Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Vous avez sorti, il y a quelques jours, un nouveau titre, « Mon père ». Si l’on revient à la genèse de ce projet, comment vous en sont venues l’envie et l’idée ?
Je ne l’ai jamais encore dit, j’ai écrit cette chanson quand j’étais à un arrêt de bus ! J’attendais le bus E, il ne venait pas, j’ai patienté deux heures et, du coup, j’ai sorti mon téléphone. Quitte à être coincée, j’ai commencé à écrire quelque chose, notamment « c’est un navire, un étendard, mon père, mon père ». Là, je me suis dit que c’était parti ! Cela m’est venu de manière naturelle, je suis très proche de ma famille, quand j’écris je parle souvent de choses très intimes et très personnelles. Je n’ai pas vraiment calculé le fait de vouloir faire, à ce moment-là, un hommage à mon père mais, finalement, les circonstances ont fait que je suis très contente de l’avoir effectué. Je l’ai sorti pour la fête des pères, juste avant, aussi, de me marier donc il y a un côté remerciements à mon père pour tout ce qu’il m’a donné. Le timing est parfait dans ma vie personnelle, sans être calculé.
Beaucoup de chansons sur les papas me touchent, notamment un titre de Linda Lemay qui dit « le plus fort, c’est mon père ». J’avais envie, moi aussi, de contribuer à ces émotions en parlant de mon papa, comme d’autres artistes ont pu le faire auparavant.
Sans doute que tous les moments que vous avez pu partager avec votre père jusqu’à aujourd’hui vous ont aidée à finaliser le texte de la chanson ?
Complètement ! Concernant le texte lui-même et les mots que j’ai employés, je me suis replongée dans nos souvenirs d’enfance. Mon père me filmait tout le temps quand j’étais petite, j’ai donc la chance d’avoir pas mal de vidéos souvenirs, j’ai d’ailleurs mis un extrait dans le clip et cela m’a permis de remonter un peu le temps et de me rappeler ce qu’était mon père, pour moi, quand j’étais enfant et ce qu’il est aujourd’hui. C’est vrai que mon père m’a transmis énormément de choses, notamment il m’a appris à chanter, je l’en remercie parce que la musique est ce qui m’apporte mon plus grand bonheur aujourd’hui. Mon père l’a fait parce que lui aimait chanter, il nous chantait toujours des chansons lors de longs trajets en voiture, on l’accompagnait donc il était un peu le chef d’orchestre. Chantant énormément en arabe, il m’a transmis la musicalité orientale et, par la même occasion, en traduisant chaque mot, il m’a appris la langue.
Il m’a ainsi transmis cet amour de la musique parce que je voyais comment ça le faisait vibrer. En tant que petite fille, je voulais faire plaisir à mon père, j’ai appris à chanter les mêmes titres que lui. Au début, c’étaient des chants patriotiques, c’était très marrant et, du coup, je voyais la fierté dans ses yeux, ce qui m’a incité à continuer de chanter. Bien sûr, j’ai développé par moi-même mon amour pour la musique, qui m’a canalisé toute mon énergie et qui m’a amenée dans un état de bonheur infini.
Au-delà des mots très forts, la mélodie qui accompagne la chanson aide à faire ressortir l’intensité des paroles…
J’ai voulu créer une mélodie qui soit un peu comme un poème chanté, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’envolées dans la chanson mais c’est comme une rengaine. Je répète d’ailleurs à la fin le premier couplet pour donner du poids aux mots et une impression d’infini : c’était comme cela au début, c’est comme cela à la fin et ça le restera toujours. C’est comme une ligne infinie qui durera éternellement. Du coup, dans les mots que j’ai choisis, je raconte plein de choses à propos de mon père, notamment son amour pour son pays. Il est fou amoureux du Liban, il a tout donné pour son pays : sa jeunesse, sa plume, ses économies, sa passion pour la politique,…Du coup, il nous a évidemment transmis cet amour mais il nous a également transmis la nostalgie et la mélancolie de l’éloignement du pays. Ainsi que le mal-être qui va avec la crise de 2020, que je chantais dans une autre chanson, « Alors je reste ». J’y parlais de moi mais aussi, d’une certaine façon, déjà de mon père aussi.
Dans ce nouveau titre, je raconte également le fait qu’il est toujours là pour me relever quand ça ne va pas mais aussi ce qu’il m’a appris, notamment que chaque jour est un nouveau départ. C’est important pour moi parce que, dans la vie, dans n’importe quel projet que tu entreprends, tu as toujours l’impression que ça n’avance pas assez vite. Le fait de te dire que chaque jour est l’occasion de recommencer et de rajouter un pas de plus apporte une sorte d’entêtement d’aller au bout de tes projets. La musique est comme cela : je commence chaque nouveau projet comme si je recommençais de zéro. Je suis très fière de mon parcours mais j’ai quand même l’impression de recommencer du début à chaque fois ! Mon père m’a transmis cela, le fait de se remettre en question tous les jours, de se rechallenger et d’oser à nouveau à chaque fois se réexposer et prendre des risques.
Justement, quelle a été la réaction de votre papa lorsqu’il a entendu cette chanson pour la première fois ?
Vous pouvez le voir dans le clip, c’était hyper intense ! Au début, c’était la surprise, il était vraiment étonné : la chanson démarrant par des extraits sonores de notre enfance, il a entendu sa voix et s’est demandé ce qui se passait…Dès que j’ai commencé à chanter, on voit qu’il commence à sourire, comme un peu apaisé et, quand je dis « mon père, mon père », il comprend que la chanson parle de lui et fond en larmes…Au moment où on a tourné le clip, on était tous en larmes aussi car, forcément, c’est communicatif ! C’était hyper touchant, c’était un vrai beau moment et je suis hyper heureuse de l’avoir figé dans le temps. C’est une façon pour moi d’avoir préserver, dans une vidéo et dans une chanson, l’essence de ce qu’est mon père, c’est-à-dire ses émotions et son amour.
Plus globalement, quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir du public sur ce nouveau titre ?
Ce qui est fabuleux, c’est que le retour commun dans tous les commentaires reçus est « j’ai pleuré, ça m’a touché ». C’est super fort pour moi, c’est comme si j’avais réussi à transmettre en ligne directe, grâce à la musique et à ce clip, l’émotion que j’ai ressentie quand j’ai écrit la chanson. Ce pouvoir de la musique est fabuleux, il permet de connecter les émotions d’une personne à l’autre en direct. Je suis très contente que ça ait atteint son but, celui de toucher les gens.
J’ai eu quelques témoignages aussi de papas, touchés de l’hommage que j’ai rendu au mien. Aussi de filles qui ont perdu leurs papas et qui ont pleuré. Donc chacun peut y mettre un bout de sa propre histoire car c’est un thème universel…Cela peut réveiller des émotions chez tout le monde. En tout cas, je suis hyper touchée de lire toutes ces réactions !
D’ailleurs, ce titre-là vous a-t-il donné l’envie, pour la suite, de poursuivre cette belle aventure musicale en proposant d’autres chansons prochainement ?
Complètement ! En 2023, j’avais sorti « Alors je reste », « Mon père » est le deuxième titre et je vais commencer à sortir de nouveaux titres tous les 2 à 3 mois donc de manière beaucoup plus régulière. Ils sont déjà prêts et tous mis bout à bout formeront mon projet « Implicite ». C’est un projet bien sûr très intime, presque confidentiel, qui parle des non-dits. En Orient, on a beaucoup cette culture du non-dit, on parle avec les yeux, on dit l’inverse de ce que l’on pense mais l’autre comprend à travers autre chose ce que l’on dit, c’est vraiment tout un art. J’ai grandi évidemment là-dedans, j’ai une forme de pudeur des sentiments dans la vie, où je me montre toujours très forte, où je ne me montre jamais vulnérable donc la musique me permet justement de mettre toute ma vulnérabilité quelque part. Je la déverse dans mes chansons, cela me fait du bien et, d’une certaine façon, je montre mon vrai visage au public. J’ai toujours une grosse pudeur avant de sortir mes chansons, je me demande ce que les gens vont en penser…C’est toujours un moment génial de libération quand ils me voient avec mon vrai visage ! Moi qui suis hypersensible, cela me fait du bien de pouvoir être moi-même dans mes chansons !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
La rentrée sera l’occasion, pour vous, d’une belle actualité, riche et variée. Vous serez notamment en tournée théâtrale avec la pièce « Secret de famille ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être ?
Oui, tout à fait ! Cela faisait 3 ans que je n’étais pas montée sur scène et ça commençait à sérieusement me manquer. D’avoir décroché ce rôle est pour moi une joie immense !
Comment présenteriez-vous ce spectacle ?
C’est une pièce d’Eric Assous, mise en scène par Philippe Hersen. C’est l’histoire d’un jeune couple de futurs mariés, je joue le personnage de cette jeune femme qui, on ne sait pas pourquoi, va décider d’avouer à son futur beau-père qu’elle est tombée amoureuse de lui. C’est un véritable coup de foudre ! Au début, le beau-père pense que c’est une blague mais il comprend finalement que c’est sincère et que ce n’est pas juste un délire. Mais mon personnage reste toujours très amoureuse du fils…C’est là toute la dualité : elle aime sincèrement son futur mari, elle a envie de se marier avec lui mais elle a cet amour pour cet homme. Le beau-père tente de la résonner, lui dit qu’ils vont oublier tout cela… mais ça ne va pas se passer comme cela…Il va y avoir de nombreux rebondissements, des moments très comiques, des quiproquos, ….C’est vraiment très très drôle !
Avec Xavier Deluc, on a eu, de suite, une alchimie et ça s’est confirmé avec le reste de l’équipe très rapidement : les lectures que l’on fait actuellement se passent très bien, on se marre déjà beaucoup !
Ce personnage semble vous permettre une palette de jeu large et variée, qui doit être plaisante…
Je viens plutôt du théâtre classique, j’ai beaucoup joué de pièces dans ce registre. J’avais déjà fait une comédie il y a fort longtemps, c’était une de mes premières pièces. Là, je retrouve beaucoup de comédie dans le texte donc un autre rythme de jeu et d’autres codes. C’est moderne et, franchement, je suis très contente de retourner au théâtre avec un tel spectacle, frais et drôle. Je pense que les gens ont envie de venir au théâtre aussi pour rire et c’est ce que dégage la pièce. Donc, oui, c’est très plaisant pour moi !
D’autant plus que mon personnage traverse pas mal d’émotions, entre de la peur, de la timidité, de la sensualité, de la joie, des larmes,…Franchement, je pense que je passe par toutes les émotions dans cette pièce !
Au-delà du texte et de la mise en scène, avez-vous certaines sources plus personnelles d’inspiration pour ce personnage ?
