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theatre

Sabrine Zayani évoque sa belle et riche actualité !

Publié le par Julian STOCKY

@ Justin Personnaz

 

 

Bonjour Sabrine,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

Votre actualité et vos projets sont riches et variés en ce moment. Nous pouvons, notamment, vous retrouver sur scène, à l’Apollo théâtre, un jeudi sur deux, dans « Au top de ma life »…

Il reste, pour l’instant, deux dates, le 27 mars et le 10 avril, à 20h. C’est mon nouveau spectacle, dont la première a eu lieu en juillet dernier mais que j’ai commencé à jouer plus régulièrement en fin d’année dernière.

C’est l’histoire d’une femme, la mienne, qui a divorcée, qui, métaboliquement n’a que 21 ans, mais qui en a 38 en réalité et qui vit sa vie de célibataire. Elle a quelques névroses, elle pense qu’elle a un peu raison sur tout donc, forcément, il y a des petits challenges qui accompagnent ses expériences. Il y a un peu d’absurde, c’est un univers où il y a beaucoup de folie, beaucoup d’états émotionnels variés et, en fait, j’ai juste envie d’emmener les gens dans mon histoire.

On peut donc imaginer que certaines sources d’inspiration, au moment de développer ce spectacle, étaient directement liées à votre parcours personnel ?

On peut dire que mon spectacle est inspiré de faits réels mais, évidemment, il y a des choses que je puise dans mon imagination parce que ce qui est beau dans cet art-là, c’est que, sur scène, tu peux créer la vie donc tu peux créer ce que tu veux.  Même des choses très absurdes…Je parle, ainsi, d’un hippopotame…Je ne vous en dis pas plus, il faut venir voir le spectacle…En tout cas, l’idée est vraiment de se dire qu’il n’y a pas de limites. Bien sûr, la base est réelle mais pour le reste, il n’y a pas de limite… Quoi qu’il en soit, il faut être authentique sur scène, peu importe ce qu’on raconte !

Quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir des spectateurs ?

Ils m’ont dit « Bravo », ce qui est rassurant☺. Les retours sont positifs, c’est encourageant…Après, un spectacle qui démarre est forcément un spectacle en rodage, qui évolue. Le point positif est que j’avais rodé beaucoup de parties en comedy clubs pour que, justement, ce soit, dès le début, quelque chose d’assez construit et le plus solide possible. Après, bien sûr, à chaque fois, je me dis que je vais peut-être changer ceci ou cela… Donc ce spectacle va encore évoluer !

 

 

D’ailleurs, en étant à l’affiche une semaine sur deux, cela vous permet sans doute, plus personnellement, de laisser « reposer » le contenu en vous, pour y revenir plus fraîche…

Oui, c’est vrai ! Quand on joue la comédie, à chaque fois il faut revivre l’instant. Comme beaucoup de choses sont très écrites, en jouant toutes les deux semaines, je revis pleinement mes émotions à chaque fois. Après, c’est le travail du comédien de faire en sorte que, même si tu joues tous les soirs, tu dois recréer la vie et non pas être en mode pilote automatique. Mais c’est vrai que le fait de jouer toutes les deux semaines est intéressant ! Je ne voulais pas jouer tous les mois car, pour faire avancer le spectacle, il faut une certaine régularité. Évidemment, j’espère pouvoir le jouer toutes les semaines à un moment donné mais ça me tient aussi à cœur d’y aller par étape, on va d’abord voir ce que ça donne et comment le public réagit, avant de s’intéresser à la suite…

En complément, est encore disponible sur myCanal « Faites nous rire », que vous avez récemment remporté. Sans doute que ce succès a été la source d’une grande joie pour vous ?

Oui ! Le tournage de cette émission a changé ma vie, cela m’a donné l’impulsion pour démissionner…J’ai fait des rencontres incroyables, qui ont été de grands soutiens pour moi. Je pense à mon coach, Jeanfi Janssens, qui a été génial avec moi. On va même jouer ensemble prochainement, ce qui montre bien que la rencontre a été vraie, pas uniquement pour la télé. Dans le jury, il y avait Issa Doumbia, Madja Delmas Rida et la Bajon, tous, aussi, sont derrière moi ! Franchement, ils m’ont accompagnée avec de vrais conseils, l’expérience était super !

Même les autres humoristes étaient sympas, il y avait une bonne ambiance et de la bienveillance, bien que ce soit un concours. Donc beaucoup de fierté ! En vrai, je voulais trop gagner, j’y suis vraiment allée pour l’emporter…J’étais au taquet ! La joie est d’autant plus grande que, dans ce métier, tu es porté par le doute…Le fait d’avoir des pros qui te soutiennent, des gens que tu admires qui sont derrière toi et qui te donnent confiance, fait du bien : nous, les artistes, avons besoin d’être rassurés donc je suis super contente ! Cela m’a ouvert d’autres portes, c’est grâce à ça que j’ai pu tourner sur TF1 dans « Vendredi tout est permis », avec Arthur et Cartman. Ce fut une autre chouette expérience en télévision ! On a tourné « Faites nous rire » à l’Apollo théâtre, ce qui fait que je ne sentais pas les caméras, donc l’ambiance d’un plateau TV avec du public était une vraie première pour moi !

Cela me donne plein d’expériences professionnelles très différentes, tout en faisant rire les gens…Que demander de plus ? 

Ces expériences à l’image sont l’occasion, pour le public, de vous découvrir ou de vous redécouvrir dans des registres encore plus larges et variés…

Bien sûr ! Honnêtement, je n’ai pas encore beaucoup exploité les réseaux sociaux…Mais je commence à le faire ! Je viens de créer un concept sur Instagram en collaboration avec Timothé Poissonnet, un humoriste brillant de la troupe du « Jamel Comedy Club », cela s’appelle « Serial dateuse ». Sans spoiler, vous imaginez bien que mon personnage n’a pas encore trouvé de mari…L’idée, en tout cas, est d’être plus visible sur les réseaux sociaux parce que, pour faire vivre le spectacle, il faut qu’il y ait des gens qui soient assez curieux pour avoir envie de découvrir mon univers. Cela passe par différents canaux : la télé, c’est super, les réseaux sociaux, c’est super et, tout cumulé, j’espère que ça va créer un petit engouement ! Sans oublier la radio…

 

@ Justin Personnaz

 

Justement, vous intervenez de plus en plus régulièrement sur « Rire et chansons », au plus proche de certains artistes de renom. C’est une corde artistique de plus pour vous…

J’adore ! Pour la première, j’ai fait un canular à la Bajon, je me suis éclatée, je me suis faite passer pour une mamie en colère contre la Bajon…Et puis, on m’a invitée pour faire une chronique face à Redouane Bougheraba et Vanessa Guide, pour leur film « Délocalisés ». Evidemment, on ne les présente plus donc j’étais super contente. Cela s’est très bien passé, ils ont été top avec moi et, du coup, bientôt, je vais faire une chronique pour Jeff Panacloc. Donc je suis ravie aussi ! C’est un exercice que j’aime bien. Cela me plairait de poursuivre l’aventure…

A la radio, les auditeurs sont principalement attentifs à votre voix. Qu’est-ce que cela change pour vous, comparativement à la scène ou à la télévision ?

C’est intéressant comme question …et je pense que je n’y ai pas du tout réfléchi ! Honnêtement, je ne l’ai pas intellectualisé, j’ai vécu le moment. En fait, je suis fidèle à moi-même et à mon spectacle pendant la chronique, en vivant chaque instant. Je ne me suis pas dit que je devais être différente parce que c’est la radio, je me suis dit d’être moi-même et d’être ce que je voulais que le public voit, pour donner envie aux gens de venir découvrir le spectacle.

En conclusion, que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre parcours ?

Je suis bien entourée, j’ai un attaché de presse, j’ai une chargée de production et j’ai mon co-auteur / metteur en scène, Lucas Riway…C’est clé ! C’est une chance, en fait, d’avoir des gens qui t’aident vraiment et qui apprécient ce que tu fais, qui ont un vrai coup de cœur artistique. Donc on peut me souhaiter de continuer à être bien entourée car c’est, je pense, le plus important. On peut également me souhaiter des salles pleines, que les gens viennent me voir, que je joue de plus en plus, dans de plus en plus de villes et, pourquoi pas, une chronique à la télé ou à la radio toute la semaine. Cela serait pas mal déjà, non ?

Merci, Sabrine, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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Marilyne Fontaine évoque sa belle actualité théâtrale !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Marilyne,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes de retour sur les planches avec « La double inconstance », un spectacle déjà joué l’année dernière, en Avignon et à Paris. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui, c’est une joie de pouvoir continuer à partager Marivaux et, aussi, de déguster cette pièce. Personnellement, c’était la première fois que j’abordais cet auteur, j’avais beaucoup d’angoisse, à me demander comment j’allais pouvoir être drôle, dans cet univers plus léger que la tragédie et le drame, qui sont plutôt mes fers de lance. Là, je suis confrontée à quelque chose de plus enlevé…D’ailleurs, dans la vie, j’en vois l’influence : après la représentation, je vais bien, je n’ai pas de tourments, là où d’autres pièces me marquent un peu plus… Comme avec Phèdre ou Hermione. C’est donc un plaisir de reprendre cette pièce pendant deux mois au Lucernaire !

Plus concrètement, comment présenter le spectacle ?

À la cour, le Prince et Flaminia, que j’interprète, décident, par amusement, de séduire Sylvia, une jeune paysanne, et Arlequin, dont elle est éprise. Dans le but de les séparer… C’est vraiment de la manipulation des esprits…Mon personnage fait plein de flagorneries à Arlequin, qui finit par tomber amoureux et il en est de même pour Sylvia et le Prince. D’où la double inconstance…Toutefois, la fin reste très ouverte…Le metteur en scène a, d’ailleurs, voulu laisser planer le doute au travers de la mise en scène.

La particularité se fait dans la langue très ciselée, c’est un régal à dire et à entendre ! Par exemple, « l’humilité n’accommode pas les glorieux mais la rancune donne de la malice »…Il y a beaucoup d’aphorismes…

 

 

Quel regard portez-vous, plus personnellement, sur votre personnage ?

