France 3 / Alex Hugo : Mikaël Fitoussi évoque Renart, personnage qu'il incarne depuis plus de dix ans !
Bonjour Mikael,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Mardi 4 novembre prochain sera diffusé, sur France 3, « Le nouvel eldorado », un épisode inédit de la série « Alex Hugo ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, oui, oui ! C’est un plaisir très gourmand puisque l’on se retrouve chaque année depuis maintenant 11 ans…Donc ça va vite mais on ne s’en rend pas compte. C’est toujours un énorme plaisir d’aller tourner des « Alex Hugo », pour plein de raisons…D’abord professionnellement et artistiquement : faire son métier dans des conditions et pour des films de cette qualité est un bonheur. Humainement, c’est l’occasion de retrouver ces équipes qui sont, on peut le dire, une vraie petite famille, avec beaucoup d’amitié entre les équipes techniques, la production et les comédiens. Cela s’est toujours tellement bien passé qu’on a un plaisir énorme à se retrouver… Ce n’est pas fake, c’est réel…Je pense que ça ressent dans les films que l’on fait…C’est un grand privilège et on se régale toujours ! Vous savez, on ne peut pas se lasser, le matin, quand on arrive, et qu’on se retrouve dans la magnifique vallée de la Clarée, où le soleil est en train de se lever. Y passer la journée entière à faire ce que l’on aime est vraiment rare et exceptionnel, honnêtement.
Ces décors magnifiques sont aussi l’occasion de magnifiques images à l’écran…
Bien sûr ! Quand on me parle de la série, on me parle souvent « de paysages merveilleux ». C’est vrai, ils le sont mais ce n’est pas « Thalassa », ce n’est pas juste pour se faire plaisir. La force et l’atout, je trouve, de « Alex Hugo » réside dans le fait que la montagne et les paysages ont toujours un impact sur l’histoire et sur la dramatique. C’est presque un personnage, en tout cas ça façonne les protagonistes dans leurs destins.
Après, il y a aussi quelques chose qui est intéressant, c’est qu’il y a une tellement belle diversité dans cette région. Le col du Lautaret est très aride, on a un peu l’impression d’être sur Mars. Quand on change et qu’on va dans une autre vallée, on trouve quelque chose de beaucoup plus vert et de beaucoup plus doux. Donc les endroits choisis sont comme en adéquation avec les personnages et avec l’histoire. C’est très fin, je trouve, comme manière de faire ! Par exemple, on a eu des attaques de diligences dans un décor très western, il y a eu des épisodes presque de désert, d’autres qui fleuretaient un peu avec le fantastique, où c’était beaucoup plus poétique. Donc c’est vrai que le décor n’est jamais le même, que la montagne n’est jamais la même et elle peut apporter, à la fois, du danger, de l’apaisement ou de la poésie…Oui, c’est assez magique, en fait !
Vous y interprétez l’inspecteur Pascal Renart. Justement, quel regard portez-vous sur lui ?
C’est un personnage, comme nous tous, qui est en perpétuelle évolution, ce qui est très plaisant. Au départ, il est arrivé comme un flic un peu chien fou, qui vient vraiment de Marseille, donc qui avait l’habitude de se confronter à une violence urbaine. Donc c’était quelqu’un qui avait un caractère un peu fougueux et qui, en plus, avait des aprioris par rapport à la montagne et à la rurale, à ces flics, un peu du genre « Bon, vous n’êtes pas des vrais flics »…Et, à force, avec cette connaissance de cette équipe-là, il y a eu beaucoup de choses qui ont changé pour lui. D’abord, son regard sur eux, l’amitié naissante, même s’il y avait beaucoup de conflits au départ…Je pense que ça l’a beaucoup adouci, que ça a adouci sa compréhension des voyous et des coupables. Il a été un petit peu moins manichéen au fil des choses et au contact d’Alex Hugo, avec qui une amitié a mis du temps. Au départ, ils étaient presque un peu rivaux, c’étaient deux mâles alpha, il y avait quelque chose d’assez cinématographique, qui était intéressant à exploiter, ils n’avaient pas les mêmes manières ni les mêmes façons de mener des enquêtes. Au fil du temps et des épisodes, les choses ont évolué, les personnages se sont compris, ont appris l’un de l’autre et se sont nourris aussi…Renart est passé par une rédemption, lui qui était attaché à l’alcool, et qui avait en lui quelque chose d’un peu dur, d’un peu noir et je pense que le fait d’aller à Lusagne et de travailler avec cette équipe lui a donné de la force. D’abord grâce à Alex Hugo, qui l’a aidé à se sortir de l’alcool, dans l’épisode « La dernière piste », ce qui avait créé des liens assez forts.
