoler ! Les grenouilles sont les plus veilles figures symboliques de tout ce qui est mythes, légendes et autres. Ce sera un concert interactif, avec cette grenouille imbuvable, au caractère de cochon, qui se prend pour la reine dans sa mare, qui s’y ennuie et qui aimerait bien être une rock star. Ensuite, ça se jouera à Montpellier et à Toulouse, où on y intégrera la LSF. C’est un très très beau projet !

Merci, Maëlle, pour toutes vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Interview croisée autour du spectacle "Fantasmagloria" !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Antoine, bonjour Benjamin, bonjour Romane et bonjour Bérénice,

Quel plaisir d’effectuer cette interview tous ensemble !

Le spectacle « Fantasmagloria » se joue actuellement, dans le cadre du festival d’Avignon, à 22h 05 à L’Arrache-cœur. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Antoine : Oui, c’est vrai ! C’est à tous notre première année à Avignon, pour moi en tant que créateur et pour les artistes sur scène. Donc c’est un mélange d’excitation, d’enjeux un peu stressants parfois, d’envie de défendre ce spectacle qui est une création originale faite peu avant le festival…

Bérénice : On avait l’impression qu’il fallait être prêt à tous donc on s’est préparé à tout et, en fait, on n’était pas préparé à tout. Mais on découvre de bonnes surprises, des choses inattendues mais on s’adapte et je pense que, pour l’instant, ça se passe bien. Notamment le tractage est quelque chose auquel on n’était pas forcément habitués parce qu’on ne fait pas cela dans la vie toute l’année…

Benjamin : La communication, l’aspect commercial, le fait de se vendre dans la rue, tracter ne sont pas notre cœur de métier. C’est un autre métier que le nôtre qui est d’être sur scène. Mais, par contre, on a fait en sorte, justement, de créer un évènement pour les gens, de donner des tableaux, des fresques créées par Antoine, pour attirer les gens, plus que de juste arriver avec une affiche et de leur parler. On le fait mais on donne aussi du spectacle aux gens dans la rue pour se donner toutes les chances de les retrouver le soir au théâtre.

Bérénice : Du coup, finalement, ça nous met dans une zone de confort parce que ça nous rattache à notre métier de base. On se sent plus artistes que vendeurs, c’est hyper chouette…

Si l’on revient à la genèse de ce spectacle, comment en sont venues l’envie et l’idée ?

Antoine : Cela vient notamment du fait qu’on nous ait mis un lieu à disposition pour pouvoir faire une résidence et sortir un spectacle. Avant encore cela, c’est surtout mon envie de créer qui déborde depuis quelques années et ma passion pour le spectacle musical, le jazz, la chorégraphie. Ces envies germent depuis quelques années et se sont concrétisées en octobre 23, lors des premières dates. J’ai embarqué l’équipe dans cette belle aventure, ça a été court, intense mais on est contents de ce qui est sorti. Le spectacle est sorti en un été et s’est étoffé par la suite.

Bérénice : En même temps, on a suivi assez facilement car, même s’il est jeune, il a quand même un CV hyper intéressant pour nous, ça rendait la chose assez stable : avec tout ce qu’il avait vécu, on savait qu’on pouvait y aller car il sait ce qu’il fait. Pour nous, c’était assez simple de foncer tête baissée.

Benjamin : Et puis l’écriture et l’histoire sont intéressantes ! On avait tous des choses à aller chercher, je pense. Par exemple, moi qui suis chanteur/comédien mais pas danseur pour un sou, j’ai reçu une petite formation et ce qui m’intéressait, c’était son approche du corps en jeu. Pour nous, Antoine est encore autre chose : de mon témoignage d’artiste en plateau, ce qui a été intéressant, c’est que ça s’est fait en deux étapes, il y a eu la création pour ce lieu dédié dans le nord et, ensuite, d’un seul coup, Avignon s’est présenté !

Bérénice : On sait qu’Avignon est une zone de théâtre, on s’est dit qu’il fallait renforcer cet aspect-là. Moi qui suis danseuse, je n’avais jamais vraiment fait de comédie dans mes précédentes expériences donc on a travaillé cela, on a fait des ateliers, on a rencontré des gens, je ne dis pas que l’on est aboutis là-dessus mais je crois que l’on commence à toucher quelque chose.

Benjamin : On a resserré le spectacle, rajouté des choses, il était en deux parties, on l’a créé en une seule. Antoine a retravaillé le format pour que ça se calibre à Avignon.

Plus concrètement, un mot peut-être, chacun, sur le personnage que vous défendez ?

Romane : Pour moi, c’est un peu différent de la team, je suis allée voir le show en octobre, j’étais vraiment spectatrice, je connaissais à peine Antoine et j’ai eu un gros coup de cœur pour le show, cela m’a vraiment plu et j’espérais pouvoir faire partie de l’équipe par la suite. Vu que je suis remplaçante, je sais qu’Antoine a aussi créé ses personnages par rapport à la personnalité des artistes, je remplace une fille qui n’est pas du tout comme moi, elle est grande, blonde, sévère de visage. Se mettre dans ce personnage-là n’est pas naturel pour moi, il est un peu forcé mais c’est hyper intéressant de travailler dessus. La danse est mon art de base mais j’apprends aussi le jeu, c’est un vrai plaisir et je pense que je vais vraiment aimer.

Antoine : Ce qui est intéressant aussi, c’est que, d’un rôle que j’ai écrit sur Ophélie, qui est la danseuse titulaire, il a fallu le remanier pour Romane, en trouvant son énergie à elle. Il a fallu lui trouver sa créature, il a fallu recomposer pour qu’elle puisse travailler sans que ça ne dénature le show, tout en faisant en sorte que ça puisse lui convenir et lui ressembler aussi. C’est intéressant !

Benjamin : Pour les personnes qui seraient déjà venues voir le spectacle, elles vont, du coup, rencontrer aussi d’autres personnalités, c’est intéressant de venir revoir le show avec ces nouvelles personnes.

Bérénice : C’est drôle, dans l’autre alternance, celle du personnage de Gabrielle de la Rose, les deux artistes se ressemblent beaucoup physiquement. Là, pour le coup, on n’a pas eu à adapter autant le rôle, tellement elles matchent bien toutes les deux. Pour ma part, mon rôle est assez proche de la personnalité que je peux avoir dans la vie, une personnalité assez affirmée, un peu dans la séduction. Du coup, je pense que, clairement, nos rôles ont été inspirés de nos personnalités dans la vie. Après, il y a aussi des petits moments dans le show qui ne font évidemment pas partie de ma vraie vie…Cela demande un effort de s’adapter aux scènes mais ça ne me demande pas spécialement un effort de m’adapter au personnage, c’est plutôt un dosage pour que l’on ne voit pas trop Bérénice mais plutôt mon personnage. En tout cas, c’est un plaisir de pouvoir jouer un personnage qui est proche de moi-même, je n’ai pas trop l’impression ni de me caricaturer, ni de me mentir, c’est une bonne chose : sur trois semaines comme cela, ça aurait été compliqué de jouer quelqu’un qui ne me ressemble pas du tout, surtout que je n’ai pas de comédie dans le sang.

