RTBF / Le jardin extraordinaire : Tanguy Dumortier évoque les 60 ans du programme !

Publié le par Julian STOCKY

@ Martin Godfroid

 

 

Bonjour Tanguy,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Chaque semaine, les téléspectateurs de la RTBF peuvent vous retrouver dans « Le jardin extraordinaire ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Evidemment, c’est un plaisir renouvelé chaque semaine et, même, chaque jour, de travailler dans le cadre de ce programme ! Parce que c’est plus qu’un travail : pour moi, c’est vraiment une passion…J’ai toujours eu envie de parler de la nature et de pouvoir y aller pour en parler ! Je n’avais pas envie d’en parler comme un scientifique qui analyse des choses dans un labo ou comme quelqu’un qui la regarde de loin…mais comme quelqu’un qui y va quotidiennement pour la regarder de près. C’est ce que j’ai la chance de faire donc, oui, oui, c’est un très grand plaisir !

Ma passion est de voir des formes de vie différentes. Etant petit, je rêvais de voir des choses à Madagascar ou en Afrique et, en fait, j’ai été bien au-delà de ce que j’aurais pu rêver de faire, en allant voir les colibris en Amérique centrale, les baleines en Antarctique ou encore les ours polaires en Arctique…Bref, j’ai eu une chance extraordinaire et ça ne me lasse jamais, en fait, au contraire : chaque fois que j’ouvre une porte, j’ai envie d’en ouvrir d’autres !

A chaque fois, c’est l’occasion, pour tous, d’un enrichissement culturel……et de magnifiques images…

Oui, cela fait partie de mon plaisir ! Je ne suis pas un aventurier égocentrique, j’ai toujours eu envie d’aller voir la nature mais pour la faire partager à d’autres, effectivement au travers des images. En déménageant, j’ai retrouvé encore récemment retrouvé des affaires de chez mes parents, où je faisais des petits journaux, qui parlaient des ours ou des animaux. Pour moi, c’est une double passion et je ne la ferai pas tout seul dans mon coin, ça ne m’intéresse pas, ça m’intéresse de la faire pour la partager !

D’ailleurs, quels principaux retours pouvez-vous avoir de la part du public ?

Le programme a 60 ans mais ça fait une dizaine d’années que je l’anime. Dans ce cadre-là, au moment où je suis arrivé, on a changé un peu la ligne éditoriale : on voulait montrer le côté animalier par l’émerveillement ! Ce n’est pas un programme qui cherche forcément la connaissance, même si on essaie d’être exacts, ce n’est pas un programme qui cherche à dénoncer certains problèmes environnementaux, c’est un programme qui cherche à émerveiller ! Je pense que l’on ne réussit pas si mal que cela notre mission…

En Belgique, c’est un programme qui est très connu le dimanche soir, depuis 60 ans donc, quand les gens m’abordent pour en parler, c’est comme cela qu’ils m’en parlent…Ils ont plutôt des étoiles dans les yeux, que ce soient des enfants ou des personnes plus âgées, ils me disent avoir découvert tel animal ou avoir vu telle chose incroyable dans l’émission. Bien entendu, aujourd’hui, on pourrait le faire en long et en large par internet mais on a là une petite fenêtre télévisuelle encore pour le faire, où on prend le temps. Ce que les gens apprécient aussi, c’est que l’on met une touche de poésie et une touche d’humour dans le programme, pour ne pas être seulement sérieux mais se dire « Tiens, on va découvrir des êtres vivants qui vivent à côté de nous et que l’on ne connait pas dans le fond, qui sont des animaux sauvages ».

