Plus Belle La Vie : Jeanne Pajon évoque son personnage et aborde ses autres projets !
Bonjour Jeanne,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
On peut vous retrouver, depuis peu, dans la série à succès de France 3 « Plus Belle La Vie », où vous incarnez le personnage d’Angèle. On imagine que rejoindre cette grande et belle famille est source, pour vous, de joie et de fierté ?
C’est effectivement une joie d’avoir rejoint l’aventure « Plus Belle La Vie ». Sachant que la série existe depuis quinze ans, j’ai l’impression un peu d’appartenir à une grande entité. C’est mon premier tournage, j’apprends avec eux et c’est une très très bonne école. C’est une vraie famille en fait, tous les corps de métiers s’entendent bien, l’ambiance est très conviviale. Dès mon arrivée, je me suis sentie à ma place. C’est agréable de travailler dans ces conditions.
On n’a pas énormément de prises, on apprend ainsi à être performant, à être immédiatement dans l’émotion s’il faut en avoir bien sûr, à être rapidement dans le résultat.
Les téléspectateurs sont nombreux à nous suivre chaque soir, c’est agréable de faire partie de leur vie, on sait qu’on est là pour eux et qu’ils sont là pour nous aussi. C’est super !
Avant de rejoindre le programme, connaissiez-vous la série ? Peut-être avez-vous regardé plus en détails les épisodes pour mieux maitriser l’environnement ?
Oui, j’ai regardé quelques épisodes en famille et je me suis rendue compte que la série évoque des sujets très actuels. C’est génial qu’un programme quotidien traite de cela même si certains sujets peuvent être assez durs voire dramatiques.
Comment caractérisez-vous Angèle, votre personnage ? Comment la présenter ?
Angèle est arrivée assez pimpante, c’est une jeune fille naturelle, forte, qui a de la répartie et de l’humour. Depuis son arrivée au lycée, elle a traversé plusieurs drames. Le premier était l’éboulement du gymnase, où elle s’est retrouvée enfermée et où elle a cru mourir. A peine sortie de là, elle rentre dans l’intrigue « MeToo », une intrigue très forte et qui prend toute sa dimension en ce moment. Il faut en parler, il faut libérer la parole. Le fait que la série développe une intrigue sur ce thème pourra sans doute faire avancer certaines choses. Espérons-le, cela pourrait peut-être même éduquer certaines personnes. Je l’espère fortement en tout cas.
Le harcèlement sexuel ou scolaire est, malheureusement, très fréquent. C’est important pour moi de contribuer à cette intrigue, c’est quelque chose qui me tient à cœur et je suis heureuse de pouvoir défendre ce sujet. Pour, peut-être, donner la parole à des femmes qui n’arrivent pas encore à parler.
C’est très intense à jouer, on a toujours peur de faire le faux pas, la chose de trop, l’émotion de trop. J’espère interpréter cela avec beaucoup de respect pour ces femmes- là, je ne voudrais pas les blesser ni les faire se sentir jugées. J’ai eu le privilège de jouer avec Aurélie Vaneck, une partenaire incroyable avec qui j’ai passé de superbes moments, très intenses et très beaux aussi devant la caméra. C’est une chance, en tout cas, de pouvoir parler de ce thème devant un si large public.
Pour pouvoir défendre et interpréter ce thème très fort, avez-vous eu une méthodologie particulière de préparation ? Vous êtes-vous renseignée à titre personnel sur ce sujet ? Avez-vous lu des témoignages ?
J’ai lu beaucoup d’interviews de femmes qui libèrent la parole quelques années après leur agression. J’ai aussi lu des articles sur les victimes de harcèlement sexuel ou de viol, je me suis également renseignée sur les chiffres, j’ai regardé les lois dans lesquelles on joue beaucoup sur les mots. Malheureusement, notre système n’est pas encore assez efficace dans sa lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants et il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour assurer une protection efficace aux femmes et aux enfants qui sont victimes de violences. Les victimes ne sont pas souvent au courant de toutes les aides que l’état peut leur apporter après un viol ou une agression sexuelle par exemple. Des centres (même s’il en manque) existent pour les héberger, pour les cacher, pour les aider à se reconstruire loin des agresseurs.