Benjamin : Avignon est l’occasion de jouer 17 fois le spectacle, c’est un vrai laboratoire pour le jeu, la danse, l’espace sur le plateau, c’est un vrai terrain de jeu. Me concernant, ce que j’adore en travaillant James Warner, c’est que, pour la première fois, moi qui avait un profil de jeune premier, d’ado, de geek, je peux jouer quelqu’un de très affirmé, qui entreprend, qui est un rêveur, qui a ce tempérament sûr de lui et ambitieux. On ne m’avait jamais confié ces caractéristiques…Grâce à Antoine, je peux jouer autre chose, c’est un vrai terrain de jeu et de travail pour moi, c’est très intéressant ! L’enjeu pour moi-même est fort, je prends beaucoup de plaisir ! Il est proche de moi dans le sens où, certes il bombe le torse, mais si tu enlèves une petite couche, il est fragile et touchant…J’essaie de donner tous les soirs une forme de générosité, tout en étant fidèle au travail d’Antoine.

 

 

Quels principaux retours du public avez-vous pu avoir jusqu’à présent ?

Antoine : Les retours sont assez bons. On essaie même de faire sortir un ou deux artistes à la fin de chaque représentation, c’est important d’être proches des gens et de recevoir ce qu’ils ont à nous donner. Globalement, les gens trouvent que c’est un spectacle frais, dynamique, qui fait du bien dans le contexte d’Avignon. On a un côté divertissement mais avec un sujet qui se raconte et une histoire dans laquelle on peut rentrer. C’est un petit shoot aussi de vitamines d’avoir des danseuses et d’être 5 au plateau. J’entends beaucoup de bonnes choses sur les costumes, aussi sur les choix des musiques. Une des forces du show est qu’il y en a pour tous les gouts…et ce show est très bien défendu par les artistes…Les gens reconnaissent leur qualité et leur talent, c’est appréciable, ça veut dire que chacun fait bien son travail, ce qui est chouette !

Bérénice : En tant que danseuses, on a deux retours qui sont hyper touchants dans la rue en tractant ou pendant le spectacle. Le premier est quand les gens viennent nous voir pour nous dire « on sait, vous êtes « Fantasmagloria », on vient vous voir après-demain »…Ils ont déjà pris leurs places alors qu’on ne les a pas tractés, c’est hyper chouette ! D’autres nous reconnaissent et se rappellent du nom de notre personnage, c’est fou, au bout de quelques jours seulement. Comme quoi les looks fonctionnent et l’esthétique de la pub aussi parce que les gens nous ont en tête. Le deuxième retour qui me fait quelque chose pendant le show est à la fin du deuxième tableau dansant, « Easy street », où on vient de nous découvrir en tant que danseuses, c’est le « waouhhh » qui suit la pose de fin : c’est la première fois où on entend les gens applaudir. Aussi, lors de l’une des dernières chansons du spectacle, j’ai le temps de regarder la réaction des gens : je les vois fixer James avec une telle intensité, je me dis qu’on a réussi à les attraper, c’est fou ! De voir la progression entre « punaise, il y a des danseuses, on est trop contents » et « waouhh, en fait il se passe ça » montre que le projet est fou. Cela me fait quasiment monter les larmes à chaque fois !

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival ?

Benjamin : Des salles remplies ! Que les gens viennent à la rencontre de ce spectacle, qui mérite tellement de rencontrer son public. Il y a une énergie de divertissement, il y a de la danse, du chant, de la comédie, on rigole, on pleure, il y a un message qui est touchant et qui peut parler à tout le monde, d’aller au bout de ses ambitions, de ses rêves, de ne pas avoir peur d’entreprendre des choses. Donc on peut nous souhaiter un bel Avignon, avec des salles bien remplies, des gens souriants et agréables.

Bérénice : Je pense qu’on peut nous souhaiter d’avoir la pêche jusqu’au bout pour défendre le spectacle. C’est quand même endurant, même si on a des changements d’équipe. Il est important de tenir le cap, de le faire avec amour et envie. Aussi que les gens soient frustrés de ne pas pouvoir réserver leur place, tellement on est complets. Je nous souhaite de créer le manque !

Benjamin : C’est vrai que, jusqu’à présent, les gens sont au rendez-vous, bien que ce soit notre premier festival…

Romane : Du plaisir sur scène, du kiff. J’ai hâte !

Antoine : Sur le long terme, on peut nous souhaiter un retour très positif d’Avignon, avec une belle visibilité qui aura été offerte par des beaux articles. Aussi que des pros viennent nous voir et qu’ils aient envie de nous programmer. Que le spectacle grandisse également ailleurs !

Merci à tous les quatre pour vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Lou Volt et Eric Toulis nous parlent de L'aventura, leur spectacle joué à 22h !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Lou, bonjour Eric,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous deux !

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 22h, à l’Oriflamme, avec le spectacle « L’aventura ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présents ici ?

Lou : C’est de la joie, c’est beaucoup de travail aussi !

Eric : Ce n’est pas un festival, c’est un salon puisqu’on loue son stand, qu’on expose et que, à côté, d’autres font pareil. C’est comme la foire au vin… J Il y a un vrai boulot de fond, on est artistes mais on est aussi un peu forains ici, il y a de l’argent en jeu, ça mélange tout un tas de saveurs. Mais c’est très agréable de se retrouver dans cet environnement de saltimbanquerie outrancière, dont on fait partie. Il faut dire les choses, certaines aimeraient être présents mais n’en ont pas les moyens, d’autres, s’ils ne vendent pas leur spectacle ici, ne le diffuseront pas,…Donc il y a tout un tas de types de gens présents…Peut-être que peu de personnes le disent mais je n’ai pas peur de le dire…

Plus concrètement, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

Lou : C’est un duo musical, même un duo d’humour musical. Ce sont des créations…

Eric : Les chansons sont la matière première mais on n’est pas dans les parodies. Il y en a quand même mais ce sont davantage des créations, que j’ai écrites avec Xavier. Nous sommes en duo homme/femme, il y a des histoires de couple…Le titre laisse présager qu’il y aura des histoires d’amour, pour le meilleur et pour le pire. Entre les chansons, il y a des sketchs, où on s’engueule, où on se réconcilie, …Il y a quelque chose aussi d’un peu théâtralisé, ça donne ce mélange !

