Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
La saison de « Koh Lanta – La revanche des 4 terres » est actuellement diffusée chaque mardi soir sur TF1. Justement, les images ravivent-elles en vous certains souvenirs et certaines émotions vécus sur place quelques mois en arrière ?
Effectivement, oui, il se passe un petit moment, un gros laps de temps même, entre notre retour en France et la diffusion. Donc on attend impatiemment la diffusion et quand, enfin, ça commence…On part avec tout dans nos têtes, c’est juste notre mémoire qui travaille et, là, le fait de revoir les images est un vrai bonheur !
Si l’on en revient à la genèse de votre aventure, quelles principales raisons vous avaient incitée à candidater ?
Je crois que c’est quand j’ai compris que j’en étais capable. J’ai toujours eu peur un peu de l’inconnu, de partir loin de chez moi, loin de ma famille, j’étais très craintive à l’idée d’être trop loin d’eux. En fait, un jour, on a regardé « Koh Lanta » avec mes enfants, ma fille avait, à cette époque-là, 10 ans et m’a dit « mais, maman, pourquoi tu ne le fais pas ? ». Quand elle m’a dit cela, je me suis rendu compte que, potentiellement, j’en étais capable. Donc j’ai tout mis en œuvre pour y arriver.
Le début d’aventure a été riche en rebondissements. Comment aviez-vous réagi en comprenant l’existence de 4 tribus, représentant les 4 grandes régions de France ?
J’ai été vraiment très contente parce que, de mémoire, la première saison des « 4 terres » avait été une de mes préférées. Donc faire « Koh Lanta » était déjà exceptionnel mais faire « Koh Lanta » pour représenter ma région, avec des gens qui allaient, en plein de points, me ressembler, était, je trouve, vraiment fabuleux !
Parmi les autres surprises, on peut penser à l’existence de l’ile de l’exil, au cadre très rude. Sans doute que c’était incitatif à ne pas finir derniers …
Exactement ! On n’avait, avec notre équipe bleue, aucune envie d’aller sur l’ile de l’exil. D’autant qu’on avait le feu depuis le troisième jour d’aventure…On avait vraiment peur de devoir y dormir et de perdre le peu de confort que l’on avait réussi à construire sur notre camp bleu.
Récemment ont eu lieu la tant attendue réunification des deux tribus et la réunion des ambassadeurs. Comment les aviez-vous vécues ?
J’étais très contente de retrouver les autres aventuriers de l’équipe jaune sur le camp réunifié. Le fait qu’il y ait plus de monde allait redonner un peu de peps à l’aventure. A ce stade du jeu, j’avais aussi vraiment hâte de retrouver mes coéquipiers bleus pour voir ce que l’on était capables de donner tous ensemble sur le même camp. Donc j’étais plutôt enjouée et plutôt positive sur la suite des évènements.
L’épisode diffusé ce mardi a été le témoin de la mythique épreuve du parcours du combattant. Au moment de l’aborder, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Ce matin-là, je me souviens que j’ai eu un gros manque d’énergie. J’avais passé une nuit difficile, les conditions climatiques étaient vraiment catastrophiques. J’étais très fatiguée, j’étais aussi très attristée du départ d’Adrien, qui était intervenu la veille. Emotionnellement, je n’étais pas vraiment là, physiquement non plus…Finalement, étant quand même un peu sportive, je me suis dit que c’était une épreuve mythique donc j’avais vraiment hâte de la disputer. Je crois qu’en arrivant, je suis concentrée et que j’observe vraiment méticuleusement chacun des obstacles pour essayer d’analyser le parcours le mieux possible et être la plus rapide.
Le lendemain, l’épreuve d’immunité a été celle du tir à l’arc. Certainement que l’annonce par Denis, avant son commencement, de son côté éliminatoire a accentué votre envie de bien faire…
Complètement ! Quand Denis nous annonce que ça va être éliminatoire, on a, d’un coup, un vrai coup de pression. Je me souviens avoir senti mon cœur battre la chamade, tant je n’étais pas certaine de rentrer sur le camp à ce moment-là. J’étais vraiment très inquiète, j’avais vraiment peur de partir ou de perdre un de mes co-équipiers bleus.
Avec le recul, que vous a-t-il manqué sur ces salves successives ?
Cette épreuve a été vraiment très longue, on était vraiment tous très tendus. Au fur et à mesure que les salves passaient, on était de plus en plus tendus, il y avait une vraie tension entre chacun des tireurs. J’avais vraiment l’impression que j’allais y arriver et, quand je me retrouve dernière face à Gaëlle, là, je me dis clairement que j’ai manqué de chance.
Le fait de ne pas sortir suite aux votes de vos camarades, ainsi que leurs mots au moment de partir, avaient-ils quand même atténué, même partiellement, votre déception ?
Evidemment ! « Koh Lanta » est une aventure de survie, très sportive, qui demande d’avoir beaucoup de compétences physiques mais c’est avant tout une aventure humaine. Je pense que, sur le plan humain, j’avais beaucoup de compétences. Je sors sur une épreuve éliminatoire donc, effectivement, Denis n’éteint pas mon flambeau. Je n’ai jamais eu mon nom sur un bulletin, ce qui me conforte dans l’idée que, finalement, la mission était plus ou moins réussie et je pense que c’est plus facile à accepter de cette façon-là.
Plus globalement, quels resteront vos plus beaux souvenirs de cette aventure à l’autre bout du monde ?
Mon premier plus beau souvenir restera mon arrivée sur la première épreuve, quand on découvre Denis dans la rivière et qu’on apprend qu’on va être en équipe de régions. J’ai adoré découvrir mon équipe, ça a tout de suite matché et j’étais tout de suite beaucoup appréciée. Cette première épreuve était vraiment très intense sur tous les plans, les paysages étaient magnifiques, je me souviens que j’étais vraiment subjuguée par la beauté des paysages. Je me rendais compte, à ce moment-là, que j’avais vraiment beaucoup de chance d’être présente.
A l’inverse, au quotidien, qu’est-ce qui aura été plus compliqué à appréhender ou à supporter ?
Les premiers jours, on a vraiment beaucoup de difficulté à s’adapter au manque de confort parce qu’on n’a pas l’habitude. Moi, je trouve que j’ai quand même réussi à m’adapter plus ou moins rapidement. Je pensais que j’allais vraiment souffrir du manque de nourriture, effectivement j’en ai souffert mais pas au point d’en rêver la nuit. Ce qui me manquait le plus, c’était le manque d’hygiène mais j’ai quand même réussi à m’adapter facilement et rapidement aux nouvelles conditions de vie que j’allais devoir mener pendant l’aventure.
Sur le camp, aviez-vous l’habitude de faire certaines tâches plus particulièrement ?
Je suis partie vraiment avec de gros manques de connaissances sur la survie, je n’avais jamais réussi à allumer un feu, je n’avais jamais construit de cabane ni de radeau, je ne m’étais même jamais essayé à des nœuds de cabestan et, quand j’ai su que je partais pour l’aventure, je me suis vraiment mise à lire énormément de livres, je me suis renseignée sur ce que l’on pouvait consommer, sur comment améliorer notre confort, sur comment faire du feu, …J’ai tout appris dans les livres, j’ai finalement réussi à construire une cabane, à faire des nœuds pour un radeau et j’étais assez stupéfaite de mes compétences…Je pensais que j’aurais été moins compétente en termes de survie et, finalement, je pense que je ne me suis pas mal débrouillée.
Pour terminer, votre sac est-il déjà prêt pour repartir à l’aventure si jamais l’opportunité se présentait ?
Si l’opportunité devait se présenter, je repartirais même sans aucune affaire, sans aucun sac à dos ! Si, demain, j’ai la chance de pouvoir repartir pour vivre cette aventure, j’y vais en courant !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
La saison de « Koh Lanta – La revanche des 4 terres » est actuellement diffusée chaque mardi soir sur TF1. Justement, les images ravivent-elles en vous certains souvenirs et certaines émotions vécus sur place quelques mois en arrière ?
Oui, complètement ! Le fait de revoir tout cela nous replonge complètement dans l’aventure, même si on n’a pas oublié, évidemment. On attendait tous cette diffusion avec impatience et le fait de se replonger ravive de très beaux souvenirs, sauf le dernier épisode pour moi. On se découvre également à la télé, on voit comment on est…
Si l’on en revient à la genèse de votre aventure, quelles principales raisons vous avaient incité à candidater ?
J’aime bien me mettre des défis dans ma vie, essentiellement des défis sportifs. Là, ça combinait plusieurs choses : les épreuves sportives mais aussi un défi sur moi-même pour sortir de ma zone de confort, pour voir ce que j’étais capable de faire en mode survie. Un petit peu pour voir aussi ce que je valais par rapport à mon âge, moi qui avais 56 ans au moment de tournage, je voulais me mesurer face aux plus jeunes.
Le début d’aventure a été riche en rebondissements. Comment aviez-vous réagi en comprenant l’existence de 4 tribus, représentant les 4 grandes régions de France ?
On découvre cela lors de la première épreuve. Déjà, en soi, on se doutait de quelque chose avec la couleur violette. Et, dès la rose des vents, c’était acté qu’il y avait quatre régions et que l’on faisait partie de la région nord. Mais c’est vrai que, juste avant, rien du scénario n’avait été annoncé par la production.
Parmi les autres surprises, on peut penser à l’existence de l’ile de l’exil, au cadre très rude. Sans doute que c’était incitatif à ne pas finir derniers …
Complètement ! Notamment sur cette première épreuve qui était, pour moi, une des plus importantes. C’est vrai qu’on sait que chaque saison, il y a une ile maudite, dont le nom change à chaque fois. Finir sur l’ile de l’exil après cette première épreuve allait être compliqué, on a la chance de finir deuxième et, en tout cas, de ne pas subir cette première nuit sur l’ile de l’exil. Bien qu’on l’ait ensuite connue trois fois de suite…
Récemment ont eu lieu la tant attendue réunification des deux tribus et la réunion des ambassadeurs. Comment aviez-vous vécu votre rôle d’ambassadeur ?
C’était une grande fierté de faire partie des ambassadeurs parce que j’aime bien négocier. C’est mon quotidien donc je me suis dit que ça pouvait être intéressant de négocier, surtout à quatre. On était deux contre deux, franchement j’ai pris cela à cœur. J’ai eu cette chance d’être avec Maël, on avait bien préparé notre stratégie de négociation pour, au final, l’emporter parce que personne de notre équipe ne sortait mais bien quelqu’un de l’équipe adverse.
A la réunification, j’ai retrouvé Joana et Claire, mes deux partenaires violettes du début, c’était important de les revoir, en tout cas de refaire quelque chose ensemble. Même si, là, on sait très bien que c’est une aventure individuelle qui commence…et donc, potentiellement, de nouvelles stratégies et alliances qui peuvent se faire ou se défaire.
L’épisode diffusé ce mardi a été le témoin de la mythique épreuve du parcours du combattant. Au moment de l’aborder, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Sincèrement, j’étais fatigué physiquement, on était, je crois, au 26è jour mais, dans ma tête, j’étais bien, franchement. Mentalement, je n’ai jamais eu de baisse d’intensité durant toute cette aventure et je savais que je n’allais pas gagner ce parcours parce que j’avais quand même à côté de moi des gabarits et des âges plus jeunes donc plus performants mais mon objectif était de finir. Parce que j’aime bien terminer les choses, je devais le faire tranquillement mais je devais finir…C’était vraiment mon état d’esprit à ce moment-là !
C’est, ensuite, sur un des nombreux obstacles que vous vous blessez à l’épaule. A chaud, comprenez-vous déjà que votre suite d’aventure est fortement compromise ?
Oui, complètement ! Je suis sportif donc je connais très bien mon corps. Quand j’ai sauté pour attraper la ficelle, mon bras s’est dérobé et a lâché, j’ai tout de suite compris que c’était grave et qu’il y avait quelque chose de très sérieux. Je ne pouvais plus bouger le bras de toute façon, ce n’était pas une petite contracture musculaire, c’était bien plus grave. J’étais, hélas, abattu, je savais que mon aventure se finissait là.
Le fait de ne pas sortir suite aux votes de vos camarades avait-il quand même atténué, même partiellement, votre déception ?
La déception était grande, doublement ! D’une part, j’ai fait profil bas pour rester debout et être avec eux jusqu’au bout, avant de partir avec les médecins. Et puis, je n’ai pas eu le temps de leur dire au revoir, tout simplement parce que, même si, moi, je savais que je n’allais pas rentrer, eux ne savaient pas que je n’allais pas revenir. Donc, oui, c’était une double déception de ne pas avoir le temps, comme quand quelqu’un est éliminé, de dire quelques mots et, peut-être, également de les serrer dans mes bras.
Plus globalement, quels resteront vos plus beaux souvenirs de cette aventure à l’autre bout du monde ?
Il y en a eus tellement ! J’ai vraiment kiffé mon aventure du premier au dernier jour…Enfin, le dernier jour était un peu compliqué mais j’ai vraiment kiffé mon aventure. C’était une belle aventure humaine, j’ai rencontré de très belles personnes : peu importe leur équipe, j’ai eu la chance rapidement de tous les côtoyer. Et puis, une fierté pour moi d’avoir réalisé cette aventure et d’être resté moi-même en fait, c’était aussi mon objectif. S’il y avait une épreuve à retenir, ce serait vraiment la première : déjà, la rencontre avec Denis Brogniart et la découverte de cette épreuve dans la rivière, magnifique, très difficile mais magnifique.
A l’inverse, au quotidien, qu’est-ce qui aura été plus compliqué à appréhender ou à supporter ?
