Frank Leboeuf évoque sa nouvelle pièce de théâtre, Boeing Boeing !

Bonjour Frank,
Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à quelques questions.
Vous êtes, depuis quelques jours, à l'affiche, au théâtre Daunou, de la pièce « Boeing Boeing ». Tout d'abord, vous qui vivez cette aventure de l'intérieur, comment présenteriez-vous ce spectacle ?
En parlant du pitch, je dirais que c'est l'histoire d'un architecte qui a trois fiancées. Il est polygame et il gère cela avec dilettantisme et, en même temps, avec beaucoup de stratégie. Ses trois fiancées sont toutes hôtesses de l'air et il a aussi une bonne qui l'aide dans toute cette programmation.
Un jour, il reçoit un ami, ce n'est pas lui qui va tout dérégler mais des tempêtes de neige vont tout perturber. Tout ce qu'il avait mis en place va tomber, avec le témoignage du pote et la pauvre aide de la bonne. Il va alors devoir gérer une situation où les trois femmes sont, en même temps, dans la maison.
Vous avez commencé un peu à en parler, quelles sont les principales caractéristiques de votre personnage ?
C'est quelqu'un qui, au départ, est très très sûr de lui. Il mord la vie à pleines dents, il est architecte, il a une belle maison, il a de superbes fiancées, il a une bonne qui est là depuis très longtemps et qu'il accepte. Il est bien dans sa vie, tous les rouages sont présents, tout est bien, jusqu'à ce que plusieurs événements viennent faire exploser la situation dans tous les sens.
C'est une pièce historique, elle a été jouée 32 000 fois dans le monde, dont près de 12 000 en France. Justement, au moment d'aborder cette nouvelle version raccourcie, vous êtes-vous inspiré de ce qui a déjà été fait ? Avez-vous fait des recherches de ce qui a plu ?
J'avais déjà lu la pièce et j'ai regardé deux versions sur Youtube. C'était long, très long même, près de deux heures quinze, avec l'humour de l'époque. J'aimais l'histoire car elle peut être encore actuelle. Le fait qu'elle ait été raccourcie et réadaptée en une heure trente fait que ça marche. Nous avons l'impression de jouer une demi heure, tellement c'est rapide.
C'est, pour moi, un honneur de faire cette pièce, de grands noms du théâtre et du cinéma ont joué le rôle de Bernard, c'est donc absolument génial pour moi.
Le succès rencontré à travers le monde par cette pièce génère-t-il chez vous avant tout du stress, de l'appréhension ou, à l'inverse, une certaine fierté ?
Je suis très honoré. J'ai 50 ans, j'ai l'âge pour accepter le stress du public et des comédiens passés avant moi. J'ai l'âge pour ne pas me sentir en danger. Le seul que je me crée est celui que je me donne, à savoir l'envie d'être performant et de me donner au maximum à chaque fois pour le public. C'est tout. Je n'ai plus le trac, j'ai une anxiété ou un stress de bien faire.
Je suis très fier de jouer cette pièce là, c'est une référence. C'est extraordinaire pour moi, je remercie l'équipe d'avoir pensé à moi. C'est vraiment symbolique pour moi, après les dernières créations que j'ai pu faire.

