Télévision, livre, seule-en-scène : Béatrice de La Boulaye nous en dit plus sur sa belle et riche actualité !
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Bonjour Béatrice,
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
Votre actualité est très riche et très variée. Vous êtes actuellement sur scène, un peu partout en France, avec votre seule en scène, « Héroïnes ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, le contact avec le public est irremplaçable ! C’est quelque chose, c’est vrai, que j’ai pas mal connu pendant 15 ans avec les « Airnadettes » et, là, je ne me lasse pas d’être seule sur scène avec le public. Je prends même de plus en plus de plaisir…J’en suis à 109 représentations et c’est hyper agréable de pouvoir raconter ce que l’on veut, pour faire rire les gens, pour les émouvoir aussi et pour pouvoir réfléchir ensemble à des questions qui me taraudent. Donc ce contact avec le public est unique et je suis ravie d’avoir encore une quarantaine de dates de tournée pour pouvoir en profiter.
Si l’on revient à l’origine de ce projet, comment vous en sont venues l’idée et l’envie ?
Un peu par accident…Je n’étais pas censée écrire ce spectacle…On devait monter une pièce pour une chaine de télé, ça ne s’est pas fait mais la salle était bookée…Du coup, il y avait ce créneau qui était là, qui était annoncé dans la plaquette du théâtre et on s’est dit que j’allais y aller toute seule…Comme c’était un spectacle que l’on devait faire sur Molière, l’idée m’est venue de faire quelque chose sur les héroïnes de Molière et des héroïnes de Molière, finalement j’ai tiré une espèce de portrait-robot de l’héroïne…Et, tout à coup, en fait, je me suis rendue compte que cette figure de l’héroïne était très importante pour moi donc j’en ai tiré les fils et puis c’est devenu un spectacle de plus en plus personnel…Molière n’est quasiment plus là mais ça m’a permis de raconter, par une galerie de portraits et par ma propre expérience, un portrait-robot de la figure de l’héroïne qui, finalement, raconte beaucoup pour moi sur la figure du féminin. Du coup, cela permet de réfléchir à ce que c’est qu’être une femme, à ce que c’est qu’être un homme, à ce que l’on raconte de la féminité aujourd’hui, à comment je ne m’y retrouve pas du tout et à comment je redéfinis le féminin avec des figures d’héroïnes qui sont, pour moi, beaucoup plus parlantes sur le féminin, c’est-à-dire quelque chose de fort, de libre, de puissant, …
Tout cela, évidemment, avec pas mal de rigolade et des personnages qui sont assez forts !
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Ce spectacle est plein de montagnes russes, pour vous et pour le public…
Oui, on passe du rire à l’émotion, on réfléchit aussi un peu et je crois que c’est un parcours assez joyeux et rafraichissant. C’est super agréable que les gens, en sortant, me disent ne pas du tout s’attendre à voir cela…Ils ne s’attendent à rien mais sont quand même surpris.
Les montagnes russes sont une belle image, c’est complètement cela : une fois que les spectateurs sont dans le wagon, ils ne se posent plus de question et se laissent décoiffer par le spectacle donc c’est un bon voyage, je crois !
Nous évoquions la tournée en cours…Ce doit être très plaisant d’aller à la rencontre des gens un peu partout…
Et de visiter la France, mine de rien ! C’est quand même très agréable aussi…Je découvre à quel point je suis une nomade…J’adore la tournée, je fais cela depuis 20 ans. J’aime les tournages aussi pour cela : cela permet de s’installer dans un endroit pendant un petit moment donc autant vous dire que je connais bien bien la Martinique J mais le côté nomade de la tournée est très agréable aussi !
Là, c’est quand même très sympa car la Comédie de La Rochelle a eu la bonne idée de me faire venir pendant le festival de la fiction donc c’est un bonheur ! Déjà, j’adore La Rochelle et j’ai pu croiser, en deux jours, tous les gens du métier. Je n’ai plus de voix, j’ai dormi deux heures par nuit depuis que je suis là, c’est une effervescence, je suis très gâtée…Merci la vie, je suis pleine de gratitude, je suis vraiment très heureuse de découvrir la France mais aussi les spectateurs ! Il y a beaucoup de téléspectateurs de « Tropiques criminels » qui viennent voir le spectacle. Quand je suis dans l’écran, je ne les vois pas alors que, là, je les vois, ce qui est très agréable !
En complément, sortira le 8 octobre prochain « Mammomia », un livre que vous avez co-écrit avec Bénédicte Voile…
C’est un roman graphique qui est à l’initiative d’une illustratrice autrice géniale, qui m’a contactée après un post que j’ai fait sur Instagram, pour encourager les femmes à aller faire une mammo. J’ai fait ce poste pour « Octobre rose », la première année après ma propre guérison et je ne sais pas, il y a quelque chose dans le ton qui lui a plu et elle s’est dit que ce serait génial de faire un roman graphique qui puisse encourager les femmes au dépistage. Du coup, on s’est vues, je lui ai raconté mon histoire, elle s’en est emparée. Vraiment, bravo à Bénédicte, qui a réussi, au travers de son dessin et de sa plume, à rendre vraiment le ton que je donnais à cela.