Petite anecdote croustillante mais qui date, je le dis bien : je suis déjà tombée amoureuse d’un homme plus âgé que moi. Je ne pensais pas que ça allait m’arriver et, quand c’est là, c’est assez étonnant. C’est quelque chose qui nous dépasse : le fait de tomber amoureux ne se contrôle pas et, quand on aime, on ne compte pas. En fait, quel que soit l’âge ou le statut social, l’alchimie avec une personne ne se contrôle pas…Donc, effectivement, comme j’ai déjà ressenti cette sensation, peut-être que ça m’aidera dans le travail de mon personnage. Pour moi, c’est totalement crédible et c’est totalement dans l’air du temps : j’ai l’impression que, aujourd’hui, les gens assument un peu plus le fait d’avoir une différence d’âge. Dans le travail de mon personnage, je pense qu’il faut jouer vraiment la sincérité car on est dans une comédie. Ce sera d’autant plus facile qu’avec Xavier, on a eu une vraie rencontre…
A quelques semaines de la première, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Quels sentiments prédominent entre l’impatience et l’appréhension ?
Cette pièce commence par une tournée alors que j’ai eu plutôt l’habitude de d’abord jouer à Paris. Donc ce sera nouveau pour moi de roder la pièce en province. Mais je suis contente car je sais à quel point le public est content d’être là et à quel point il est convivial. C’est pour cela, qu’en général, les tournées ne sont que du bonheur : le public est content de nous voir, il y a une proximité avec les spectateurs. Je suis hyper contente, c’est assez jouissif car je sais déjà que j’ai du travail pour plusieurs mois, ce qui est quand même un beau cadeau. En tout cas, je suis hyper excitée et j’ai hâte !
En complément, aura lieu en octobre prochain, du 9 au 12, un nouveau festival sur Sète…Quelles en seront les thématiques ?
Le festival s’appelle « Créatvty », joli jeu de mots trouvé par le directeur, Stéphane Caput. Il a eu l’envie de créer ce festival de créations audiovisuelles, à Sète. Il n’y avait pas d’offre de festival comme celui-ci, dans cette région. J’insiste, on n’est pas là pour être en compétition avec d’autres festivals, on est en plus. Il a pour ambition de diffuser toutes les nouvelles créations audiovisuelles de télévision et de mettre en avant-première certains films de cinéma. On mettra également en avant des séries, on récompensera aussi des unitaires. On sera en partenariat avec le conservatoire national de musique de Sète et avec le grand théâtre Molière, qui sont magnifiques. Ce qui sera l’occasion de mettre en avant la musique.
On a envie d’offrir un joli festival au public sétois et à la région Occitanie, c’est une très belle ville, on a de jolis partenaires, franchement ça va être magnifique ! Ce festival a l’ambition d’être un très très gros festival et j’ai hâte !
Justement, ce festival sera certainement l’occasion pour le public de rencontrer les artistes des œuvres mises en avant …
Oui, une bonne partie des acteurs et réalisateurs des œuvres projetées seront présents ! C’est une première édition, on voudrait faire tellement de choses… En tout cas, on est hyper fiers des œuvres qui seront projetées pour cette première ! Il y aura également des master class, c’est chouette ! Sans oublier un ou deux concerts de musiqueJ.
Plus personnellement, quel est votre rôle dans l’organisation de ce bel évènement ?
A la base, on m’avait contactée pour être membre du jury mais je n’étais pas sûre de mes disponibilités…J’ai alors proposé mon aide pour l’organisation et a ainsi été évoqué le fait que je puisse accompagner la programmation. Je trouvais l’idée géniale et, au départ, pour être tout à fait honnête, je pensais que l’on allait m’envoyer des séries à visionner, des films à regarder et que j’allais pouvoir donner mon avis. Mais non, comme c’est une première édition et que les productions ne savent pas encore que l’on existe, mon job a été de passer des coups de téléphone, d’appeler les productions, d’appeler les réalisateurs et d’appeler tous mes contacts. Ce qui m’a permis de me rendre compte que j’avais un sacré réseau, ce qui est évidemment plaisant. C’était passionnant et hyper intéressant, j’ai eu un autre rapport aux personnes appelées, avec qui, pour la plupart, j’avais déjà travaillé : là, je les appelle pour mettre en avant leur projet, du coup ça me donne une autre casquette, qui me plait beaucoup ! Je m’occupe aussi de certains invités et des membres du jury.
Donc ma casquette première est vraiment de m’occuper de la programmation mais on aide tous en donnant des idées, cela se fait en équipe ! C’est un travail costaud, je ne suis évidemment pas seule, je tiens à le dire, je travaille sur la programmation avec Emmanuelle Aymard et Stephane Caput, le directeur du festival. Franchement, je suis hyper fière !
Dans un autre registre, vous serez aussi à l’image le vendredi 13 septembre, en tant que guest, dans la série « Simon Coleman » pour France 2, dans l'épisode "Confiserie amère"…
C’est un super projet, avec une super équipe ! Je joue une jeune femme, d’une famille aixoise plutôt riche, qui a une entreprise de calissons. Cette demoiselle a le désir de fonder une famille avec l’homme qui partage sa vie. Ce garçon travaille dans l’entreprise familiale, il fait des vidéos sur les réseaux pour montrer la fabrication et, pendant une vidéo en direct, il se fait kidnapper ! Ainsi démarre l’intrigue…Il va ensuite finir à l’hôpital…Il va y avoir un meurtre et se pose la question de ce qui s’est passé.
On a tourné au mois de mars, il faisait très beau, c’était très chouette ! Jean-Michel Tinivelli et son acolyte Flavie Pean sont de super partenaires, Rebecca Hampton, qui joue ma maman aussi. C’était vraiment très cool !
Pour terminer, quels sont vos autres projets et actualités en cours ou à venir ?
Je suis sur un projet qui me tient énormément à cœur mais qui prend son temps, un seule en scène sur Jeanne d’Arc. J’avais déjà joué seule sur scène pendant 5 ans et ça me manquait de retrouver un personnage si fort et si emblématique. Mon ami Vincent Mottez a écrit ce spectacle pour moi, l’idée est de le retravailler pour qu’il puisse aller au théâtre.
Il y a aussi le tournage d’un pilote de Pascal Jardel, sur les fantasmes féminins. L’idée est de filmer une histoire où les femmes pourront librement parler de leurs fantasmes sans que ce ne soit filmé. On dit souvent que l’on n’a pas besoin de montrer pour susciter le désir et c’est exactement ce que Pascal veut mettre en avant. Cela devrait être tourné l’année prochaine.
Je ferai également une petite apparition dans la prochaine série de Marc Fitoussi « Ça c’est Paris », série sélectionnée au Festival de la Fiction TV à La Rochelle. Il m’a proposé de faire un petit coucou grâce à notre collaboration dans la série « Dix pour cent ».
Enfin, une autre pièce est en projet…
A titre personnel, je suis en écriture d’un long-métrage, qui est, pour le coup, une histoire familiale. Aujourd’hui, je ressens le besoin de le faire et je pense, maintenant, avoir les épaules pour…Je sais que je suis, à présent, prête à écrire ce film, il me faut simplement trouver le temps.
Quel plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle interview ensemble !
Vous serez de retour sur la scène du Petit Gymnase le 20 août prochain, dans la pièce « Ok Google comment on cache un corps ? ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous de faire partie de cette belle aventure depuis plusieurs semaines ?
Oui, complètement ! Cela faisait un moment, en plus, que je n’avais pas été sur les planches… depuis 2021. Je jouais alors dans « Le libertin », d’Eric-Emmanuel Schmitt, où j’avais la chance d’interpréter à la fois un homme et une femme. Ce fut aussi une belle aventure. Là, je suis Hélène dans cette nouvelle pièce, c’est fabuleux car c’est un personnage qui me donne beaucoup de choses à jouer : Hélène est solaire, elle est lumineuse, elle est un petit peu perchée aussi et elle est complètement hystérique. Elle est même bipolaire je pense. C’est une femme qui aime profondément son mari, qui ferait tout pour lui, jusqu’à même, peut-être, tuer quelqu’un pour sauver leur petit confort. Elle est prête à tout…Donc, oui, c’est un vrai plaisir d’être sur les planches…On reprend en aout et on sera sur scène tous les jours de septembre, voire plus…
Plus concrètement encore, comme présenteriez-vous cette pièce ?
C’est un homme politique, Bernard Brunard, un ancien ministre, qui a été assigné à résidence. Il a un bracelet électronique et ne peut évidemment pas sortir de chez lui. Un jour, en prenant son café, il se rend compte qu’il y a un mort sur son canapé. De là se pose la question : que faire de cet homme ? Il s’avère que, finalement, il n’est pas mort et, en fait, qu’il est venu faire du chantage pour récupérer de l’argent.
A côté de cela, la secrétaire est aussi la maitresse de Bernard et Hélène, qui est un peu perchée, pense que cet homme est le nouveau jardinier et que sa maitresse est en fait la nouvelle domestique qui, bizarrement, n’est vraiment pas dégourdie pour faire du ménage. Entre temps, ils ont appelé la police, qui finit par arriver, qui rentre et sort de la maison à des instants où on ne s’y attend pas. Et pour connaître la suite, il faut venir…
Ce personnage semble ainsi vous permettre une palette de jeu large et variée, qui doit être plaisante…
Ah, c’est un vrai bonheur ! C’est vraiment génial d’être hystérique sur scèneJ. Le personnage a été écrit comme cela mais la mise en scène d’Ophélie Bazillou accentue le trait. Il y a tellement de ruptures à faire, c’est un vrai bonheur de passer du coq à l’âne et du chaud au froid, tout le temps. C’est un joli cadeau de la vie ! Je suis très contente d’être Hélène !
Sur certains traits de sa personnalité, vous retrouvez-vous parfois en elle ?
Quand j’ai passé l’audition, je me suis demandée « mais waouh, pourquoi m’auditionne-t-on pour ce rôle ? Je n’ai rien d’une bourgeoise ! ». Dès que je peux, je suis en claquette, je mets toujours des vêtements un peu amples, j’ai les cheveux jamais coiffés…Je suis comédienne, d’accord, mais je me disais que ce personnage est tellement loin de moi… Agnès, mon alternante, incarne tellement bien le personnage mais j’ai été prise ! J’ai commencé par le costume, j’ai dû mettre un petit tailleur et faire le chignon, pour m’aider. Petit à petit, à force de travail, le costume m’a guidée et j’ai aussi travaillé sans, pour ne être dépendante. Au fil des répétitions, j’ai fini par choper le personnage, puis, oui, j’ai rajouté de Mylène dans Hélène…Mais je pense aussi qu’il y a d’Hélène en Mylène !
Je m’amuse beaucoup et ce personnage me fait du bien. Il me donne aussi, bizarrement, confiance…
Vous l’avez dit, la distribution est alternante selon les représentations. Cela doit être enrichissant pour toute la troupe…
Oui, c’est chouette ! Cela permet de travailler aussi sur d’autres projets à côté. C’est merveilleux d’être plusieurs mais il faut s’adapter aux univers et aux énergies de chacun…Mais, en même temps, l’adaptabilité fait partie de notre métier et c’est même quelque chose d’humain : on passe notre vie à s’adapter aux autres.
