Philypa Phoenix nous présente plus en détails son nouveau concept, le FORMACAST !
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Bonjour Philypa,
Quel plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle interview ensemble !
Il y a quelques jours, vous avez mis en ligne votre Formacast, « L’art de jouer est l’art d’être ». On imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous de voir naitre ce bébé ?
Exactement ! C’est une idée qui m’est venue il y a un an, il a fallu ensuite trouver le temps d’écrire, de savoir aussi quel format j’allais choisir – écrit ou audio. Les choses se sont mises en place au fur et à mesure parce que je me suis forcée à prendre le temps et à me mettre dans ma bulle pendant deux mois et demi, pour créer tout cela de A à Z.
Cela me tenait vraiment à cœur de transmettre toutes les choses que j’aurais adoré savoir quand j’ai commencé ce métier…et de les transmettre à des jeunes pousses mais pas seulement : comme je le dis, débutants ne veut pas forcément dire jeunes ! C’est pour tous les âges… Même si je ne suis certainement pas la seule dans ce cas de figure, beaucoup de personnes me demandaient comme j’avais fait, puisque j’ai la chance de travailler dans ce métier depuis un moment, alors que je ne suis ni la fille, ni la compagne de quelqu’un du milieu et que je ne suis pas non plus née à Paris…Donc cela restait un petit mystère pour pas mal de gens… Je me suis ainsi dit qu’il était temps de transmettre tout ce que j’avais appris, d’utile, de concret, engrangé essentiellement en observant.
Au-delà de leur apporter des conseils, je ressentais le besoin de transmettre un savoir-être ! Qui leur permet d’être équipés face aussi à ce que je pourrais qualifier de «brutalité» du métier mais également pour leur partager ce qui s’apparente au réel. Quand on débute, on a l’idée de ce métier mais, très vite, la réalité nous rattrape…
Donc, en deux heures de temps, mon but était de transmettre un maximum d’informations, dans la joie, la réalité et la bienveillance. Des premières personnes ont déjà acheté ce formacast, j’ai même transmis le premier certificat il y a peu.
Concernant le choix du format, vous l’expliquez d’ailleurs très bien dans le descriptif du projet, l’oralité permet des silences, qui sont importants à entendre….
Tout à fait ! En fait, il y a plusieurs éléments à cela. Au moment d’écrire, lorsque j’avais déjà toute ma trame, à un moment donné, j’ai eu envie d’enregistrer un acte pour entendre les mots d’une façon différente mais aussi pour les transmettre à mon cercle d’amis proches, afin d’avoir leurs retours. Ils m’ont tous dit que je ne pouvais pas laisser cela par écrit, qu’il fallait que j’enregistre parce que quelque chose se passait à l’oral. J’ai ainsi pris conscience de cela et, en même temps, une pédagogie s’est imposée à moi : en tant qu’acteur, un de nos outils les plus importants est l’écoute ! Je me suis dit que ce serait un super exercice pour ceux qui ont vraiment envie de faire ce métier : quand tu travailles ton écoute en suivant ce formacast, tu développes aussi ta capacité d’écoute en tant qu’acteur. Donc c’est une sorte de mise en abime !
Je voulais aussi leur montrer que les silences parlent et qu’il ne faut pas qu’ils en aient peur quand ils jouent. Aussi, FORMACAST est le néologisme qui m’est venu, un mix entre : Formation et Podcast. Je trouvais cela assez juste.
Au total, 16 actes sont proposés, aux thèmes divers et variés. Ce n’est pas uniquement le devant de la caméra qui est partagé, c’est aussi tout ce qu’il y a derrière, avant, pendant, et après…
Tout à fait, dans le formacast, je les encourage bien évidemment à aller dans des écoles de théâtre s’ils en ont la possibilité, à apprendre, à se former mais ce que je leur partage, ce sont toutes les « petites choses importantes » qui ne sont pas dites à l’école ou durant des stages. Au début, je leur rappelle d’ailleurs que je n’ai pas fait d’école…Donc mon point de vue est très particulier parce que j’ai appris sur le tas. J’ai fait quelques stages, mais vraiment pas beaucoup, et j’ai eu la chance de débuter sur des plateaux sans avoir fait mes preuves. Donc, en empruntant cette voie, je peux leur donner des éléments qu’ils ne connaissent pas forcément parce que, tant que l’on n’est pas dans les conditions du réel, ce ne sont pas des choses qui sont abordées.