Au début, j’appréhendais beaucoup la faim, je me suis demandé comment j’allais la gérer, moi qui suis quelqu’un qui mange bien. En fait, je l’ai assez bien gérée, même si j’avais faim, comme tous les autres mais c’est plus le manque de sommeil qui m’a perturbé. Les conditions étaient assez difficiles : la pluie, notamment les premiers jours et puis le fait de s’occuper du feu, de se lever régulièrement la nuit,…oui, le sommeil était un peu compliqué à gérer mais bon, on trouvait l’énergie et l’adrénaline pour aborder les épreuves le lendemain. C’est un truc de dingue, le corps est capable de faire des choses extraordinaires !
Sur le camp, aviez-vous l’habitude de faire certaines tâches plus particulièrement ?
J’aime bien la cuisine donc c’est vrai qu’au début, chez les violets, c’était un de mes passe-temps. C’est un grand mot quand on est à « Koh Lanta » mais, en tout cas, avec Joana, on s’était bien mis en binôme pour faire la popote donc, après, j’ai continué. Aussi le feu… je prenais plaisir à m’occuper du feu. Notamment quand on était chez les rouges, on était un petit groupe à s’en occuper régulièrement, même la nuit. Donc, oui, je suis resté très actif sur le camp, à aller chercher du bois, de la nourriture et à essayer de la préparer.
Pour terminer, votre sac est-il déjà prêt, dans un coin de votre chambre, pour repartir à l’aventure si jamais l’opportunité se présentait ?
Pas dans un coin de ma chambre mais dans ma tête, oui ! Là, je me répare et je serai un homme tout neuf dans quelques mois. Donc je suis prêt à repartir, déjà pour finir ce que je n’ai pas pu terminer, moi qui, comme je le disais, aime bien terminer les choses. Et parce que c’est tellement extraordinaire qu’on a envie de le revivre une deuxième fois, peut-être différemment mais une deuxième fois !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pourrons vous retrouver ce jeudi 1er mai sur TF1, en prime-time, dans « Les risques du métier », un nouvel épisode inédit de « Léo Mattéi, brigade des mineurs », sous les traits du personnage de Randal Mortimer. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, parce que c’est vrai que j’ai un lien particulier avec cette série, ma meilleure amie, Lola Dubini, étant le rôle principal féminin. Elle partage ma vie depuis quinze ans, cela fait quatre ans qu’elle est sur la série et ça faisait déjà trois ans que je venais rendre visite à l’équipe à Marseille pendant le tournage. On se faisait des diners avec Jean-Luc, Lola et Nathalie, la réalisatrice donc j’avais déjà pu me rendre compte à quel point les équipes étaient formidables. Je voyais qu’elles travaillaient dur, dans une atmosphère bienveillante.
Quand on m’a proposé, cette année, ce rôle d’enquêteur expert en intelligence artificielle, j’ai trouvé l’idée vraiment très drôle, avec ce choc des générations et le fait d’enfin changer un peu physiquement grâce à une nouvelle coiffure. J’y interprète vraiment un personnage à part entière donc c’est trop sympa !
Cette série est l’occasion d’évoquer des sujets forts, que les téléspectateurs n’ont pas forcément toujours l’habitude de voir à cette heure-là sur une chaine de grande écoute…
C’est très important ! En plus, on parle de la brigade des mineurs. A titre personnel, dans ma vie, j’ai déjà eu à faire à cette brigade, je les considère vraiment comme des anges gardiens, ce sont vraiment des gens qui se lèvent tous les jours avec la volonté de sauver des enfants. Tous les jours, ils ont cette motivation, peu importe l’heure donc c’est vraiment une branche de la police, je dirais, angélique et d’ultra protection. Ils ont un quotidien, évidemment, très très intense, ils sont confrontés à l’horreur tous les jours mais, en même temps, on a vraiment besoin d’eux. Je trouve que c’est une belle mise en lumière de la part de TF1 et de Jean-Luc Reichmann, le producteur de la série qui en est à l’initiative, qui rendent tout cela visible. C’est aussi à cela que sert la fiction, je le vois même aux Etats-Unis : parfois, des sujets qui sont traités dans des séries télé font vraiment avancer l’opinion publique et la cause.
Là, typiquement, on parlait d’harcèlement scolaire, qui fait des ravages chez les mineurs dans les collèges et les lycées et, finalement, cela ne fait que très peu de temps que l’on a enfin mis un nom sur ce phénomène qui existe depuis toujours mais qui est accentué maintenant avec les réseaux sociaux. Donc, oui, c’est une série qui peut servir aussi de prévention, c’est super !
J’étais également content de pouvoir amener une petite dose de comédie dans des enquêtes qui sont sérieuses et lourdes.
Justement, plus personnellement, quel regard portez-vous sur Randal, votre personnage ?
C’est un bonheur de l’interpréter ! M’avoir permis de pouvoir changer physiquement un peu de tête est un très cadeau parce que c’est vrai que ça fait douze ans qu’on me connait avec la coupe afro.
Le trinôme avec le couple d’enquêteurs, Jean-Luc et Lola, marche, je trouve, vraiment bien. Il y a une espèce de conflit de générations qui est très drôle à ramener à l’écran, il fonctionne très bien. On est face à Léo Mattéï, un homme de terrain, un enquêteur qui, d’un coup, découvre un mec expert en intelligence artificielle, de la nouvelle génération, qui lui dit « tu cours trop, mon frère ! Vraiment, je peux te résoudre ton enquête en restant au bureau ». On verra comment ces deux mondes vont cohabiter parce que, finalement, l’intelligence artificielle peut être un formidable outil mais qui a absolument ses limites. Pour le moment, on est loin de pouvoir remplacer l’homme et ça peut même être dangereux…En même temps, du coup, c’est intéressant, pour Randal, de se rendre compte que son système n’est pas infaillible et qu’on a besoin du terrain, de l’expérience, de l’expertise des plus anciens.
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Il vous permet une palette de jeu plaisante à défendre…
Vraiment, c’est génial ! J’ai été très très bien accueilli. Ce n’était pas évident, on parle là d’une participation, je ne fais pas du tout la série en entier donc ce n’est jamais simple d’arriver, sur un plateau qui tourne depuis un mois et dans une équipe qui se connait depuis quatre ans voire plus, dans des scènes où on a un peu le lead, avec beaucoup de description. C’est du travail, c’est impressionnant parce qu’on est un peu le petit nouveau de l’aventure et, pourtant, il faut réussi à prendre sa place tout de suite parce que le rythme de la série implique une certaine efficacité dans les prises. On a moins de temps qu’au cinéma, on a plus de séquences dans la série, on n’est pas non plus en train de rusher, on prend le temps de faire de la qualité mais il faut quand même être efficace donc on n’a pas ce temps de s’apprivoiser sur le plateau. J’étais vraiment énormément aidé par Lola, Jean-Luc, Nathalie et par cette équipe qui a tellement l’habitude de travailler ensemble. Je me suis senti, oui, accueilli et accepté de suite, c’était vraiment très agréable !
Au moment de vous glisser dans sa peau, aviez-vous peut-être eu certaines sources plus personnelles d’inspiration ?
Oui ! Alors, vous allez rigoler mais comme j’arrivais en faisant pas mal de démonstrations finalement parce que je décrypte un algorithme, je me suis beaucoup inspiré de Jamy, de « C’est pas sorcier », c’était vraiment ma référence. Je le voyais dans son camion faire des démonstrations de tous ces théories et théorèmes, c’était de la vulgarisation finalement de données scientifiques donc j’avais un peu l’impression d’être à sa place, à décrypter mon plan, les algorithmes, les logiciels, le pourquoi du comment, en me faisant un peu des vignettes pour essayer de faire comprendre à Léo Mattéï et à l’équipe comment ça se passe. Parce que, forcément, de leur point de vue, c’est bizarre de voir un gars se renseigner sur l’affaire, qui propose plusieurs scénarios pour la résoudre, alors qu’il n’était même pas sur place et qu’il n’a pas enquêté.
Certainement êtes-vous curieux de découvrir le rendu final et les retours des téléspectateurs ?
Oui, oui, forcément, je suis curieux ! Je n’ai rien vu encore, j’avais fait un peu de post synchro, où j’ai pu voir de petites images mais, oui, je suis curieux parce que c’est encore un nouveau registre et que c’est encore un nouveau rôle, d’une espèce de petit geak. Donc, oui, j’ai plutôt hâte de voir ce que ça donne ! Surtout, c’est la première fois, enfin, qu’on joue ensemble à l’écran avec Lola, ma meilleure amie, ma sœur, avec qui on est tout le temps ensemble, avec qui on s’accompagne depuis quinze ans. Donc je suis très heureux que ça arrive maintenant !
En complément, quels sont vos autres projets et actualités en cours ou à venir ?
J’ai la chance de pouvoir continuer avec TF1, qui m’a renouvelé sa confiance pour incarner l’un des personnages principaux de leur nouvelle quotidienne, qui va arriver prochainement. C’est une nouvelle série musicale cette fois, c’est inédit d’incorporer, dans un même programme, du chant, de la danse et, évidemment, de la comédie. Cela va s’appeler « Tout pour la lumière », on est actuellement en tournage, à Marseille également et on est partis pour cinq mois, avec quatre-vingt-dix épisodes à rentrer. On a commencé en mars, ce sera diffusé sur TF1 et sur Netflix d’ailleurs.
En parallèle, je suis en tournée dans toute la France avec un spectacle qui s’appelle « Les comédies musicales, le best-of », qui réunit les stars des comédies musicales, qui reprennent les chansons des comédies musicales qui les ont fait connaitre du grand public en France, ainsi que des titres internationaux. On a énormément de chance, on vit un rêve !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Les auditeurs de RTL2 peuvent vous retrouver du lundi au jeudi, de 22h à minuit, à l’animation de « Pop rock station ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, c’est vraiment super ! Je fais aussi une chronique quotidienne dans le « Drive », c’est très cool également de collaborer avec Eric Jean-Jean et toute son équipe. En tout cas, mon arrivée sur RTL2 a été une superbe surprise pour moi, certains auditeurs m’ont suivi d’autres radios où je travaillais avant et j’en ai découverts plein d’autres qui écoutaient déjà RTL2. Tous sont ultra bienveillants et très cools ! J’avais un peu peur, j’arrivais quand même sur une grosse radio nationale qui n’est pas une radio d’actualité mais une radio musicale, où le gros du public n’est pas parisien, j’étais aussi la fille qui arrivait après Francis Zégut. Au final, lui comme les auditeurs ont été très accueillants !
Vous évoquiez Francis Zégut, il continue d’animer le programme le dimanche soir. C’est vrai aussi que cette émission est historique, presque mythique, sur RTL2…
Quand Guillaume Piau, le directeur d’antenne, est venu me proposer de prendre la relève sur la semaine, je me suis dit « Waouh ». Pour traduire une célèbre expression anglaise, il y avait de « grosses chaussures à remplir », ce qui voulait dire que ce n’était pas n’importe quoi. C’est pour cela peut-être que j’avais cette pression de devoir assurer et faire honneur aussi bien à la musique qu’à la réputation de Francis Zégut, tout en étant sincère avec moi-même.
C’est une émission bien sûr musicale, que vous complétez d’interventions plus personnelles, pour enrichir le contenu proposé aux auditeurs…
Absolument ! J’ai même eu une liberté de production encore plus grande que celle à laquelle je m’attendais. On a quelques artistes qui raccrochent avec la programmation de la journée, comme « U2 », « The Police » ou encore « The Beatles » mais on essaie quand même de dégoter des choses qui passent moins souvent à la radio. J’ai grandi avec cette musique des années 2000 donc il y a une grosse culture de cette période, avec un vrai melting-pot. En même temps, je suis ultra fan des années 60, je m’habille d’ailleurs souvent un peu punk. Donc la programmation est très variée !
On a 8 positions manuelles par jour, on se partage un tableau Excel avec Valentin, mon réalisateur, et Aurélien qui nous accompagne à la programmation musicale. On y note les éphémérides du jour, les reprises, l’album de la semaine, le live,…Pas mal de choses sont vraiment choisies à la main pour chaque émission. Il y a aussi d’autres éléments que l’on met en rotation régulière, notamment quelques nouveautés, qui peuvent passer jusqu’à deux fois en dix jours. On met également en avant certains artistes, sans oublier des playlists des années 60 aux années 2000 qu’on crée et qu’on ajuste continuellement. Je pense qu’une programmation musicale mérite d’être constamment fignolée et ajustée, on ne peut pas juste se reposer sur nos lauriers. La musique avance et change régulièrement, on rééquilibre constamment, c’est intéressant, j’aime beaucoup cela !
L’émission étant diffusée en fin de journée, adaptez-vous votre ton ?
Beaucoup de nos auditeurs nous écoutent en replay donc le podcast marche très bien. C’est d’ailleurs, je crois, celui qui fonctionne le mieux de toute la station, c’est top ! Récemment, j’étais à La Rochelle voir un concert avec Francis Zégut, des auditeurs nous ont abordés et il y en a qui nous ont dit travailler dans la restauration et écouter le replay le lendemain matin en se levant. D’autres commencent même à travailler dès 3 heures du matin et lancent alors le podcast...
C’est bien de penser en soir mais j’essaie, pour autant, de ne pas trop le faire. Je parlais d’ajustements de programmation musicale, il m’est arrivé de réécouter l’émission en rentrant pour me mettre en condition. Ce n’est alors pas du tout le même ressenti qu’à l’antenne…
La radio est le média de la voix, du partage et de l’instantanéité. En amont du programme, écrivez-vous, pour autant, vos speaks ou laissez-vous, en direct, une forte part à la spontanéité ?
Cela va dépendre. Je dirais que, pour cette émission, je fais quand même une grosse préparation. Tout est écrit, cela permet de savoir où je vais. Quand je suis arrivée sur RTL2, il a fallu que je m’adapte aux codes de la radio, chaque radio et chaque ton étant différents.