Artistiquement parlant, ce spectacle vous permet sans doute une palette de jeu large et variée, qui doit être plaisante…

Lou : Oui, il y a des sketchs, il y a des chansons, …Eric est plus sur un personnage, c’est un chanteur/musicien, là où j’ai plutôt tendance à interpréter en fonction du numéro, à théâtraliser. Effectivement, je n’interprète pas de la même façon selon les thèmes…

Eric : C’est un spectacle où on fait pas mal de métiers en « iste », on fait guitariste, musiciste, chantiste, comédiste, humoriste,… J, on est, c’est vrai, à la confluence de beaucoup de disciplines. A Avignon, les choses sont très identifiées, très tiroirisées mais on est un peu entre plusieurs tiroirs…Ce peut être un avantage mais, visiblement, ça peut aussi compliquer la tâche.

Lou : En même temps, on est les seuls à faire ce que l’on fait, à savoir de la création de chansons. On est sur une niche…Les gens ont peut-être plus l’habitude d’aller voir du théâtral musical, ce n’est pas notre cas, nous sommes plus sur un concert théâtralisé.

Eric : Souvent, on voit des spectacles articulés d’un artiste connu,  il y en a beaucoup, on est à part de cela…On a un côté un peu chansonniers, il y a un peu de politique mais pas trop, il y a plein de choses, c’est un grand mélange, c’est un peu un plat libanais !

Lou : On est un peu des chansonniers modernes mais avec un vrai côté musical : Eric joue formidablement bien ! Il joue de la trompette pour de vrai !

 

 

D’ailleurs, quels principaux retours du public avez-vous pu avoir jusqu’à présent ?

Lou : Je crois que les gens sont contents ! Le fait d’être à deux crée une vraie dynamique, c’est très euphorisant, je crois que les gens sortent vraiment en joie.

Eric : On a volontairement opté, par envie et par plaisir avant tout, pour un spectacle comique donc il n’y a pas la petite séquence émotions, on n’a axé que des sur choses qui dépotent, donc les gens se marrent vraiment. Il y a un cahier des charges, c’est que, en sortant, ils se soient marrés pendant une heure et quart. Pour répondre à votre question, le plus beau compliment que l’on ait eu, ce sont des gens qui, en sortant, nous ont dit « ça fait longtemps que je ne m’étais pas marré comme cela », limite dès fois plus qu’avec des spectacles d’humour. La chanson humoristique, quand elle tape, peut être très puissante, ça peut rivaliser aisément avec des sketchs. La chanson d’humour est un explosif assez explosif. C’est très difficile d’ailleurs d’arriver à en écrire une…

Nous le disions, le spectacle se joue à 22h, heure à laquelle il vous faut être dans la bonne énergie, malgré l’enchainement des rendez-vous et des échanges tout au long de la journée…

Eric : Oui mais on n’a pas tellement à se fouetter, j’ai envie de dire : le soir, une fois que l’on a fait tout le boulot de salon de la journée, qu’on arrive dans la loge et qu’on s’apprête à jouer, c’est un peu le graal…On est venus aussi pour cela donc c’est presque la récré.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival et au-delà ?

Lou : Du monde dans la salle, comme cela on aura moins à tracter, ce sera moins fatiguant !

Eric : On a loué une villa de 400 m² avec une piscine, on n’a même pas encore eu le temps d’en profiter… J.

Lou : Encore plus de pros ! On a démarré avec des salles un peu difficiles, comme pour tout le monde mais on sent que ça passe…Le pouvoir de la musique est au-dessus !

Eric : On peut se souhaiter que l’on n’ait pas fait tout cela pour rien,…Même si on est 1 600 spectacles à se dire la même chose. De toute façon, ça ne sert jamais à rien, on a remis à jour le dossier de presse, refait le teaser, fait une captation…On a refait un peu sa valise et, rien que pour cela, ce n’est pas inutile !

Merci à tous les deux pour vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Interview croisée avec Zoé Laïb et Sauvanne Halley des Fontaines, pour leur pièce "Quête d'une jeunesse oubliée" !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Zoé, bonjour Sauvanne,

Quel plaisir d’effectuer cette interview ensemble !

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, avec la pièce « Quête d’une jeunesse oubliée », à la salle Tomasi du théâtre La Factory, à 12h 55. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présentes ici ?

Zoé : Oui, oui, on est vraiment très heureuses. C’est notre premier festival d’Avignon, c’est notre première pièce,…c’est un peu le premier tout et c’est vrai que c’est un petit peu impressionnant. On aurait pu venir uniquement en tant que comédiennes sur un autre projet et, pourtant, là, on vient en tant que porteuses de projet : c’est quelque chose qui peut faire peur aussi mais je crois qu’on se laisse porter par l’effervescence du festival…On est vraiment vraiment contentes d’être là, il y a beaucoup de fatigue mais ce n’est que du plaisir !

Sauvanne : On a beaucoup de chance, surtout !

Si l’on revient à l’origine de ce projet, comment vous en sont venues l’envie et l’idée ?

Sauvanne : On a une petite anecdote, je crois même que c’est l’anecdote préférée de ZoéJ. En fait, on habitait à 5 minutes à pieds l’une de l’autre à Paris et, pendant une période de couvre-feu du  deuxième confinement de 2021, je suis allée, un soir, boire un verre chez elle pour garder des contacts sociaux….Ce fameux soir aurait pu me couter très cher…

Zoé : Tout bêtement, ce jour-là, mon digicode que j’avais gardé pendant un an et demi avait changé et je n’avais pas encore donné à Sauvanne le nouveau… On boit un verre, elle redescend et m’appelle en panique « Zoé, ouvre-moi, ouvre-moi, il y a la police ! »…J’habite à un carrefour très passant dans Paris et, ce soir-là, il y avait en fait un barrage de flics…

Sauvanne : Ils étaient tous armés…C’était la totale ! J’avais l’impression que l’on était en guerre et que j’allais me faire enfermée en prison pour avoir bu un verre de vin…C’était chaud !

Zoé : Je suis prise un peu dans la panique de Sauvanne, je lui donne le code et l’incite à remonter au plus vite…On se croyait presque dans un film d’action alors que l’on avait juste bu un verre ensemble…Une fois Sauvanne arrivée chez moi, on regardait par mon balcon le barrage de police juste sous ma fenêtre, on a pris un peu de recul et on s’est demandé si c’était vraiment cela le monde dans lequel on vit aujourd’hui, si on devait avoir peur de se voir à 23h et de boire un verre de vin ensemble, si nos libertés sont privées à ce point-là. Forcément, ça reflétait beaucoup la liberté des jeunes…

Sauvanne : On ne faisait de mal à personne, on était juste toutes les deux, on se voyait tranquillement…A cette période-là, de nombreux podcasts étudiants étaient proposés, c’était aussi une période où on parlait beaucoup des suicides étudiants et c’est vrai que cela nous avait vachement impactées. On s’est dit qu’il y avait un vrai problème, que les jeunes n’arrivaient plus à vivre, tout simplement : on n’a plus le droit d’être jeune, on est en train de nous voler nos années, c’est hyper violent en fait. Avec le recul, on se disait que l’on ne rattraperait pas cela, c’est assez terrible comme sensation je trouve.

