Quel plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle interview ensemble !
A partir du 1er décembre prochain, vous serez sur scène, à La Manufacture des Abbesses, dans le spectacle inédit « Profite ! ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Je suis ravie, effectivement, de ce nouveau projet. C’est une pièce dans laquelle je crois énormément et qui raconte une très belle histoire, avec une très belle équipe.
Plus concrètement, avec vos mots, comment présenter cette pièce ?
Le point de départ est un père mourant qui dit à son fils et à sa fille de profiter de la vie. Le fils comprend cela comme le fait d’aller voyager, de tout plaquer et de vivre de grandes expériences à travers le monde. La fille, que j’interprète, comprend cela comme profiter de chaque instant avec les siens, vivre pleinement son quotidien, composé de toutes ses petites expériences et ses petites histoires.
Dans quel registre s’inscrit ainsi ce spectacle ?
C’est une pièce chorale, très énergique, il y a aussi la situation du cœur de la pièce autour d’un podcast qui permet de donner une certaine dynamique. Il y aura un mélange de temporalités… et s’enchaînent pas mal de scènes dramatiques voire même tragiques et énormément de scènes de comédie. On n’est pas dans un seul registre, on a vraiment un mélange de genres. On est cinq comédiens sur scène et on joue une vingtaine de personnages au total. Il y a des personnages-clé avec un jeu authentique voire parfois quasi naturaliste et d’autres qui gravitent autour et qui sont, pour la plupart, plus burlesques. Ainsi, c’est une pièce qui va vite, c’est une belle épopée !
Personnellement, quel regard portez-vous sur votre personnage ?
C’est un personnage qui m’a beaucoup émue dès la lecture. C’est une pièce très très bien écrite, par deux auteurs, Anthony Giron et Lucas Zélie. Hana, mon personnage, est dense, avec beaucoup de dimensions, c’est une femme très touchante qu’on retrouve à plusieurs moments de sa vie. Elle a vraiment le sens de la famille, elle a le sens de profiter de chaque instant, comme je le disais, avec un vrai élan de vie sans vouloir tout plaquer non plus… On peut vivre une belle vie en restant là où on est, en sachant chérir chaque expérience de sa vie quotidienne. Mais il y a des choses qui la plombent, entre autres la mort de ses parents… C’est un drame familial commun mais qui est immense et unique pour chaque personne qui le vit… Il y a aussi le départ de son frère, qu’elle vit comme un abandon et qui va déterminer tout le reste de sa vie. Donc il y a une sorte de dualité dans cette envie de ne pas gâcher sa vie, comme son père le lui a suggéré et, en même temps, dans le fait d’être retenue par cet abandon. J’aime bien cette complexité dans le personnage, je trouve que ça lui donne un caractère extrêmement attendrissant. On peut tous, d’une certaine manière, s’identifier, je pense… On a tous des désirs et en même temps des choses qui nous empêchent, qui nous retiennent et, finalement, des envies de tout balancer et de vivre pleinement.
Son histoire est vraiment poignante, c’est un personnage fort, ce n’est pas une victime pour autant, elle se bat et se débat. J’aime bien ce genre de personnage, qui ne se laisse pas aller.
On comprend que cette pièce va vous permettre une palette de jeu large et variée…
Tout à fait ! J’essaie de garder cette exigence où chaque nouvelle expérience m’aide à grandir artistiquement tout en racontant une belle histoire, en divertissant le public et en lui faisant vivre des émotions riches. Personnellement, en tant qu’actrice, ce que j’aime, c’est avoir un nouveau défi à chaque projet. Là, le défi est cette large palette de personnages aux couleurs variées en peu de temps. Ils sont tous uniques et très différents les uns des autres, dont Hana, qui est le rôle phare de ce panel. C’est super plaisant, il y a quelque chose de très enfantin dans le fait de jouer avec tous ces registres, avec des corporalités variées, des voix différentes, des trajectoires narratives diverses et pourtant précises. C’est vraiment jubilatoire ! J’aime beaucoup les pièces qui font cela, il y a de très grands et supers metteurs en scène qui le font dans le théâtre français d’aujourd’hui et j’aime bien que cette pièce s’inscrive dans cette lignée très intéressante, aussi bien pour le public que pour les artistes.
A quelques jours de la première, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Quelles sensations prédominent ?
Oh là là ! C’est un mélange ! En vrai, évidemment, c’est en travail donc on est en train de peaufiner, de faire le plus beau spectacle possible, on est encore au cœur des répétitions, de la mise en scène, de la scénographie, du travail des costumes… On est en plein dedans, tambour battant, pour proposer le meilleur spectacle possible. On est tous très alignés pour faire une pièce qui, je l’espère, va plaire et va marquer les esprits. J’ai hâte de la faire découvrir au public, pour que les gens passent un super moment ! Donc il y a et de l’appréhension et de l’excitation : l’appréhension parce qu’on est en plein dans l’attente de le présenter et l’excitation de le partager.
Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour cette belle aventure naissante ?
Que ça continue ! On est heureux de faire cette première exploitation à La Manufacture des Abbesses, c’est un beau théâtre, qui se niche au cœur de Montmartre, c’est un très beau coup d’envoi. On espère que la salle sera pleine, que les gens passeront un bon moment, que les retours du public et des critiques seront positifs, pour que ça nous permette de faire vivre ce projet le plus longtemps possible. Tout ce que l’on veut, c’est que ces personnages et cette histoire vivent et aillent voir peut-être d’autres scènes à Paris et d’autres contrées en France. Quand j’aime un projet, j’espère qu’il va durer, pour que le plaisir continue !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
La pièce « A tout prix », dont vous êtes l’autrice, se joue actuellement chaque vendredi et chaque samedi à La Divine Comédie. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
C’est vrai que, parfois, je ne réalise pas qu’elle se joue encore. Les représentations ont commencé en 2020, il y avait ensuite eu le Covid mais il y a toujours eu quelque chose pour m’inciter à me relancer et à continuer. Je me souviens notamment d’un appel, un an et demi après le confinement, d’une femme de la mairie de Bessancourt, pour me dire que la ville aimerait beaucoup accueillir la pièce. Je m’étais même demandé si ce n’était pas une blague mais non…
Cela fait maintenant bientôt cinq ans que l’aventure a commencé et je n’ai pas vu le temps passer !
Si l’on revient à la genèse de ce projet, comment vous sont venues l’envie et l’idée d’écrire cette pièce ?
C’est marrant, on a souvent des rêves en tête mais qui restent à leur état de rêves…Mais le fait d’écrire revenait souvent chez moi…Petite, je faisais des mini spectacles et, en 2013, à l’âge de 22 ans, alors que je travaillais déjà dans le milieu de la nuit, j’en avais discuté avec un collègue et cela m’avait incitée à me lancer dans l’écriture d’une pièce de théâtre.
L’histoire était ensuite sortie de mon imaginaire, j’aimais bien l’idée que ce soit un peu une énigme, avec plein de quiproquos, du comique de situations et que le sujet soit un thème universel sur l’argent. Ne sachant pas forcément alors comment écrire, je l’avais fait un peu spontanément. C’est quelques mois plus tard sur mon lieu de travail, que j’ai rencontré Fabrice Blind, auteur de pièce de théâtre, je lui ai demandé s’il pouvait prendre le temps de lire ma pièce, puis nous nous sommes rencontrés pour faire un point, et il m’a donné des conseils très précieux, notamment sur les actes et le nombre de personnages...Plus il y a de comédiens, plus ça revient cher à produire ! J’avais ainsi pu réécrire quelques extraits de mon spectacle. Mais les rencontres suivantes m’avaient ensuite découragée et j’ai laissé dormir ce projet…jusqu’en 2018.
J’ai alors eu un déclic : cette histoire de pièce me trottait tout le temps en tête, j’avais envie d’aller au bout…Et je me suis lancée ! En trois semaines seulement, au fil de rencontres et de connaissances, je me suis retrouvée à boire un verre avec trois comédiens qui voulaient jouer dans ma pièce. C’était trop dingue de voir que des comédiens croyaient en mon projet et en moi. À partir de là, je n’ai plus rien lâché ! J’ai contacté des théâtres au culot et j’ai fini par rencontrer Éric Delcourt, le futur metteur en scène du spectacle. Mais il me manquait encore des financements …Ne connaissant aucune production, ni contact, j’ai eu l’idée de trouver des sponsors pour m’aider à financer mon projet. Puis l’un des sponsors m’a proposé de jouer ma pièce dans un plus grand théâtre, j’ai alors démarché la Comédie de Paris, au culot, et je me suis présentée directement au bureau de Monsieur Jean-Pierre Bigard pour lui proposer ma pièce ! Pour lui, le décor était trop grand, mais je n’avais pas dit mon dernier mot ! Et c’est un mois plus tard, une fois l’histoire du décor réglée, que Jean-Pierre Bigard m’a appelée pour me dire « Tu pourras jouer ta pièce les mardis et mercredis à partir de janvier ! »
Au fil des années, la pièce a continué à évoluer : c’est toujours la même histoire mais il y a plein de choses qui ont été modifiées. Même encore aujourd’hui, des choses changent….Contrairement au cinéma où tout est figé, une pièce évolue tout le temps.
Avec vos mots, sans tout en dévoiler, comment pitcher ce spectacle ?