Donc ce personnage, je trouve, évolue et je me demande si, à un moment, il n’aura pas envie de tout balancer et de suivre un peu les pas d’Alex Hugo…Ce serait possible ! En tout cas, je me mets ça dans ma tête : avoir ce désir de liberté et, même temps, garder cette soif de justice qu’a Alex Hugo, serait très plaisant pour mon personnage qui est dans la police…Alex Hugo a réussi à se libérer des chaines de la hiérarchie et des protocoles, lui donnant une liberté et une compréhension par rapport aux coupables et aux gens qui sont impliqués, il a une très belle écoute et je pense que Renart s’en est inspiré. A la fois, il s’est aussi laissé guider par Angelo, qui est une figure un peu paternelle…Donc il est tombé avec cette équipe et j’ai cette impression qu’il est plus heureux quand il monte à Lusagne pour régler une affaire, plutôt qu’à Marseille.
Toutes ces années dans sa peau vous ont certainement permis une palette de jeu très plaisante à défendre…
Oh oui, c’est génial ! En même temps, ce n’est pas une série, ce sont des films donc, quelque part, on a vraiment des nouveaux scénarios, des nouveaux réalisateurs et nous, aussi, évoluons. Donc on ne reste pas dans un immobilisme, on n’est pas dans la redite, on suit les nouveaux scénaristes qui, eux également, ont un regard sur nos personnages et ont envie de les emmener quelque part. Donc ils font des propositions sur notre propre personnage, ce qui est très appréciable car on a toujours envie, en tant qu’acteur, d’être amené dans des terrains qui ne sont pas spécialement notre zone de confort.
Donc le personnage évolue mais comme soi-même : en dix ans, moi, Mikael, j’ai changé et je pense que je nourris mon personnage aussi à travers ma propre évolution. C’est vraiment très plaisant, on peut se permettre à la fois de jouer autre chose et de changer, notamment son caractère, comme dans la vie. On a le droit de penser que, il y a quelques temps, on n’aurait pas agi de la même manière…C’est hyper intéressant : dans la vie on change, dans la vie on se trompe, c’est ce qui fait notre humanité, d’accepter d’évoluer et de ne plus avoir le même regard sur les choses, de gagner un peu en sagesse. Et un personnage, c’est ça aussi donc il y a quelque chose qui est vraiment plaisant : à chaque fois que l’on retrouve une nouvelle histoire, c’est comme si on repartait un peu à zéro, avec tout un bagage, tout un ADN et toute une expérience…Donc on ne joue plus de la même façon avec Alex Hugo car les relations entre les personnages ont aussi évolué.
En fait, il n’y a aucune lassitude, c’est à chaque fois un défi de voir comment il réagit maintenant à ce qui se passe, comment il évolue là-dedans et c’est un vrai plaisir d’acteur. Je ne suis pas là à me dire que ça fait dix ans que je joue le même personnage…Non, je joue un personnage qui évolue et je l’écoute ! Tout comme j’écoute les nouveaux réalisateurs et les nouveaux scénaristes, qui m’emmènent dans d’autres domaines et qui vont fouiller la personnalité de ce personnage que j’aime énormément.
C’est aussi quelqu’un d’assez seul, comme d’autres personnages d’ailleurs. Il y a beaucoup de solitude, que ce soit chez Alex Hugo, Angelo, Leblanc ou Renart. Ils sont seuls et leur métier remplit vraiment leur vie. C’est pour ça que cette petite famille s’est créée, ces personnages ont le même but, avec un désir de rendre la justice. A se retrouver ensemble, ils s’apportent tous des choses, il y a beaucoup de tendresse et d’amitié entre eux, même s’il y a pas mal de conflits. Je trouve d’ailleurs que c’est assez rare, dans des séries, de voir de l’amitié…Je pense que ce sont des personnages qui s’apprécient, ils ont beaucoup d’empathie les uns envers les autres, ils essaient de se comprendre ! C’est assez original, cela fait aussi la signature de la série.
Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public ?
Ils viennent nous voir sur place pour nous rencontrer, c’est hyper touchant. En général, je vois dans leurs yeux qu’ils voyagent. Avec les paysages mais aussi avec le rythme, avec quelque chose d’un peu à l’ancienne : ce n’est pas contemplatif mais on prend le temps, en fait. Cette signature artistique de réalisation a été donnée par Pierre Isoard, qui a fait les premiers épisodes, et aussi les deux premiers scénaristes, Nico Tackian et Franck Thilliez, qui étaient de grands romanciers, avec une imagination incroyable. Dès le départ, il y avait une équipe très forte artistiquement, qui a réussi à imposer quelque chose de différent. Je crois que les gens ont l’impression de regarder un film différent…
Par rapport à mon personnage, je pense que je les fais un peu rire, je suis un peu le sale gosse, celui qui ne fait pas tout bien, celui qui fait un peu bouger Alex Hugo…Je suis celui qui n’est pas toujours d’accord avec le héros, ce qui fait marrer le public ! Mon personnage a aussi un côté pince sans rire, il a sa propre liberté…Il amène un peu l’urbain, le cuir, le côté cowboy mais de la ville.