 

 

Zoé : Sauvanne a fini par rentrer chez elle…On écrivait déjà mais chacune de notre côté, on n’avait encore jamais mis nos écritures en commun et on s’est rendu compte que, potentiellement, on était en train d’écrire sur le même sujet. Cette soirée-là a servi d’électrochoc, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose, qu’il fallait que l’on donne une voix à cette jeunesse. On nous disait beaucoup qu’il fallait protéger la génération de nos grands-parents, aussi celle de nos ainés car c’était quand même un problème de santé publique mais, en fait, on ne parlait pas du tout des problèmes de santé mentale chez les jeunes…Donc c’est là qu’on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on en parle ! On s’est mis à écrire mais, à ce moment-là, on ne pouvait écrire que du négatif parce qu’on se rendait compte qu’il y avait 0 espoir….C’était un moment où on ne savait même pas si on allait être déconfinés, si le couvre-feu allait prendre fin, si maintenant notre vie était de vivre avec des masques…Personne ne savait quelle était la fin de l’histoire…On ne savait pas qu’aujourd’hui, on pourrait être en terrasse, de façon complètement libérée…

Sauvanne : A un moment, on n’y croyait plus, on se disait que, peut-être, ça n’arriverait plus jamais…Cela nous semblait impossible ! On était déjà nostalgiques d’une vie dont on avait l’impression qu’on ne la retrouverait plus.

Zoé : On a fait un appel à témoignages destiné aux jeunes, sur l’une des seules choses qui nous restait, à savoir les réseaux sociaux, afin de savoir comment ils se sentaient alors, ce qui leur permettait de se sentir vivants et libres…On a reçu des témoignages vraiment très négatifs, ce qui nous a fait peur. C’est pour cela que nous n’arrivions alors pas à écrire sur des choses positives. On a écrit toute une partie de la pièce et le déconfinement est arrivé…On est ressorties en terrasse et on s’est rendu compte que les petits plaisirs tout simple de la vie, du style boire un café, sentir un rayon de soleil sur notre peau, pouvoir entendre les oiseaux chanter, paraissaient futiles mais étaient vitaux. C’est là que l’on a pu écrire tous les aspects positifs et pleins d’espoir de la pièce !

Sauvanne : L’écriture de la pièce a vraiment été fragmentée par ces deux évènements : le confinement et le déconfinement. Je trouve que la pièce se fragmente comme cela aussi : au moment du confinement, il y a peu d’espoir, on est déprimés et, après, il y a un côté où la jeunesse ne s’arrêtera pas de vivre et où, quoi qu’il arrive, on va retrouver nos droits et l’espoir. C’est cet espoir que plein de jeunes avaient perdu pendant le confinement…Ca brisait le cœur !

Zoé : Pour autant, ce n’est pas une pièce qui est sur le Covid et le confinement…En fait, c’est juste le contexte que l’on pose mais on n’avait pas spécialement envie de dédier une pièce à cette période parce qu’on n’a pas spécialement envie de la revivre tous les jours. On pose le contexte mais on parle surtout des problématiques que rencontre la jeunesse à notre époque mis aussi à toutes époques, et comment l’isolement de cette période n’a fait que décupler les problématiques que l’on rencontre déjà.

Sauvanne : Et comment elle a mis en avant aussi la santé mentale, dont on ne parlait pas du tout pour les jeunes avant le confinement. On était déjà très angoissés par l’écologie parce qu’on ne savait pas trop dans quel monde on allait vivre mais, en plus, on nous a rajouté plein de problématiques et je pense que ça a créé une explosion dans notre génération !

Du coup, dans quel registre classeriez-vous cette pièce ?

Zoé : C’est une création contemporaine, c’est du théâtre danse. Ce n’est pas de la comédie ni de la tragédie, c’est quelque chose qui s’équilibre.

 

 

On comprend aussi que ce spectacle vous permet une palette de jeu large et variée, qui doit être particulièrement plaisante…

Zoé : Tout à fait ! C’est parfois dur de se replonger dedans…On rentre rapidement dans le vif du sujet, la première partie est quand même assez lourde…

Sauvanne : Les problématiques des 5 personnages sont mises en lumière mais avec la cohésion offerte par le fait qu’ils sont en soirée. On garde l’idée du groupe, ils sont ensemble mais, effectivement, il y a des moments un peu plus sombres de solitude.

Zoé : L’équipe s’entend tellement bien (on est accompagnées sur scène par Arthur Appriou, Maël Fagla Medegan et Vittoria Baiocco), à chaque fois on est tellement heureux d’aller jouer ensemble, que, quand il faut se replonger dans ce côté sombre, c’est un peu compliqué mais, en fait, on sait que la pièce bascule vite et que ça finit par faire une grande fête au plateau : on danse, on chante, on rit ensemble, c’est tellement une partie de plaisir, on sort de là épuisés parce qu’on a tout donné mais qu’est-ce qu’on est heureux de la jouer !

Sauvanne : Quand la deuxième partie arrive, c’est comme une libération, on sent le relâchement arriver, on comprend que quelque chose va se résoudre. On le vit tous ensemble et de la même façon, c’est ce qui fait que la montée de la pièce marche : on commence tout seul et on finit tous ensemble !

Zoé : J’ai l’impression que, de l’intérieur, on le vit comme le spectateur. La première partie nous bouleverse un peu, on sait qu’une deuxième partie va arriver, on a hâte, on a l’impression que ça monte, que ça monte, que ça monte, avant de lâcher les chevaux, ce que le spectateur, par contre, ne sait pas forcément avant de venir voir la pièce.

En quelques mots, comment décrieriez-vous chacune votre personnage ?

Sauvanne : Je joue Suzanne, elle se pose la question de savoir si elle est une femme ou encore une fille parce qu’elle a l’impression d’avoir un corps qui ressemble à un enfant, selon les représentations qu’elle en a sur les réseaux. Elle souffre énormément de cela et, en plus, elle a une relation qui la détruit, elle a été très fragilisée donc je dirais que c’est le personnage un peu plus fragile, qui a été persécuté de partout et qui se pose énormément de questions. Mais ce n’est pas ce qui la rend moins forte au final…

Zoé : Elle souffre beaucoup de sa présence sur les réseaux sociaux…

Sauvanne :…où elle est épiée. Elle ne peut jamais se cacher ! On pense à tous ces jeunes qui s’y font harceler mais, si tu éteins les réseaux, tu n’existes plus…Les réseaux, pour nous, sont arrivés quand on quittait le collège et qu’on arrivait au lycée mais la génération d’aujourd’hui est noyée directement, il y a trop d’informations, trop de comparaisons, trop de critiques et ils sont trop jeunes pour supporter cela. C’est très compliqué !