C’est un couple qui est au bord de la rupture et qui ne sait pas qu’une grosse somme d’argent volée est cachée dans l’appartement. Argent qui doit à tout prix être récupéré par Max, un vrai bras cassé…Je ne vous dirai pas l’intrigue, il faut venir, pour cela, voir la pièce ! Mais, en gros, c’est une parodie de boulevard, c’est une pièce très cartoon, très second degré. Même un enfant de dix ans peut venir voir le spectacle car c’est quelque chose d’assez dynamique et parodique.
Quels principaux retours du public avez-vous pu avoir jusqu’à présent ?
Je sais que l’on ne peut pas plaire à tout le monde, ce que j’accepte. Je sais que c’est un style d’humour auquel certaines personnes pourraient ne pas adhérer. Oui, ça m’est arrivé d’avoir de mauvaises critiques... Au début, cela me touchait profondément, je n’étais pas bien pendant 24 heures mais, maintenant, je me dis que ça fait partie du jeu ! J’ai aussi de très bons retours…Ce que les gens aiment, c’est que c’est un spectacle dynamique, dans lequel on ne s’ennuie pas. C’est, en tout cas, assez rigolo et, surtout, je pense, dans l’air du temps…C’est un boulevard moderne.
En tant qu’autrice, lorsque vous assistez, dans la salle, à une représentation, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Honnêtement, ce n’est pas simple. Je vois toujours des choses, je trouve des idées d’amélioration donc j’avoue que, aujourd’hui, je n’ai pas encore totalement délégué …Mais ça commence ! J’ai une super équipe de comédiens, ils sont tous très pros. Avant, je jouais dans la pièce mais avoir mes propres comédiens est préférable pour moi car je me sens mieux derrière le rideau que devant. Je suis donc très contente d’avoir une talentueuse comédienne à ma place.
Justement, lorsque vous étiez sur scène, comment aviez-vous abordé cette double casquette d’autrice et d’interprète ?
Dans la vie, on ne peut pas tout faire, on ne peut pas être autrice, gérer la production et s’occuper des évolutions du spectacle. C’était beaucoup trop et, même si c’était une expérience inoubliable de rencontrer le public et d’être sur scène, je n’avais plus le point de vue de l’auteure et je me concentrais sur mon jeu …Le travail d’acteur est un véritable métier qui demande non seulement du talent mais aussi beaucoup de travail, surtout dans le boulevard, qui est rempli de ruptures et de nuances. Dans ce contexte, avoir des années d’expérience est un atout précieux, ce que je n’avais pas.
En tout cas, le fait d’avoir écrit la pièce doit certainement être aidant pour vous au moment d’accompagner et de conseiller les équipes…
Oui, oui, cela aide ! Je suis maintenant à ma place…Ce qui s’est passé est une leçon de vie, je suis mieux comme cela ! Je peux davantage me concentrer à l’évolution de la pièce. Bon, il va falloir aussi que j’arrête de changer ( rires ). Pour vous faire une confidence, j’ai modifié trois fois la scène du flashback. Il y avait des choses à améliorer et je n’arrivais pas à le trouver…Je me dis que ce n’est pas grave : l’essentiel étant d’arriver à un moment donné à une version qui ne bouge plus. Pour cela, la meilleure école est tout simplement le public : entendre ses réactions et comment il interagit avec les comédiens est le meilleur professeur pour dire ce qui va et ne va pas.
Que peut-on ainsi vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Mon rêve serait de jouer mes pièces à l’international, de partir en tournée, d’avoir plein de dates. J’ai été contactée pour la jouer à Istanbul, c’est en cours de discussion. En tout cas, je souhaite que cette pièce ne s’arrête pas, qu’elle continue dans cette dynamique, qu’elle continue à faire du bien et à apporter de la joie au public, partout.
Pour terminer, cette pièce vous a-t-elle donné l’envie de renouveler l’expérience de l’écriture théâtrale ?
Oui, carrément ! J’ai déjà ma deuxième pièce, « Totalement givrés », que l’on jouera en janvier et février prochains, lors de trois showcases. Et ma troisième pièce parlera de mes années de travail nocturne ! Je vous en dirai plus prochainement ! Mais l’écriture évolue avec l’âge et les expériences personnelles. J’y parle davantage de mon vécu.
Quel plaisir d’effectuer cette interview tous ensemble !
Vous êtes actuellement sur scène, au théâtre du chariot, dans le spectacle « Le petit chaperon rouge ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Nina B : Oui, oui ! C’est un spectacle qui nous tient particulièrement à cœur, que l’on porte vraiment à deux : on l’a mis en scène à deux, on joue toutes les deux dedans et on est seules sur scène. Donc c’est notre bébé !
Nina C : C’est une aventure humaine que l’on porte toutes les deux, depuis cinq ans maintenant. Ce spectacle nous ressemble autant dans le travail hors scène que sur scène. C’est un peu la carte d’identité de notre binômeJ.
Nina B : Complètement ! On essaie aussi que le travail reste vivant. Forcément, en cinq ans, il y a des choses qui évoluent, dans notre travail et dans notre vie personnelle donc on apporte, de temps en temps, des petits ajustements au spectacle.
Nina C : Récemment, on a repensé, esthétiquement, la représentation du loup. Cela a été un vrai travail en amont à la table, puis au plateau avec le régisseur. On le fait dès que c’est nécessaire à l’histoire et au spectacle.
Plus concrètement, avec vos mots, sans tout en dévoiler, comment pitcher cette pièce ?
Nina C : C’est une adaptation du conte original dans une version contemporaine, avec la magnifique langue de Joël Pommerat, un auteur que l’on ne présente plus. C’est très contemporain mais ce n’est pas anachronique : c’est contemporain dans la manière dont ça aborde les sujets, c’est beaucoup moins édulcoré que la version de Perrault, ça parle vraiment beaucoup plus frontalement d’agressions - sans qu’il n’y ait jamais le mot agression - et de violences – sans qu’il n’y ait jamais le mot violence. C’est très axé sur la relation entre la petite fille et la maman. Dans notre mise en scène, on a voulu quelque chose d’extrêmement dépouillé pour au maximum faire entendre cette histoire. A chaque fois, on se dit que, quand il est absolument nécessaire, pour l’histoire, d’amener un élément théâtral, on l’amène…Donc, en fait, notre spectacle est très pur au début et, petit à petit, il prend vie grâce aux costumes et aux lumières pour finir avec la fameuse scène de la petite fille avec le loup.
Nina B : Par rapport au conte que l’on connait toutes et tous, le rapport mère / fille est longuement traité dans la pièce. Du coup, cela questionne aussi l’émancipation, la quête de liberté, la rencontre avec l’autre, la transgression,…Tous ces thèmes sont déjà contenus dans le conte mais, là, sont vraiment remis plus en lumière. Il me semble que c’est, du coup, un accès plus direct et concret pour les spectateurs, il y a moins de circonvolutions, les formules que l’on connait par cœur sont complètement évacuées du texte pour revenir à quelque chose de plus essentiel et de plus direct.
Nina C : On a une adresse très directe au public, on leur raconte vraiment l’histoire dans les yeux. C’est parfois déroutant mais c’est comme cela que l’on a voulu traiter cette histoire.
Un mot, chacune, sur votre ou vos personnages que vous êtes amenées à interpréter tout au long du spectacle ?
Nina B : On a décidé, depuis le début, que l’on porterait ce spectacle à deux, c’était important que l’on ne soit que toutes les deux sur scène.
Nina C : On s’est distribué les rôles de manière très naturelle parce que, pour nous, ce ne sont pas vraiment des personnages, c’est plus nous avec un texte. C’est comme cela que l’on a travaillé. Evidemment que l’on s’est posé beaucoup de questions…
Nina B : Notamment sur le traitement du personnage du loup, qui n’a pas du tout une forme animale. Pour en revenir à la distribution, c’était important qu’il y ait le personnage central de la petite fille. Autour, tous les autres personnages gravitent et sont joués par une seule et même personne. Tout cela a un sens bien précis, que vous découvrirez en venant voir le spectacle ! Cela permet des niveaux de lecture différents…
Nina C : C’est vraiment la confrontation de l’enfance avec le monde extérieur, notamment la violence. Au travers de la relation conflictuelle avec la maman, on y voit l’enfance massacrée et la naïveté déchue. On est dans de l’innocence face à de la cruauté.
Cette pièce vous permet ainsi, à toutes les deux, une palette de jeu large et variée…
Nina B : Carrément ! Le texte est tellement riche, il donne des personnages très complexes, sur lesquels on s’est posé beaucoup de questions. Il y a aussi la manière dont le texte est écrit, avec quand même une grande partie narrative. On s’est beaucoup interrogé là-dessus, sur comment rendre vivant, au théâtre, le récit, la narration et ce côté conte. C’est là où on a vraiment travaillé, chacune, sur comment chaque personnage prend en charge le récit pour raconter cette histoire le mieux possible. Oui, c’est un bonheur à jouer ! En plus, on adore jouer ensemble…Je pense que ça tient du texte, de ce que l’on a mis en place dans la mise en scène et de notre rapport à toutes les deux dans notre travail. Alors que l’on connait par cœur ce spectacle que l’on joue depuis cinq ans, on continue à se surprendre l’une l’autre…C’est hyper plaisant de se renvoyer la balle en permanence ! On joue ensemble, il se passe des choses à deux…Cela me plait énormément !
