Ici : Emilie Mazoyer nous en dit plus sur son émission quotidienne de radio, diffusée à partir de 19h !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Emilie,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview ensemble !

Les auditeurs de la radio « Ici » peuvent vous retrouver, en semaine, de 19h à 21h, à l’animation de « Décibels, l’émission ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui ! Quand j’ai quitté Europe 1 en juillet 2021, j’ai passé une saison entière sans avoir d’émission, j’ai fait d’autres choses mais la radio m’a beaucoup manqué. Donc, quand j’ai débarqué en septembre 2022 sur « France Bleu » à l’époque, depuis « Ici », j’avais la faim du micro ! C’est un plaisir vraiment renouvelé tous les soirs. On termine la troisième saison et la quatrième est bien engagée.

C’est vraiment du plaisir…J’ai 45 ans maintenant, j’ai commencé à faire de la radio à l’âge de 21 ans et plus les années passent, plus je me débarrasse de plein de choses que j’avais quand j’étais jeune, notamment d’une envie de plaire, de prouver des choses, de montrer que je savais des choses, d’essayer de guérir un syndrome de l’imposteur. A force d’années et de rencontres avec les artistes, tout cela se calme…et reste le plaisir de passer de la musique aux auditeurs, de discuter avec eux et d’accueillir les artistes dans l’émission. C’est un plaisir et aussi une fierté, je dois le dire. Ces dernières années, dans les médias en général mais aussi dans les radios, qui étaient plutôt préservées, la place laissée à la musique et aux émissions éditorialisées dans lesquelles on parle vraiment de musique, n’est pas si grande. Donc je suis contente d’avoir réussi à préserver ce petit ilot.

 

 

La radio « Ici » est une radio de proximité, qui parle aux gens. Votre émission s’inscrit pleinement dans cette philosophie…

Oui ! C’était un peu le défi d’ailleurs…Quand j’ai rencontré le directeur de France Bleu au moment d’arriver, il m’avait dit « Ce que je te demande n’est pas évident, oui il y a un côté musique mais il faut que tu parles aux gens. Les auditeurs rentrent du boulot, sont chez eux, préparent à manger, sont en famille » et il m’avait mise en garde « de toute façon, ce n’est pas difficile, on saura au bout de 3 à 4 mois si les gens t’aiment bien ». Il avait conclu en disant « Moi, je t’aime bien mais ce n’est pas moi qui décide, ce sont vraiment les auditeurs ».

En fait, assez rapidement, on a eu des retours des 44 locales et des auditeurs que j’ai au téléphone tous les soirs, pour jouer au blind test ou pour choisir de la musique, et je me suis rendu compte qu’on se ressemblait en fait, qu’on avait la même façon de voir les choses…Oui, on adore la musique, elle est essentielle dans notre vie et, à la fois, ce n’est pas un sujet grave. Certains de mes homologues, dans d’autres médias, ont parfois tendance à traiter la musique avec énormément de sérieux, ce que je ne déteste pas mais ce n’est pas mon créneau…On est sur quelque chose de très détendu et de très souriant. La vie est suffisamment difficile et l’actualité suffisamment dramatique pour que la musique soit un moment de détente, de joie, parfois d’émotion.

 

 

Ces deux heures d’émission quotidienne sont agrémentées de routines et de rendez-vous, pour le plaisir du plus grand nombre…

C’est aussi un défi que de réussir à mélanger, dans un même programme, un classique de Sheila et un des Rolling Stones, tout en passant aussi des nouveautés ainsi que des nouveaux classiques, comme j’aime à les appeler. Je pense, là, aux chansons de mon adolescence, dans les années 90, notamment à MC Solaar ou encore à Nirvana. Plus le temps passe, plus certaines chansons qui étaient peut-être trop récentes pour parler au public de « Ici » peuvent faire plaisir aux auditeurs, qui ont mon âge pour la plupart.

Pour les styles musicaux, je dois dire quand même que je mets une grande proportion de titres francophones. Après, on passe de l’anglais, de l’italien, de l’allemand mais c’est surtout francophone et c’est surtout pop, rock et un peu rap. Sans oublier des artistes avec qui on a développé une histoire : Bigflo et Oli, Youssoupha, Orelsan, … Ils sont régulièrement invités dans l’émission et les gens les aiment. L’idée est de faire du bien aux auditeurs !

On est la radio de France qui passe le plus de lives, on en passe trois tous les soirs, en fin d’émission, dans « Le festival idéal ». Cela peut être Elton John en duo avec Dua Lipa, puis Indochine et, pour finir, les Rita Mitsouko en version acoustique. Terminer par un petit quart d’heure de concert est, je trouve, très chouette. Tout le monde aime aller à un concert mais c’est très cher et souvent inconfortable, donc on ne peut pas y aller tous les soirs…Alors qu’avec « Décibels », on a un petit bout de concert tous les soirs !

 

 

Les échanges avec les artistes invités permettent aux auditeurs de les découvrir ou de les redécouvrir sous une autre facette encore…

Tous les soirs, il y a un invité. La plupart du temps, ce sont des artistes et, quelques fois, je fais un tout petit pas de côté, en accueillant des journalistes ou des auteurs, qui écrivent des bouquins sur la musique. Récemment, j’ai par exemple reçu Fabien Randanne, journaliste de « 20 minutes », qui est spécialiste de l’Eurovision et qui vient de sortir un livre où il raconte que, depuis ses débuts, en fait l’Eurovision est une plateforme pour les minorités de genres.