Volontairement, au début, je ne suis pas allée voir Agnès, afin de ne pas l’imiter. Je trouve qu’elle incarne tellement bien le personnage que ça m’a un peu effrayée donc je me suis vraiment recentrée sur moi. On est tellement différentes physiquement que c’est compliqué de coller, et ce n’est pas grave du tout en fait. J’ai trouvé mes trucs, elle a trouvé ses trucs…
Après quelques représentations, vous êtes naturellement encore au début de cette aventure et sans doute que vous continuez à peaufiner et à affiner votre jeu notamment…
Complètement ! Oui, oui, pour l’instant, on cherche encore nos marques et c’est normal. On se dit toujours qu’il faudrait que ce soit impeccable dès la première mais c’est compliqué. C’est allé très vite, il n’y a eu que peu de temps entre le casting et le début des 15 jours de répétition…En même temps, c’est bien, cela évite de se poser trop de questions. Je sens qu’il y a encore des points que je peux améliorer. Entre nous, on se voit une heure et demie avant chaque représentation pour une italienne, on débriefe, on essaie des choses et on voit si le public aime. C’est galvanisant !
Quels principaux retours du public justement avez-vous déjà pu avoir sur les premières représentations ?
En général, c’est très positif ! On a de bons retours sur l’écriture de Sébastien Decordes, sur la globalité de la pièce, sur les personnages qui sont très définis, sur l’énergie, sur le côté humoristique,…On a vraiment de bons commentaires ! Le directeur du théâtre aussi nous a félicités pour notre jeu ! C’est cool et il faut que ça continue !
On ne l’a pas encore dit, c’est un beau théâtre dans un beau quartier, ce qui doit certainement accentuer un peu plus encore le plaisir pris…
Tout à fait ! Quand tu sais que tu joues au théâtre du Gymnase, tu te dis « waouh, j’y suis, les gars ! ». Ce n’est pas la grande salle mais c’est quand même une jauge de 150 places, qu’il faut remplir. Quand les gens rigolent, qu’ils sont dans la pièce et dans l’histoire, c’est merveilleux, ça donne une boule d’énergie tellement grande qu’il faut au moins 3 heures avant de s’endormir le soir.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
Que le bouche à oreille fonctionne, que ce soit complet tous les soirs, qu’on ait de belles critiques, que je continue à être heureuse dans cette pièce !
En complément, quels sont vos autres projets ou actualités en cours et à venir ?
A côté, j’ai écrit mon seule en scène, qui s’appelle « Par amour », et que je commence à travailler avec la metteuse en scène, Estelle Djana Schmidt. Je parle d’histoires familiales, d’histoires amicales, d’histoires sentimentales parce qu’on a tous besoin d’amour : on le cherche tous les jours, parfois il nous bouscule, on l’aime et, dès fois, il nous fait du mal. Je parle de tout cela, je parle de ce que l’on fait de cet amour, …ce sera une heure de spectacle avec, aussi, des chansons guitare voix…
Ce travail me touche beaucoup, j’ai hâte de pouvoir le proposer prochainement, pourquoi pas dès la rentrée !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous avez participé, cet été, pour la première fois, à la mythique émission de France 2, « Fort Boyard », afin de défendre l’association Arsla. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela a dû être pour vous de valoriser cette belle et noble cause ?
D’autant plus que c’est une cause dans laquelle je suis vraiment très impliqué depuis au moins 18 mois, aux côtés de Lorène. En fait, c’est elle qui, quand elle a été diagnostiquée, est venue me voir pour me dire qu’elle avait décidé de se battre, de faire connaitre cette maladie, de récolter des fonds pour la recherche et d’être vraiment quelqu’un d’extrêmement actif auprès de l’association. Elle avait ajouté avoir besoin de moi, puisque je suis médiatisé, pour l’aider à donner du retentissement à ce combat. J’ai aussitôt dit oui, bien entendu, d’une part parce que l’on ne refuse rien à Lorène et d’autre part parce que la cause mérite vraiment que l’on se batte chaque jour pour elle, cette maladie étant particulièrement cruelle et négligée depuis de longues années, pas assez au centre de l’attention, délaissée en termes de fonds et de recherche. Il y avait donc vraiment un gros gros travail à faire. Une association nationale, l’Arsla, faisait un boulot fantastique mais avait besoin, elle aussi, de relais. C’est vrai que j’ai toujours essayé d’être impliqué et investi dans ma vie et, depuis quelques temps, je n’avais pas d’engagement précis donc ça m’est apparu vraiment comme une évidence de me consacrer beaucoup à cette maladie de charcot, à cette sclérose latérale amyotrophique. C’est vrai que côtoyer Lorène, avec son énergie, sa résilience et son charisme, est quelque chose d’enthousiasmant donc ça prend beaucoup de mon temps depuis 18 mois.
D’autant plus que c’est un programme familial dont chacun a des images et des souvenirs qui lui reviennent à l’esprit en en parlant…
Oui, « Fort Boyard » est vraiment une émission mythique, qui a sa place dans le cœur de beaucoup de français, qui est ludique, bon enfant et, en même temps, où il faut aller un peu au bout de soi-même sur certaines choses quand on y participe. Je n’avais jamais eu la chance d’y participer : ayant fait l’essentiel de ma carrière chez TF1, il y avait une sorte de concurrence avec France 2 et donc on n’était pas trop autorisés à aller sur leurs programmes. C’est pour cela que j’ai fait ma première participation finalement très très tardivement. Quand on nous a proposé de faire une émission au bénéfice de l’Arsla, j’avoue que j’étais extrêmement heureux et fier, je n’ai pas hésité une seule seconde.
En arrivant sur place, certainement avez-vous été impressionné par le lieu ?
C’est un mélange…Il y a tout un côté magique de découvrir ces lieux, qui sont chargés d’histoire, avec ce côté fort planté comme cela au milieu de l’eau, il y a un certain émerveillement, ça réveille en tout homme le petit garçon qu’il était et qui jouait au corsaire et aux pirates. Mais, en même temps, on s’attend à quelque chose de plus imposant encore, de plus vaste et on est surpris de voir que, finalement, ce fort n’est pas si immense que cela, n’est pas si majestueux que cela. C’est une très belle construction mais ce n’est pas si grand. Evidemment, la force et la magie de la télévision sont de donner des impressions de parcours immense et de cavalcades d’un bout à l’autre du fort mais, en réalité, le lieu n’est pas si grand que cela. Mais cela lui donne peut-être un charme encore plus important, on a l’impression d’être sur un petit ilot au milieu de l’océan et d’être, en même temps, très à l’abri de la force des éléments parce que cette construction, qui date de Vauban et qui est éminemment solide et costaud, donne l’impression qu’il peut se passer n’importe quoi sans que l’on ne risque rien du tout.
Vous avez, en plus, eu la chance d’être entouré par une belle équipe, d’amis pour certains, ce qui a dû être particulièrement plaisant…En tout cas, très vite la cohésion de l’équipe s’est faite ressentir…
On avait eu la chance de vivre avec Marine et Claude, aux côtés de Lorène, un raid solidaire en janvier dernier en Laponie, qui avait été extrêmement intense, que ce soit physiquement ou psychologiquement, avec des épreuves vraiment dures, où il fallait se dépasser totalement. On avait, à l’occasion de ce raid, pu sympathiser et déjà éprouver cette solidarité et cette entraide qui sont aussi nécessaires sur « Fort Boyard ». Après, on connaissait bien également Mario, qui est, lui aussi, ambassadeur de l’association, son père ayant été atteint et étant décédé de cette maladie il y a quelques années. La seule que l’on ne connaissait pas était Maelle mais elle est une personnalité tellement solaire, charmante et gaie qu’en quelques minutes, elle était intégrée à la bande. On avait eu le temps de faire connaissance la veille au soir…Donc c’est vrai que l’on avait une bonne équipe de gens qui s’entendaient bien et qui, pour certains, se connaissaient déjà pas mal dans des conditions pas forcément faciles. L’émission et les épreuves que l’on vit renforcent absolument ces aspects-là…On est tous animés par l’envie d’essayer de remporter un maximum d’argent pour l’association pour laquelle on se bat, ça crée une émulsion, une sorte d’effervescence, on est tous dans la même énergie. On est là pour se soutenir, se serrer les coudes, s’épauler aussi dans les moments difficiles parce qu’il y en a au fil de la journée, évidemment on ne réussit pas tout donc c’est là, plus que jamais, qu’il faut se remonter le moral et se remotiver. Vraiment, c’est une journée qui rapproche : pour peu qu’il y ait déjà des affinités entre les gens, ce qui était notre cas, on en ressort avec un vécu commun qui est un vrai petit ciment.
Votre première épreuve a été celle, en duo avec Maelle, de la poutre jet d’eau, une épreuve particulièrement redoutable…
J’ai été d’autant moins épargné que j’ai un problème de pied, j’ai eu une très grosse fracture au pied gauche il y a 23 ans maintenant, dans une émission de télévision où j’ai chuté d’un mur d’escalade de 6 mètres de haut : j’ai eu le pied gauche en miettes, talon, cheville, …en dizaines de morceaux, j’ai été très très bien opéré et on m’a reconstitué le pied et le talon d’une façon admirable mais, néanmoins, depuis, j’ai des douleurs permanentes sur le pied gauche et j’ai notamment une mobilité beaucoup plus réduite à gauche qu’à droite, donc un équilibre sur le pied gauche qui est très précaire. C’est tout le côté un peu taquin de « Fort Boyard », on nous demande quelle épreuve on n’aimerait pas faire et, systématiquement, ils nous mettent une des épreuves que vous n’aviez pas envie de faire. Ce dont on ne se rend pas compte quand on regarde l’épreuve, c’est que la poutre, non seulement, n’est pas large du tout – elle fait à peine 10 centimètres – mais en plus, est molle – c’est comme si vous marchiez sur un oreiller. Donc vous n’avez pas un appui ferme du tout et pour quelqu’un qui, comme moi, a très peu de mobilité, c’est très difficile de compenser justement le fait que le pied s’enfonce à gauche ou à droite dans cette matière un peu molle. C’était compliqué pour moi d’arriver à progresser et, avec les jets d’eau en plus qui vous giclent en pleine face, avec une force qui peut vraiment vous déstabiliser, c’est vrai que je n’ai vraiment pas brillé dans cette épreuve-là.
