Love stories : Interview croisée avec les trois comédiens de la pièce !

Bonjour Élodie, Marion et Thibaut,
Quel plaisir d'effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes tous trois à l'affiche, au théâtre La Boussole, de la pièce « Love stories », que vous avez écrite et mise en scène Thibaut. Très simplement, comment présenteriez-vous ce spectacle ?
Thibaut : C'est l'histoire de Delphine, 35 ans, célibataire et de sa petite voisine Ophélie, 25 ans, qui est très connectée sur le net, de part son métier d'influenceuse. Cette dernière lui demande alors de lui prêter son appartement car elle vient de rencontrer un garçon sur le site « AdopteUnMec ».
La situation va bien entendu évoluer avec l’arrivée de « l’homme mystère » et déboucher sur des situations cocasses et des quiproquos. On n’en dira pas plus ;)
Comment pourriez-vous décrire chacun votre personnage ?
Élodie : Delphine a 35 ans, elle est un peu vieille fille et elle aime beaucoup.. les plantes ! Elle n’a pas un mauvais fond même si elle peut être un peu sèche parfois, elle est surtout empêtrée dans un certain mal-être lié à sa solitude et à son désir profond de se marier et d’avoir des enfants.
Marion : J'interprète Ophélie, une jeune influenceuse passionnée des réseaux sociaux et surtout de mode. Elle est toujours à l'affût des dernières tendances, des dernières marques, elle a beaucoup de followers, cela en est même devenu son métier.
Thibaut : Certaines critiques le disent, c'est une pièce sur les réseaux sociaux, sur le métier d'influenceuse. C'est très moderne, dans l'air du temps.
Marion : C'est une jeune femme qui est aussi bienveillante, qui aime énormément son amie, qu'elle considère d'ailleurs comme la meilleure. Mais c'est vrai qu'elle a ce côté très jeune, donc un peu candide et naïf sur certains points, mais pas que.
Thibaut : Elle est vraiment à fond dans son époque, elle a combiné ses deux passions pour en faire son métier. C'est assez révélateur de ce que l'on voit sur Facebook et Instagram notamment, avec tous ces femmes influenceuses, qui racontent leurs vies au travers de la mode et, entre autres, des défilés.
Delphine caractérise davantage les femmes qui travaillent en entreprise, qui sont parfois célibataires. Pourquoi ? On en apprendra peut-être quelques petites raisons dans la pièce.
Marion : L'âge n'est pas dit mais on comprend, par certains dialogues, qu'elles ont quand même une petite différence. C'est un peu, je trouve, le « choc des générations ». Il y avait l'amour avant internet, il y a l'amour depuis internet. Les modes de communication et de rencontre ont changé.
Thibaut : C'est une approche différente d'internet. J'ai voulu, dans l'écriture, mettre en opposition ces deux visions et ces deux pratiques du web. Le monsieur, au milieu, est très gentil, un peu dépassé par les événements.
Marion : Au final, il a un peu des deux personnages dans son approche de l'amour.
Élodie : Il fait vraiment le pont entre les deux rôles féminins.
Thibaut : Un sacré pont :) Il faut aussi préciser qu'il y a un grand écran, une sorte de quatrième comédien, sur lequel on retrouve des messages Facebook, des photos Instagram, des stories, des FaceTime. C'est très vivant.
A titre plus personnel, avez-vous eu des sources d'inspiration particulières pour incarner votre personnage ?
Élodie : Delphine évolue dans le milieu de l’entreprise que j’ai bien connu avant ma reconversion en tant que comédienne. C’est un personnage qui fait écho chez moi et pour lequel les sources d’inspiration sont assez proches.
Thibaut : Quand j'ai proposé ce rôle à Élodie, je savais à qui je m'adressais. Élodie n'a rien à voir avec Delphine mais j'ai vu effectivement quelque chose qui pouvait résonner en elle.
Thibaut : De mon côté, je ne peux pas vraiment répondre à la question concernant mon personnage, pour ne pas vous spoiler. Je peux juste dire que je suis parti d'une situation dans ma tête, qui a été l'élément déclencheur de la pièce. J'ai, après, développé le caractère de Delphine puis celui d'Ophélie. Finalement, la première est devenue un peu plus vieille fille et moins branchée, au fur et à mesure de l'écriture. A l'inverse, j'ai maximisé le rapport d'Ophélie au web et à la mode.
Mon amie travaille dans ce milieu, ce qui m'a beaucoup inspiré. A travers Delphine, je pense que je me suis inspiré de femmes que j'ai déjà rencontrées. Dès les premières scènes, des petites choses parlent aux femmes dans le public, même si le côté comique, vaudeville prévaut.Très honnêtement, je n'ai pas développé tant que ça mon personnage. Il n'a finalement pas un caractère vert, bleu ou rouge, il subit juste un peu les situations. C'est plutôt un CSP+, quelqu'un de cultivé et qui aime bien draguer les filles.
Marion : J’essaye de faire un mix entre « Les Reines du Shopping » et des influenceuses que je suis sur Instagram avec un vocabulaire un peu « pointu » en termes de mode. Sinon, je me suis inspirée aussi de jeunes femmes de 5 à 10 ans de moins que moi, pour voir comment elles se comportent avec leur téléphone, comment elles parlent, avec la fraîcheur et le côté très connecté de la génération Y.
Thibaut : Elle est aérienne, elle n'est pas du tout stupide, ce n'est pas du tout une potiche. En revanche, c'est un ange, c'est quelqu'un de bienveillant, de gentil qui, effectivement, est dans son monde.