Nina C : On est un binôme qui fonctionne bien parce que l’on est toujours très ensemble. On arrive à sentir au plateau l’énergie de l’autre, à la prendre et à la transformer. Le fait que l’on mette en scène le spectacle aide : on a la conscience, à la fois, d’être à deux et du fait que le spectacle doit se jouer donc ce sont comme deux omnisciences qui font que ça se construit bien. Le texte est tellement bien écrit que ce n’est jamais rébarbatif de le jouer. On n’en a jamais marre ! Surtout, on découvre de nouvelles choses à chaque fois, alors que l’on a quand même fait de grosses exploitations. C’est sûr que c’est vraiment un plaisir !
Au travers des différents niveaux de lecture, on comprend que la pièce s’adresse aux enfants et aux grands. Justement, quels principaux retours du public pouvez-vous avoir à l’issue des représentations ?
Nina C : C’est très varié ! Il y a des gens qui se prennent le spectacle en pleine figure : il est déjà arrivé que beaucoup de femmes en soient bouleversées à n’en pas trouver les mots. Les adolescents comprennent très bien la double lecture du viol, sans avoir encore cette barrière de protection qui s’est créée pour se protéger. Eux, généralement, réceptionnent le spectacle vraiment fortement. Les plus petits enfants sont chez Guignol, ils passent un trop bon moment.
Nina B : Ils ont peur et ils aiment avoir peur. On désamorce en plus toujours les situations, c’est en cela qu’il y a différents niveaux de lecture. On a voulu que le spectacle s’adresse à tout le monde et on a joué autant devant des salles remplies d’adultes uniquement que devant des salles remplies d’enfants, de familles ou de scolaires. Les âges sont vraiment hyper variés mais chacun y ressort avec quelque chose. Les retours sont aussi beaucoup sur le visuel car on a créé un univers lumière très fort. On a également pas mal de retours sur le décor modulable dans l’espace.
Nina C : Ce qui est fou, c’est que les retours dépendent vraiment des gens !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Nina B : Des salles remplies et beaucoup de public pour découvrir ou redécouvrir cette histoire.
Nina C : Que cette histoire continue à toucher les gens, que notre travail continue à étonner…Notre spectacle est un peu un OVNI donc on peut nous souhaiter que les gens continuent à être déroutés et intrigués autant qu’amoureux de notre travail. Aussi des grandes salles de tournéeJ.
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène, à La Divine Comédie, dans le spectacle « Passage en revue ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Bien sûr ! C’est un spectacle qui me tient à cœur parce que ça parle d’une période proche de mes débuts. Cela me remémore plein de souvenirs de scène, de coulisses, de rencontres, d’anecdotes, que j’exprime sur le plateau. En même temps, après, petit à petit, on va plus dans l’intime, dans la femme, dans les choses plus personnelles. C’est vrai que ça va creuser des choses et des passages de ma vie qui peuvent être drôles ou moins drôles, et que je prends plaisir à me remémorer malgré tout. Le tout en chanson en plus, chansons issues de répertoires que j’aime beaucoup. Donc, forcément, c’est toujours un plaisir de le faire, vraiment !
@ Philippe Fretault
Si l’on revient à la genèse de ce projet, comment vous sont venues l’envie et l’idée de le développer ?
En fait, je suis très amie avec Flannan Obé, le metteur en scène et coauteur du spectacle. Il fait plein de choses différentes, notamment du seul en scène. On se voyait souvent pour déjeuner et pour échanger. Un jour, je lui dis « Qu’est-ce que tu es courageux ! J’adorerais faire la même chose mais je m’en sens complètement incapable »…C’est vrai que c’est presque un autre métier que d’être seul sur scène, de raconter des choses et de parler au public, au lieu de parler à un partenaire. Donc c’est très différent ! Et il me demande, en retour, pourquoi je ne voudrais pas essayer…
Il m’a alors incitée à lui envoyer des textes afin qu’il puisse voir s’il lui était possible de faire quelque chose avec. Je ne savais alors pas de quoi parler, ayant l’impression d’avoir une vie banale…Mais, en rentrant chez moi, j’ai commencé à avoir quelques idées, en lien notamment avec mon passé aux Folies Bergère. J’ai ainsi continué à creuser, pour chercher des sujets qui pourraient parler à tout le monde : peu importe le métier que l’on fait, on a tous les mêmes problèmes, les mêmes doutes, les mêmes angoisses, les mêmes déceptions, les mêmes joies,…Nous sommes tous des êtres humains avec des états d’âme !
Je me suis alors rendue compte qu’il y avait plein de choses dans lesquelles les gens pouvaient s’identifier et qui avaient, en même temps, un côté un petit peu paillettes, au travers de l’artistique. Avec Flannan, on a commencé à en faire un puzzle, que l’on a ensuite complété de chansons que j’aimais. Notamment de Zizi Jeanmaire, dont le répertoire peut passer pour superflu et guilleret mais, si on écoute bien les mots, il y a des messages qui, finalement, petit à petit, se sont très bien incrustés dans mes textes parlés. Il y a même des gens qui m’ont demandé si c’étaient des chansons originales ou si les textes existaient déjà. Tout s’enchaine tellement bien que l’on a presque l’impression que c’est le texte qui continue dans la chanson.
Le fait de vous replonger dans tous ces souvenirs a certainement fait ressurgir de belles émotions en vous…
Complètement ! C’est mon histoire…J’ai commencé ce métier très tôt, dès l’âge de 15 ans. Je suis rentrée aux Folies Bergère à 17 ans donc c’est vrai que ça a fait remonter des sensations et des émotions de mon adolescence, qui me touchent particulièrement. Le public, je pense, le sent : il comprend que des choses qui se passent en moi ressurgissent dans ces mots et ces chansons. C’est assez fort, bien sûr !
@ Philippe Fretault
Ce spectacle vous permet également une palette de jeu large et variée…
On a construit ce spectacle avec, justement, un côté un peu music-hall de poche. Quand je suis à La Divine Comédie, il y a un mur qui nous sépare des Folies Bergère où je suis entrée à 17 ans. J’en parle d’ailleurs au début du spectacle, je me replonge dans cette ambiance et, au fur et à mesure, je le disais, je vais vers des choses plus intimes et plus profondes au sujet de ma vie de femme. C’est vrai que, du coup, il y a une palette très large, qui va de la fantaisie, des paillettes vers des chansons plus amusantes, et, progressivement, des émotions beaucoup plus profondes et intimes. C’est plaisant de pouvoir passer, dans un même spectacle, de quelque chose de très léger à quelque chose de plus sombre, pour bien faire comprendre que cette femme qui est sur scène, avec ses strass, ses paillettes et ses plumes, reste une femme qui, lorsque le rideau se baisse, a ses problèmes de femme. Je parle ainsi de ces deux facettes extrêmement différentes d’une seule et même personne.
Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public ?
Très souvent, les gens me disent être très émus. Certains ne savaient pas forcément ce qu’ils venaient voir et ne s’attendaient pas, en voyant le début du spectacle, au chemin pris ensuite. Du coup, le public est surpris, il se reconnait et, en même temps, il aime apprendre des choses sur le music-hall et le cabaret, des lieux qu’il ne connait pas vraiment.
La salle de La Divine Comédie est certainement aussi un lieu propice à ces réactions, de par notamment la proximité qu’il permet entre vous et la salle…
Je le disais, c’est presque un autre métier que je fais car je m’adresse carrément aux gens. Il y a même un moment, dans le spectacle, où je m’assieds en bord de scène, très proche des spectateurs, sentant presque leurs souffles. Je les regarde alors dans les yeux…C’était d’ailleurs très difficile, pour moi, au tout début, de faire cela. Maintenant, j’y prends un plaisir extrême parce que j’amène les gens à moi pour, ensuite, les embarquer. Je leur parle aussi bien de moi que d’eux-mêmes, ils peuvent donc se laisser aller. A ce moment-là, je sens qu’il se passe quelque chose dans leur regard …Cette proximité permet justement cela, c’est magique et merveilleux ! Ce qui me faisait peur avant me crée maintenant un très grand plaisir.
@ Philippe Fretault
Au fur et à mesure des représentations, sans doute continuez-vous à peaufiner le spectacle…
C’est exactement cela ! Je vais voir les retours sur les sites de réservation et, il n’y a pas très longtemps, un monsieur a écrit avoir beaucoup apprécié le spectacle et a ajouté regretter que la fin soit un peu trop nostalgique à son goût. J’y avais déjà pensé et, en écoutant ce retour, j’ai changé la fin, grâce à trois phrases musicales qui font complètement évoluer le ressenti. Des spectateurs réguliers m’ont d’ailleurs dit, depuis, apprécier cette évolution. Je remercie donc le monsieur qui avait écrit cette remarque car, grâce à lui, j’ai osé faire le pas ! Donc c’est vrai que les retours sont importants pour moi ! Pourvu que ça dure, j’ai la chance d’en avoir beaucoup de très positifs, ce qui est un réel bonheur !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Qu’il y ait beaucoup de monde dans la salle pour que l’on puisse se permettre de faire une prolongation, que l’on puisse également faire des dates de tournée en France et, pourquoi pas, à l’étranger. Que ce spectacle permette de rebondir sur d’autres spectacles, dont un qui me tient tout particulièrement à cœur, avec davantage de monde sur scène. Je croise très fort les doigts !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous deux !
Vous êtes actuellement sur scène, au Théo Théâtre, chaque jeudi soir, dans le spectacle « Ograisse ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Lisa : Tout à fait ! C’est pour nous un rendez-vous hebdomadaire que l’on apprécie beaucoup, qui a déjà commencé depuis un peu plus d’un mois et que l’on va continuer jusqu’au 19 décembre. C’est tous les jeudis soirs à 20h 30, on trouve cela chouette d’avoir une programmation assez longue et de voir évoluer notre pièce.