C’est une manipulatrice sans scrupule qui, pour arriver à ses fins, c’est-à-dire un certain rapport au pouvoir et à l’argent, va user de tous ses charmes et de son esprit. Le Prince lui promettant un beau mariage et une place encore plus importante dans sa cour…Elle est une fille de valet, elle n’a pas de titre de noblesse, c’est une arriviste et c’est en cela qu’elle est intéressante à jouer…

Avec Marivaux, il y a beaucoup de couleurs et de relief, ce personnage est un camaïeu de pastels. Le plus dur étant de savoir où placer le curseur entre la vérité et le masque. Par exemple, on s’est beaucoup interrogé sur l’amour qu’elle porte à Arlequin et sur le degré de sincérité qu’il y avait. Elle le flatte, elle dit, en aparté, qu’elle est bouleversée par ses sentiments mais, en vérité, le Prince a raison, « ces petites personnes-là font l’amour d’une manière à ne pouvoir y résister »…C’est quand même odieux de parler ainsi, non ? Surtout qu’il y a juste eu un baisemain…C’est donc une ironie assez vicieuse, avec le sourire… Mon personnage emmène même sa sœur draguer Arlequin…C’est un jeu cruel ! D’ailleurs, il y a une vitre sans tain, où toute la cour observe ce qui se passe…

Donc, oui, il y a plein de reliefs, notamment un côté très champagne, très pétillant. En plus, je suis en corset, je suis bien enveloppée, avec de beaux vêtements…C’est chatoyant !

 

 

Le fait d’avoir pu laisser reposer la pièce et votre personnage depuis les précédentes représentations vous permet-il de revenir avec un œil un peu différent ?

C’est une grande question ! C’est valable pour tous les rôles d’ailleurs…Cela permet, en tout cas, de laisser infuser. C’est comme le peintre qui fait ses premiers traits au crayon d’abord : il a alors une vision de l’œuvre mais sans encore savoir où elle va aller…En laissant du temps, il y revient ensuite avec des idées plus précises sur les couleurs à utiliser. Donc, en effet, dans les reprises, il y a quelque chose de plus latent qui arrive, ainsi qu’un prisme un peu différent. Comme le peintre qui revient encore sur sa toile, cette fois-ci au couteau, pour l’agrémenter un peu plus encore, jusqu’à obtenir satisfaction. Même si je pense qu’une œuvre n’est jamais achevée et qu’il y a toujours à chercher…

En synthèse, le fait de reprendre un rôle, grâce à la maturation, permet de voir le rôle différemment ! Les choses sont, certes, déjà déposées en soi, par tout le travail organique fait en répétitions, c’est un peu comme une seconde nature, les gestes sont devenus nôtres mais, pour autant, on apporte à présent un autre regard, qui peut même, parfois, faire repartir de zéro sur certains moments de la pièce…A présent, je trouve Flaminia plus humaine et moins cruelle qu’il y a 6 mois. Il y avait alors plus d’écart entre nous alors que, là, j’ai l’impression qu’elle me constitue davantage, même si je la laisse loin de moi, bien sûr, sur certains côtés plus sombres de sa personnalité.

D’ailleurs, la psychanalyse m’aide généralement beaucoup pour comprendre mes personnages et me les approprier. Je ne suis qu’une petite humaine et cela me permet de tenter de donner un maximum de justesse et de sincérité à l’endroit où le metteur en scène décide de rencontrer l’œuvre.

Merci, Marilyne, pour toutes vos réponses !

 

 

Publié dans Théâtre

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Franck Borde évoque sa belle actualité artistique, sur scène et à l'image !

Publié le par Julian STOCKY

@ Cris Noé

 

 

Bonjour Franck,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

En ce début d’année, votre actualité théâtrale est particulièrement riche, vous proposez trois spectacles différents avec votre compagnie. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

En effet, quelle joie de pouvoir être sur scène ! Le théâtre permet la rencontre avec le public. Avec la compagnie du théâtre de l’estrade, on intervient sur ce que l’on appelle des publics dédiés, notamment le jeune public – collégien·es, lycéen·es, étudiant·es en fac-, ou encore des personnes femmes et hommes en centres de détention. A chaque fois, ce sont de belles rencontres et des échanges riches : on intervient en amont, en atelier, pendant trois heures, autour de la thématique du spectacle et de la pratique théâtrale, aussi de la dramaturgie de la pièce. On co-construit avec elles et eux une réflexion avant la représentation.

On est autonomes, on vient avec notre camion, notre décor et notre matériel, on peut ainsi s’implanter n’importe où, que ce soit dans un théâtre, dans un gymnase ou en extérieur. A l’issue de la pièce, on anime toujours un débat, en bord plateau pour échanger sur ce que les personnes ont ressenti, on partage leurs questions et leurs réflexions.

Humainement parlant, cette diversité de sujets et de publics doit être très enrichissante…

Pour moi, le théâtre est du spectacle vivant car on est dans la vie d’aujourd’hui, on est dans la société d’aujourd’hui, ces échanges-là sur ces thématiques diverses permettent, en effet, de prendre le pouls, notamment de cette jeunesse.

Le spectacle « Morphine », de Boulgakov raconte la descente aux enfers d’un jeune médecin, qui rencontre la morphine puis la cocaïne, le processus de l’addiction, avec ce que ça s’implique : le sentiment de pouvoir, le mensonge, la violence, jusqu’à la mort du personnage. Avec les ados et les jeunes, on échange sur ce sujet : selon les générations, ça ne va pas être les mêmes produits, ni le même rapport à certains produits, par exemple ils ont entièrement conscience de l’addiction aux écrans, qui est très forte. Donc on questionne tout cela avec eux…

Plus concrètement, quels sont les thèmes et sujets évoqués dans chacun des spectacles proposés ?

Il n’y a pas de spectacle vivant sans partenaires, je vais en profiter pour citer nos partenaires, qui sont très importants dans le spectacle vivant. On a la chance d’être soutenus, notamment pour « Morphine », par l’ARS, l’Agence Régionale de Santé, ainsi que la MILDECA, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives.

 

 

Nous jouons également « Le problème Spinoza », d’Irvin Yalom, un auteur américain. Cet ouvrage fait partie de ses best-sellers, c’est un livre d’à peu près 500 pages, où il met en parallèle la vie du philosophe Spinoza - comment il va s’émanciper de sa condition, de sa communauté religieuse et de sa famille, en remettant en question notamment le dogme dans sa religion – et Alfred Rosenberg, historiquement l’idéologue du parti nazi, qui a construit sa pensée autour du rejet et de la haine de l’autre. C’est l’histoire d’une radicalité philosophique et d’une radicalité idéologique. Ces deux formes de radicalités sont, ainsi, mises en parallèle et on va questionner la construction de la pensée, la construction de soi. Il me semble qu’aujourd’hui, c’est d’autant plus d’actualité avec tout ce qui se passe. Nous n’apportons pas de réponse toute faite, ne voulant pas nous-mêmes être dans l’idéologie. Par contre, on est là pour questionner le public : on pose des questions pour ensuite essayer de co-construire une pensée ensemble.

 

@ Cris Noé

 

Sur cette pièce, on est soutenus par la DILCRAH, la Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti LGBT et le FIPDR, Fond Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation.  

 

 

On a créé le premier spectacle « Morphine » il y a 10 ans, le deuxième « Le Problème Spinoza » il y a 5 ans et là, on vient de créer « Bambi, ou Marie parce que c’est joli… ». Les trois tournent : on est à plus de 150 représentations pour « Morphine », on approche les 100 représentations pour « Le problème Spinoza » et on commence les premières représentations avec « Bambi ».

Ce dernier spectacle, soutenu par la DILCRAH encore une fois, est l’adaptation d’un roman de Marie-Pierre Pruvot, « Marie parce que c’est joli ». Elle est née Jean-Pierre, en Algérie, dans les années 30, et a très vite senti qu’elle n’était pas en adéquation entre ce qu’elle était et ce que les gens voyaient d’elle. Dès l’âge de 4 ans, elle se sentait fille…Dans le spectacle, on voit tout son rapport avec sa mère, tout son questionnement, elle vient à 17 ans à Paris et intègre le cabaret « Madame Arthur » puis deviendra la tête d’affiche du cabaret le Carrousel et fera des tournées internationales.

 

 

Elle est l’une des premières personnes trans publique en France. Dans son parcours, Marie-Pierre va vite comprendre que d’autres personnes au cabaret vont prendre sa place et décide de suivre des cours par correspondance, à 5 heures du matin, en rentrant du cabaret. Elle reprend ses études et devient professeure de français, d’abord dans le 93 puis dans le nord de la France. Après avoir été sous les feux des projecteurs aux cabarets, elle retrouve l’anonymat le plus total. A la fin de sa carrière, elle reçoit les palmes académiques, une très grande reconnaissance pour les professeur·es. Une fois à la retraite son passé la rattrape, elle recommence à faire des interviews, des ancien·nes élèves la reconnaissent dans des émissions de radio et lui écrivent. Ils l’adulaient en classe mais ne connaissaient pas du tout son parcours…Aujourd’hui, elle a 89 ans et elle accompagne le spectacle !

Au-delà de la dimension humaine, ces différents spectacles sont l’occasion de palettes de jeu larges et variées…

Oui, la palette de jeu est très large, avec tous ces personnages. On travaille en compagnie, on s’agrandit de plus en plus…Benoit Weiler, en plus d’être médecin, est le directeur depuis plus 20 ans, ses compétences nous permettent d’élargir le champ artistique pour nourrir ce que l’on porte, c’est le pilier de la compagnie sans qui rien ne serais possible. Delphine Haber est une comédienne intense et brillante, elle fait également de la formation en prise de parole en public, en gestion de conflits, elle est un soutien important pour la technique de l’acteur·rice et pour la dramaturgie des pièces. Sébastien Dumont joue à présent, lui qui est aussi chorégraphe et vidéaste, il enrichie toutes nos créations de ses différentes propositions artistiques, il a une capacité de travail hors-norme. Nos créations sont vraiment multi médias : on a de l’art scénique, avec de la musique et de la vidéo. Geoffrey Dugas, notre talentueux musicien et compositeur, joue, ainsi, en direct ses compositions. Ensemble, en résidence, on cherche comment raconter une histoire, en utilisant les compétences et les parcours variés de chacun·e.  

Depuis quelques années, Christelle Barrillet, notre administratrice, nous accompagne pour trouver des financements et pour gérer la structure, indispensable pour pérenniser notre travail. C’est une chance de l’avoir à nos côtés. Lorena Caniaux nous a rejoints récemment, pour nous accompagner sur les différents volets de la production. On est une très belle équipe qui relevons le défi du travail en compagnie et en collectif depuis plus de 20 ans !

Pour en revenir à votre question, on essaie de rester avec cette équipe que l’on fidélise. Selon les spectacles, des médias ou des comédien·es ont des partitions plus ou moins grandes. En tout cas, on joue tous en général plusieurs personnages. Sur « Le problème Spinoza » par exemple, on a 13 personnages pour 4 comédien·es…C’est un beau ratio !

