Sud Radio / But football club : Interview croisée avec Michel Moulin et Karim Zeribi !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Michel, bonjour Karim,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Les auditeurs de Sud Radio peuvent vous retrouver le jeudi soir, entre 20h et 21h, aux côtés de Lionel Rosso, dans l’émission « But football club ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous à chaque fois ?

Michel : Oui, oui, c’est très sympathique ! Surtout avec mon ami Karim…On se connait de longue date, on est tous les deux d’origine marseillaise, comme je dis, même si je suis un peu plus à droite de Marseille J… C’est un plaisir, pour une seule et simple raison, c’est que l’on est deux passionnés de foot et qu’on a joué très petit. J’ai démarré à 6 ans, Karim certainement aussi, on était tous les deux des joueurs en plus techniques comme on dit, voilà on est des passionnés de foot et c’est pour cela que ça nous fait plaisir de venir parler à la radio. Karim est beaucoup plus intelligent que moi sur tous les autres sujets, moi, c’est le football et le business donc ça me fait plaisir de venir parler de football.

Karim : C’est un immense plaisir ! Je vous avoue que, quand Michel m’a appelé pour me dire « Karim, je te propose d’embarquer dans une aventure qui consiste à monter une émission de radio sur le foot », j’étais heureux. D’abord, j’aime beaucoup l’homme Michel Moulin, et il le sait, j’aime ses qualités humaines, son authenticité, son franc-parler, sa passion. Je me retrouve beaucoup dans ses traits de caractère parce que nous sommes deux passionnés dans ce que nous faisons. On se lève le matin parce que l’on aime la vie, que l’on est passionnés. On a aussi des valeurs à côté de tout cela, qui sont les valeurs de la famille : je connais sa famille, il connait la mienne, ça tisse des liens forts. En plus, il y a le football…

Quand je viens dans « But football club », avec Michel et Lionel, c’est mon moment de respiration de la semaine. Je débats sur des sujets plus graves d’actualité sur CNews, avec des moments parfois houleux, des confrontations et, quand je viens là, c’est un moment de plaisir absolu, total, on baisse la garde, on se dit les choses, on sait qu’il n’y a rien de méchant ni de virulent, qu’il n’y a pas d’arrière-pensée et on se dit ce que l’on pense. Il y a tellement à dire sur le football en plus que cette émission me semblait tout à fait utile. On aborde le football sous un angle footballistique, on ose dire des choses sur le plan technique et tactique mais on aborde aussi le football sur le plan de ce qu’il est, dans les coulisses, de ce que les hommes en font, de ce que les instances en font. Tous les jeudis, on a droit à un coup de gueule de Michel Moulin…On a des rituels maintenant, son coup de gueule permet d’enchainer sur un débat et de se rendre compte, assez souvent, il faut le dire, il faut lui rendre grâce là-dessus, qu’il anticipe ce qui sort ensuite et se révèle comme étant une vérité.

Le slogan de Sud Radio est « Parlons vrai » et cette émission s’inscrit pleinement dans cette philosophie…

Karim : C’est un peu la marque de fabrique d’un média qui veut réussir aujourd’hui dans la société dans laquelle on est. Je vous disais que j’interviens sur CNews, une chaine d’opinion qui l’assume…Sud Radio est une radio, là aussi, d’opinion. Après, on est d’accord ou pas d’accord sur le fond, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que les gens disent ce qu’ils pensent et ne craignent pas de plaire ou de déplaire. Nous, dans « But football club », on dit ce que l’on pense…Quand on considère que le football français, aujourd’hui, ne forme plus de joueurs techniques et qu’il met à mal la qualité techniques des joueurs, pour prendre plus des athlètes que des footballeurs, au sens où on l’entend, on le dit ! Cela déplait certainement dans les instances mais on le dit…Que ça plaise ou que ça ne plaise pas…Et je suis convaincu que beaucoup d’auditeurs sont d’accord avec nous.

 

 

Michel : Vous avez vu comme il est bon ? J …Comme je le disais, on prend du plaisir parce qu’en plus, il y a une forte amitié tous les deux et une même vision des choses. Même en dehors du football, on a des visions qui se ressemblent sur la vie et sur la famille.

De mon avis, et certainement de celui de Karim, aujourd’hui, le football français va très très mal. Là, je commence à voir les chiffres de la DNCG…J’ai vu que le club de Bergerac était éliminé de tous les championnats, que Marignane est rétrogradé…Ce sont les premiers clubs mais tous les clubs font n’importe quoi aujourd’hui…Il y a de l’argent mais on sent qu’il est mal utilisé…On est de vrais footeux et les gens, la plupart, sont des opportunistes : ils sont là pas parce qu’ils ont joué au football, pas parce qu’ils sont passionnés de football, c’est juste parce que le football, parce que c’est très populaire, les rend d’un seul coup plus connus que s’ils avaient monté une entreprise. C’est aussi peut-être pour cela qu’ils ne nous aiment pas…D’ailleurs, je suis le premier à le dire, on me parle plutôt de mes quelques expériences de football que d’avoir fait « Paru vendu », où j’ai créé 3 000 emplois. Aujourd’hui, plus personne, pratiquement, ne me parle de « Paru vendu »…On m’arrête, par contre, pour me parler football ! Donc ces gens-là ont compris cela, ils sont plus importants dans les villes que les politiques. D’ailleurs, il y a beaucoup de président de clubs qui veulent partir en politique dans quelques années, qui me disent « que l’on va démarrer par le football parce qu’on a compris que, dans les villes, les deux choses importantes sont le président du football et la mairie. On va commencer par le foot et on verra la mairie après ». Mais ils oublient que, normalement, quand on fait ça, on doit aimer les gens et éduquer les enfants.