Zoé : Je pense que, finalement, nos deux personnages se répondent assez bien : ton personnage souffre de sa présence sur les réseaux, elle ne sait pas trop comment s’en sortir puisqu’elle a bien compris que, si elle en partait, elle n’existerait plus dans la génération d’aujourd’hui. Alors que mon personnage ne jure que par les réseaux sociaux, c’est très important pour elle. Elle s’y retrouve certainement peut-être parce qu’elle correspond plus aux codes qu’on lui a donnés, elle joue vraiment le jeu de la société de consommation, si bien que la pièce s’ouvre sur une de ses vidéos TikTok. Pour elle, la réputation compte beaucoup, je pense et ça va tellement loin que la société de consommation va même jusque dans son couple : elle met fin à sa relation avec la personne qui partage sa vie depuis 4 ans parce qu’elle est persuadée que, pour vivre, il faut rencontrer beaucoup. Pour elle, c’est impossible de rencontrer l’amour si jeune…même si elle est très amoureuse, même si tout est sincère, elle a envie d’être sur les sites de rencontre, elle a envie de profiter, de rencontrer, de s’amuser. Je pense que ça lui met une pression, à laquelle elle répond grandement.

Sauvanne : Elle est noyée un peu dans le trop de choix. C’est une génération qui a trop de choix et qui ne sait plus trop quoi choisir au final.

Zoé : Finalement, tu ne choisis plus, tu es devenu un peu une girouette et tu changes d’avis toutes les deux secondes.

 

 

Plus globalement, quels principaux retours du public avez-vous pu avoir jusqu’à présent ?

Zoé : Pour l’instant, les retours sont que les gens sortent avec une envie de croquer la vie à pleines dents ! Ils ressortent aussi un petit peu bouleversés : même si la fin du spectacle est vraiment chouette et pleine de vie, il y a des gens qui nous parlent, à la sortie, avec encore les larmes aux yeux.

Sauvanne : Des gens de toutes générations confondues : des jeunes, des parents, des personnes un peu plus âgées,…J’avais même les parents d’une amie qui m’ont dit : « on ne sait pas à quel moment mais, du coup, des larmes sont sorties », l’émotion est arrivée sans qu’ils ne s’y attendent à ce moment-là. C’est hyper touchant ! Au final, ils se rappellent sans doute de certains moments de leur jeunesse…

Zoé : C’est vrai que l’on a beaucoup eu ce retour-là : des personnes un peu plus âgées que nous nous ont dit que ça leur rappelait leur jeunesse, des parents nous ont dit que ça leur mettait une claque face à l’éducation de leurs enfants et au comportement à avoir. Notre génération nous dit merci parce qu’on parle vraiment d’un moment de leur jeunesse qui a été passé sous silence. Donc que du positif ! Aussi des gens qui ne vont pas au théâtre nous ont dit que ça leur avait donné l’envie d’y aller…C’est génial ! On a une forme un peu déstructurée, on casse le quatrième mur, on va dans le public, on chante, …En fait, on voulait vraiment avoir une expérience humaine ensemble et on s’amuse un peu avec les codes du théâtre. On a eu envie de se faire plaisir !

Sauvanne : Dans notre génération, des personnes nous ont aussi expliqué que ça avait résolu en eux des problèmes dont ils n’avaient même pas encore conscience. On réconcilie aussi des jeunes avec notre art, qui nous disent préférer aller voir ce genre de pièce que celle que la maitresse a imposée.

Zoé : On propose des musiques très actuelles, composées par Pierre Flanelle, Vincent Larcher et Vittoria Baiocco, donc je pense que les jeunes s’y retrouvent : ils ont l’impression que c’est leur vie, que c’est leur jeunesse, ils sont avec nous donc c’est chouette !

Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival et même au-delà ?

Sauvanne : Notre but est que l’aventure ne s’arrête pas là, on a envie de la jouer dans plein d’endroits différents, on espère avoir des propositions en ce sens. On tient tellement à cette pièce qu’on a envie qu’elle soit vue pendant, pourquoi pas, plusieurs années !

Zoé : Ce qui est beau dans ce projet, et ça a forcément les qualités de ses défauts, c’est que tout s’est passé très vite, on ne pensait pas avoir ce succès-là, on se retrouve à Avignon alors qu’on ne l’avait pas forcément prévu. Ce qui fait que l’on n’a pas les professionnels du milieu pour nous épauler, comme une boite de production ou comme un chargé de diffusion. On n’a pas encore ces outils, on profite du festival pour faire des démarches et des rencontres, c’est un petit peu sport mais on n’est pas à l’abri de belles surprises, comme c’est le cas depuis le début. On a même un monsieur qui nous a fait un don tellement il a trouvé le spectacle génial, sans contrepartie. J’en profite également pour remercier le directeur de la Factory, Laurent Rochut, qui nous avait appelées pour nous dire qu’il souhaitait nous avoir dans sa programmation, alors même qu’il ne nous avait jamais vues jouer. On n’a pas encore tous les réseaux mais on ne se dégonfle pas, on y croit, on y va et, pour l’instant, ça fonctionne. Donc je pense qu’on peut nous souhaiter que l’aventure continue et d’être repérés par d’autres professionnels, qui feront que l’on jouera ailleurs.

Merci à toutes les deux pour vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Maureen Park et Yannick Schiavone nous présentent une toute nouvelle pièce, "L'affaire est dans le sac" !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Maureen, bonjour Yannick,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène, dans le cadre du festival d’Avignon, à 19h 15 au Palais du rire, avec la pièce « L’affaire est dans le sac ». On vous imagine très heureux de l’affluence de la salle depuis quelques jours ?

Yannick : Ah oui, oui, très heureux ! Beaucoup d’évènements sont venus perturber ce festival, politiques avec ces élections imprévues, sportifs avec l’Euro de football, sans oublier le décalage des dates à cause des JO. Tout cela fait que ce n’est pas un festival comme les autres…On ne va pas se mentir, les premiers jours personne n’avait du monde, les rues étaient assez vides et l’ambiance assez morose. On devait vraiment inciter les gens en leur expliquant qu’on avait envie de les faire rire et que la vie continuait, quoi qu’il arrive. Mais ça a vite pris…Peut-être que le festival, le théâtre et les artistes sont plus forts que tout cela…Les gens sont maintenant présents, on a un beau succès avec la pièce, on est très contents, on a du monde depuis quelques jours et les réservations sont régulières jusqu’à la fin, on se dit que l’on va continuer comme cela, on est très heureux.

Maureen : Je suis, moi aussi, très heureuse, d’autant plus que c’est ma première fois face à un vrai public, qui est tous les jours différent. C’est hyper intéressant de jouer avec les réactions des gens, avec leur énergie, avec ce qu’ils nous envoient. Avoir leurs retours fait super plaisir. C’est une expérience folle, faire Avignon blinde…En faisant le festival, tu apprends en fait à te réajuster d’un soir sur l’autre. Quand on entend les rires de la salle, c’est trop bien, c’est un moment de bonheur de dingue !