En tout cas, j’ai deux formats. Soit l’interview classique, où on parle au moins 25 minutes avec l’invité et où on passe au moins 2 titres, ce qui laisse vraiment le temps de déployer quelque chose. Soit, pour certains invités, je peux faire une spéciale, où on passe 2 heures avec eux, rien qu’avec eux, qu’avec leur musique et avec des auditeurs qui leur posent des questions à l’antenne, ce qui est vraiment sympa aussi. Je l’ai fait pour Etienne Daho, pour Louane, pour Indochine, pour Julien Doré, je vais bientôt le faire pour Julien Clerc. Donc on est vraiment sur des artistes très grand public, parce qu’il faut que les auditeurs aient envie d’échanger avec eux et de leur poser des questions. Les artistes ont vraiment le temps de parler, en 2 heures on peut aborder plein de sujets.

 

 

Certains qui ont donné des tas d’interviews dans leur vie sortent en disant « c’est chouette, on a parlé de choses dont je ne parle pas forcément d’habitude ». Je pense notamment à Jean-Louis Aubert, qui avait passé un super moment, on s’était bien entendus, on avait rigolé. C’est génial quand le courant passe aussi bien avec un artiste. Lui est tellement connu et aimé du public qu’on peut aller sur n’importe quel terrain, de toute façon ce sera intéressant.

Après, c’est aussi l’occasion de présenter des artistes, des nouveaux et des nouvelles que le public ne connait pas encore, et de faire un pari pour plus tard. La première fois que j’ai interviewé Julien Doré ou Bigflo et Oli, ils n’étaient pas connus, on crée des liens aussi comme cela en faisant des paris au début de la carrière de certaines ou de certains.

 

 

L’émission étant diffusée en début de soirée, adaptez-vous notamment votre ton, comparativement à un autre horaire moins avancé de la journée ?

J’ai un autre exercice sur « Ici », celui d’une chronique d’actualité musicale qui dure 2 minutes 30. Là, effectivement, mon ton est différent parce que je sais que ça peut être diffusé le matin donc je ne parle pas trop fort. C’est vrai qu’entre 19h et 21h, c’est très relax, on est très détendus. Quand les auditeurs arrivent à l’antenne, on rigole, on fait des blagues, c’est souriant. Après, ce n’est pas difficile à faire parce que je n’ai pas à le forcer : en réalité, quand je suis à l’antenne, je suis effectivement de très bonne humeur et très contente d’être là, et les auditeurs aussi parce qu’ils font la démarche de venir participer à l’émission. Cela donne des échanges assez enlevés et assez sympas ! Sans doute que si ce n’était pas le soir, on ne pourrait pas avoir cela, ce serait différent…

 

 

Plus globalement, quels principaux retours pouvez-vous avoir de vos auditeurs ?

Je vais vous lire un extrait car ils m’écrivent pas mal…Un monsieur m’a écrit récemment un message qui m’a touché : « Bonsoir. Je voulais vous remercier pour vos émissions, je vous écoute tous les soirs dans ma voiture. Pour être plus précis, ces derniers temps, j’ai fait pas mal de crises d’angoisse le soir, je prenais ma voiture et je me posais à côté des chevaux, avec votre émission en fond. L’émission avec Cœur de Pirate m’a beaucoup apaisé, pareil avec Olivia Ruiz ou Jenifer. Je n’ai jamais osé vous appeler pour le blind test car je n’allais pas très bien mais merci madame ! ». Evidemment que ça touche et que ça fait plaisir !

Je reçois aussi beaucoup de messages de remerciements pour avoir fait découvrir telle chanson ou tel artiste. Dans l’émission, pendant la séquence du Top 5, je choisis un thème et je propose 5 chansons associées. Il y a peu, un auditeur m’a écrit, sur le sujet des chansons inspirées par des bouquins : « Waouh ! Passer de Eurythmics à Bécassine, tu es énorme ! ». Je reçois donc beaucoup de messages très gentils, c’est chouette, j’aime bien ! C’est sans doute aussi lié au fait que les auditeurs de « Ici » sont particulièrement sympas…

 

 

Vous qui êtes passionnée de musique, au-delà des 2 heures d’antenne, toute la préparation en amont, pendant laquelle vous devez vous (re)plonger dans certains titres, doit être aussi très plaisante…

Oui, la préparation de l’émission est vraiment le kif avant le kif ! Surtout, parce que j’ai la grande chance d’avoir la liberté de choisir ma programmation musicale et ma programmation d’invités, ce qui est le cas de très très peu d’animateurs ou d’animatrices sur des radios nationales. C’est le deal quand je signe quelque part ! Cette liberté est fondamentale, elle me permet de m’approprier complètement tout ce qui se passe pendant les 2 heures de l’émission…J’ai tout prévu, j’équilibre, je sais que tel titre va répondre à tel autre qui va passer 10 minutes après. Oui, c’est beaucoup de travail mais c’est très plaisant !

 

 

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette déjà très belle aventure radiophonique sur « Ici » ?

Que les petites transformations qui vont avoir lieu pour la saison prochaine se passent bien !

Et puis, j’ai un projet d’émission de télé, avec Morgane Production, autour des Francofolies – son histoire, ses artistes, … - que je vais co-animer avec André Manoukian. On va bientôt tourner le pilote, j’espère que ça va bien se passer parce que j’y tiens. Je pense que ça peut vraiment être une belle émission et je trouve qu’il n’y a vraiment pas assez de musique à la télé donc ce serait chouette de pouvoir faire cela sur France Télévisions.

Tout va bien cette saison donc j’ai envie de dire « Pourvu que ça dure ! ». C’est ce que l’on peut me souhaiter…

Merci, Emilie, pour toutes vos réponses !

 

 

Publié dans Radio

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