Ce qui me rend fou aujourd’hui, c’est l’éducation : pas de dire « Bonjour », ce qui est déjà très important, mais l’éducation sportive, c’est-à-dire d’amortir un ballon. Ils ne savent plus…Ils mettent des entraineurs, alors que ce sont des éducateurs que l’on a et on a envie que ces petits se régalent. Aujourd’hui, des clubs refusent des licenciés parce que le petit ne va pas payer la licence. Vous voyez des trucs, ça fait peine parce que, aujourd’hui, on fait n’importe quoi. Un petit, même s’il n’est pas bon, doit, à partir de 6 ans, pouvoir jouer au football. Eh ben, nous, non ! Et on n’a pas les infrastructures qui suivent. Vous savez, on a souvent dit qu’à Paris, il n’y a pas beaucoup de clubs comme à Londres…C’est normal, il n’y a pas de stade. Comment voulez-vous avoir plusieurs clubs alors qu’il n’y a pas de stade ? En Angleterre, il y a 12 grands stades…Nous, on a le stade de France, qui n’est pas adapté pour un club de Ligue 1 et on a le parc des princes, c’est tout ! Maintenant, on va aller jouer à Jean Bouin mais c’est un stade de rugby. Comment ça va finir ? Je ne sais pas…

Karim : Vous voyez, ce qui est intéressant quand on entend Michel, et on l’entend tous les jeudis avec ce ton-là et cette approche un peu inédite, un peu déroutante quand il parle du football, c’est qu’on a l’habitude d’avoir des émissions sur le foot uniquement avec des journalistes sportifs. Ce n’est pas que je dédaigne leur qualité, ils sont souvent très bons, très compétents, passionnés de football aussi. Néanmoins, certains d’entre eux n’ont jamais touché un ballon, il faut le dire. Ce n’est pas encore très grave, on peut être passionné de football et être un bon journaliste de foot, sans avoir été un bon footballeur. Mais il y a une chose qu’ils n’ont pas, c’est que, quand on parle football nous, nous savons aussi ce qu’est gérer une entreprise. Un club de football professionnel, aujourd’hui, c’est une entreprise ! Cet angle-là n’est jamais abordé dans les émissions de foot, jamais ! Vous prenez toutes les émissions de foot qui existent depuis longtemps, et on en écoute, on parle de foot mais on ne parle pas de ce qu’est le foot en général, dans son approche. Et si le foot, sur le terrain, ne va pas bien, c’est parce que, à l’extérieur, il ne va pas bien ! L’un ne va pas sans l’autre…et ce qui se passe à l’extérieur, ils n’en parlent pas ! Parce qu’ils ne savent pas gérer une entreprise…Donc ils ne peuvent pas porter une analyse pertinente, une critique ou faire des propositions en ce sens.

Humblement, nous avons la passion du football, nous avons joué au football, nous connaissons le football et, en même temps, on sait ce que c’est gérer une entreprise, on sait ce que c’est un manager, un patron, un leader, un chef d’entreprise qui doit emmener, à un moment donné, dans une même direction, pour créer une dynamique positive, plusieurs équipes, marketing, commerciales, sportives…Tout cela, c’est le rôle d’un club de foot et on n’en parle quasiment jamais dans les émissions de foot. Le football français va mal, c’est une gabegie sur le plan financier en termes de gestion, ils font n’importe quoi, ils nomment des gens qui ne sont là que pour s’enrichir et s’en mettre plein les poches, ils signent des parachutes avant même d’avoir atteint les objectifs. Et leur obsession est de toucher ces parachutes, sans même être jugés sur les objectifs qu’ils ont à atteindre. Ça, on le critique et ça ne plait pas mais il faut l’entendre !

 

 

Vous êtes, autour du micro, une vraie équipe, aux profils variés. On peut penser aussi à Jimmy Algerino, ancien professionnel, et à Lionel, un expérimenté des médias,…ce qui permet une vraie complémentarité entre vous…

Karim : Aucune équipe n’est grande quand tout le monde se ressemble ! La force d’un dirigeant est de créer une équipe qui soit différente mais qui aille dans la même direction. Cette équipe, c’est Michel qui l’a créée, il ne faut pas raconter d’histoire !

Michel : Il faut s’entourer de meilleurs que soi !

Merci à tous les deux pour vos réponses !

Publié dans Radio

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