Serge Gisquière évoque la sortie de son livre, Hors Séries !
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Bonjour Serge,
Quel plaisir d’effectuer ce nouvel entretien avec vous !
Vous publiez actuellement « Hors Séries », un livre de 276 pages d’entretiens et de photos personnelles. Comment le présenteriez-vous ?
On va dire que l’idée était la suivante : on se connait tous depuis 20 ans mais on ne se connait pas vraiment. A certains moments, ça m’avait un petit peu démangé de savoir ce que tout le monde avait été avant de se rencontrer par le biais de cette série. J’ai donc demandé à tout le monde s’ils étaient prêts à répondre à quelques questions. Ils ont tous dit oui. Pour résumer ce bouquin, je pense que c’est une sorte de recueil de confidences que l’on donne tous aux gens qui nous suivent, qui nous aiment et qui voulaient peut-être un petit peu plus savoir ce que l’on est dans le quotidien, derrière l’écran. Je dirais que c’est un livre un peu confidence, collectif, même si c’est moi qui ai tenu la plume.
Au moment d’effectuer ces entretiens, on imagine que votre longue amitié avec les personnes interrogées vous a aidé à une certaine sincérité et une certaine authenticité ?
Je pense, oui. Nous sommes tous très proches, ce n’est pas exagéré de dire que l’on forme vraiment une sorte de tribu, presque de famille. Je pense que c’est ce qui fait aussi que tout le monde s’est prêté à l’exercice, notamment ceux qui sont parfois les plus réticents pour se confier, je pense par exemple à Hélène. Je dirais presque que c’étaient des discussions entre potes, où on se parlait, où moi-même je confiais mes expériences d’enfance quand j’essayais de recueillir les leurs. Cela a vraiment été des conversations très agréables, menées effectivement en toute amitié, en toute confiance surtout. Il était évident que je n’allais pas essayer de chercher la petite bête quelque part et que tout ça se ferait dans le respect que l’on se porte déjà depuis tant d’années. Il n’y avait pas de raison que le livre trahisse cela. Donc ce fut des entretiens qui ont été très agréables pour tout le monde, pour moi évidemment qui les ai recueillis mais aussi pour les gens qui se sont confiés.
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Nombre de fois, ils m’ont dit après « ah ça fait du bien de parler », à tel point que Laly m’a dit qu’elle avait tellement aimé qu’elle aimerait le faire avec moi. C’est elle qui a du coup guidé mon entretien. Mais d’autres personnes m’ont dit qu’elles aimeraient bien savoir de moi ce qu’elles me confiaient sur elles. Ce qui a été très drôle, comme chacun n’avait relu que son passage, c’est que tout le monde était très très curieux de lire le passage des autres. Parce que, finalement, de l’aveu général, on se connait tous mais on ne se connait pas bien. On se connait depuis des années, ça fait plus de 20 ans, voire même 30 pour certains, que l’on travaille ensemble mais, à de rares exceptions près, on ne connait pas ceux que l’on était avant. Ou ceux que l’on est encore maintenant, dans le présent : quels sont nos sentiments sur ce qui se passe actuellement, sur la vie en générale, sur ce que l’on aime, sur ce que l’on n’aime pas, sur ce qui nous tient à cœur, sur les valeurs et les principes que l’on défend….voilà, il s’agissait en fait de faire un peu le tour de tout cela. C’est vrai, pour le coup, que la complicité que l’on se porte, et l’amitié pour certains, a beaucoup aidé à ce que ces entretiens soient authentiques, honnêtes et, surtout, très détendus. Certaines personnes qui ont lu le bouquin m’ont dit « c’est drôle, on a l’impression d’être là pendant que vous en parlez ». C’étaient vraiment des discussions de potes en fait, c’est ce que j’ai essayé de retranscrire aussi dans les mots, en toute simplicité.
D’ailleurs, vous le dites, certains des comédiens avouent s’être, eux aussi, un peu plus découverts….
Oui, qu’il s’agisse des autres comédiens ou d’eux-mêmes parfois. Il y a certaines réflexions d’Hélène qui étaient drôles, elle me disait « c’est incroyable, je me rends compte maintenant que j’ai passé mon temps à essayer de fuir ce que l’on me proposait ». D’autres aussi, comme Philippe Vasseur, qui faisait des confidences, lui qui est quelqu’un d’assez réservé, d’assez taciturne, là il s’est pris au jeu à dire des choses que, finalement, il ne pensait pas pouvoir dire ou qu’il n’a jamais pu dire dans sa vie en général. Ca fait aussi la richesse, je pense, de ce livre et la richesse de ce moment que j’ai vécu avec eux. C’est un vrai moment d’amitié, de complicité, c’était bien. Je pense que l’on était tous contents, au final.
Justement, pour préparer ces moments, avez-vous eu une méthodologie particulière en amont ?