Je vous donne un exemple : est-ce les acteurs qui sont en train de se former savent ce que veut dire « faire une banane » ? C’est typiquement quelque chose que personne ne te dit avant de te retrouver sur un plateau ! J’explique aussi d’autres éléments techniques: ce qu’est une gueuse par exemple, également ce que veut dire jouer jambe gauche ou jambe droite…
Aussi, ce que je leur apprends dans ce formacast, qui les suit de leur envie d’être acteur jusqu’à la diffusion, en passant par le développement du muscle de la confiance en soi comme je l’appelle, c’est le détachement : c’est extrêmement important, dans cet art, d’être détaché parce que, si tu ne l’es pas, tu ne peux pas être heureux, tellement il y a de paramètres que tu ne contrôles pas. Finalement, je leur donne l’état d’esprit qui va avec le fait que peu importe ce qui se passe, peu importent les saisons dans leurs parcours d’acteurs, ils seront toujours en mesure de se sentir ancrés et bien. Si tu as l’impression que tu joues ta vie quand tu débutes, au fur et à mesure des castings il vaut mieux que ce ne soit plus le cas, sinon tu ne tiens pas !
Il y a également une dimension plus personnelle…Je n’ai pas forcément l’habitude de parler de moi, même sur les réseaux. Là, je me suis dit que si je suis capable de leur parler de vulnérabilité dans le formacast en leur disant que c’est une force, il fallait que j’en fasse preuve aussi. Donc je leur partage des anecdotes, également des échecs, des choses abracadabrantesques qui me sont arrivées, des situations inconfortables… Dans pareille situation, on a en fait deux choix : soit tu te sens heurté dans ton égo, soit tu décides de travailler dessus. Plus tu y travailles, mieux tu te portes ! Pour ne pas tomber dans le cliché de : l’acteur est celui que l’on voit à l’écran, qui porte un projet visuellement, donc celui sur qui tout repose. Je les fais donc se décentrer d’eux-mêmes ! Et croyez-moi, ça soulage ! (rires)
Vous évoquiez une durée totale d’environ deux heures. Chaque acte, pris individuellement, est donc d’une durée raisonnable, permettant d’aborder le fond sans être trop long dans la forme…
C’est tout à fait cela! En plus, il y a des annexes interactives en-dessous des actes audio. Dans l’acte 2, je leur parle d’une scène mythique entre Viola Davis et Meryl Streep et, en fait, ils ont directement accès à cette scène dans l’annexe. Donc ils peuvent aussi prendre le temps d’y revenir…Dans d’autres actes, ils ont également des exercices que j’ai construits sur des PDF à télécharger. Il y a, ainsi, un côté très interactif ! Je propose aussi une méditation guidée, quand je leur parle de la relation au corps en tant que comédien. J’en profite pour remercier mon ami Chris Sholar de New-York qui a accepté que j’utilise sa musique pour créer la méditation, et mon ami danois, Lasse, pour l’aide précieuse qu’il m’a apporté lors du mixage son. Le formacast n’est donc pas seulement un support audio, il y a des moments où ils peuvent interagir avec d’autres choses ! C’est pour cela que je souhaitais un format qui s’apparente plus à une formation en ligne, avec un module pour chaque acte, afin qu’ils puissent faire des pauses et prendre le temps d’intégrer ce qu’ils ont entendu. Du coup, je ne voulais pas que ça dure des heures et des heures, ce n’est pas nécessaire. Si, en deux heures, je réussis à leur filer des astuces que j’ai apprises en quinze ans, pour repartir prêts et confiants, c’est déjà super ! (rires)
Le prix d’accès au formacast est d’ailleurs proche de celui de l’achat d’un livre…
J’y ai passé de nombreuses heures mais cela me tenait à cœur de proposer un prix de 19,99 €. Il y a, certes, une valeur à mettre dans le savoir et les connaissances mais je ne fais pas cela pour l’argent. Je le fais, justement, pour offrir des outils à des personnes qui veulent se lancer. Comme le formacast aurait pu être un livre, j’ai trouvé que ce prix était tout à fait justifié.