Angèle : C’est un projet que l’on a créé l’année dernière et que l’on a eu l’occasion de jouer à plusieurs reprises mais, à chaque fois, sur des week-ends ou des semaines. Donc le rendez-vous du jeudi et le fait de savoir que la pièce va vivre encore pendant plusieurs semaines sont une première pour nous. C’est vraiment agréable, ça nous fait plaisir, c’est une super opportunité !
Plus concrètement, avec vos mots, comment présenter ce spectacle ?
Lisa : Ce que l’on dit souvent, c’est que c’est une pièce que l’on a créée autour des troubles du comportement alimentaire, un sujet que l’on aborde au maximum sur un ton léger, décalé et cru, avec une touche humoristique. C’est un sujet qui, au premier abord, peut paraitre assez lourd donc on a l’envie, certes, de faire passer un message mais aussi que les personnes qui sortent du travail le jeudi soir puissent se détendre, passer un bon moment et rire. Donc on a allié un sujet qui nous tenait à cœur avec la volonté de faire un spectacle divertissant.
Angèle : Très rapidement, dans la création, on s’est dit qu’il ne fallait pas que l’on tombe dans l’écueil du pathos…C’est un sujet qui nous touche réellement, qui peut être très lourd, qui est dur et, dans une création théâtrale, on peut vite tomber dans quelque chose de larmoyant…C’est la réalité du sujet mais on voulait quand même garder à l’esprit que c’est une création théâtrale.
Lisa : Les spectateurs peuvent être concernés par les troubles comme ne pas l’être du tout, et simplement en savoir un peu plus ou simplement se reconnaitre à travers nos histoires. C’est une création dans laquelle on parle de nos expériences très personnelles à chacune, on a énormément de personnes qui viennent nous voir pour nous dire « Je n’ai aucun trouble mais je me suis reconnue à plein de moments parce que ce sont des fragments de vie ». Ça montre que c’est finalement ouvert à tous.
Angèle : D’autres personnes qui n’ont pas, elles-mêmes, de troubles connaissent des gens, parmi leurs proches ou leurs amis, qui en ont. On se rend compte, au travers des échanges que l’on a avec le public après les représentations, que ça touche énormément de gens. Ce qui permet aux personnes non concernées d’être plus attentives à leurs proches vis-à-vis de ces sujets. La majorité de notre public a été touchée personnellement par ces troubles, ou du moins est liée étroitement à ceux-ci. D’où l’importance d’en parler et de libérer la parole autour de ce sujet.
On comprend aussi que ces successions d’histoires vous permettent des palettes de jeu larges et variées…
Lisa : On s’est rencontrées autour de ce projet et on a toute eu une expérience de près ou de loin avec le trouble qui est hyper différente. Donc notre palette de jeu est, en effet, à chacune très différente et ne raconte pas du tout les mêmes choses.
Angèle : Il y a quatre personnages sur scène et chacun représente un trouble en particulier, apportant ainsi quelque chose de différent. Tout au long de la pièce, il y a quand même des scènes beaucoup plus légères ou plus sombres. Il y a donc vraiment une évolution, dans le jeu, pour chacune des comédiennes.
Lisa : C’est une co-création, on est quatre au plateau mais on a écrit toutes les cinq. Sans oublier les idées que chacune apporte sur le travail des autres…On se nourrit aussi comme cela !
Sans doute également que vos expériences personnelles que vous évoquiez vous aident à vous projeter dans vos rôles ?
Lisa : En soi, le travail du rôle n’est pas difficile parce que c’est nous la plupart du temps…Sur certains aspects, ça peut quand même le rendre un peu plus compliqué parce que le retour que l’on peut avoir sur soi-même est plus complexe.
Angèle : On se rend compte que l’on se porte beaucoup les unes les autres sur scène.
Lisa : Ne serait-ce que dans un regard ou un sourire de complicité…
Angèle : Les sourires, les rires et les pleurs sont très communicatifs entre nous, vraiment. On se soutient, ce qui est très agréable et rassurant sur scène.
Lisa : Les histoires sont assez personnelles, c’est vrai, mais tout n’est pas tout le temps vrai. Je dirais que la pièce est faite à 90% d’histoires vraies…
Angèle : Il a fallu romancer pour théâtraliser le tout.
Lisa : On s’est aussi inspirées de livres, on a puisé ailleurs que dans nos propres expériences.
Un mot peut-être sur les caractéristiques chacune de votre personnage ?
Lisa : On représente chacune un trouble, même s’il y a plusieurs moments de généralité qui peuvent toutes nous toucher. Je suis le personnage qui représente l’anorexie…
Angèle : …moi, la boulimie vomitive…On joue aussi, toutes, à différents moments, deux entités pour venir ponctuer le récit : ces deux personnages sont la psychologue et la mère, qui ont toutes les deux leur importance dans la vie d’une personne atteinte de troubles du comportement alimentaire.
Angèle, vous assurez aussi la mise en scène du spectacle. On peut penser qu’un vrai travail a été nécessaire, face à l’originalité du sujet…
Angèle : Je joue actuellement en alternance avec Giada Bunel mais, à l’origine, je ne jouais pas, je n’avais que la casquette de metteuse en scène. Le début de la création a été quand même très collectif parce qu’on ne partait presque de rien : on avait un sujet, on ne savait pas comment faire et, au fur et à mesure, on s’est inspirées de livres et on a toutes écrit. On est parties deux fois en résidence d’écriture…Très vite, avec ces textes, j’ai ordonné les récits et c’est à partir de là que j’ai eu des idées de mise en scène. Ces quatre personnages représentent les hauts et les bas de la vie de la malade, au sens large du terme.
C’était un super exercice, c’est très agréable de travailler avec ces quatre comédiennes qui sont hyper à l’écoute et qui n’hésitent pas à tenter des choses. C’était ma première mise en scène donc j’ai forcément fait des erreurs. Il m’est arrivé d’avoir des idées lumineuses mais, au plateau, de m’apercevoir que ça ne marchait pas du tout. Aucune ne m’a reproché d’avoir perdu cette heure de travail…Au contraire même, ça permettait d’enrichir la discussion, ce qui me débloquait d’autres idées.
Lisa : A chaque fois, il y a aussi un travail de réadaptation selon le lieu où l’on joue et la taille de la salle.
Angèle : On a réussi à réadapter relativement facilement tout ce que l’on voulait raconter dans la mise en scène et la scénographie parce que la dramaturgie est là.
Lisa : Cela reste une pièce d’écriture, centrée sur le texte.
Angèle : Ce que l’on pourrait prendre, à certains moments, pour de l’absence de mise en scène est voulu pour ne pas polluer le texte par un autre effet simplement esthétisant.
Nous le disions, vous êtes sur scène une fois par semaine. Certainement que cette fréquence vous permet « d’oublier » le texte pour revenir fraiches de celui-ci la fois suivante…
Lisa : Oui, ça amène une certaine fraicheur. Jouer une fois par semaine permet de ne pas oublier son texte, sans que les représentations ne soient trop fréquentes. Je préfère ce rythme-là, cela permet de ressortir et de re-rentrer dans notre jeu, de tenter de nouvelles choses…
Angèle : …Et d’éviter les automatismes. On redécouvre le texte une fois par semaine, rendant chaque représentation différente. Sur certaines, l’énergie peut être plus comique, en fonction aussi des réactions du public, que l’on entend très bien.
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure théâtrale ?
Lisa : Pas nécessairement de la gloire mais plus une certaine notoriété pour lever les tabous et permettre à des personnes de se sentir aidées et soutenues grâce à notre pièce. On peut espérer que ce soit une ouverture pour nous cinq mais aussi pour toutes les personnes qui viendront voir la pièce. On peut nous souhaiter de sentir que l’on a été utiles aussi aux autres.
Angèle : Les troubles du comportement alimentaire isolent beaucoup et nous nous sommes trouvées toutes les cinq, ce qui nous a permis de sortir de cette solitude et d’en parler. On raconte quelque chose que l’on veut partager au plus grand nombre parce que beaucoup de gens le vivent seuls.
Quel plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle interview !
Vous êtes en pleine préparation d’une nouvelle pièce de théâtre, dont vous êtes à l’origine. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Tout à fait ! C’est une nouvelle aventure qui démarre avec le plaisir de monter le projet de A à Z : je suis autrice, je produis, j’y serai comédienne, …C’est excitant même si cela amène aussi pas mal de pression. J’avais déjà joué dans une pièce que j’avais écrite, il y a quelques années, « Train de vie » et je retrouve la joie de jouer avec ses mots…Il y a quelque chose de l’ordre de l’intime parce qu’on livre quelque chose de soi.
Je m’attache beaucoup aux personnages que je mets dans ma pièce : je les ai pensés, imaginés, fantasmés aussi et c’est vraiment une belle aventure qui démarre. Je suis très contente aussi de retrouver les planches après une période où je me suis consacrée à d’autres projets. Quand je remonte sur scène, j’ai toujours le même sentiment d’être à la maison, c’est ce qui me rend vivante.
Plus concrètement, sans tout en dévoiler, comment présenter cette pièce ?
