Maëlys Simbozel évoque sa belle et riche actualité théâtrale !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Maëlys,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes récemment rentrée en résidence pour un nouveau projet théâtral. Comment présenteriez-vous ce spectacle ?

C’est un spectacle adapté de « Cyrano de Bergerac », l’œuvre d’Edmond Rostand. Parmi les changements, le personnage principal, dans cette pièce, est une femme ronde. Evidemment, cela va notamment parler de la grossophobie mais pas que, ça va parler aussi du harcèlement et de discriminations. C’est notamment pour cela que ce projet est également orienté vers les scolaires, en plus du grand public. Le spectacle vivant est souvent une belle manière de parler de sujets difficiles comme ceux-là, c’est une approche intéressante pour libérer la parole. On cherche également à se rapprocher d’associations et d’organismes qui traitent de ce sujet pour, peut-être, mener des ateliers.

On garde la trame de l’œuvre originelle, avec l’histoire d’amour et les sacrifices. Mais on va beaucoup l’actualiser à notre temps donc Cyrano sera quelqu’un d’engagée, avec des prises de parole droites et claires. On sera sept au plateau, ce sera une équipe importante. De la musique sera jouée en live, ce sera moderne !

Quels personnages allez-vous incarner ?

Celui d’une des meilleures amies de Cyrano et, en même temps, celui de la préfète, qui s’oppose au personnage principal. Donc je joue à la fois la meilleure amie et la pire ennemie de Cyrano. J’aime bien cette dualité !

J’aime beaucoup avoir plusieurs personnes à jouer, je l’avais déjà fait pour la précédente pièce de la metteuse en scène, sur le monde de l’hôpital. On ne s’ennuie pas, cela demande de créer des choses un peu différentes, de faire de la composition. Le jeu est toujours de faire en sorte que l’on ne me reconnaisse pas, que l’on voit vraiment une différence entre les personnages. C’est vraiment cool à faire comme travail d’acteur ! Je suis vraiment contente, il me tarde !

 

 

La résidence évoquée est l’une des étapes du processus de création pour ensuite pouvoir proposer le spectacle à différents lieux…

Tout à fait ! On avait précédemment déjà fait une lecture, pour laquelle on avait fait venir du monde pour entendre le texte. Des premiers théâtres s’étaient alors déjà montrés intéressés…Récemment, une première semaine a été faite au plateau pour débroussailler le contenu. Une semaine, ça passe très vite, surtout quand on est sept mais c’est déjà l’occasion de travailler les rapports entre les personnages et la prise de parole en alexandrins.

En parallèle, vous continuez à accompagner un autre spectacle, qui suit le beau chemin sur lequel il est depuis plus de trois ans…

Complètement ! Quand on crée un spectacle, on a envie qu’il vive le plus longtemps possible. Réaliser ses envies est bien mais c’est dommage si le spectacle se joue peu…Donc, là, c’est vraiment génial que « Tristan et Iseut » suive son chemin. J’avais adapté et actualisé la légende, pour la rendre accessible à tous, aux scolaires mais pas uniquement. Plusieurs lectures et résidences avaient permis de garantir la cohérence d’ensemble de ce spectacle vivant. Spectacle qui reste en constance évolution…Déjà, après Avignon 2023, nous l’avions resserré pour lui donner une autre dynamique et, finalement, nous avons gardé cette version. Depuis, la création musicale a été finalisée : j’adore écrire et, encore, d’autres personnes sont intervenues pour créer des ambiances sonores. Je n’oublie pas non plus le travail de notre costumier. C’est vraiment un spectacle très riche, beaucoup de personnes y contribuent, en plus des comédiens. Même la scénographie et la technique au plateau continuent à se peaufiner, on a par exemple maintenant de la neige qui tombe du ciel.