Si l’on revient à l’origine, Yannick, de ce projet, comment vous en sont venues l’envie et l’idée ?

Yannick : J’avais envie de retrouver quelque chose qu’il y avait déjà dans ma première pièce, qui s’appelait « Carla Forever », à savoir une histoire avec une intrigue et des rebondissements, pour réussir à faire rire mais, en même temps, à surprendre le public. Je suis un très grand fan de séries, j’en regarde énormément et je me souviens que, quand j’avais écrit ma première pièce, on m’avait dit que je cassais un peu les codes, que l’on avait envie de savoir la suite, un peu comme dans une série justement. J’avais envie d’emmener à nouveau les gens dans une histoire, avec des personnages qui peut-être, on verra, vont perdurer. Je l’ai écrite pendant le confinement, période pendant laquelle j’ai pu regarder encore plus de séries…Je suis tombé sur « Only murders in the building », cela se passe dans un immeuble à New-York, où quelqu’un est retrouvé mort. Il faut alors trouver qui, dans l’immeuble, a tué…J’ai eu l’envie de partir sur quelque chose comme cela, une sorte de parodie de polar, avec beaucoup d’humour et où les personnages sont décalés. C’est ce que j’ai fait…On est entre le polar et la comédie, il y a aussi des choses assez extravagantes dans la pièce, sans dévoiler pourquoi ni comment, il y a notamment un clin d’œil au reveal que l’on retrouve dans certains cabarets…

Il y a donc beaucoup d’inspirations de choses qui me plaisent, que j’ai vues ces dernières années, tout en restant dans ce que je sais faire, la comédie populaire qui ramène du monde…

Quelles principales raisons vous avaient incitée, Maureen, à rejoindre ce projet ?

Maureen : C’était un tout…le festival d’Avignon, le fait que ce soit avec Yannick, quelqu’un que je connaissais et avec qui je savais que je serais dans un cadre bienveillant,… la pièce m’a parlé, j’avais envie de jouer dans une comédie, c’est quelque chose que je n’avais pas beaucoup fait en cours, où j’étais plutôt restée sur des classiques ou des choses un peu moins drôles. J’avais envie de rajouter la couleur de la comédie à ma palette et je me suis dit que, en vrai, c’était parfait ! Avignon est l’endroit idéal pour cela…Je le fais avec quelqu’un d’expérience, ce n’est que du plus et du boost…

Après ces quelques premières représentations, sans doute continuez-vous à peaufiner et à ajuster le jeu et votre interprétation ?

Yannick : Oui, bien sûr ! C’est du spectacle vivant donc ça vit énormément. Ce que j’ai appris avec « En panne de toi », c’est que, parfois, je retrouvais dans mon ordinateur des fichiers avec carrément des sketchs entiers dont je ne me rappelais même plus…Ce qui veut dire qu’une pièce peut évoluer énormément, même si on reste sur une base et un thème solides. Après, celle-là évoluera moins car c’est une intrigue donc il faut garder de la cohérence. On peaufine les vannes, on a eu sur scène aussi des idées pour mieux utiliser certains accessoires, on en a fait des gags visuels qui marchent bien.

 

 

Un mot peut-être, chacun, sur votre personnage ?

Maureen : J’ai déjà pu réajuster des choses concernant mon personnage de Cindy, Yannick ayant aussi un regard de metteur en scène. Même si on joue et qu’on s’amuse, il faut toujours attention à me diriger, à me donner des petits trucs. Du coup, j’ai rajouté, dans ma manière d’interpréter, un peu plus de sensibilité, j’y ai mis moins de colère, je l’ai rendue plus attachante.

Yannick : Cindy s’est inscrite à quelque chose qui ressemble un peu à une secte, soi-disant une église sataniste, qui s’appelle « L’église du chat crevé », elle se donne aussi un genre très dur, elle a une tenue entre le gotique et le SM, …Plus on joue, plus on lui donne de couleurs et on commence à sentir que tout cela est un peu une carapace et qu’elle n’est pas si méchante que cela.

Maureen : C’est une fausse méchante avec un grand cœur, en fait.

Yannick : Dan, que je joue, est un peu l’inverse, on croit que c’est vraiment le gentil…Par exemple, on apprend qu’il est tout le temps en train d’aider le couple de gardien et de gardienne de l’immeuble à faire leur travail, qu’il nettoie le parc en bas…D’ailleurs, on l’appelle le pigeon du troisième…En fait, on s’aperçoit au fur et à mesure de la pièce que ce gars, qui a l’air gentil, dont on a l’impression que, par gentillesse, il se fout dans des histoires à chaque fois pas possibles, a quand même son vice lui aussi et est peut-être un petit peu plus fourbe que ce que l’on pense.

Plus globalement, quels premiers retours du public avez-vous déjà pu avoir ?

Yannick : Très bons, les gens sont contents de suivre une histoire, je l’ai senti. On nous parle des rebondissements nombreux, du fait que l’on ne s’ennuie jamais, on nous dit aussi que c’est drôle. Les gens nous expliquent qu’ils ne s’attendaient pas à cela, ça fait plaisir ! On sent qu’il y a un univers qui se crée autour de la pièce !

Maureen : J’ai l’impression que, oui, les gens sont réceptifs à l’univers et à l’humour. Cela fait plaisir ! C’est une pièce qui est très drôle, qui fait rire mais pas que, elle ne fait pas rire juste pour faire rire, il y a une vraie histoire derrière. Lors des rebondissements, on entend des gens dans la salle qui essaient de deviner…On sent qu’ils sont accrochés, qu’ils sont dedans, qu’ils sont pris.

Yannick : Je l’avais senti en l’écrivant, il y a un petit côté « Le diner de cons ». D’ailleurs, on retrouve carrément une réplique de Thierry Lhermitte où, à un moment, Dan enchaine tellement les bêtises et ne comprend tellement rien à ce qui se passe que Cindy lui dit « Tu ne te reposes jamais ». Les gens sont là, à se dire « non, ce n’est pas possible, il ne va pas faire ça ?...C’est trop ! ». A un moment, tout le monde comprend que le message vocal reçu peut nous sauver, Dan dit « attends, je ne l’ai pas bien compris, je le réécoute » et, dans le public, on entend des gens dire « il va l’effacer, le con ! C’est sûr, il va l’effacer ! ». Cela fait plaisir, je me dis que les spectateurs ont bien capté et ont suivi…

En conclusion, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival mais aussi au-delà ?

Yannick : Pour la fin du festival, de continuer à avoir des salles pleines, avec un public aussi cool, aussi à fond, aussi sympa ! Les premiers retours font déjà plaisir, pour ce qui est une nouvelle pièce pour moi et un premier festival pour Maureen. On a toujours peur de l’accueil et, là, je suis rassuré. Pour la suite, une belle tournée, que cette pièce grandisse et aille partout en France, et pourquoi pas en Suisse ou en Belgique.