Heureusement, Maelle a été beaucoup plus agile et performante que moi, elle a réussi à choper le code juste avant de tomber. Mais c’est vrai que ce n’est pas une épreuve facile…Il faut savoir, en plus, que je mesure 1m 93 donc j’ai un centre de gravité assez haut et, là aussi, Maelle a bénéficié de sa taille plus petite pour pouvoir arriver au bout et nous dégoter cette clé. Mais je n’ai pas brillé ni sur la première, ni sur la deuxième épreuve…
Justement, par la suite, vous avez retrouvé Maelle dans la laverie automatique, un moment qui aura occasionné un joli fou-rire chez vos camarades d’aventure…
Chez moi aussi ! Je riais tellement, on ne se rend pas compte, parce qu’on se casse la figure et qu’on n’arrive pas à se relever. Je souriais, ce qui me rendait encore plus incapable de faire quoi que ce soit. Comme la lessiveuse se remplit de mousse, j’en ai avalé par grandes gorgées…A un moment, je me suis dit que j’allais me noyer et ça me faisait encore plus rire aux éclats. Je pense que la séquence va rester un peu dans les bêtisiers parce que c’est vrai que je suis particulièrement ridicule. En plus, étant accrochés, alors que l’on a au moins 30 centimètres de différence de taille, et qu’il fallait lever le bras pour attraper la clé, à chaque fois il fallait que je soulève Maelle et donc ça me faisait chuter…Enfin, c’était épouvantable mais j’en rigole encore ! J’ai des amis qui, depuis la diffusion de l’émission, me disent regarder la séquence à chaque fois qu’ils n’ont pas le moral ou qu’ils ne sont pas en forme. Donc, au moins, je pense que ça restera comme cela, comme un des bêtisiers un peu culte de « Fort Boyard ».
Au moment des indices, s’est présentée à vous une cellule emblématique de l’émission, celle de la tête chercheuse. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Je dois dire, au fil de ma carrière de télévision, que j’ai souvent été confronté à des épreuves où je devais faire face à des insectes ou à des animaux qui suscitent souvent le dégout ou des phobies…et j’ai la chance d’être plutôt stoïque par rapport à cela. Donc j’avais dit que je voulais bien faire cette épreuve qui, finalement, rebutait beaucoup de mes camarades. Cela m’a plutôt amusé, c’est une épreuve que j’ai subie sans trop de frayeur ni de stress. Cela m’amusait plutôt de découvrir, dans chaque nouvelle bulle, ce qui allait se produire : il y a eu des rats, des pigeons, des vers de terre, des mouches qui rentraient dans tous les orifices du visage, il fallait avaler un liquide dont on ne savait pas trop ce que c’était, lécher une sorte de sucette où on ne savait pas trop non plus quel insecte s’était posé dessus. J’ai fait fi de mes petits hauts le cœur et j’avoue que j’ai été plus performant dans celle-là parce que j’ai géré mon stress et mon dégout éventuel.
En fait, le souvenir que j’en garde, c’est le fait qu’il faille absolument crier pour faire entendre le nombre à donner. En fait, on n’a pas la possibilité de revenir en arrière, on est obligé d’avancer donc il fallait crier ce chiffre mais mes partenaires n’entendaient pas…C’est pour cela qu’à un moment, je crie comme si j’étais au fin fond d’un puits de 25 mètres…Je demande « vous m’entendez ? Vous m’entendez ? » parce que j’étais angoissé à l’idée qu’ils ne chopent pas le numéro que j’étais en train de leur crier. J’étais stressé par le fait que tous les efforts que je faisais puissent éventuellement être réduits à néant par le fait qu’ils ne m’entendent pas ou qu’ils entendent mal un des nombres, plus que par le fait des mouches qui me pénétraient dans le nez ou la bouche ou des pigeons qui me déféquaient sur la tête, joyeusement. C’est vrai qu’au sortir de là, on n’est pas très brillant physiquement, on est vraiment dans un sale étatJ.
Votre duel, par la suite, face au maitre du temps s’est exceptionnellement déroulé dans la cellule interdite, celle du Repère des bannis. D’abord perdant avec le bras gauche, vous remportez ensuite les deux autres bras de fer main droite…
Le maitre du temps était plutôt assez costaud et musclé…En fait, j’avais rempli, comme tout le monde, la fiche de renseignements quelques semaines avant l’émission, où on nous demande notamment si on est gaucher ou droitier. J’avais répondu que je suis gaucher, ce qui est la vérité pour l’écriture mais, en fait, je suis assez ambidextre, j’écris de la main gauche mais je joue au tennis de la main droite. Donc ils m’ont mis, en adversaire, un gaucher dont le bras le plus fort était celui de gauche, ce qui n’est pas mon cas…Je dirais que j’ai les deux bras à peu près de la même force, peut-être même que j’ai un peu plus de force dans celui de droite. En plus, depuis le raid en Laponie en janvier, je souffre, à l’épaule gauche, d’une tendinite très douloureuse, que je me suis faite dans l’épreuve de ski de fond, où on avait 18 kilomètres à parcourir avec des dénivelés importants. Lorène ne pouvant pas, comme vous le savez, se servir de son bras gauche, dans les montées on avait mis au point un système où je la tractais avec une sangle. J’étais donc obligé de tirer très fort sur mes bras et je suis revenu avec une tendinite qui me fait encore souffrir aujourd’hui.
Donc, quand ils m’ont dit « bras de fer, tu es gaucher donc c’est bras gauche », je me suis dit que ce n’était même pas la peine que je fasse quoi que ce soit. Si je forçais trop, j’allais m’abimer l’épaule encore plus donc c’est vrai que, sur ce premier bras de fer, à gauche, j’ai été très vite dominé par mon adversaire, quelqu’un, en plus, d’asse baraqué. Je me suis dit que ce serait quand même trop bête de renoncer à l’indice et donc de ressortir de là battu, alors que je pouvais quand même essayer de défendre mes chances avec le bras droit…C’est là que j’ai demandé à changer, du coup j’ai bénéficié d’un bras droit assez musclé, moi qui ai toujours été quelqu’un d’assez sportif. J’ai eu un petit avantage sur mon adversaire gaucher, ce qui m’a permis de remporter les 2 derniers duels. Ce n’est pas de la triche, ni volontaire du tout mais j’ai été un peu avantagé par le fait qu’ils m’aient mis un adversaire gaucher alors que, au final, c’est le bras droit qui a été concerné !
Avec près de 20 000 euros de gain à l’issue de la deuxième partie, c’est une soirée réussie pour votre équipe et pour l’association…
Oui, il y avait deux buts. Comme toujours, comme dans toutes les actions que nous menons avec Lorène, c’était évidemment de ramener des fonds, c’est, je dirais, une priorité absolue : chaque euro compte, pour faire progresser la recherche…Un jour prochain, on va forcément trouver un remède à cette maladie : ce n’est pas possible, en 2024, d’entendre encore dire que l’on a une maladie incurable. On arrive à trouver des remèdes à tout et, déjà, ce serait merveilleux si on arrivait à trouver des molécules qui ralentissent l’évolution de la maladie, pour prolonger l’espérance de vie qui est, aujourd’hui, terriblement courte…Donc rapporter des fonds est très important !
Mais, au-delà de ça, et je dirais servant de toute façon cette cause financière, notre but est aussi de médiatiser et de faire connaitre beaucoup plus la maladie et sa cruauté, et donc de sensibiliser un maximum nos compatriotes au sort des malades et au fait qu’il faut les aider. Donc c’est vrai que le retentissement d’une émission comme « Fort Boyard » et le fait que mon camarade Olivier nous ait laissé le temps d’expliquer ce qu’est cette maladie et pourquoi c’est urgent de s’en préoccuper a fait, j’en suis convaincu, que l’on a encore fait un grand pas supplémentaire : grâce à l’émission et à la chaine, on a encore avancé dans le fait que les français se sentent touchés et concernés, pour essayer d’aider l’association, chacun à sa mesure. C’est une association à la gestion extrêmement sérieuse, où les fonds sont vraiment consacrés aux deux fonctions, la recherche et l’amélioration de la qualité de vie des malades. Chaque année, 8 000 nouveaux cas sont diagnostiqués en France et ces personnes ont besoin d’aide matérielle pour des fauteuils, pour aménager leur domicile, pour des assistants,…Je pense que cette émission aura été très utile et importante au-delà de l’argent ! Sur d’autres évènements, on rapporte davantage encore d’argent à l’association mais, en termes de retentissement et de médiatisation, l’impact de « Fort Boyard » est colossal ! Au-delà des 20 00 euros, qui est une somme très importante – on est d’ailleurs très contents d’avoir établi un des records de l’émission de ce point de vue là-, il y avait vraiment le bruit que ça a permis de faire autour de la maladie !
Pour terminer, seriez-vous partant pour repartir à l’assaut du fort ?
Oui, oui, je serais ravi de participer à nouveau à cette belle émission et de vivre à nouveau cette journée incroyable, avec d’autres épreuves et d’autres moments comme ceux-là. Avec la même équipe ou une autre, sans doute encore au service de l’Arsla, parce que, comme je le disais au début, c’est une cause qui me mobilise énormément depuis 18 mois. Il y a Lorène, évidemment mais j’ai un autre ami qui est atteint de cette maladie et j’ai perdu deux bons copains, dont Jean-Yves Lafesse, qui avait été emporté très très vite par une forme pulmonaire. Je me sens très concerné par cette cause donc je pense que, si je refais « Fort Boyard » prochainement, ce sera très certainement encore pour cette association…
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !
Ce samedi soir, vous repartez à l’assaut de « Fort Boyard », à 21h, sur France 2. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, complètement ! J’avais pris énormément de plaisir la première fois mais c’est vrai qu’il y avait alors, je dirais, une dimension de stress supplémentaire : tout est alors tellement impressionnant, l’aventure, l’idée que l’on s’en fait – parce que c’est quand même quelque chose qui fait rêver -…. Là, disons que j’avais moins d’appréhension, j’ai encore plus savouré, je pense, cette deuxième édition. C’était absolument génial d’avoir l’occasion de le refaire dès cette année !
Quels souvenirs gardiez-vous justement de votre précédente participation, l’année dernière ?
Effectivement, beaucoup de stress au départ, l’envie de bien faire, de ne pas décevoir l’association…Au début, c’était vraiment ce sentiment qui m’habitait et, petit à petit, quand on rentrait dans la compétition, c’était absolument fabuleux ! Moi qui ai passé beaucoup de mes vacances étant jeune à côté du fort, sur la plage d’en face, j’avoue que, quand j’ai eu l’occasion de faire la catapulte qui m’a projeté dans les paysages que je voyais de l’autre côté étant petit, ça a été quand même un moment assez magnifique pour moi. Donc je dirais cela, mêlé au fait que l’on avait récolté beaucoup d’argent pour l’association…Ca avait été un moment extraordinaire de vivre cela et de le vivre de l’intérieur, moi qui l’avais toujours rêvé, adolescent.
Certainement que, quand l’opportunité s’est présentée de revenir sur place, vous n’avez pas réfléchi longtemps…
La réponse est venue rapidement, d’autant plus pour la cause. C’est vrai que le fait que ce soit Matthieu Lartot qui m’ait proposé de faire partie de cette équipe, pour évidemment l’amitié et l’admiration que j’ai pour lui, ça a été évidemment instantanément oui. Et, dans un second temps, le plaisir de me reconfronter aux épreuves du fort…
Vous avez la chance d’être entouré d’une belle équipe, de grands champions sportifs, d’amis et d’habitués des lieux…
Complètement ! J’ai découvert l’équipe au fur et à mesure, c’est vrai qu’il y en a pas mal que je connaissais déjà, que j’avais déjà croisés et qui, effectivement, étaient des amis. Et puis d’autres que j’ai découverts et rencontrés là-bas. On venait tous quasiment du même univers, celui du sport, et, du coup, c’est vrai que ça a connecté très très vite entre nous, ce qui a rendu l’expérience hyper fluide dès le départ.
