Benoit Solès évoque pour nous son parcours et son actualité !
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Bonjour Benoit,
Merci de nous accorder un peu de votre temps !
1/ Vous êtes un artiste aux multiples casquettes, comme le témoigne votre parcours notamment en télévision et au théâtre. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué jusqu’à présent?
Clairement, le théâtre. Je viens des planches, j’ai pris des cours dès l’adolescence et j’ai très vite eu le souhait d’en faire mon métier. Le plaisir de jouer sur scène me plait beaucoup.
Je suis arrivé en télévision, au travers notamment des séries AB, presque par hasard. J’ai beaucoup aimé faire cela mais le théâtre reste ma passion première. Cela se voit encore aujourd’hui, j’en fais plus que de la télévision.
2/ Existe-t-il des complémentarités entre ces domaines artistiques ?
Il m’arrive de lier les deux, notamment dans la sitcom « L’école des passions » à laquelle j’ai participé il y a quelques années. Cette série parlait de jeunes comédiens dans un cours de théâtre.
Mais ce sont quand même deux métiers assez différents. Les histoires que l’on y joue ne sont pas toujours les mêmes et la technique que l’on emploie pour être un comédien de théâtre ou un acteur de télévision est bien différente.
Les sens et l’essentiel restent les mêmes, à savoir jouer, retrouver une forme de vérité et créer un personnage. Mais il y a quand même de vraies différences.
Il peut arriver, par exemple dans une pièce très contemporaine, que l’on veuille retrouver un style de jeu qui va se rapprocher de celui de la caméra, à savoir plus naturaliste. Ou, au contraire, parfois certains films d’époque permettent de percevoir un côté un peu plus théâtral dans le décor et le jeu.
3/ Face au rythme intense des tournages, quelles sont vos astuces de préparation pour ensuite être efficace ?
Sur le tournage, il arrive que l’on apprenne un peu l’organisation au fur et à mesure. Ou qu’il y ait des changements de dernière minute. Il est très important de bien savoir son texte pour avoir du temps de cerveau disponible. Afin de se mettre à sa place, de gérer la caméra et le partenaire.
Il faut être prêt à s’adapter à une demande du metteur en scène ou bien encore à la façon de découper la scène. Mais, là encore, au fond, chacun a ses méthodes. Il y a des acteurs qui apprennent par cœur et très très bien leur texte, d’autres au contraire préfèrent se mettre en danger en ne les sachant pas trop. A titre personnel, mieux je le sais, mieux je joue.
4/ Au théâtre, quelles sensations prédominent en vous juste avant de rentrer sur scène ?
Un mélange de stress et d’excitation. Ce moment où l’on écoute le bruit de la salle est très particulier et je l’aime beaucoup. Je me souviens, à mes débuts, avoir joué avec une très grande comédienne qui s’appelait Madeleine Robinson. Elle me disait toujours d’écouter le bruit du public, car c’est la plus belle musique du monde.
Je pense souvent à cette phrase lorsque je suis derrière le rideau. Cette situation signifie que l’on s’apprête à jouer et surtout qu’il y a du public dans la salle. De belles rumeurs, avec une belle salle bien pleine est quelque chose de très agréable.
On est dans un état d’excitation, on est heureux, on a envie de jouer. Mais, en même temps, on a peur. Le trac, c’est vraiment cela. Il m’est arrivé de trembler et d’avoir le cœur qui bat la chamade. Mais, en même temps, c’est dans ces moments-là que je me suis senti le plus heureux de faire ce métier. Même dans ces moments de grande peur, je n’aurais donné ma place à personne.
Donc cet instant-là, avant la représentation, est un instant que j’aime et que j’adore. Il est bien sûr différent selon que l’on soit à la première, à la seconde ou la deux-centième. Le passage de la coulisse à la scène est toujours un moment particulier.
Selon la personnalité, selon le métier, selon la pièce, il y a des acteurs qui peuvent être capables de discuter le bout de gras et d’entrer spontanément en scène. D’autres vont avoir besoin de se concentrer, d’allumer des bougies et d’écouter de la musique.