On peut donc dire que le questionnement est le dénominateur commun à tous ces spectacles, sans pour autant, vous l’avez dit, donner une réponse unique…

Dans une pièce de théâtre, il y a ce que l’auteur·rice a voulu dire, il y a également ce que nous voulons raconter dans l’adaptation mais le reste, ensuite, nous échappe. Le public, suivant son vécu, ne va pas voir la même chose et, parfois, deux personnes d’un même public ne voient pas forcément la même histoire. C’est ce qui est beau au théâtre ! On est là pour ouvrir le débat…

Les ateliers en amont, de trois heures, sont également très intéressants, on est alors des facilitateurs. Notre rôle n’est surtout pas de donner notre point de vue mais d’accompagner la parole de l’autre. C’est ce que l’on essaie de faire, notamment avec de jeunes adultes en construction de pensée : on ne leur dit pas quoi penser, on leur dit que l’on peut penser certaines choses mais qu’il faut savoir les mettre en mots pour que ce soit le plus construit possible, tout en restant dans certaines limites, du respect de l’autre et de la loi notamment. Notre société nous donne droit à la liberté d’expression, mais reste encadrée, pour le bien vivre ensemble. On questionne donc comme faire société aujourd’hui et demain…

 

@ Cris Noé

 

Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir des structures qui vous accueillent ?

Les retours sont excellents. Pour « Morphine », sur la prévention / addiction, on a des partenaires, comme le collège Berthelot à Montreuil, qui souhaite que toutes leurs classes de troisième voient le spectacle chaque année, pour que toute une génération soit éveillée au processus et aux risques de l’addiction. On n’est pas dans un discours à juste dire que la consommation de substances est mal, on leur dit que l’on rencontrera tous, dans nos vies, des produits mais qu’il est important de comprendre le processus d’addiction pour détecter à quel moment on se met en danger, à quel moment on met en danger les autres, à quel moment une petite lumière rouge doit s’allumer pour oser demander de l’aide. A la fin des spectacles, des personnes ressources de la ville sont là pour accompagner le processus une fois que nous sommes partis.

On a récemment joué « Bambi » à Moissy-Cramayel, ce fut un important projet porté par le grand Paris sud, la Médiathèque et le théâtre La Rotonde. On avait des ateliers dans trois villes différentes. Il faut trouver des professeurs qui nous laissent du temps, et qui comprennent que c’est important pour leurs élèves de se questionner sur l’identité et sur l’autre. On se rend compte qu’une fois que l’on en parle et que l’on fait tomber les stéréotypes et les préjugés, on est tout de suite plus dans la compréhension et la reconnaissance de l’autre dans sa différence.

Très simplement, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?

Que les soutiens restent ! C’est vrai que c’est compliqué en ce moment, on sent que des coupes s’annoncent et on ressent même les premiers impacts. On peut donc nous souhaiter que l’on puisse continuer à porter ces spectacles et ces ateliers de prévention. Pour cela, il faut que les financements perdurent !

Aussi que l’on poursuive nos belles rencontres et que d’autres portes s’ouvrent encore…Il y a plein de choses à faire ! Notamment un quatrième spectacle dans quelques années…

En complément, vous avez rejoint, il y a quelques mois, la quotidienne de France 3 « Un Si Grand Soleil », sous les traits de Nicolas, le conservateur du musée. Certainement que cela doit vous faire particulièrement plaisir ?

C’est vrai que c’est un plaisir, à chaque fois, de descendre au soleil. C’est agréable de retrouver une quotidienne, un format que j’ai toujours défendu et qui n’est pas loin du théâtre que je fais, finalement. Je trouve que la quotidienne parle aussi de sujets de société. Mon personnage n’a pas encore été confronté à cela, on est, pour l’instant, sur quelque chose de plus léger. C’était beaucoup plus le cas sur « Plus Belle La Vie », où je jouais le juge Estève, amoureux de Thomas. On était un des premiers couples homosexuels, sur France 3, à cette époque-là.

C’est également un plaisir de retrouver les équipes, je connaissais beaucoup de ses membres, que je n’avais pas revus depuis 15 ans. J’ai la chance de jouer avec Nadia Fossier, une comédienne absolument extraordinaire, humainement et artistiquement. C’est une très très belle rencontre, avec quelqu’un à la palette de jeu incroyable.

J’ai commencé en mars l’année dernière, je devais arriver pour deux mois mais ça continue. On verra bien où ça ira…En tout cas, c’est vrai que c’est particulièrement agréable aussi de retrouver les studios et ce travail à la caméra. J’ai besoin du théâtre pour me nourrir et arriver à l’image avec une certaine technique, rempli de quelque chose de la scène. Mais l’image me permet aussi d’aller chercher plus en moi, intérieurement, et de revenir au théâtre avec quelque chose de plus centré.

En plus des studios, qui sont à la pointe de la technologie, la ville de Montpellier et ses alentours vous permettent des conditions de tournage très plaisantes…

C’est très plaisant ! J’ai découvert la ville et je pourrais en tomber fortement amoureux. C’est une belle ville, les gens sont chaleureux, c’est très agréable d’y vivre.

En effet, la série est à la pointe de la technologie, elle est avant-gardiste sur beaucoup de choses, sur de nouvelles technologies, où de nombreux essais sont faits. Il n’y a pas longtemps, avec Nadia on a été voir la postproduction et toutes les petites mains qui travaillent en coulisses. Ce qu’ils font est incroyable, les avancées en effets spéciaux sont impressionnantes.

Il y a environ 300 personnes par jour qui travaillent, avec 4 équipes en parallèle, dans une organisation écologique. On voit qu’une attention toute particulière y est portée : on prend le train plutôt que l’avion, les déchets sont recyclés, on utilise des gourdes plutôt que des gobelets en plastique, …Cela fait partie de convictions qui me plaisent bien !

 

© France Télévisions

 

Quel regard portez-vous sur Nicolas, votre personnage ?

Pour l’instant, il y a encore toute une part du personnage que l’on n’a pas explorée. Au départ, on s’est demandé si Nicolas était réellement sincère, au moment où Alix l’accuse d’avoir cambriolé la galerie mais, au final, ce n’était pas lui. Cela avait d’ailleurs engendré la première séparation. Ces deux personnes – Alix et Nicolas – se complètent par leurs différences. Chez Alix, il y a quelque chose de très border line, avec la légalité notamment, elle est dans une folie et a besoin d’une structure, alors que Nicolas, lui, est dans une certaine structure, il a besoin de vérité mais aussi de folie. Je trouve cela très juste : souvent, dans la vie, dans les relations amoureuses, on peut être soit en miroir soit en opposé, on va chercher soit quelqu’un qui nous ressemble, soit quelqu’un de différent, qui nous emmène ailleurs. Ces deux personnages-là cherchent la différence chez l’autre mais, après, cela pourrait devenir compliqué : est-ce que ça va tenir ? Ou pas ?

Il y a toute une partie de Nicolas que l’on ne connait pas : qu’a-t-il fait avant ? Est-il finalement aussi droit que cela ou cache-t-il certaines choses ? A-t-il une famille ? C’est toute la magie des scénarios…On verra bien !

Tant dans ses vêtements que dans sa posture, on sent en lui toute la passion de son beau métier…

Oui, c’est un passionné d’histoire, réellement, un passionné des tableaux…Le décor du musée est magnifique, c’est splendide ! On ne sait pas non plus de quelle famille il vient…Forcément, en attendant, je me raconte ma propre histoire dans ma tête. En tout cas, cette relation avec Alix est belle, on a beaucoup de complicité avec Nadia, c’est un vrai plaisir de se retrouver !

 

© France Télévisions

 

Avez-vous déjà eu l’occasion de premiers retours des téléspectateurs depuis votre arrivée dans la série ?

Cela a changé…Sur la première intrigue, on est venu me voir pour me mettre un peu en garde sur ce que j’allais faire à Alix. Les téléspectateurs que je rencontrais pensaient vraiment que j’allais lui faire à l’envers. Alix est un personnage très aimé du public donc, forcément, je pense qu’il y avait là une sorte de protection vis-à-vis d’elle. Maintenant, on a plein de témoignages de gens qui nous disent aimer notre couple et qui trouvent que l’on se complète bien. Le public semble donc se projeter dans ce couple aimant et protecteur.

Sans doute que vos expériences théâtrales et celle d’une première quotidienne vous aident à soutenir le rythme élevé du tournage ?

Le rythme sur une quotidienne est soutenu, on n’attend pas un comédien qui ne sait pas suffisamment son texte ou qui n’est pas prêt, il faut que ça avance ! J’en avais déjà totalement conscience et comme Nadia est aussi une grosse bosseuse, on travaille beaucoup en amont. On arrive sur le plateau texte su au cordeau, pour ne pas faire perdre de temps à l’équipe et pour prendre le plus de plaisir possible. Car c’est bien là l’objectif, comme sur scène d’ailleurs.  

Merci, Franck, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Télévision

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Juliette Raynal revient sur son beau parcours artistique et évoque son actualité théâtrale !

Publié le par Julian STOCKY

@ Rob.r Kolevski

 

 

Bonjour Juliette,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes une jeune artiste, aux multiples cordes et casquettes. Si l’on en revient à la genèse de votre parcours, d’où vous vient cette passion de l’artistique ?

J’ai démarré le théâtre à l’âge de 8 ans et j’ai eu la chance d’avoir comme professeure Julie Kent, une comédienne, issue de l’école de la rue blanche à Paris. Etant de nature introvertie, elle m’a donné les premières clefs pour laisser parler ma créativité tout en me laissant l’espace de jeu nécessaire à mon développement.

J’ai également eu la chance d’avoir un parcours familial artistique…Tout d’abord par mon grand-père, comédien et metteur en scène qui faisait partie de la troupe de Jean Vilar et était directeur du théâtre du Jeune Colombier à Paris, mais je ne l’ai jamais connu. Il a rencontré ma grand-mère lors d’une tournée théâtrale aux Antilles alors qu’elle était une toute jeune comédienne diplômée de l’Ecole du Nord. Bien que j’ai découvert le théâtre par moi-même, cela a été une évidence ancrée en moi depuis longtemps !

Après mes 8 ans, j’ai continué mon parcours artistique dès que j’ai pu. Je prenais des cours quand j’avais un moment et allais voir des pièces de théâtre régulièrement. Au lycée, on m’a orientée vers une prépa littéraire et c’est sur les bancs d’Hypokhâgne au lycée Molière, que j’ai rencontré une jeune metteuse en scène Léa Sananes qui m’a fait vivre ma première expérience au sein d’une compagnie.  Avec la compagnie Chat Noir, et le spectacle « L’Eveil du Printemps », nous sommes partis au Festival Off d’Avignon en 2015 et en tournée, en faisant plus d’une soixantaine de dates.

A la suite de cette rencontre, en khâgne cette fois, j’ai intégré ma première troupe professionnelle, la compagnie Le Parvis, avec qui j’ai joué par la suite sur quatre spectacles différents.  Etant encore en prépa, je suivais les cours la journée et, du jeudi au dimanche soir, je jouais sur scène. Beaucoup de mes professeurs m’ont dit, à l’époque, que j’allais devoir faire un choix, mais j’ai assumé les deux !

