Nuit noire, nuit blanche : Juliette Lamboley nous en dit plus sur cette belle série audio !

Publié le par Julian STOCKY

@Ilia Zavialov : janvier 25 Paris

 

 

Bonjour Juliette,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Nous nous retrouvons dans le cadre de l’édition 2025 du festival de la fiction TV, où vous venez défendre la série audio « Nuit noire, nuit blanche », qui vous tient à cœur. Si l’on en revient à sa genèse, d’où vous en sont venues l’envie et l’idée ?

Cela a été une longue démarche parce que, au début, je n’avais pas forcément envie d’en parler, j’avais plutôt envie de garder cela comme une histoire personnelle…

Le projet parle d’un dépôt de plainte pour viol et de toutes les étapes qui s’en suivent. C’est une histoire vraie et, au moment où je l’ai vécue, j’ai manqué de ressources et d’appuis, notamment de podcasts, de lectures, de films, de séries…Il y en a mais ce n’est pas totalement réaliste donc c’est vrai que cela ne me suffisait pas. Cela a été une réflexion de me dire qu’en fait, j’avais besoin de retranscrire ce que j’avais vécu, pour aider d’autres personnes qui, potentiellement, passeraient par les mêmes étapes. Donc la première envie a été celle-ci, d’aider et de devenir une sorte de ressource potentielle pour des personnes qui seraient victimes de violences ou qui voudraient porter plainte.

Sans doute que ce projet a nécessité de raviver des souvenirs pas forcément tous des plus agréables ?

Concrètement, c’est l’histoire d’une procédure, suite à un dépôt de plainte pour viol, qui dure 5 ans et, en fait, ce qui était particulier, c’est que le projet artistique s’est créé au fur et à mesure de la vraie procédure. Donc j’ai commencé à écrire, à enregistrer et à avoir envie d’en faire un projet peut-être quelques mois après le début. Tout s’est fait un peu en parallèle !

Ce n’est pas du documentaire, ce sont quand même des comédiens et des comédiennes qui rejouent les scènes mais, en fait, ce qui se passait, c’est que je m’enregistrais toute seule avec mon téléphone, dès qu’un rendez-vous arrivait, dès que j’avais une réflexion, dès que je pensais à quelque chose dans la rue…Donc ce sont des émotions assez brutes qui ont été retranscrites dans un podcast en même temps que la réalité !

Au moment de la réalisation concrète du projet, avez-vous eu la volonté de vulgariser la démarche pour la bonne compréhension de tous ?

Complètement ! Je voulais, déjà, que ça devienne un objet artistique : pour moi, c’était important que ce ne soit pas juste du documentaire ni seulement ma voix qui raconte un récit, mais que ça devienne vraiment une histoire. Mais le fond était surtout que ça devienne, en effet, un outil pédagogique et de simplification, notamment des termes utilisés. Je ne comprenais rien à ce que mon avocate me disait ni à ce que la justice me racontait, j’avais l’impression d’être bête…Je me disais que ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas être la seule à ne rien comprendre à ce qui se passe, à être complètement à côté de la plaque. J’avais besoin de dire « Non, je ne suis pas seule et toi, si jamais ça t’arrive, tu n’es pas seul non plus ! A mon niveau, et avec humilité, je vais t’expliquer ce qui se passe et ce que tu risques de vivre si jamais ça t’arrive aussi, ce que je n’espère pas ».

 

 

Le format est assez original. Cette idée-là est-elle venue rapidement dans le projet ?

En fait, ça s’est fait assez naturellement, bizarrement. Il faut savoir que je suis comédienne donc j’ai plus l’habitude d’être dans des films, des séries ou des pièces de théâtre que dans de l’audio. Mais, en fait, à ce moment-là, je le disais, j’ai commencé à m’enregistrer, dès qu’il se passait quelque chose. C’était beaucoup plus difficile pour moi d’écrire, c’était plus douloureux ! C’était donc impensable d’en faire un roman.

J’avais envie que ça aille vite, j’avais envie aussi d’être complètement libre sur le format, sur ce que je raconte et sur les personnes que je choisis pour le faire. J’avais besoin de cette liberté que la justice ne nous donne pas, concrètement. Là, j’avais envie de me réapproprier mon histoire, telle que je le voulais. On sait que, quand on crée une série ou un film, il y a tellement d’argent en jeu qu’il y a énormément de personnes qui décident. J’avais envie d’être la seule à tout contrôler…et il s’avère que c’est possible en audio !

C’est toute une équipe qui a fait le podcast, il y a 45 comédiens, il y a 15 personnes autour, c’est une grosse équipe ! On ne s’en rend peut-être pas compte…

L’audio permet aussi, en plus de cette liberté, d’être littéralement entendue : je ne l’ai pas été par la justice et la plupart des victimes ne le sont pas non plus. Là, j’avais envie de dire ce que je pense et comment ça s’est passé, dans le creux de l’oreille de l’auditeur et de l’auditrice….

Justement, a-t-il été « facile » de composer cette équipe ?

Cela s’est fait de manière assez traditionnelle : je sais que le milieu du podcast n’est pas connu mais il y a des boites de production, et j’ai été approchée par l’une d’elles. Ce sont des professionnels de l’audio, qui ont leurs propres équipes donc je n’ai pas eu à convaincre des gens de m’aider…

Ce projet a-t-il déjà été l’occasion de premiers retours ?

Oui, il y a des personnes pour qui c’est encore un peu douloureux, tout dépend dans quelle phase psychologique elles sont. D’autres ont trouvé cela assez utile, justement, de se sentir accompagnées, de mieux comprendre ce qui se passe derrière les portes de la justice, au-delà de ce que l’on voit dans les séries policières et dans les films, où on ne voit que les procès. Alors que, dans 95% des cas, il n’y a pas de procès…Cela pose de vraies questions plus profondes, de comment on se fait justice. On frôle presque la philosophie !

Que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette aventure ?

En tant qu’objet audio, je souhaite qu’il soit entendu un maximum. J’aimerais qu’il serve, ne serait-ce qu’à une seule personne…J’aurais alors tout gagné !

A titre personnel, on m’a proposé d’en faire une adaptation en série télé ou en film. Je ne pensais pas du tout le faire mais, quand j’y réfléchis, dans une logique de toucher de plus en plus de monde, finalement, maintenant que j’ai fait cet objet sonore de façon libre, ça pourrait m’intéresser de l’adapter en série ou en film, pour que ce soit encore plus vu !

Après, ça m’intéressait d’écrire aussi, pourquoi pas, une suite, une sorte de saison 2, sur la reconstruction et sur ce qui se passe une fois que l’on a porté plainte : comment se reconstruit-on personnellement ?

Pour terminer, en parallèle, quels sont vos autres projets en cours ou à venir ?

En tant que comédienne, je suis toujours au théâtre, je joue dans « Edmond », d’Alexis Michalik. Et, à l’été prochain, je commencerai le tournage d’un premier long-métrage…

Merci, Juliette, pour toutes vos réponses !

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Publié dans Radio

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