Chacun vit l’instant à sa façon. Je dirais que, au fond, il y a une sorte de concentration mais qui peut se faire en une seconde. On peut passer une heure à se préparer mais arriver sur scène dans le mauvais état, trop fermé, trop concentré.
A titre personnel, j’essaie d’être disponible et ouvert à l’autre. De replonger, alors que je sais très bien ce que je vais jouer, dans un état presque d’inconnu, de surprise et d’écoute.
5/ D’un point de vue artistique, quels sont vos projets et envies actuels ?
La prochaine pièce devrait être un Goldoni, au théâtre Déjazet, à Paris en janvier prochain. Suivie, à l’automne 2017, par la tournée de « Cyrano de Bergerac » que j’avais jouée l’année dernière dans la capitale. Puis, en janvier 2018, je repars, pour la seconde fois, en tournée avec « Rupture à domicile ». Nous en serons alors à plus de 200 représentations. C’est une pièce qui fonctionne très bien.
En parallèle, j’espère retrouver, d’ici à la fin de l’année, les plateaux de tournage.
6/ Comment parvenez-vous à gérer aussi votre rôle d’élu politique, en parallèle de votre parcours artistique ?
Il faut se dégager du temps. Etre un élu comme je le suis, conseiller municipal dans le troisième arrondissement parisien, prend beaucoup de temps. Beaucoup de réunions ont lieu, beaucoup de présence sur le terrain est aussi attendue. C’est passionnant ! Je m’occupe également de la culture aux Républicains, ce qui est encore un autre travail, tout aussi plaisant.
J’avais le besoin, depuis plusieurs années, tout en continuant à faire mon métier, de faire autre chose. Cela aurait pu être un engagement associatif ou humanitaire, mais mon choix s’est porté sur la politique. Parce que je crois que, lorsque l’on fait cela au niveau local, on est dans quelque chose de non rémunéré, de l’ordre du service aux autres en essayant d’améliorer le fonctionnement au sein de l’arrondissement.
Cette activité me prend du temps, c’est un engagement très fort qui n’est pas toujours facile mais que je suis content de faire.
7/ Pour finir, que dire aux lecteurs pour les encourager à continuer de s’intéresser à l’art ?
C’est une très belle et difficile question. Je dirais qu’il est très important d’être curieux des autres, d’aller vers des expressions artistiques que l’on ne connait pas forcément. Pourquoi pas, c’est le conseil que je donnerais, se donner une sorte de défi. Par exemple d’aller voir de la danse si l’on n’aime pas cet art. Soit pour se conforter dans l’absence d’adhésion ou, au contraire, pour provoquer une surprise.
Dans ma carrière, mais aussi en tant que spectateur, j’ai souvent essayé de provoquer l’inconnu. Je me suis attaché à jouer des styles théâtraux les plus différents possibles les uns des autres, à aller dans des théâtres subventionnés et des théâtres privés, à jouer des rôles dramatiques mais aussi des rôles comiques.
Je pense que le spectateur, s’il le souhaite, devrait se pousser pour aller vers l’inconnu, l’étrange. Et puis après, peut-être devrait-il essayer d’avoir de l’exigence dans ses choix. C’est agréable de se détendre parfois avec quelque chose de simple, de facile, et puis parfois il peut être intéressant de faire un effort, d’aller vers quelque chose de plus exigeant, un livre un peu difficile, ou un film qui a un peu ennuyé mais dans lequel on va essayer de se remettre.
Au-delà de tout ça, je pense qu’il faut être libre dans le désir et la joie. Nous avons la chance d’être dans un pays où il y a beaucoup de culture disponible, où l’on peut tout voir et tout dire, du moins je l’espère, ce qui n’est pas le cas partout. Nous sommes en France, où l’on peut assister à n’importe quel style d’art, il faut donc en profiter, il faut aller au musée, au théâtre, au cinéma. Parce que c’est une chance que tout le monde n’a pas.
Ce fut un plaisir, Benoit, d’effectuer cet entretien avec vous !