Ma licence en poche et un festival d’Avignon plus tard, j’ai décidé de passer les concours de conservatoires d’arrondissement et j’ai intégré le Conservatoire Jean-Philippe Rameau. J’ai fait la rencontre de deux professeures formidables, Bernadatte le Saché et Sylvie Pascaud, qui m’ont permis de vraiment m’exprimer et de découvrir l’artiste que j’aspirais à devenir. Le plateau devenait un laboratoire à explorations et cela a été une expérience formidable !

Parallèlement au conservatoire, je continuais à jouer sur scène le soir : « L’éveil du Printemps » de Franck Wedekind, « Sallinger » de Bernard Marie Koltès et deux créations d’Henry le Bal, « La Péniche » et « Les Personnages Oubliés ». Comme en prépa, j’étais à la fois en cours et sur scène. Cela a été une grande force : je me nourrissais en journée et m’exprimais le soir !

Pour résumé, depuis mes 8 ans, il n’y a pas une année où je n’ai pas joué sur scène ; d’abord en amateur et rapidement en professionnelle.

 

@ Lucrèce Hamon

 

Certainement aussi que, dans votre parcours, certaines expériences ont été particulièrement marquantes….

Oui et, en même temps, chaque expérience a été enrichissante. On se remémore souvent les débuts.  Je pense que je me souviendrai toujours de mon premier Avignon, en 2015, avec la compagnie Chat Noir. Je jouais « L’éveil du printemps », une pièce qui traite de l’adolescence. Moi qui étais une toute jeune adulte, j’avais pratiquement l’âge du rôle…

En parlant de jeunesse, avec la compagnie Chat Noir au Festival Off d’Avignon, on nous surnommait « Les petits chatons », on ne nous donnait pas une semaine mais, finalement, on a fait tout le festival et on a même terminé complets.

C’était une vie de tous les instants : pour la première fois, je me confrontais à la réalité du métier de comédienne. Je tractais, je jouais finalement plus dans la rue que sur scène pour donner envie aux festivaliers de découvrir le spectacle. C’était vraiment une période très riche, qui m’a donné les armes pour intégrer, par la suite, d’autres compagnies.

Ensuite, avec la compagnie Le Parvis, j’ai défendu quatre pièces d’Henry Le bal, un dramaturge contemporain. C’était des textes forts, mes premiers grands rôles féminins, emprunts de poésies et de spiritualité.

En 2018, une fois diplômée, j’ai cherché par mes propres moyens, en passant de nombreux castings, jusqu’à 300 sur une année. Je l’ai fait pour me confronter à la réalité de mon métier et voir si je pouvais tenir sur la longueur…

De nombreux refus, certes, mais cela n’a fait que grandir mon envie de retrouver les planches. A chaque fois que j’avais l’opportunité d’intégrer une compagnie de théâtre, je le faisais… En dix ans, j’ai interprété plus d’une vingtaine de pièces. Il est vrai que j’ai privilégié le théâtre, un univers rassurant, familial et connu pour moi.

Ce fut l’occasion d’élargir mon champ de compétences, moi qui étais alors plutôt dans des thématiques dramatiques ou tragiques, en me tournant vers des comédies, notamment de boulevard. Encore une fois, c’était enrichissant, la dynamique y est différente, où tout n’est qu’urgence, rebond.

Est arrivée la crise sanitaire, où toutes les cartes ont été rabattues. J’ai dû me réinventer, différemment. Je suis devenue professeure de théâtre, une grande première pour moi, face à des enfants, un public assez exigeant. Je continue toujours au sein d’une association Odyssée Théâtre, à Gagny. C’est l’occasion, pour moi, d’écrire les spectacles que j’accompagne ensuite à la mise en scène.

C’est, je pense, par ce biais-là, que, en 2021, j’ai monté ma compagnie, qui a structuré la suite de mon parcours. Je suis devenue directrice de compagnie, metteuse en scène, comédienne et, grâce à mon parcours précédent, j’ai fait des rencontres assez extraordinaires avec des comédiens, avec qui j’ai eu la chance de jouer plusieurs années de suite, dans différents projets.

J’ai pu écrire et monter ma première pièce, « Cocorico, lève-toi Chantecler », inspirée d’Edmond Rostand. Je suis partie de cette légende pour en faire un spectacle musical, qui a un très beau parcours aujourd’hui. On a eu deux programmations sur Paris, on a été au Festival d’Avignon en 2023 et on est maintenant en tournée en France.

A côté de cela, j’ai monté deux autres pièces. « Britannicus in Space », une adaptation de la pièce de Jean Racine retranscrit dans l’espace, un projet ambitieux. La pièce continue son parcours…Dernièrement, on a créé la suite de notre première production « Cocorico et l’élan des glaces », la légende d’hiver de Chantecler.

 

@ Avril Dunoyer

 

Cette compagnie vous permet de développer un panel de compétences particulièrement larges et variées…

Tout à fait ! Je ne regrette rien parce que, finalement, quand la compagnie aura évolué, je saurais comment faire. Maintenant, je sais faire une fiche de paie, m’occuper de la comptabilité et de l’administration, chercher des subventions…C’est un travail de tous les jours, en off ! Heureusement, je ne suis pas seule dans cette compagnie, je fonctionne notamment en binôme avec Rémi Custey, il a une place importante dans la création, mise en scène et la diffusion des productions. Avec les années, on a la chance d’avoir des comédiens et artistes récurrents qui constituent le socle et l’âme de notre structure.

Pour terminer, quels sont vos autres projets et actualités en cours ou à venir ?

« Rosa Lova », une pièce écrite et mise en scène par Laura Ketels produite par la compagnie ETNA, qui se jouera à Lyon en mars prochain. On suit le parcours d’une jeune danseuse, dans l’univers du peep-show, c’est donc l’occasion pour moi aussi de danser. On traite le sujet par le biais de la poésie, des états d’âme ainsi que de la façon dont on gère le corps et l’esprit. La performance dure 45 minutes, c’est un format assez court mais très dense. Nous sommes au milieu du public, les gens s’installent autour de nous. C’est un merveilleux spectacle que je vous invite à découvrir !

Merci, Juliette, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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Maëlys Simbozel évoque sa belle et riche actualité théâtrale !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Maëlys,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes récemment rentrée en résidence pour un nouveau projet théâtral. Comment présenteriez-vous ce spectacle ?

C’est un spectacle adapté de « Cyrano de Bergerac », l’œuvre d’Edmond Rostand. Parmi les changements, le personnage principal, dans cette pièce, est une femme ronde. Evidemment, cela va notamment parler de la grossophobie mais pas que, ça va parler aussi du harcèlement et de discriminations. C’est notamment pour cela que ce projet est également orienté vers les scolaires, en plus du grand public. Le spectacle vivant est souvent une belle manière de parler de sujets difficiles comme ceux-là, c’est une approche intéressante pour libérer la parole. On cherche également à se rapprocher d’associations et d’organismes qui traitent de ce sujet pour, peut-être, mener des ateliers.

On garde la trame de l’œuvre originelle, avec l’histoire d’amour et les sacrifices. Mais on va beaucoup l’actualiser à notre temps donc Cyrano sera quelqu’un d’engagée, avec des prises de parole droites et claires. On sera sept au plateau, ce sera une équipe importante. De la musique sera jouée en live, ce sera moderne !

Quels personnages allez-vous incarner ?

Celui d’une des meilleures amies de Cyrano et, en même temps, celui de la préfète, qui s’oppose au personnage principal. Donc je joue à la fois la meilleure amie et la pire ennemie de Cyrano. J’aime bien cette dualité !

J’aime beaucoup avoir plusieurs personnes à jouer, je l’avais déjà fait pour la précédente pièce de la metteuse en scène, sur le monde de l’hôpital. On ne s’ennuie pas, cela demande de créer des choses un peu différentes, de faire de la composition. Le jeu est toujours de faire en sorte que l’on ne me reconnaisse pas, que l’on voit vraiment une différence entre les personnages. C’est vraiment cool à faire comme travail d’acteur ! Je suis vraiment contente, il me tarde !

 

 

La résidence évoquée est l’une des étapes du processus de création pour ensuite pouvoir proposer le spectacle à différents lieux…

Tout à fait ! On avait précédemment déjà fait une lecture, pour laquelle on avait fait venir du monde pour entendre le texte. Des premiers théâtres s’étaient alors déjà montrés intéressés…Récemment, une première semaine a été faite au plateau pour débroussailler le contenu. Une semaine, ça passe très vite, surtout quand on est sept mais c’est déjà l’occasion de travailler les rapports entre les personnages et la prise de parole en alexandrins.

En parallèle, vous continuez à accompagner un autre spectacle, qui suit le beau chemin sur lequel il est depuis plus de trois ans…

Complètement ! Quand on crée un spectacle, on a envie qu’il vive le plus longtemps possible. Réaliser ses envies est bien mais c’est dommage si le spectacle se joue peu…Donc, là, c’est vraiment génial que « Tristan et Iseut » suive son chemin. J’avais adapté et actualisé la légende, pour la rendre accessible à tous, aux scolaires mais pas uniquement. Plusieurs lectures et résidences avaient permis de garantir la cohérence d’ensemble de ce spectacle vivant. Spectacle qui reste en constance évolution…Déjà, après Avignon 2023, nous l’avions resserré pour lui donner une autre dynamique et, finalement, nous avons gardé cette version. Depuis, la création musicale a été finalisée : j’adore écrire et, encore, d’autres personnes sont intervenues pour créer des ambiances sonores. Je n’oublie pas non plus le travail de notre costumier. C’est vraiment un spectacle très riche, beaucoup de personnes y contribuent, en plus des comédiens. Même la scénographie et la technique au plateau continuent à se peaufiner, on a par exemple maintenant de la neige qui tombe du ciel.

 

 

On a appris ensemble, au fur et à mesure. On a découvert de nouvelles techniques, par exemple certains comédiens sont devenus aussi musiciens et, du coup, Tristan joue maintenant de la harpe en live. C’était un rêve pour moi, qui est devenu réalité. Tous ces petits ajouts sont incroyables et subliment le spectacle, en lui apportant de la magie et du merveilleux. On a vraiment fait en sorte que cette légende ressemble à un conte ! On se plait à le jouer et on continue à avoir de nouvelles dates. On intervient même, parfois, dans des établissements scolaires, ça marche bien, les élèves sont hyper réceptifs. C’est souvent une histoire qu’ils ont étudiée en classe et de la voir en spectacle change quand même les choses. Ils voient aussi les différences que nous avons apportées, on en parle ensemble, ce qui est vraiment super !

