Demain Nous Appartient : Charlie Nune évoque ses premières semaines à l'image dans la série quotidienne de TF1 !
Bonjour Charlie,
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Nous pouvons vous retrouver depuis quelques semaines dans la série quotidienne de TF1 « Demain Nous Appartient », sous les traits du personnage de Soizic. A titre personnel, on imagine sans doute le plaisir et la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, je suis toujours contente de tourner. J’avais essayé de faire une reconversion professionnelle avant DNA, en fait j’ai volontairement arrêté de jouer pendant 4 ans, pour des raisons personnelles mais aussi parce que j’avais envie d’essayer autre chose. J’avais envie d’avoir une certaine forme de sécurité, maintenant que je suis seule avec mes enfants, où j’avais envie de mes 5 semaines de vacances par an, où j’avais envie du métro/boulot/dodo, où j’avais envie de savoir ce que j’allais faire la semaine d’après. En fait, j’ai découvert le monde en entreprise, chose que je ne connaissais pas et je me suis aperçue que ce n’était pas du tout pour moi. J’ai découvert des gens qui arrivent 15 minutes en retard et qui, 15 minutes avant leur fin de journée, sont sur leur chaise en train d’attendre. Tout cela parce qu’ils n’aiment pas leur vie. Je ne peux pas être épanouie dans une vie où je n’aime pas ce que je fais, où je suis avec des gens qui n’aiment pas ce qu’ils font. Ce qui est super sur les tournages, c’est que tout le monde est toujours de bonne humeur, tout le monde est content d’être là en fait et ça change une vie ! Donc, oui, quand on m’a proposé DNA, je n’ai pas réfléchi, c’était parfait, j’étais très contente de revenir et de récupérer ma vie. Cela me fait beaucoup de bien !
Au-delà du programme, le cadre de tournage est particulièrement agréable, aidant sans doute à la qualité finale du programme…
C’est sûr qu’il y a une très bonne ambiance, tout le monde est content, tout le monde est très accueillant, j’ai été très bien accueillie, je le redis encore. Que l’on soit là depuis une semaine ou un an, les gens nous traitent de la même façon, avec les mêmes blagues et c’est vraiment sympa ! Oui, c’est vrai que le cadre est cool, il y a la mer, il fait beau, il fait chaud. Quand on regarde le temps parisien, on se dit que, finalement, on est peut-être un peu mieux dans le sudJ. C’est sûr que c’est sympa, la ville est agréable et les gens sont chouettes.
Nous le disions, vous interprétez le personnage de Soizic. Quel regard portez-vous à présent sur elle ?
On a beaucoup travaillé, avec Emmanuel, le passif et les raisons de leur séparation. On s’est demandés pourquoi lui était parti dans le sud alors qu’elle est restée en Bretagne. En travaillant le passif du couple, cela m’a aidé à travailler le passif de Soizic. En fait, c’est une nana qui a besoin de tout contrôler, ce qui explique aussi pourquoi elle est devenue médecin. Là, elle arrive avec une idée en tête, elle sait ce qu’elle veut, elle sait où elle va, elle est persuadée que ça va marcher. Je pense que c’est une nana assez carriériste, qui a du succès dans ce qu’elle fait parce qu’elle s’en donne les moyens. Du coup, elle n’a pas l’habitude qu’on lui dise non, surtout pas quand, pour elle, c’est une évidence.
Elle ne croit pas au couple Charlie/François parce que Charlie est beaucoup plus jeune. Elle est donc persuadée que François va revenir…sauf que François ne revient pas….Cela lui brise le cœur et fait d’elle une nana sensible. Elle a une grosse carapace, une grosse protection, une vraie barrière avec les gens, sauf qu’elle reste humaine. Les gens font des erreurs, elle aussi…
Artistiquement parlant, ce personnage vous permet sans doute un panel de jeu large et diversifié…
Oui et je n’avais jamais interprété de rôle comme celui de Soizic. J’ai toujours eu des rôles de nanas avec du caractère, de toute façon je pense que je dégage aussi cela, j’ai du caractère dans la vie, je parle fort, j’ai la voix plus ou moins grave. C’est compliqué de me mettre dans le rôle d’une nana très lisse, je pourrais mais ce n’est pas ce que je dégage de base je pense. Oui, elle m’a permis de voir un autre style de jeu que je ne connaissais pas, celui de la manipulatrice. Elle a un côté qui n’est pas sympa et je n’avais jamais eu de rôle de méchante.