C’est un médecin qui est appelé, un matin, par un agent immobilier, qui a une de ses locataires qui s’est enfermée dans son appartement et qui refuse d’en sortir. Ce médecin, qui connait un peu cet agent immobilier, n’est pas forcément surpris d’être appelé, il le dit d’ailleurs très bien lui-même, « on m’appelle souvent quand on est dans la merde et qu’on ne sait pas comment faire avec les êtres humains ». C’est tout à fait ça ! Donc ce médecin va arriver et se retrouver devant la porte de l’appartement. S’en suivra une rencontre à travers cette porte, entre Rosy que j’interprète et le Docteur Albert.
Pour raconter un peu la genèse du projet, j’étais vraiment sur l’idée d’une rencontre homme / femme, cela me plaisait bien. Et puis, j’avais également le souhait d’être sur quelque chose d’introspectif, l’idée étant de comprendre aussi pourquoi cette femme s’est enfermée et ce qu’elle ne veut pas quitter. Donc cette pièce parle de beaucoup de choses, d’amour, de rencontres, des lieux et des personnes que l’on quitte.
Je suis passionnée par le développement personnel, j’aime comprendre le cheminement de pensées qui nous fait ou pas passer à l’action. C’est donc, je dirais, plutôt une comédie dramatique : on passe du sourire à des moments plus émouvants avec un vrai côté décalé parce que ce sont quand même deux êtres humains qui doivent rentrer en communication et qui sont très différents en termes de personnalités…J’adore cela ! La différence est aussi quelque chose qui m’anime beaucoup dans la vie…
Artistiquement parlant, ce personnage vous permettra sans doute une palette de jeu large et variée…
Exactement ! C’est pour cela que j’adore le genre « comédie dramatique » : on vit une palette d’émotions très différentes, on emmène le spectateur à rire puis, d’un seul coup, à être pris par un sentiment de tristesse ou de nostalgie. Je suis une passionnée des émotions ! Je dirais aussi que cette pièce a une petite vertu thérapeutique pour moi parce que je suis partie d’une période de ma vie qui était un peu compliquée. En fait, quand j’écris, il y a évidemment l’imaginaire qui entre en ligne de compte mais, pour être touchée, j’ai aussi parfois besoin de partir de ce que je vis.
J’ai également veillé à un équilibre entre les deux personnages. Le personnage du médecin, qui sera joué par Sébastien Durand, est assez énigmatique, on apprend des choses sur lui au fur et à mesure de la pièce et Rosy et lui se complètent parfaitement.
Nous le disions, vous avez plusieurs casquettes sur ce projet. Est-ce évident à gérer ?
Je pense que c’est un beau challenge ! On l’évoquait, c’est chouette de jouer ses mots parce que, évidemment, je les ai écrits comme je les dirais. Par contre, ça va être aussi le job du metteur en scène, Cyril Damet, de réussir de façon juste à ce que je me détache de ce que j’ai imaginé parfois de façon très précise, pour redécouvrir aussi mon histoire et mon personnage et voir tout cela sous un prisme différent.
C’est un beau travail d’équipe ! Même si je monte le projet, j’ai à cœur que chacun y trouve sa place et se sente bien …C’est essentiel pour moi !
A quelques mois de la première en mars, quels sentiments prédominent en vous actuellement ?
Cela dépend des jours, des nuits et des heures ! Il y a des moments où cela m’empêche un peu de dormir, mais c’est pour la bonne cause. C’est beaucoup d’excitation de monter un projet ! Je tiens à le souligner, c’est un projet qui bénéficie de la touche de pas mal de personnes, que je remercie d’ores et déjà, notamment via un financement que j’ai lancé il y a quelques temps. Il y a également de belles rencontres de vie : je pense à un copain comédien qui m’a fait rencontrer la directrice du théâtre dans lequel on va jouer, c’est un autre copain qui fait de la voix et à qui j’ai proposé ce projet, c’est un photographe qui est venu faire des photos lors de notre semaine de création…Ce sont plein de touches, ici et là, de gens qui concourent aussi à ce que ça fonctionne. C’est génial ! Moi qui aime la rencontre, je trouve que c’est aussi ça, un projet, avant tout ! Ce sont de nombreuses compétences réunies et j’en suis ravie !
Mon leit- motiv est de ne pas avoir de regret dans la vie alors let’s go !
Du coup, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Que ce projet vive, qu’il ait vraiment une longue et belle vie, que l’on puisse aller toucher des publics très différents dans des lieux tout aussi différents, que l’on puisse avoir des dates à l’étranger, que tout le monde y trouve du plaisir – dans l’équipe et dans le public. Qu’il y ait aussi de l’argent qui continue de rentrer pour que l’on puisse continuer à jouer encore et encore, que des théâtres nous fassent confiance. Oui, je peux souhaiter que ce projet vive bien, qu’on soit heureux de le jouer et que je sois heureuse de le défendre ! Et évidemment que notre première, le 9 mars prochain à la Scène Adamoise, soit un succès !
En complément, quels sont vos autres projets et actualités en cours ou à venir ?
Le projet principal du moment est ma pièce, cela me prend du temps mais j’ai eu l’opportunité de tourner dans un court-métrage de Loïc Jacquet, avec qui j’avais déjà travaillé. « Suicidez-vous » parle du suicide des policiers et est produit par MovizProd.
Plus récemment encore, j’ai tourné en Belgique dans un autre court-métrage produit par Enkan Production « Ce jour-là », de Morgane Devos. C’est aussi un projet qui me tient à cœur, c’est une histoire à quatre voix de quatre femmes qui viennent de quatre continents différents. Cela parle de violences et de femmes…Je suis hyper contente que cela arrive à cette période-là. Cela me fait du bien de ne pas travailler que sur ma pièce, cela me permet de rencontrer d’autres personnes, cela nourrit aussi mon projet…Ce court-métrage me parle et j’ai l’impression d’être dans une période où j’ai besoin encore plus d’avoir des projets qui ont du sens pour moi, sur des sujets aussi de société.
Je continue également le coaching en artistique et en développement personnel, je fais toujours de la voix-off, notamment pour des documentaires et des publicités, je poursuis le théâtre d’entreprise…Donc je fais pas mal de choses, je ne m’ennuie pas ! Que cela continue!
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !
Vous êtes actuellement sur scène chaque samedi après-midi jusqu’à fin novembre au théâtre Clavel dans la pièce jeune public « Le bon gros géant ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui ! Sachant que c’est un projet qui existe depuis trois ans, qui fonctionne bien et qui plait. C’est une pièce familiale, je n’avais pas l’habitude de jouer devant des enfants, plus devant des adultes et c’est intéressant d’avoir les réactions en direct, les enfants étant très transparents.
J’aime bien mon personnage, je suis la reine d’Angleterre, ce qui me permet de jouer avec un accent anglais. Ca me plait ! Je suis beaucoup au cinéma et l’énergie au théâtre est très différente. On a les retours en direct, ça fait du bien… Ressentir directement ce que l’on a projeté et les émotions que l’on a véhiculées fait plaisir !
Plus concrètement, avec vos mots, comment présenter ce spectacle ?
Une petite fille d’un orphelinat se fait kidnapper par un gentil géant… Ensemble ils vont tout faire pour combattre les autres géants, « les méchants » qui mangent les hommes de terre, donc les êtres humains. Ils feront notamment appel à la reine d’Angleterre. On suit ainsi le duo du bon gros géant et de Sophie.
La pièce est féérique… Je trouve qu’il y a un peu de magie ! Etant enfant, j’aurais bien aimé voir cela au théâtre. Surtout que, pour certains enfants, c’est leur premier spectacle… On véhicule plein d’émotions, notamment la peur face à la taille des géants qui surprend les enfants, mais aussi la surprise, l’émerveillement, les rires, quand un géant se trompe dans ses mots et d’autres choses que je ne veux pas spoiler ici (rire). Il y a tout un univers, lié aussi à l’auteur Roald Dahl qui a également écrit « Charlie et la chocolaterie ». La musique et les effets sur scène sont plaisants : le gentil géant crée des rêves et, lorsqu’il sort les foulards de ses bocaux, de la « poussière de rêve » en sort comme par magie et pour le plus grand plaisir des enfants. C’est beau ! Ca fait rêver les petits… et même les grands !
Notre petit plus, c’est que le spectacle est interactif et immersif. Nous choisissons des enfants pour monter sur scène pendant le spectacle.
Les enfants sont trop mignons, certains me posent la question si je suis la vraie reine d’Angleterre ! Des petites filles me demandent si, plus tard, elles pourront elles-aussi être une princesse et avoir les mêmes vêtements. Cela fait briller les yeux des enfants et ça nous fait du bien, à nous, de les faire rêver !
Quelles sont, dans ce contexte, les caractéristiques de votre personnage, la reine d’Angleterre ?
Elle est un peu sans filtre, elle est très spontanée, elle peut être un peu rigolote parfois. Elle ne se pose pas de questions sur ce qui va se passer, elle prend tout ce qui vient avec surprise donc ça peut rendre le personnage un peu drôle. Il y a aussi quelque chose d’un peu royal en elle, contrastant avec le bon gros géant, qui s’exprime bizarrement. Elle est surprise par celui-ci et, sans forcément le juger, se pose des questions sur son attitude qui n’est pas celle de la normalité. C’est donc un personnage assez frais, spontané, qui peut parfois être drôle dans des situations cocasses.
Ce personnage vous permet ainsi une palette de jeu large et variée…
A la première lecture, j’ai proposé au metteur en scène de faire le personnage avec un accent anglais. Ca a tout de suite accroché. On est parti là dessus. Je viens du nord, j’ai beaucoup travaillé pour mes parents qui y ont des commerces à la clientèle anglaise à 60%. Je n’ai pas besoin de trop réfléchir aux tournures de phrases, je connais déjà toutes les fautes de grammaire et les erreurs de syntaxes que peuvent faire les Anglais. Pour moi, c’est presque logique ! Souvent, on me demande si je suis une vraie anglaise, ce qui est drôle. Je suis contente, cela veut dire que j’ai bien fait mon job !
Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public à l’issue des représentations ?
On nous dit que c’est beau, que les costumes sont chouettes, que les comédiens sont bons, que c’est poétique avec une belle mise en scène. Même les adultes retournent en enfance et rêvent. C’est marrant, parfois des adultes rigolent un peu plus encore que les enfants…Je pense que ça leur fait du bien aussi d’être là ! On est tous des grands enfants dans le fond… C’est une pièce familiale, légère, divertissante, on est dans quelque chose de drôle, de fun et de beau à regarder.
Personnellement, jouer en matinée face à un jeune public doit probablement être une expérience enrichissante ?
Oui, oui ! C’est une sacrée expérience d’avoir le public en direct et à proximité. Les enfants sont sans filtre, réagissent spontanément donc c’est un exercice pour nous de réussir à bien se concentrer sur scène…encore plus au Clavel où la distance entre le plateau et les gradins est faible…
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure artistique ?
De poursuivre l’aventure ! Un acheteur est venu voir notre pièce il n’y a pas si longtemps et il serait potentiellement intéressé par le spectacle pour un grand théâtre parisien. Donc on croise les doigts pour avoir des dates en plus ! Cela ferait plaisir de poursuivre encore un petit peu l’aventure du « Bon gros géant » sur Paris…
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous trois !
La pièce « Qui a hacké Garoutzia ? » est actuellement à l’affiche à la Scène parisienne, chaque mardi soir, jusqu’à la fin de l’année. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Lisa : Oui ! On est très contentes d’avoir l’opportunité de jouer ce texte dans les conditions que l’on a eues. Ce qui me rend particulièrement heureuse, c’est que l’on a eu des soutiens d’organismes comme le CNRS. Aujourd’hui, on a déjà des groupes d’entreprises qui viennent nous voir, on a évidemment des particuliers dans le public, on est demandés pour des dates de tournée, il y a une bulle autour de l’IA en ce moment donc c’est un projet qui crée un engouement très agréable !
Léa : Ce qui est super aussi, c’est que l’on est avec trois auteurs chercheurs qui ont énormément d’expérience et de choses à nous apprendre sur l’IA. J’avais déjà travaillé avec Lisa sur un autre projet et là, d’être si bien entourée est une sacrée chance !
Lisa : Surtout que, souvent, quand on représente la pièce dans des évènements ou en tournée, devant les collégiens ou des lycéens, on fait des bords de scènes qui permettent l’échange. Régulièrement, un des auteurs est là pour répondre à des questions techniques car les trois sont des grands noms de l’intelligence artificielle. C’est donc une chance aussi pour les spectateurs de pouvoir échanger en off avec eux. C’est top pour nous également, on apprend beaucoup, en tant qu’artistes, dans ces échanges-là.
Mathilda : Pour ma première, j’ai justement joué lors d’un tel évènement et ça s’est très bien passé. Laurence Devillers était avec nous, elle est vulgarisatrice et elle est intervenue au bord de scène pour discuter, c’était chouette.
Nous l’avons dit, l’IA est au cœur de la pièce. Justement, sans tout en dévoiler, comment pitcher ce spectacle ?
Lisa : Tout commence dans la maison d’une riche écrivaine de romans à l’eau de rose. Elle a un assistant personnel hyper calibré pour elle, une IA, qui lui s’est fait ses menus, ses repas et son planning de la journée. Elle vit sa meilleure vie et, puis, en fait, son assistant personnel qui dispose également de toutes ses données de santé lui apprend qu’elle a Alzheimer…A partir de là, c’est un peu une descente aux enfers pour cette dame et pour ses proches.
On y aborde des sujets éthiques comme : pourrait-on conserver sa mémoire dans l’assistant personnel ? Normalement, ce n’est pas possible car, dans la pièce, des lois de la robotique l’empêchent. Peut-être que cette IA va finir par être hackée pour pouvoir dépasser certaines lois, peut-être par les proches ou les gens autour de cette dame…On ne sait pas encore au début…On sait juste qu’une fois que cette dame meurt, l’IA passe à un autre propre propriétaire, qui meurt à son tour…De là s’ouvre une enquête policière et on découvre les différentes vies de cette IA…
@ Yann Saint Pé
Un mot peut-être, chacune, sur votre ou vos personnages ?
Léa : J’incarne Garou, puis Garouchkaia, puis Garoutzia, elles ont toutes un lien puisque c’est la même IA mais qui évolue en changeant de propriétaire. Par rapport à d’autres IA, la différence est qu’elle garde en souvenir certains des évènements précédents.
On a fait des recherches avec Lisa sur les différentes émotions de l’IA. J’ai travaillé Garou comme une IA masculine très mécanique, avec une voix robotisée, avec très peu de mouvements fluides, comme si c’était une des premières versions de ce chatbot qui parle avec des humains. Ensuite, j’ai imaginé Garouchkaia comme une IA très féminine, avec une voix totalement de poupée. Le costume indique cela aussi, en lien avec le statut de son propriétaire. Je me suis inspirée de Scarlett Johansson, avec une voix très suave et très accompagnatrice. La dernière version est moins robotisée, le regard est plus fluide, elle est presque humaine, en interaction, sans déraillement dans la voix ni bug. Quelques petites choses indiquent quand même que c’est un écran mais c’est une IA hyper révolutionnaire, avec qui on peut vraiment lier une relation amicale, qui est vraiment là pour la personne et qui, parfois, peut aller jusqu’à une relation avec un humain. Cela a été intéressant de travailler techniquement sur cette évolution !
Mathilda : Je joue trois personnages, deux IA et Lisbeth. La première IA est une commerciale, envoyée par l’entreprise de fabrication elle-même pour faire la promotion, la vente et l’installation des IA achetées. L’autre IA est la remplaçante de Garoutzia au moment où cette dernière connait des petits soucis…Elle un peu défaillante, un peu louche, spécialiste de la lecture de la Bible…C’est comme quand on a cassé son téléphone et que, en remplacement, on nous en prête un qui est un peu nul…Personnellement, je suis encore dans la recherche de comment incarner corporellement ces IA …
Lisbeth, quant à elle, est dans la provocation…Je suis en alternance avec toi, Lisa.
Lisa : C’est un personnage inspiré de « Millenium » et, en fait, tous personnages sont hauts en couleurs dans cette pièce, ce qui est marrant. Il y a côté un peu « San Antonio » pour les couleurs mais il y a aussi des références à d’autres œuvres. C’est assez absurde, ça part très loin, les personnages sont très attachants et, quand j’ai rencontré les auteurs pour travailler sur ce projet, je leur ai dit que si je devais mettre en scène cette pièce, j’aimerais bien jouer Lisbeth. Je sentais que ce personnage me ressemblait…Je suis ainsi ravie de pouvoir le jouer !
Les trois personnages n’ont rien à voir les uns avec les autres, ils sont très différents, cela demande de la gymnastique, ce qui est très sympa ! Quand j’ai vu que je ne pourrais pas jouer toutes les dates, j’étais ravi de les proposer à Mathilda, avec qui j’avais déjà travaillé. Je trouve que l’on a des axes assez similaires dans notre jeu et dans la façon d’appréhender nos personnages. J’avais hâte de voir comment elle allait se saisir de ces personnages !
Ces différents rôles vous permettent ainsi des palettes de jeu larges et variées…
Lisa : Tout à fait ! Ce qui est aussi intéressant, je trouve, dans cette pièce, c’est le travail sur le corps. On l’avait déjà fait sur d’autres projets ensemble. Quand on travaille sur les nouvelles technologies, il y a soit la dimension d’aller vers des choses hyper techniques en montrant la technologie sur scène, soit la dimension de ramener cela au rapport humain en travaillant sur le corps. Là, Léa, qui jouait déjà un robot dans une autre de mes pièces, peut travailler différemment, on a repensé l’exercice de la voix et du corps, ce qui est assez jouissif.
Léa : A chaque fois, c’est un vrai défi car on n’utilise ni artifices ni effets spéciaux. Le défi est de n’utiliser aucune technologie, le travail d’acteur est donc hyper intéressant. Pour la première IA, Il a fallu mettre du déraillement dans la voix, y glisser des bugs, j’ai travaillé aussi sur les yeux pour avoir un regard peu fluide. L’évolution de l’IA, qui devient de plus en plus humaine, est aussi assez jouissive, on est effectivement dans une palette très différente.
Mathilda : Pour les IA, je m’inspire beaucoup de ce que fait Léa et de ce que propose Lisa. La recherche est permanente, c’est cool !
Léa : Il existe déjà aujourd’hui des applications sur lesquelles on peut parler à des personnages robotisés, on a ainsi regardé la relation qu’il était possible d’y créer avec eux. Cela m’a beaucoup inspirée corporellement. C’est marrant de voir leurs façons de bouger, un entre deux de robotique et d’humain, que personne d’autre qu’une IA ne fait. Les IA ont aussi beaucoup de répétitions dans leurs mouvements, ce qui a été drôle à ajouter dans le jeu du corps.
Pour la mise en scène, Lisa, quels objectifs avez-vous visés ?