Maureen : Que les gens continuent à apprécier, qu’ils continuent à nous faire leurs retours…Pour moi, c’est important d’en avoir. En sortant de scène, ça fait plaisir d’avoir des gens qui nous disent « Bravo, merci beaucoup, on a passé un super moment ! ». Qu’on continue à être complets, qu’on continue sur cette lancée !

Merci à tous les deux pour vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Camille Lebreton nous présente la pièce qu'elle défend chaque soir à 21h 10 !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Camille,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène, dans le cadre du festival 2024 d’Avignon, avec la pièce « Le grand soir », à l’Albatros théâtre, à 21h 10. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présente ici ?

C’est un plaisir, c’est aussi, je ne vais pas le cacher, une appréhension parce qu’il y a beaucoup de spectacles. Il y a toujours un enjeu quand on vient à Avignon. C’est notre troisième festival avec ce spectacle et les deux premières éditions n’ont pas été de tout repos.

On aime cette ambiance festive, cette euphorie, on vient pour jouer, pour exercer sa passion, pour proposer son spectacle auquel on tient. A la fois, c’est important, ce n’est pas que la fête. Je crois que ça fait aussi partie du jeu de l’artiste et du comédien autoproduit.

Plus concrètement, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

C’est un concert qui part en live, si je peux le dire ainsi. En fait, on est vraiment à cheval entre le concert et la pièce de théâtre, il y a la même proportion de jeu et de musique live. C’est une création, tous les textes sont originaux. C’est l’histoire de Jo Billy, un artiste du type poète maudit, qui, à la quarantaine, n’a toujours pas vu sa carrière décoller et qui va faire le concert qui est censé changer sa vie. Donc c’est un grand soir pour lui ! En parallèle, c’est aussi la première scène de sa nouvelle choriste, Charlie, que j’ai le grand plaisir d’incarner. Elle rêve d’être chanteuse, sauf qu’elle n’a pas du tout les codes de la chanson française, elle n’a pas du tout le même bagage que Jo qui, lui, traine sa carcasse et sa plume depuis des années. Lui est d’ailleurs un peu désabusé, il a perdu espoir en l’humanité mais il s’accroche malgré tout. Elle est beaucoup plus fraiche, pétillante, pleine d’espoir, gonflée à bloc.

Ce sont ainsi ces deux personnalités, qui n’en sont pas du tout au même stade de leur parcours artistique, qui vont se rencontrer et se confronter. Charlie va pousser un peu Jo Billy dans ses retranchements et, même si elle est la novice, elle va lui permettre de revoir sa façon de voir la vie, la scène et le rapport à l’autre. Alors qu’il se pose un peu comme celui qui sait, comme le patriarche de ce duo, elle va réussir, petit à petit, à prendre le pouvoir et les choses vont être, à la fin, un peu plus équilibrées.

Ce spectacle vous permet sans doute une palette de jeu large et variée, qui doit être plaisante…

Oui, oui, c’est très plaisant ! Charlie pétille et, à la fois, il y a un moment où elle tape du poing sur la table. En fait, il faut arriver à bien gérer l’évolution émotionnelle du personnage pour pouvoir être très cohérente aussi à ce moment frappant. Cela finit avec beaucoup de tendresse et d’émotion donc il faut arriver à tenir le fil tout le long. Quand c’est réussi, c’est aussi, je crois, plaisant pour le public que pour moi et Jonathan. Quand on arrive à faire correctement ce que l’on doit faire, que l’on est juste au bon endroit au bon moment, dans l’émotion et la connexion à l’autre, oui, c’est vraiment un pur plaisir !

Pour le coup, on n’est que deux et on ne veut pas s’identifier comme une compagnie qui fait de l’humour ou qui fait de la chanson ou qui fait du théâtre émotif, on aime bien mettre tout dedans. Je ne vois pas pourquoi on choisirait quelque chose…Les spectacles qui me touchent le plus, ce sont ceux qui me font passer du rire aux larmes. J’adore la musique donc j’aime quand il y en a également. On a décidé de ne pas choisir et on a mis un peu tout cela dedans. Au fil des années, le spectacle s’est affiné et resserré, aujourd’hui on est très très contents de ce résultat.

 

 

Quels principaux retours du public aviez-vous pu avoir lors des deux précédents festivals ?

Dès la première année, on a eu des retours très positifs, les gens nous disaient avoir passé un très bon moment, bien que l’on jouait à 10h du matin. On nous parlait aussi, quand même, de longueurs, on a écouté ce retour et on s’est adaptés. La deuxième année, les gens semblaient contents également, je crois qu’ils avaient apprécié. On nous parlait « d’un petit bijou », les gens nous disaient « ne pas s’attendre à cela » et que « c’est super ». J’espère que, cette année encore, on aura de bons retours.

Cette année, vous jouez en fin de journée, cela veut donc dire qu’il vous faut être dans la bonne énergie malgré toutes les activités et rencontres faites depuis le matin…

Complètement ! C’est bien de jouer le soir parce que ça laisse toute la journée pour rencontrer les gens et leur donner l’envie de venir découvrir le spectacle. A la fois, il ne faut pas s’épuiser et, à la fois, je le vois surtout avec le premier spectacle que je jouais au début du festival, si on a beaucoup de temps libre après s’être activé, il peut y avoir un contrecoup. Mais, en jouant à 21h 10, je me dis qu’il y a quelque chose de plus naturel physiologiquement qui peut s’installer. Il faut savoir gérer l’énergie mais c’est vrai que mon personnage m’en donne tellement que les gens me demandent où je vais la trouver. En fait, c’est un peu magique et délicieux…Mon personnage est attachant et le spectacle est feel-good !

Vous l’avez dit, en début du festival, vous avez interprété un autre spectacle également, ce qui doit être certainement très riche et très complémentaire d’un point de vue artistique…

Oui, oui ! De rencontrer d’autres comédiens et une autre compagnie est hyper enrichissant…Cela permet des ascenseurs artistiques émotionnels !

Merci, Camille, pour toutes vos réponses !

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Festival d'Avignon 2024 : Interview croisée avec Anne Decis et Avy Marciano, pour la pièce Amor à mort !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Anne, bonjour Avy,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous deux !

Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 21h 15, au théâtre Le petit chien, dans la pièce « Amor à mort ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Avy : C’est vrai que c’est un rendez-vous que l’on espère avec impatience chaque année ! On est très très heureux, effectivement, de se retrouver pour la troisième fois ici avec ce spectacle.

Anne : C’est mon vingtième festival…A chaque fois, j’y vais avec envie et appréhension parce que je sais que ça va être une fourmilière et que c’est un petit marathon pour les comédiens. On y va toujours avec l’envie forte de défendre notre spectacle et on redoute en même temps : est-ce que l’on va exister ? est-ce que l’on va faire notre place ? est-ce que le public sera au rendez-vous ? est-ce que ça va plaire ? Oui, c’est un moment important !