Cette année, vous vous battez pour l’association « Debout en bouts ». Cela doit être particulièrement motivant également…
Oui, parce que c’est la création de l’association. Donc il y a la volonté de la faire connaitre, de faire connaitre le combat de Matthieu et de lancer son association. Donc être à l’origine du lancement de l’association était, symboliquement, quelque chose de très fort. Et puis, comme Mathieu l’explique très bien dans l’émission, on voit les besoins qu’il y a, notamment pour les jeunes enfants qui sont confrontés à ce type de handicap.
Même si, chaque année, de nouvelles cellules sont proposées et que le Père Fouras n’est pas avare en surprises, le fait de savoir, en partie, à quoi s’attendre est-il, selon vous, un avantage ?
Je crois que l’avantage est vraiment dans le stress de la découverte du lieu, c’est quelque chose qui m’avait vraiment impressionné parce que c’est une émission culte, que l’on a tous regardée et que l’on a tous admirée. Donc c’est vrai que ça fait beaucoup d’émotions quand on y va pour la première fois. Disons que, la deuxième fois, on appréhende moins l’arrivée, la découverte du fort,…Par contre, c’est vrai que la situation du stress des épreuves, de ne pas savoir ce que l’on va faire ni à quoi on va être confronté est, je pense, éternelle parce qu’on sait très bien qu’on n’a pas le choix et qu’on peut être confronté à n’importe quelle épreuve. Ce stress fait aussi la beauté du jeu, on se dit que l’on ne sait pas à quoi s’attendre et que c’est la surprise. Donc c’est bien de maintenir ce stress-là !
D’ailleurs, fort déjà, on l’a dit, d’une première expérience, vos craintes et appréhensions avaient-elles évoluées ? A l’inverse, peut-être attendiez-vous certaines cellules avec particulièrement d’impatience ?
Il y en a que j’avais envie de faire, effectivement, et j’en ai faite une, avec pas mal de stress. Après, oui, il y en a toujours que l’on appréhende un petit peu, notamment tout ce qui est animaux. C’est vrai qu’on ne sait pas trop comment on va se comporter avec…Ou encore la nourriture…Ce sont des épreuves, disons, où on est moins en maitrise et c’est vrai que, dès que l’on est moins en maitrise, ça génère un peu plus de stress.
On peut imaginer, une fois le tournage commencé, que, comme à l’habitude, la solidarité et l’entraide ont rapidement été présentes…
Oui, c’est ce que j’avais beaucoup aimé dans la première émission et, là, c’était pareil. Une fois que l’on est partis dans le jeu, c’est vrai que l’on oublie tout le reste, il y a beaucoup, effectivement, d’encouragements, de soutien, d’entraide, de volonté de réussir ensemble…Cela crée une véritable équipe, c’est vrai que l’on passe 24 heures à être hyper soudés, hyper proches, …de suite, une connexion se fait, dès la première épreuve.
Sans rien en dévoiler, quels souvenirs garderez-vous de cette nouvelle expérience sur le fort ?
Quelque chose de très beau...J’ai encore plus apprécié parce que j’ai pu encore plus observer et profiter, les épreuves étaient quand même hyper intéressantes, il y a eu pas mal de choses en binôme donc c’est vrai que l’on a vécu les choses vraiment intensément entre nous. C’est vrai que le groupe est important dans l’aventure, du coup c’est passé trop vite, c’était hyper agréable, hyper intense en termes d’épreuves…Vous verrez, samedi, que les épreuves sont quand même assez intenses, je ne dis rien du dénouement mais c’est vrai que cette édition a été vraiment hyper belle. Ils avaient annoncé beaucoup de pluie et, puis, finalement, on a eu une météo hyper agréable…Tout s’est bien goupillé, on avait les bonnes ondes et c’est vrai que ça a été une aventure humaine très très belle.
Comme à l’habitude, la deuxième partie de soirée, tournée de nuit, doit certainement laisser plein de beaux souvenirs et de belles images en tête ?
Oui parce que, en fait, à partir du moment où on bascule, je dirais que le principal a été fait. Donc c’est vrai qu’il y a une forme de relâchement, on est plus dans un moment où on va savourer, où on va se remémorer ensemble la journée, où on va discuter. C’est vrai que c’est le moment où on va être dans un instant d’apaisement ensemble et de retour sur la journée, qui est très agréable parce que le gros du stress est passé.
Avec le recul, quelles seraient, selon vous, à présent, les caractéristiques attendues pour être un bon candidat du fort ?
Je crois qu’il faut aimer, un petit peu, se dépasser. Même si on est conscient que l’on va se retrouver surement face à des épreuves qui peuvent nous mettre en difficulté, c’est plutôt de se dire qu’il n’y a pas de risque, si ce n’est la peur. On se dit que, pour une bonne cause et pour l’équipe, la personne va essayer de prendre sur elle pour se dépasser et pour le faire pour les autres. Je crois que c’est surtout cela : d’être, à la fois, dans l’amusement, le jeu, également dans, quelque part, l’esprit collectif et le dépassement de soi parce que c’est aussi un dépassement de soi selon les épreuves que l’on effectue. Et avoir envie de travailler en équipe pour une belle cause. C’est, à mon avis, cela qui fait que les candidats sont plutôt bons. Sans parler du résultat, ce que l’on veut, c’est plutôt l’état d’esprit des gens…
D’ailleurs, seriez-vous partant pour une troisième venue ?
Je ne sais pas : si on m’invite, c’est vrai que c’est dur de refuser mais, en tout cas, je n’aurais jamais pensé, un jour, faire « Fort Boyard », encore moins deux fois donc je me laisse porter par ma bonne étoile.
En conclusion, sans doute êtes-vous curieux, sinon impatient, de découvrir les images samedi soir ?
Complètement ! C’est une grosse attente de la part des proches, et de moi aussi. C’est vrai qu’une fois que l’on a fait l’émission, on n’a aucune image, on a juste une sensation de ce qui s’est passé pour les autres et pour nous, mais on n’a aucune idée de ce que ça va rendre donc on est vraiment dans la découverte. C’est vrai que j’ai des enfants et de participer à « Fort Boyard » est quand même quelque chose qui fait rêver de génération en génération : quand on a un proche qui y participe, forcément, il y a un intérêt supplémentaire donc, effectivement, il y a beaucoup d’attente autour de cette émission, y compris la mienne.
Quel plaisir d’effectuer cette interview ensemble !
Ce jeudi soir, vous repartez à l’assaut de « Fort Boyard », à 21h, sur France 2. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Bien sûr ! On a une chance incroyable, on croise tout au long d’une année des gens qui nous disent « je t’ai vue sur le fort »,… c’est magique, c’est une aventure qui fait rêver absolument tout le monde, les participants comme les téléspectateurs. A chaque fois, on se pose la question « est-ce que l’on y retourne ? » parce que c’est vrai que c’est dur et, le moment venu, on n’a pas le choix que d’y retourner. On est des chanceux de faire partie de cette aventure, c’est sûr…On y va toujours avec les mêmes cœurs dans les yeux, c’est certain !
Ce sera votre septième participation depuis 2015. Quels souvenirs gardiez-vous de vos précédentes venues ?
Franchement, sur le fort, il y a bien sûr les cellules, il y la présence du Père Fouras, il y a tout ce monde imaginaire fascinant mais c’est aussi l’équipe qui fait beaucoup. Donc, ce que l’on retient, ce sont les équipes avec lesquelles on s’est tapés dans la main pendant des heures et des heures. Le fort, c’est tout un monde en fait : les personnages, l’équipe qui va l’affronter,…C’est sans fin, j’ai l’impression.
C’est sûr qu’il y a des épreuves que l’on ressort plus que d’autres : quand on a fait le saut de l’ange, c’est gravé à vie ! J’ai eu la chance de faire cette épreuve-là, d’être en challenge face à moi-même et je n’oublierai jamais, c’est sûr !
Vous avez la chance d’être entourée d’une belle équipe, entre grands champions sportifs, habitués des lieux et néophytes…
Oui, c’est vrai que c’est vraiment important d’avoir cet équilibre-là : d’avoir des gens qui ont de l’expérience, qui ont un côté physique ultra développé et puis des gens qui découvrent pour la première fois le monde de « Fort Boyard ». C’est sympa en fait d’avoir des nouveaux, on a l’impression, par procuration, de revivre ces moments-là et c’est bourré de bienveillance. Par exemple, quand Manon Théodet est arrivée, c’était super, on savait ce qui allait lui arriver mais elle non donc c’était à nous de l’épauler, à nous de la conseiller, à nous de la rassurer. C’est vrai que ce sont toujours des équilibres assez sympathiques à ce niveau-là dans les équipes. Puis, il y a surtout notre capitaine, Jo-Wilfried Tsonga : quand on vous propose d’intégrer son équipe, il n’y a pas une seconde d’hésitation…Quel gars incroyable, il est entier, c’est vraiment un chef d’équipe !
Justement, quels conseils avez-vous pu donner à ceux qui venaient pour la première fois ?
En fait, en début de cellule, on perd beaucoup de ses moyens quand on arrive dans la salle donc il faut rester finalement toujours focus sur l’objectif que l’on a tendance à oublier….Parce que le décor est impressionnant, parce que les personnages sont parfois tyranniques, parfois féroces…Donc ça peut vous amener effectivement des sensations perturbantes mais il faut rester focus, se rappeler de l’objectif et, au-delà de tout, prendre du plaisir et s’éclater…On vit quelque chose d’incroyable, quelque chose d’unique, quelque chose que tout le monde nous envie donc profitons-en ! C’est le maitre mot…On est là, on donne tout et on profite ! Mais cela, on se le rappelle, débutant ou pas, peu importe ! Quand on rentre sur le fort, après être arrivé en bateau, on se dit « waouh, on est là donc allons-y à 100%! ».
Cette année, vous vous battez pour l’association « Attrap' la Balle ». Cela doit être particulièrement motivant également…
Evidemment ! C’est sûr que, quand on se dit que l’on fait cela pour des gens, on a d’autant plus de responsabilités finalement et on se sent bien plus impliqué encore. Parce que les autres comptent sur nous. C’est vrai que ça met un poids en plus dans le challenge ! Ce qui est sympa dans cette association-là, c’est que c’est positif, ce sont pour des gens qui ne sont pas forcément dans une situation horrible de santé. On a beaucoup fait pour les enfants mais là, c’est vraiment une association positive qui cherche « juste » à faire sortir les jeunes dehors et à leur permettre, via le tennis, de faire autre chose que de rester devant leur écran de télé. C’est l’occasion pour eux de faire quelque chose de sympa !
Même si, chaque année, de nouvelles cellules sont proposées et que le Père Fouras n’est pas avare en surprises, le fait de savoir, en partie, à quoi s’attendre est-il, selon vous, un avantage ?