On continue aussi en tout public. Parfois, les gens viennent en famille et aussi bien pour les enfants, que les parents ou que les grands-parents, on voit que quelque chose se passe et que leurs liens se renforcent. Ils sont émus ensemble…Des grands-parents nous avaient dit, en Avignon, « ne pas penser, à leur âge, pleurer encore d’amour, encore moins avec leurs enfants ». Il y a vraiment quelque chose de fédérateur avec ce spectacle, que l’on est trop heureux de continuer à jouer. Toute l’équipe est fière ! Je suis à l’origine de l’idée mais, aujourd’hui, c’est vraiment un spectacle de toute une équipe. On le porte tous ensemble et on est heureux de l’emmener.

 

 

On est même en train de penser à une version immersive, avec encore plus de comédiens pour gérer la simultanéité des scènes. C’est encore un plus gros projet que l’on a bien en tête !

Quels sont d’ailleurs vos autres projets en cours ou à venir ?

Avec la compagnie du vent contraire, on est en train d’adapter le conte d’Andersen « La reine des neiges ». Ce ne sera vraiment pas la version de Disney mais bien le conte que l’on va mettre en scène. Nous serons deux comédiennes au plateau pour apporter le théâtre là où il n’y en a pas. On va tout faire : écrire, mettre en scène, créer le décor, jouer, chanter, ….On va faire en sorte que ce spectacle soit accessible aux plus jeunes, dès l’âge de six ans. On en est vraiment aux prémices mais des lieux sont prêts à nous accueillir en résidence. Une est d’ailleurs déjà calée pour septembre prochain…

On a aussi un spectacle en cours de création, « Roméo et Jeannette », d’Anouilh. La pièce est déjà écrite, on va refaire deux à trois résidences encore pour finaliser la mise en scène. La première aura lieu le 10 avril en région parisienne. Avec la même compagnie, nous sommes aussi en préparation de la tournée 2025/2026 du spectacle « J'appelle mes frères, mis en scène, par Floriane Delahousse et écrit par Jonas Hassen Khemiri.

 

 

Avec la compagnie Quintessence, on l’a dit, la pièce autour de Cyrano arrive et le spectacle sur le milieu hospitalier pourrait revenir en tournée. Ce spectacle est plein d’humour, c’est nécessaire car le sujet n’est pas facile. Sur scène, les cinq mettons beaucoup d’énergie, on joue tous plusieurs personnages, pour dénoncer pas mal de choses. L’autrice avait réellement vu ce qu’elle décrit dans le spectacle, 99% de ce que l’on joue est vrai ! On y évoque les problèmes connus du milieu hospitalier, notamment la situation des soignants. Sans eux, rien ne serait possible mais ils ont un métier très compliqué, sans avoir forcément de retour sur leur investissement.

 

 

Enfin, avec une troisième compagnie, je suis en création sur une pièce musicale d'Alain Peron qui parle des Penn Sardin et dont la première se jouera en Bretagne cet été. Ce sont des ouvrières qui se sont révoltées à Douranenez contre les patrons d'usine (conserveries) afin de voir augmenter leur salaire. La grande grève a eu lieu en 1924. 

Merci, Maëlys, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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La princesse au petit pois - Le musical : Léa Tuil nous présente ce chouette spectacle qu'elle met en scène !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Léa,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

Les 7 et 8 février prochains auront lieu, à Levallois, deux représentations du spectacle musical « La princesse au petit pois ». On imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui ! C’est une vraie joie de retrouver l’équipe, on s’entend tous très bien, on a beaucoup ri pendant les répétitions, on a eu un mélange de sérieux et d’amusement, le travail s’est fait dans la bonne humeur. Evidemment, je suis très heureuse aussi que ce spectacle, que j’avais créé à l’ESCA, soit diffusé ailleurs également.

Justement, si l’on en revient à la genèse de ce projet, comment vous sont venues l’envie et l’idée de développer ce spectacle ?

L’écriture est une adaptation du conte d’Andersen par Edouard Signolet, auteur français qui travaille beaucoup pour le jeune public. A l’origine, c’était une commande du studio de la Comédie Française. Il se trouve que j’ai pu rencontrer Edouard, qui a laissé libre court à mon imagination, pour que je puisse utiliser son texte à ma guise. C’était vraiment appréciable ! J’ai, ainsi, décidé d’en faire ma propre adaptation…

Au départ, ce n’est pas une comédie musicale, aucune chanson n’avait été écrite mais cela me paraissait évident, en relisant le texte, que l’on pouvait y ajouter des respirations musicales et chorégraphiques, pour ramener de l’imaginaire. Le but était aussi de donner un peu plus encore aux personnages leur côté cartoonesque…

 

 

Plus concrètement, avec vos mots, comment présenter l’histoire abordée ?

Dans l’écriture d’Edouard, les narrateurs de l’histoire sont les comédiens eux-mêmes : une scène se joue et, ensuite, ils enlèvent leurs costumes pour devenir les narrateurs. Je trouve cette esthétique superbe mais j’avais envie d’amener ma propre touche, avec la volonté d’aller dans quelque chose de plus immersif. C’est pour cela que j’ai pensé à la comédie musicale mais aussi à la vidéo d’animation et à la marionnette. D’ailleurs, on ne voit jamais les changements de décors, le but était de faire quelque chose de très visuel et d’assez magique. Il y a quatre acteurs sur le plateau pour interpréter au total onze personnages différents mais, à chaque fois, les costumes, les accents, les caractères varient.

C’est l’histoire d’un roi, d’une reine et d’un prince, qui vivent dans leur royaume, tout est pour le mieux, ils y sont heureux parce qu’ils n’en sont jamais sortis. Complètement enfermés, ils ne connaissent rien des drames du monde ni des malheurs de la vie. Mais il se trouve qu’un jour, le prince dit avoir envie de quelque chose de plus…Ses parents comprennent finalement qu’il lui manque une princesse : il se sent seul, il n’a plus envie d’être seulement un, il a envie d’être deux. Le roi et la reine, comprenant son souhait à son âge, lui demandent cependant d’épouser une vraie princesse. Là, arrive tout le drame…

Le prince va, ainsi, de royaume en royaume mais tombe, à chaque fois, sur des princesses très extravagantes, qui vont vouloir le manger ou l’attacher.

On comprend ainsi que les thèmes abordés sont nombreux et variés…

C’est un voyage initiatique à la découverte de l’amour. Evidemment, les enfants ne captent pas forcément tout, le but était de faire un spectacle à double lecture, qui plaise aussi aux adultes. L’objectif est de réunir enfants et parents, chacun avec leur sensibilité propre.

Il y a cette réflexion sur l’amour, notamment l’amour androgame : sociologiquement, il est prouvé que les couples mixtes ne sont pas du tout en majorité. La mixité sociale n’est pas forte, il est rare de trouver un ouvrier qui sorte avec une cadre supérieure. C’est une réalité…Je trouvais très intéressant, du coup, de se demander pourquoi on est attirés par des gens qui nous ressemblent et ce qui fait que l’amour est ainsi conditionné. Je voulais aussi m’interroger sur l’héritage de nos parents, sur le rôle qu’ils ont à jouer dans ce chemin-là vers la recherche de l’amour. En général, ils nous transmettent des valeurs, nous donnent un chemin, nous indiquent une façon de vivre, parfois même un métier ou encore un choix de conjoint. Dans ce spectacle, il est d’une extrême nécessité, pour le roi et la reine, que leur fils soit avec une vraie princesse, au sens de quelqu’un du même rang social.

Le conte d’Andersen est, en fait, une vraie farce, qu’Edouard met bien en avant : l’histoire raconte une princesse qui, un jour, dégoutante d’une pluie battante, tape à la porte d’un château demander un abri pour la nuit. Le roi et la reine sont répugnés par son état mais ils la laissent quand même rentrer dans leur royaume…De par son apparence, ils doutent qu’elle soit une vraie princesse et, pour s’en assurer, ils décident de mettre un petit pois sous son matelas…Si elle le sent, cela voudrait dire qu’elle a une peau tellement sensible qu’elle serait une vrai princesse. C’est là qu’est la farce : cela voudrait dire qu’un légume pourrait déterminer la pureté d’une personne…Je trouve cela absolument absurde et très drôle ! J’ai, ainsi, trouvé intéressant de s’interroger sur l’impact de l’apparence et sur les raisons du rejet éventuel d’un membre d’une société…

Ce projet vous permet de développer différentes cordes et techniques, qui doivent certainement être très enrichissantes…

Oui ! C’est une jeune compagnie donc je fais la mise en scène, je suis la narratrice du spectacle en voix-off et je suis aussi la régisseuse plateau pendant la représentation. Je suis également la productrice et la diffuseuse de ce spectacle. A un moment, j’ai même fait un peu de scéno mais, aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec deux nouvelles scénographes.

C’est un spectacle qui vit grâce à une équipe qui a cru au projet, qui s’est investie réellement, ce qui est super ! Il y a quatre comédiens, je le disais, mais on est quatorze au total, si l’on compte les musiciens, les régisseurs plateau, la régisseuse son, la créatrice lumière, la costumière…Ce sont de superbes rencontres et tous sont d’un grand soutien.

 

 

Au-delà des deux dates évoquées, quelle suite aimeriez-vous donner à cette belle aventure ?

Nous aussi des dates pour les scolaires, toujours à Levallois, début février. On a eu beaucoup de demandes d’écoles locales mais aussi de centres de loisirs, c’est vraiment super ! Pour les dates des 7 et 8, des professionnels ont été invités à venir, on verra comment ils réagiront, on espère que ça va donner encore une suite à ce projet pour les saisons prochaines.

En tout cas, on a déjà d’autres dates qui sont programmées pour cette saison, on a la chance d’être soutenus par la ville d’Asnières, ville dans l’école nous avons tous faits l’ESCA, l’Ecole Supérieure de Comédiens par l’Alternance. On en est très contents ! Ainsi, nous serons programmés le 11 avril pour deux séances aux scolaires dans le théâtre Armande Bejart, un lieu de 500 places. C’est une fierté ! La semaine du 19 mai, nous serons aussi programmés au château de la ville, dans le cadre du festival château en scène. C’est royal pour nous, c’est le cas de le direJ. On y jouera, pour l’occasion, la version extérieure du spectacle, avec des interactions qui vous surprendront. On aura une liberté de jeu et un espace immenses de recréation de la pièce…

En complément, la pièce « Qui a hacké Garoutzia ? » poursuit son chemin, pour votre plus grand plaisir…

Oui, vraiment ! On a eu la chance d’être quasi complets tous les mardis soirs, ce qui n’est pas donné à Paris, encore plus pour un spectacle autour de l’IA…On est trop contents ! Cela nous permet de prolonger au moins jusqu’à fin février, en plus des autres dates prévues en tournée. D’ailleurs, le 25 janvier dernier, dans le cadre d’une journée spéciale autour de l’IA, on a même eu la chance de jouer à la mairie de ParisJ. C’était une vraie joie et un vrai honneur !

