Virgin Radio : Fabien Delettres évoque le nouveau morning de la station !
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Bonjour Fabien,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Depuis la rentrée, nous pouvons vous retrouver dans le nouveau morning de Virgin Radio, « Le Morning sans Filtre ». À titre personnel, on imagine sans doute le plaisir et la joie que cela doit être pour vous de faire partie de cette belle nouvelle aventure ?
Vous avez très bien résumé ce que je ressens, c’est vraiment un énorme plaisir de me lever, ce qui est peut être un petit peu curieux quand on se lève aussi tôt. C’est vraiment du plaisir parce que je m’amuse énormément. J’avais eu une expérience du morning il y a dix ans, avec Cyril Hanouna, je savais comment ça se passait. Déjà à l’époque, j’avais pris beaucoup de plaisir mais je l’avais un peu oublié. J’ai beaucoup muri aussi, avant j’étais un peu un fou-fou, maintenant je ne me suis pas forcément calmé mais déjà je suis beaucoup moins stressé, pour ne pas dire pas du tout. Donc j’aborde les émissions complètement différemment et j’ai la chance aussi d’avoir un rôle qui est vraiment cousu main pour moi. On est trois, il y a Guillaume Genton, qui est le leader et Diane Leyre, Miss France 2022 actuellement en règne, qui est beaucoup plus que la touche féminine. Elle est une co-animatrice vraiment dans l’air du temps, qui, malgré le titre et l’image qu’elle doit faire valoir, est vraiment bien ancrée dans la réalité, elle est une femme moderne, féministe et elle est vraiment là pour apporter un équilibre dans toutes nos discussions. J’ai le rôle que j’adore, à l’époque on disait un snipper, celui du rigolo de la bande, je n’ai pas la pression de ce que je vais dire, de savoir si ce que je vais apporter comme argument va faire bouger les choses. La seule mission que l’on me confie et qui me va tout à fait, c’est de faire rire, d’être drôle et, surtout, d’apporter de la légèreté à n’importe quel sujet.
Cette matinale est construite de manière un peu originale par rapport à ce qui se fait actuellement, le pari a été fait de tenter une matinale beaucoup plus portée sur l’actu, le direct, le débat et donc, dès fois, il y a des sujets qui peuvent être non pas lourds mais un peu sérieux et dans lesquels, tout de suite, je suis là pour amener une légèreté et rappeler que l’on est le matin, que l’on doit se divertir, que l’on peut apprendre plein de choses mais surtout pour que ça se fasse dans la bonne humeur.
Justement, quand on est à l’antenne le matin, de 6h à 9h 30, face à des auditeurs qui, pour la plupart, sont en train de se réveiller, de prendre leur petit-déjeuner ou déjà de travailler, adaptez-vous votre ton ? Ou pourriez-vous avoir le même ton à midi et à 18h ?
Vous avez parfaitement raison, on s’adapte. Je vais même vous dire, on s’adapte à chaque heure parce que l’on sait, par des études faites par des spécialistes, ce que font les gens à chaque heure. Déjà, on ne crie pas, mais on met de la bonne humeur, sans hurler. On sait que l’on s’adresse à un public qui se situe entre 25 et 50 ans. Donc, lors du choix des sujets, on va aller plus vers des sujets d’actu pour adultes, dans lesquels il peut avoir aussi bien de la profondeur que de la vie quotidienne. Ça peut être des sujets pour les parents car nous sommes écoutés par beaucoup de mamans.
Je vous disais que l’on adaptait aussi en fonction des horaires. Par exemple, tous les sujets qui vont concerner la famille pure vont être placés entre 7h et 8h parce qu’on sait que c’est le moment où les parents sont en train de s’occuper de leurs enfants. On fait aussi des infos si possible assez courtes parce qu’on sait que ça passe de la salle de bain au petit déjeuner, tout en allant très vite. Entre 7h 45 et 8h 15, on est sur le trajet du boulot ou de l’école donc on adapte les messages et les infos par rapport à cela. On adapte aussi naturellement notre façon de parler, on fait attention au choix des thèmes et des mots. Il n’y aura rien sur la séduction ou sur des sujets qui pourraient être un peu grivois. Ce sont des choses très drôles que l’on peut s’autoriser en matinal mais à d’autres moments, par exemple « 6 personnes sur 10 ont déjà eu une relation intime au bureau » est un thème qui sera traité entre 6h et 7h ou 8h et 9h.
