Flor Lurienne : parcours, projets, actualités - elle évoque tous les sujets !

Bonjour Flor,
Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre blog.
1/ Vous travaillez actuellement avec la production Fulldawa pour financer votre court-métrage « Un jour avec » que vous espérez réaliser cette année. Quelle histoire y sera racontée ?
C’est l’histoire d’une cellule familiale qui traverse un grand chaos. La mère de famille va imposer à ses enfants un rituel «magique» pour dépasser l'épreuve, pour faire le trait d’union entre ce qui a été et ce qui reste maintenant. Pour remettre du brouhaha de la vie. Il y a quelque chose de très cinématographique dans cette histoire..
Quelles ont été vos sources d'inspiration pour son écriture ?
Tisser des histoires autour de la complexité des liens familiaux est en général un terreau qui m’inspire énormément, d’autant plus qu’on retrouve ces mêmes problèmes internes dans notre rapport à la société, au monde. Ils sont juste travestis, mais le même bordel continue ! Intérieur et extérieur se donnent la main. C’est toujours une histoire de place, trouver sa bonne place. Et puis, j’aime parler surtout de tout ce qui ne se voit pas, mais qui existe aussi. La part magique de la vie. La part étrange, celle qui s'échappe du quotidien et nous emmène ailleurs. C’est plus difficile d’en faire des images, mais c’est surtout un climat, une atmosphère, mais c’est le cinéma qui me plaît.
En général, pour écrire, je prends plein de notes, et puis arrive le moment où j’arrête. Je laisse alors une grande place à l'ennui. J’ai besoin de m’ennuyer pour trouver. Il faut une place vide pour que quelque chose se remplisse. C’’est pas toujours agréable, ça fout le vertige, mais après, tout s’articule. C’est comme si je me laissais couler dans des fonds marins et que d’un grand coup de pied au sol, en urgence, je revenais à la surface pour écrire. Après c’est fiévreux et j’adore cet état. C’est comme un état amoureux. Avec ses doutes, sa dépendance, son obsession.
2/ En parallèle, vous êtes aussi sur plusieurs projets d'écriture. Qu'en dire très simplement ?
J'évite maintenant d'être focalisée que sur un seul projet, sinon c’est vraiment trop risqué. On peut s'épuiser sur la longueur. Il y a plusieurs choses dans les tuyaux, un deuxième court métrage, mais cette fois-ci sans grands moyens, un huis clos et deux personnages .On pourra le tourner vite. Il nous faut juste trouver un petit théâtre comme décor.
Il y aussi l'écriture du long métrage avec Denis Brusseaux, «A l’abri du monde». Je ne me dis pas auteure, je suis juste une comédienne qui écrit. C’est comme si je faisais un instrument de musique en plus. J'ai suivi l'année dernière une formation continue à Louis Lumière sur la réalisation et cela a été un déclic. Je le savais déjà, mais là c'était concret avec les expériences de tournage en préparation. Je m’y sentais chez moi, à la bonne place ! Ce souvenir là me donne la niaque pour continuer d’y travailler, de ne pas lâcher.
3/ Plus généralement, quels sont vos autres projets et envies artistiques actuels ?
Comme comédienne cette saison, j’ai des dates de tournée avec « Déshabillez mots, nouvelle collection » et avec une autre pièce, « Ca va maman ? » de Gloria Mina*.
Sans oublier Mattéo La Capria, un jeune homme étonnant qui est en train de monter une série de poèmes mis en images, « Poèmétrages ». Il y a plein des talents incroyables dans cette série. J'en réalise un, que j'ai écrit et dans cet épisode, ce sont les hommes qui sont « enceintes » ! Le magnifique Michael Lonsdale sera la voix de Ghérassim Luca, poète roumain.
Et puis j’ai un agent en qui j’ai vraiment confiance, j’aime bien sa manière de travailler. Ce qui peut m’arriver comme comédienne je ne le maîtrise pas du tout ! De toute manière dès qu’on y met trop de volonté ça foire, alors maintenant je m’abandonne totalement !
4/ Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, notamment comédienne et auteure. Qu'est-ce qui vous plaît tant dans l'exercice artistique ?
Sa liberté, son exigence, ses rencontres. J'ai l'impression que, tous les jours, il faut se réinventer, se renouveler. Rien n’est figé, définitif. C'est ce qui me plaît le plus, mais c’est paradoxal car c’est ce qui est aussi le plus difficile-: maintenir une sécurité financière. Et avec ce métier, on a choisi nos difficultés avec entre autres, l’insécurité!
Les projets ressemblent à des îles qui flottent, certaines disparaissent, d'autres apparaissent, d'autres réapparaissent, il faut voyager dans ces eaux-là. C'est un métier d’apparitions et de disparitions, d’ombre et de lumière, on apprend à chaque fois à mourir et à renaître. J’aime créer, inventer des trucs. Ça donne un sens à ma vie.
5/ Spontanément, retenez-vous une expérience plus que toutes les autres ?
J'ai connu de très belles années en lumière avec l'aventure des deux spectacles Déshabillez mots* que j’ai co-écrit avec mon amie Léonore Chaix, en passant à la radio, à Flammarion et sur les planches. Nous revenons d’Avignon et c’est une très grande joie de jouer ses propres textes et de les partager avec un public qui est toujours au rendez-vous.
6/ En conclusion, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
De ne pas lâcher et que les choses se concrétisent., mais j’ai confiance car je suis bien entourée. Et que surtout les trois grâces soient réunies : être là au bon moment au bon endroit et avec les bonnes personnes ! ça c’est Jeanne Moreau qui m’avait dit ça !
Ce fut un plaisir, Flor, de nous entretenir avec vous !
- Ca va maman ? écrit par Gloria Mina , mise en scène d’Armand Eloi
- Déshabillez mots écrit par Flor Lurienne et Léonore Chaix mise en scène Marina Tomé, production Acte 2.
- Flor Lurienne est représentée par l’Agence Aléo. David Subtil.