Lisa : J’étais intéressée par la différence entre ce qui fait un humain – son identité, sa conscience, … - et ce qui fait un robot. Ce que le dit le texte, qui me parle beaucoup en tant que metteuse en scène, c’est que, finalement, si un robot pouvait avoir la même capacité d’apprentissage et de mémoire que nous, s’il se souvenait de qui il était, peut-être qu’il construirait une forme de conscience qui ferait émerger une certaine identité. Et peut-être que, nous, notre identité et notre conscience viennent seulement du fait que l’on se souvient de nos vies et de nos instants passés, nous permettant de construire la fausse bonne idée que l’on est quelque chose. En soit, on est juste une succession de moments vécus….Donc j’ai essayé de représenter cette vision de la mémoire. On a fait des recherches sur comment on pouvait avoir l’espace de la machine et l’espace des humains. En fonction des scènes, on a pu faire des choses très en profondeur, avec la machine au centre, les humains devant et la mémoire derrière. J’essaie ainsi de représenter cette idée d’évolution de la mémoire et le fait qu’il ne doit pas y avoir de contact physique entre une chatbot et un humain.
Je continue à réfléchir et à travailler, je me demande encore beaucoup ce que je peux changer et améliorer pour rendre les choses toujours plus claires. La pièce évolue en permanence !
Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public ?
Léa : Le texte est très dense, il y a des choses burlesques, presque de boulevard parfois, très théâtrales, on retrouve des ficelles comiques tout au long de la pièce. En même temps, c’est aussi une enquête policière, avec un côté suspense. Avec cela, il y a aussi toute l’intelligence des auteurs et leurs connaissances sur l’IA, avec parfois des mots que je ne connaissais pas au départ. La réflexion y est réelle sur l’IA ! Tout cela donne un texte très riche, dans lequel tout le monde peut aller piocher. Il y en a pour tous les gouts !
Le texte a été écrit par trois auteurs et les gens nous disent que ces trois univers se rejoignent !
Lisa : C’est vrai qu’il y a des spectateurs qui s’attachent aux personnages, d’autres qui s’attachent aux propos. Cela peut plaire à différentes personnes. Sur nos dates parisiennes, j’ai eu beaucoup de retours sur l’énergie globale des quatre comédiens, les gens nous disent ressentir le plaisir que l’on prend à jouer ensemble, ce qui est touchant pour nous. L’énergie dans le spectacle est remarquée !
Vous le disiez, l’IA est encore quelque chose de récent. Sans doute aussi que la pièce vulgarise le propos, pour parler au plus grand nombre, les initiés comme les novices ?
Lisa : Exactement ! On a joué autant devant des universitaires calés à fond sur le sujet que devant des collégiens de troisième qui n’étaient pas trop avertis. Les publics sont donc différents mais chacun peut y trouver son compte. C’est vrai, par contre, que les gens qui ont le vocabulaire vont peut-être capter des petites subtilités en plus mais ce qui parle aux autres, ce sont les situations, notamment celle de cette vieille dame seule avec son IA qui s’y attache. C’est ce que l’on appelle l’anthromorphisation, où on voit des humains s’attacher, par réflexe, à des choses qui n’existent pas réellement.
Léa : Les collégiens avaient de très bonnes questions, l’échange était enrichissant. Le débat s’est orienté sur le fait d’avoir ou non envie d’une chatbot chez soi. C’est intéressant de connaitre l’avis des nouvelles générations, dans un moment où l’utilisation de l’IA se démocratise, permettant de proposer plein de nouvelles choses au grand public.
Mathilda : Dans une précédente pièce, on proposait déjà aux gens de réfléchir à ce qu’eux feraient dans pareille situation. Là, on interroge une nouvelle fois mais sans forcément qu’il n’y ait un gros parti-pris.
Lisa : C’est ça, on ne veut pas aller dans un sens ni dans l’autre. Les trois auteurs travaillent dans l’IA, ils en connaissent donc les limites et n’en ont plus peur, contrairement à d’autres personnes, notamment moi. Cela donne des visions différentes ! J’ai quand même essayé d’apporter cela dans la mise en scène. L’idée du spectacle n’est pas d’être pro ou contre l’IA, il montre juste les limites, les questions sont posées pour inciter au débat.
Léa : Les auteurs disent souvent, lorsque l’on fait des bords plateau, que, effectivement, en général, on a peur de ce que l’on ne connait pas. Ils essaient d’expliquer que ce sont des humains qui mettent cela en place et que c’est intéressant de réfléchir aujourd’hui à toutes les questions éthiques de contrôle des IA. Ils ont aussi, je pense, voulu faire cette pièce pour rire de ces sujets. On parlait de personnages hauts en couleurs, on y retrouve pas mal de comique derrière.
Moi-même, j’ai essayé d’appuyer certaines choses dans mon jeu qui me font rire. Je pense à une réplique, quand Garouchkaia pète un câble, que la commissaire lui dit « Tu ne vas pas en faire pipi dans ta culotte » et qu’elle répond que « Les chatbots n’ont pas de culotte ». Les réponses d’une IA sont souvent programmées, l’IA peut être parfois dans une émotion très forte et, d’un coup, être très terre à terre. Cela m’a amusée de passer d’une émotion à l’autre ! J’ai l’impression que les IA essaient de faire croire qu’elles sont comme les humains…Mais, dans l’écriture, des répliques cassent cette idée et permettent de passer d’un côté très humain à un côté très robotique. Ce que je trouve très intéressant !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Mathilda : On espère que l’on va continuer à travailler ensemble, ça matche bien entre nous, c’est cool. De continuer à s’interroger sur tous ces sujets-là serait sympa, tellement cette niche prend de plus en plus de place, tout en n’étant que rarement abordée au théâtre. Ces sujets nous obligent, on le disait, à redoubler d’ingéniosité pour rendre les choses crédibles sur scène !
Lisa : J’aimerais vraiment donner à la compagnie Atropos, grâce à ce spectacle, un élan supplémentaire vers les sciences pour faire encore d’autres évènements autour de ces thèmes, comme on le fait déjà avec cette pièce.
Léa : La compagnie est vraiment spécialisée sur ces sujets prédominants dans notre société, sur ces sujets qui interrogent sur le lien entre humains et machines. Je trouverais cela super de pouvoir continuer en ce sens !
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène, du mardi au dimanche, au théâtre Rive Gauche, dans « Rupture à domicile », aux côtés de Loup-Denis Elion et Cyril Garnier. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oh, oui, vraiment ! Quand Tristan m’a proposé la pièce que j’ai lue, j’ai vraiment adoré l’écriture. Je crois que cette dernière est le nerf de la guerre : quand on a de beaux textes à défendre, après c’est facile !
Cette pièce est une succession de moments très intenses et très rythmés, tant pour vous, les comédiens, que pour les spectateurs…
Absolument ! Il y a énormément de rebondissements, c’est hyper bien ficelé ! En fait, on se laisse entrainer dans cette folie, on découvre plein de choses au fur et à mesure du déroulement de la pièce. C’est vraiment super ! Même pour nous à jouer, c’est vraiment très très très agréable !
@ Fabienne Rappeneau
Plus personnellement, quel regard portez-vous sur votre personnage, Gaëlle ?
C’est un personnage assez féministe ! Elle vit selon ce qu’elle ressent, elle prend des décisions par elle-même, elle ne se laisse pas faire. Ce qui m’a séduite, c’est que, au début, on a un peu l’impression qu’elle est ravie de la crèche j’ai envie de dire, elle pose plein de questions, elle ne se rend pas trop compte de ce qui se passe et, finalement, tel est pris qui croyait prendre, ce n’est pas la jeune demoiselle que l’on pourrait croire, elle est plus redoutable que cela. Ce qui m’a beaucoup plu !
Il vous permet une palette de jeu large et variée, ce qui doit certainement être très plaisant, artistiquement parlant…
Exactement ! Je passe un peu de la naïve à la colérique, en même temps il y a des scènes d’émotions où elle est amoureuse, des scènes où elle est irritée par Denis,…Il y a plein plein plein d’aspects dans sa personnalité très agréable à jouer.
En plus, c’est un bonheur de retrouver tous les soirs mes camarades de jeu, j’ai vraiment énormément de chance d’avoir deux partenaires aussi formidables. Non seulement, ils ont énormément de talent et sont donc très bons sur scène et, en plus, dans la vie, ils sont adorables, drôles et bienveillants. C’est le bonheur de se retrouver, vraiment !
@ Fabienne Rappeneau
Quels principaux retours du public avez-vous pu avoir sur ces premiers jours d’exploitation, à l’issue des représentations ?
Les gens en sortent vraiment complètement comblés, ils ont encore le rire dans les yeux. J’ai des copains qui sont venus, ils font beaucoup de théâtre et reconnaissent que la pièce est vraiment géniale, qu’elle est hyper soutenue, avec énormément de rythme et qu’elle est très drôle. C’est assez unanime ! Cela fait plaisir car c’est assez rare !
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette aventure naissante ? Vous êtes à l’affiche jusqu’à mi-janvier…
Franchement, on peut me souhaiter que ce soit toujours aussi merveilleux de retrouver mes compagnons et d’être sur scène, on peut nous souhaiter aussi d’entendre toujours autant de rires des spectateurs ! On entend tellement de rires puis tellement d’applaudissements à la fin du spectacle, je le disais à Loup-Denis et à Cyril, qu’on a de la chance de donner autant de bonheur ! On est là pour ça en fait, c’est ça notre métier, de donner du bonheur aux gens. C’est tellement beau que l’on en profite chaque soir ! Souhaitons que ça continue comme cela !