C’est donc une manière de parler, mais aussi une manière de réfléchir différemment en fonction de l’heure.
Après ces premiers temps d’antenne, quels principaux retours pouvez-vous avoir des auditeurs notamment ?
Tous les retours que l’on a en interne sont très bons, je pense que l’on a réussi à faire ce que l’on annonçait, c’est-à-dire apprendre en s’amusant. Quand vous écoutez chaque intervention des animateurs entre 6h et 9h 30, vous apprendrez quelque chose. Vous aurez ri (je l’espère) et quoi qu’il arrive, vous aurez appris quelque chose. Cela était très important pour nous. En moyenne, on développe 6 sujets par heure, on a énormément d’intervenants. Dès que l’on parle d’un sujet, on essaie d’avoir ou la célébrité qui est concernée ou un expert, voire même il peut être sympa de mettre en relation un auditeur qui n’est pas d’accord avec la célébrité. C’est vraiment un objectif que l’on a réussi à atteindre et on en est très content.
Pour vous redonner l’historique, il y a eu pendant 7 ans Camille Combal, ce qui est énorme, l’habitude d’écoute est très grande, un lien s’est tissé entre les auditeurs et l’équipe. Camille est parti mais la totalité de son équipe est restée, il a été remplacé par Manu Payet. Donc même si les gens ont été tristes du départ de Camille, ils ont sentis une certaine continuité avec Manu et tout le reste de l’équipe. Après deux années animées par Manu, nous arrivons avec une vraie cassure, Virgin Radio a fait ce choix éditorial de changer complètement. On arrive sur un poste occupé précédemment par des gens qui avaient établi un vrai lien avec les auditeurs, avec un programme qui n’a rien à voir avec ce qu’il y avait avant. Donc on a la responsabilité de ne pas faire partir les auditeurs qui étaient là avant, qui sont encore dans les réflexes d’écoute que l’on avait avant et, surtout, d’accueillir des nouveaux. En revanche, ceux qui étaient là, et je le comprends, sont perturbés et ne reconnaissent plus leur émission. Mais, il faut le savoir, c’est le cas de toute nouvelle émission qui arrive. En moyenne, on estime qu’il faut entre 3 et 6 mois pour que ces gens-là s’adaptent et trouvent leur compte.
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Après ces premières semaines, vous n’êtes plus en phase de rodage mais vous continuez sans doute à affiner, à peaufiner, émission après émission, le contenu pour être toujours plus précis et plus lisibles pour les auditeurs ?
Vous avez tout à fait raison, ce que vous dites est pertinent, c’est exactement ce que l’on est en train de faire. On a ajusté beaucoup de choses, notamment au niveau du contenu. Par exemple, le premier jour, on s’est nous-même dits que nos sujets étaient peut-être trop sérieux et, très vite, on a pris un virage, on ne s’interdit de ne parler de rien mais si le sujet n’apporte aucun côté divertissant, on l’élimine. On s’adapte également à l’actualité. Je pense par exemple au décès de la reine d’Angleterre, où notre émission était déjà prête pour le lendemain au moment de l’annonce. Mais il ne faut pas que l’on se trompe, nous ne sommes pas sur une ligne éditoriale d’info pure mais comme on annonce que l’on est dans l’actu, on ne peut pas faire l’impasse sur LE sujet dont tout le monde a parlé. Mais toujours en restant dans notre ton. Donc nous avions décidé, avec notre équipe de 8 à 10 personnes, de venir encore plus tôt le lendemain avant l’émission pour la préparer différemment. Nous avions conservé quand même tous nos rendez-vous mais on avait consacré, je crois, 12 minutes par heure non pas à parler de la reine en elle-même et de son décès mais à écouter et commenter comment avait été traitée l’annonce de son décès par tous les médias. On avait aussi voulu vraiment rester sur de la légèreté : qu’est-ce que la reine avait changé ? Qu’est-ce qu’elle avait d’original ? Pourquoi est-ce un évènement historique ?