Ce n’est quand même que ma troisième saison donc tout est écrit. Il m’est arrivé, plus rarement, d’avoir des invités en direct, je pense à Jean-Noël, le chanteur de « Last train », où, là, effectivement, il va forcément y avoir beaucoup plus d’improvisation au moment de l’interview.
Je travaille aussi, à côté, sur la chaine internationale France 24, en anglais. Quand je présente l’émission de culture sur la musique, j’ai tout écrit, j’ai gratté mes questions mais je ne les regarde pas. Je sais qu’elles sont là mais, en live, les mots et la formulation changent, tout en gardant l’idée. Pareil, quand je fais une chronique télé, j’écris tout mais, sur le moment, je ne regarde pas trop ma feuille, je suis plus en mode improvisation. Donc je m’adapte vraiment au milieu !
Plus généralement, d’où vous vient cette passion pour la radio ?
Cela a commencé quand je devais avoir 13 ou 14 ans. Comme beaucoup d’ados à cette époque-là, j’écoutais des émissions de radio, surtout la nuit, sous ma couette, avec mon walkman. J’ai commencé avec les radios libres, j’aimais bien ce côté fête, je m’y sentais inclue, tout en donnant l’impression d’un club privé. Très vite, j’étais aussi passionnée de musique, j’écoutais, à certains horaires, aussi « Générations », « Nova », « Oui FM », « Radio FG »… Je virevoltais le long de la bande FM, toujours à la recherche de nouveautés. C’était une vraie passion !
Au collège, quand on m’a demandé ce que je voulais faire, j’ai répondu avocate mais, en fait, je m’imaginais déjà dans un studio de radio, en train de raconter des histoires.
L’imaginaire est important dans notre métier, c’est quelque chose que l’on n’a pas avec la télé, c’est fabuleux et cela donne un côté intimiste.
Vous le disiez, c’est votre troisième saison à RTL2. Du coup, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure radiophonique ?
C’est marrant, la plupart des radios pour lesquelles j’ai travaillé sont en rouge, même s’il y a eu du jaune et du bleu aussi. J’aimerais beaucoup que « Pop rock station » continue, tellement je suis contente avec cette émission ! Peut-être même qu’il y aura aussi de nouvelles aventures…
Je nous souhaite de continuer à faire découvrir de nouveaux artistes, des groupes, des vieilleries oubliées, des perles obscures. Faire plaisir avec cela aux auditeurs suffit déjà à mon bonheur ! Après, si on peut avoir plus souvent des artistes en interview, je ne dis pas non mais il faudra le faire avec parcimonie car la musique reste la vedette principale de l’émission, je ne suis là qu’en accompagnement pour l’auditeur.
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pouvons vous retrouver sur RTL, du vendredi au dimanche, à l’animation des soirées de Ligue 1 mais aussi, ponctuellement en semaine, pour les grands matchs. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous, à chaque fois, de retrouver le micro et les auditeurs ?
Evidemment ! On en parle souvent en radio, quand la lumière rouge s’allume, c’est juste magique ! On est sans filet, ça y est c’est parti…L’adrénaline, le plaisir et l’excitation sont toujours là !
J’ai pour habitude de rentrer assez tard dans le studio, je ne suis pas quelqu’un qui aime m’installer et me préparer. Au contraire, j’aime bien ce côté imprévisible et même, parfois, pressé, qui fait que l’on n’a pas le temps de réfléchir ni de se mettre dans des positions de « Qu’est-ce que je vais dire ? Qu’est-ce que je vais faire ? ». Je prépare évidemment les émissions, je travaille vraiment à l’ancienne, en faisant des découpages / collages, dans un cahier, des compositions d’équipes et des classements. Je prends aussi quelques notes, je surligne ce qui est important,…J’ai donc mes petites gimmicks, un peu comme les sportifs de haut niveau qui sont souvent très superstitieux. Je ne travaille que comme cela…J’anime des émissions de direct et, par définition, on ne peut pas anticiper le direct, on vit les matchs de foot au moment où ils se passent donc je suis quelqu’un qui travaille énormément en spontanéité. Parce que je trouve que c’est ce qui est le plus vivant et le plus proche des auditeurs. Je me dis que je parle aux gens comme si j’ouvrais la porte de chez moi, qu’ils arrivaient, qu’ils s’installaient et qu’on discutait. Je préfère faire comme cela, rien n’est jamais écrit, même pas le sommaire de l’émission…
C’est notre style, il y a des gens qui aiment, d’autres qui n’aiment pas et c’est très bien ainsi : si on faisait l’unanimité auprès de tout le monde, il n’y aurait pas de pluralité ni de diversité. Parfois d’ailleurs, je reçois des critiques, justifiées, expliquant que l’on est partis sur des sujets qui n’ont rien à voir. Mais les gens ne le voient pas car ils n’ont pas le match en direct, on ne se permet pas de digresser quand il y a des actions dangereuses ou un enjeu important. Quand on le fait, c’est parce qu’il ne se passe rien ou que l’enjeu est déjà terminé. On se permet alors, quand on sent que ça ronronne un peu, de partir sur d’autres sujets, pour garder un contenu vivant. Certains auditeurs adorent cette convivialité, ils nous disent sentir que l’on ne se prend pas au sérieux. C’est très important pour moi, il ne faut jamais oublier que les journalistes ne sont pas les stars : je pars du principe que c’est tant mieux si un auditeur qui vient écouter un match sur RTL passe du bon temps avec nous et apprécie notre façon de travailler mais qu’il vient quand même pour écouter un match de foot. Ainsi, l’évènement doit être au cœur de l’attention !
Donc je ne suis pas là pour parler de moi…Même si on aime bien, d’ailleurs, être très personnels car c’est important de partager un peu de notre intimité avec les auditeurs. Parfois, les gens pensent que quand vous êtes en télé ou en radio, vous n’êtes pas dans la même catégorie de population. Mais, en fait, si ! En tout cas, je parle pour moi, je suis « normal », surtout, je tiens à l’être et à le rester. Je dis toujours à mes amis, à mes collègues, à mes enfants, à ma famille de surtout m’alerter s’ils sentent que je parle trop de moi de façon prétentieuse. C’est très important ! Je veux que les gens qui écoutent nos émissions aient l’impression d’être à côté de nous et de discuter foot avec nous…Pour moi, ce partage est l’essence même de la radio !
On a la chance de faire vivre des évènements magiques et fantastiques, auxquels les gens n’ont pas forcément accès et notre rôle est de transmettre les faits ainsi que les émotions. Quand, ado, j’écoutais la radio, je voulais être au stade, je tiens vraiment à donner cette envie-là. C’est pour cela que j’essaie d’être le plus spontané et le plus naturel possible.
Souvent, quand on peut recevoir des gens à la radio, l’un des plus beaux compliments que l’on nous fait est que l’on est à la vie comme on est à l’antenne. C’est exactement cela ! L’idée n’est pas, au micro, d’être quelqu’un d’autre, j’y tiens énormément.
Chaque soir de match, une bande vous accompagne. Cela fait partie des marqueurs forts de RTL depuis toutes ces saisons…
Oui, la bande est indispensable ! Quand on fait de la communication sur l’émission, j’ai toujours demandé à ce que tout le monde apparaisse, si possible. J’estime que c’est très important ! C’est comme une équipe de foot : avec un joueur tout seul, même s’il est très fort, au bout d’un moment ça ne va pas marcher. On le voit bien avec les 4 stars du Real : ce sont sans doute parmi les plus grands joueurs mais, malheureusement, ça n’a pas pris cette année…On voit le PSG, à l’inverse : si on aime le foot, aujourd’hui, on ne peut pas dire que l’équipe joue mal.
Je prends toujours cet exemple, moi qui suis fan de tennis et qui ai commencé mon métier avec ce sport : j’ai accompagné toute la carrière de Rafael Nadal, c’est vrai que j’ai été subjugué par ce garçon donc j’avais une tendresse particulière pour lui…Mais si, aujourd’hui, on me demande quel est le plus beau joueur de l’histoire, je vais répondre Federer. Tennistiquement parlant, gestuellement parlant, si on aime le tennis comme moi, on a beau être un pro Nadal, on ne peut pas dire que Federer n’est pas un grand ni un beau joueur. Mais, pour moi, Rafa est l’archétype même du champion, il représente tout ce que doit être un champion, il a poussé l’excellence du champion, la quête du don de soi à un niveau qui est, pour moi, exemplaire…Je suis assez fier de souvent dire que, si tu aimes le tennis, tu aimes Federer mais, si tu aimes le sport, tu aimes Nadal ! Parce que, pour moi, c’est le champion. Il a montré, pendant toute sa carrière, le dépassement de soi, la politesse, l’humilité, le fait d’aller chercher toujours le petit détail en plus, les évolutions techniques et la bonne éducation aussi : ne jamais casser une raquette en 20 ans de carrière est quand même assez phénoménal. Il avait un certain talent mais il en avait peut-être moins que d’autres et il a optimisé sa carrière. Pour moi, c’est une valeur énorme !
Je ne sais pas si j’ai du talent pour animer une émission de radio, je vais m’en octroyer un petit peu mais ça ne suffit pas. Il faut évidemment travailler, il faut s’intéresser à ce que l’on fait mais il faut aussi être humain, il faut aimer partager avec les gens, il faut aimer partager avec son équipe. On travaille quasiment tous les vendredis, samedis et dimanches, en horaires décalés, auxquels s’ajoutent parfois les mardis, mercredis et jeudis… ce qui implique aussi, d’ailleurs, des ajustements dans la vie de famille. Cela veut dire que l’on passe quasiment la majorité de notre temps avec nos collègues de boulot ! Avec Carine Galli, Xavier Domergue, Dave Appadoo, Yoann Riou et Bruno Constant, on passe donc énormément de temps ensemble. Si on n’avait pas de plaisir à travailler ensemble, à regarder ensemble un match de foot, à débattre ensemble, ce serait intenable sur la longueur ! On ne pourrait pas faire semblant tout le temps, cela se ressentirait à un moment…On aime cela, on aime se taquiner, on débat même souvent autant avant et après le live, on partage des choses, cette ambiance est très importante !
J’ai pris la suite de Christophe Pacaud il y a quelques années, il y avait encore Sylvain Charley et Ludovic Vandekerckhove puis est arrivé Bertrand Latour. On a participé à son développement, c’est un garçon qui a un talent absolument incroyable, qui, contrairement à ce que certains ont essayé de faire croire, n’est pas juste un garçon avec une grande gueule, qui n’avait jamais rien vu au moment de tout bousculer en arrivant, c’est un garçon qui travaille énormément, qui regarde un nombre incalculable de matchs. Il a des arguments sur tout, il est à l’aise et il est très pertinent. Vous pouvez ne pas être d’accord avec lui mais ses propos ne sont jamais gratuits, pour faire un effet de style. J’ai toujours essayé, du mieux que j’ai pu, de le défendre, de le former, de l’accompagner et de le faire grandir parce que son potentiel était évident. Cette année, à la veille de l’annonce de sa signature à Canal, il m’a envoyé un message pour m’en informer, faisant partie des personnes qui ont été sur son chemin. Pour moi, c’est la plus belle des reconnaissances ! Cela resitue aussi le personnage, qui est beaucoup plus humain que certains ne le pensent. A titre personnel, c’est quelque chose qui m’a énormément touché parce que je mets l’humain et le rapport avec les gens au-dessus de tout. Que des anciens, lui ou d’autres comme Fred Schweickert, gardent ce contact est une belle marque de continuité !
D’ailleurs, je suis le parcours de beaucoup d’anciens camarades de la radio numérique « RTL – L’équipe », qui est une de mes plus belles et grandes fiertés. On l’avait lancée en 2007 mais cela s’était malheureusement arrêté fin 2010, pour des raisons plus politiques et de calendrier du DAB+. A l’époque déjà, RTL, radio généraliste, voulait faire plus de sport mais n’avait pas la place sur son antenne et s’est associée au journal « L’Equipe », qui venait aussi de lancer sa chaine de télé, qui voulait développer une radio mais qui n’en avait pas le savoir-faire.
La responsabilité m’en avait été confiée, un peu par hasard, parce que j’avais travaillé un petit peu, au coup par coup, à RTL et que j’étais un ancien du journal. Au mois de juin, la feuille était blanche et le démarrage était prévu pour octobre. A l’époque, il est important de se rappeler qu’il ne fallait pas trop valoriser l’URL de la radio, internet n’étant pas encore ce que c’est devenu aujourd’hui. Avec le recul, je me dis que l’on avait juste 15 ans d’avance. Ce projet avait tout, en fait. Tous ceux qui y ont collaboré sont, maintenant, dans de grands médias…Franchement, c’est une énorme fierté et un immense regret que ça ne se soit pas développé.
Petite anecdote supplémentaire…Au moment de constituer l’équipe, je devais démarrer avec deux journalistes et j’ai dit que je voulais les deux stagiaires d’été de RTL. J’ai insisté car je les avais vu travailler, j’avais vu leur motivation, leur comportement, leur côté équipe, leur faim, leur envie, leur plaisir, leur talent. Ils avaient encore plein de choses à apprendre mais moi aussi, on s’entendait bien, je savais que l’on irait à fond…J’aurais pu prendre quelqu’un de plus chevronné mais je ne savais pas comment, humainement, ça allait fonctionner. La discussion fut animée, j’ai fini par avoir gain de cause…Ces deux garçons sont Guillaume Lagnel, aujourd’hui sur DAZN, CNEWS et Infosport, ainsi que Jean-Louis Tourre, chef du foot à RMC et figure incontournable de la planète radio sport. On ne s’était pas trompés ! Je n’oublie pas non plus Frédéric Schweickert, Clément Grèzes, Samuel Ollivier, Emmanuel Barth, Jérôme Bigot, Salim Baungally, Julien Aliane, Raphael Sebaoun et plein d’autres encore…Tous sont installés ! C’est, franchement, une vraie fierté !