Il y avait une logique à suivre, d’où l’on venait, où on était né, comment on avait grandi, quels étaient nos rêves d’enfance,….Tous ont commencé, à de rares exceptions près, très très jeunes dans ce métier. Non, il n’y a pas eu de méthodologie, je pense qu’il y avait un fil conducteur qui consistait à faire les choses de manière à peu près chronologique mais c’était agréable car, justement, on se connait tellement bien que je pouvais aussi rebondir sur des silences notamment. Ca a aidé à ce que ce ne soit pas formaté, au sens journalistique du terme. Evidemment, il y a avait une logique, une chronologie et, à la fin, il y avait ce petit portrait chinois où je posais de petites questions rapides. Ce qui a de drôle, ce n’est pas tant pour ce qu’ils disent sur les couleurs, les animaux, les sentiments ou autres, c’est que, parfois, des questions comme celles-ci, jetées très rapidement, font ressortir quelque chose auquel on ne pense pas. Tout d’un coup, on a abordé des chapitres que l’on n’aurait pas pu aborder peut-être par le biais d’une question classique parce que l’on n’y aurait pas pensé.
J’avais à peu près en tête ce que je voulais savoir d’eux mais ce n’était pas du tout formaté, ça s’est fait, on va dire, au fil de la discussion.
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Quels premiers retours avez-vous déjà pu avoir suite à la parution de ce livre, de la part des comédiens interrogés ou des lecteurs ?
Pour les comédiens, comme je le disais, ils étaient tous très curieux de savoir ce que l’autre avait pu dire, à quoi l’autre ressemblait aussi, quelles confidences il avait pu faire. C’était plutôt drôle.
Côté lecteurs, il y a un petit peu de tout, des gens qui avouent ne pas lire beaucoup ont reconnu s’être jetés là-dessus, ça fait toujours plaisir de savoir que l’on peut amener des gens à la lecture par ce biais-là. Les commentaires sont toujours très émouvants, ils disent « ne pas imaginer que quelqu’un ait pu être comme cela ». Ca rapproche encore, je pense, les comédiens des téléspectateurs qui les regardent toutes les semaines. Parce que, finalement, ils s’identifient à tel ou tel personnage et, là ils peuvent aussi s’identifier à telle ou telle personne. Cela devient très drôle.
D’autres retours aussi m’ont fait bien plaisir car ce n’était pas le but premier de ce bouquin, certaines personnes m’ont dit « tiens, c’est marrant, c’est au-delà du portrait des gens, c’est un peu le portrait d’une époque où tout était finalement peut-être un peu plus simple que maintenant ». Aujourd’hui, on a à notre disposition des tas de choses qui nous ouvrent sur le monde et, finalement, on se rend compte que l’on fait peut-être beaucoup moins que ce que l’on pouvait faire à l’époque. Ce livre est une sorte de madeleine de Proust, ce sont les sentiments d’enfance qui rejaillissent.
Il y a des tas de gens d’horizons très différents qui ont atterri dans cette aventure, ça a été on va dire le coup de génie de Jean-Luc Azoulay, d’avoir réuni des gens qui venaient de tous bords, qui se sont entendus à merveille et qui ont créé cette ambiance, qui fait que la série dure encore maintenant. Sinon, je pense que ça fait longtemps que ça aurait explosé.
Vous l’avez dit, vous êtes, vous aussi, passé de l’autre côté, au travers de l’échange avec Laly. Quelles sensations, quels sentiments cela vous a-t-il procurés ?
J’ai éprouvé ce que les autres m’avaient dit avoir éprouvé, c’est-à-dire la joie de se confier à des gens que l’on aime, que l’on côtoie souvent et qui n’en savent pas beaucoup sur nous finalement, sur notre passé ou sur nos pensées. Ça m’a surpris aussi de me prendre au jeu, de me raconter. Je l’ai fait avec Laly, une personne avec qui je suis extrêmement proche, avec qui je m’entends à merveille, c’était pareil, c’était une discussion où l’on rebondissait, où on se taquinait. Le fait de se moquer gentiment de l’autre amène aussi un ton. C’était vraiment une discussion agréable.
Les entretiens, plus généralement, duraient entre une heure à deux heures et demie. Parce que, au-delà de ce qui est retranscrit dans le bouquin, on parlait de tout. C’était un moment qui était consacré à cela, sans qu’il n’y ait autre chose pour l’interrompre. C’était drôle….
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Cette parution vous donne-t-elle l’envie de renouveler l’expérience, peut-être même dans un registre bien différent ?
J’ai un certain goût pour l’écriture. Par le biais aussi des scénarios, j’aime bien écrire. Oui, pourquoi pas, j’ai des tas de choses qui sont en gestation, ou bien des scénarios, ou bien des synopsis, ou autres et je me dis parfois que ce serait drôle d’en faire un roman.
En parallèle, quels sont vos autres projets en ce moment ?
Comme mon personnage est un peu entre parenthèses parce qu’il est parti en vacances à l’autre bout du monde et qu’il n’est pas revenu, Jean-Luc Azoulay m’a gentiment proposé de réaliser des épisodes. J’ai commencé il y a un peu plus d’un mois, c’est un exercice qui me plait vraiment beaucoup, ce n’est pas de tout repos mais j’ai aimé. C’est très dense, autant qu’on est comédien, on fait uniquement ses scènes, autant un réalisateur fait les scènes de tout le monde. C’est un exercice que j’ai apprécié et que je vais recommencer le mois prochain. Si tout se passe bien, je devrais le refaire plus souvent.
Pour le reste, des tas de choses avancent en parallèle. Et mon personnage n’est vraiment pas à l’abri d’un retour, il peut revenir d’un moment à l’autre.
Merci, Serge, pour toutes vos réponses !