Dorothée Deblaton évoque sa belle et riche actualité, sur scène et à l'image !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Dorothée,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Votre actualité à l’image et sur scène est riche et variée. Nous pourrons, notamment, vous retrouver prochainement sur France 2 dans un épisode de « Tropiques criminels », sous les traits du personnage d’Alexandra Tell. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oh oui ! Un plaisir infini…Une sorte de casting-cadeau…S’il y a vraiment un casting à passer au mois de février / mars et s’il y a bien un tournage à faire ensuite, ce sont ceux de « Tropiques criminels ». C’est en Martinique, on est logé dans un hôtel avec la mer juste devant, le tout entouré d’une équipe extraordinaire et gentille. Sonia Rolland et Béatrice de La Boulaye sont absolument adorables, conviviales et bienveillantes. J’avoue que mon rôle d’Alexandra Tell était très agréable à jouer, c’était vraiment une méchante, riche héritière, hautaine et détestable…Que demander de plus ? C’était vraiment, je le redis, le tournage cadeau, la belle surprise de ce métier…

Au moment de rejoindre pendant quelques jours, en tant que guest, une telle série, vous étiez-vous (re)plongée dans certains des épisodes déjà diffusés pour mieux encore vous imprégner de son atmosphère ?

Je n’ai pas beaucoup regardé, honnêtement, les épisodes, j’ai pris connaissance évidemment de la série, du thème, du ton et j’ai voulu voir quand même plusieurs scènes avec Béatrice et Sonia, pour connaitre leur jeu et leur complicité. Cela me donnait des informations sur mes scènes au commissariat avec elles deux, pour savoir comment positionner mon personnage. Pour le reste, c’est du jeu, c’est une création, c’est une fraicheur à amener…

Ce personnage est un vrai rôle de composition, ce qui a certainement dû accentuer votre plaisir à l’interpréter…

Ses caractéristiques ne font pas du tout partie de mon quotidien mais je pense que l’on est tous multifacettes. Même si on n’est pas méchant dans la vie, on ressent quand même, parfois, des petites choses…C’est là où je suis allée puiser, comme si j’avais pris cette petite graine que l’on a tous de méchanceté, d’avoir envie d’être hautain, que je l’avais ouverte et exacerbée. J’ai, surtout, essayé de comprendre pourquoi ce personnage d’Alexandra était comme cela et quelles sont ses raisons. Je me suis inventé une histoire, elle est seule, ce n’est pas facile de naitre dans une famille qui a beaucoup de moyens et qui est déjà successful, cela veut dire qu’il faut faire ses preuves, qu’il faut être à la hauteur, que l’on a déjà tout ce que l’on veut matériellement. A l’inverse, quand on est nait dans une famille plus pauvre, on a la niaque pour aller chercher ce que l’on veut. Je pense que c’est une vraie difficulté de ne pas avoir cette niaque quand on a déjà ce que l’on veut. Tout cela ne rend pas forcément plus heureux…Je suis allée chercher ces frustrations pour comprendre et défendre le personnage. J’ai trouvé cela passionnant, c’était très agréable à faire, je me suis beaucoup amusée !

La richesse du métier de comédienne vous permet, d’un rôle à un autre, d’interpréter des personnages bien différents. Comme ce sera le cas prochainement sur France 3, dans « Un Si Grand Soleil »…

Iris Guillon est totalement différente, elle est une femme plutôt « normale » de la vie quotidienne, elle divorce et se fait harceler par son mari. C’est plus proche de moi parce que je me suis aussi séparée. Ce n’est pas que j’ai vécu du harcèlement mais un peu quand même donc j’ai pu beaucoup plus facilement me projeter en elle. J’avais, de suite, en moi les sentiments qu’elle éprouvait, je n’ai pas dû les construire.

 

 

Le cadre et les conditions de tournage de la série sont aussi très agréables…

Oui ! Mais j’ai tourné de soirée à Montpellier, la semaine où il faisait moins six degrés donc, en fait, j’étais frigorifiée. Je pense à une scène de peur, où je me fais courser et où je saute dans le tram qui repart, j’ai dû faire beaucoup de prises dans le froid, c’était dur.

Ce que j’ai bien aimé dans cette expérience, c’est que je n’avais jamais tourné dans des studios aussi grands. Ils rappellent un peu les studios à l’américaine donc c’était plaisant et impressionnant. Quatre équipes tournent chaque jour et, la première journée, je suis passée de l’équipe 1 le matin à l’équipe 4 l’après-midi. J’étais comme mangée un peu par cette grosse machine mais, passée la première journée, je me suis rapidement habituée et c’était très bien. C’est vrai, en tout cas, que, sur cinq jours de tournage, j’ai travaillé avec cinq réalisateurs différents, ce n’est pas banal, c’était une première pour moi. Avec, chacun, sa façon de faire, sa façon de voir le personnage,…C’est une grosse adaptation ! Mais, encore une fois, l’aventure, la nouveauté et l’adaptabilité me plaisent énormément parce que ça va convoquer beaucoup de choses hyper enrichissantes en moi. J’adore !

Un épisode est mis en boite chaque jour, il vous a donc fallu tenir la cadence …

Il faut être à la hauteur, il faut être là et, en réalité, j’ai été agréablement surprise parce qu’on a quand même du temps. S’il y avait encore du travail après les deux premières prises, on en faisait quand même d’autres en plus, pour peaufiner un peu le jeu.

Toujours à l’image, vous avez récemment tourné dans un long-métrage indépendant en noir et blanc, qui commence son chemin de diffusion. Un mot sur cette autre aventure ?