Plus concrètement, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

Avy : Anne a une très très belle définition… J

Anne : Ah bon, tu trouves ? J’ai l’habitude de dire que c’est une comédie romantico-criminelle mais c’est un peu plus que cela, évidemment…C’est autre chose…En fait, ce sont 15 tableaux de gens qui s’aiment et il y en a toujours un qui finit par mourir, malheureusement. Après, on ne sait jamais qui, quoi, comment…En fait, les auteurs sont partis d’un humoriste américain, Chris Rock, qui disait que « celui qui n’a jamais eu envie de tuer l’être aimé ne sait pas vraiment ce que c’est que l’amour ». On parle des vicissitudes de la vie quotidienne dans un couple et dans quel retranchement ça nous pousse souvent. Nous allons jusqu’au bout sur scène…Cela évite de le faire dans la vraie vieJ, on a l’habitude de dire que c’est un spectacle cathartique. C’est de l’humour noir, c’est grinçant mais, en même temps, il y a une vraie exigence d’écriture…

Avy : Il y a beaucoup de tendresse aussi, beaucoup beaucoup ! Ce sont des gens qui s’aiment et on ne retient que ça : ce sont des gens qui se sont aimés au point de s’entretuer.

Anne : Cela peut paraitre dingue de dire ça comme ça mais il faut voir le spectacle pour comprendre pourquoi…Il faut avoir été amoureux pour comprendre…

Avy : Pour cautionner le propos, il faut avoir été amoureux…Celui qui n’a jamais eu envie de tuer l’être aimé n’a jamais été amoureux !

Anne : C’est assez corrosif mais pas que, on y chante aussi. On s’amuse vraiment beaucoup beaucoup beaucoup !

Ce spectacle vous permet ainsi sans doute une palette de jeu large et variée, qui doit être particulièrement plaisante pour vous…

Avy : Complètement !

Anne : Oui, oui ! Ce qui est intéressant, c’est de jouer une multitude de personnages différents, d’explorer aussi des choses fortes, des sentiments forts, qui ne sont pas quotidiens ou forcément habituels. En même temps, ce qui nous a séduits, Avy et moi, - je parle à sa place parce que je sais qu’on en a encore parlé hier -, c’est qu’il y a vraie exigence au niveau de l’écriture : ce n’est pas un nième spectacle sur le couple homme/femme ou les différences que ça génère. C’est vraiment très très bien écrit, preuve en est, souvent le public, en sortant, nous demande si le texte a été publié. Quand un spectacle allie le divertissement pur avec une certaine ambition artistique, pour nous le contrat est signé !

Même si cela fait partie du cœur même du métier de comédien, cette succession de personnages vous oblige à switcher très rapidement…

Avy : L’exercice est très intéressant pour cela aussi, effectivement ! 15 tableaux comme cela nous obligent à switcher très vite, c’est un exercice mais on prend le pli, c’est le corps de ce spectacle donc ça devient quelque chose d’assez aisé mais c’est l’originalité aussi de ce spectacle, qui est scindé en 15 tableaux très rythmés…

Anne : Surtout, il y a beaucoup de surprises dans le spectacle…Le public s’attend, à chaque tableau, à une histoire et, très souvent, il est surpris…Evidemment, on ne peut pas dire comment ni pourquoi pour ne pas dénaturer le spectacle mais c’est une donnée qui est hyper importante dans « Amor à mort ».

 

 

Justement, quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir du public ?

Anne : Généralement, quand les gens nous attendent, c’est qu’ils sont très heureux et très contents. Le public est surpris…Je suis toujours étonnée, quand je tracte le public dans la rue, par l’écoute que je recueille auprès des femmes sur à quel point l’amour nous rend zinzin parfois et nous pousse à avoir des pulsions peu honorables parfois envers l’être pourtant aimé…C’est une donnée que j’entends beaucoup beaucoup chez les femmes…

Avy : Pour la plupart, il y a une certaine surprise : les gens, en général, ne s’attendent pas à voir ce qu’ils ont vu et, souvent, ils nous attendent pour nous dire qu’ils s’attendaient à autre chose, ce qui est plutôt sympa.

Vous jouez à 21h15, après avoir dépensé de l’énergie tout au long de la journée, notamment à rencontrer le public. Pour autant, le soir, il faut être dans la bonne dynamique…

Avy : C’est une organisation !

Anne : Absolument ! C’est en ce sens que le terme marathon prend tout son sens parce qu’il faut savoir gérer son énergie en fait, non seulement au quotidien mais tout au long du festival, il faut gérer les moments où aller au-devant du public et ce n’est pas forcément quelque chose d’inné pour un comédien…Jouer sur scène est quelque chose mais, après, aller « déranger » les gens dans la rue n’est pas un exercice facile…Parler d’un spectacle que l’on défend n’est pas toujours chose aisée non plus parce que c’est compliqué de définir un spectacle…

Avy : On ne se sent pas objectifs, on aime tellement le spectacle que l’on aimerait que tout le monde vienne le voir…En même temps, oui, c’est compliqué de donner les arguments pour…

Anne : Après, il faut trouver des phases de repos pour quand même avoir de l’énergie pour le soir. Il faut durer dans le temps, c’est sûr !

Avy : On est une petite troupe qui s’entraide beaucoup, on se retrouve à des moments clés de la journée pour se donner l’énergie, on est très ensemble.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival ?

Avy : Que ça continue comme cela car c’est plutôt un très bon démarrage ! Pour nous, de continuer le festival sur le même rythme, la même énergie et la même envie !

Anne : Que le public soit fidèle, que l’on ait du monde jusqu’au bout qui accroche autant ! Il faut dire aussi, ce n’est pas à négliger, qu’Avignon, au-delà de la rencontre avec le public et son adhésion, est également un moment où il faut vendre notre spectacle pour des dates futures. Il y a énormément de programmateurs donc on est tous avec l’envie de séduire encore plus de programmateurs pour que, dans les deux années d’exploitation qui suivent, ils nous engagent chez eux. En plus, encore pour la petite histoire personnelle, c’est qu’un comédien a toujours le rêve et le fantasme, parfois à juste titre parce que ça arrive, d’être vu par des programmateurs de l’étranger pour le faire venir dans d’autres pays. Cela m’est déjà arrivé et c’est génial. Quand on arrive à allier notre passion, qui est notre métier, et le voyage, alors là, c’est un kif fois 10, c’est super !

En complément, quels sont vos autres projets ou actualités en cours et à venir ?

Anne : Je reprends mon personnage de Luna à la fin du mois d’aout, après mes vacances.

Avy : La porte reste ouverte à toute proposition et je suis actuellement sur l’arche d’été de « Ici tout commence », avec potentiellement un retour de ce personnageJ.

Merci à tous les deux pour vos réponses !

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