J’en parle avec beaucoup d’émotion, ce fut 3 ans d’une intensité folle, on travaillait 15 heures par jour, on a commenté des matchs de l’Open d’Australie de tennis dans des cabines en sous-sol sans fenêtre, à faire la réalisation en même temps, à 4 heures du matin…Mais vous imaginez la formation accélérée pour tous ceux qui ont participé à ce projet…Vous pouvez faire 10 ans d’école, vous n’apprendrez pas le dixième de ce qu’on a tous appris. C’était extraordinaire : des émotions, des souvenirs, de la formation, …
Vous évoquiez Christophe Pacaud, une des grandes voix des soirées foot de RTL, arrivé en 2001. C’est quelqu’un que vous aviez rencontré dans des circonstances originales…
La première chose qu’il faut que je dise, il le sait, je lui rappelle régulièrement, c’est qu’il est mon mentor absolu ! Il a une phrase exceptionnelle, il dit toujours « Dans la vie, il y a les aigles et les canards et toi, tu es un canard ». Cela m’est resté…
Je suis originaire de Monaco, d’où, d’ailleurs, encore aujourd’hui, certains débats à l’antenne autour de l’ASM. J’en profite pour une petite parenthèse : je trouve complètement ridicule le fait que beaucoup de journalistes sportifs ne veulent surtout pas qu’on sache s’ils sont supporters d’un club en particulier…Je ne comprends pas. Je suis de Monaco, j’ai grandi à Monaco, j’allais au stade Louis II à tous les matchs avec mon grand-père, j’ai une affinité avec ce club, j’ai joué pour ce club, …J’y ai vécu des choses incroyables. Aujourd’hui, évidemment que je reste fan de l’AS Monaco, que je m’intéresse particulièrement à ce club mais ce n’est pas parce que j’aime l’équipe que cela m’empêche d’être journaliste ni d’être relativement objectif. Je pense même, d’ailleurs, que l’on est plus sévère avec les clubs que l’on aime, que l’inverse.
Je pense que ce permettrait, au contraire, de gagner en sincérité que de le dire. Comme le fait Gilbert Brisbois, sur RMC, qui ne cache pas sa tendresse pour Strasbourg. Ce n’est pas grave : à partir du moment où les gens le savent mais sentent que vous êtes objectif dans vos analyses, pourquoi le cacher ? Je trouve cela un peu dommage…Voilà, parenthèse referméeJ.
Au lycée, je jouais au tennis pour le Country Club, où se dispute le Masters 1000, j’ai même porté les couleurs de ma ville pour les jeux des petits états, où je n’ai pas brillé du tout, soyons honnête. M’intéressant au journalisme, j’avais demandé au directeur du tournoi si je pouvais en profiter pour voir comment les professionnels travaillaient. J’avais une accréditation et j’aidais à la rédaction quotidienne du petit journal du tournoi, c’était super intéressant d’écrire sur les coulisses et les à-côtés. Un jour, au desk presse, arrive un monsieur à côté de moi qui, à la lecture de mon badge, me demande si c’est bien moi qui écrivait alors dans le journal. A 17 ans, hyper fier, je lui avais répondu que je participais seulement…Mais, du tac au tac, il m’avait dit « Eh ben, ce n’est pas terrible, ce n’est pas demain la veille que vous allez nous piquer notre place ! ». J’étais déjà assez grande gueule, assez provocateur, assez rentre-dedans et, immédiatement, j’ai répondu à ce monsieur, que je ne connaissais donc absolument pas « Heureusement ! Cela fait 20 ans que vous faites ce métier, si j’étais déjà meilleur que vous, ce serait quand même inquiétant ! ». Je ne sais pas ce qui s’est passé mais il m’a proposé d’aller prendre un café ensemble…
On a discuté du métier, j’ai expliqué que j’avais envie de donner des émotions aux gens, moi qui avais grandi en suivant l’AS Monaco, avec ce souvenir incroyable de Monaco v Feyenoord, en demi-finale de la coupe des coupes en 1992. J’avais 15 ans, j’étais devant la télé de mes parents mais il se trouve que, du fait d’un problème d’accord de droits, le match retour n’avait jamais été diffusé…Seul le son de la radio avait alors été émis sur la chaine censée proposer les images. J’étais comme un fou, j’étais presque comme au stade, je me projetais dans les commentaires, j’ai pris peur sur une frappe dans les arrêts de jeu qui passe juste à côté…Et il s’avère que c’est ce monsieur, avec qui je prenais un café, qui était aux commentaires…Vous l’aurez compris, ce monsieur, c’est Christophe Pacaud !
Deux mois après, il m’a pris en stage à RMC, qui avait ses bureaux à Monaco à l’époque, j’ai adoré. S’en est suivi un deuxième et on est devenus amis, tout simplement. En 2001, il est parti sur RTL et je montais sur Paris faire mes études, moi qui ne faisais pas encore d’école de journalisme. Un jour, il m’appelle pour que l’on se voit, lui qui avait besoin d’un assistant quelques soirs par semaine. De fil en aiguille, en faisant aussi quelques remplacements, je suis resté…jusqu’à la naissance de la radio numérique « RTL – L’Equipe ». C’est une histoire de fou !
Pour moi, il n’y a pas plus fort que Christophe comme animateur d’émission. Vous pouvez lui faire faire n’importe quoi, à n’importe quelle heure, sur n’importe quel sujet, il va se débrouiller. Il est incroyable ! C’est souvent, d’ailleurs, une qualité des journalistes sportifs que d’être capables de gérer le direct et ses imprévus. Comme on est sans filet avec le live, on a, je pense, cette capacité à faire vivre les évènements, à les décrire et à les raconter.
Christophe est donc mon mentor, j’ai pris le relai et j’en suis très très fier !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette déjà très belle aventure radiophonique à RTL ?
Que l’on puisse continuer à faire notre métier et à faire vivre les évènements aux gens, malgré les droits qui augmentent et les budgets qui se resserrent. Un de mes craintes, dans ce métier, est que l’on soit moins sur place. Rien ne vaut le contact visuel : au stade, on voit, on sent, on hume des choses que l’on ne peut pas capter à l’image.
Continuer aussi à avoir accès aux acteurs du jeu, quels qu’ils soient. Aujourd’hui, et c’est normal, il y a une multiplication des agents et des réseaux sociaux personnels mais il faut qu’il y ait un juste milieu en termes de communication. Il faut que les médias aient quand même accès un minimum aux informations, pour que celles-ci soient, au final, retranscrites complètement pour les supporters, avec un regard extérieur neutre et objectif. Journalisme et communication sont deux choses distinctes !
Après, bien évidemment, je pense à la digitalisation. Nous sommes directement acteurs sur RTL, avec l’appli, où on propose régulièrement des matchs. Il faut continuer ce développement car c’est l’avenir ! Je suis d’ailleurs partant pour tester d’autres choses encore, comme je l’avais déjà fait en 2007. Peut-être même qu’un jour, nous ne ferons plus que du digital, avec l’évolution de la consommation de la radio par les jeunes.
Je reviens à l’idée de départ, j’aimerais aussi que l’on reste humains et proches des gens. C’est le plus important, surtout dans un média d’émotions ! Par définition, en radio, il n’y a que la voix et l’histoire racontée. Sans émotion, les gens n’écoutent pas : les auditeurs doivent sentir que vous avez envie de partager avec eux ! Il ne faut pas surjouer mais il faut instaurer un peu de magie. La radio, c’est de l’émotion et des rencontres !
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !
Nous pourrons vous retrouver, à la rentrée de septembre, dans « Je sais pas », sur France Télévisions (France 2), sous les traits du personnage de Céline. À titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Clairement ! Cela a été une super belle nouvelle, pour moi qui étais plutôt au théâtre ces dernières années. À la base, j’envisageais un rôle différent, avec moins de jours de tournage mais le réalisateur ayant apprécié mes essais, m’a donné le second rôle, celui de Céline, la maîtresse d’école. J’ai tourné une bonne dizaine de jours, c’était super ! Moi qui me disais que j’adorerais avoir un rôle récurrent dans une série, même s’il s’agit là de quatre épisodes, j’ai, malgré tout, eu le temps de faire évoluer mon personnage et d’y apporter des couleurs. C’est top pour un comédien ou une comédienne : au-delà du texte, c’est toujours intéressant de faire vivre son personnage !
Ce qui est passionnant dans mon métier, c’est de pouvoir interpréter des personnages d’horizons professionnels différents. Pour une maîtresse d'école, on a souvent l’image d’une gentille personne, au tableau, proche des enfants…C’est quelque chose que j’ai découvert, je n’avais jamais tourné avec les enfants, cela a été une nouvelle expérience ! Au début, je me suis demandée si j’allais être à l’aise et si j’allais m’en sortir avec eux mais, en fait, ils étaient, je trouve, très matures, ils écoutaient, je n’ai pas eu à hausser le tonJ. C’était très chouette !
Même si c’est un personnage décrit comme gentil et doux, malgré tout, avec les bons conseils de Fred Grivois le réalisateur et de Laure-Anne Nicolet sa scripte, on a pu lui donner des couleurs et apporter des nuances de jeu. C’était super intéressant ! L’histoire de la série fait aussi que l’on ne peut pas rester tout le temps de marbre…
Donc c’était une très bonne nouvelle, qui m’a fait beaucoup de bien aussi personnellement. C’est un métier qui n’est pas toujours évident, on est dans l’attente, on peut perdre confiance après plusieurs échecs et, finalement, il suffit d’une fois, des directrices de casting et du bon réalisateur pour que ça reparte…
Avec vos mots, comment pitcher cette mini-série ?
Elle est adaptée du roman éponyme de Barbara Abel, une autrice belge spécialisée en thrillers psychologiques, que je me suis fait un plaisir à lire. C’est une lecture très intense, on a dû mal à lâcher le livre!…
L’histoire commence par une sortie scolaire en forêt. Tout se déroule agréablement, jusqu’à ce que la petite Emma s’écharpe un peu avec sa maîtresse, Jade, et finit par disparaître…C’est la panique, on appelle les parents et la police, les fouilles démarrent et, heureusement, la petite finit par réapparaitre…mais Jade, elle, ne revient pas ! C’est alors qu’Emma répond « Je sais pas » à la question : où est Jade ?
D’où le titre ! Que s'est-il vraiment passé dans la forêt ? Emma a-t'elle vu ou entendu des choses ? Mais elle se borne à ne dire qu'une seule phrase : « Je sais pas ». Cela devient un peu le running-gag de la série ! Je ne veux pas en dire plus, si ce n’est que ça va plus loin qu’une disparition d’enfant en forêt et de la non réapparition de sa maîtresse d'école…On va rentrer dans la vie privée de la famille d’Emma, s’intéresser aussi à ce village de Charente, à ses habitants. On va découvrir que certains d'entre eux peuvent avoir des choses à cacher…C’est vraiment un thriller psychologique, où l'on se demande comment fonctionne la psychologie humaine, quels en sont ses vices et ses travers. Comment quelqu’un de bien sous tous rapports peut finalement avoir quelque chose de mauvais en lui, si une fillette de six ans est complètement innocente, est-ce qu'une figure d'ange ne pourrait pas cacher un démon ?…Le doute va être posé et, en cela, c’est flippant.
Ces quatre épisodes sont passionnants. Fred Grivois aime ce qui n’est pas lisse, il gère cela très bien tant techniquement qu'artistiquement, il avait notamment réalisé les séries « Piste noire » pour FR2 et « Machine » pour Arte, entre autres.
@ Baptiste Langinier
Ce projet a aussi été l’occasion de côtoyer un très chouette casting…
Oh, oui ! J’ai essentiellement joué avec Lola Dewaere, le rôle principal féminin, qui interprète la maman de la petite Emma. On a bien accroché toutes les deux, je me suis sentie à l’aise. Ainsi qu'avec David Kammenos, qui joue le papa. C’est un super comédien, vous le verrez dans la façon dont il compose son personnage. Ce sont aussi les débuts de l'adorable Elodie Batard Gaultier dans le rôle d'Emma, quel talent pour une si jeune comédienne !
Je n’oublie pas Michaël Abiteboul, qui interprète le policier en charge de l'enquête, j’ai rarement vu un comédien aussi consciencieux, il avait toujours sa tablette avec lui pour écrire ses notes et modifications sur le scénario. Il est d’une précision et d’une rigueur que j’avais rarement vues. Son jeu s’en ressent ! Il a la capacité de se fondre dans des personnages très différents, ici un flic un peu baraqué, qui peut faire penser à un ancien rugbyman.
Ma complicité avec Delphine Chuillot, qui joue la directrice d’école, est l'un de mes meilleurs souvenirs sur ce tournage. Je n’ai malheureusement pas eu de scène avec Hubert Delattre et Selma Kouchy, mais ce sont des personnes que j’apprécie beaucoup.
C’était une chouette équipe ! La Charente a la chance d’avoir de très bons techniciens, du HMC, à l’image, en passant par le son. Ces personnes sont vraiment super, bienveillantes et travaillent bien. C’est une vraie richesse, que n’ont pas forcément toutes les régions. C’est d’autant plus important que ça a créé une belle dynamique et une bonne ambiance. J’aime cet esprit d’équipe, je l’ai bien ressenti sur ce tournage !
Vous l’évoquiez, le cadre et les décors de tournage ont été très plaisants…
C’est une région assez vallonnée, on a de belles vignes à perte de vue, j’adore cela, je trouve que c’est très beau. On a aussi de belles couleurs, de belles pierres, de jolis villages,…On a beaucoup tourné à Villebois-Lavalette, dont l’histoire et le château sont à découvrir, ainsi que dans un grand domaine près d'Archiac. Comme on commençait tôt, on a souvent eu de jolis levers de soleil…Le terrain de jeu était plaisant, on avait de quoi faire, on était bien lotis.