Merci, Léa, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Musique

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Anna Kardanova nous raconte son parcours artistique et nous présente ses actualités !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Anna,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes une artiste aux multiples cordes et casquettes. D’ailleurs, d’où vous vient cette passion ?

En fait, mes deux parents sont des artistes danseurs et j’ai passé mon enfance en coulisses. Je partais avec eux lors de leurs représentations, j’ai ainsi voyagé partout dans le monde. Petite, c’était encore l’Union soviétique, du coup j’ai pu visiter des pays que je n’aurais pas pu visiter sinon. On était toujours privilégiés de voir des choses magnifiques…Lors des spectacles, j’étais entourée d’enfants d’autres membres de la troupe, on était une petite bande, on était toujours derrière à embêter les artistes car on trouvait cela drôle. J’ai donc baigné dans l’artistique depuis ma naissance !

Ce choix me paraissait évidemment : j’avais vu cela de l’intérieur, ça me plaisait, j’avais compris que c’était beaucoup de travail et de sacrifices, mais cela me convenait.

Dans votre riche parcours artistique, probablement que certaines expériences ont été encore plus marquantes que d’autres ?

Oui ! La première école professionnelle dans laquelle j’ai été prise était à Voronej. C’est une école très renommée de Russie, les solistes du Bolchoï en viennent. Voronej est une petite ville, l’école l’est aussi mais, curieusement, de nombreux artistes y sont formés, notamment ceux du Cirque du soleil. Quand, plus tard, je suis arrivée à Paris, j’ai rencontré d’autres personnes ayant suivi la même formation. C’était marrant de voir en « vrai » des gens que j’avais vus sur photos seulement.

L’éducation y était très dure, les professeurs n’étaient pas là pour nous lancer des fleurs, c’était très rude, très à la russe. On était frappés par des bâtons mais ce n’était pas fait gratuitement, cela permettait de mettre les choses en place. Je pense que cette rigueur m’a aidée pour, ensuite, intégrer le théâtre national à Moscou. Cette structure, en fait, est assez particulière : il y a l’école de danse et il y a aussi l’institut qui offre un bac+5 soit en pédagogie, soit en chorégraphie. Au début, on répète le répertoire du théâtre, on a aussi une leçon de danse classique et, après, on apprend l’histoire de la musique, de l’art, du théâtre, on apprend comment élever les enfants à la danse classique et au jazz. J’ai suivi cette méthodologie pendant 5 ans de travail acharné. C’était dur aussi parce que c’était un grand travail, de 8h à 20h. Comme j’étais maline et que je voulais bien vivre, je travaillais également le soir dans des petites troupes itinérantes. Je me couchais après les revues, vers 1h ou 2h du matin. C’était le cas six jours sur sept…C’est passé très vite mais c’était une bonne école de vie, d’endurance et de persévérance.

 

 

Nous le disions, vous avez de nombreuses cordes artistiques. Justement, les considérez-vous comme un seul et même métier ? Ou les dissociez-vous davantage ?

C’est une question très intéressante ! En vrai, je pense que ce sont des professions différentes mais je n’hésite pas à utiliser les compétences d’une profession pour m’améliorer dans une autre. Pour autant, il faut quand même les dissocier : on ne peut pas n’être, par exemple, que danseuse, il faut aussi être pédagogue, il faut également être actrice. J’essaie de doser comme lorsque je mets des épices dans un plat, pour que ça soit vraiment bien équilibré et que l’on ne se retrouve pas qu’avec du sel ou du poivre.

Actuellement, vous êtes sur scène dans des cabarets, aux ambiances féériques, qui font rêver les gens. Sans doute que les retours de ces derniers doivent être très positifs ?

Oui ! En fait, on est là pour le public, pour lui donner de la joie et pour l’émerveiller. Si on était narcissique, cela se verrait sur scène… Si on ne dégage rien, le public ne va pas se lever, ne va pas applaudir ni dire merci.

La plupart du temps, après les spectacles, les gens sont comme rechargés par l’énergie que l’on met et que l’on donne. C’est vraiment un échange qui fait particulièrement plaisir. Cela incite à continuer et à donner encore plus d’émotions.

D’ailleurs, nous pouvons vous retrouver dans plusieurs régions de notre beau pays…

Il y a, effectivement, de plus en plus de cabarets qui s’ouvrent en province, ce que les gens apprécient parce qu’ils n’avaient jamais vu de tels spectacles. Là où je travaille, nos costumes sont dignes des revues parisiennes, ce n’est pas un spectacle itinérant avec seulement deux à trois paillettes, il y a de vrais strass et de vraies plumes. Nous portons des tenues pouvant aller jusqu’à quinze kilos, elles sont vraiment très grandes et très belles !

 

 

Un mot, peut-être, sur chacun de vos trois cabarets ?

Cela fait déjà quatre ans que je travaille au cabaret de Licques, c’est un spectacle qui ne cesse de s’améliorer. On avait commencé avec trois filles et deux garçons, maintenant il y a deux filles de plus. Les costumes sont, depuis deux à trois ans, à la hauteur des plus grands cabarets. Je remercie d’ailleurs le patron des lieux pour les efforts fournis, également dans la qualité des numéros, qui sont de réelles attractions. Les gens disent ne pas voir le temps passer, tellement ils sont émerveillés ! Peut-être même que, dans quelques mois, la scène sera encore plus grande, ce qui nous laisserait davantage encore de place pour nous exprimer…

Je suis aussi sur scène dans la Meuse, près de Verdun, à L’angemont. « J’adore » est assez nouveau, c’est une amie, ancienne soliste au Lido, qui s’est découverte une autre passion et qui a fait les costumes elle-même. Ces costumes sont magnifiques, ils sont dignes d’un musée ! Le chorégraphe Toto, qui travaille au fameux théâtre Trocadéro de Liège en Belgique, a aidé au développement du spectacle…C’est très différent de la plupart des revues, la chorégraphie ne ressemble pas du tout aux autres. Je ne vous cache pas que, au début, elle était difficile à apprendre, on était un peu perdus mais, maintenant, ce n’est que du plaisir ! C’est un style particulier mais plaisant à faire, une fois qu’on le maitrise : il y a un mouvement sur chaque temps, au lieu de quatre…C’est très complexe ! Le cerveau fume beaucoup, tellement il y a du jeu à proposer. Mais c’est particulièrement agréable à faire…On se dépense beaucoup mais on retrouve une certaine passion pour la danse !

Enfin, je travaille dans un troisième cabaret, "Les soirées du Pin", à Le Pin-La-Garenne en Basse Normandie. C’est aussi nouveau, cela se met progressivement en place. Entre chaque tableau, un décor est ajouté, par exemple la tour Eiffel, des palmiers, des coffres à trésor…Ces effets spéciaux permettent de différencier ce cabaret, on se croit un petit peu au cinéma ou sur le tournage d’un film. C’est encore autre chose et c’est chouette pour moi !

Je ne m’ennuie pas avec ces programmes. Pour le corps, ils sont complètement différents…C’est plaisant de faire les trois, je ne pourrais pas dire que j’en préfère un.

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année qui vient de commencer ?

On peut me souhaiter de l’inspiration ! Dès qu’on l’a, je pense que l’on peut vraiment atteindre son but…Pour rêver, il faut être inspiré ! Donc je souhaite aussi à tout le monde d’avoir des rêves et de les accomplir en 2025 !

Merci, Anna, pour toutes vos réponses !

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Erica Angelini nous en dit plus sur ses deux actualités théâtrales !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Erica,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène dans deux spectacles bien différents. Notamment « On ne badine pas avec l’amour », au théâtre espace marais. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui ! C’est, déjà, vraiment un honneur de pouvoir faire du théâtre classique…Etant arrivée aux cours Florent en deuxième année, je n’ai pas participé à la première année où, justement, les auteurs classiques sont travaillés. J’ai senti que c’était un peu un manque et une lacune dans mon parcours. Donc, là, d’avoir cette opportunité d’y revenir, après les études, est vraiment une chance !

J’apprécie particulièrement la thématique de l’amour ! J’ai, souvent, dans mes petites expériences, pu jouer les amoureuses et les petites amies, mais cela restait des personnages périphériques. Je crois que je m’y prête assez bien. Là, de jouer un tel texte, avec une telle profondeur et une telle psychologie, est un plaisir et un honneur !

Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

Comme notre metteur en scène aime aussi le dire, le cerveau humain ne va pas retenir la négation dans le titre, donc ce sera plutôt « On badine avec l’amour »…Ce qui est très juste aussi et que l’on essaie de démontrer tout au long de l’œuvre. C’est, en fait, Camille qui est un peu prisonnière de son éducation religieuse, qui a l’intention de rester au couvent et qui se voit, malgré tout, engagée, par un mariage forcé, à son cousin Perdican. Mais, en fait, ni l’une ni l’autre perspectives ne l’emballent plus que cela. Dans toute la pièce, elle est en quête de sens pour savoir quelle serait la meilleure perspective pour elle.

Elle apprécie évidemment beaucoup son cousin et elle va essayer, un peu comme un mentor, de lui adresser toutes ses questions par rapport à ces deux chemins de vie qui s’offrent à elle. Pendant toute cette recherche, ils vont s’amouracher et, malheureusement, vont prendre comme appât, Rosette. Il va, ainsi, y avoir un triangle amoureux tout au long de la pièce et c’est littéralement une œuvre dramatique, qui met en exergue les sentiments amoureux, la tromperie, la trahison, la lutte pour se faire respecter. Cette pièce date de l’époque du romantisme, au XIXe siècle et cela se faisait alors beaucoup.

 

 

Autour de ces trois héros, il y a les fantoches, que vont être, en fait, le baron, le gouverneur et le curé de la paroisse. Ces petits êtres un peu cocasses représentent la société, le peuple et leurs travers. L’un est alcoolique, l’autre est gourmand, un autre encore est avare…

Quel regard portez-vous sur votre personnage ?

Je joue Camille, cette jeune fille âgée de 18 ans qui doit normalement retourner au couvent et qui doit aussi être la fiancée de Perdican. Je dirais que Camille est pleine de doutes et que c’est aussi une grande romantique en fait, une jusqu’au-boutiste, qui est assez utopiste parce qu’elle est proche d’une réalité très confinée. Elle s’est construite de par des livres et de par les sœurs du couvent donc elle a une réalité qui est un peu limitée et en laquelle elle croit très très fort.

Ce que je vois beaucoup en Camille, c’est que c’est une battante, qui se veut être la porte-parole pour toutes ses sœurs du couvent, desquelles elle a pu apprendre et entendre les récits. Elle va aller à la rencontre de son cousin avec cet esprit revanchard et donneuse de leçons, lui qui, sans doute, n’a jamais croisé le destin de ces femmes-là et qui est plutôt volage, qui a déjà pu plaire et séduire jusque-là. Donc je dirais que c’est une femme déterminée, battante et idéaliste.

