Manon Brunet évoque sa belle carrière de championne d'escrime !
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Bonjour Manon,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes une jeune escrimeuse de talent, avec un palmarès déjà bien rempli. Si on revient quelques années en arrière, comment vous sont venues cette passion et cette envie de pratiquer ce sport et le sabre plus particulièrement ?
Au départ, je faisais du taekwondo et de la danse. J’avais des parents très sportifs, du coup être sportive était un peu évidentJ. En fait, ces deux activités ne m’ont pas forcément plu et j’ai une copine à l’école qui m’a proposé d’essayer l’escrime. J’ai commencé, l’ambiance du club et la tenue m’ont énormément plu, du coup c’est comme ça que j’ai démarré. J’ai choisi le sabre parce que, en fait, je n’ai pas vraiment eu le choix, mon club ne proposait que cette arme-là. Heureusement car je pense que je n’aurais pas continué si ça en avait été une autre.
Plus jeune, aviez-vous des modèles en particulier, qui vous a peut-être inspirée par la suite ?
En termes de haut niveau non car je ne regardais pas trop ce qui se passait. Aux Jeux Olympiques, je regardais beaucoup l’épée mais pas spécialement le sabre. Je regardais plutôt les grands dans mon club, qui avaient deux trois quatre ans de plus que moi. Je voulais devenir aussi fort qu’eux.
Aujourd’hui, au quotidien, qu’est-ce qui vous plait tant dans ce métier qui doit sans doute être une passion pour vous ?
Oui, c’est sûr que l’escrime est complètement une passion. Je suis une des sportives qui aime aller s’entrainer. J’aime l’escrime déjà parce que c’est un jeu. En fait, c’est un sport assez complet, il y a de la technique, de la tactique, on ne se rend pas compte mais c’est assez physique et il y a beaucoup de respect. C’est un sport complet, c’est ce que j’aime.
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Le rythme d’entrainement doit être particulièrement intense et soutenu. A combien d’heures par jour s’élève-t-il ?
Je m’entraine deux fois par jour. En tout, je fais 20 à 25 heures par semaine. Juste le sabre, je pense que je dois faire entre 4 et 6 heures d’assaut à l’entrainement, plus 2 à 3 heures en individuel avec le coach.
Entre deux compétitions, avez-vous pour habitude de visionner vos rencontres pour en tirer des leçons, positives ou d’amélioration ?
Oui, oui, quand on a eu de grosses difficultés, c’est le premier réflexe, on regarde pourquoi ça n’a pas fonctionné, pour voir si c’est nous qui avons fait des erreurs ou si c’était un style de jeu qui nous a gênés. On cherche donc ce qu’il y a à changer. Quand ça fonctionne, au contraire, on regarde ce qui est bien, ce qu’il faut garder. Donc, oui, regarder ses matchs de compétition est essentiel. Dès fois même, on se filme à l’entrainement, surtout en ce moment d’ailleurs, vu qu’il n’y a pas de compétition. Cela nous permet de regarder nos touches et nos erreurs.
C’est enrichissant car, souvent, on imagine des choses qui ne sont pas du tout réelles. Mais c’est difficile, quand on a perdu le match, de revoir l’échec. Il m’est souvent arrivé de pleurer, plus jeune, devant un match que j’avais perdu, ou d’être mal. Sinon, c’est enrichissant, quand on perd, on apprend mais c’est sûr que si on ne cherche pas à savoir pourquoi on a perdu, on n’apprendra pas. Ça fait partie du travail.
Sans dévoiler de grand secret, avez-vous un petit rituel dans les dernières minutes juste avant une rencontre ?
Oui, j’ai créé une routine avec mon préparateur mental pour me mettre dans une espèce de bulle et essayer de me mettre dans un mode de combat. Souvent, on a rituel en compétition qui est créé, c’est-à-dire qu’on nous invite à aller dans une salle d’appel pour sortir ensuite sur la piste avec notre arbitre et notre adversaire. Dans cet endroit, je fais alors ma petite routine d’échauffement mental et un peu physique pour mettre mon corps et ma tête en éveil.
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Même si ce n’est sans doute pas forcément évident, comment décririez-vous votre jeu ?
C’est un jeu d’attaque. Je joue beaucoup sur ma rapidité et mon physique. Mon but est d’attaquer mais ce n’est pas forcément ce que je fais tout de suite. Mais, oui, c’est un jeu offensif. Quand on me regarde tirer, disons que ça bouge beaucoup sur la piste.
Nous le disions, à 25 ans, votre palmarès est déjà très riche. En prenant un peu de recul, on imagine votre joie et votre fierté ?