On vous imagine, du coup, curieuse sinon impatiente de découvrir le rendu final ainsi que les retours des téléspectateurs ?
En postsynchronisation, j’ai pu visionner quelques passages, cela m’a confirmé que c’est un beau projet. J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu, c’est propre, sobre et efficace. Du peu que j’ai pu voir me concernant, je suis plutôt contente ! J’y ai cru, je me suis dit que cette maîtresse d'école avait vraiment l’air inquiète (rires) donc, oui, j’ai hâte que tout le monde puisse découvrir la série, que ce soient mes proches, mes amis et les professionnels du milieu. On sait à quel point c’est aussi l’occasion de se faire découvrir par des personnes qui ne nous connaissent pas. Je sais que des gens qui me suivent sur les réseaux ont hâte de me revoir à l’image, il me tarde d’avoir leurs retours, j’espère que ça leur plaira. Certains connaissaient en plus déjà le livre…
Comme je le disais, le casting et le travail du réalisateur devraient bien plaire ! La série a déjà été présentée au festival Séries Mania de Lille. Je croise les doigts pour qu'elle soit sélectionnée au festival de la fiction TV de La Rochelle, ça serait vraiment une très bonne chose. Cela me ferait bien plaisir d’y aller avec ce beau projet !
@ Christophe Brachet
En complément, vous allez continuer à mettre en avant cette belle région, au travers de podcasts…
Avec Olivier Marvaud, producteur et auteur, on a récemment finalisé ce projet. Une première séance d’enregistrement aura lieu courant avril. On y parle de la région, de la nature, du patrimoine, pour donner envie aux gens de découvrir ou de redécouvrir leur belle Charente-Maritime. C’est, pour moi, un nouvel exercice parce que seule la voix est utilisée. Je faisais déjà des lectures à voix haute, pour des personnes âgées en maisons de retraite, qui apprécient beaucoup ce moment de partage et d'écoute. J’ai souvent de bons retours sur ce que ma voix dégage.
C’est quelque chose que je découvre aussi moi-même : on dit souvent que c’est un métier d’images mais c’est aussi un métier sonore. La voix est très importante…Je suis donc contente de ce projet diffusé sur la radio locale « Demoiselle ». On espère pouvoir être diffusés ensuite sur RCF Charente. Mais on ne s’emballe pas, on y va petit à petit.
J’aime, en tout cas, sortir de ma zone de confort et découvrir de nouvelles choses, ce métier le permet, on apprend tout le temps.
La richesse de la région sera probablement l’occasion d’évoquer des sujets variés…
Complètement ! On sait que les vignobles font beaucoup vivre la région. Derrière, il y a l’histoire, les belles pierres des villes,… Entre le littoral, les cultures, les festivals de cinéma, de musique, de littérature, on ne peut pas s’ennuyer, il y a toujours de belles choses à raconter !
On a du tourisme mais c’est toujours bon d’aller en chercher encore plus… Voire même de donner l'envie aux auditeurs/spectateurs de venir s'y installer !
Vous l’avez rappelé au début de l’échange, vous êtes une habituée des planches de théâtre, que vous retrouverez d’ailleurs en mai prochain, à Toulouse, dans deux spectacles aux registres variés…
Je serai à la Comédie de la Roseraie, à Toulouse, au mois de mai. J’y jouerai avec Tony Atlaoui, producteur, comédien, humoriste et ami, « Mars et Vénus ». Cette pièce parle du couple, des anecdotes, des situations, dans lesquelles beaucoup de gens se reconnaissent à chaque fois. Je joue ce spectacle depuis quatre ans mais il existe depuis bien plus longtemps ! Son succès ne se dément pas. Finalement, le monde change mais pas les histoires de couple…(rires)
En parallèle, je serai dans le spectacle jeune public, « La Belle et le Bête ». Il est très agréable à jouer, j'interprète Belle depuis deux ans, c’est ma première pièce pour enfants. C’est un exercice complètement différent, il faut être à l’écoute, savoir rebondir, sans leur laisser non plus trop de temps de parole pour ne pas perdre le fil de l’histoire. C’est très mignon, il y a de l’humour, on respecte le conte mais on joue sur certains détails, c’est un peu poétique par moment…
D’ailleurs, considérez-vous tous ces domaines artistiques, que sont la scène, les planches et le micro, comme autant de métiers différents ? Ou y voyez-vous davantage de complémentarité ?
Le théâtre est plus récent dans mon parcours professionnel, je suis sur scène depuis cinq ans, ça m’a appris une autre façon de jouer. Porter la voix sur scène est différent de ce qui est demandé sur un plateau de tournage. D’ailleurs, quand je suis arrivée sur la série « Je sais pas », il a fallu que je me réadapte, après autant de dates sur scène, notamment dans le ton. Mais aussi au niveau de mes expressions du visage, pour ne pas en faire trop et rester sobre.
Au théâtre, contrairement à l’audiovisuel, le retour du public est immédiat, entre les répliques et à la sortie des lieux. C’est très agréable de pouvoir échanger avec les gens, on est contents de les voir repartir en ayant passé une bonne soirée et en nous remerciant. Après, c’est une vie un peu différente aussi, le rythme de la journée change : on voyage, on répète, on attend avant de jouer le soir. Au début, j’ai eu du mal à m’y habituer, il a fallu que je sorte de mes habitudes mais c’est aussi ce qui fait la vie d’un comédien.
Le podcast est encore un autre terrain de jeu, il faut travailler la voix différemment. C’est une autre façon d'évoluer dans mon métier de comédienne, ce qui me permet toujours d'apprendre, de découvrir de nouvelles choses et de se renouveler. Lors de mes essais, le producteur m’avait, d’ailleurs, conseillé de sourire au moment de parler car ça se ressent de suite dans le ton.
Pour terminer, quels sont vos autres projets en cours ?
Depuis peu, je travaille sur un tout nouveau projet, qui me sort complètement de ma zone de confort, le chant ! Mon ami et manager, le producteur Pascal Barbe, m'a invitée à participer à l'enregistrement du prochain single « Aktebo » pour l'association éponyme, en faveur des enfants malades. Je me forme donc avec un coach réputé dans le milieu, Michael Merle, afin de travailler ma voix, mon endurance et ma justesse. On enregistre et on tourne le clip très bientôt sur Paris ! C'est un nouveau challenge pour moi !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Votre parcours de footballeur professionnel a été très varié, on aura l’occasion d’y revenir. Si l’on en revient à sa genèse, d’où vous vient cette passion du ballon rond ?
A 4 ans et demi, ma maman m’a amené, un peu par hasard, à l’école de foot. J’étais tellement petit que je n’avais pas trop de prétention mais, à partir de ce jour-là, je n’ai plus lâché un ballon. Vous parliez de passion et, je le dis souvent, c’est vraiment elle qui m’a toujours animé. Je n’ai pas été footballeur professionnel parce que je voulais avoir de belles voitures ou gagner beaucoup d’argent, j’ai réussi à être footballeur professionnel parce que j’étais passionné de ce sport, que j’ai pu faire les concessions et les sacrifices associés, en étant motivé pour y arriver. Donc c’est vrai qu’au départ, j’étais le petit garçon qui était là pour s’amuser avec les copains, qui prenait beaucoup de plaisir, qui arrivait à s’épanouir parce que j’étais plutôt bon. Cela m’a permis de devenir ce que je suis : en tant qu’homme, j’ai pu prendre confiance en moi. Vraiment, c’était un épanouissement plein d’insouciance…
Vers 11 ou 12 ans, j’ai eu mes premières sélections régionales, on commence à parler de recruteurs et c’est vrai qu’on commence à avoir des idées qui viennent un peu « parasiter » ce côté insouciant et de plaisir total. Très rapidement, je suis arrivé en centre de formation de l’AS Cannes et, là, j’ai basculé dans un autre monde, avec des termes que je ne connaissais pas, comme « concurrence », « progresser », « être jugé »,…J’ai aussi pris conscience que j’étais là pour travailler, afin d’arriver à un but, celui d’être footballeur professionnel. Tous les gens présents au centre de formation avaient ce même état d’esprit, certains mêmes étaient beaucoup plus motivés pour y arriver. Donc j’ai compris plein de choses et c’est là que le monde du football a un peu changé pour moi. Mais je suis arrivé à trouver du plaisir aussi, même s’il était différent…J’étais plus en mode compétiteur, à chercher à être efficace et à être bon.
Après ces débuts à l’AS Cannes, vous rejoignez le PSG alors que vous êtes encore très jeune. Comment aviez-vous vécu cette montée à Paris à l’âge de vingt ans ?
Je fais souvent ce rapprochement : j’ai vécu le même écart entre le BCI Football de l’Isle sur la Sorgue et l’AS Cannes, qu’entre l’AS Cannes et le PSG. J’ai vraiment passé une étape, j’ai changé de monde et, là aussi, il a fallu s’adapter : de nouvelles façons de penser, des choses qui viennent un peu parasiter certains fonctionnements,…J’y suis plus ou moins bien arrivé mais cela a été quelque chose de fantastique. Pour moi, le PSG a été un tremplin magnifique. J’ai eu la chance de côtoyer des champions, je me suis beaucoup inspiré d’eux. En les côtoyant, je me suis rendu compte de certaines choses…notamment l’humilité – même si ma mère m’en avait souvent parlé quand j’étais plus jeune, ou encore le sérieux. J’ai appris plein de choses auprès de mecs comme Pauleta, Pochettino, Dehu, Ronaldinho,…On s’inspire toujours de ces personnes-là. Je me suis beaucoup inspiré aussi de Gabriel Heinze, de sa grinta, de son envie de toujours être à 120% sur le terrain. Voilà, cela a été très enrichissant ! Médiatiquement, ça a aussi été très bien pour moi, cela a été un peu un tremplin qui m’a suivi tout au long de ma carrière. D’ailleurs, certains pensaient même que j’étais parisien…
Oui, c’était fantastique ! En plus, j’ai pu gagner la coupe de France avec eux. Cela a été vraiment un changement de vie pour moi !
Justement, quels souvenirs gardez-vous de ce premier trophée qu’a été cette coupe de France, gagnée en finale face à Châteauroux ?
Je vais le dire d’une manière un peu enfantine : ce qui m’a le plus marqué, c’est d’être à côté du président de la république, de prendre la coupe et de la lever, comme je le voyais à la télé ! C’est vrai que c’est un geste puissant et fort. Aussi de jouer au stade de France…
Mais, en fait, on est tellement dans une bulle, avec la concentration. C’est un sentiment que j’ai, que je trouve un peu dommage aussi : pendant ma carrière, je ne suis pas arrivé à bien profiter. En même temps, il ne faut pas être spectateur, on doit être concentré, sur ce que l’on a à faire donc je me mettais souvent dans une bulle pour être bien dans mon match. Du coup, bon, je n’arrivais pas trop à garder de souvenirs de ces moments.
En tout cas, en finale de la coupe de France, je suis vraiment heureux d’avoir vécu et mémorisé ce moment où je lève la coupe. Ma famille était dans la tribune, c’était un instant fantastique !
Après Paris, vous descendez en Corse, d’abord à Bastia puis à Ajaccio. Est-il facile de passer d’un club corse à un autre en aussi peu de temps ?
Cela a vraiment été une période un peu spéciale. J’avais besoin de temps de jeu, j’avais vu qu’au PSG, ça risquait d’être compliqué et, là, j’en reviens aussi à la passion : à un moment donné, j’avais envie de jouer donc je réussis à trouver une solution, je me fais prêter à Bastia. Malheureusement, on descend en deuxième division…Mais, là, je joue, je prends plus confiance en moi encore, j’arrive à engendrer de l’expérience donc j’étais très très heureux.
En partant de Bastia, jamais je m’imaginais revenir à Ajaccio. Il y a eu un concours de circonstances…Je m’étais très bien entendu avec Stéphane Ziani à Bastia, sur le terrain et en dehors. Pendant la trêve, Stéphane me dit qu’il va aller à Ajaccio et Rolland Courbis m’appelle souvent pour faire un travail sur moi. Ma marraine était aussi à Ajaccio et je me dis, avec mon agent, pourquoi ne pas y aller un an, dans la continuité. Donc ça s’est fait relativement facilement, je n’ai pas été embêté par les supporters, je pense qu’ils ont compris que j’avais juste été prêté à Bastia. Comme, en plus, on était descendus…Je pense que si on était restés en première division, je serais resté à Bastia.
Ajaccio a vraiment été le tournant de ma carrière, je fais un début de championnat magnifique, je mets deux buts en l’espace de dix journées dont un qui est resté dans le Top buts toute la saison et grâce auquel je suis même allé aux trophées UNFP. Malheureusement, après ce beau début de saison, il y a eu des choix du coach, l’équipe a moins bien tourné et je me suis blessé aux adducteurs. Au final, la saison a été compliquée mais, malgré tout, j’ai eu des possibilités d’aller à Toulouse, Sedan, Sochaux, Lorient,…Pas mal de clubs étaient intéressés mais, là, le président a pris l’initiative de dire que personne ne partirait malgré la descente en Ligue 2. Je me suis senti trahi, j’ai vrillé…On avait bien dit que je ne venais que pour un an mais il m’a expliqué que, s’il me laissait partir, tout le monde voudrait faire de même. D’un côté, je « comprenais » sa logique mais j’ai pris cela comme une trahison et c’est vrai que, là, j’ai eu beaucoup de mal à remettre le cerveau en marche, j’ai été vraiment déçu et, pendant un an, je n’ai quasiment pas joué. C’était difficile…
Puis, j’ai eu la chance que Gernot Rohr arrive, lui qui m’avait connu en Ligue 1 et qui m’aimait beaucoup. On a eu un super relationnel, il a réussi à me remettre le cerveau à l’endroit. J’ai joué …puis Metz est venu !
