Sud Radio : Jean-Marie Bordry évoque la matinale du week-end, qu'il anime avec passion !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Jean-Marie,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Les auditeurs de Sud Radio peuvent vous retrouver le samedi et le dimanche, au matin. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?

Oui, oui, c’est génial ! C’est surtout le direct qui est super parce que tu ne peux pas tricher. C’est complètement différent de quelque chose d’enregistré et de retravaillé, où tu n’as pas la même tension. En plus, on parle de l’actualité, c’est donc quelque chose qui bouge en permanence, tu travailles ainsi sur une matière vivante.

Ce qui fait aussi le charme du direct, c’est que c’est toujours imprévisible. C’est pour cela que c’est grisant en quelque sorte ! Ensuite, c’est aussi le contact que tu as avec les auditeurs, la manière de faire l’interaction avec eux, de rappeler leurs opinions, leurs commentaires, leurs votes et leurs préoccupations.

Justement, la diversité et la variété des sujets abordés doivent être très plaisantes également …

Bien sûr ! Cela a un avantage et un inconvénient. C’est vrai que l’on ne peut pas creuser massivement un sujet en particulier, le format le plus long que l’on ait dure entre dix à quinze minutes, c’est le débat. Mais on fait aussi beaucoup de choses…

On tient compte également de la durée moyenne d’écoute des auditeurs, qui est d’à peu près un quart d’heure, ce qui est normal selon ce que tu es en train de faire le matin. Donc cela n’a pas beaucoup de sens de faire des choses trop longues : en tant qu’auditeur, tu n’as pas le temps de te plonger à ce point dans un sujet, tu as surtout besoin de savoir ce qu’il y a autour.

En week-end, on alterne entre l’actualité, qui est particulièrement riche en ce moment, et les conseils pratiques pour la vie quotidienne, comme le jardinage ou la décoration, parce que le dimanche, en particulier, est le jour où tu t’occupes, où tu bricoles.

Donc, oui, c’est très stimulant, intellectuellement, de passer de la troisième voie du périphérique parisien au jardinage, en faisant un détour par l’avenir géopolitique en Europe et la guerre en Ukraine.

Cela vous permet et vous demande de vous intéresser à de très nombreux sujets, ce qui doit être très enrichissant personnellement aussi…

De toute façon, c’est le métier et ça vaut pour tout le monde. Tu n’as pas d’horaires, en tant que journaliste. Quand tu regardes le 20 heures, tu n’es plus au bureau mais tu es en train de travailler quand même, tu te demandes quel sujet est traité et quels angles seront demain dans l’actualité. Quand tu lis un article du Monde ou de n’importe quel journal, tu es en train de voir les analyses et les réactions des uns et des autres, ça t’alimente. Donc tu ne te reposes jamais vraiment, tu n’es jamais hors service…C’est pour ça aussi que le métier est usant et que tu dois apprendre à déconnecter par moments ou à te mettre dans une bulle.

Mais cela vaut aussi pour les journalistes spécialisés : quelqu’un du service économie s’alimente tout le temps de l’actualité qui tourne autour, des analyses et des données, et y va de manière beaucoup plus poussée que moi parce qu’il est spécialiste…

L’horaire matinal de votre émission nécessite certainement aussi une adaptation notamment du ton et des mots employés…

Tu dis « Bonjour » et pas « Bonsoir », tu dis « Bon réveil, bon dimanche », ce n’est jamais inutile de rappeler aux gens quel jour on est. Je pense aussi tout le temps à l’heure car, en tant qu’auditeur, tu n’as ni la même envie ni le même besoin à 7 heures qu’à 16 heures…Les programmes matinaux ne sont donc pas tout à fait les mêmes que ceux que l’on trouve plus tard…A 10 heures, on parle gastronomie avec Vincent Ferniot. A 11 heures, tu prends aussi davantage de temps. Le soir, tu vas avoir plus de sport…Donc, à chaque moment de la journée, tu as un moment de radio.

A noter la présence de toute une équipe autour de vous, pour enrichir la matinale…

C’est une petite armée ! La matinale du week-end est un peu particulière parce que l’équipe qui prépare est aussi celle qui met en œuvre à l’antenne. La matinale en semaine est beaucoup plus lourde à faire physiquement, tu te lèves d’abord plus tôt et toute la semaine, là où nous, ce n’est que deux jours par semaine…Donc, dans cette émission-là, ils ne peuvent pas rester tard pour préparer. Nous avons tendance à terminer tard et à commencer tôt, mais seulement sur deux journées…Le reste de la semaine, on a un rythme normal. En tout cas, oui, on a une belle équipe, très complémentaire, avec Jules ou encore Théo.