Et cette ordonnance de protection pendant 6 mois par l’Etat est peu appliquée en France et méconnue des Français. En Espagne -pays reconnu pour son efficacité dans sa lutte contre les violences faites aux femmes et enfants, il y a près de 40 000 femmes par an qui demandent à être protégées et logées dans ces centres de reconstruction, contre seulement 3 000 en France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Je me suis aussi renseignée sur les suites données aux procès, souvent ces derniers ne mènent à rien, ou sont minimisés en requalifiant le crime de viol en délit d’agression sexuelle.
Du coup, j’insiste, je trouve très intéressant que « Plus Belle La Vie » parle de cela, c’est vraiment l’un des sujets les plus importants du moment, je crois.
Le hashtag « MeToo », « Balance ton porc » ou encore « NousToutes » apparait sous forme de vagues alors qu’il devrait être, à mon sens, quotidien. C’est le quotidien des victimes après tout, alors pourquoi cette lutte ne serait-elle pas quotidienne aussi pour l’Etat?
Pour la suite, si le scénario le permet, aimeriez-vous pouvoir développer d’autres thématiques, plus joyeuses, au travers d’Angèle ?
J’adorerais ! Je pense, en plus, qu’Angèle peut vraiment être une source de joie et un rayon de soleil. J’aimerais beaucoup aller plus vers de l’humour, du léger, il me plairait qu’elle développe ça avec ses amis et, pourquoi pas, ses parents, s’ils venaient à arriver dans la série.
Vous êtes une artiste aux multiples cordes artistiques. En complément des plateaux, vous êtes une habituée des planches. Vous revenez d’un Festival franco-allemand à Berlin, où vous avez joué une pièce. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’est vrai que je viens du monde du théâtre. J’ai eu la chance de faire les Cours Florent et d’y intégrer la Classe Libre. Là-bas, j’ai eu énormément de professeurs qui m’ont appris diverses façons d’appréhender les textes, l’espace. J’ai pris un peu de tout le monde pour faire ma sauce.
Nous étions à Berlin, effectivement, avec ma compagnie « Le peuple aveugle », où nous avons joué « Hysterikon », une pièce d’Ingrid Lausund, une auteure allemande. Cette dernière est d’ailleurs venue à la représentation! C’est une pièce fantastique, on passe vraiment du chaud au froid en termes d’émotions, de vraies montagnes russes! C’est très drôle et très touchant à la fois. C’est une satire de notre société qui se passe dans un supermarché du rêve.
Ce Festival fut l’occasion, bien sûr, de découvrir la ville mais surtout de tester une nouvelle mise en scène, qui a très bien marché. Maintenant, nous espérons jouer la pièce un peu partout en France, à Paris et en province. Nous sommes à la recherche d’une production et ne fermons pas notre porte à des dates à l’international.
En complément, vous préparez actuellement un concours théâtral, pour lequel une lecture est prévue le 12 décembre prochain. Que pouvez-vous nous en dire ?
C’est un projet immense, nous sommes nombreux sur scène. C’est une pièce écrite par Marc Tournebœuf, qui s’appelle « Astrid ou l’acerbe comédie ». En cinq actes, en alexandrins, c’est une pièce épique, où on relate l’histoire d’un jeune roi dont le père vient de mourir et qui n’est pas sûr de vouloir prendre le pouvoir, parce qu’il est amoureux d’une femme et qu’il aimerait la suivre.
Ça pose des questions, notamment si un roi peut abandonner son devoir, ou bien, si né roi, il est obligé de l’accepter. C’est très très drôle, on part même, à un moment donné, dans le fantastique. On prépare ça pour le concours du Théâtre 13, avec une lecture le douze décembre, en espérant pouvoir, au final, la jouer dans ce même lieu.
Pour finir, quelles sont vos autres envies artistiques ?
Mon objectif pour 2020, c’est de jouer dans un film. J’en rêve. J’aimerais aussi me remettre plus sérieusement à la danse et au chant. Continuer de jouer! Surtout! C’est le plus important pour moi.
Ce fut un plaisir, Jeanne, d’échanger avec vous