Ce genre de rôle est-il, quelque part, encore plus plaisant du coup pour vous ?
Je n’ai pas vraiment eu de rôle lisse mais je pense que je m’ennuierais très vite. Je préfère prendre des risques, je m’enfiche de ne pas être belle tout le temps à l’écran, je n’en ai pas besoin. Je n’ai pas besoin d’être lisse, j’aime bien être laide. Le fait de faire des choses pas cools, ce qu’elle fait, m’amuse davantage. Ça ne me plairait pas d’avoir un rôle de pure méchante, quoi que…En tout cas, j’aime bien le mix des deux, un coup méchante, un coup moins. Soizic est un personnage que l’on aime bien détester, j’imagine. Mais, pour pouvoir en aimer d’autres, il faut bien que l’on en déteste certains, sinon on s’embêterait et il n’y aurait pas d’histoire. Donc, oui, ça me plait bien, Soizic a des défauts mais je l’aime bien.
Vous évoquiez précédemment le travail préparatoire que vous avez fait sur votre personnage. En complément, vous étiez-vous (re)plongée dans les diffusions en cours pour mieux encore appréhender le contexte ? Ou, à l’inverse, avez-vous préféré arriver avec une certaine fraicheur ?
J’ai commencé à regarder pour connaitre les décors, les lumières, les réalisateurs, le contexte et les personnes avec qui j’allais tourner. J’étais intéressée en fait par ce que j’allais faire. Mais je voulais surtout travailler avec Emmanuel, je voulais qu’on en parle tous les deux, je voulais qu’on construise le personnage de Soizic ensemble parce que c’est par son biais que j’arrive avec notre fils. Je voulais qu’on en discute tous ensemble et, d’ailleurs, le jour-même ou le lendemain de mon arrivée, j’ai eu rendez-vous avec Emmanuel, Alain et Clémence, on est allés boire un verre tous les 4 pour se présenter et pour parler de notre relation à tous. J’ai trouvé très sympa qu’ils prennent du temps pour moi alors que je ne les connaissais pas. J’ai trouvé cela très professionnel et très bien. Cela m’a touchée !
On le sait, le rythme de tournage d’une quotidienne est particulièrement soutenu. Sans doute que votre parcours vous a aidée à sauter dans ce train en marche ?
J’ai été à bonne école. Il y a plus encore d’ailleurs de rythme que sur « Plus Belle La Vie », avec quelques minutes utiles supplémentaires par jour. C’est vrai que cette série m’avait appris à travailler de cette façon. Sinon, c’est beaucoup plus lent, avec beaucoup de moins de minutes à faire par jour. Après, je me fatigue vite, dans le sens où, si je dois pleurer – chose que j’ai beaucoup de mal à faire de base, même dans la vie -, je vais demander à faire les plans serrés en premier. Parce que je sais que, au bout de 3 à 4 fois, je ne pleurerai plus, je n’y arriverai plus. Je suis plutôt un micro-onde, je carbure tout de suite.
Plus globalement, quels premiers retours avez-vous pu avoir du public ?
