Erica Angelini nous en dit plus sur ses deux actualités théâtrales !
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_a3763d_capture-d-ecran-2024-12-29-175022.png)
Bonjour Erica,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène dans deux spectacles bien différents. Notamment « On ne badine pas avec l’amour », au théâtre espace marais. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui ! C’est, déjà, vraiment un honneur de pouvoir faire du théâtre classique…Etant arrivée aux cours Florent en deuxième année, je n’ai pas participé à la première année où, justement, les auteurs classiques sont travaillés. J’ai senti que c’était un peu un manque et une lacune dans mon parcours. Donc, là, d’avoir cette opportunité d’y revenir, après les études, est vraiment une chance !
J’apprécie particulièrement la thématique de l’amour ! J’ai, souvent, dans mes petites expériences, pu jouer les amoureuses et les petites amies, mais cela restait des personnages périphériques. Je crois que je m’y prête assez bien. Là, de jouer un tel texte, avec une telle profondeur et une telle psychologie, est un plaisir et un honneur !
Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?
Comme notre metteur en scène aime aussi le dire, le cerveau humain ne va pas retenir la négation dans le titre, donc ce sera plutôt « On badine avec l’amour »…Ce qui est très juste aussi et que l’on essaie de démontrer tout au long de l’œuvre. C’est, en fait, Camille qui est un peu prisonnière de son éducation religieuse, qui a l’intention de rester au couvent et qui se voit, malgré tout, engagée, par un mariage forcé, à son cousin Perdican. Mais, en fait, ni l’une ni l’autre perspectives ne l’emballent plus que cela. Dans toute la pièce, elle est en quête de sens pour savoir quelle serait la meilleure perspective pour elle.
Elle apprécie évidemment beaucoup son cousin et elle va essayer, un peu comme un mentor, de lui adresser toutes ses questions par rapport à ces deux chemins de vie qui s’offrent à elle. Pendant toute cette recherche, ils vont s’amouracher et, malheureusement, vont prendre comme appât, Rosette. Il va, ainsi, y avoir un triangle amoureux tout au long de la pièce et c’est littéralement une œuvre dramatique, qui met en exergue les sentiments amoureux, la tromperie, la trahison, la lutte pour se faire respecter. Cette pièce date de l’époque du romantisme, au XIXe siècle et cela se faisait alors beaucoup.
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_86b3b1_image00004.jpeg)
Autour de ces trois héros, il y a les fantoches, que vont être, en fait, le baron, le gouverneur et le curé de la paroisse. Ces petits êtres un peu cocasses représentent la société, le peuple et leurs travers. L’un est alcoolique, l’autre est gourmand, un autre encore est avare…
Quel regard portez-vous sur votre personnage ?
Je joue Camille, cette jeune fille âgée de 18 ans qui doit normalement retourner au couvent et qui doit aussi être la fiancée de Perdican. Je dirais que Camille est pleine de doutes et que c’est aussi une grande romantique en fait, une jusqu’au-boutiste, qui est assez utopiste parce qu’elle est proche d’une réalité très confinée. Elle s’est construite de par des livres et de par les sœurs du couvent donc elle a une réalité qui est un peu limitée et en laquelle elle croit très très fort.
Ce que je vois beaucoup en Camille, c’est que c’est une battante, qui se veut être la porte-parole pour toutes ses sœurs du couvent, desquelles elle a pu apprendre et entendre les récits. Elle va aller à la rencontre de son cousin avec cet esprit revanchard et donneuse de leçons, lui qui, sans doute, n’a jamais croisé le destin de ces femmes-là et qui est plutôt volage, qui a déjà pu plaire et séduire jusque-là. Donc je dirais que c’est une femme déterminée, battante et idéaliste.
Camille, au fur et à mesure des discussions, est quand même interpellée par ce que Perdican dit, la vie, la légèreté. Elle écoute très attentivement ce qu’il dit, il a une autre vision qu’elle, qui l’a trouble complètement aussi. Et qui va l’amener à aller au bout du jeu aussi pour comprendre.
Au moment de vous glisser dans la peau de ce personnage, quelle avait été votre méthodologie de préparation pour cette œuvre bien connue et déjà souvent jouée ?
J’avais travaillé quelques passages de l’œuvre en deuxième année, donc je l’avais alors forcément lue. Cela m’avait aussi permis de faire une remise dans le contexte mais c’était assez bref, sans aller en profondeur. J’avais ensuite vu l’œuvre au festival d’Avignon, où un ami l’avait montée : ce n’était pas la même vision, j’avais alors beaucoup apprécié de voir qu’une même œuvre pouvait complètement être détournée de par la mise en scène. C’était plutôt comique, moderne, avec des insertions de chants. Cela m’avait permis d’avoir un autre regard sur les personnages et sur l’œuvre.