Au-delà du rythme intense que vous avez évoqué, quels sont les premiers retours des spectateurs ? Qu'est-ce qu'ils ont aimé ?
La nouvelle version leur plaît car elle est très actuelle, dans le sens où il fallait absolument du rythme. Les gens sont devenus très impatients donc il est nécessaire que ça vive énormément, que ça fasse rire énormément. Ce ne sont pas forcément des rires de paroles, ce sont parfois des rires de situation. Beaucoup de spectateurs disent que c'est la meilleure version. Les gens sont très contents, le fait que ce soit un classique ne change rien à ce que Philippe Hersen a fait en mise en scène. Le décor en noir et blanc est magnifique. De mon côté, en tant que rôle principal, j'ai voulu amener beaucoup d'énergie pour que la plénitude de vie de Thierry Samitier fasse un extrême avec moi.
Je suis très heureux aussi d'être entouré de quatre comédiennes qui sont toutes parfaites et qui jouent leur rôle magnifiquement bien. Cela génère une osmose dans le groupe, c'est important. J'ai toujours travaillé en collectif, j'aime que l'on vive en groupe, j'aime que l'on aille boire un verre ensemble après le spectacle, j'aime que l'on devienne potes. Nous ne sommes pas seulement des gens qui travaillons ensemble, on vit ensemble et on est content de se retrouver. C'est une clé de réussite.
Après quelques représentations, êtes-vous encore très proche de la version répétée? Ou, déjà, vous permettez-vous quelques libertés pour aussi surprendre vos partenaires sur scène ?
Personnellement, pour l'instant, non. Parce que je n'ai pas envie de déranger ni de mettre en difficulté mes partenaires. Thierry a rajouté des choses, je suis assez à l'aise, cela me va. Véronique également modifie un peu son texte, elle m'en parle systématiquement pour savoir ce que j'en pense.
Je le dis souvent à la troupe, pour l'instant, essayons de rester au maximum sur le texte, il est suffisamment costaud pour faire rire les gens. Peut-être que, plus tard, on pourra se lâcher et tenter des choses. Mais je n'aime pas la tentative personnelle, j'apprécie que l'on m'en parle avant. Car on n'est pas encore au moment de se mettre en difficulté, ça viendra. J'ai moi même préparé déjà plein de choses pour plus tard. Je pense notamment à une petite surprise que je réserve à Marinelly, elle sera très étonnée sur scène. Mais c'est pour rigoler.
Pour le moment, il faut que ça rentre, il faut être costaud et carré. Après, quand on sera à l'aise, on pourra tenter des choses mais on s'en parlera avant. Ce n'est pas le rôle de Bernard d'être surpris, il est sûr de lui.

Nous évoquions le succès que connaît ce spectacle depuis de nombreuses années. Du coup, seriez-vous tenté par une aventure théâtrale supérieure à deux ou trois mois ?
Je l'ai déjà fait, j'ai joué plus de 650 fois « Ma belle mère, mon ex et moi » . Mais j'ai déjà prévu quelque chose après, je serai comédien, producteur et metteur en scène d'une autre pièce. C'était programmé déjà avant « Boeing Boeing ». Si l'on continue au delà du 31 décembre, la date contractuelle, l'aventure s'arrêtera pour moi en avril prochain. Je pourrai donc la jouer 200 fois environ, ce qui est très bien. Pourquoi pas revenir plus tard d'ailleurs...
Mais je considère que, après un certain temps, cela devient redondant. Quand on est trop facile, c'est, pour moi, ennuyant. Ce n'est pas un exploit, pour un comédien, de jouer mille fois une pièce car, dès la soixantième, c'est routinier. Les surprises et le plaisir sont moindres. C'est plutôt l’œuvre qui doit être glorifiée, plus que l'artiste.
Pour finir, comment définitivement inciter les lecteurs à venir voir la pièce ?
On entre dans l'historique du théâtre, aucune autre pièce n'a fait venir autant de monde en France et sans doute sur terre. Ça se joue encore à New-York par exemple. La dramaturgie de cette pièce, la façon dont elle a été montée par Marc Camoletti sont un gage de sécurité pour les gens. C'est une pièce dans laquelle ils vont rigoler, il y a énormément de rythme, c'est une version revisitée, mise au goût du jour, sans changer l'histoire ni les textes. Les décors sont extraordinaires, les costumes le sont tout autant, les cinq comédiens qui m'accompagnent sont géniaux. Franchement, nous n'avons pas eu pour l'instant un seul écho négatif et on espère que cela n'existera jamais. On se sent fort car on a une pièce forte dans les mains.
Ce fut un plaisir, Frank, d'échanger avec vous !