 

 

On a appris ensemble, au fur et à mesure. On a découvert de nouvelles techniques, par exemple certains comédiens sont devenus aussi musiciens et, du coup, Tristan joue maintenant de la harpe en live. C’était un rêve pour moi, qui est devenu réalité. Tous ces petits ajouts sont incroyables et subliment le spectacle, en lui apportant de la magie et du merveilleux. On a vraiment fait en sorte que cette légende ressemble à un conte ! On se plait à le jouer et on continue à avoir de nouvelles dates. On intervient même, parfois, dans des établissements scolaires, ça marche bien, les élèves sont hyper réceptifs. C’est souvent une histoire qu’ils ont étudiée en classe et de la voir en spectacle change quand même les choses. Ils voient aussi les différences que nous avons apportées, on en parle ensemble, ce qui est vraiment super !

On continue aussi en tout public. Parfois, les gens viennent en famille et aussi bien pour les enfants, que les parents ou que les grands-parents, on voit que quelque chose se passe et que leurs liens se renforcent. Ils sont émus ensemble…Des grands-parents nous avaient dit, en Avignon, « ne pas penser, à leur âge, pleurer encore d’amour, encore moins avec leurs enfants ». Il y a vraiment quelque chose de fédérateur avec ce spectacle, que l’on est trop heureux de continuer à jouer. Toute l’équipe est fière ! Je suis à l’origine de l’idée mais, aujourd’hui, c’est vraiment un spectacle de toute une équipe. On le porte tous ensemble et on est heureux de l’emmener.

 

 

On est même en train de penser à une version immersive, avec encore plus de comédiens pour gérer la simultanéité des scènes. C’est encore un plus gros projet que l’on a bien en tête !

Quels sont d’ailleurs vos autres projets en cours ou à venir ?

Avec la compagnie du vent contraire, on est en train d’adapter le conte d’Andersen « La reine des neiges ». Ce ne sera vraiment pas la version de Disney mais bien le conte que l’on va mettre en scène. Nous serons deux comédiennes au plateau pour apporter le théâtre là où il n’y en a pas. On va tout faire : écrire, mettre en scène, créer le décor, jouer, chanter, ….On va faire en sorte que ce spectacle soit accessible aux plus jeunes, dès l’âge de six ans. On en est vraiment aux prémices mais des lieux sont prêts à nous accueillir en résidence. Une est d’ailleurs déjà calée pour septembre prochain…

On a aussi un spectacle en cours de création, « Roméo et Jeannette », d’Anouilh. La pièce est déjà écrite, on va refaire deux à trois résidences encore pour finaliser la mise en scène. La première aura lieu le 10 avril en région parisienne. Avec la même compagnie, nous sommes aussi en préparation de la tournée 2025/2026 du spectacle « J'appelle mes frères, mis en scène, par Floriane Delahousse et écrit par Jonas Hassen Khemiri.

 

 

Avec la compagnie Quintessence, on l’a dit, la pièce autour de Cyrano arrive et le spectacle sur le milieu hospitalier pourrait revenir en tournée. Ce spectacle est plein d’humour, c’est nécessaire car le sujet n’est pas facile. Sur scène, les cinq mettons beaucoup d’énergie, on joue tous plusieurs personnages, pour dénoncer pas mal de choses. L’autrice avait réellement vu ce qu’elle décrit dans le spectacle, 99% de ce que l’on joue est vrai ! On y évoque les problèmes connus du milieu hospitalier, notamment la situation des soignants. Sans eux, rien ne serait possible mais ils ont un métier très compliqué, sans avoir forcément de retour sur leur investissement.

 

 

Enfin, avec une troisième compagnie, je suis en création sur une pièce musicale d'Alain Peron qui parle des Penn Sardin et dont la première se jouera en Bretagne cet été. Ce sont des ouvrières qui se sont révoltées à Douranenez contre les patrons d'usine (conserveries) afin de voir augmenter leur salaire. La grande grève a eu lieu en 1924. 

Merci, Maëlys, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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