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Tex et Belen Lorenzo évoquent la pièce Monsieur Nounou !

Publié le par Julian STOCKY

Crédit photo : Denis Tribhou

 

Bonjour Belen et Tex,

 

Merci de répondre à quelques questions pour notre blog  !

 

1/ Vous êtes actuellement à l'affiche de la pièce «  Monsieur Nounou  !  » au théâtre Rive Gauche. Quelle histoire y est racontée  ? Quelles thématiques y sont abordées  ?

 

Tex  : On est au début du XXè siècle, avec l'apparition du téléphone, de la baignoire mais pas encore de l'eau courante. L'électricité est apparue mais de façon vraiment très alternative, ça s'allume et ça s'éteint, ça ne marche pas tout à fait bien, cela fonctionne comme actuellement en Afrique. Ce positionnement est très important dans la pièce.

 

Je suis un clerc de notaire, amoureux d'une jeune fille qui travaille chez un député. Je m'introduis chez ce dernier pour pouvoir rester à côté d'elle et, à la manière un petit peu de Miss Doubtfire, je me déguise en femme.

 

Belen  : C'est un concentré de Vaudeville, c'est tout ce que l'on peut espérer dans un Feydeau de la plus pure espèce, c'est-à-dire qu'il y a des quiproquos dans cette pièce de boulevard avec des comiques de situation.

 

L'histoire met en avant des bourgeois, les Veauluisant, qui viennent d'emménager à Courbevoie. Ils sont de jeunes parents, même si Monsieur est un peu plus âgé, il est député. Ils veulent renvoyer Justine, la femme de chambre, qui est un peu trop légère de mœurs à leur goût, pour embaucher une nourrice afin qu'elle s'occupe de leur petit enfant. Je pense que, pour eux, c'est surtout un prétexte pour faire des économies et ne pas avoir trop de personnel de maison.

 

Ce qui n'est pas du tout du goût de Justine, qui n'est pas prête à partir. Sur ces entre-faits apparaît Balivet, le clerc de notaire, qui est l'un de ses soupirants. Il débarque de façon totalement impromptue, ayant entendu sa voix en faisant une saisie dans la maison d'à côté.

 

Parce que c'est un facétieux, un drôle comme on dit, il s'introduit dans la maison au grand dam de Justine, qui ne sait plus quoi faire pour s'en débarrasser. Et qui est surprise, à son tour, par Médard, le domestique qui est jaloux et qui veut faire la peau de Balivet. Entre temps, il y a aussi un cinquième personnage, Catulle, le neuveu de Veauluisant, qui est très clownesque, un peu attardé, très drôle, complètement obsédé sexuel et qui est totalement obnubilé par les jupons, les dentelles, les femmes, les cocottes. Dès qu'il entend parler d'une femme, il se met dans tous ses états.

 

Toute cette galerie de personnages se retrouve au même endroit, pour se courir après, chacun avec ses intérêts.  Qui ne sont évidemment pas les mêmes, ce qui fait la drôlerie du Vaudeville. Tout cela monte crescendo dans des situations complètement loufoques et rocambolesques où chacun va essayer de s'en sortir comme il peut.

 

2/ Comment décririez-vous vos personnages respectifs  ? Quelles sont leurs principales caractéristiques  ?

 

Tex  : Ce sont deux personnages en un. Ils sont complètement allumés et très habités. Je joue de manière très agitée un Feydeau moliéresque avec un clerc de notaire très sganarellesque. On peut aussi retrouver de la force et de la comedia del arte, que j'apprécie particulièrement.

 

J'ai mis tout ce que je savais faire.

 

Belen  : Je suis donc Justine, la servante, la femme de chambre. C'est une jeune femme de caractère, qui sait ce qu'elle veut, qui est aussi très velléitaire, très feignante. Ça ne l'intéresse pas du tout de travailler, elle veut la bonne planque, être nourrie logée dans une maison et surtout pouvoir y faire ce qu'elle désire. Parce que c'est une femme assez libre finalement, qui a pris un mauvais pli dans la maison de la cocotte chez qui elle travaillait précédemment. Elle estime que c'est tout à fait normal d'accueillir des amoureux à la maison.

 

Quand on la somme de partir, elle n'est évidemment pas contente ni d'accord, elle va essayer de tirer son épingle du jeu. Elle va d'ailleurs plutôt bien y arriver parce que c'est une maligne. C'est un personnage qui est haut en couleurs. C'est une femme assez facétieuse aussi, qui use de son charme pour arriver à ses fins. C'est un personnage très dynamique et très enlevé, de caractère.

 

3/ La pièce plaît beaucoup, les rires sont nombreux. Selon vous, quelles sont les clés de ce succès  ?