L’émission fête ses 60 ans…Une longévité incroyable, qui traduit bien l’importance et presque même la nécessité d’évoquer de tels sujets…

Oui, plus que jamais parce que, en fait, la connaissance de la nature disparait petit à petit de notre société. Nos grands-parents ou nos arrières grands-parents avaient probablement beaucoup plus de contacts que nous avec des animaux sauvages, ils en voyaient plus souvent, il y en avait sans doute beaucoup plus et, aujourd’hui, on a de jeunes générations qui ont comme cheval de bataille de parler de l’environnement, de le défendre ou de s’inquiéter pour leur avenir, ce que l’on comprend assez bien mais à qui il manque, parfois, des pièces du puzzle, de ce puzzle de la connaissance, de savoir identifier et nommer les animaux autour de nous, de savoir les différencier, de connaitre quelques-uns de leurs comportements. Cela reste vraiment important pour avoir l’impression de vivre dans son environnement et pas complètement isolés…

Au fil des années, sans doute avez-vous fait évoluer le contenu selon, aussi, l’évolution de la société ?

Oui, on est revenus, un peu, aux fondamentaux…Il y a eu différentes époques du « Jardin extraordinaire » et, maintenant, on est revenus aux bases, qui constituent le titre : on essaie de rentrer par cette porte de l’émerveillement, cette porte qu’avait commencé à théoriser le commandant Cousteau, qui avait dit « L’émerveillement pousse à la connaissance et la connaissance pousse à la protection ». On est un tout petit maillon de cette chaine, qui veut allumer l’intérêt des téléspectatrices et des téléspectateurs pour les choses de la nature.

 

@ RTBF

 

Certaines thèmes ou sujets vous tiendraient-ils particulièrement à cœur, face à tous les changements que l’on connait actuellement ?

La chose assez particulière avec l’animalier est que, je pense, depuis que les Hommes savent fabriquer des outils pour communiquer, c’est-à-dire depuis les premières représentations des Hommes avant même de savoir écrire, ils dessinent des animaux. Dans le fond, ce sont des ancêtres…Moi, je les filme mais eux les dessinaient donc c’est une constante dans l’histoire de l’humanité que de vouloir représenter les animaux sauvages, de leur donner une forme, une image, d’essayer, ainsi, de mieux les comprendre et d’entretenir notre fascination vis-à-vis de leur monde. Donc, oui, il y aura d’autres formes ! Après, je suis de la génération des gens de la télévision et j’imagine que les suivants feront autre chose, adapté au format de leur époque…Mais le fond restera le même !

A l’anniversaire des 50 ans du « Jardin extraordinaire », c’était assez émouvant pour moi, le fils du tout premier réalisateur était là et il m’a dit que son père serait très très fier de moi parce que nous avons le même ADN et parce que l’on fait un peu les mêmes choses, à savoir être des montreurs d’ours et des peintres de bisons. Modestement, notre rôle est de montrer les animaux à ceux qui ne les voient pas ou qui ne les voient plus.

Sans dévoiler de grands secrets, quels prochains sujets allons-nous pouvoir découvrir ?

On fait toujours un ping-pong entre des sujets très proches et d’autres plus lointains. On aura une émission toute simple, basée sur les images des téléspectateurs sur le thème de la neige et des animaux qui vivent dans la neige. On aura aussi des émissions plus exotiques, qui nous emmèneront plus loin…Notamment au Canada. Sans oublier une émission plus proche de nous, sur nos forêts. Donc, voilà, on essaie d’émerveiller mais sans frontière, avec des sujets plus proches et des sujets plus lointains.

En conclusion, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?

On peut nous souhaiter que cette émission continue sa longue vie de passeur de connaissances et de passeur d’émerveillement sur la nature. Je pense que ce serait la plus belle récompense pour l’équipe ! On a cette chance d’avoir souvent cette récompense parce que l’on est là depuis longtemps et probablement encore pour longtemps. On a des gens qui viennent nous voir et qui nous disent avoir fait des études ou des thèses sur telle ou telle espèce parce qu’ils ont été fascinés par « Le jardin extraordinaire ». C’est la plus belle des récompenses !

En tout cas, si, vraiment, les téléspectateurs aiment l’émission, cela me ferait très plaisir qu’ils plantent des arbres ! Ainsi, nous aurions de très très belles nouvelles forêts autour de nous, ce qui nous rendrait heureux ! La fraicheur d’une forêt en été et sa chaleur en hiver rendent les humains plus heureux et, je pense, plus pacifiques. Donc plus enthousiastes…

Merci, Tanguy, pour toutes vos réponses !

Publicité

Publié dans Télévision

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article