A Metz, c’était génial ! Dans l’esprit, ça collait bien avec mes objectifs, le club voulait absolument retrouver la Ligue 1, j’avais toujours adoré ce stade et ce maillot. J’appréciais aussi le président Molinari. Malheureusement, on loupe deux fois de très peu la montée en Ligue 1, cela a été vraiment dommage. J’aurais vraiment voulu remonter avec le club et le laisser en Ligue 1 mais bon, c’est comme ça !
Vient ensuite une expérience à l’étranger, à l’Hapoël Tel-Aviv, où vous disputez la Ligue des Champions. Sportivement et humainement, cette période a certainement été très riche ?
Elle a été courte et riche à la fois. Je ne suis resté que six mois, finalement. Je me sentais prêt, j’étais à un âge où je me sentais capable de partir à l’étranger. J’arrivais de Metz avec deux déceptions importantes de ne pas être monté en Ligue 1, l’équipe voulait repartir avec des jeunes, ce n’étaient plus trop les même objectifs donc j’ai trouvé que c’était le bon moment pour tenter une aventure à l’étranger. J’ai eu cette opportunité-là de l’Hapoël Tel-Aviv, qui était intéressante sportivement et financièrement. Il y avait la possibilité de faire la ligue des Champions, en passant par les tours préliminaires.
Oui, cela a été une expérience incroyable, pas forcément facile mais très enrichissante. Il y a eu la barrière de la langue, j’ai fait comme j’ai pu avec l’anglais, j’ai baragouiné mais j’ai bien progressé. Le pays était dans un contexte particulier mais la ville reste quand même fantastique. Je parlais précédemment de la coupe de France que je lève, là, de me retrouver aligné au Benfica et d’entendre la chanson de la ligue des Champions m’a, c’est vrai, vraiment marqué, c’était une expérience fantastique. Je me suis retrouvé, dans une équipe israélienne, à aller jouer aussi au Kazakhstan et c’est vrai qu’on s’est demandés où on était. Quand on partait à l’étranger avec des israéliens, il faut avouer que la sécurité était renforcée…C’est assez bizarre, c’est une expérience qui m’a marqué, on était vraiment militarisés. J’ai un souvenir d’avoir, du bus à l’hôtel, une rangée de militaires. Même dans les hôtels, des militaires assuraient notre sécurité dans les étages…Vraiment, je me suis retrouvé dans la peau d’un israélien et c’était marquant, c’était même enrichissant.
Parmi les autres moments marquants, évoquons ensuite votre retour aux sources. Une première boucle était alors bouclée, à être au plus haut niveau sportif, dans une région qui vous tient très à cœur…
Cela a été une opportunité, là-aussi, que je n’aurais jamais pu imaginer. A Tel-Aviv, je me retrouve dans une situation compliquée : j’ai beaucoup souffert de la chaleur, de la langue aussi malgré tout, d’une blessure,…J’aurais pu y rester mais j’ai eu l’opportunité d’aller à Avignon…Truc incroyable de me dire que j’allais me retrouver à jouer en Ligue 1, tout en étant chez moi ! Cela a été aussi un moment fort pour moi, j’étais très fier. C’est vrai qu’en arrivant à Arles-Avignon, je me voyais y finir ma carrière et même avoir une reconversion dans le club. J’étais dans cet esprit-là mais bon, encore une fois, avec le foot, on ne sait jamais, ce n’est pas un long fleuve tranquille… Je ne suis pas tombé d’accord avec le président et je décide de ne pas prolonger : je pense qu’il croyait que ce serait facile car je voulais rester donc il a été un peu agressif dans sa proposition on va dire…Peut-être aussi que, financièrement, il ne pouvait pas suivre, je ne sais pas. En tout cas, j’ai estimé que ce n’était pas une proposition honnête.
Là, je n’ai alors plus d’agent et j’envoie au président messin, juste pour information, que, finalement, je ne vais pas prolonger à Arles-Avignon. Très naturellement alors, ça s’est fait avec lui. Je me rappellerais toujours, j’étais dans ma piscine au moment où le président Serin m’a appelé. Rapidement, on a trouvé un arrangement et me voilà reparti pour Metz ! J’ai adoré y vivre, malgré le froid …Il faut en parler quand mêmeJ. J’ai adoré cette ville, les gens, le club. Cela a été un coup de cœur de ma carrière.
Au départ, j’y allais pour encadrer les jeunes…Là-aussi, l’histoire est sympa, comme quoi, dans le foot, on ne sait jamais : on fait une année fantastique, une des plus belles saisons de ma carrière, que ce soit collectivement ou personnellement, on est champions de France, on remonte en Ligue 1 ! Ce n’était que du plaisir, l’année a été incroyable !
Dix ans après la coupe de France avec le PSG, remporter ce titre de Ligue 2, qui est la consécration d’une certaine régularité tout au long de la saison, a dû être très savoureux…
Oui, oui ! Et puis, il y a toute l’histoire, de ce club qui voulait remonter en Ligue 1 après être reparti du national. C’est la première fois que j’ai vu le président Serin pleurer, lui qui montre rarement ses émotions. Cette montée, c’est vrai, a été très forte et très puissante, pour le club et, pour moi, par rapport à mon histoire avec le FC Metz. Emotionnellement parlant, oui, cela a été très très puissant !
Plus globalement, quelques années plus tard, quel regard portez-vous sur votre très beau parcours professionnel ? Que vous en reste-t-il aujourd’hui ?
Il m’en reste de la fierté ! En toute humilité bien sur parce que je n’ai pas non plus fait une carrière exceptionnelle. Mais je le dis souvent, jeune je n’étais pas forcément ambitieux, j’étais le petit garçon qui voulait jouer au foot avec ses copains et si on m’avait dit que j’allais vivre tout ça, jamais je ne l’aurais cru et j’aurais signé de suite. Ce que j’ai vécu est, c’est vrai, quand même incroyable ! Il y a donc de la fierté, aussi un tout petit peu de regret mais ça fait partie du football car on est obligé de faire des choix. Comme je l’expliquais, celui d’Ajaccio n’était peut-être pas le bon à ce moment-là mais c’est compensé, au final, par le fait que je vais à Metz pour encadrer les jeunes, avant de retrouver la Ligue 1…L’un dans l’autre, je pense que ça se compense, malgré tout !
Surtout, maintenant que je suis papa, je me rends compte que de partir à 13 ans et demi de chez soi est un choix fort, que tout le monde ne peut pas faire. Choix qui a aussi un impact sur ce que l’on est et sur sa vie. J’ai 43 ans, je suis revenu dans ma région auprès de certains amis qui me restent. On n’en parle pas souvent, à 13 ans, finalement on abandonne sa vie, sa famille, ses amis, pour partir dans un autre monde, un peu dans une bulle. Il faut, malgré tout cela, arriver à vivre avec, et on s’en rend compte après, seulement. C’est important d’en parler, on parle souvent du terrain, du côté sportif, de l’argent, qui sont une réalité mais il y a aussi tout l’après et l’impact qu’a, dessus, un départ si jeune. Je pense au travail pour y arriver, aux sacrifices à faire, aux blessures, à la solidité mentale,…Je m’en rends compte gentiment, maintenant ! Aussi, il faut digérer cette vie que l’on a eue…
Sans doute que vous continuez à avoir un œil attentif au monde professionnel ?
En fait, quand je me suis arrêté, j’ai eu une envie de tourner la page parce que c’est vrai que ce n’est pas facile au début : tu regardes les matchs dans ton canapé, alors que tu sais que tes potes ont repris la saison. D’un côté, j’ai pu profiter de la vie, faire des barbecues, avoir des week-ends de libres, choses que je n’avais jamais mais, en même temps, il fallait digérer cet arrêt de carrière. Pour cela, j’ai mis de côté le football et je me suis concentré sur d’autres projets, de chambre d’hôtes, de vie de famille…
Là, petit à petit, maintenant que c’est digéré, j’ai envie de peut-être revenir dans le football, je ne sais pas sous quelle forme mais, en tout cas, de transmettre ce que j’ai appris. Je me dis que c’est dommage de garder pour moi toute cette expérience. Egalement, je me suis aperçu que, dans la « vraie vie », hormis le fait que j’ai été footballeur, malheureusement la triste réalité est que je n’ai pas beaucoup de bagages. Si on veut repartir professionnellement, il faut quasiment repartir de zéro et faire ses preuves. On a l’image du footballeur qui est un peu spéciale : quelque fois, il y a de très bons côtés parce que ça ouvre des portes mais il y en a d’autres, avec une vision un peu péjorative. Je me suis aussi aperçu que c’était très dur d’arriver à se faire un nom dans la vie de tous les jours et qu’il fallait du temps. A 43 ans, j’en ai mais pas tant que ça non plus. Je me dis que, dans le football, j’ai déjà une image et une réputation, je peux m’appuyer là-dessus pour m’épanouir et je sais que c’est ce qui m’a toujours animé, toute ma vie : depuis l’âge de 4 ans et demi jusqu’à mes 35 ans, j’ai été là-dedans.
Donc j’ai tourné la page pour pouvoir digérer mon arrêt de carrière et mon changement de vie mais, maintenant, je me dis pourquoi ne pas revenir dans le football…
Aujourd’hui, quand vous regardez une rencontre d’une de vos anciennes équipes, les battements de cœur sont-ils plus forts ?
Oui ! Dernièrement, je suis allé voir Cannes jouer en coupe de France, c’était super car je n’y étais pas retourné depuis. C’est vrai que j’ai eu des émotions assez intenses, je revoyais d’ailleurs le centre de formation à côté du stade, plein de souvenirs sont revenus et j’étais très content de voir ce club revivre, moi qui y suis énormément attaché. On en a parlé au début, l’AS Cannes a été quelque chose de très puissant : je suis arrivé à 13 ans et reparti à 20 ans, je suis devenu un homme finalement, je me suis formé en tant que footballeur et, vraiment, ça a été un passage super important, qui m’a vraiment marqué et qui me sert aussi encore tous les jours.
Oui, je suis attaché à mes anciens clubs. Je n’ai jamais eu une âme de supporter mais, par contre, je suis attaché au beau football. Quand je vois un beau match, je prends du plaisir…Forcément, j’ai un attachement supplémentaire à mes clubs de cœur, dans lesquels je suis passé. Je suis de loin leurs performances mais je prends du plaisir à les suivre, d’autant plus que je sais aussi l’impact qu’ont, derrière, de bons résultats. Le fait que l’équipe tourne bien a un impact énorme pour les gens qui travaillent au club mais aussi pour les supporters. Cela me touche…
Ces derniers temps, vous avez eu l’envie de partager sur vos réseaux quelques souvenirs et quelques points de vue footballistiques. Cela s’inscrit sans doute dans la continuité de ce que vous évoquiez juste avant…
En fait, il y a plusieurs raisons…Cela me fait du bien d’en parler, même si je ne saurais pas vous dire exactement pourquoi. Cela me fait du bien aussi de les partager parce que je vois que des gens y sont attachés et qu’ils sont curieux de connaitre certaines choses. J’ai aussi envie de parler de tout ce qu’on ne voit pas en fait : les gens ne voient que ce qui est diffusé à l’écran et j’ai envie d’en parler de manière plus profonde. Notamment de tout le côté psychologique qu’il y a derrière, dont les gens ne peuvent pas se rendre compte parce qu’ils n’y ont pas accès. Le fait d’en parler et de proposer un point de vue un peu différent peut, je pense, apporter, au football, aux éducateurs, aux parents, aux joueurs, …L’expérience est la seule chose que l’on ne peut pas acheter donc c’est vrai que de pouvoir la partager peut, je pense, apporter des choses positives à des gens.
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
On peut me souhaiter d’arriver à toujours me lever le matin avec des objectifs. J’attache beaucoup d’importance à mon rôle de papa mais, aussi, j’ai besoin, personnellement, d’exister et d’être épanoui. C’est vrai que la difficulté est d’arriver à accepter que rien ne sera jamais aussi puissant que ce que l’on a vécu dans le passé. C’est une évidence, il faut la comprendre et vivre avec mais, par contre, il faut se lever le matin en ayant des projets qui nous motivent. Je sais que je suis très attaché à cela, à me mettre des objectifs.
Aussi, d’essayer de retrouver un peu ce milieu de l’exigence que j’ai quitté. C’est vrai que c’est quelque fois frustrant dans la vie de tous les jours…On peut prendre du plaisir, tout en étant exigeant ! Je me rends compte aussi que certaines personnes prennent mal le fait que l’on soit exigeant avec elles…Alors que j’ai appris à faire de l’exigence quelque chose de positif ! Donc c’est vrai que j’ai envie de retravailler avec des personnes avec qui on va pouvoir chercher cette exigence.
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pourrons vous retrouver ce jeudi 24 avril sur TF1, en prime-time, dans « Secrets de vacances », un nouvel épisode inédit de « Léo Mattéi, brigade des mineurs », sous les traits du personnage d’Ophélie. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, totalement ! C’est une très très belle équipe, avec Jean-Luc Reichmann, Lola Dubini, ou encore la réalisatrice Nathalie Lecoultre, avec qui j’avais déjà travaillé sur un autre projet. Donc j’étais très contente de pouvoir retrouver cette équipe, en plus dans un très beau cadre. Je n’avais jamais tourné pour ce projet-là donc c’était vraiment cool de pouvoir être présente sur cet épisode-là, oui.
Cette série est l’occasion d’évoquer des sujets forts, que les téléspectateurs n’ont pas forcément toujours l’habitude de voir à cette heure-là sur une chaine de grande écoute…
Oui, oui ! Ces sujets sont, je trouve, souvent ramenés de manière très intelligente, sans dire qu’on va les traiter en particulier. Je trouve cela très bien écrit et très bien joué, c’est très cool de pouvoir traiter ce genre de sujets à la télévision, on fait évidemment aussi ce métier pour ça.