 

Tex  : C'est très compliqué de répondre à cette question. De manière très prétentieuse, je dirais que j'ai tellement manié le public pour avoir joué 5 000 fois en one man show que je manie cette troupe de la même façon. Tous les cinq arrivons à être dans cette énergie presque de one man show où l'on ne se prive de rien.

 

Nous traversons les époques, nous parlons aussi bien de Fillon, de Macron que de Julien Clerc alors que l'on est censé être au début du XXè siècle. Nous osons tout, nous élevons la connerie au rang d'un art clownesque. Le plus important est de faire rire les gens, nous essayons d'échapper à l'académisme théâtral de Feydeau pour arriver à quelque chose de beaucoup plus débridé.

 

Belen  : Feydeau et Maurice Desvallières, jeunes, avaient déjà compris les ficelles du boulevard, du Vaudeville. La critique de la société de l'époque fait beaucoup rire et elle peut encore fonctionner aujourd'hui. Nous sommes dans une sorte de farce qui vise à se moquer de la société bourgeoise bien pensante.

 

On y retrouve des personnages très facétieux, hauts en couleurs, un peu fous. Oui, c'est une maison de fou, comme le dit à un moment Balivet déguisé en nounou. Tout est un peu exagéré, les personnages sont appuyés, les situations aussi. Cette folie est assumée.

 

C'est quelque chose de presque burlesque qui donne des situations complètement incongrues. Bien évidemment, on claque les portes, on s'échappe par la fenêtre, on revient par la porte.

 

Il y a aussi un élément assez drôle, en l’occurrence une baignoire dans le vestibule sous le téléphone. En fait, à la base, ce sont deux histoires courtes que l'adaptatrice, Emmanuelle Hamet, a mises ensemble. «  Monsieur Nounou  » et «  Un bain de ménage  » n'ont rien à voir initialement, ont été mélangés et donnent effectivement cette histoire d'homme qui se déguise en femme mais aussi d'une baignoire qui se retrouve sous un téléphone. C'est vraiment un concentré de situations drôles.

 

4/ Tex, on connaît tous votre talent d'improvisation. Justement, vous permettez-vous quelques petites libertés sur scène  ?

 

Cette capacité d'improvisation nous a beaucoup aidé au moment où l'on a travaillé la pièce. Nous avons trouvé plein de choses que nous avons mises et fixées. Mais l'on découvre encore des blagues à chaque fois.

 

Ce n'est pas quelques petites libertés... l'ensemble est installé dans une liberté totale. Cela peut arriver d'une seconde à l'autre mais ils sont tous prévenus. J'avais eu une longue discussion avec Henri Guybet sur la nécessité, ou pas, d'avoir des choses fixes au théâtre. Il m'avait alors répondu avoir joué avec Jean Poiret et Michel Serrault qui, tous les soirs, faisaient quinze minutes d'improvisation pendant lesquelles il fallait suivre. C'est vraiment une idée majeure et directrice de mon travail, qui n'en est pas vraiment un en fait.

 

 

5/ Belen, la pièce ne se déroule pas dans un cadre contemporain. Cela nécessite-t-il quelques adaptations  ?

 

On reste assez traditionnels au niveau du jeu, on respecte le texte de base. Mais c'est une adaptation assez libre, la modernité est dans le mouvement, la dynamique et dans certains décalages. Nous nous sommes amusés à ajouter de petits anachronismes dont use très bien Tex  . Nous sortons parfois de la réalité pour avoir quelques références actuelles. Ce qui fait rire beaucoup les gens aussi.

 

Nous nous amusons également avec la politique puisque nous avons un député dans l'histoire. Nous nous moquons, dans l'état d'esprit de Feydeau, de la société de l'époque qui est, on s'en rend bien compte, un peu aussi celle d'aujourd'hui.

 

6/ Pour finir, comment inciter, si ce n'est pas déjà fait, les lecteurs à venir voir la pièce  ?

 

Tex  : «  Télérama  » n'a pas aimé mais «  Valeurs actuelles  » a beaucoup apprécié. Faites votre chemin au milieu de tout cela  !

 

Belen  : C'est une pièce à découvrir que nous ne connaissions pas puisqu'elle a été très peu exploitée. De surcroît, elle a été mélangée avec une autre pièce méconnue, pour donner une belle originalité.

 

Vous découvrirez aussi Tex en merveilleux comédien, il est particulièrement bon dans ce personnage double. Nous avons un réel plaisir à jouer ensemble, nous sommes tous les cinq hauts en couleurs avec un très fort caractère et beaucoup d'énergie. Nous nous laissons complètement emportés par la folie de cette mise en scène.

 

Cet échange en votre compagnie fut très agréable  !

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