Mathilde Gardien évoque la sortie du premier album du quartet Menalua !
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Bonjour Mathilde,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Le 6 juin prochain sortira « Premier printemps », le premier album du quartet Menalua. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Complètement ! Ce sont des morceaux qui ont été écrits ces deux dernières années donc cela reste une musique assez récente dans nos esprits. C’est toujours une émotion de les voir rassemblés dans un objet, avec un ordre précis, une narration. On vient d’ailleurs tout juste de recevoir les CDs chez nous, ça fait quelque chose !
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C’était aussi mon tout premier enregistrement et cela reste un exercice difficile : un album, c’est une photo, à un instant T, de qui on est en tant qu’artiste, de la forme physique et mentale que l’on a ce jour-là. Il faut lâcher prise sur le fait que ça fige une matière. Avec du recul, je suis quand même contente, ce qui n’était pas gagné d’avance, de ces 4 jours d’enregistrement. Donc, oui, très heureuse de cette sortie!
Neuf titres seront à retrouver sur cet album…
Il y a une sorte de fil rouge qui est la manière dont cela a été concrétisé. Le répertoire de Menalua provient du binôme de composition que je forme avec Romain Salmon (guitare). Pour ma part, je m’aide beaucoup du piano pour composer. Il y a des compositions qui viennent de lui, d’autres qui viennent de moi, et il y en a pensées à deux dès le début. Forcément, on retrouve une touche commune, ainsi qu’une prégnance de musiques brésiliennes et flamenco. Pour autant, je ne dirais pas que l’on fait de la “world music” à proprement parler, mais je pense que, dans chaque morceau, on peut repérer des clins d’œil, certains même inconscients. Tout cela forme - j’espère ! - une signature cohérente dans l’écriture et dans la musique…
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Je suis la seule à écrire les textes, en tout cas jusqu’à présent. Je fais au gré de mes inspirations... La chanson « Intruders » (« Les intrus ») est la plus personnelle. Elle parle d’un proche, qui pourrait être considéré comme un intrus dans la société. L’exclusion est un thème qui me touche beaucoup. Cette chanson, c’est celle que je chante avec le plus de lourdeur et que je n’ai pas pu écrire en français, parce que c’est trop intime. Mais il y a aussi des chansons plus légères…
Ces différentes casquettes artistiques portées sur ce projet ont certainement dû être très enrichissantes…
Ça, c’est sûr ! Je le disais, c’est la première fois que je concrétise un album et, en tant que groupe émergent, nous ne bénéficions pas d’un entourage professionnel très conséquent. Concernant la direction artistique, on a voulu faire quelque chose de sobre et épuré, parce que ça nous correspond…Pour la pochette et le graphisme, on a eu le plaisir de collaborer avec Julia Salmon dont on adore le travail.
En tant que compositrice, j’ai concrétisé des choses et ça fait du bien. Sur mon téléphone, j’ai des centaines de notes vocales pleines de premières bribes. Il est terriblement difficile, pour moi du moins, de dépasser ce stade de l’idée. J’ai pu me prouver que je pouvais aller au bout du processus. C’est important, il y a des moments où il est l’heure de finaliser. Pour des projets ultérieurs, je vais essayer de garder cette dynamique en tête…
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Plusieurs dates sur scène sont déjà calées aux quatre coins de la France…
Oui, dans le sud, en Bretagne, dans le Sud-Ouest, en Belgique, à Paris…Il y en a pour l’instant une dizaine à venir. Cela fait le lien avec la question précédente, on a embrassé pas mal de casquettes artistiques, nous sommes notamment nos propres producteurs sur cet album. A part la presse, nous avons endossé tous les métiers en lien avec la sortie de l’album. Dès fois, il est clairement frustrant de passer plus de temps à faire de l’administratif que de la musique mais c’est, après tout, un véritable apprentissage, qui permet d’être indépendant. On a pu faire ce que l’on voulait donc je n’ai pas de regret à ce niveau-là.
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A quelques jours de la sortie officielle de l’album, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
J’en avais parlé avec des amis musiciens, eux-mêmes épuisés juste avant la sortie de leur propre album. C’est vrai que c’est très prenant. Cela génère énormément de charge mentale, surtout quand on gère tout. Donc il y a un petit épuisement, relatif, de ne penser qu’à cela mais qui est quand même contrebalancé par l’excitation de sortir l’album.