On repart à 0 devant le fort, en fait, à chaque saison, à chaque participation parce que toutes les épreuves que l’on fait sont nouvelles pour nous, on ne les a jamais faites auparavant. Donc, oui, on peut avoir une idée, à peu près, des cellules parce qu’il y en a quelques-unes qui sont récurrentes mais il y a quand même une créativité, à chaque fois, dans cette émission qui fait que l’on est complètement novice et que ça recommence. On ne peut pas dire qu’il y ait une routine sur le fort, au contraire ce sont à chaque fois des contraintes renouvelées.
Forte déjà, on l’a dit, de nombreuses expériences sur place, vos craintes et appréhensions avaient-elles évoluées ? A l’inverse, peut-être attendiez-vous certaines cellules avec particulièrement d’impatience ?
Parmi celles que j’appréhende, il y a la dégustation chez Willy et… c’est compliqué parce qu’il m’est tombé dessus cette année. A chaque fois, vraiment, mon souhait est de passer entre les gouttes, je me disais que ce ne serait pas possible, que je ne pourrais pas vivre cela…Je l’avais déjà vécu une fois et, là, ça a été le pire, ce fut la pire épreuve pour cette année. Je redoute son restaurant, beaucoup de candidats le redoute…Maintenant, on est obligé de le faire, on n’a pas le choix, on y va, on se surpasse, on pense qu’on ne va pas y arriver mais on donne tout…C’est très dur, franchement parce que ça ne dépend pas de nous ni de nos conditions, c’est que c’est écœurant et imbouffable…Donc c’est très difficile, moralement, de surmonter cela.
A l’inverse, les épreuves que l’on attend avec impatience sont celles où on se retrouve face au Père Fouras et face aux maitres du temps. Ce sont vraiment des moments supers et magiques !
On peut imaginer, une fois le tournage commencé, que, comme à l’habitude, la solidarité et l’entraide ont rapidement été présentes…
Oui, c’est vraiment la force de cette émission, le groupe devient une personne à part entière ! L’addition des personnalités, que l’on se connaisse ou non, fait que l’on devient qu’un à la fin de l’émission. Quand on part et que ça s’arrête, on a mal…Vous savez, ce sont les fameuses fins de colo où on sait, la dernière nuit, que l’on ne va plus se revoir alors que l’on a vécu des choses tellement intenses et que l’on s’apprécie…Ce fort nous a liés à jamais ! C’est vrai que ça a cette particularité de créer des liens. Avec Roman, Laurent, Julien, Jo-Wilfried et Manon, on n’oubliera jamais ce que l’on a vécu : on est liés à vie par le fort, c’est clair !
Sans rien en dévoiler, quels souvenirs garderez-vous de cette nouvelle expérience sur le fort ?
Je crois vraiment que c’est la fois où je me suis sentie la mieux dans une équipe. C’est précieux ! Je garde vraiment un souvenir humain très fort. On continue à échanger tous ensemble et comme la diffusion approche, on est tous en train de se demander ce que ça va donner. On a hâte de voir et, à la fois, on appréhende.
On garde cela…Après, on sait aussi à quel point c’est douloureux et difficile : à la fin de cette journée-là, on est complètement tous HS donc on vit des choses très difficiles ensemble.
Comme à l’habitude, la deuxième partie de soirée, tournée de nuit, doit certainement laisser plein de beaux souvenirs et de belles images en tête ?
Mais qu’est-ce qu’elle est sympa cette deuxième partie ! C’est Willy, maintenant, qui orchestre cela. Finalement, on a l’impression que ça va être une petite bulle de détente, sympathique, on a l’impression qu’on a fait le plus dur, qu’on va enfin souffler …et, non, rebelote ! On est repartis pour des épreuves, on retourne au charbon, même s’il y a des respirations quand on revoit aussi quelques performances. Donc c’est une deuxième partie de soirée mais aussi intense, finalement, que la première…ce sont des heures qui sont aussi éprouvantes.
Avec le recul, quelles seraient, selon vous, les caractéristiques attendues pour être un bon candidat du fort ?
Un bon candidat, c’est celui qui a envie…Mais qui n’a pas envie ? Je n’ai jamais vu personne dans notre équipe se dire : « je suis là mais, vraiment, je n’ai rien à y faire »…Tout le monde est ultra motivé ! Les armes du bon candidat sont d’y aller avec le plus d’envie possible, avec aussi une belle nuit avant parce que, franchement, c’est terrible sinon : si jamais tu n’as pas réussi à passer une bonne nuit, si jamais ton corps n’est pas en forme, tu perds beaucoup de capacité et, ensuite, éventuellement de clés sur l’émission donc il faut être au taquet niveau physique. Il faut aussi se laisser porter par la force du groupe, avoir le sourire, il faut savoir que tout ce qui va se passer ne sera, de toute façon, que positif, que ce ne seront que des choses positives que l’on ne refera plus jamais dans sa vie…Cela ne nous arrive qu’une fois donc quelle chance !
En conclusion, vous avez commencé à l’évoquer, sans doute êtes-vous curieuse de découvrir les images jeudi soir ?
Ah oui ! On a tous envie ! Je vous assure que je l’appréhende aussi, pour ma famille : on est dans l’arène, tout le monde va nous voir, pas seulement les téléspectateurs mais aussi ceux qui nous connaissent donc on se demande ce qu’ils vont encore dire…Les enfants vont être les derniers juges dans cette affaire donc on va voir…Mais la diffusion, c’est vrai, approche, ça y est, on y est presque !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Ce jeudi soir, à 21h, nous pourrons vous retrouver dans la célèbre émission estivale de France 2, « Fort Boyard », sous les traits du personnage du trésorier. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
C’était surtout un beau challenge parce que c’est un exercice hors du commun, malgré mes 30 ans de métier. Il n’y a qu’une seule prise, contrairement aux tournages où on sait que l’on peut refaire si on se trompe. Il faut en même temps faire un jeu très expressif tout en respectant un cadre très précis, en fonction de ce que le candidat va répondre. Donc ça demande quand même une grosse grosse concentration, j’étais très très concentré.
Pour vous, l’exercice artistique devait vraisemblablement être d’autant plus enrichissant qu’on peut le rapprocher du théâtre immersif…
Mon parcours m’a aidé, la production veut un jeu très BD, je viens de la rue et du clown donc j’avais les billes pour faire ce qu’ils attendaient de moi. D’ailleurs, c’est pour cela aussi que j’ai été prisJ. Je leur ai proposé quelque chose qui a matché directement, alors qu’ils ont dû recevoir 150 candidatures. Je me suis même plus amusé, finalement, sur les vidéos, ce qui est souvent le cas d’ailleurs.
Le trésorier fait partie des cellules interdites que le Père Fouras ouvre à chaque émission. Avec vos mots, quelles principales caractéristiques lui avez-vous données ?
La consigne de départ, déjà au moment du casting, était de s’inspirer du personnage de Jafar dans « Aladin » ou du serpent dans « Le livre de la jungle ». C’était donc très clair ! C’est un monsieur très inquiétant, complètement barré, qui dit des choses gentilles alors qu’on sent qu’il ne l’est pas du tout.
Certainement aussi que le costume et le décor de la cellule ont été aidants…
Oui, oui, le costume et le maquille aident énormément, comme toujours. Je n’ai pas forcément intégré le côté enfermé, c’est peut-être une erreur de ma part d’ailleurs mais il y avait déjà beaucoup de choses. En tout cas, oui, je pense que j’ai intégré le côté malveillant…
On imagine d’ailleurs que les téléspectateurs auront l’occasion de retrouver le trésorier régulièrement tout au long de la soirée, au fur et à mesure de la venue des candidats ?
J’espère, oui ! J’ai tourné, je crois, 7 scènes, j’espère qu’elles y seront toutes, je suppose que oui, je me méfis toujours maintenant parce que, sur les tournages de films ou de téléfilms, on est souvent très déçu entre ce que l’on a fait et ce qui reste à l’image. Là, vu que l’émission est écrite, j’espère que tous mes passages seront présents ! Je découvrirai cela comme vous car je n’ai pas vu l’émission.
L’endroit le plus étrange de l’expérience est que c’est la première fois de ma vie que je joue avec des personnes qui ne sont pas du tout au même endroit que moi. Puisqu’elles ne jouent pas forcément la comédie…Elles sont beaucoup plus elles-mêmes, alors que je ne suis pas du tout moi-même. C’est quelque chose d’assez troublant dans l’expérience : on a quelqu’un qui participe à un jeu télévisé en étant lui-même alors que je suis un personnage outrancier qui est dans son délire. C’est un peu déstabilisant : d’habitude, comme comédien, que ce soit en spectacle vivant ou au cinéma, on joue avec des personnes qui sont au même endroit et, là, ce n’était pas le cas. Donc c’était assez troublant, il a fallu passer au-delà !
Sur place, ce lieu majestueux doit probablement être impressionnant au moment de l’arrivée …
Oui, c’est très rigolo de prendre le bateau, d’être hélitreuillé pour monter sur la plateforme et de rentrer dans cet endroit complètement coupé du reste du monde. C’est assez plaisant ! Ce qui est très agréable aussi, c’est que, dans ce milieu des tournages qui est parfois anonyme et froid, là, il y a une vraie équipe. Il y avait une très bonne ambiance, très sérieuse d’un côté et, en même temps, assez bienveillante. C’est cela, surtout, qui m’a marqué ! Les gens m’ont mis à l’aise, alors que je ne l’étais pas forcément, c’était plutôt agréable. Après, ça bosse, ça ne rigole pas, il y a beaucoup de travail !
Spontanément, mais sans rien en dévoiler, quels souvenirs garderez-vous de cette journée de tournage ?
J’ai fait deux journées en fait, il y avait une journée de répétitions avec une fausse équipe, avec une équipe de candidats qui ne va pas passer à l’écran.
Quand je vois les photos, ça me fait marrer, j’ai vraiment la tronche du savant fou, c’est très drôle ! J’ai hâte de voir ce que ça peut donner avec une prise de vue très télé en fait…Donc je suis curieux de voir ce qu’il en reste et si ce n’est pas too much. L’impression globale est que ça m’a amusé et que j’aimerais bien le refaire ! Après, ça va vite, les scènes sont assez courtes finalement…Je faisais souvent passer des deals aux candidats et, à un moment donné, l’un d’eux devait récupérer un joker dans une boite remplie de cafards et de vers… il a été très impressionné, il a eu peur, il était très émotif donc c’était assez rigolo car il n’arrivait pas à faire ce qu’on lui demandait de faire.
En tout cas, je garde en mémoire l’ambiance et le lieu : d’être là, dans ce fort, est assez rigolo ! Le moment où on rentre dans l’enceinte est rigolo, on sent qu’on met le pied ailleurs, c’est quand même assez marrant.
On vous imagine ainsi impatient sinon curieux de découvrir les images ce jeudi soir, en prime time, sur France 2 ?
Ah oui, oui, je suis hyper curieux de voir ce que ça donne ! J’espère ne pas être trop déçu mais je suis très curieux de voir le résultat, c’est clair !