Evidemment, pendant tous ces moments-là, je ne me suis autorisé aucune vanne, aucune ironie, par respect pour la personne. Je ne suis pas là pour choquer, on peut être impertinent mais pas sur un sujet aussi lourd que le décès d’une personne la veille au soir. Donc on n’avait pas changé toute l’émission mais on avait quand même consacré un long moment à cette actualité, en essayant de le faire différemment des matinales d’infos.
Sans dévoiler de grand secret, quelle est une journée type de travail pour la matinale ?
L’émission finit à 9h 30. On s’autorise 10 minutes pour boire un café et rigoler, avant un débrief pendant 25 minutes avec le nouveau directeur d’antennes, qui nous dit ce qui a été, ce qui n’a pas été et qui peut être amélioré. Tout de suite après, pendant une heure et demie à deux heures, on discute avec les équipes (journalistes, auteurs, producteur, animateurs) pour se mettre d’accord sur ce que l’on va faire le lendemain. Là, on se répartit les tâches, une partie des équipes cherche les sons qui vont agrémenter les sujets, on lance les thèmes sur les réseaux afin d’avoir des auditeurs pour le lendemain, je réfléchis à ce qui peut être rigolo, par exemple un défi téléphonique, en testant des choses que l’on peut lire. C’est quelque chose qui m’amuse pas mal.
Par exemple, le premier jour, des gens disaient que tout le monde pouvait s’inscrire sur Doctolib. Je m’étais dit que c’était rigolo et que j’allais le faire. En faisant cette blague, ça a marché, en 30 minutes j’étais naturopathe, ça a fait sourire, ça a mis le bazar et je ne l’ai pas fait pour rien, Doctolib a dit qu’ils allaient changer leurs méthodes d’admission des praticiens. Ou encore j’avais lu et moi-même constaté en Bretagne que les toilettes des gares SNCF étaient devenues toutes payantes. En plus, ils ont fait des choses qui paraissent assez dingues, comme des cartes de fidélité. Pour 10 pipis payés, 2 sont offerts, ce qui est assez incroyable. Typiquement, cela m’a fait rire et je me suis dit que j’allais appeler la SNCF pour leur demander si c’était pareil quand on fait un petit pipi, un gros pipi…Le journal 20 Minutes a enquêté après nous, pensant que nous faisions une blague. Effectivement, la SNCF a confirmé et, avec le recul, ils se sont dit que c’était un peu invraisemblable et ont décidé de retirer cette tarification pour réfléchir à une autre manière de proposer ce service. Donc, en faisant une blague, tout en parlant de l’actualité, on a fait bouger quelques petites lignes. C’est assez rigolo et ça me plait vraiment. C’est de la blague intelligente, qui va tout à fait bien dans l’esprit de notre émission.
Pour en revenir à notre journée de travail, en tant que coordinateur artistique, je vérifie ensuite que tout est bien calé, je valide ce que l’on fait avec les invités. On aime bien leur offrir des petits cadeaux donc on se renseigne sur ce qu’ils aiment. Par exemple, Juliette Armanet est venue et on savait qu’elle aime bien écrire ses chansons en Bretagne. Cela tombe bien, je suis breton donc je lui ai préparé un cadeau avec un pack 100% breton : un ciré, un bol à son prénom… Pareil, on avait lu qu’elle aimait les Danette donc, pour rigoler, on en avait pour l’accueillir. Tout cela met l’artiste dans une bonne ambiance, ça lui montre que l’on s’intéresse à lui donc il se sent bien accueilli, ce qui l’incite à être généreux à l’antenne. Ceci préparé, il est 14h, chacun rentre chez soi et fait une sieste. Vers 18h 30, d’un commun accord, tout le monde se reconnecte, on rediscute des éventuelles nouveautés de l’après-midi et on vérifie que tout est ok. Il faut dire la vérité, c’est vraiment un très gros boulot, c’est arrivé que l’on continue à s’échanger des messages avec les équipes jusqu’à 22 ou 23h, alors que l’on conseille vraiment à tout le monde de stopper tout à 22h. Mais il y a une telle énergie, une vraie bonne ambiance, tout le monde a envie que ça cartonne, que, pour le moment, on ne compte pas nos heures. Parce qu’à 5h du matin, tout le monde est présent, une heure avant l’émission, pour relire une dernière fois tout ce que l’on va faire ensemble. On laisse place évidemment à la bonne humeur et au naturel mais il faut être préparés.
