Loic Lefebvre revient sur son parcours et évoque ses projets !

Bonjour Loïc,
Merci de nous accorder un peu de votre temps !
Vous êtes un artiste aux multiples casquettes et aux nombreuses expériences. On peut vous retrouver sur différents supports. Plus généralement, qu'est-ce qui vous attire aujourd'hui dans votre quotidien d'artiste ?
Je crois que ce qui m’a séduit et qui était la motivation du début, c’est la richesse et la multitude de personnages que l'on peut interpréter. On a l’opportunité de devenir quelqu'un d'autre. Jouer un personnage, sur les planches ou dans un film, c’est la liberté de pouvoir agir en fonction des caractéristiques du rôle. Ce n’est plus notre parcours, notre enfance ou encore notre éducation qui gèrent nos actes mais ceux du personnage inventé par un auteur. On peut bien sûr y ajouter notre part d’imagination. Et cette liberté d'action n'est alors plus liée à la loi, à la politesse ou encore au milieu dont on fait partie mais uniquement aux réactions et aux limites du personnage. Elle doit néanmoins rester au service de l’histoire.
On peut aussi s’initier à des métiers ou à des situations riches et diverses : un médecin accompagnant un malade, un pompier intervenant sur un accident, un skinhead inculpé d’un meurtre. La liberté de créer est infinie. La possibilité de faire des choses inhabituelles voir même interdites dans la réalité m’emballent totalement. C’est comme un monde parallèle ou une deuxième vie. Et pour composer ses situations, on s’inspire de tout ce que l’on a vécu, vu, lu et entendu.
Je participe aussi à des Escape Games « live », qui me permettent d’être une autre personne (sourire). Ce n'est pas tout à fait comme au théâtre, il faut trouver une vraie interaction avec les gens.
De façon ponctuelle, retrouvez-vous des liens et des complémentarités entre ces différents domaines artistiques ? Ou les dissociez-vous totalement, en considérant que ce sont deux métiers différents ?
Je pense qu'ils sont intimement liés. Au cinéma ou au théâtre, les décors sont parfois très réalistes – l’atmosphère favorise notre immersion et celle du spectateur - ou au contraire très minimalistes voir même inexistants comme sur un fond vert. Quant à l’interprétation, quel que soit le personnage, les ingrédients sont les mêmes avec des doses modulables : texte, costume, maquillage, histoire, souffrance, joie.... Même si chacun a, je pense, sa spécialité, certains sont plus à l'aise dans l'impro, d'autres dans un jeu plus fin à la caméra ou d'autres encore dans un jeu plus prononcé sur scène.
A titre plus personnel, êtes-vous davantage attiré par un art en particulier ? Ou est-ce leur complémentarité qui vous attire ?
J'aime faire des choses différentes tous les jours. Avant d’être acteur, j’ai travaillé chez un éditeur de jeux vidéo. J'ai eu des habitudes de travail et un rythme régulier. Et bien que mon travail de directeur artistique fût très agréable, maintenant que j’ai goûté à la liberté du travailleur indépendant, je suis pleinement heureux.
Pour revenir à la question, la semaine dernière, j'ai fait un tournage et j’ai participé à un événement. J'ai aimé les deux et je ne saurais pas vous dire dans lequel j'ai pris le plus de plaisir. J'ai quand même une plus forte attirance pour l'audiovisuel. Mon parcours de graphiste me donne un rapport assez fort à l'image. D’ailleurs, j'adore les films où l'on sent la minutie des couleurs, de la lumière et des décors…si bien entendu, ils sont au service d’un bon scénario (sourire).
Spontanément, parmi vos différentes expériences, en retenez-vous une plus que toutes les autres ?
Oui ! Quand j'y pense, cela me donne à chaque fois le sourire. Cette fois là, j'ai fait exactement ce que j'avais envie de faire. C’était un unitaire pour France 2 sur lequel j’avais une vingtaine de jours de tournage. J'étais à l'aise avec tout le monde, je me suis senti comme un poisson dans l'eau. Dès qu’il y a des moyens, la liberté du comédien est décuplée. On se repose sur l’équipe et on se concentre sur son travail. J'avais juste à penser à mon jeu et à la situation. Je jouais un skinhead accusé de meurtre. Tourner pendant plusieurs semaines, c’est une vraie immersion. C'était hyper jouissif.
Quand on a le temps, on a une richesse de situations à vivre. J'ai même cassé 8 voitures à coups de batte, je sautais de toit en toit, de capot en capot. C’était une séquence très grisante, je me suis éclaté. Au sens propre et figuré… les vitres n’étaient pas en sucre, ce n’était pas une si grande production (rire). Je me suis amusé parce que j'ai eu la liberté de faire des choses « extraordinaires » voir même défendues.
J’ai néanmoins aussi travaillé avant le tournage, on m’a initié au langage, à la gestuelle et même aux habitudes vestimentaires de cette communauté radicale et extrémiste.
C'est vraiment exaltant d'être présent longtemps sur un tournage, on a alors le loisir de donner de la dimension au personnage, on a le temps de prendre conscience de toutes ses facettes et de son potentiel d’actions.
Pour terminer, quels sont vos projets et envies artistiques pour la suite de votre parcours ?
D’abord, je finis mes travaux et bien installé, je me remets à 100% sur la recherche de projets. Je vais aussi chercher un nouveau partenaire, un agent, cela fait trop longtemps que je suis parti de l’agence Babette Pouget. C'est indispensable d’être accompagné.
Dans les jours à venir, je vais jouer pour le théâtre du Chaos. On joue de courtes pièces sur des sujets sociaux afin de délier les langues, de parler des problèmes et d’envisager des solutions. C'est une immense satisfaction de lier le plaisir du jeu et la sensation d'être utile dans la vie des gens.
Et j'ai rejoint il y a peu une équipe qui organise des escapes games « live ». J’adore jouer en immersion totale dans le public. Parfois, certaines personnes n'arrivent pas à faire la différence avec la réalité. J'ai même vu des gens avoir peur de mon personnage, j'ai alors adapté mon jeu car j'avais senti à quel point la frontière entre la réalité et la fiction pouvait être infime.
Ce fut un plaisir, Loïc, d'échanger avec vous !