Oui, je suis très contente de ce que je fais. Je vis de ma passion, j’en fais tous les jours. Déjà, ce n’est que du bonheur. Après, oui, c’est vrai que j’ai pas mal de lignes à mon palmarès mais j’en veux encore plus, surtout sur le plan individuel. J’ai déjà été championne du monde par équipe, j’aimerais bien avoir cette médaille d’or pour moi toute seuleJ.
D’ailleurs, quels sont, à l’heure actuelle, vos meilleurs souvenirs en compétitions ? A l’inverse, quels moments vécus restent les plus compliqués ?
Le plus beau moment que j’ai vécu est justement quand on a gagné le championnat du monde par équipe, en 2018. C’était une médaille que l’on cherchait depuis quelques années, que l’on n’arrivait pas à avoir. On avait fait des finales, on avait gagné des coupes du monde mais on n’avait encore jamais réussi aux championnats du monde. Ces championnats en Chine ont duré très longtemps, c’était justement l’année où il y avait la coupe du monde, on était restées trois semaines sur place, loin de nos familles, dans un monde différent du nôtre. J’avais vraiment loupé l’individuel, mes coéquipières aussi. Du coup, quand on a gagné par équipe, on a pu relâcher un an de pression, plus les 3 semaines de compétition, plus nos échecs individuels. J’ai rigolé et pleuré en même temps, très longtemps, tellement il y avait de pression qui se relâchait et d’émotion de la victoire qui était énorme.
J’ai eu d’autres magnifiques souvenirs, comme gagner la coupe du monde à Orléans. La première fois, c’était en 2016, juste après les Jeux Olympiques, où je venais de faire 4ème. Après Rio, j’avais envie de gagner et la victoire m’a permis de me rendre compte que j’avais pris mon tremplin aux JO. En 2019, j’ai à nouveau gagné là-bas et j’étais très touchée parce que, cette fois, mes parents étaient là. Eux qui me soutiennent depuis que je suis toute petite, dans le sport et dans la gagne, ils avaient enfin pu voir ce que ça faisait de me voir gagner. J’étais vraiment très fière de pouvoir partager cela avec eux.
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En vrai, il y a quand même pas mal de mauvais souvenirs. Mais je pense que le plus difficile a été celui des Jeux Olympiques. Pas forcément de faire 4è, certes cette place était difficile à digérer mais il y avait quand même pas mal de choses positives dans cette journée-là. C’était surtout de digérer la défaite par équipe. On a fini 8è, on était venues pour une médaille et ce fut une grosse grosse déception. Ajoutée à la 4è place, c’était encore plus dur à digérer. J’ai mis plusieurs semaines voir plusieurs mois à me remettre de cette grosse déception. On n’a jamais re-regardé le match avec mon équipe.
Du coup, la prochaine Olympiade fait sans doute partie de vos objectifs à court terme ?
C’est ça. Depuis Rio, les Jeux Olympiques de Tokyo sont mon objectif. Là, ça a été décalé d’un an, du coup on repousse d’autant. En tout cas, oui, je m’entraine pour être prête pour cette compétition.
D’ici là, quels sont les prochains grands moments que vous attendez avec impatience ?
On part en coupe du monde dans deux semaines, ça fait un an que l’on n’a pas fait de compétition donc c’est un moment que l’on attend. Le groupe a envie de voir comment toutes ces personnes se sont entrainées, quel est le niveau, quel est le rythme de la compétition car on a un peu tout oublié. On s’est pas mal entrainées pendant des mois mais on s’entraine avant tout pour la compétition. De ne pas en avoir eue pendant un an ne nous était jamais arrivé, donc c’est difficile. Plus personnellement, je me suis blessée pendant 6 mois à l’adducteur, du coup je n’ai pas pu m’entrainer pendant cette période. C’est la première fois sur une aussi longue durée. Là, j’ai repris l’entrainement depuis un mois à peu près, j’ai envie de voir ce que ça donne, si le retour est bon, si je suis dans le bon rythme pour me préparer justement pour les Jeux Olympiques. D’ici là, au-delà de cette coupe du monde prévue dans deux semaines, peut-être qu’il y en aura d’autres en avril et mai, mais ce n’est vraiment pas sûr. Peut-être aussi les championnats d’Europe en juin. Ce serait, à priori, les trois compétitions que l’on aurait avant les JO. Mais ce n’est pas sûr à 100%. Seule l’épreuve dans deux semaines est confirmée, on a hâte de la faire pour retrouver nos sensations.
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Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
Plein de médailles, plein de bonheur et de pouvoir continuer à m’épanouir dans ma passion.
Merci, Manon, pour toutes vos réponses !