Frédérique Kamatari évoque sa belle actualité !

Bonjour Frédérique,
Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à nos questions !
On peut vous retrouver sur France 2, chaque soir de la semaine, à 20h 45, dans la série à succès « Un Si Grand Soleil ». Vous qui vivez cette aventure de l’intérieur, comment expliquez-vous la fidélité sans faille des téléspectateurs ?
Je ne pourrais pas l’expliquer, je le constate surtout. Je pense que les gens sont friands de séries de toute façon, c’est un peu le postulat de base. Ce programme ci est particulièrement bien fait et je ne dis pas cela parce que je joue dedans☺. Au niveau de la forme, c’est un produit soigné, plaisant à regarder. On se laisse vite séduire par les intrigues. Les décors, la lumière, les images sont particulièrement travaillés. Et il y a d’excellents comédiens.
Nous proposons une diversification de l’offre au niveau des séries quotidiennes, cela dynamise sans doute aussi le public.
Vous interprétez le personnage de Monette Real, professeur d’histoire-géographie. Qui a vécu, en un an, pas mal de choses, personnellement et professionnellement. Comment la caractérisez-vous à présent ?
C’est assez étrange. Au départ, je pensais qu’elle était vraiment proche de moi, au travers notamment du rapport à sa fille dans la série, aussi des bons rapports avec son ex-mari. Il y a, dans cette famille, une espèce de bienveillance et d’intelligence du cœur. Je ne suis pas en train de me passer de la pommade, je dis juste que c’était assez facile pour moi de m’identifier à elle. Même au travers de son travail d’enseignante, où il y a quelque chose de l’ordre de la transmission. Elle travaille avec de jeunes gens, ce que j’ai beaucoup eu l’occasion de faire. Donc ça me parle.
Cela fait maintenant un an que je la vois évoluer, que je la fais évoluer, et j’arrive un peu plus à différencier ce qui est proche de moi dans Monette et ce qui est peut-être un peu plus éloigné.
Je me rends compte, en verbalisant ma réponse, que Monette est vraiment en train de prendre une consistance plus personnelle. En tout cas, dans la façon dont je la ressens maintenant. Elle a un petit côté rigide dans le fond que l’on ne voyait pas vraiment au début. En tout cas, j’aime bien la découvrir et l’interpréter.
On le sait, le rythme de tournage est soutenu. Au fur et à mesure, affinez-vous votre méthodologie de travail en amont ?
Oui, probablement. Mais ce qui s’affine, je pense, c’est la réactivité quand on est sur le plateau, plus que la préparation. J’ai même envie de dire que cette dernière va plus vite. Le fait d’apprendre des textes régulièrement permet au cerveau de s’entrainer.
Une fois arrivée sur le plateau, des mécanismes, des habitudes, des réflexes se sont mis en place et s’actionnent beaucoup plus rapidement. Je ne dis pas que c’est plus facile, ce n’est pas ça mais il y a comme une dextérité qui grandit, un peu comme un musicien qui répète ses gammes.
Nous le disions, votre personnage a participé, de près ou de loin, à des intrigues lourdes et fortes. Pour la suite, quels sont les autres sujets que vous aimeriez pouvoir défendre ?
Je suis prête à défendre des tas de choses, même tout ce que l’on me proposera de défendre. Nous, comédiens, sommes en dernière ligne, nous ne décidons pas de nos intrigues, nous ne savons pas du tout où nos personnages vont aller. Je n’ai pas une vision ne serait-ce qu’à moyen terme de ce que va vivre Monette. Je sais ce que je vais tourner demain et la semaine prochaine mais je ne vois pas plus loin.
Cela ne me dérange pas du tout, j’aime bien me laisser surprendre, j’aime bien que le vent m’emmène là où il a envie de m’emmener. Je suis assez confiante de nature et j’ai un petit côté contemplatif. J’ai une tendance à toujours trouver du bon de n’importe quelle situation. J’adore les surprises et, quoiqu’il arrive, je les défendrai. Car toutes les intrigues sont intéressantes, il y a toujours quelque chose à défendre.
Revenons quelques instants sur l’intrigue de Monette liée au viol qu’elle a subi plus jeune. C’est un thème fort, sur une chaine du service public, juste avant le prime. On peut penser que c’était une fierté pour vous de défendre ce sujet ?
Oui, tout à fait. Là, pour le coup, il y avait aussi quelque chose d’utile, avec un message à transmettre. Cette intrigue était faite de façon à ce qu’elle fasse un peu polémique, avec le ressenti de l’homme qui sait bien, dans le fond, qu’il a tort mais qui se dit que, sur un malentendu, ça peut passer. Avec aussi la femme qui ne s’est pas rendue compte que c’était un viol ou qui se perd dans le déni.
Je trouve vraiment intéressant que ce soit arrivé à Monette, qui a l’impression d’être une femme forte, une femme de caractère, qui s’est battue en tant qu’étudiante pour l’égalité. Ce n’est pas parce que l’on se sent fort que l’on est à l’abri d’être démuni et désarçonné par quelque chose que l’on n’attend pas.
Cette intrigue pointait aussi du doigt que ce n’est pas parce que l’on a un moment de faiblesse à un instant donné que l’on est quelqu’un de faible. Je pense que c’est vraiment important de le rappeler à tout le monde. Par extension, ce n’est pas parce que l’on rate quelque chose que l’on est un raté, ce n’est pas parce que l’on a fait une connerie que l’on est un con, ce n’est pas parce que l’on a fait une méchanceté que l’on est un méchant, ce n’est pas parce que l’on a fait une fois une bonne action que l’on est un gentil. Ce n’est pas si facile, rien n’est tout noir ni tout blanc, il y a toujours des contextes, des histoires, de nombreux paramètres à prendre en compte.

J’ai aimé le traitement de cette intrigue, ainsi que le bon accueil reçu des jeunes. Le fait de libérer la parole des femmes est d’actualité, les actions qu’elles mènent le sont aussi. Il est temps que les femmes arrêtent de se laisser enfermer dans des cases de faibles créatures. Elles le savent mais, parfois, l’oublient. Les hommes le savent également mais, parfois, ça les arrange de l’oublier.
En parallèle, dans un autre registre, vous êtes sur les planches de façon ponctuelle avec un spectacle jeune public, qui avait remporté le prix du meilleur spectacle jeune public aux p’tits Molières en 2017. Que dire sur cette autre aventure artistique ?
C’est un registre différent parce que, là, c’est un spectacle que j’ai écrit, que j’ai en partie mis en scène et que j’interprète. Donc c’est beaucoup plus personnel. C’est aussi beaucoup plus créatif pour moi. C’est toujours agréable de créer et d’écrire.
Je veux garder en moi ce côté théâtre, ce côté planches parce que le rapport avec le public est direct. Du coup, la sanction l’est aussi. Il y a quelque chose d’authentique, de frontal et d’angoissant également. L’adrénaline ne monte pas aux mêmes moments.
Je jouerai « La sorcière Latrouille » à la Toussaint en Moselle et sans doute ailleurs aussi prochainement. Pourquoi pas également à Montpellier. Je trouve intéressant de toujours garder en tête que ce que l’on voit à la télé n’est qu’une petite partie de ce que l’on est. Nous sommes nombreux à faire plein d’autres choses et c’est fascinant d’ailleurs. J’adore le jeune public, il me tient à cœur. Il y a quelque chose de très fort qui se passe entre les enfants et moi.
Merci, Frédérique, pour toutes vos réponses !