Élodie : Elle est, à la fois, très connectée sur les réseaux et parfois déconnectée d'une certaine réalité.
Thibaut : Elle vit vraiment dans le monde virtuel, qu'elle connaît par cœur. Elle en a tous les codes.
Marion : Bien sûr, je suis née avec un téléphone dans la main et je fais partie de la génération Y justement mais je n'ai jamais été ultra-connectée. Et puis Ophélie est un peu un défi parce qu’elle est un électron libre, très speed et jeune dans sa façon d’être et ce sont des choses que j'avais essayé de gommer dans mon jeu pour pouvoir arriver à maturité sur certains autres rôles. Donc, là, je dois retrouver ce que j'essaie d'effacer depuis des années.
Thibaut : Effectivement, quand j'ai développé le personnage, j'avais en tête quelqu'un de 20 ans. Au théâtre, c'est un peu jeune pour avoir l'impact nécessaire sur scène, afin de toucher le public et de le faire rire. Marion était le parfait alliage entre les deux, entre cette jeunesse apparente et l'expérience théâtrale indispensable. J'en profite pour le souligner, les deux comédiennes sont excellentes.
Marion : Et nous sommes accompagnées d'un excellent comédien :)
Thibaut : Ça me gêne :)

Les retours des spectateurs sont très positifs. Qu'est ce qui en ressort majoritairement ?
Thibaut : Les gens, d'abord, se sont mis à suivre l'histoire. Dès fois, on écrit une pièce comme une succession de gags et de vannes, là je crois qu'il y a plus une histoire, une comédie romantique, il faut bien le préciser. On s'identifie aux personnages, on suit autre chose que simplement les blagues. Finalement, il n'y a pas que ça, il y a du fond.
Je l'ai très vite compris en tant qu'auteur, dès les premiers jours : le public suit avant tout l'histoire. Ce qui m'a beaucoup enrichi et incité à orienter notre jeu dans ce sens.
Je pense donc que les gens aiment la comédie romantique, ils nous disent aussi que c'est moderne, jeune, dans l'air du temps. C'est très actuel, sur les nouveaux codes amoureux avec les réseaux sociaux. Dernier élément, le décor touche aussi le public, il semble bien plaire.
Élodie : Avec un sujet finalement intemporel, vieux comme le monde.
Thibaut : J'ai clairement réfléchi, au moment de l'écriture, à un autre point. Je voulais que les gens qui ne sont jamais allés sur Facebook ou Instagram ne soient pas du tout largués.
Élodie : C'est gaguesque mais sans vulgarité aucune.
Marion : Et puis c'est fait de manière très fine, vraiment.
Élodie : C'est idéal pour une soirée en couple ou entre amis. J'ai plein de copines qui sont venues en bande, qui ont adoré, qui ont passé une super soirée.
Thibaut : A la base, Pierre, le directeur du théâtre, m'avait demandé d'écrire pour les femmes, ce que j'ai fait, en pensant à elles. Au final, les hommes apprécient énormément aussi. Au travers notamment du rapport homme-femme qui s'installe dans la pièce.
Élodie : Les trois personnages sont assez touchants dans le fond.
Thibaut : Les spectateurs s'attachent aux personnages, c'est super, j'adore.
Élodie : C'est là le petit plus de la pièce, c'est drôle mais pas que.
Vous êtes au début de l'exploitation de la pièce, vous êtes à l'affiche depuis quelques jours seulement. Pour autant, l'appréhension des premières est-elle déjà passée ?
Élodie : Je ne sais pas dire car je n'ai pas vraiment de stress. Je n'ai pas le stress de l'auteur ni du metteur en scène, je m'éclate simplement avec mon personnage.
Thibaut : Avant la première, je n'étais pas bien du tout, je ne savais pas comment le public allait recevoir la pièce. J'ai compris, les premiers jours, que ça marchait, ce qui m'a beaucoup rassuré en tant qu'auteur et que metteur en scène. En tant que comédien, parfois il m'arrive d'avoir encore de l'appréhension, en toute honnêteté.
J'ai la chance de rentrer un peu plus tard sur scène, j'entends donc le public, cela me met en confiance lorsque ça se passe bien. J'arrive rassuré.
Marion : La première scène est un enjeu pour moi parce qu’Ophélie tient les rênes au départ. Et quand on arrive on ne sait pas quelle va être la réaction du public, quel est son rythme, son humour, etc. Et on raconte une histoire donc il faut installer un personnage crédible dès le départ pour que le public se laisse porter par l’intrigue.
Thibaut : On a beau préparer et répéter la pièce longtemps, c'est le public qui décide, qui est juge et qui donne finalement le rythme du spectacle. Les premiers jours nous ont ainsi permis de faire quelques modifications marginales. C'est le principe du spectacle vivant.
En conclusion, comment définitivement inciter les lecteurs à venir voir la pièce ?
Élodie : Je dis « place remboursée si vous ne riez pas au moins une fois ».
Thibaut : Je crois très sincèrement qu'il faut aller lire les critiques sur les sites de réservation. C'est vraiment l'avis du public.
Élodie : Ce ne sont pas que nos cousins qui les écrivent :)
Thibaut : Il y en a déjà beaucoup, les gens, je le redis, voient la pièce comme drôle, moderne, dans l'air du temps, originale. Ils sont notre meilleure publicité et nous n'avons payé personne :)
Élodie : C'est un super moment de détente, d'une heure dix. C'est feel-good, sans cliché.
Marion : Si vous voulez passer une bonne soirée, venez nous voir !
Merci à tous les trois pour cet agréable échange