Ce film s’appelle « La clé », il a été réalisé par Paul Sportiello, de façon complètement indépendante, avec sa propre boite de production. En fait, c’est un ami commun qui nous a présentés, Paul cherchait, pour le rôle de Victoire, une actrice d’une trentaine d’années, il voulait une femme très froide, très forte, une carriériste qui consomme tout. Il a vu cela en moi visiblement J

A chaque fois, ce que j’aime dans ce genre de rôle, c’est d’aller trouver la faille derrière. Des gens sont très forts d’apparence mais on est tous humains…Dans ce film, il y a une très belle scène où Victoire, mon personnage, a sa mère au téléphone et où on apprend alors tout : sa mère est dysfonctionnelle et Victoire hurle, craque, on voit ainsi toutes ses failles. Donc on commence par voir sa force, avant cette scène de craquage…C’est très vrai !

Plus généralement, ce film est l’histoire de trois hommes d’un certain âge, qui sont plus ou moins SDF et qui ont pour habitude d’entrer dans les appartements de gens fortunés, quand ils ne sont pas là, pour y rester deux à trois jours. Parfois même, ils arrivent à habiter chez les gens en la présence de ces derniers, ils se dissimulent sous le lit. A un moment donné, ils arrivent dans l’appartement de Victoire et un des personnages est fasciné par elle, il tombe amoureux.

C’est presque hitchcockien, c’est tourné en noir et blanc, cette relation entre ces trois hommes est très jolie. Dès la lecture du scénario, j’ai été extrêmement touchée par cette délicatesse d’écriture et par la beauté de la relation entre ces trois hommes.

Ce film va certainement aller au marché du film à Cannes et ira peut-être dans des festivals. En tout cas, il commence son chemin de diffusion. J’aimerais beaucoup qu’il soit vu et apprécié car il est très beau.

Vous êtes également sur scène, dans la pièce à succès « L’embarras du choix ». La fidélité du public doit certainement vous faire particulièrement chaud au cœur ?

Cela fait très très chaud au cœur ! Pareil, c’est un cadeau…Il n’y a pas énormément de pièces qui fonctionnent au théâtre, il est rare qu’elles fassent d’ailleurs plus qu’une saison mais celle-ci se joue sans discontinuer depuis presque quatre ans. Le public est toujours autant au rendez-vous ! Les applaudissements et la joie des gens au salut sont un pur bonheur, vraiment. Cette pièce le mérite, Sébastien a toute mon admiration là-dessus, il sait divertir, il sait donner au public de la joie, du plaisir, des émotions, du divertissement. Il fait du bien au théâtre ! C’est magnifique de faire cela, c’est hyper important…De pouvoir, moi, par mon rôle dans « L’embarras du choix », participer à cette démarche est vraiment superbe !

 

 

Plus concrètement, comment pitcher cette pièce ?

C’est l’histoire de Max, un homme de trente-cinq ans, qui réside à Lens et qui a une vie un peu plan-plan. Il est en couple et est à peu près heureux, il est dans une bonne moyenne. Tout d’un coup revient, à Lens, Alice, que j’interprète, son amour de jeunesse…En la renvoyant, il va être extrêmement perturbé, il va revivre un peu le passé, jusqu’à se demander si, finalement, il n’a pas besoin de plus d’aventures que ce qu’il n’a dans sa vie. Ainsi, il va faire appel au public plusieurs fois dans la pièce, en lui demandant le choix qu’il doit faire au fur et à mesure de l’histoire. Cette dernière change donc en fonction des réponses…Cela nous mène, petit à petit, vers un personnage qui a, finalement, fait son chemin émotionnel, pour finir soit avec Alice, soit avec sa femme. Cela permet de s’interroger sur où se positionne l’amour : dans la passion ou dans la raison ? Ces questionnements sont réels, les gens sont vraiment très concernés, ça les fait vraiment réfléchir à chaque fois.

Tout est bien écrit, ce n’est pas de l’adaptation, simplement une multitude de scènes est possible. Au bout de deux ans, une forme d’habitude s’est créée en moi et c’est très agréable de jouer cette pièce, du fait de ces changements et de ce sujet. Finalement, même après tout ce temps de représentation, je n’ai toujours pas trouvé la clé de ce qu’il faut faire en amour…C’est une perpétuelle réflexion. Donc c’est vraiment sympa !

Toujours sur les planches, mais dans le domaine cette fois-ci de la mise en scène, vous accompagnez actuellement la préparation d’un seule en scène…

C’est encore une autre façon de vivre ce métier, de vivre le spectacle et de raconter une histoire ! Ce n’est plus en l’incarnant, mais en matérialisant sur scène ce que je ressens, ma vision d’un texte et ma sensibilité. Capucine Héry est une artiste très singulière, que j’aime énormément, qui me touche beaucoup, elle est une magnifique danseuse et elle écrit, tout aussi magnifiquement, des poèmes. Elle vient d’écrire son seule-en-scène, qui mêle théâtre, danse et poésie. C’est un sublime OVNI, je me suis demandé comment faire pour le mettre en scène mais, en même temps, c’est passionnant parce que c’est challengeant. On est en préparation, on fait des lectures dans des théâtres et j’espère que ce spectacle va aboutir.

Le sujet est comment une femme peut vivre sainement ce métier en étant danseuse. Capucine était danseuse au Crazy Horse, elle dansait donc nue mais dans un show magnifique qui met vraiment la femme en valeur. On s’interroge, ainsi, sur comment, dans cette vie parfois misogyne, toujours un peu patriarcale, on peut avancer au milieu des regards des hommes…

Merci, Dorothée, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision, Théâtre

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