Plus personnellement, quel regard portez-vous sur Ophélie, votre personnage ?
C’était assez marrant parce que je n’avais jamais joué une maitresse nageuse donc j’étais très contente de pouvoir interpréter ce personnage-là, qui n’a pas une histoire banale. Elle a vécu des choses et, malgré tout, elle est très investie dans ce qui se passe. Souvent, aux premiers abords de gens qui ont vécu des choses très fortes, on ne peut pas dire que ces personnes ont vécu des choses si intenses…En fait, c’est vrai que c’est toujours remarquable ! Je trouve cela très touchant, après, quand on apprend que ces personnes ont vécu ceci et cela…C’est une forme de résiliation chez ces personnes et ça peut être vraiment bouleversant. Là, grâce à Léo Mattei, on va en savoir plus sur cette jeune femme…Vraiment, c’était très intéressant de pouvoir défendre ce personnage-là.
Il vous permet, une nouvelle fois, une palette de jeu plaisante à défendre…
Complètement ! C’était très chouette de pouvoir défendre ce personnage-là, je n’avais jamais joué une maitresse nageuse donc, oui, en effet, c’était vraiment très plaisant de le faire !
Au moment de vous glisser dans sa peau, aviez-vous peut-être eu certaines sources plus personnelles d’inspiration ?
Ça a été plus dans le travail, j’ai regardé pas mal de vidéos de maitres-nageurs, pour voir la posture et la démarche, pour savoir ce que je pouvais faire et ne pas faire en tant que maitresse nageuse. Puis, la tenue a beaucoup aidé, tout comme le sport d’ailleurs. Donc le travail a plus été dans ce sens-là !
Même s’il s’agissait d’un guest qui n’a pas de lien direct avec ce qui s’était passé en saison 11, peut-être vous étiez-vous (re)plongée dans les derniers épisodes de la série pour mieux encore vous imprégner de son atmosphère ?
Oui, j’avais regardé mais pas forcément tout de suite avant. J’avais déjà regardé des épisodes de la série et j’avais donc déjà un peu une idée de l’ambiance et de l’atmosphère. Mais, là, c’est vrai que j’avais envie de créer mon univers, tout en collant à l’univers déjà proposé.
Certainement êtes-vous curieuse de découvrir les retours des téléspectateurs ?
Oui, oui, totalement ! Cela me fait toujours plaisir, je reçois toujours des messages via les réseaux, je suis très heureuse de pouvoir les lire, j’essaie d’y répondre le plus possible. En tout cas, cela me fait toujours autant plaisir d’avoir le soutien de ces personnes-là qui ont commencé à me suivre avec « Ici tout commence », c’est toujours très chaleureux en tout cas, bien sûr.
En complément, quels sont vos autres projets et actualités en cours ou à venir ?
Je viens de finir en mars le tournage d’un 6x52 minutes pour France Télévisions, j’ai hâte de vous en dire plus !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pouvons vous retrouver sur les antennes de RMC aux commentaires des grands prix de Formule 1. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous de pouvoir transmettre aux auditeurs votre passion de ce sport mécanique ?
Tout à fait, vous avez bien résumé ! Avant tout, je suis passionné de sports mécaniques depuis toujours, j’ai réussi à faire de ma passion mon métier et j’ai eu la chance de l’exercer sous différentes formes : comme beaucoup de monde, j’ai commencé par la presse écrite, puis par la radio au début des années 80, ce qui ne nous rajeunit pas, suivie de la télé en 86 avec la 5 et je continue avec RMC depuis 2002. J’y ai même animé l’émission « Motors » jusqu’en 2019, tous les dimanches, en direct pendant 2 heures.
Oui, c’est un grand plaisir de partager cette passion avec les auditeurs et avec les passionnés. On ne commente pas pareil un grand prix de Formule 1 à la télévision ou à la radio…J’en ai faits à peu près 500 maintenant au total, je pense, même si je n’ai jamais compté, beaucoup avec Patrick Tambay, qui était mon ami et mon complice.
La radio est un vecteur d’émotion et de transmission, avec l’objectif de partager aux auditeurs ce qui se passe, notamment l’intensité de la course et des rebondissements…
Bien sûr ! Notre mission est d’essayer de transmettre ce que nous avons la chance de vivre. Ce qu’il y a de formidable aussi, c’est que l’on s’adresse à des passionnés, qui connaissent les évènements presque aussi bien que nous, notamment grâce aux différents canaux d’informations existant aujourd’hui. Notre métier est d’essayer de fournir les informations que les gens n’ont pas forcément ou de les aider à comprendre, en leur expliquant, avec la modeste expérience que l’on peut avoir, ce qui se passe sur la piste et pourquoi ça se passe comme ça…C’est un sport mécanique donc le facteur mécanique est extrêmement important. C’est différent d’autres sports plus athlétiques : il y a bien sûr l’élément humain, avec les champions, les équipes, les ingénieurs, les teams managers et les directeurs de course qui, parfois, peuvent peser sur le déroulement et le résultat des courses, mais il y a évidemment aussi l’élément mécanique, qu’il faut bien comprendre. Ce dernier permet d’expliquer aussi les raisons pour lesquelles une équipe ou un pilote se retrouvent, à un moment, dans une position extrêmement favorable. C’est là que l’on voit les grands champions…
Si on recolle à l’actualité, on voit un Verstappen qui est capable de faire des exploits absolus avec, pour moi, une monoplace qui est la quatrième du plateau. Certains disent même la cinquième…Donc c’est vraiment le talent du pilote, malgré tout, qui fait la différence !
En live, à la radio, l’exercice de la voix demande aussi de s’adapter à l’intensité de la course et à ce qui se passe en piste…
Bien sûr ! De toute façon, on dit toujours que l’on est servi par l’évènement. Il ne faut pas mentir, je pense, aux gens. En tout cas, j’essaie de ne jamais le faire…On peut parfois, effectivement, essayer de trouver des sujets d’intérêt et c’est normal : si une course est fastidieuse pour ne pas dire ennuyeuse, on ne va pas leur dire qu’elle est nulle et qu’ils peuvent partir. Non, notre rôle, c’est normal, est d’essayer de trouver des centres d’intérêt. En radio, l’avantage est que nous ne sommes pas tributaires de l’image : je suis parfaitement capable de vous décrire une bataille entre le dixième et le onzième, pour le dernier point qui compte, et de m’intéresser, grâce à mon live timing, aux écarts, même s’il n’y a pas une image qui passe parce que le réalisateur ou le diffuseur ont décidé de ne pas les montrer, et parce qu’on ne peut pas, en télé, être partout.
J’ai aussi eu la chance, à l’époque, de faire les débuts du numérique sur la Formule 1, avec Kiosque sur Canal. J’ai commenté les grand prix avec Patrick Tambay, de 1997 à 2002 inclus. Ce système était, à l’époque, pionnier…On m’en parle encore…Les abonnés – on peut le dévoiler aujourd’hui, il y en avait quand même plus de 100 000, alors que c’était gratuit sur TF1 – avaient la possibilité de choisir la manière de vivre le grand prix : soit le signal général, que je commentais donc avec Patrick, soit d’aller sur la course en tête, sur la course en paquet, sur les caméras embarquées, sur la caméra dans les stands, sur les datas. Cela remonte presque il y a une trentaine d’années maintenant, on était en avance sur le système et sur ce que c’est devenu.
Certainement que le travail en amont de l’antenne est important mais que ce qui se passe en live sur la piste est prédominant…
Oui, oui ! J’ai la fâcheuse habitude, en tant qu’ancien, d’avoir du papier autour de moi : j’ai beaucoup de choses dans la tête mais, d’un coup d’œil, je peux retrouver, au besoin, les informations. Je m’efforce de ne pas assener des chiffres, je trouve que ça n’a pas d’intérêt de sortir une longue litanie, il faut donner, à mon sens, ce qu’il faut comme éléments d’information précis parce qu’on n’a pas tout en tête mais pas trop. Pour essayer d’avoir les clés du grand prix parce qu’il y a telles caractéristiques, que ce circuit est ainsi, qu’il s’est passé ça, que les faits marquants sont ceci,…On ressort ces éléments à bon escient, en fonction de ce qui se passe. C’est, malgré tout, le factuel, avec le déroulement du grand prix, qui va guider. Comme je l’évoquais tout à l’heure, plus l’évènement est intense et passionnant, meilleur notre travail est !
Quels principaux retours pouvez-vous avoir de la part de vos auditeurs ?
Les meilleurs retours que je puisse avoir sont quand quelqu’un m’arrête, notamment sur les circuits où je vais évidemment de moins en moins, pour me dire « Je vous écoute depuis longtemps et je vous ai toujours apprécié ». C’est le meilleur des retours ! Après, parfois, on peut déplaire à untel ou untel parce qu’un passionné est un jusqu’auboutiste donc il ne veut pas entendre la moindre critique à l’égard de son favori…On peut parler de Lewis, aujourd’hui, que tout le monde admire pour son palmarès exceptionnel, c’est vrai qu’il est dans une période un peu délicate, l’adaptation chez Ferrari est un petit peu difficile, d’autant que la voiture n’est pas au niveau souhaité par tout le monde mais je crois qu’il faut accepter. Lui, le premier, se critique…Je viens d’ailleurs de lire, juste avant le grand prix de Djeddah, qu’il a répondu, à la question « Qu’est-ce qu’il manque ? » qu’il « faudrait lui greffer un cerveau », c’est tout dire…Quand lui est à ce point dur avec lui-même et que, parce que c’est un champion, il n’admet pas de se retrouver là où il se retrouve par rapport à son équipier, je crois que, là aussi, « sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur ». C’est de Beaumarchais donc ce n’est pas nouveau mais je crois que c’est aussi adapté au sport.
De votre déjà belle et longue carrière, retenez-vous certains moments en particulier ou certains pilotes, qui vous auraient particulièrement marqué ?
C’est une évidence absolue pour ce qui me concerne, et je ne manque jamais d’y faire référence : pour moi, Ayrton Senna était vraiment un monument ! A l’époque, on avait le privilège de côtoyer les pilotes sur les circuits, ce qui est totalement impossible aujourd’hui, puisqu’ils sont en cage : on nous les sort trois minutes pour les français, trois minutes pour les allemands, trois minutes pour les italiens, …en plus, le discours est prémâché et surveillé. J’ai dû interviewer au moins 20 fois Ayrton Senna face to face, comme on dit aujourd’hui : à la fin d’une séance d’essais ou de qualification, j’étais avec mon caméraman, je faisais signe à Ayrton pour savoir s’il acceptait puis, le cas échéant, je lui tendais un micro pour avoir quelques réactions spontanées.
Je ne peux pas ne pas évoquer sa quinzième pole, à Estoril, au Portugal. Il était encore chez Lotus et je me doutais qu’il allait signer la pole parce que c’était un circuit pour lui. Il signe cette pole avec le moteur Renault turbo, je suis avec mon caméraman, il s’arrête, il sort de sa voiture, se met debout et tend les bras. J’avais à côté de moi Gérard Ducarouge, son ingénieur français que je connaissais très bien…Je fais signe à Ayrton, qui me répond ok, il enlève son casque, il enlève sa cagoule et je lui pose la première question bateau, comme on fait dans ces cas-là, « Alors, Ayrton, comment s’est passée cette pôle, votre quinzième ? ». Je m’attendais à une réponse pour repartir, après, sur autre chose mais, là, il est parti dans un débriefing absolument complet ! Comme il y avait Ducarouge à côté, il parlait, en fait, à son ingénieur, tout en me répondant : « Je sors de la parabolique à telle vitesse, je suis à tel régime, j’ai le temps de jeter un coup d’œil aux pneus,… »…Incroyable, à chaque fois j’en ai des frissons ! Cela a duré 8 minutes 30, je lui ai simplement répondu « Merci, Ayrton ». C’était impossible à monter, on ne pouvait rien couper…Je n’ai malheureusement pas gardé la cassette, c’était un de mes plus grands souvenirs et un de mes plus grands regrets.
Par rapport aux écarts d’aujourd’hui, il y avait des gouffres : je rappelle qu’à Monaco, pour la pole de 1989, il met 1 seconde 8 à Alain Prost avec la McLaren. On sait qu’il a raconté après qu’il était dans un état second et que lui-même se regardait piloter…C’est là que certains l’ont traité de fou, en disant qu’il est mystique parce qu’effectivement, il était croyant et qu’il n’en faisait pas mystère. Quand il a commencé à dévoiler cet aspect de sa personnalité, certains, notamment Nelson Piquet, son ennemi intime, l’un étant de Rio, l’autre de Sao Paulo, ont dit qu’il était complètement fou et dangereux…
Oui, ce sont des souvenirs formidables ! Il y a eu aussi d’autres très très belles époques. J’ai vécu le premier titre de Jacques Villeneuve, avec la Williams. Là aussi, on se rappelle des histoires et de toute la tension terrible lors du grand prix précédent, au Japon. J’y étais…Ses temps avaient été annulés, soi-disant parce qu’il les avait faits avec un drapeau jaune…C’était toute une salade mais, comme cela, on arrivait à Jerez, pour le dernier grand prix, avec les deux derniers pilotes quasiment à égalité. Là, on a d’ailleurs ce qui ne s’est jamais reproduit, depuis, en Formule 1, trois pilotes dans le même millième de seconde…Oh, comme c’est curieux ! Jacques, Frentzen et Schumacher. Après, Schumacher fait ce geste ignoble en course et, là, tout le monde comprend ce qui se passe…
Donc j’ai beaucoup de souvenirs, des très très beaux et, malheureusement, des plus douloureux, avec des personnes que je connaissais très bien, comme Jules Bianchi. C’est très douloureux ! Mais bon, c’est un sport mécanique, c’est un sport dangereux et c’est, pour moi, ce qui en fait un très grand sport. C’est pour cela que j’adore aussi la moto, parce qu’il y a un élément de plus que dans les autres sports, c’est le danger : on met sa vie et son existence en péril…Pour moi, il n’y a rien de plus beau !