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_2501cd_image00003.jpeg)
Ici, le travail avec le metteur en scène a encore été tout autre parce qu’il a une manière bien à lui, que j’ai découverte, de séparer l’œuvre non pas en actes ou en chapitres mais en segments. Sur une même page, il peut y en avoir jusqu’à dix…C’est assez réduit mais ça délimite vraiment les idées. Pareil, cela donne une toute autre lecture à l’œuvre, ce que j’ai beaucoup apprécié. Ainsi, les mots résonnent d’une toute autre manière !
Donc j’ai travaillé la pièce avec cette nouvelle construction, ce qui m’a permis de mieux comprendre le texte. Puis j’ai fait mes recherches et ai regardé pas mal de films. Ces derniers m’aident beaucoup, me donnent énormément d’images et constituent mon corpus, ce qui est important. J’aime aussi beaucoup parler avec ma tante, ancienne critique de théâtre, pour avoir son avis et lui demander quelques recommandations. Cela me permet aussi d’avoir un lien plus personnel avec elle, sur un thème commun que l’on aime toutes les deux.
En complément, on peut également vous voir à la Manufacture des Abbesses dans « Profite ! ». Un mot, peut-être, sur les thèmes et sujets abordés ?
C’est une comédie contemporaine qui aborde les sujets de la vie. Au départ, on suit l’histoire d’une famille, qui va se rencontrer autour d’un podcast que je suis amenée à diriger en tant qu’intervieweuse principale. La pièce pousse à réfléchir au sens des priorités, au sens de l’existence, à la famille, à l’amour, aux blessures, au pardon. Ce sont des grands thèmes que tout le monde traverse et je trouve que c’est rudement bien écrit.
D’ailleurs, il y a des passages qui me font penser à Alfred de Musset, notamment au monologue de Perdican. Ici, « un jour, sans savoir pourquoi, on prend soudain la mesure de ce qu’il s’est passé. Alors on s’arrête, un peu perdu, un peu essoufflé. On regarde des mains creusées de rides et on murmure : « Voilà, c’était ça ma vie. » » Les thèmes principaux sont donc assez classiques mais indispensables !
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_8f2925_image00001.jpeg)
Quels principaux retours du public avez-vous déjà pu avoir ?
Les retours saluent l’écriture et son intelligence : d’une scène à l’autre, il y a vraiment des leviers saisis par les mots, qui permettent de changer d’ambiance, tout en restant sur le même thème. Je trouve que c’est très finement écrit !
Un autre point positif concerne les changements de personnages à l’aide d’accessoires, comme une veste ou encore une paire de lunettes. Les gens apprécient beaucoup cet aspect très cinématographique de la pièce, dans la même idée que les différentes œuvres d’Alexis Michalik.
Le fait de jouer deux spectacles différents vous permet de passer par différents registres et de proposer des palettes de jeu bien différentes…
Oui, c’est effectivement ce que j’apprécie beaucoup ! D’avoir commencé par l’interprétation de Camille m’a beaucoup appris, je pense qu’elle a vraiment énormément de facettes de personnalités que mon autre personnage a peut-être un peu moins. En tout cas, l’une nourrit beaucoup l’autre, c’est très complémentaire !
J’essaie de me remettre tout le temps en questions, de me nourrir des deux personnages mais aussi de ce que les gens en perçoivent. Parfois, notre perception n’est pas du tout fidèle à ce que les gens ressentent. A la limite, je commence même à me détacher de mon avis pour aller plus vers ceux que j’entends. C’est un exercice très difficile mais qui me permet de nourrir mon personnage et mon expérience.
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_c8b6e1_image00002.jpeg)
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de ces deux belles aventures théâtrales ?
Que le public continue d’être curieux et au rendez-vous de ces deux univers tout à fait particuliers et similaires en aucun point ! On le fait d’abord pour le public qui vient nous voir et pour les échanges à la sortie donc on peut nous souhaiter que le public continue d’avoir envie de nous soutenir et d’en apprendre plus avec ces mises en scène ainsi qu’avec ces regards-là !
Merci, Erica, pour toutes vos réponses !
/image%2F1552669%2F20241229%2Fob_db049b_capture-d-ecran-2024-12-29-175140.png)