Vous évoquiez la préparation, elle démarre dès le mercredi et se termine, actualité oblige, presque au dernier moment…

…et ça peut toujours changer pendant le live…Ce week-end, une actualité aurait pu tomber, malheureusement pour lui, celle du Pape François qui est dans un état de santé très grave. Il est évident que l’on aurait changé nos programmes s’il lui était arrivé quelque chose…Donc la préparation est de tous les instants ! De toute façon, le direct est, par nature, imprévu donc tu t’adaptes toujours et il faut toujours t’adapter…C’est d’ailleurs ce qui fait le charme du métier !

Quels principaux retours pouvez-vous avoir des auditeurs sur la station, voire même sur la matinale ?

Sur la station, les retours que l’on a sont que, sur Sud Radio, tu as davantage de controverses – je n’ai pas dit clashs- que sur d’autres radios…Le slogan est « Parlons vrai », cela ne veut pas dire que l’on est tous d’accord - vous verrez d’ailleurs, si vous écoutez notre station, que l’on n’est pas toujours tous d’accord sur tel ou tel sujet, qu’il soit politique ou autre et, à la limite, d’ailleurs, on s’en fout parce que ce n’est pas le sujet -, …en revanche, on n’hésitera pas à mettre les pieds dans le plat sur telle ou telle question dont on estime qu’elle est dans l’actualité et qu’elle doit faire débat. Donc c’est une radio de débats. Ce que les auditeurs viennent entendre, ce sont des arguments qu’ils ne pourraient pas entendre ailleurs, des questions que l’on censurerait en amont, des questions que l’on ne voudrait pas se poser parce qu’elles ne seraient par exemple pas politiquement correctes.

Ou alors, les auditeurs viennent nous voir parce qu’ils pourront entendre une confrontation d’idées qu’ils n’auraient pas ailleurs, des débats moins biaisés par exemple. Effectivement, tu peux avoir un vrai débat entre quelqu’un de droite et quelqu’un qui est à la gauche de la gauche sur un sujet, on ne va pas se l’interdire. Tu as toujours un cadre à respecter mais tu peux poser les vraies questions ! Il faut un cadre mais, si c’est nécessaire, tu n’hésites pas à mettre les pieds dans le plat. Sachant que la limite de tout cela est que tu ne dois jamais tricher avec l’auditeur. In fine, il doit pouvoir se faire son propre avis, positif ou négatif, sur n’importe quel argument qu’il entend, sans que l’on ne truque la manière de le présenter, pour qu’il soit encouragé à pencher plus d’un côté ou de l’autre. Ce n’est pas notre métier, on n’a pas à être militant de quoi que ce soit…En revanche, on donne à l’auditeur plus de choix qu’ailleurs…c’est ce qui revient souvent, c’est ce que les gens viennent chercher chez nous !

En parlant de débats, ces moments vous obligent, en live, à être dans le rebond, instantanément, en lien avec les propos et les réponses des participants…

C’est ça ! On n’est pas là pour débattre avec nos invités…La moitié du travail que l’on fait spécialement, aussi bien en débat qu’en interview, c’est d’écouter ce que disent nos intervenants pour rebondir ou pour recadrer au besoin, ou encore pour expliciter tel ou tel argument. Donc il faut parfois choisir : tu arrives en interview en ayant préparé dix questions et il arrive que tu n’en poses que cinq parce que quatre autres se sont imposées à toi. Après, les choix ne sont pas toujours judicieux, tu n’as pas beaucoup de temps pour y réfléchir mais c’est un risque à prendre…Parce qu’il n’y a rien de plus frustrant qu’une interview où tu sens que le journaliste n’écoute pas la réponse et ne pense qu’à la question suivante qu’il veut poser…Ce n’est alors pas un échange, alors que ça doit en être un ! C’est pareil en débat…

On dit souvent que la radio est un métier de passion. On peut imaginer que c’est aussi le cas pour vous…

Oui, bien sûr ! La radio, le micro et le direct…Parce que, je le disais, le direct est quand même complètement différent. Donc oui, c’est clair que c’est violent mais c’est génial ! On ne déconnecte, en plus, jamais vraiment, je regarde mes notifications tout le temps mais j’adore cela !

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure radiophonique ?

Des actualités passionnantes à faire vivre, des gens passionnants à rencontrer à l’antenne…Parce que c’est cela que tu fais à l’antenne, tu rencontres des gens différents : tu traites quinze sujets différents sans sortir de ton studio, contrairement à un reporter de terrain, mais, en trois heures, tu auras parlé virtuellement à un ancien ambassadeur, à un ancien général, à un boulanger, à un agriculteur, à un retraité, à un député, à un horticulteur,…C’est cela qui est génial, tu rencontres vraiment des gens très différents qui ont plein de choses à t’apprendre. Donc on peut me souhaiter de ne pas m’en lasser car, ce jour-là, il faudra que je fasse autre chose, et pourquoi pas d’ailleurs mais, pour l’instant, on n’en est pas là…

Merci, Jean-Marie, pour toutes vos réponses !

Publié dans Radio

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