Mais, oui, on a beaucoup de retours très généreux, je pense que les gens se sont beaucoup attachés aux personnages et qu’il n’y a pas seulement le décor. Il y a un vrai amour qui s’est créé avec les téléspectateurs, on sent aussi qu’ils prennent du plaisir à nous suivre, qu’ils attendent les nouveaux épisodes, il y a quelque chose d’assez passionnel avec cette série. C’est pour cela qu’il y a autant de succès, ça dépasse le simple rendez-vous, il y a un attachement !
Dans cet inédit, il sera question de la disparition inquiétante d’un couple parti en randonnée quelques heures plus tôt…
Oui ! Je ne veux pas trop en dire mais il y a quelque chose de pas manichéen dans « Alex Hugo » donc il y a des personnages dans lesquels on peut se retrouver, même s’ils ont fait des conneries ou les mauvais choix. Là, par exemple, le personnage de la mère est un personnage très fort, c’est une juge de Marseille qui a une grande emprise sur son mari et sur son fils…C’est intéressant à voir…Il y a des conneries qui sont faites mais des choses viennent au-dessus et, là, on se rend compte que ce n’est pas si simple…Les personnages de cette famille sont très intéressants, on n’en a pas fait le tour en deux secondes. Donc les gens vont mettre du temps à comprendre comment cette famille fonctionne…Cet épisode est intéressant pour ce qu’il raconte des relations familiales ! Avec cette disparition, on est un peu à la limite de la lâcheté, mais avec des personnages très humains, ce ne sont pas des héros, ils ont leurs défauts, leurs faiblesses et leur volonté de bien faire. Ce sera encore une nouvelle histoire, on va encore explorer autre chose, c’est un autre beau film, on a de la chance !
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette magnifique aventure ?
Depuis un moment, je pensais qu’une femme pouvait adoucir mon personnage et encore le faire avancer. Dans les épisodes que l’on a tourné cet été, il y avait un désir de la productrice de retrouver une partenaire à Renart…Là, ça va être incarné par une procureur, une très jolie femme un peu stricte et, avec Renart, il va se créer une relation, il va venir la chatouiller un peu et ils vont jouer au chat et à la souris, avec une petite touche de comédie et de séduction. Je dois dire que ça me fait bien plaisir de voir mon personnage là-dedans ! C’est quelque chose, pour le coup, que l’on n’avait vraiment pas vu et c’était très agréable de le plonger dans cette situation et dans ce rapport avec cette femme. On verra ce que ça donnera…
Après, je suis toujours avide, moi-même, de surprises…On a tous des désirs, je peux lancer des perches mais c’est aussi intéressant de voir comment d’autres personnes voient le personnage et où elles ont envie de l’amener. Je trouve que c’est un vrai plaisir, il y a un réel travail à faire derrière, il faut dealer avec cette vision ! J’ai la chance, en tout cas, que les réalisateurs et les scénaristes aiment bien Renart et qu’ils aient envie aussi de jouer avec lui. Je me régale à chaque fois, c’est toujours une nouvelle aventure ! Aucun épisode ne ressemble à un autre, tellement les enjeux et les univers sont différents…Mais les réalisateurs et les scénaristes ont gardé, je trouve, cette emprunte du départ et c’est une des raisons pour lesquelles la collection continue à plaire. Même s’il y a des univers différents, on reste quand même toujours dans le même rythme et dans la même facture !
Pour terminer, quels sont vos autres projets en cours ou à venir ?
Je me balade un peu dans des fictions, par ci, par là mais, surtout, j’avais réalisé, en 2024, avec mon frère Grégory, un court-métrage de vingt minutes, « Bo Jacquo », dans lequel on jouait tous les deux. On a passé un peu cette année à l’accompagner en festivals. Cela a été une expérience vraiment vraiment nouvelle pour moi…J’écrivais déjà, je jouais et, là, aujourd’hui, avoir connu la réalisation est un peu le graal, ça a été une vraie révélation donc j’ai vraiment envie de continuer dans cette voie-là. J’adore jouer, je continuerai aussi à être acteur, c’est vraiment le plus beau métier du monde mais, maintenant, j’écris un long-métrage, pour continuer cette aventure de réalisateur, qui est passionnante. Donc il y a encore plein plein de phases dans ce métier de cinéma et de télévision qui sont à explorer pour moi !
Merci, Mikael, pour toutes vos réponses !