Malgré ce rythme intense, cela doit être un vrai plaisir de tous vous retrouver chaque jour ?
Vous avez tout à fait raison, s’il n’y a pas une bonne ambiance ni une confiance les uns envers les autres, ainsi qu’un investissement à chaque poste, c’est très compliqué. Sur une matinale, il faut trouver un équilibre parce que c’est très fatigant. A l’antenne, il faut être très performant et, effectivement, si on sent des gens qui ne sont pas aussi investis les uns que les autres, ça peut être compliqué. Surtout quand on parle d’actu comme nous, il faut être dans le chaud, tout en étant dans le showJ. On est obligés d’être sur le qui-vive de ce qui se passe, on ne peut pas prendre beaucoup d’avance. Le rythme est en train d’être trouvé progressivement. J’ai muri par rapport à il y a 10 ans, j’ai plus confiance, j’ai plus d’expérience, je connais les réflexes donc je suis moi-même mieux organisé, à l’antenne et hors antenne. J’arrive à un moment de ma vie où je pense être mûr pour faire ce que je fais et j’ai de la chance d’être tombé sur cette radio qui cherchait à renouveler ses animateurs, j’ai passé les essais, j’ai été pris, j’ai une bonne étoile… l’étoile Virgin Radio J.
En conclusion, à l’aube de cette nouvelle saison et de cette nouvelle aventure, que peut-on vous souhaiter ?
Ce que l’on peut nous souhaiter, c’est que l’on trouve nos marques, que les nouveaux auditeurs s’intéressent à nous, que l’on continue à avoir des reprises, à arriver à créer de l’information – on ne parle pas que d’actu, on fait l’actu. Il y a quelques jours, 9 minutes après la sortie d’une info dans la presse, nous avons réussi à faire réagir l’intéressé (Jean-Pierre Foucault en l’occurrence) pour démentir l’info de l’article. C’est quelque chose d’assez exceptionnel et les gens ont repris Virgin Radio ainsi que l’émission sur ce sujet. La présence de Miss France 2022 nous aide, dès que Diane dit quelque chose, ça devient une information : quand elle dit qu’elle est en couple, tout de suite une reprise est faite.
Donc ce que l’on peut nous souhaiter, c’est que l’on trouve notre public, que l’on continue à être vecteur d’informations, créateur d’informations. Il y a quelque chose de très important pour le groupe, c’est que, au 1er janvier, Virgin Radio va redevenir Europe 2. C’est un passage toujours compliqué pour une marque, les études disent que, quand une marque change, les gens pensent que c’est un nouveau média. Donc il va falloir que l’on ait les reins solides et que l’on croie en nous.
Je nous souhaite aussi de continuer à prendre autant de plaisir entre nous, je suis très heureux, chaque matin, de retrouver Guillaume et Diane, on s’entend vraiment très très bien, pourtant on a des personnalités complètement différentes mais on a réussi cette alchimie, c’est top. A titre personnel, à côté de la radio, j’écris des livres, des BD notamment et je me souhaite la sortie du tome 2 de « Tout est bon dans le breton ! ». Je sors également un livre de contes pour les enfants, où de façon humoristique, je détourne les contes, comme s’ils se passaient en Bretagne. Mon actualité littéraire est intense, j’ai également un autre livre qui va sortir l’année prochaine pour la Saint-Valentin, qui s’appelle « Pourquoi les femmes tombent toujours sur des connards ? » et j’ai également un jeu de société, « Tuikroiz », qui devrait sortir d’ici quelques mois et que j’espère pouvoir faire gagner sur Virgin Radio. Donc je me souhaite également de m’amuser autant à la radio qu’en dehors car j’ai toujours aimé diversifier mes activités, que je kiffe à fond.
Merci, Fabien, pour toutes vos réponses !