Que Soizic est une « connasse », que, visiblement, j’ai beaucoup vieilli et que je suis frustrée ! Oui, oui, oui…Beaucoup de gens ne font pas la différence entre la comédienne que je suis et le personnage que je joue. C’est vrai que c’est très violent et il ne faut pas oublier que l’on interprète des rôles, que l’on n’est pas comme cela dans la vie. Je donne toujours cet exemple, Mimie Mathy ne disparait pas vraiment quand elle claque des doigtsJ. Donc il faut bien faire la différence ! C’est vrai que, quand je rencontre quelqu’un que je ne connais pas et que la personne me dit « je te suis depuis Plus Belle La Vie et mon dieu ce que tu as vieilli », oui, c’est très violent ! Ce n’est pas parce qu’on est dans le salon des gens tous les soirs qu’on les connait, qu’on est leur pote, qu’on n’a pas droit à un minimum de respect et d’humanité. Les gens qui ne font pas la différence entre la fiction et la réalité n’ont plus d’humanité, on est à leur service parce qu’on est là tout le temps avec eux. Je peux comprendre que ça porte à confusion mais je suis hypersensible de base donc quand on me regarde en me disant que j’ai vieilli, oui, ça me fait mal. Déjà, parce que je le sais et qu’il y a toujours ce problème des femmes qui, quand elles vieillissent, travaillent moins. En fait, c’est hyper compliqué à vivre. Quand on se regarde dans le miroir et qu’on se voit vieillir, ce n’est pas forcément évident donc on n’a pas forcément besoin de quelqu’un pour nous le rappeler. Malheureusement, ce rappel est quelque chose de très récurrent dans ma vie en ce moment…Je le sais, il faut arrêter ! Les gens, vraiment, ne sont pas toujours bienveillants et ce n’est pas sympa…
On fait ce métier parce qu’on a envie de divertir les gens. Pourquoi alors ne sont-ils pas bienveillants avec nous alors qu’on l’est avec eux ? Tout notre métier, finalement, est basé sur la bienveillance avec les gens donc j’aimerais aussi qu’ils le soient avec moi…
Je n’ai pas beaucoup de réseaux sociaux, simplement Instagram et beaucoup de comptes commencent à pulluler avec mon nom…Mais il n’y en a qu’un seul d’officiel, qui ne devait d’ailleurs pas tarder à être certifié. Je vous avoue que je ne lis plus les commentaires, je n’ai pas envie de les lire parce que le peu de fois où je l’ai fait, franchement, j’ai vu des choses méchantes. Après, j’essaie de me dire que je ne suis pas Soizic et que, en fait, ils parlent de quelqu’un qui n’est pas moi. Mais c’est quand même moi qui l’interprète donc, parfois, moi-aussi j’ai du mal à faire la différence entre Soizic et moi.
A l’inverse, sans doute recevez-vous quand même des retours positifs sur votre personnage et votre jeu ?
Pas trop, non…Ou alors je ne les ai pas vus mais les gens ne parlent jamais du jeu, ils parlent toujours du personnage et de ce qu’il fait dans la série. C’est dommage que l’on ne parle jamais du comédien ou de la comédienne…Je n’ai que des critiques sur mon physique et sur ce que Soizic fait…C’est tout ! Il n’y a aucun aspect artistique dans ce genre de critiques donc, en fait, ce n’est même pas constructif !
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En complément, votre emploi du temps vous permet-il quand même de travailler sur d’autres projets ?
J’ai écrit un one-woman show, mis en scène par Aurore Pourteyron, une comédienne extraordinaire et une amie depuis 20 ans. J’aimerais beaucoup arriver à prendre le temps de le jouer. J’ai fait beaucoup de choses jusqu’à présent, notamment une expo photos, où j’ai pu me dire : j’avais envie de la faire et je l’ai faite ! Idem pour ce spectacle, je veux le faire, même une seule fois, au moins je pourrais me dire que je l’ai fait et que je ne l’ai pas écrit pour rien. Je ne veux pas me retourner dans ma vie et me dire « mince, j’aurais aimé faire ceci et je ne l’ai pas fait ». Je préfère faire les choses, me planter mais, au moins, me dire que j’ai eu le courage de les faire. C’est ce que j’appelle sauter de la falaise. Ma vie, c’est sauter de la falaise, tout le temps et ça me plait de vivre comme cela !
Le spectacle, pour le moment, s’appelle « Mais où est donc Charlie ? » et ça parle de la difficulté à trouver sa place dans le monde. Je l’ai écrit pendant que je bossais dans mon entreprise parce que, justement, je ne trouvais pas ma place. Je me suis aperçue que, quand on parle de place, plein de questions en découlent : c’est trouver sa place dans une famille, trouver sa place dans la société, trouver sa place dans une entreprise, trouver sa place parmi ses amis. Et, même trouver sa place, quand on est un homme, avec les hommes et, quand on est une femme, avec les femmes. En fait, trouver sa place, c’est une phrase qui a un prisme tellement large. Finalement, il y a tellement de choses à dire que j’aurais pu écrire une heure et demie de plus que celle déjà écrite. Surtout dans le monde d’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, avec la téléréalité, avec tous les filtres, avec tous les fakes, je trouve ça très compliqué de trouver sa place et ça m’inquiète beaucoup pour mes enfants !
Merci, Charlie, pour toutes vos réponses !