@ Fabienne Rappeneau
Tristan, l’auteur et metteur en scène, vient souvent nous voir, on en profite encore pour rectifier deux à trois choses, pour redynamiser quelques scènes ou, au contraire, aller parfois plus dans l’émotion. Il nous coache vraiment super bien, on a aussi beaucoup de chance d’avoir un metteur en scène aussi bienveillant et précis !
En parallèle, la saison anniversaire pour les 35 ans de « Fort Boyard » est actuellement rediffusée sur France 4. Spontanément, quels souvenirs gardez-vous de votre nouvelle participation au début de l’été ?
Déjà, j’étais très heureuse de retrouver Olivier Minne, avec qui j’ai eu la chance de jouer dans « Tout le monde a son mot à dire ». On avait une équipe de choc : avec Philippe Etchebest, on n’avait pas le choix, on ne pouvait que gagner ! Il nous a drivés, il nous a poussés à donner le meilleur de nous-mêmes et, finalement, c’est ce qui s’est passé, on a eu un excellent score. On était très motivés, on avait l’impression d’être dans un match de rugby, on était tous là pour faire gagner l’équipe et donc de l’argent à l’association. Donc c’était assez joyeux et concentré en même temps ! C’était vraiment très chouette, j’en garde un très bon souvenir !
Remporter près de 20 000 € pour l’association « Pompiers solidaires » a, en tout cas, dû vous faire particulièrement plaisir…
Exactement ! On n’a rien lâché et ça a payé, c’est génial !
Vous aviez commencé par l’épreuve du « Monde à l’envers » mais sans succès…
Ouais…Je n’ai pas eu la clé mais, après, j’en ai eues deux donc ça va, je me suis un peu rattrapée ! En fait, j’ai été complètement chamboulée par le four qui tourne sur lui-même, je n’ai pas trouvé la technique pour arriver à ne pas écraser les œufs. J’ai donc perdu énormément d’œufs là-dedans, c’est là où ça a pêché…J’ai un peu paniqué…
…Avant de remporter une clé en duo avec Fabien Olicard dans la nouvelle cellule de « Château Boyard »…
J’ai tellement ri ! C’est tellement ridicule à faire mais c’était drôle d’aller presser Fabien qui était héroïque, plein d’eau. On a bien rigolé, franchement j’ai adoré cette épreuve, ça ne faisait pas trop peur et, en même temps, c’était extrêmement drôle. C’était super !
L’indice remporté dans « La superette » a été l’occasion de croiser de charmantes compagnies…
Absolument ! En même temps, quand on est dans le stress, quand on a envie de faire en sorte que ça marche et de récupérer des clés, en fait on a tendance à oublier la peur : on est tellement concentré que l’on oublie la peur…Du coup, ça allait ! C’est en ça que j’adore « Fort Boyard », on fait des choses incroyables : être dans une supérette pleine de crapauds et d’araignées, aller peser des larves et des serpents, il n’y a que sur « Fort Boyard » que ça nous arrive ! J’adore tout cela, c’est vraiment sympa !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène, chaque mardi soir, à la Scène Parisienne, dans la cinquième saison de « Petits silences gênés ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, je suis ravie ! Dire que nous nous sommes rencontrés dans un cours de théâtre… L’école Montmartre production ouvrait sa première classe semi-professionnelle: on a travaillé avec des artistes reconnus pendant un an, on a monté une pièce écrite par un copain de la troupe que l’on devait jouer plusieurs fois en fin d’année. Aujourd’hui, on en est à la cinquième saison en effet, et nous avons joué dans trois théâtres différents. A chaque fin de saison, quand on apprend que l’on va recommencer, c’est une surprise et une excellente nouvelle. Cette fois, on l’a appris lors de notre dernière au théâtre du gymnase : on était sur scène, on saluait pour la dernière fois, je pleurais, Yanis nous a amené des roses et nous a dit que l’on repartait en septembre dans un nouveau théâtre… On était vraiment contents pour 1 000 raisons, contents de poursuivre le projet, contents de jouer de nouveau tous ensemble, contents de découvrir un autre théâtre. Les lieux sont de plus en plus beaux, de plus en plus prestigieux et professionnalisant aussi.
Plus concrètement, avec vos mots, comment présenteriez-vous cette pièce ?
Adèle, le personnage que je joue, est très très heureuse de retrouver ses amis d’enfance, ces amis que l’on ne revoit pas souvent, qui apportent un réconfort à chaque fois, parce qu’ils permettent de se recentrer, de se rappeler d’où l’on vient et aussi où l’on souhaite aller.
C’est une réunion à huis-clos et notre hôte, Harold, a absolument envie que cette soirée se passe bien. Adèle, dans ses nouveaux traits de caractère, est venue pour que l’on se dise les choses et va donc un peu titiller tout le monde pour que l’on se souvienne de cette soirée…. Quitte à ne se voir qu’une fois par an, autant que ça se chamaille un peu, que ça pleure, que ça rit, que ce soit remarquable !
La mise en scène n’est pas classique, ce spectacle est très animé : la lumière est dingue, on chante, on danse, il y a des chutes, des vols d’objets, on mange beaucoup… Il vaut mieux avoir mangé avant de venir voir la pièce car la plupart des spectateurs nous disent qu’on leur a donné faim… Mettez-vous au premier rang pour avoir l’impression de dîner avec nous, c’est plus sympa !
On nous dit aussi avoir beaucoup ri, on nous explique que la pièce rappelle des souvenirs, des amis ou des relations. C’est le but ! Tout le monde se reconnaît forcément, à un moment ou un autre, dans l’un des personnages.
Ce personnage vous permet ainsi une palette de jeu large et variée, ce qui doit être particulièrement plaisant…
C’est très plaisant ! Quand on a dû répartir les personnages de ce texte très drôle qui nous rappelle à tous beaucoup de moments de nos vies, j’avais très envie de jouer Adèle. Je ne pense pas que ce soit celle à qui je ressemblais le plus à ce moment-là, mais c’était celle qui m’amusait le plus et c’était l’occasion de me tester un peu justement.
Je suis donc très à l’aise avec Adèle ! Les palettes sont formidables, un peu comme tous les personnages d’ailleurs. Tous sont très énervants et très attachants…Il y a des moments où on a envie de gifler Adèle et des moments où on a envie de l’embrasser, il y a des moments où elle fait rire et des moments où elle est touchante. C’est top à jouer !
Cette nouvelle saison est l’occasion de petites évolutions, la pièce se resserre en nombre de personnages et le caractère de votre personnage a évolué. Cela apporte sans doute un challenge supplémentaire…
Oui ! Cela a pris quelques séances avant que l’on ne soit aussi étincelants à La scène parisienne qu’à la dernière au Théâtre du gymnase, et c’est normal. Cette pièce n’a fait qu’évoluer…Aucune des dates ne se ressemble, je trouve. Ce qui est génial aussi, c’est que, chaque soir, tout le monde y met de son humeur, de son caractère du moment. A chaque fois, on s’amuse, on rigole entre nous et il en ressort quelque chose de beau et d’hyper émouvant pour le public parce que nos émotions sont vraies.
Cette saison, on est passés de 8 à 6 personnages, on est du coup presque tous en alternance. Je joue tous les mardis quand mon alternante joue les mercredis. On jouera avec tout le monde et cela implique qu’on s’adaptera d’une semaine à l’autre parce que la personne en face ne renverra pas la même chose. C’est hyper intéressant et très challengeant ! Il faut forger le nouveau caractère d’Adèle aussi, un peu plus dur et plus mesquin… Elle est plus méchante qu’avant, ce qui renforce ce personnage et en fait quelqu’un de plus réaliste. C’est donc encore plus intéressant de travailler son interprétation.
Pour cette nouvelle saison, sentez-vous que les retours du public sont, eux aussi, différents ?
Oui, ce n’est jamais la même chose. On joue des situations que tout le monde a vécues et dans lesquelles tout le monde se reconnait : on a été nombreux à ignorer les nouvelles copines des amis, on a été nombreux à se lancer des vannes plutôt qu’à se dire les choses, on a été nombreux à entendre les potes raconter chaque année les mêmes histoires,… On a l’habitude, après la représentation, d’aller boire un verre avec les spectateurs qui le souhaitent et ils se dévoilent en nous racontant leurs petites anecdotes. On nous parle toujours des années 80/90, des musiques et des petits détails du décor ou encore la mise en scène.
Tout le monde se régale de ce genre d’humour et l’extension d’Adèle plaît !
Le fait d’être dans un nouveau lieu oblige aussi à avoir de nouveaux repères et peut-être même de nouveaux réflexes…
La scène fait la même taille donc on n’a pas eu besoin de beaucoup modifier les décors mais on améliore, on a un nouveau canapé par exemple. Ce théâtre est confortable aussi pour le public, ce qui est important ! Les gens arrivent dans de bonnes conditions, ils sont bien accueillis et dans un bon mood dès le début. Cela nous aide à proposer une belle rupture avec la scène d’ouverture… Forcément, ce nouveau théâtre nous plait beaucoup…Les régisseurs sont archi sympathiques et à l’écoute. Tout se passe bien !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Qu’on remplisse la salle tous les soirs idéalement ! Cela nous permettrait de continuer et de prendre encore plus de plaisir sur scène, bien qu’il soit déjà très grand. On a été nommés pour Les Cyranos, on peut nous souhaiter d’avoir un prix. Peut-être aussi Avignon, qui sait…avec une autre mise en scène…