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Il y a quelques jours, nous avons pu vous retrouver sous les traits du tavernier, pour la cellule interdite « Le repaire des bannis » dans « Fort Boyard », sur France 2. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela a été pour vous d’incarner ce personnage le temps d’une journée de tournage ?
Oui, oui ! Incarner ce personnage a été du plaisir ! Quand même, du stress aussi. L’année dernière, j’avais passé le casting pour ratman et, cette année, j’avais passé celui pour le trésorier, qui va être dans la cellule de haute sécurité. Donc ça faisait deux fois que je passais le casting, à chaque fois mon profil plaisait et ils m’ont proposé finalement le tavernier, chose que j’ai acceptée avec joie et plaisir. Je n’ai pas hésité un seul instant car c’est un rêve de gamin. C’est une émission culte et, quand je la regardais, petit, je n’avais qu’une seule envie, y aller et faire les épreuves. Donc ça crée une certaine fierté et par conséquent une certaine pression, afin d’essayer d’incarner au mieux le personnage que l’on m’a proposé et de donner un côté « boyardesque ». J’espère avoir réussi…En tout cas, il y avait une grosse envie de l’interpréter au mieux !
On a justement pu remarquer un vrai beau travail d’interprétation, vous avez certainement travaillé le phrasé et l’intonation de ce tavernier…
Je n’allais pas parler avec ma voix de tous les jours. Pour l’interprétation du tavernier, j’ai gardé un peu de ce que j’avais proposé pour le trésorier lors de mon casting. Je le voyais bien comme un Thénardier, comme un propriétaire de rade qui ne veut pas qu’il y ait de problème… Il faut donc qu’il pose la voix et qu’il en impose un peu. Au niveau du phrasé, il fallait aussi que j’arrive à être clair. Dans la vie, même en tant que comédien, je parle souvent très vite et il a fallu que je ralentisse le rythme, étant donné que c’est moi qui présentais les épreuves en petits duels. Il y avait une interaction en direct avec chaque candidat et il fallait qu’ils comprennent bien la règle du jeu auxquels ils allaient jouer.
On ne connaît pas l’histoire de ce tavernier, je me suis demandé ce qu’il avait fait pour être banni, peut-être voulait-il proposer également un resto et faire concurrence à Willy / Chef William mais qu’il n’a jamais été accepté par le Père Fouras, qui a été déçu… ? Il fallait que j’en impose un peu, avec un petit côté « on ne sait pas où on va »…Il fallait aussi un petit côté sale, presque un côté dégueulasse…D’où la remarque, à un moment, de Marine Lorphelin, qui me dit « vous avez un joli sourire mais il faudrait penser à vous brosser les dents ». Les dents ont bien été salies, en effet, par la maquilleuse…
Je travaille pour le parc Astérix, pendant Halloween, où j’interprète un cuistot un peu zombifié. Il n’y a pas de sang, il a plein de coquillages sur la tronche, il a une certaine façon de marcher et de bouger, il ne parle pas trop et a l’habitude de mettre à la bouche tout ce qu’il trouve. Donc cela m’a aidé aussi sur le duel pour manger les insectes et j’ai utilisé le reste également dans la proposition du personnage.
Le lieu devait également être aidant à vous projeter et à vous glisser dans la peau de ce personnage…
Il faut dire que l’équipe déco et accessoires a fait un travail de fous pour rendre ce repaire assez boyardesque. Il y a vraiment une atmosphère ! Même si je pense que ça aurait pu être encore plus lugubre…Cela m’a bien aidé, en tout cas, pour interpréter le personnage.
Vous l’avez dit dans l’émission de deuxième partie de soirée, c’était presque du théâtre immersif…Il vous aussi fallu être vif face aux réactions des différents candidats…
Tout à fait ! Même si j’avais la base de texte, sur 5 pages, Willy m’a dit de m’en servir comme simplement une trame car on ne sait jamais les réactions des candidats. Je repense à l’anecdote avec Marine, j’ai cette petite mimique de lui faire un regard, pour montrer que je ne suis pas content, avant, ensuite, de repartir sur le texte. Je prenais, en tout cas, le temps d’accepter et de recevoir les propos des candidats.
Il y a quelque chose qui a été coupé au montage : Pascal Bataille, gaucher, perd son premier bras de fer et demande à passer avec la main droite. Cela lui permet de remporter le deuxième duel et, ensuite, cela n’a pas été vu, j’ai commencé à le regarder en lui disant « Alors, Pascal ? Alors, Pascal ? Gauche ou droite ? Gauche ou droite ? », pour savoir quelle main il allait utiliser sur le duel décisif. Cela a permis d’être à l’écoute du candidat, suite à sa demande, mais aussi de pouvoir rebondir. Il était important d’accepter les propositions des candidats, cela donne du liant au personnage, à l’ambiance, au jeu, pour réussir à sortir quelque chose de cohérent.
Parmi les moments marquants de l’émission, on peut notamment penser au duel face à Mario, où vous deviez manger le plus vite possible deux brochettes d’insectes…Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était très sec ! Quand Mario demande s’il pouvait avoir de l’eau et que Chef William lui répond que « non, ça se mange comme cela », dans ma tête, intérieurement, je me suis dit que ce serait bien avec de l’eau. Mais on continue et on y va ! Le veille, on m’avait demandé si j’aimais bien manger donc je me suis douté qu’il allait se passer quelque chose…C’est un souvenir marquant, cela m’a rappelé un voyage en Chine, en 2009, pendant lequel j’avais goûté des larves. Surtout, quand j’ai su que j’allais manger quelque chose, j’espérais que ce ne soit pas face à Claude car il m’aurait mis la misère. Mais ce n’était pas lui !
Je n’ai pas eu le même dégout que celui que l’on peut voir dans le regard de Mario…Juste, je n’ai pas réfléchi et j’ai continué à jouer. Même si j’ai tellement bien continué que je me suis vraiment étouffé…ce n’était alors pas du jeu. Finalement, c’est passé ! Mais j’avais de la peine pour Mario, on sentait le dégout qu’il avait, il a terminé 11 secondes après moi et j’avais du mal pour lui…J’ai pris un peu de temps quand même, sinon il aurait pu perdre un peu plus de secondes encore, ce qui aurait été dommage. Au final, je suis content qu’il ait mis du temps parce que, moi aussi, j’avais besoin de temps pour pouvoir avaler correctement, tellement ça avait du mal à passer. C’est sec, ça n’a pas forcément beaucoup de gout mais ce n’est pas si mauvais que ça…
Vous n’étiez pas seul dans ce repaire, les candidats ayant pu affronter différents bannis, pour certains très connus des fidèles de l’émission…
Willy a été très bienveillant, il voyait que j’avais un peu peur par rapport au texte et il me disait de m’en servir simplement comme d’un canevas. Avec son expertise dans différents domaines depuis tant d’années, à la radio, à la scène et à la télé, lui qui est sur l’émission depuis 2013, j’étais très content de ses conseils car il voyait que je stressais un petit peu. Delphine était aussi hyper agréable, très détendue, très zen, avec un petit côté foufou aussi, au final qui passe bien, dans le rôle de la sirène Bleue. A un moment, elle le dit, c’est peut-être le personnage qui se rapproche le plus d’elle, du fait justement de ce côté foufou. Anne-Gaëlle est extraordinaire, c’est une femme en or et j’ai vraiment cette sensation que, même si elle s’est éloignée de la télé et donc de l’émission, elle a marqué le Fort de son empreinte, de 2006 à 2009, pendant ses 3 années. Vraiment, elle a été adorable ! C’est celle avec qui j’ai eu le plus de contacts après le tournage. En tout cas, ça a été vraiment agréable de côtoyer ces personnes-là !
J’ai aimé également travailler avec les personnes de l’ombre…Il y en a d’ailleurs plus de 150 au quotidien sur place ! Tout le monde était bienveillant, cette journée de tournage a été top. Je n’oublie pas Loïc, le personnage de Booster, un mec en or. Egalement Seiko, la pirate !
Plus globalement, que retiendrez-vous de ce tournage ?
L’aventure ! Au final, c’est une aventure pour tout le monde, afin que ça marche…Une journée de tournage de « Fort Boyard » est comme une grosse épreuve, tout doit rentrer dans les temps et tout le monde est à 100% dans ce qu’il fait pour que ça fonctionne. Je retiens ce côté aventure commune car ce n’est pas forcément évident de tourner dans un tel bâtiment historique, tellement il y a de contraintes auxquelles il faut faire face. On n’est pas en studio en région parisienne…J’ai pris énormément de plaisir, en tout cas, dans cette aventure humaine !
En complément, quels sont vos autres projets ou actualités en cours et à venir ?
Il y a quelques jours est sorti au cinéma le film « Le larbin », avec Kad Merad notamment. J’y joue un chef de guerre viking…Je serai dans la saison 2 de « Master crimes » sur TF1, le temps d’un épisode. Je pars en tournage pour le prochain film de Philippe Lacheau et j’ai eu une scène aussi dans le prochain film de Fabrice Eboué. Sans oublier les nocturnes du Parc Astérix !
Quel plaisir d’effectuer cette interview tous ensemble !
Vous êtes actuellement à l’affiche, au festival d’Avignon, de la pièce « Le complexe de la fougère », à 19h 30 au théâtre Au coin de la lune. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présentes ici ?
Camille : Oui, effectivement, on est très contentes de se retrouver toutes les 3 à Avignon cette année avec cette pièce. C’est la première fois que l’on joue tout le mois, c’est vraiment l’aventure à 100%, on est super contentes, on a du monde depuis le début !
Laura : Avignon est synonyme de fête, encore plus en ces temps moroses, c’est toujours agréable de pouvoir se retrouver tous pour célébrer l’art, au sens large. A Avignon, il y a aussi du chant, de la danse, …Il y a pas mal de manifestations artistiques donc c’est vrai que c’est chouette d’en faire partie ! On passe des moments ensemble, tous ensemble !
Camille : Il y a un côté un peu hors du temps, fédérateur, ce n’est pas des vacances mais il y a quand même un air d’exceptionnel.
Lucia : C’est notre premier Avignon ensemble toutes les trois, on se connait quand même depuis une dizaine d’années et c’est un plaisir de se retrouver ensemble pour partager ces moments.
Laura : Comme l’a précisé Camille, c’est la première fois que la pièce se joue avec une seule et même équipe, du début à la fin donc on est très contentes !
Plus concrètement, comment présenter ce spectacle ?
Lucia : C’est une comédie, avant tout mais avec un propos assez profond, qui parle de l’évolution, de l’évolution du monde, de l’évolution de l’humanité et, en particulier, des absurdités du monde moderne. Tout cela est traité de manière drôle et comique mais avec un vrai fond. On peut passer par diverses émotions, on peut rire, on peut réfléchir, et on peut s’émouvoir.