Quels premiers retours avez-vous déjà pu avoir sur ce formacast ?
J’ai été touchée par les retours des premiers utilisateurs, notamment par le fait que le format audio les apaise beaucoup. Apparemment, il y a quelque chose d’hyper reposant dans le fait d’entendre ma voix…Cela force l’écoute, dans le bon sens du terme. Il y a aussi l’idée qu’ils comprennent que c’est plus que simplement découvrir le métier d’acteur, c’est un outil soutenant pour la vie en général. Ils m’ont dit, en complément, qu’ils ont été marqués par le partage d’anecdotes, qu’ils n’auraient jamais imaginé cela, que cela leur apprend une forme de résilience. Egalement qu’il y avait plein d’éléments qu’ils n’auraient jamais soupçonnés. Donc, au final, ils sont très contents de savoir ce que veut dire « faire une banane » pour le jour où ils seront en situation de devoir la faire ! (rires)
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Plus personnellement, le fait d’avoir construit cet outil vous a-t-il apporté un autre regard sur la comédienne que vous êtes ?
Oui, c’est vrai ! En formulant tout cela, en cherchant à mettre des mots sur un ressenti et des bagages que j’ai depuis quelques années, cela m’a permis de comprendre que j’avais créé ma propre approche. Cela m’a aussi remise sur des fondamentaux : récemment, lors de castings, lorsque je bloquais sur quelque chose, je pensais à ce que mon « double » conseille dans le formacast…Cela m’a faite sourire !
C’est comme si, tout à coup, j’assumais d’avoir deux casquettes, celle de la comédienne et celle de la coach artistique.
Sans doute aussi que de vous replonger dans vos expériences personnelles a ravivé certaines émotions…
Pour l’acte des anecdotes, je les avais écrites en amont mais pas mot à mot car j’avais envie qu’elles soient extrêmement naturelles. Je n’ai pas cherché à les rendre lisses : parfois, en les racontant, j’avais des fou-rires, que j’ai laissés. On peut aussi entendre, quelque fois, ma frustration ressentie au moment de vivre l’anecdote. C’est vraiment authentique !
En les racontant, j’ironisais mais c’était aussi joli, pour moi, de voir mon évolution. Si, aujourd’hui, je vivais à nouveau des choses qui, précédemment, m’avaient frustrée, je gérerais différemment, en ne prenant plus personnellement ce qui se passe.
Donc plein de choses sont effectivement remontées, aussi bien dans la joie que dans l’émotion de me dire que j’ai, certes, vécu des choses galères mais que je ne m’en suis pas trop mal sortie.
Quelques jours seulement après la sortie de ce formacast, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure ?
J’ai envie d’étendre ce projet. Si les acteurs débutants souhaitent s’entretenir avec moi en vidéo pendant une session d’une heure, afin notamment de travailler un texte pour un casting ou un tournage, il leur suffit d’aller visiter mon site internet (http://www.philypaphoenix.com) et de m’envoyer un message.
J’ai aussi envie de décliner le résultat en un atelier de cinq jours, en allant encore plus loin que les bases riches du formacast. Je pense d’ailleurs me déplacer dans des endroits où il y a du manque par rapport à l’art dramatique face à une caméra. Comme j’ai eu un coup de cœur pour les Antilles, où j’y ai récemment passé du temps en tournage, pourquoi ne pas aller faire un stage en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion ou à Maurice…Voire l’Afrique francophone, si le marché le permet. Je garde bien sûr en tête l’idée d’aller également dans d’autres endroits de France qui ne sont pas des très grandes villes. J’ai donc envie de me rendre dans des endroits adaptés aux jolies rencontres avec des gens qui ont envie mais qui trouvent que Paris est loin.
Merci, Philypa, pour toutes vos réponses !
Vous pouvez accéder au FORMACAST ici : https://payhip.com/b/Lou5w