Pour en revenir à l’actualité, quel regard portez-vous sur ce début de saison 2025 ?
Il est passionnant, je ne vais pas dire le contraire ! Même si la domination des McLaren est relativement évidente - bien que Norris n’aime pas que l’on dise ça, ils ont la meilleure voiture, ce que Piastri admet volontiers – malgré tout, le talent de Verstappen lui permet d’exister et d’être là. Il reste donc dans le championnat avec la quatrième voiture du plateau, ce qui est exceptionnel. On a un Georges Russell qui est un garçon très discret mais qui est là, qui est sur le podium pratiquement tout le temps et qui est toujours dans la course pour le titre. J’espère, comme tout le monde, que les Ferrari vont revenir dans le coup et que la machine va progresser. J’adore Charles Leclerc, ce n’est pas une nouveauté, je le connais assez bien, c’est un type bien, c’est un vrai passionné, il est chez lui chez Ferrari et je trouverais comme une récompense au moins qu’il se batte pour le titre jusqu’au bout de la saison. Les écarts sont tellement serrés qu’il suffit de récupérer 3 à 4 dixièmes au tour, ce qui n’est rien, pour les raisons que j’ai évoquées, par rapport aux écarts que l’on avait encore il y a quelques années.
On l’a vu l’an dernier avec les nouveautés de McLaren à Miami, malgré le budget cap, la longueur de la saison fait que les vérités du début de saison ne sont pas forcément celles du milieu ni de la fin…
C’est tout à fait vrai ! A partir de Barcelone, la FIA va enfin appliquer le règlement concernant la flexibilité des moustaches avant. Cela aura une influence, on ne sait pas encore laquelle mais, évidemment, Red Bull et d’autres disent que les McLaren vont perdre une partie de leur superbe, ce qui n’est pas impossible. Avec les caméras embarquées, quand on va sur celles qui concernent le museau et les moustaches, on a bien vu que celui des McLaren se déforme beaucoup…Cela ne m’appartient pas de dire si c’est trop mais, en tout cas, c’est beaucoup. Donc on va voir ce qu’il en est !
Cela va frapper tout le monde mais je pense qu’ils sont aux limites du règlement, ce qui est la loi de la F1, je ne les incrimine pas : pas vus, pas pris, c’est toujours la règle ! On va voir à Barcelone si, oui ou non, ça a une influence sur le rendement global et, surtout, sur le positionnement des écuries les unes par rapport aux autres. Mercedes, intrinsèquement, n’est pas très loin de McLaren je pense, on vient de le dire, Ferrari est un peu plus loin et Red Bull est beaucoup plus loin…Maintenant, on travaille tellement énormément dans ces écuries malgré le budget cap, on a tellement la capacité de faire évoluer les monoplaces que, déjà, celles que l’on va voir en Europe, avec des circuits proches des écuries, leur permettant d’apporter des nouveautés, peuvent redistribuer les cartes, dans la mesure où, en Arabie Saoudite, on avait, en qualification, 13 pilotes en 1 seconde, ce qui est du jamais vu en F1 !
Le changement de règlementation l’an prochain fera aussi, sans doute, que certaines écuries, qui auront moins d’enjeux à défendre, basculeront rapidement vers un développement uniquement de leur future monoplace…
Je pense que c’est vrai que pour toutes les écuries, à part les 4 grosses et Aston, qui a un budget énorme, avec le recrutement d’Adrian Newey et une nouvelle soufflerie. Je crois que certaines écuries vont choisir, à partir du début de l’été, de peut-être, effectivement, consacrer une partie de leurs forces et de leur budget à l’élaboration de la monoplace 2026, qui sera déterminante. Parce que, évidemment, elle va rester peu ou prou en l’état pour les années qui suivent…Pour autant, ça va dépendre des positionnements : je ne vois pas une écurie comme Ferrari sacrifier sa saison 2025, même si elle est mal engagée. Mais peut-être que, d’ici là, elle sera revenue dans le coup…La Formule 1 est tellement instantanée, la capacité de réaction est tellement rapide, les écarts sont tellement limités…On ne régresse pas, ce sont les autres qui progressent plus vite !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette très belle aventure radiophonique de F1 à RMC ?
Que ça continue ! Vous savez, je fais partie des gens heureux…On a toujours d’autres motifs, j’aimerais plus de place à l’antenne mais on doit la partager. C’est vrai que ce sont des choix qu’il ne m’appartient absolument pas de commenter mais il fut une époque où, effectivement, quand il y avait un grand prix de F1, il était priorisé et j’étais l’anchorman. Donc j’étais à l’antenne tout le temps avec Patrick pour tenir le direct mais ça ne nous empêchait pas d’aller au football, au rugby, au basket ou au vélo…Ce n’est plus le cas aujourd’hui, je ne le critique pas. Je suis passionné par ce que je fais, j’ai envie de le faire partager aux gens et, donc, je suis parfois frustré quand je n’ai pas l’antenne au moment où il se passe quelque chose….Même si on ne peut pas toujours le prévoir…
Donc pourvu que ça continue, pourvu que ça dure et pourvu que RMC reste la radio des sports en général et des sports mécaniques en particulier…Voilà ce que l’on peut me souhaiter !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pouvons vous retrouver régulièrement sur RMC, dans le « Super Moscato show » et « Les grandes gueules du sport ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, oui ! Aujourd’hui, on me parle de travail mais ce n’est pas véritablement un travail pour nous. C’est vrai que c’est un plaisir parce qu’on est une équipe qui se connait depuis très longtemps, la complicité est née facilement au fil du temps. Je suis très ami avec Vincent dans la vie donc ça facilite pas mal de choses. Avec Eric aussi…On a appris à se connaitre. On est une belle équipe : Adrien, Pierre, Fred Pouillet, Stephen Brun maintenant. Il est plus jeune que nous, il est drôle, excellent à l’antenne, il a trouvé sa place, il a pris sa place tout seul, comme un grand qu’il est d’ailleurs. C’est vrai qu’on prend un énorme plaisir, c’est un peu le café du commerce, je l’ai toujours dit. Dans ce café, il y a un patron, c’est Vincent, c’est le taulier…
Ces programmes sont aussi, pour vous, l’occasion de partager votre expérience du haut niveau et votre regard sur l’actualité…
Il ne faut pas non plus exagérer…J’ai toujours été amoureux du sport en général, je pense quand même qu’il faut aimer le sport pour faire cette émission. J’aime tout, j’aime la formule 1, j’aime le tennis, je suis aussi un grand passionné de foot. Ce n’est pas difficile, après, de participer à cette émission ! Donner son avis en tant qu’expert ? Non, on le donne humblement et, surtout, je pense que les auditeurs et les auditrices ne nous écoutent pas pour avoir notre expertise, ou très peu. Il faut être honnête, les gens viennent aussi, en partie, parce que Vincent est là. Vincent, je disais tout à l’heure que c’est le taulier mais c’est plus que ça, c’est un showman, c’est quelqu’un qui fait le show, c’est quelqu’un qui est dans son élément. C’est avant tout son show, on est là pour lui servir les plats ou pour améliorer ses plats. Il a ce talent inné…Je l’ai connu, il avait 19 ans, je l’ai connu très jeune, j’ai 3 ans de plus que lui et c’est quelqu’un qui aimait toujours avoir du monde autour de lui, il avait besoin d’une cour, c’est un tribun, il se prenait pour Socrate peut-être J donc il transmettait la bonne parole. Il aimait faire le show, faire rire, il avait quand même ce côté saltimbanque. Il est fait pour cela, c’est son émission, c’est son show et nous sommes très fiers et très heureux d’y participer, évidemment.
Ces trois heures d’antenne sont un mélange, ainsi, d’actualité mais aussi de divertissement…
Celui qui m’a fait le plus beau compliment, c’était un ostéopathe, il y a 3 ans, au Pilat. Je ne le connaissais pas et il m’a reconnu à la voix. En fait, c’était un auditeur fidèle … Il m’a fait le plus beau compliment que l’on puisse nous faire, à savoir « vous devriez être remboursés par la sécurité sociale ». En fait, je crois que les gens viennent pour passer un bon moment, pour rire. Ce qui est curieux et surprenant, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes qui nous écoutent, de 20 ans et moins. Il y a de tout mais je suis toujours surpris que les jeunes nous suivent et adorent l’émission. Ils s’y retrouvent à travers Vincent et, je crois, à travers cet esprit de groupe. Il y a quand même un côté bande qui fait qu’ils s‘y retrouvent. Et, je le répète, cet esprit de café du commerce, où on dit tout et son contraire dans la seconde, où on dit n’importe quoi, où il y a un semblant d’expertise mais où, voilà, on est là pour faire rire avant tout. Donc c’est recommandé de dire des conneries…et on en dit beaucoup !
Le week-end, nous le disions, vous participez aussi aux « GG du sport »…
Oui, cela fait longtemps que j’y suis. J’ai commencé il y a plus de 15 ans et j’y suis maintenant chaque week-end depuis 10 à 12 ans. Dans mon contrat, je dois faire une émission par week-end parce que les deux, ça ferait trop de radio dans la semaine et je ne pourrais pas tenir. J’ai toujours pris du plaisir, c’est un autre plaisir, c’est une autre émission, c’est plus sérieux, ce sont des sujets sociétaux. Cela me plait aussi, chacun donne son avis, j’aime bien donner le mien, j’aime bien dire ce que je pense. Autour de JC Drouet, qui est le chef d’orchestre, que j’adore, qui est excellent, qui est un copain, on retrouve aussi Christophe Cessieux, un vieux de la veille, que je connais parfaitement depuis 18 ans que je suis à RMC.
Il y a une bonne ambiance, des copains sont là : Julien Benneteau, David Douillet, Fred Weis, Pascal Dupraz, Marion Bartoli, Sarah Pitkowski, Marc Madiot,…J’en oublie mais bon, c’est collégial aussi, on s’entend bien, c’est une autre émission et une autre forme de plaisir !
Pour vous, ces deux programmes semblent donc très complémentaires…
Disons que j’ai plus à préparer « Les grandes gueules » que le « Moscato Show ». Même si on pourrait penser que je ne prépare pas, je lis « L’Equipe » tous les jours de fond en comble parce qu’il faut rester dans l’actualité et qu’il faut être présent dans ce qui se dit un peu partout, dans tous les sports. Dans les « GG », on développe davantage les sujets, on nous donne le programme le jeudi, pour avoir un peu de temps pour préparer pour le samedi matin. Je ne suis pas usé, je suis encore là, au bout de 18 ans. J’ai commencé en 2007, c’est fou, j’ai l’impression que c’était hier et ça fait 18 ans que je suis dans la maison, ça me parait hallucinant.
Justement, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette très belle aventure radiophonique à RMC ?
J’ai fait mon temps mais tant que je prends du plaisir, je suis là…Pour l’instant, c’est le cas et, le jour où il y aura moins de plaisir, il sera temps de raccrocher. Je ne vais pas rester jusqu’à 70 ans, j’en ai 62 aujourd’hui et, déjà, je me projette jusqu’à la coupe du monde 2027 de rugby, pour aller là-bas faire partie de l’aventure. C’est dans deux ans mais ça passe tellement vite…Encore cette saison, on ne l’a pas vue passer. Les rythmes sont quand même soutenus parce qu’en fait, on ne décroche jamais vraiment, à part l’été. Donc on ne peut me souhaiter que du bonheur mais j’en ai déjà beaucoup donc tout va bien ! Et la santé…Je suis passé par des opérations l’année dernière donc j’ai un peu donné mais, là, ça va super !
Pour terminer, quel regard, plus personnellement, portez-vous sur la saison en cours de Top 14 ?
C’est un regard bienveillant, évidemment. J’aime beaucoup le Top 14, qui est devenu de plus en plus dur pour toutes les équipes. Il n’y a plus de petites équipes : quand on voit la saison de Vannes, qui est exceptionnelle, le jeu qu’ils produisent….N’oublions pas qu’ils sont allés gagner à La Rochelle, qu’ils ont failli gagner au Stade Français, qu’ils menaient 26 à 0 contre Bègles-Bordeaux à la mi-temps et qu’ils ont perdu par bêtise,…Ils font une saison exceptionnelle, ils vont peut-être se sauver, cela ne tient qu’à eux. La dernière ligne droite va être périlleuse mais j’ai un coup de cœur pour cette équipe qui est absolument incroyable et qui, je le répète, produit un jeu spectaculaire. J’espère, au fond de moi, qu’ils s’en sortiront.
Après, Toulouse survole les débats, même si, sans Dupont, il faudra que Toulouse soit encore plus fort. Ils l’ont prouvé à Toulon le week-end dernier…Cette équipe me semble difficilement jouable dans la mesure où, devant, ils sont en pleine maitrise. Ils sont au-dessus du lot au niveau des avants. Après, on peut penser que Bègles-Bordeaux rivalise vraiment derrière parce qu’ils ont une ligne des ¾ assez spectaculaire, on les connait tous. Voilà, ça va se jouer sur des détails…
Si on peut parler d’outsiders, je mettrais Toulon parce qu’ils ont un effectif, une profondeur de banc, qu’ils sont costauds devant, même s’ils ont eu du mal contre Toulouse où, on l’a vu, ils n’ont pas eu une occasion d’essai. Mais pourquoi pas Toulon, dans de meilleures conditions…Encore une fois, Toulouse fait figure de grand favori, ils sont impressionnants même sans Dupont et Capuozzo donc je mettrais Toulouse au-dessus, évidemment.