Camille, au fur et à mesure des discussions, est quand même interpellée par ce que Perdican dit, la vie, la légèreté. Elle écoute très attentivement ce qu’il dit, il a une autre vision qu’elle, qui l’a trouble complètement aussi. Et qui va l’amener à aller au bout du jeu aussi pour comprendre. 

Au moment de vous glisser dans la peau de ce personnage, quelle avait été votre méthodologie de préparation pour cette œuvre bien connue et déjà souvent jouée ?

J’avais travaillé quelques passages de l’œuvre en deuxième année, donc je l’avais alors forcément lue. Cela m’avait aussi permis de faire une remise dans le contexte mais c’était assez bref, sans aller en profondeur. J’avais ensuite vu l’œuvre au festival d’Avignon, où un ami l’avait montée : ce n’était pas la même vision, j’avais alors beaucoup apprécié de voir qu’une même œuvre pouvait complètement être détournée de par la mise en scène. C’était plutôt comique, moderne, avec des insertions de chants. Cela m’avait permis d’avoir un autre regard sur les personnages et sur l’œuvre.

 

 

Ici, le travail avec le metteur en scène a encore été tout autre parce qu’il a une manière bien à lui, que j’ai découverte, de séparer l’œuvre non pas en actes ou en chapitres mais en segments. Sur une même page, il peut y en avoir jusqu’à dix…C’est assez réduit mais ça délimite vraiment les idées. Pareil, cela donne une toute autre lecture à l’œuvre, ce que j’ai beaucoup apprécié. Ainsi, les mots résonnent d’une toute autre manière !

Donc j’ai travaillé la pièce avec cette nouvelle construction, ce qui m’a permis de mieux comprendre le texte. Puis j’ai fait mes recherches et ai regardé pas mal de films. Ces derniers m’aident beaucoup, me donnent énormément d’images et constituent mon corpus, ce qui est important. J’aime aussi beaucoup parler avec ma tante, ancienne critique de théâtre, pour avoir son avis et lui demander quelques recommandations. Cela me permet aussi d’avoir un lien plus personnel avec elle, sur un thème commun que l’on aime toutes les deux.

En complément, on peut également vous voir à la Manufacture des Abbesses dans « Profite ! ». Un mot, peut-être, sur les thèmes et sujets abordés ?

C’est une comédie contemporaine qui aborde les sujets de la vie. Au départ, on suit l’histoire d’une famille, qui va se rencontrer autour d’un podcast que je suis amenée à diriger en tant qu’intervieweuse principale. La pièce pousse à réfléchir au sens des priorités, au sens de l’existence, à la famille, à l’amour, aux blessures, au pardon. Ce sont des grands thèmes que tout le monde traverse et je trouve que c’est rudement bien écrit.

D’ailleurs, il y a des passages qui me font penser à Alfred de Musset, notamment au monologue de Perdican. Ici, « un jour, sans savoir pourquoi, on prend soudain la mesure de ce qu’il s’est passé. Alors on s’arrête, un peu perdu, un peu essoufflé. On regarde des mains creusées de rides et on murmure : « Voilà, c’était ça ma vie. » » Les thèmes principaux sont donc assez classiques mais indispensables !

 

 

Quels principaux retours du public avez-vous déjà pu avoir ?

Les retours saluent l’écriture et son intelligence : d’une scène à l’autre, il y a vraiment des leviers saisis par les mots, qui permettent de changer d’ambiance, tout en restant sur le même thème. Je trouve que c’est très finement écrit !

Un autre point positif concerne les changements de personnages à l’aide d’accessoires, comme une veste ou encore une paire de lunettes. Les gens apprécient beaucoup cet aspect très cinématographique de la pièce, dans la même idée que les différentes œuvres d’Alexis Michalik.

Le fait de jouer deux spectacles différents vous permet de passer par différents registres et de proposer des palettes de jeu bien différentes…

Oui, c’est effectivement ce que j’apprécie beaucoup ! D’avoir commencé par l’interprétation de Camille m’a beaucoup appris, je pense qu’elle a vraiment énormément de facettes de personnalités que mon autre personnage a peut-être un peu moins. En tout cas, l’une nourrit beaucoup l’autre, c’est très complémentaire !

J’essaie de me remettre tout le temps en questions, de me nourrir des deux personnages mais aussi de ce que les gens en perçoivent. Parfois, notre perception n’est pas du tout fidèle à ce que les gens ressentent. A la limite, je commence même à me détacher de mon avis pour aller plus vers ceux que j’entends. C’est un exercice très difficile mais qui me permet de nourrir mon personnage et mon expérience.

 

 

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de ces deux belles aventures théâtrales ?

Que le public continue d’être curieux et au rendez-vous de ces deux univers tout à fait particuliers et similaires en aucun point ! On le fait d’abord pour le public qui vient nous voir et pour les échanges à la sortie donc on peut nous souhaiter que le public continue d’avoir envie de nous soutenir et d’en apprendre plus avec ces mises en scène ainsi qu’avec ces regards-là !

Merci, Erica, pour toutes vos réponses !

 

 

Publié dans Théâtre

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Carolina Jurczak nous en dit plus sur son actualité au cinéma et sur les planches !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Carolina,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

Le 25 décembre sortira le film « Joli joli », dans lequel nous pourrons vous retrouver. On imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui ! C’est très joyeux parce que c’est une comédie musicale. Quand on est acteur, participer à une comédie musicale est hyper rare. Cela n’arrive pas souvent je pense. Ce film offre le challenge et l’opportunité de chanter, de danser et de se remémorer aussi historiquement toutes les comédies musicales qu’il y a eu en France et de rêver à celles qu’il y a eu aux Etats-Unis. Je me sens très chanceuse d’être sur ce projet, avec des défis et un joli scénario. Je me souviens du travail d’Alex Beaupain sur « Les chansons d’amour » et le plaisir que j’avais eu à écouter sa musique et ses textes. J’étais jeune comédienne et, aujourd’hui, je le retrouve dans une comédie musicale. Le défi est grand : je dois enregistrer des chansons alors que ce n’est pas du tout mon métier et être à sa hauteur et à celle des autres comédiens. Il y a un gros casting. Il faut être au rendez-vous comme acteur mais aussi comme chanteur. C’est très enthousiasmant d’avoir autant de défis à relever !

Plus concrètement, avec vos mots, comment présenter ce film ?

Cela parle d’amour ! Je pense que ce qu’il y a de joyeux, dans ce film, c’est que l’amour est assumé de manière très simple, avec beaucoup de grasse et d’élégance mais aussi avec ce qu’il y a de pétillant, de beau, de cocasse là-dedans et sans jamais être mièvre. Je trouve ça bien d’assumer toutes ces histoires d’amour, sous des formes très différentes, avec des personnes qui le sont tout autant. Mais aussi avec tout ce que ça amène de drôlerie et de conflit entre les personnes. Ça fait du bien, aujourd’hui ! Surtout en ce moment avec l’actualité que l’on a et l’hiver qui arrive, d’avoir quelque chose d’absolument frais et joyeux sur nos écrans.

 

 

Un mot peut-être sur votre rôle ?

J’ai la chance d’avoir un rôle que je partage en duo avec Anne Serra, qui est aussi une très bonne amie. On se connait depuis plus de dix ans et on s’est retrouvées sur ce film, à jouer deux starlettes, deux jeunes filles du cinéma qui veulent absolument réussir. Malgré leur ambition, elles restent des êtres sensibles. Elles seront aussi au centre d’une histoire d’amour. J’adore l’idée de me retrouver avec Anne, une amie à l’écran et une amie dans la vraie vie. Travailler ensemble comme cela est, je trouve, une chance !

On comprend que ce rôle vous permet une palette de jeu large et variée, qui doit être particulièrement plaisante…

Ce qui est très réjouissant, c’est de changer de personnage d’un projet à l’autre mais aussi de changer d’émotions et d’univers. Ce film se passe dans les années 70, il y a aussi beaucoup de résonnances avec nos rapports amoureux d’aujourd’hui. Il y a quelque chose de très engageant. Ce film fait aussi écho aux années 60, à son cinéma et au cinéma en général. C’est une comédie romantique en chanson avec son lot de drame.

Le film sortira pendant les fêtes de fin d’année, une période idéale par rapport à son contenu…

Absolument ! Je pense que c’est un film pour tous les âges et pour tous les amours. Aussi, c’est un film d’acteurs avec un côté presque théâtral. Au départ, ce devait même être une petite opérette en trois actes, pleine de quiproquos. Je crois, en tout cas, que ce film apporte beaucoup de fraicheur et de comédie, il est très familial !

En complément, à partir de fin janvier, vous serez sur scène, au théâtre de Paris, dans la pièce « Le journal ». Certainement êtes-vous impatiente…

Oui, je suis tellement contente aussi de me retrouver à passer du cinéma au théâtre, sans oublier la télé. Je trouve que c’est une vraie chance, quand on est comédien, de pouvoir faire plein de choses différentes. Cela me fait toujours beaucoup rire quand certaines personnes me demandent ce que je préfère entre le théâtre et le cinéma… J’aime jouer en fait ! Évidemment, la manière de jouer, l’engagement et l’endurance ne sont pas du tout identiques selon les arts mais je trouve cela tellement heureux de pouvoir changer de projets, de méthodes, d’outils et de techniques.

La pièce commencera le 22 janvier, elle est, pour le coup, complètement différente du film. C’est une sorte de thriller dramatique où je joue en anglais et en français. Cet autre challenge est tout aussi chouette ! Oui, c’est une pièce de théâtre qui me plait beaucoup, j’aime énormément son côté très énigmatique, avec cette atmosphère qui se crée petit à petit, au travers du piège qui se referme progressivement sur les personnages. Tous vont se retrouver enfermés dans leurs peurs et dans ce qu’ils sont…

 

 

En quelques mots, comment pitcher justement cette pièce ?

« Le journal », écrit par Antoine Beauquier, est un thriller qui nous plonge dans les coulisses de la politique et des journalistes. Où les frontières entre les gentils journalistes et les méchants politiciens est remise en question. Les cartes sont rebattues en permanence. C’est une pièce qui parle de notre morale et de nos convictions. Les personnages sont complexes, ambivalents, fourbes et malins. Je pense que ça parlera à beaucoup d’entre nous.

J’y joue une jeune française prisonnière à Jakarta. Mon père, joué par Bruno Putzulu, est le patron d’un grand journal mais nous sommes en froid depuis la mort de ma mère.

C’est une pièce qui est très puissante aujourd’hui. Elle est mise en scène par Anne Bouvier avec de merveilleux acteurs, Bruno Debrandt, Bernard Malaka et Olivier Claverie.