Je n’ai pas cherché à dédramatiser mais j’aime raconter cette histoire avec un peu de distance et un peu d’humour. Déjà, parce que c’est une histoire que j’ai acceptée et que j’ai traversée…et que c’est ma façon d’en parler avec du recul. Mais elle trouvait que c’était aussi une façon de décomplexer les femmes qui, parfois, ont peur d’aller faire cette mammo. Ce que je raconte, c’est que, plus c’est dépisté tôt, moins lourd est le traitement dans le meilleur des cas. Donc l’idée était de partager une expérience et de dire que la maladie n’est pas honteuse, qu’il ne faut pas en avoir peur. C’est surtout important d’en parler, pour que l’on puisse communiquer au maximum. Le cancer est de plus en plus répandu donc il faut en parler et il faut pouvoir, chacune, approcher la chose à sa façon.
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L’originalité du format permettra sans doute à beaucoup de femmes d’oser s’emparer du sujet…
Exactement ! Vraiment, c’est un petit guide ludique et rigolo, qui est assez drôle à lire…Donc l’idée est celle de La Fontaine : « Pour instruire, il faut plaire ». Et évidemment que le rire est un vecteur de communication…L’objectif est que ce bouquin puisse se refiler facilement, j’aimerais que l’on ait envie de l’offrir. Il est joli, il a une couverture assez pop, le contenu est à la fois mon témoignage raconté de façon drôle et décomplexée mais il y a aussi plein de tips réconfortants pour les femmes…Et puis, il y a pas mal d’informations médicales aussi, même si ce livre n’a aucune prétention médicale…Cela permet aussi de dire ce que l’on sait aujourd’hui, c’est une façon de vulgariser le savoir actuel…En fait, c’est comme boire un café avec moi pendant une heure !
C’est un peu ce qui m’est arrivé quand j’ai eu mon cancer : j’ai bu pas mal de cafés avec pas mal de femmes à qui c’était arrivé, j’en ai eues au téléphone aussi et, pour moi, ça a été vraiment hyper précieux, beaucoup plus qu’un médecin qui vous parle scientifiquement de qui vous arrive…ou que les amis qui vous réconfortent comme ils peuvent mais qui n’ont pas vécu cela. Là, c’est un partage d’expérience qui, pour moi, avait été ma plus grosse source de réconfort !
Enfin, la prochaine saison de « Tropiques criminels » sera bientôt à l’image…
On est rentrés fin juillet d’encore quatre mois de tournage en Martinique…Je ne vais pas vous mentir, c’est un plaisir de plus en plus grand tous les ans. Chaque fois, je me dis que ça ne peut pas être mieux que cette année et, l’année d’après, c’est encore mieux…Donc, oui, on est ravis. On a mis huit épisodes en boite, pour encore des aventures nouvelles. Les auteurs m’épatent à chaque fois, ils sont pleins de ressources…C’est toujours une très belle aventure, qui se poursuivra avec le tournage d’une saison 8 l’année prochaine, qui sera un final puisque la fin du programme a été annoncée. C’est bien, on a quand même tous le temps de faire le deuil très tranquillement de cette fin de série, que l’on aura eu évidemment un plaisir dingue à tourner. Cela m’aura changé la vie, évidemment !
De pouvoir retrouver un personnage sur une telle longueur vous permet sans doute de le développer davantage…
Oui, oui, c’est comme un mille feuilles : la première année, on découvre un peu le personnage, on en fait toute la forme extérieure et, plus les saisons avancent, plus on rentre dans le détail et dans l’intimité de ce personnage. Ce qui est très agréable, c’est que et les auteurs et les réalisateurs sont vraiment à l’écoute de l’actrice ou de l’acteur qui interprète…Donc, tous, on a pu dessiner et ciseler nos personnages au fur et à mesure des années, en échangeant sur nos souhaits d’actrices / d’acteurs, sur ce que les auteurs perçoivent de nous ou avaient envie d’explorer. C’était, oui, un très très beau cadeau, là encore, de pouvoir affiner notre palette de jeu au travers de ces personnages que l’on aime tellement !
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Au-delà des récurrents, la présence des guests permet d’enrichir le contenu…
Bien sûr ! Il y a la famille de base qui s’est agrandie et les guests. Là aussi, les auteurs s’arrachent la tête…On adore les enfants, les amants,…toute cette petite nébuleuse autour de nos personnages…Avec les années, on les aime tous mais les auteurs ont dû faire des choix. C’est évidemment compliqué parce que tout le monde s’attache, nous, l’équipe, les téléspectateurs…Mais tant mieux, c’est une bonne nouvelle !
Il y a eu aussi des rencontres de jeu extraordinaires…D’avoir joué avec Edouard Montoute ou Francis Perrin a été de gros cadeaux. Cela ouvre le jeu : tout à coup, ils viennent appuyer sur d’autres touches, ce qui déclenche encore de nouvelles palettes…C’est merveilleux ! On a encore quatre épisodes pour s’éclater donc on ne va pas passer à côté...
D’ailleurs, allez-vous rejouer votre spectacle sur place ?
C’est prévu ! Je l’ai joué déjà trois fois cette année, dans un nouveau Comédy Club et, comme c’était complet à chaque fois, on s’est dit, avec mon producteur, que l’on allait se lancer dans une grande aventure…Du coup, je jouerai dans une salle de 800 places fin janvier, ce qui sera ma plus grande salle avec ce spectacle ! Je jouerai aussi en Guadeloupe, deux jours après…Donc bien sûr que l’aventure martiniquaise me tient à cœur…
Merci, Béatrice, pour toutes vos réponses !