Jeanne-Marie Ducarre évoque son parcours, ses projets et envies artistiques !
Bonjour Jeanne-Marie,
Quel plaisir de nous entretenir avec vous.
1/ Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, comme en témoignent vos expériences notamment en télévision, au théâtre, mais aussi en publicité. Qu’est-ce qui vous plait tant dans l’exercice artistique ?
Au théâtre, j’aime le contact avec l’équipe, j’aime créer un spectacle, j’aime passer du temps à construire un personnage pour voir ensuite naitre des représentations avec plein d’autres personnes. J’adore le contact avec le public, qui est très important et qui apporte beaucoup je trouve.
En tournage, un autre exercice, je suis attirée par le côté naturel et spontané que l’on attend. Il y a très peu de préparation en amont, les répétitions sont rares. Nous n’avons souvent que 15 minutes seulement avec le réalisateur et les autres comédiens, en amont, pour voir ce que l’on fait et que l’on nous indique nos places. Cela demande du coup un travail personnel énorme en préparation, qui se fait de manière beaucoup plus solitaire. Ensuite, il faut arriver à se connecter et à se mettre en lien très très vite avec l’autre. C’est très chouette. Les tournages permettent aussi parfois de jouer des scènes d’action, mais aussi de connaitre des décors absolument sublimes dans lesquels je n’aurais jamais pensé être.
Depuis peu, je me suis mise aussi au doublage. Cela me plait beaucoup. C’est encore un autre exercice parce que là il faut se mettre dans la peau d’un autre comédien, il faut rentrer dans sa respiration pour jouer un peu à la manière de. Tout cela doit être fait très vite car il n’y a pas beaucoup de temps. Cela m’amuse énormément.
2/ Quelles complémentarités retrouvez-vous entre ces différents domaines ?
Je trouve que ces trois exercices sont différents mais complémentaires. De toute façon, plus l’on a de cordes à son arc, plus l’on va être compétent dans tous les domaines. Le doublage va apporter au tournage car il faut parfois se post synchroniser donc il est important de savoir le faire bien.
Le théâtre apporte à l’image et inversement. Je vais reprendre, fin avril, le rôle d’Angélique dans « Le malade imaginaire », au théâtre Fontaine. Cela fait 3 ans que je ne suis pas montée sur scène et cela fait encore plus longtemps que je n’ai pas joué de théâtre classique, un exercice très particulier. J’arrive avec un petit peu mon expérience de télévision que je n’avais pas du tout avant. Ce qui m’apporte un œil nouveau et des réflexes qui ne sont pas les mêmes. Je trouve que cela me donne plus de naturel et de spontanéité. Des choses ont été apportées et tout se nourrit.
Je trouve d’ailleurs très dommage que, en France, il y ait une espèce de clivage. Quand j’ai quitté Strasbourg pour arriver sur Paris, j’avais fait principalement du théâtre et que peu de tournages. Lors de mes castings, en énumérant mon parcours, les directeurs de castings attendaient davantage d’expérience dans l’image. Heureusement quand même certains on la curiosité de nous rencontrer et nous laisse la chance de passer des castings sur de très beaux projets. Mais de manière générale tout est cloisonné, ce qui est embêtant. Cela ne se passe pas comme ça au Canada, aux Etats-Unis ou bien encore en Belgique. En France, il y a les directeurs de castings images, les directeurs de castings théâtre et il y a les directeurs de plateaux de tournage. C’est bien cloisonné et il faut pouvoir, à chaque fois, y rentrer, ce qui demande une grande énergie. Se faire un réseau nécessite un travail énorme. Il faudrait que les domaines puissent se recouper un peu plus.
3/ Vous avez commencé un peu à en parler, face au rythme soutenu d’un plateau de tournage, quelle est votre méthodologie de travail en amont ?
Par exemple, pour « Plus Belle la vie », je savais que ça allait être très dense. Plus qu’un téléfilm, 27 minutes utiles sont tournées chaque jour. Je n’avais jamais travaillé aussi vite donc j’ai fait appel à ma coach Ariane Schrack avec qui je travaille régulièrement. Pour me préparer pour le rôle de Maud.
J’avais déjà commencé à apprendre le texte avant de la voir pour décortiquer absolument toutes les scènes. Nous avons créé l’histoire du personnage, avec des parents, une enfance. Cela m’a beaucoup aidé, je savais à chaque scène en plateau exactement où j’en étais. Ce qui m’a permis de passer un tournage vraiment très serein et très agréable. Tout le monde était très content, nous avons même fini une fois avec deux heures d’avance.
4/ Juste avant de rentrer sur scène, quelles sensations et quels sentiments prédominent alors en vous ?
J’ai toujours le trac, mais c’est un bon trac, il me booste. Quand je sors ensuite de scène, j’ai une énergie folle. C’est comme une drogue, une vraie poussée d’adrénaline très agréable.
5/ Plus généralement, quels sont vos projets artistiques actuels ? Vers quels domaines aimeriez-vous vous tourner ?
J’ai un rôle récurrent de doublage, je suis la voix française d’un nouveau personnage dans «Amour, gloire et beauté». Cela devrait être un travail sur le long terme, ce qui est toujours plaisant.
Comme je vous le disais, je reprends Angélique dans « Le malade imaginaire ». Elle est la fille du personnage principal, elle est amoureuse de Cléante, elle veut l’épouser mais son père, comme dans beaucoup de pièces de Molière, veut la marier à un autre. Avec Toinette, la servante, elles vont essayer de contrecarrer ce mariage prévu. C’est un rôle assez frais, de jeune première. Elle est drôle, a des propos assez féministes car elle est affirmée dans ce qu’elle veut. Il y a pas mal de couleurs différentes, de la fraicheur, de la colère, de la tristesse. Je m’amuse bien.
Je viens de rentrer dans la troupe, ce qui devrait aussi me permettre d’interpréter d’autres rôles dans des pièces classiques.
Je vais prochainement tourner dans un court-métrage, un pilote pour une série. J’espère que cela aboutira.
6/ Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
J’adorerais avoir un rôle récurrent sur une série, pour travailler en longueur le personnage, pour intégrer une famille, pour connaitre un peu de stabilité et de confiance. Sans oublier le cinéma qui m’attire beaucoup.
Merci Jeanne-Marie pour votre disponibilité !