Vous le disiez, votre personnage parle en anglais et en français…Cela vous permettra, là aussi, de proposer une palette artistique encore différente…

J’aime beaucoup les projets qui me demandent un travail spécifique. Je trouve que, dans ce projet, d’avoir le challenge de jouer en anglais est chouette. Je l’avais déjà fait à l’image dans « Carthago » une série Israélienne. Mais jouer devant une caméra n’est pas du tout la même chose que jouer sur scène tous les soirs. C’est un rôle difficile. Dans la pièce, je suis emprisonnée en Afrique pendant plusieurs semaines. C’est quelque chose d’assez lourd et complètement à l’opposé de la légèreté de « Joli Joli ». Émotionnellement, cela me demande beaucoup d’implication !

 

 

A quelques semaines de la première, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Il y a quelque chose d’assez étonnant : en janvier, nous montrerons au public le « produit fini » mais, pour nous, comédiens, il y a toute une étape avant, celle des répétitions. Elle a déjà un peu commencé mais va durer au total un mois et demi. Je trouve cette période tellement réjouissante, on rencontre ses partenaires, on joue de manière ludique et très simple, on cherche ce que l’on va faire pendant plusieurs mois sur scène. Ce moment de laboratoire, où on se permet de se tromper, d’aller chercher en soi les bonnes intentions, les mots justes et des enjeux forts, est, je pense, parmi les meilleurs pour un acteur. C’est là où on travaille vraiment, où on va creuser des choses en soit, où on trouve la trajectoire d’un personnage, où on fait des choix. Cela permet d’aller explorer des intentions que le public ne verra pas forcément lors des représentations mais qui seront toujours terriblement bénéfiques pour un acteur. Ca permet d’entretenir l’imaginaire. Une fois que les représentations commencent, il faut essayer d’être aussi juste et engagé chaque soir, dans le cadre donné par le metteur en scène.

Merci, Carolina, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Télévision, Musique

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"ADN", actuellement à l'affiche au théâtre Michel : Interview croisée avec les deux autrices, Flavie Péan et Caroline Ami !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Flavie, bonjour Caroline,

Quel plaisir deffectuer cette interview avec vous deux ! Vous êtes les autrices de la pièce de théâtre « ADN », dont le pitch est le suivant :

« À la suite d’un test ADN, Tomas découvre qu’il n’est pas le père de son bébé, mais son oncle. Seulement, à sa connaissance, il n’a pas de frère. Le jour où sa mère est prête à lui faire des révélations, Tomas la retrouve assassinée »

Ce spectacle connait actuellement un très beau succès au théâtre Michel. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Flavie : Oui ! On est très très contentes ! En fait, je crois que ça ne pourrait pas mieux se passer. On est amies dans la vie et on a commencé à écrire ce projet il y a quatre ans, avec beaucoup de rêves, denvies et despoirs. Tout sest finalement hyper bien mis en place : avec le metteur en scène dont on rêvait, dans un théâtre que lon adore. Cela marche très bien, le public est au rendez-vous, il est satisfait et content…

Caroline : Il est aussi agréablement surpris par cet « OVNI » ! Cest une pièce à part, qui casse les codes. Et on a une super équipe aussi donc on est très heureuses !

Flavie : En fait, ce qui est assez rare et qui nous fait particulièrement plaisir, cest quon a le sentiment de réussir à combler et le public et les professionnels du théâtre. On a fait quelque chose de lordre du thriller mais mélangé à de la comédie, populaire - dans le très bon sens du terme - et qui plait à une large palette de gens. Cest très satisfaisant de se dire que lon a coché pas mal de cases.

Caroline : Le projet a suscité beaucoup de curiosité de la part des pros, par son côté ambitieux. Ils trouvent le pari réussi et cela nous fait très plaisir ! On est pleines de gratitude…

 

 

Si lon en revient à la genèse de ce projet, quelles principales raisons vous avaient incitées à développer ces thèmes ?

Flavie : Je pense quil y a deux facteurs qui nous ont vraiment motivées….

Caroline : Déjà, le fait divers en lui-même qui nous a paru tellement invraisemblable… Et qui, en même temps, nous semblait très intéressant, nous permettant de développer les liens familiaux, le transgénérationnel, des thématiques qui nous parlent beaucoup…

Flavie : Et notre envie commune de faire un vrai thriller au théâtre. Dun coup, avec les deux réunis, on sest dit « Allons-y ! »… Je pense que ce côté thriller était quelque chose que lon avait très envie de développer toutes les deux, individuellement et ensemble. Lire et regarder ce genre-là de livres ou de films, correspond à ce que lon aime, nous. Et c’est un style qui ne se fait pas beaucoup au théâtre.

Caroline : On adore frissonner, se faire avoir par les fausses pistes, être surprises. On voulait donner à la pièce un rythme soutenu, pour être au cœur de lenquête… On avait très envie daller dans ce registre.

 

 

En tant quautrices, quelles sensations ont prédominé en vous en étant dans la salle, au moment de la première ?

Flavie : On en rit maintenant mais on était terrifiées ! Ce qui est fou, cest que le bonheur est à la hauteur de la terreur ! Quand ça démarre, on ne maitrise absolument plus rien, on est spectatrices de notre travail et il faut vraiment lâcher prise et accepter… En même temps, quand, dun coup, on commence à entendre rire, à entendre les réactions du public, à assister à la magie des saluts, là, le plaisir et la fierté sont alors immenses !

A titre personnel, jai trouvé cela mille fois plus intense que juste de jouer. Le fait que ce soient nos mots, cest très puissant…

Caroline : Déjà, quand les répétitions commencent et que les acteurs incarnent les personnages que lon a imaginés, on se dit : ça y est, ils prennent vie, ils existent ; cette histoire va vraiment être transmise ! On souhaitait transmettre des émotions mais aussi faire passer des messages. Et puis voir le public en osmose avec les acteurs, grâce au travail de Sébastien Azzopardi à la mise en scène, c’est galvanisant : quelque chose s’est remplit en nous le soir de la première. On a frissonné, on a tremblé !  Jai eu beaucoup d’émotions ! C’était étrange mais grisant ! Cest très différent quand on est comédien et que lon est sur scène, on se jette dans le grand bain et on peut, plus ou moins, maitriser ce qu’il va se passer !

 

 

Flavie : Je crois que la grosse différence aussi, cest que lon se met à nu quand on écrit. Dun coup, il y a quelque chose de lordre de lintime, on choisit chaque mot, on pèse chaque émotion et chaque message que lon veut faire passer. On a tout inventé avec notre vécu, notre sensibilité, nos blessures donc on a le sentiment quon livre tout cela au public…On se demande toujours comment les spectateurs vont le recevoir : si ça ne plait pas, cest encore plus violent quand on est auteur…Un acteur dit des mots quon lui a offerts donc, même si, dans linterprétation, il va chercher des choses personnelles, ce nest pas son histoire. Je pense que ce nest pas comparable…

Caroline : Cest exactement cela ! En plus, on a mis beaucoup de nous dans cette pièce et cest vrai que si laccueil du public navait pas été là, je pense que ça aurait été assez « violent »… On a énormément de chance !

Flavie : On est aussi comédiennes donc on le sait, on se cache souvent derrière un personnage, cest une façon dexister à travers ses traits. Là, en tant quautrices, on ne peut pas…

 

 

Sans doute également que, tout au long de la pièce, vous avez découvert des réactions du public à des moments que vous nattendiez pas ou ne soupçonniez pas ?

Flavie : Complètement ! On a notamment été très surprises des rires : il y a eu des rires très forts à des moments où on ne sy attendait pas du tout.

Caroline : On pensait simplement faire sourire mais on a eu droit à de réels éclats de rires pendant des scènes clés de la dramaturgie.

Flavie : Après, cest peut-être aussi une sorte de soupape pour le public face à certaines annonces présentes dans la pièce, qui peuvent malgré tout mettre mal à laise. Le rire, je pense, permet aux gens daccepter un petit peu mieux la situation. Mais on a réalisé, le jour J, que lon avait entre les mains un thriller agrémenté d’une vraie comédie. On a écrit des personnages comme on les voit dans les séries américaines, avec des caractères hauts en couleurs notamment le flic un peu macho, qui fait des blagues un peu lourdes. Je crois que cela amène du rire, un peu malgré nous et, au final, cest super parce que ça permet à toute la famille de venir. Cela ouvre à un public plus large et on peut ainsi faire passer nos messages à une plus grande audience.

Caroline : Je pense qu’on a trouvé un juste dosage entre le thriller et lhumour…

 

 

Quels principaux retours du public avez-vous dailleurs déjà pu avoir jusqu’à présent ?

Caroline : Des « Waouh…. » de surprise. Lhistoire plait, la résolution surprend…

Flavie : La mise en scène de Sébastien subjugue tout le monde, cest une prouesse. On a écrit sans limite, comme un scénario de film et on sest dit quon allait bien trouver quelquun dassez fou pour nous suivre à la mise en scène, qui trouverait des astuces pour que ça prenne vie. On s’était imaginé quil allait y avoir très peu de décors, des changements de costumes à vue, pour aller vite. En fait, Sébastien a fait le pari, quil a brillamment relevé, de tout faire avec de vrais décors, de façon très réaliste.

Caroline : Sébastien a matérialisé les espaces avec des éléments de décor et des panneaux qui coulissent. Un peu comme le zoom de la caméra, il va piocher des petits bouts de vie des personnages. Quand ça souvre, on a, par exemple, juste un bout de cuisine ou de bureau qui dépasse. Lunivers ressert ainsi vraiment lintrigue autour des personnages !

Flavie : Cest assez dingue davoir réussi à faire cela ! Les comédiens se sont arrachés les cheveux pendant les répétitions parce que ce sont eux qui manipulent les panneaux en coulisse, en plus de se changer et de jouer. Ils courent partout !

Caroline : Le public ressent cela aussi je pense, cest assez spectaculaire dans le sens où ça va très vite en très peu de temps, sans faire de bruit. Quand un nouveau « tableau » apparait, une petite magie opère et participe à leffet de surprise !

Flavie : Ce que lon nous dit souvent aussi, cest quil y a une vraie promesse au départ, avec un pitch fort, et que la résolution est tout aussi forte. Cest chouette parce que, parfois, ça arrive que les fins soient un peu décevantes dans ce genre là qu’est le thriller. Cest un point fort !

 

 

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure artistique ?

Caroline : Des prolongations, toujours et encore ! Pourquoi pas datteindre la millième, ce serait génial !

Flavie : Il a été annoncé que ça allait durer jusqu’à fin avril, cest déjà une très très belle nouvelle, on est hyper contentes. On espère que ça sera prolongé encore après, pour l’été et la rentrée. Pourvu que ce spectacle dure longtemps et parte en tournée ensuite !

Merci à toutes les deux pour vos réponses !

Publié dans Théâtre

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