Camille : C’est la rencontre entre Marie-Antoinette, Amy Winehouse et Lucy, l’australopithèque, qui se retrouvent toutes les trois, après leur mort, à devoir cohabiter ensemble. Grâce à l’arrivée d’Amy franchement sortie du XXIè siècle, on va essayer de faire évoluer Lucy et ce sera prétexte à parler de l’évolution du monde. C’est une confrontation de trois époques différentes, de trois femmes, de trois régimes politiques, …
Laura : Bien que fraichement sortie comme l’a dit Camille, Amy n’est plus très fraiche à ce moment-là, je dirais qu’elle est plutôt dans le coton. Mais, du coup, Marie-Antoinette va la missionner pour faire évoluer Lucy… et qui mieux qu’Amy pour faire évoluer Lucy ?
Lucia : Elles sont réunies dans la mémoire collective de l’humanité, Amy arrive suite à son overdose alors que les deux autres personnages cohabitent déjà ensemble depuis 1974, date à laquelle a été découverte Lucy. Le temps leur parait déjà très long et l’arrivée d’Amy est un prétexte pour Marie-Antoinette de s’en faire une alliée afin de faire évoluer Lucy, chose qu’elle essaie déjà depuis plusieurs années.
Laura : On rentre dans des détails mais Marie-Antoinette retrouve chez Amy des codes qu’elle a chez elle, qu’elle n’a pas en fait avec Lucy donc elle se reconnait en Amy de manière maladroite. L’époque a évolué donc elle reconnait des choses mais qui sont décalées, c’est ça qui est amusant et qui est mis en exergue dans tout le spectacle.
Au moment de vous glisser pour la première fois dans la peau de vos personnages respectifs, aviez-vous aussi fait quelques recherches personnelles sur le parcours et l’histoire de ces personnalités ?
Lucia : En ce qui concerne Lucy, j’ai surtout travaillé sur la corporalité du personnage, j’ai cherché une manière de parler, de bouger, et d’interagir, plus animale. Je me suis informée sur les capacités corporelles de Lucy, comme sa capacité à grimper, ses bras qui étaient plus longs que les notre …
Laura : Il faut noter que Lucia a un travail de corps assez impressionnant dans le spectacle…Venez voir ! Elle image en tout cas très bien ce que l’on projette aujourd’hui sur des australopithèques.
Camille : Pour Marie-Antoinette, déjà la pièce en elle-même est documentée, il y a vraiment des faits réels historiques, comme pour les deux autres personnages d’ailleurs. Oui, je me suis un peu documentée sur sa vie, sur qui elle était, sur comment elle pouvait réagir dans certaines situations. Mais, puisque c’est la mémoire collective, il fallait surtout être dans la projection de Marie-Antoinette dans l’inconscient collectif, il fallait comprendre comment elle était perçue, plus que de connaitre la vraie Marie-Antoinette. La voit-on comme une reine, comme une bourgeoise, comme une princesse, comme une petite fille, … ? C’est là où il faut faire un mix de différentes choses à certains moments pour imager cette représentation collective.
Laura : Pour ma part, l’idée était de trouver un équilibre juste entre la projection des personnes qui prennent de la drogue à outrance et celle, en même temps, de la personne qu’elle était, c’est-à-dire l’artiste. Il fallait être cette icône à la voix incroyable mais qui arrive sur scène droguée, avec l’habitude de cet état…Plus que de se documenter, il fallait trouver le bon jeu…
Lucia : C’est d’autant moins facile qu’Amy est un personnage contemporain dont tout le monde se rappelle parfaitement… Il fallait trouver le bon équilibre de tous les personnages pour ne pas tomber dans la caricature.
Camille : Surtout, Amy Winehouse est aussi la représentation des femmes du XXIè siècle donc elle est Amy mais il faut aussi qu’elle soit autre chose…Donc c’est aussi un autre équilibre à trouver !
Quels principaux retours avez-vous pu avoir du public jusqu’à présent ?
Laura : Percutant, génial, drôle !
Lucia : Ce qui revient souvent, c’est « on a beaucoup ri » et « qu’est-ce que c’est bien écrit ». Les spectateurs se laissent porter par le rire et le rythme mais le texte est si percutant qu’ils reviennent parfois pour en réécouter les nuances.
Laura : D’ailleurs, cette année, le texte est en vente à la sortie, il a été édité !
Camille : On nous dit souvent que c’est de la comédie avec de la réflexion, presque un conte philosophique. On a de super critiques !
Lucia : C’est une comédie populaire, dans le sens positif du terme, il y a plusieurs niveaux de lecture, même les enfants peuvent se régaler, ils ne rient pas sur les mêmes choses, c’est plaisant !
Camille : C’est familial dans le sens où les jeunes et les enfants peuvent, après, discuter avec les parents de ces trois personnalités, c’est un prétexte aussi pour discuter de l’Histoire. C’est donc une comédie intelligente !
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival ?
Laura : Des complets ! Plein de dates vendues ! Que la pièce vive encore longtemps !
Camille : De régaler les spectateurs ! Que l’on ait des salles où les gens sortent heureux de la représentation.
Lucia : On fait ce métier pour créer des souvenirs et, pour moi, le plus beau cadeau d’Avignon, est de rencontrer des gens dans la rue en tractant qui se rappellent de nous avoir vues et qui nous remercient de leur avoir fait passer un bon moment. Cela fait plaisir d’avoir laissé un petit souvenir dans la tête des spectateurs.
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène, au festival d’Avignon, à 14h 50, au théâtre Au coin de la lune, avec votre spectacle « Histoire d’un merle blanc ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous d’être présente ici ?
Oui, tout à fait ! Il y a une forme d’accomplissement que de pouvoir présenter « Histoire d’un merle blanc » dans un évènement aussi emblématique que le festival d’Avignon. D’autant plus que ce festival s’annonce vraiment festif cette année, on sent une émulation et une joie depuis quelques jours. On sent un retour du festival qui était peut-être un peu plus timide après la période Covid, il renait de ses cendres. En tout cas, j’ai cette sensation-là.
Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?
C’est un conte initiatique d’Alfred de Musset, qui raconte l’histoire d’un jeune merle blanc qui se fait rejeter par ses parents pour sa différence. Cela commence à s’y méprendre comme « Le vilain petit canard », il commence tout un voyage initiatique à la quête de lui-même, où il va rencontrer tout un tas d’oiseaux. C’est un spectacle qui est burlesque, coloré, pop, joyeux mais qui a du fond et qui s’intéresse à de vrais sujets, qui sont l’identité, la quête de soi et la violence de la société envers les êtres différents. Je pense que l’on s’est tous, un jour, senti différent, à quelque degré que ce soit, par rapport à quelque d’autre ou à la société donc on peut tous se retrouver dans le parcours du merle.
Quels sont les principales caractéristiques des personnages que vous jouez dans cette pièce ?
Je joue plusieurs personnages…Le merle blanc est en permanence sur le plateau et est interprété par un même acteur. Les quatre acteurs, dont je fais partie, changeons de rôle à de multiples reprises. Je commence par la tourterelle, qui est une des premières rencontres du merle, qui est vraiment le romantisme un peu neuneu, si je peux dire, par excellence, elle est toute rose, un poil niaise, elle est surtout dans l’ombre de la reine des pies, c’est la suivante. Mais elle représente ce romantisme très juvénile et très fleur bleue que peut avoir Musset, c’est elle qui exprime cette jeunesse. Je passe brièvement par un moment de cabaret, que j’ai rajouté à la pièce, avec des flamands roses qui représentent le côté festif frivole des nuits parisiennes. Enfin, je joue la merlette blanche, qui est ma dernière apparition et la plus déterminante, qui est une allégorie à peine dissimulée à George Sand et qui est, en fait, l’alter ego du merle blanc. C’est une femme de plumes elle-aussi, c’est un personnage qui arrive avec son lot de mystères…
Depuis le début du festival, quels principaux retours du public avez-vous pu avoir ?
On a eu des retours très touchants et très positifs de personnes qui nous ont signifié que le spectacle était très complet, que l’on passait par beaucoup d’émotions différentes. C’est vrai que le spectacle démarre de manière assez gentille on va dire, vraiment comme un conte, il y a de l’humour, de la fantaisie mais il y a de la vraie réflexion aussi. On nous a fait part des émotions traversées et de cette aventure assez complète vécue pendant une heure avec nous.
Il y a eu cette confirmation aussi que les profils présents dans le public étaient très différents. On a eu de jeunes enfants, des personnages d’âges plus mûrs, de tous horizons et de toutes origines sociales qui, au final, ont tous eu une assez forte identification au merle, un personnage à forte empathie. Le fait que l’on puisse se retrouver chacun, avec sa propre différence, dans celle du merle est quelque chose qui s’est confirmé dans les retours que l’on a eus.
Ces retours doivent certainement vous faire d’autant plus plaisir que vous êtes à l’origine du projet ?
Bien sûr ! En tant que metteuse en scène, quand le propos atteint les spectateurs, évidemment le travail est réussi et on a touché son but, surtout quand on s’attaque à un texte qui, malgré tout, reste classique. Même si c’est une écriture moderne et une mise en scène contemporaine, les thèmes sont profondément humains et intemporels. J’avais vraiment à cœur que ça puisse atteindre et toucher un public large parce que ce sont des thèmes qui appartiennent véritablement à tout le monde. D’avoir cette confirmation est quelque chose qui me touche…La scénographie plait beaucoup aussi, on m’a fait de nombreux retours sur la lumière, sur les costumes, sur la beauté visuelle du spectacle. C’est un goût et un plaisir que j’ai aussi de créer de beaux tableaux et de belles images, je pense que ça véhicule aussi beaucoup d’émotions. Tous ces retours, oui, me touchent particulièrement !
Avec toutes ces casquettes différentes sur ce projet, vos journées en Avignon doivent être particulièrement remplies ?
J’ai une équipe formidable, il y a beaucoup d’amour entre nous. Je pense que ça se sent quand une équipe s’apprécie : en tant que spectatrice, il y a un petit je ne sais quoi en plus quand de l’amour lie des membres d’une équipe. J’ai la chance d’être bien entourée….C’est notre premier Avignon à tous, on a tous cherché nos marques au début, maintenant ils ont confiance en moi aussi, je suis la capitaine du navire…
On tracte avant et après le spectacle, on le fait même vers 22h 30 dans certaines files d’attente car on sait que l’on peut convenir à de nombreux publics. C’est l’occasion de dialoguer avec les gens. Mais on ne se limite pas au tractage, on propose aussi de la parade, déjà parce que c’est plaisant d’être en performance mais aussi parce que je pense que c’est un autre type de performance. D’ailleurs, vous allez certainement nous croiser tout de plumes vêtus…Cela permet de rencontrer le public autrement.
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite du festival ?
Ce que l’on peut nous souhaiter de mieux, c’est d’ailleurs le profond souhait que j’avais en emmenant le spectacle au festival, c’est qu’il y ait des rencontres entre le merle, le public et les professionnels. On espère que le thème du spectacle puisse les toucher, on espère qu’il y ait une rencontre du cœur. On peut nous souhaiter que l’émotion véhiculée par le spectacle rencontre d’autres sensibilités et, évidemment, que ces rencontres puissent souffler dans les ailes de notre merle et l’emmener vers d’autres aventures au-delà du festival. On aimerait que le merle puisse poursuivre sa route sur la prochaine saison !