Ce dernier a été enregistré il y a de nombreux mois et, en tant qu’artiste, on avance, on n’est plus forcément au même endroit. Il y a ce décalage un peu étrange. Mais le plaisir de la concrétisation reste là ! J’ai hâte aussi, maintenant, de développer un peu plus la partie live…C’est un répertoire que l’on jouait déjà sur scène mais, une fois l’album enregistré, je pense que l’on peut encore franchir un nouveau palier de maturité sur les morceaux, scéniquement, en s’autorisant à prendre plus de risques !
Sans doute avez-vous hâte aussi de découvrir les retours du public ?
Oui ! Je suis un peu « fébrile », la sortie d’un album de compositions est toujours un petit coming out. Et puis, il y a une sorte de mise à nu au travers des paroles…Donc j’ai hâte de voir comment ça va être reçu. Même si j’essaie de ne pas trop y penser, car l’obsession de la validation extérieure est malsaine et, au final, inintéressante.
Ceci dit, sur ce répertoire précis de l’album, on a déjà fait des concerts où on a pu avoir des premiers retours. J’ai l’impression que c’est une musique accessible qui peut parler à des publics différents.
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Une cagnotte Ulule est également en ligne…
Elle permet de précommander l’album ou de soutenir le projet. Nous avons été agréablement surpris de la participation rapide des gens. On a, maintenant, le petit stress absolument classique de fin de cagnotte…
Cette première expérience vous donne-t-elle déjà l’envie de renouveler l’expérience ?
Oui ! On va savourer cet album-là, c’est important de le faire vivre et évoluer sur scène. Mais, quand on était en studio, je pensais déjà à mes futurs enregistrements et à ce que je voudrais aborder différemment. Notamment avec un peu plus de lâcher-prise. Romain et moi sommes tous les deux des perfectionnistes, je pense que l’album est assez “clean”. Cela me convient et me semble logique car j’écoute beaucoup de musiques similaires. Il n’empêche que j’ai envie de progressivement m’autoriser à sortir d’une certaine zone de confort, d’aller vers quelque chose de plus improvisé, de moins prévisible, avec d’autres sonorités. J’aimerais bien, en parallèle, muscler la partie piano et claviers…
J’ai aussi, dans les tiroirs, un projet plus personnel de chansons et cette expérience en studio m’a donné l’envie de le concrétiser.
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En complément, vous faites partie d’un trio vocal féminin, sans doute très complémentaire, pour vous, de Menalua ?
En effet, c’est une toute autre aventure. « La mécanique des songes » est un trio co-porté avec Alba Obert, au violon, à la mandoline et à la voix, et avec Malou Oheix, à la voix et aux percussions, tout comme moi. C’est de la musique 100% vocale, avec une part belle laissée au violon. Nous jouons régulièrement dans des églises, abbayes, des lieux atypiques en extérieur… L’exigence, celle de l’harmonie vocale, est différente de celle de Menalua.
C’est très enrichissant et cela m’a fait beaucoup de bien. J’ai fait mes premiers concerts avec Romain Salmon, et nos parcours musicaux sont directement entremêlés. Nous avons beaucoup joué en duo (“Azulera Duo”), qui a mené ensuite à ce quartet Menalua. Une telle rencontre est rare et précieuse, mais il reste intéressant de monter des projets sans cette figure “d’alter ego musical”, on se permet d’aller vers d’autres esthétiques et d’explorer d’autres pans de sa personnalité musicale. Avec la Mécanique des Songes, nous chantons de plus en plus des chants du monde (indiens, samis, lettons…), ce qui est un nouvel espace de recherche et de liberté. Nous sommes également, toutes les trois, assez imprégnées de musique classique, on s’autorise à reprendre du Fauré, du Debussy, du Chopin... Je suis très fière de ce projet qui présente de belles perspectives. Et puis, on est entre amies, c’est chouette !
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Pour boucler la boucle, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Des concerts ! Comme je le disais, on n’a pas à se plaindre, on en a déjà une bonne petite poignée à venir, il a fallu aller les chercher, mais c’est gratifiant. Je rêverais d’un peu plus de facilité et de fluidité, qui passeraient certainement par une reconnaissance de l’album par quelques médias, pour nous permettre de jouer davantage. La scène, la rencontre avec différents publics, c’est vraiment ce qui donne du sens à notre métier.
Je rêverais aussi de plus de collaboration, au sens large, avec d’autres musiciens/musiciennes et autres disciplines artistiques (danse, théâtre…).
Merci, Mathilde, pour toutes vos réponses !